Vos passions philosophiques

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Message par Invité »

@Miss souris merci. Tu n'aimes pas la philo?

Note que je pourrais ouvrir un fil sur "Vos films Disney préférés" : il aurait peut-être plus de succès?

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Miss souris
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Message par Miss souris »

J'aime beaucoup la philo. Mais je n'y connais rien ...Les fils comme celui ci m'intéressent donc. Sur Disney j'ai un peu plus de connaissances, mais pas tant que ça non plus. Mais ça m'intéresse aussi.

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Message par Invité »

Miss souris a écrit : mar. 13 juil. 2021 09:27 Sur Disney j'ai un peu plus de connaissances, mais pas tant que ça non plus. Mais ça m'intéresse aussi.
Ne me tente pas. Je serais capable de passer à l'acte, et je n'aurais plus de temps pour travailler. :D

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Miss souris »

Ah évidemment, si tu veux Aussi travailler...😁

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Message par Invité »

Ce n'est pas que je veuille, c'est que je dois travailler.

Bon, on verra si quelqu'un relance, ou si dans un mois ou deux, je relance moi-même sur une autre marotte personnelle. Origène peut-être, ce ne serait pas mal. Je parlerais bien d'Hypatie, pour caser une femme : mais outre qu'on l'a assassinée, on a sottement perdu ses œuvres -comme par hasard, donc il n'y aurait pas beaucoup à en dire. :(

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Miss souris »

Je crois bien que je lirai avec plaisir tout ce que tu pourras écrire. Et je ne savais pas qu'on avait assassiné Hypatie...sur laquelle je ne sais pas grand chose non plus en fait. Donc en ce qui me concerne, tu peux reprendre les "belles histoires de la philo" quand ça te chante. Ou est possible.

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Miss souris a écrit : mar. 13 juil. 2021 10:46 Et je ne savais pas qu'on avait assassiné Hypatie...
Ah? Enfin, oui, c'est un peu désolant mais la seule femme qui ait atteint une position élevée dans une école philosophique antique a été massacrée en pleine rue et mise en pièces (par des chrétiens). Je posterai un mot sur elle demain : c'était une néo-platonicienne de l'école de Plotin, donc ce sera cohérent. Et le peu qu'on en sait m'a pas mal marquée, donc ça restera dans le cadre du fil.
Merci en tout cas de ton intérêt. :)

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Miss souris »

Oui je viens regarder un peu, c'est classissime. Moi qui pensais que les chrétiens étaient gentils...( quinzième degré inside. Mais ce meurtre. Brrr.)
Et ton éclairage pour la rattacher comparer à Plotin serait le bienvenu, wiki est peu peu court sur le sujet...😊

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Wal
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Wal »

Hors-sujet
Judith a écrit : mar. 13 juil. 2021 09:49
Miss souris a écrit : mar. 13 juil. 2021 09:27 Sur Disney j'ai un peu plus de connaissances, mais pas tant que ça non plus. Mais ça m'intéresse aussi.
Ne me tente pas. Je serais capable de passer à l'acte, et je n'aurais plus de temps pour travailler. :D
Le sujet existe! (si vous avez du temps libre... :P )
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Se préparer au pire. Espérer le meilleur. Prendre ce qui vient. (Confucius)

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Re: Vos passions philosophiques

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La comparer à Plotin sera difficile, vu qu'on n'a rien d'elle en matière de métaphysique ni d'éthique qu'on pourrait rapprocher des Ennéades. On peut attacher à son nom, tout au plus, des fragments de problèmes mathématiques repérables par critique interne chez Diophante et chez Théon, donc des textes de logique sans rapport direct avec les théories plotiniennes. Et les lettres de Synesios ne portent que sur des questions d'astronomie et de politique. En fait, on sait qu'elle était du "parti de Plotin" à Alexandrie et non de celui de Jamblique par des sources indirectes et très vagues.
Tu risques donc d'être déçue de ce que je pourrai écrire. :)
Hors-sujet
@Wal ah tiens oui, je n'avais pas repéré ce fil. Merci de l'avoir signalé. :)
Edit : Bon, j'ai voté, je lirai le fil plus tard...

