Je suis d'accord avec toi Chacoucas.
Multiplier les tâches simultanées peut être un mode de fonctionnement, une sorte de nécessité d'un esprit survolté.
Et en effet, ça amène à avoir plein de ce que nos amis anglo-saxons nomment des "boucles ouvertes" et moins on les ferme, plus c'est un facteur de stress.
Je suis aussi dans la situation où quand j'ai du temps pour moi, peu importe le cas de figure mais au bout de quelques jours ou semaines je parviens à fermer les boucles, ce qui procure un grand sentiment de satisfaction.
Je sais qu'ouvrir un grand nombre de boucles en parallèles n'est pas la façon la plus économique de procéder, et que ça a tendance à coincer dès que tu es interrompu, qu'il y a un imprévu, ou qu'il faut travailler avec d'autres gens moins souples.
Mais je ne peux que constater que c'est chez moi, sinon un besoin incontrôlable et absolu, du moins une tendance naturelle très nette à avoir envie de "saturer" les capacités du cerveau.
Et je pense en effet que les problèmes ne surviennent qu'à partir du moment où une trop grande dispersion empêche de concrétiser quoi que ce soit ; ou peut-être à partir du moment où la frustration de ne pas terminer x choses dépasse la satisfaction d'en terminer y.
Le problème est que plus on a la capacité de s'intéresser à tout, plus on va pouvoir se lasser rapidement de quelque chose et être absorbé dans une nouvelle chose. L'attrait de la nouveauté et la capacité à prévoir comment les choses vont évoluer se renforcent mutuellement.
Je pense que le seuil pathologique est atteint quand on devient suffisamment indifférent aux choses non terminées, pour qu'on ait plus d'intérêt que dans le fait de commencer de nouvelles choses, et aucun dans le fait de les continuer/terminer.
Bien souvent, je constate une anomalie de l'évaluation coût / bénéfice chez moi, qui se produit ainsi :
- j'ai une tâche en cours
- je l'ai déjà commencée, et ai donc épuisé le potentiel d'enthousiasme de la nouveauté
- je vois très précisément où je veux l'amener, comment l'y amener et ce que ça donnera à la fin
- l'enthousiasme dû à la réalisation effective, est lui aussi, d'une certaine manière, accompli (en tout cas connu)
-> aucune prise de décision ne se fait spontanément pour terminer un travail, autre qu'un sévère coup de fouet ("il faut terminer", "il faut boucler la boucle")
Sauf que le coup de fouet (ou le coup de pied aux fesses) n'est pas ce qu'il y a de plus agréable comme mode de fonctionnement.
On peut donc se retrouver avec dix, vingt, trente trucs à finir sur ce mode-là, ce qui n'est pas très réjouissant, et le manque d'intérêt peut pernicieusement profiter de cette occasion pour s'introduire et dire "après tout, à quoi bon, il y a d'autres choses intéressantes".
Si cela va encore plus loin, il y a probablement en effet un risque d'avoir un sentiment de perte d'identité, si l'attrait de la nouveauté n'est plus assez fort pour faire commencer des trucs nouveaux, mais que l'incapacité à finir ses boucles continue à être installée.
Et après l'effet "caméléon" peut venir solidifier tout ça, si une trop forte empathie fait qu'on se base trop sur les désirs des autres au lieu des nôtres propres.
Je pense par contre qu'un "polyvalent" qui termine ce qu'il commence ne devrait pas avoir de problèmes de ce genre.
Sinon je veux pas avoir l'air de faire de l'auto-promotion (je n'ai rien à vendre ^^) mais je pense que ce que j'ai posté ici est connexe :
http://adulte-surdoue.fr/philosophie/ph ... ml#p184687
“Ouvre l’œil et regarde, tu verras ton visage dans tous les visages. Tends l’oreille et écoute, tu entendras ta propre voix dans toutes les voix.”
― Khalil Gibran
“Thought can never capture the movement of life, it is much too slow.”
― U.G.