Laurette: mon message ne se voulait pas méprisant ni une attaque personnelle, et j'ai peut-être sur-interprété tes propos. Désolé si ça ta affectée.
Néanmoins, j'ai beau relire, le dernier paragraphe de ton message plus haut me gène. J'y lis le même argumentaire que tous ceux qui prétendent que la douance c'est avant tout des caractéristiques particulières. Chacun y va de sa liste, la tienne n'est pas radicalement différente.
Alors oui, désolé si c'est froid et brutal, mais la WAIS reste LA première et principale référence pour détecter la douance (ou d'autres choses). Ça ne signifie pas qu'elle est parfaite. Mais ce n'est pas une raison pour la remplacer par d'autres signes encore moins fiables. On peut tourner cela de manière pessimiste: de tous les indices qui permettent d'envisager une douance, les bilans psychométriques sont les moins pourris.
Je ne crois pas avoir nié les limites du test. Elles ne sont pas difficiles à trouver, elles sont documentées par les éditeurs du test. Ça permet au psy d'évaluer la douance au delà des simples chiffres, de compenser les limites du test dans la mesure du possible. Dès fois, on ne peut pas compenser, et le bilan est non concluant. C'est parfaitement scientifique et rigoureux de dire: "le test ne permet pas de conclure".
Si tu lances une pièce de monnaie deux fois, que tu obtiens deux fois "pile", est-ce que la pièce est faussée ? Avec une pièce non faussée, tu as une chance sur 4 que ça se produise. Tu as une chance sur 4 de te planter en prétendant qu'elle est faussée. Si tu considères cela trop élevé, tu refuseras de conclure. C'est frustrant, mais c'est le choix le plus raisonnable.
Quant aux controverses, je m'en méfie beaucoup. Il y a des gens pour dire que la théorie de Darwin est controversée, et que ce n'est qu'une théorie parmi d'autres, tout comme le créationnisme. Ce n'est pas parce que des gens - mêmes nombreux ou parlant fort - estiment qu'une théorie est controversée, qu'elle est fausse ou douteuse.
Dans le cas du QI et de sa mesure, la controverse résulte entre autre:
- de son origine au tournant du 19ème et du 20ème siècle, avec une psychologie encore primitive et pétrie de préjugés
- d'une utilisation complètement dévoyée: racisme, limitation de l'immigration, stérilisation, envoi dans les camps sous les IIIème Reich.
- d'une peur que cet outil serve à nouveau des objectifs répugnants (comme on dit, chat échaudé craint l’eau froide).
- à l'inverse et de manière récente, de gens qui souffrent et qui cherchent dans la douance une réponse à tous leur maux. Ou encore des parents qui souhaitent la preuve par avance que leur rejeton va réussir, et qui cherchent chez le psy un réconfort moins ridicule que la cartomancienne. Mais si le test répond non, on critique le test plutôt que de chercher une autre piste.
Tout cela n'a rien à voir avec la qualité et l'imprécision du test.
Bodji a écrit :cette mesure serait imprécise de quoi ? de l'intelligence ?
Ben oui.
Bodji a écrit :Quelles attentes ? comprendre pourquoi on se sent parfois "différent" etc... (les "symptômes" de la douance ?)
Ça entre autre, plus ce dont je parlais juste au dessus (les parents et leur petit).
Bodji a écrit :et que pour ceux qui n'ont pas les résultats attendus ils doivent chercher les raisons de leur symptomatologie ailleurs ?
Pas forcément.
Pour ceux dont la réponse est clairement non, il sera sage de chercher d’autres pistes, même s’ils peuvent toujours être tombés sur un psy qui a fait n’importe quoi. Mais il faut aussi se méfier d’un déni de réalité…
Pour ceux dont la réponse est clairement oui, ben ça n’empêche pas du tout le travail de recherche, parce que pour eux non plus, tout ne s’explique pas par la douance.
Et pour ceux qui n’ont pas eu de réponse claire, ben c’est la situation la moins confortable.
Mais je tempèrerai quand même tout cela : j’ai eu un diagnostic positif. Ben le principal enseignement que ça m’a apporté, c’était pas d’être surdoué. C’était plutôt que je n’étais pas sous-doué. Jusqu’à l’année dernière ça ne m’aurait pas choqué d’être mesuré à 90. Pour ceux qui ont un bilan négatif et un QIT de 108, ou un bilan non concluant mais des ICV et IRP au delà de 100, tu sais déjà que tu n'es pas complètement [biiip].
Bodji a écrit :Elles sont à risque d'interpréter les consignes, de s'en écarter car le test, en soi, n'arrive pas toujours à capter leur attention. Ou elles pensaient que ce qui est testé c'est comment elles fonctionnent, leur créativité, originalité (par exemple.) et ne répondent pas vraiment à ce qui leur est demandé ou trouvent encore des réponses différentes de celles du corrigé.
Et c’est typiquement le genre de cas où l’expérience du psy compte. C’est vrai seulement pour une partie des tests, notamment vocabulaire, similitudes… Ça l’est moins pour les tests majoritaires qui ne sont pas interprétables.
Bodji a écrit :Comment les éviter, ces faux négatifs ?
Les bilans non concluants ne sont pas des faux négatifs. Les faux négatifs, c’est vraiment une réponse claire « non » lors du test, alors qu’en fait « oui ». On en a déjà parlé sur un autre fil à propos de l’inhibition intellectuelle. A ma connaissance, sauf cas de placement dans des institutions spécialisées, il n’y a pas vraiment de moyens d’identifier les faux négatifs.
Différente a écrit :ce sont pour la plus part des personnes non HP qui font passer les tests supposés déceler une éventuelle douance.
Je ne trouve pas que ça soit un argument suffisant. Le test est le même pour tout le monde, avec des difficultés croissantes. Cette difficulté est estimée lors de l’étalonnage. Les HPI répondent à plus de tests, ou plus vite, mais ils répondent aux mêmes questions. Il n’y a rien de spécifique aux HPI.
Et un psy non HPI peut très bien comprendre un HPI, identifier sa sensibilité au stress, remarquer qu’il part dans ses pensées au lieu de se concentrer sur l’exercice… Y’a pas besoin d’être HPI pour réaliser correctement un test psychométrique. De même qu’il n’y a pas besoin d’être prix Nobel pour donner des cours de sciences physiques, ni d’être un virtuose pour donner des cours de piano.