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Comme Miss souris, je lirai ce fil avec plaisir sans pouvoir y participer, faute de connaissances. Ton enthousiasme Judith pour les philosophes de l'antiquité est inspirant :) A propos d'Hypatie, le film Agora avait essayé d'en retracer la vie, et si je me rappelle bien, elle y était présentée plus comme astronome et mathématicienne que philosophe.
Hors-sujet
Un angle particulier m'intéresse mais qui probablement s'écarte du sujet initial: le philosophe doit-il s'engager dans les affaires de la cité ? Cette question n'est pas sans arrière-pensée de ma part: Si Sartre et Camus se sont engagés activement au XXe, je m'interroge sur le silence relatif des philosophes face aux défis actuels, mais peut-être n'ai-je pas les bonnes oreilles. Qu'est-ce qui amène un philosophe à s'engager ou au contraire à garder la distance. Les philosophes de l'antiquité avaient-il pris position ?

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Pastel a écrit : mar. 13 juil. 2021 23:44 Les philosophes de l'antiquité avaient-il pris position ?
Oh oui, mais c'est un sujet en soi qui demanderait un développement complexe pour être bien traité. Certains philosophes pensaient qu'il fallait vivre à l'écart du monde et ne pas s'engager dans la cité (les Cyniques par exemple, quoique plusieurs d'entre eux aient écrit des textes politiques ou se soient mêlés des affaires de la ville où ils vivaient) mais la plupart suivaient Platon. Celui-ci estimait que les philosophes devaient être les premiers critiques et réformateurs de la chose politique, et exercer des fonctions dans la cité (voire carrément la gouverner). Hypatie, pour redire un mot sur elle, était membre du conseil municipal d'Alexandrie, conseillère du préfet Oreste, son ancien élève, et elle a été assassinée pour des raisons essentiellement politiques.
Miss souris a écrit : mar. 13 juil. 2021 11:09 Moi qui pensais que les chrétiens étaient gentils...( quinzième degré inside. Mais ce meurtre. Brrr.)
C'est une question de contexte : Hypatie a été tuée sur les ordres de l'évêque Cyrille d'Alexandrie, qui menait une politique de férocité radicale envers ses opposants, et en général envers tout le monde (massacre des Juifs de la ville et destruction des synagogues, intimidation des chrétiens non orthodoxes, assassinats politiques et organisation d'émeutes sanglantes, j'en passe et des meilleures). Mais Cyrille n'était pas représentatif des pratiques chrétiennes de son époque, c'était juste un gangster parvenu au pouvoir : Synesios de Cyrène, un des élèves d'Hypatie, était au contraire partisan de méthodes de gouvernement douces et de l'usage de la voie diplomatique pour la résolution des conflits. C'était d'ailleurs un homme très sympathique (en plus d'être sans doute le plus grand poète de son temps) : lorsqu'il avait été élu évêque, il avait exigé de pouvoir continuer à proclamer et enseigner la pensée néo-platonicienne et non les dogmes chrétiens, auxquels il ne croyait pas. Il avait obtenu gain de cause... :huhu:
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Je reviens d’un mot sur le rapport d’Hypatie avec Plotin et son école. Il existe deux sources antiques qui documentent conjointement ce rapport : Socrate le Scholastique, un historien chrétien du Vème siècle, affirme dans son Histoire ecclésiastique (VII, 1) qu’Hypatie « enseignait l’étude des textes de Platon d’après Plotin, à une foule presqu’infinie de gens qui se pressaient pour l’écouter.» La phrase grecque est un peu délicate mais je ne l’analyse pas : en tout cas elle laisse supposer qu’Hypatie commentait Platon en utilisant les cadres théoriques de Plotin. Par ailleurs, un passage de Damascius rapporté par la Suda (une encyclopédie byzantine), sans doute extrait de la Vie d’Isidore, affirme qu’elle portait le manteau des philosophes (typique des écoles socratiques) et qu’elle donnait des leçons publiques, dans la rue, sur Platon, Aristote ou tout autre philosophe –sans préciser à quelle obédience exacte elle appartenait. Ces textes sont tous les deux problématiques à plusieurs titres, et partiellement contradictoires, mais ils confirment malgré tout un rapport entre Hypatie et une école platonicienne.

En les recoupant avec ce qu’on sait de l’enseignement de Platon à Alexandrie aux IV et Vème siècles, on peut renforcer le lien avec Plotin : Hypatie était fille de Théon et elle avait suivi son enseignement. Or Théon appartenait à la tendance dite « du Musée », école rationaliste où l’on suivait les doctrines de Plotin et de Porphyre : c’était dans l’autre école de la ville, Le Serapeum, qu’on enseignait les doctrines de l’adversaire de Porphyre, Jamblique, qui avait proposé une méthode non plotinienne et non rationaliste de lecture de Platon. A l’époque où Hypatie enseignait, le Musée et le Serapeum n’existaient plus matériellement (le Musée avait été détruit accidentellement et les chrétiens avaient brûlé le Serapeum) mais les doctrines qu’on y professait étaient encore répandues. En tant que fille de Théon et mathématicienne, elle a toutes les chances d’avoir été du côté du Musée et pas de celui du Serapeum.

