Hors-sujet
Par avance, je vous prie d’excuser l’aspect brouillon de mon développement et de ma (mes ?) problématique(s). Mais je tiens à vous faire part de mes pensées telles qu’elles sont à l’instant T.
Peut-être aurais-je l’occasion de mûrir plus tout cela avec le temps et les réponses que vous voudrez bien apporter.
Peut-être aurais-je l’occasion de mûrir plus tout cela avec le temps et les réponses que vous voudrez bien apporter.
En ce lendemain de premier tour de l’élection présidentielle, je fais l’amer constat de l’insatisfaction généralisée de la population, dont les membres de ce forum sont constitutifs d’un échantillon intéressant. Je m’inclus bien évidemment dans cette frange déçue, dans cette partie blasée de l’électorat, fatiguée de ce système qui, à l’instar d’une machine défaillante, s’emballe sans qu’on ne puisse plus trop rien y faire, sinon attendre et subir.
Je tiens à rappeler ici quelques remarques de Cyrano que je trouve très justes, dans un topic initié par mes soins, intitulé : Le triomphe des démagogies est passager mais les ruines sont éternelles
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Je voudrais être constructive.
En parallèle de cette réflexion qui me chatouille vaguement l’esprit sans que je n’y songe sciemment, on m’a fait découvrir tout récemment cette chanson des Têtes Raides, reprenant le très beau texte philosophique de Stig Dagerman (1923 – 1954), publié en 1952 : Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.
Les paroles, que je vous joins ici, sont d’une intelligence que je trouve remarquable.
Cet extrait me parle particulièrement et nous intéresse directement ici :
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Il s’agit de La Désobéissance Civile de Henry David Thoreau, auteur évoqué par le philosophe Stig Dagerman dans le texte auquel je vous ai renvoyés.
Publié pour la première fois en 1849 aux USA, La Désobéissance Civile est un pamphlet virulent contre l’Etat et la tyrannie de la majorité qui s’interroge sur la justesse des lois, qui prône une rébellion passive et pointe du doigt l’immobilisme social.
C’est vous dire à quel point les problématiques soulevées sont d’actualité !
Je relèverais d’ailleurs cette phrase que je trouve particulièrement juste et pertinente en ces temps de campagne présidentielle :
Comment alors ne pas être effaré de l’étalement dans le temps de cet immobilisme déjà décrié au XIXème siècle, et de l’enlisement d’un système imparfait en de nombreux points ?Henry David Thoreau a écrit :« On trouve des orateurs , des politiciens, des hommes éloquents par milliers ; mais l’orateur n’est pas encore né qui soit capable de régler les questions fort complexes de notre temps »
Mais d’un autre côté, comment ne pas verser dans l’Utopie et l’Idéalisme profonds ?
De prime abord, le titre de « Désobéissance Civile » m’avait suggéré l’exposition d’idées anarchistes incitant le lectorat à résister à la contrainte d’une machine étatique, envisagée comme le dépositaire arbitraire du pouvoir.
Mais il m’est apparu que le terme de désobéissance invitait finalement plus à prendre une certaine forme de recul par rapport à l’Etat en tant qu’entité et notion, à réfléchir sur la légitimité de la gouvernance en place, qui -toute démocratique qu’elle soit- ne demeure pas nécessairement juste. (Ici, je rejoins très certainement quelques idées du topic de StormX)
La question serait donc plutôt celle de la désobéissance juste, qui pousserait à enfreindre les lois pour rester en cohérence avec ce que l’on estime être l’expression de la vertu, de l’équité et de la liberté.
Cependant, ce livre m’avait beaucoup déçue car je me souviens être restée sur ma faim. Aussi, je n’avais plus voulu trop y songer jusqu’à maintenant.
J’avais relevé qu’en dépit de soulever des questions très pertinentes mais surtout intemporelles (ainsi que de dénoncer les torts et travers graves d’une société) il ne proposait pas de solution concrète.
Il ne faisait alors que se parer des beaux draps de l’Utopie et la réflexion qui découlait de cette lecture m’apparaissait presque vaine, puisque non suivie de propositions et donc d’effets.
L’essai s’ouvre sur ces mots (voici une version PDF du livre, mais la traduction ne semble pas être la même que celle dont je dispose):
Clairement, il s’agit à mes yeux d’un appel à la rébellion aussi idéaliste et noble qu’utopiste et partant irréalisable. Comme Aristote le professait dans sa célèbre assertion « L’homme est un animal politique », l’obéissance à des règles établies et l’allégeance à l’organisation qui les initie, les promulgue et les maintient sont les deux caractéristiques phares qui distinguent l’Homme de l’animal.Henry David Thoreau a écrit :« J’accepte de tout cœur la devise suivante : ‘Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins’ et j’aimerais la voir suivie d’effet plus rapidement et plus systématiquement. Exécutée, elle se résume à ceci, que je crois aussi : ‘Le meilleur gouvernement est celui qui ne gouverne pas du tout’. »
L’anéantissement de l’autorité –représentée par l’Etat- est la porte ouverte au retour de tous les instincts primaires de l’Homme qui, sans loi, ne peut décemment pas vivre en société ou communauté.
En effet, les lois fixent les limites mais aussi –et surtout !- garantissent les libertés individuelles. Car si un homme raisonnable, ou une minorité avertie, peut se passer de lois et d’instruments étatiques pour vivre en autarcie, il ne peut en être de même pour une société, un peuple tout entiers.
Que faire alors ?
Comment concilier idéaux et lucidité ?
Quelles perspectives nouvelles envisager ?
J’ai pour habitude de dire qu’une critique ne peut être véritablement constructive que si elle a pour but d’éduquer, que si elle apporte des éléments susceptibles de conduire au progrès de l’objet mis en cause.
Mais alors que ce livre soulève –à juste titre- des travers sociaux, qu’il condamne des aberrations de son temps, il ne fait que reproduire l’immobilisme qu’il dénonce !
C’est à une rupture que j’aimerais réfléchir. A un après. C’est à la mise à mort de l’immobilisme que je songe. Sans trop savoir où aller, cela dit.
Concrètement, quel enseignement peut-on tirer de ces critiques et quelle application peut-on en faire ?
Je ne souhaite pas savoir si vous êtes pour ou contre une refonte du système, pour ou contre la désobéissance civile, ou que sais-je encore !
Je ne suis pas non plus intéressée par des réponses faites sur le pouce. Je voudrais sincèrement qu’ici s’étalent des réponses pensées, structurées, issues de réflexions mûries sur ce thème à la fois simple et complexe :
La Désobéissance Civile par quels moyens et à quelle fin ?