Je suis sujette aux attaques de panique depuis que j'ai 17 ans. Ça a été très difficile à gérer et vraiment handicapant (crises qui durait plus de 4 heures environ 3 à 4x par semaine, avec toute la panoplie listée au dessus), mais aujourd'hui même si je suis de nature stressée, j'arrive à gérer correctement, et je n'ai plus besoin de médicaments, ou d'hospitalisation.
C'est vraiment possible d'arriver à améliorer son état, avec du temps, de la patience et de la tolérance envers soi-même. Il faut travailler dans la veine du lâcher prise, accepter de ne pas avoir le contrôle sur tout en permanence (on stop l'hyper contrôle). Essayer de privilégier (quand c'est possible) des soins par le corps plutôt qu'une hyper intellectualisation qui surcharge la conscience.
Les douches, les bains peuvent avoir de bons résultats à court terme, et permettent un relâchement musculaire. Travailler la respiration, pour éviter l'hyper ventilation (et son cortège d'effets secondaires néfastes). Se concentrer sur le moment présent, sur ce qui est là tout de suite là maintenant présent autour de nous, et ne pas laisser son esprit s’enfermer dans la peur de quelque chose qui n'est pas là.
Utiliser tous les moyens simples de s'ancrer dans la réalité du quotidien (genre la liste de courses à faire, les devoirs des enfants, appeler le mécano pour la révision de la voiture, faire le planning des prochaines vacances ...), ne pas se séparer des gens qui nous aiment pour ce qu'on est, ne pas s'isoler au moment d'une crise (enfin pas de nos proches quoi), ne pas avoir peur de leur en parler (ça peut être très dur, à cause de la honte), favoriser les contacts physiques (très très efficaces en cas de crise) : demander à la personne (ami proche, conjoint, famille) de vous prendre dans les bras et de serrer fermement et de parler avec un voix apaisantes de choses agréables : l'effet est quasiment immédiat. Allumer la lumière, pour éviter de " voir " des choses flippantes dans le noir.
J'ai énormément travaillé là dessus (j'avais la liste complète des symptômes, et effectivement j'en arrivais à avoir envie de me faire sauter le caisson, pas par désir de mort réelle, mais à cause de cette insupportable angoisse/peur/panique qui faisait de ma vie un enfer, sans que je sache d'où elle provenait). Et franchement, avec l'aide d'un spécialiste en troubles du comportement, je m'en suis sortie, et sans médication.
Ça prend du temps, mais la guérison est définitive, même si parfois on observe des moments de fragilités qui comportent quelques symptômes, ce n'est plus aussi envahissant.
Il faut aussi dans la mesure du possible maintenir une hygiène de vie la plus saine possible, éviter tout ce qui est drogue ou alcool (point trop n'en faut), et surtout éviter les états de fatigue chronique qui génèrent de l'anxiété et une incapacité à gérer les émotions.
Enfin si on se rend compte (au fur et à mesure que l'on progresse), que ces manifestations de stress intense, peuvent trouver leur origine dans un trauma, il faut consulter un spécialiste du trauma, non pas pour végéter dedans, mais au contraire arriver à intégrer les éléments sur lesquels on a bugué et les dépasser.
Mais sérieusement, c'est vraiment possible d'arriver à vivre normalement, même après plusieurs années de trouble panique, on peut vraiment pour de vrai redevenir serein sans médoc. Je me croyais tarée, abonnée à une médication lourde qui m'empêchait de penser et m'enfermait dans une camisole chimique, et je me suis rendue compte que j'étais capable de gérer très bien (même beaucoup mieux) toute seule. Il ne faut pas avoir honte d'avoir des " astuces " qui peuvent paraître saugrenues : j'ai une luciole, des étoiles qui fluotent la nuit parce que j'ai peur du noir. J'ai un doudou qui pue (qui sent mon +chéri), je me laisse régulièrement pleurer quand je sens que je vais pas bien (c'est quelque chose que j'ai du apprendre, je ne savais pas pleurer avant, mais c'est extrêmement libérateur), j'ai aussi appris à verbaliser, à dire " je me sens pas bien, j'ai peur ", rien que ça c'est un pas énorme. J'ai égayé ma chambre : j'ai mis des tableaux (très enfantins), des couleurs.
Et puis j'ai appris la technique du collage (pour lutter contre la dépersonnalisation et la déréalisation qui peuvent être très très anxiogènes), c'est extrêmement efficace, ça ne coute rien, et il n'y a aucun risque. J'ai tout mis
ici
Vala, après c'est que mon expérience, mais de l'avis des médecins, je reviens de très loin et ils ont été plusieurs à constater ma guérison, en me disant que c'était rare une rémission aussi totale. J'étais fière, parce que ça m'a demandé beaucoup de travail, mais c'est à la portée de tout le monde, avec beaucoup de travail et de tolérance vis à vis de soi-même (et aussi un travail autour de la confiance en soi)
Edit (Cresson) @ Rose : Je crois que la psy qui a demandé à faire des petits défits voulait éviter l'installation d'une stratégie comportemental d'évitement. Je ne sais pas si elle était spécialisée dans les phobies, mais c'est effectivement un outil de travail fréquent dans les TCC de confronter les personnes à ce qui leur fait peur.
Pour ma part, j'ai eu aussi des " exercices " à faire, mais au départ j'ai commencé vraiment sur des trucs petits, et accompagnée. Maintenant je suis capable de plein de trucs que je pouvais absolument pas faire avant. Mais faut que ce soit très progressif, car les échecs peuvent ralentir considérablement le travail sur la confiance et l'estime de soi.