Voilà, @Miss souris j’espère que ça répond à ta curiosité.
@Pastel je n'ai pas vu le film que tu indiques. Est-il intéressant?

J’ajouterai une dernière chose sur Hypatie : elle a certes connu une fin épouvantable, mais il ne faut pas l’y réduire et en faire une « martyre », ni du paganisme ni d’un quelconque « proto-féminisme » comme on le fait parfois trop facilement. Elle mérite mieux que les récupérations assez partisanes qu’a subies sa mémoire.

Sur ces fortes paroles, je m’en vais lire le fil Disney. :)
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Kliban »

(J’admire la clarté et l’information de tes narrations. C’est grand plaisir, vraiment. Est-ce que tu aurais dans tes trajets philosophiques propres une vision transverse du platonisme tardif (ou néo-) à nous offrir ? J’en suis vivement intéressé, plus encore s’il fait la jonction avec le christianisme (Origène, pseudo-Denys, Cappadociens, toussatoussa) ! Et est-ce que tu saurais de bons ouvrages de synthèse là-dessus - voire savants - en Français ou Anglais ?)
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Miss souris »

Merci Judith, je plussoie Kliban, tes explications sont passionnantes...et oui, ça répond à ma question. Largement !

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

@Kliban merci de ton intérêt.
Je prends tes questions à l'envers.
Kliban a écrit : mer. 14 juil. 2021 10:26 Et est-ce que tu saurais de bons ouvrages de synthèse là-dessus - voire savants - en Français ou Anglais ?
Oui, bien sûr. Je peux te faire une liste, mais dans un premier temps, je te conseille de lire les ouvrages que Sébastien Morlet a écrits pour le grand public : Christianisme et philosophie : les premières confrontations (2014) et Les chrétiens et la culture : conversion d’un concept (2016). C'est de premier ordre, et très accessible.
Si tu veux davantage de titres, je t'en suggèrerai d'autres.
Kliban a écrit : mer. 14 juil. 2021 10:26 Est-ce que tu aurais dans tes trajets philosophiques propres une vision transverse du platonisme tardif (ou néo-) à nous offrir ?
Je pense que oui. Je vais préparer quelque chose : mais je ne posterai que dans quelques jours pour des questions d'emploi du temps.

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Judith a écrit : mer. 14 juil. 2021 09:03 @Pastel je n'ai pas vu le film que tu indiques. Est-il intéressant?
Oui.. et non.

Agora, sorti en 2009, m'avait laissé à l'époque une impression mitigée. Ce film que je croyais historique était immersif par ses décors, ses costumes et son histoire captivante. Mais un anachronisme malheureux m'avait fait décrocher aux 2/3 du film et par ricochet me suis demandé si Hypatie elle-même était un personnage de fiction... Je n'avais pas creusé plus loin.

Les informations que tu as mentionnées Judith m'ont donné envie de revoir ce film. Je ne me souvenais plus de l'intrigue et finalement eu l'agréable surprise en le visionnant à nouveau aujourd'hui, d'une première partie fidèle aux faits historiques que tu rapportes. L'histoire est servie par une distribution de première main : Rachel Weisz (Hypatie magistrale), Michael Lonsdale (Theon dépassé par les événements), Oscar Isaac (Oreste en disciple amoureux puis préfet), Rupert Evans (Synesius, disciple puis évêque modéré qui ne s'oppose pas au fanatisme du patriarche Cyrille).

C'est dans la seconde partie du film où tout dérape, du moins pour la partie relevant de l'astronomie qui m'est plus familière. Je ne m'étendrais pas sur les détails techniques. Entendre Hypatie, rejeter le modèle des épicycles de Ptolémée, expliquer le mouvement héliocentrique à l'aide d'ellipses et énoncer le principe du mouvement inertiel (alors que la physique d'Aristote ne connaît pas l'inertie), ceci un millénaire avant Kepler et Galilée, peut être insupportable. Je n'ai trouvé aucun indice sur le net pouvant donner le moindre crédit à cette thèse.

