Discussion animée à la maison sur ce thème.
Mlle Rose a écrit :
Ainsi le potentiel est inné, l'intelligence en perpétuelle construction.
C'est ce que je pense oui. Mais en cherchant, j'ai trouvé des informations et des points de vue intéressants, notamment dans cet article :
http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2012/0 ... ne-acquis/
Genèse d’un trait individuel vs causes des différences entre individus dans ce trait.
Pour prendre une image proche de celle utilisée par Pierre-Henri Gouyon lors d’une autre intervention [8], disons qu’un individu est l’équivalent d’une crêpe, qui va être le résultat de trois facteurs : une recette (le patrimoine génétique de l’individu), des ingrédients (l’environnement biologique de l’individu), et la réalisation de la recette par un cuisinier avec son matériel (l’interaction avec l’environnement socio-affectif, matériel et culturel de l’individu). Disons par ailleurs que les dispositions psychiques d’un individu correspondent à la couleur de la crêpe, son QI correspondant à la moyenne des longueurs d’ondes émises par la surface de la crêpe mesurée dans des conditions d’éclairage définies, exprimée en nanomètres (nm). Posons enfin que les recettes de crêpe existantes ont été sélectionnée au cours de l’histoire de la gastronomie pour ne conserver que des recettes correctes, seuls de rares cas de recettes mal recopiées étant ici ou là en circulation (le patrimoine génétique de l’humanité a fait l’objet de pressions évolutives telles que tous les êtres humains sont génétiquement dotés du potentiel de développement de capacités intellectuelles minimales, hormis dans de rares cas de mutations génétiques).
Les trois facteurs sont nécessaires à l’existence d’une crêpe, et la question de savoir, pour une crêpe donnée de « QI » égal à 590 nm, combien de nanomètres sont dus à la recette, combien aux ingrédients et combien au cuisinier n’a pas plus de sens que la question de savoir quel pourcentage de la surface d’un rectangle est respectivement due à sa largeur et à sa longueur. En fait, si toutes choses égales par ailleurs la recette n’avait pas mentionné qu’il fallait des œufs (trisomie 21), ou s’il n’y avait pas eu d’œufs disponibles pour la réaliser (absence d’iode), ou si le cuisinier avait oublié de cuire la pâte (enfant sauvage), le QI de la crêpe aurait été différent de 590, et en ce sens il a été « déterminé à 100% » par chacun des trois facteurs, pour paraphraser Boris Cyrulnik.
C'est un peu ce que disait Tournesol.
Sauf qu'il est expliqué ici que le QI possède une variabilité importante. Que l'intelligence évolue, soit. On peut remplir le verre à ras-bord. Mais que la taille du verre évolue avec l'environnement, ça me turlupine. Parce que la question quand-même est de savoir si le WAIS mesure effectivement et uniquement le potentiel, ou s'il prend en compte l'environnement de manière significative.
L'auteur de cet article tente de répondre à ces trois questions :
(Q1) Les différences entre individus dans les scores obtenus à telle ou telle mesure de capacités cognitives, de traits de la personnalité ou de tendances comportementales sont-elles en partie causées, via des mécanismes biologiques, par des différences dans les variantes génétiques qu’ils possèdent ?
Et le cas échéant, trancher complètement le débat commande qu'on réponde aux deux questions subsidiaires suivantes :
(Q2) Existe-t-il des différences de dosage de ces variantes génétiques dans les populations humaines définies par le sexe, l’origine géographique, ou encore la classe sociale (ou une interaction entre ces variantes et d’autres variantes génétiques inégalement réparties entre ces populations) de nature à causer des différences dans ces scores ?
(Q3) Est-il possible d’entièrement compenser par l’ « environnement » (régime alimentaire de la mère durant la grossesse, enrichissement environnemental néonatal ciblé, règles éducatives, méthodes pédagogiques,…) les désavantages cognitifs ou les troubles comportementaux lié à la possession de certaines variantes ?
Sa conclusion que je trouve intéressante :
Lorsque Pierre-Henri Gouyon affirme que « même s’il y a des gènes, l’environnement change tout », et que par conséquent on peut conserver un objectif d’égalité dont l’atteinte reposerait sur la modification contrôlée de l’environnement, on sent poindre une certaine mauvaise foi. Car dans l’état actuel des connaissances scientifiques, on ne sait pas comment il conviendrait de procéder pour faire en sorte qu’à l’avenir tous les individus de patrimoine génétique normal aient, par exemple, un niveau de QI au moins égal à un 130 actuel. Gouyon contredit d’ailleurs cet idée en affirmant que si on arrivait à faire un système éducatif « parfaitement égalitaire », il resterait une variabilité des performances scolaires entièrement causée par la variabilité génétique (affirmation aussi fallacieuse que la conséquence qu’il prête à la théorie de Lyssenko, à savoir qu’on serait « tous pareils » si on avait « exactement vécu dans la même société », l’environnement de développement intellectuel d’un enfant ne se réduisant pas à son environnement scolaire, de la même manière que l’environnement biologique, matériel, culturel et socio-affectif de développement d’un être humain n’est pas équivalent à « la société »). Cette affirmation contredit du reste également le fait (avéré) qu’il relaye pourtant aussi, mais sans aller au bout de ses conséquences, que les parts de variabilité attribuées respectivement aux gènes et à l’environnement sont très variables selon la diversité génétique de la population qu’on étudie et la diversité de l’environnement dans lequel se sont développés les individus de cette population. En effet, rien n'empêche a priori d'imaginer que dans un environnement optimal particulier, la variabilité attribuable aux gènes soit réduite à 0, une large variabilité due aux mille et une micro-différences dans les expériences vécues dès la vie intra-utérine subsistant.
Il conviendrait peut-être de se demander pourquoi, bizarrement, la recherche en génétique comportementale sur la variabilité commune des dispositions psychiques qui fait l’objet d’une communication publique indique presque toujours qu’en gros, tout est déterminé à peu près à 50% par les gènes et à 50% par l’environnement. Serait-ce parce que pour faire avaler la pilule d’une certaine part de déterminisme génétique sans faire trop peur, ce chiffrage a l'avantage de suggérer que le second facteur serait assez puissant pour compenser le premier ?
Je reformule ma question :
Est-ce que le WAIS mesure le potentiel intellectuel d'un individu à l'instant T, ou est-ce que ce potentiel est fini ?
Quel rôle joue l'intelligence liée à l'environnement dans la capacité à obtenir un score élévé au WAIS ?
J'aurais envie de dire qu'un potentiel élévé créé une recherche d'intelligence, un besoin de "remplissage", mais si un enfant est stimulé, quelle est la part de cette stimulation dans sa réussite à un test d'intelligence ?