Mais il y a un moment intéressant lorsque Hypatie manipule les cônes d’Apollonius et comprend l'importance de l'ellipse. Il est vraisemblable qu'elle ait eu cet objet à sa disposition. Cet objet est remarquable !
► Afficher le texte
Si Apollonius avait su... L'ironie de l'histoire c'est que les coniques d'Apollonius (le cercle, l'ellipse, la parabole et l'hyperbole) sont en fait les solutions au mouvement d'un corps céleste soumis à une force centrale, mais il a fallu attendre Newton pour le prouver. Apollonius avait la solution dans ses mains :grin:

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Merci de ces précisions. Je viens de lire quelques critiques du film qui confirment qu'il est globalement raté, pas à cause des inévitables exagérations du rôle scientifique d'Hypatie, mais apparemment parce qu'il est mal scénarisé et mal joué : c'est juste un mauvais péplum. Ce qui est intéressant, éventuellement, c'est la façon dont il s'inscrit dans le cadre des représentations d'Hypatie en figure idéalisée de la rationalité scientifique face à l'obscurantisme religieux, une représentation qui remonte au XVIIème siècle.
Je le verrai si je trouve le temps, j'aime bien les mauvais péplums. :)

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

@Kliban en attendant que je trouve le temps d'écrire quelque chose sur mes rapports (houleux) avec les philosophes néo-platoniciens, peut-être, si le cœur t'en dit, pourrais-tu nous parler de ta propre passion à leur égard?
Ce serait intéressant et ça me permettrait éventuellement de rebondir sur tes idées, au lieu de parler platement de moi-même. :)
Merci d'avance si tu penses que c'est possible.

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Kliban »

Ah ! Je ne saurais avoir ici ta précision. Ce sont les gestes qui m'intéressent, et ceux des néo-platoniciens m'ont longtemps fascinés : ils rejoignaient des façons et des concepts auxquels j'avais été confrontés totalement en dehors de mes études et lectures de la tradition occidentale, d'emblée très orientées sur les rationalismes modernes et post-modernes (ordonnés pour aller très vite, sur l'opposition de l'Etre et de l'Autre). Très tôt confronté aux non-dualismes orientaux, je pensais l'Occident oublieux de l'Un, sinon peut-être chez Platon, et été très surpris de découvrir chez Plotin et épigones platoniciens, mais aussi dans l'apophatisme chrétien des vues qui pouvait rejoindre par la bande l'idée d'un Un-sans-Second qu'on trouve dans l'advaita vedanta.

Chez les néo-platoniciens et leurs épigones, je découvre aussi les fascinations numériques issues du néo-pythagorisme, et un branchement vers les combinatoires ésotériques cherchant à rendre compte du divers au travers de la procession de formes ordonnées à un principe d'harmonie. Et là, au fond, sur la relative monotonie des principes, me ravit la variété de l'invention narrative dans le déploiement des milieux intermédiaires entre l'Un au delà de l'Unité et l'anomie de l'obscure matière, cette espèce de pseudo "calcul" ou "dynamique" des formes, de leur bootstrap à partir d'une division première.

Mais je ne l'ai jamais conservée en mémoire, ni n'en ai un répertoire clair : c'est une constellation bien plus esthétique qu'épistémique encore - et je doute que l'âge et certaine expérience du corps venant, ma mémoire accepte de s'encombrer de nouvelles cathédrales :D. Je sais juste que Plotin me frappe par ce que je sens du naturel de son mode - le divers des Ennéades - et que je suis fasciné par les gestes de Damascius au début de ses principes (cet Un apophatique au-dessus de tout Un qui rompt la possibilité même de le dire, geste dont je ne suis pas certain qu'on le trouve avec cette radicalité et cette emphase chez Proclus).
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Merci de ce développement.
Je connais mieux Jamblique que Damascius, à vrai dire, surtout dans le cadre de sa polémique avec Porphyre autour de la question de l'âme et des pratiques de la théurgie. Je ne pourrai donc pas trop greffer ma propre approche sur la tienne, tant pis.
Mais on se rejoindra peut-être un peu autour du néo-pythagorisme, si ça t'intéresse : ça, c'est quelque chose que je connais assez précisément et que j'ai été amenée à approfondir un peu. Porphyre et Jamblique ont tous les deux écrits des Vies de Pythagore à la fois différentes et complémentaires, qui sont relativement dans mes cordes.

Bref, merci encore : je vais voir ce que je peux écrire de personnel sans assommer tout le monde, parce que quand même, le néo-platonisme tardif, il faut reconnaître que c'est un brin pesant.

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Allez, j’essaie de rebondir sur le message d'@Kliban sans sombrer dans une pédagogie rébarbative, et en restant fidèle au titre du fil.
Comme pour Plotin, je diviserai mon message en trois parties : Jamblique et moi, Lectures et paysages (qui sera essentiellement composée des souvenirs concrets liés à l’étude des platoniciens tardifs et de leurs adversaires et continuateurs chrétiens) et De l’Égypte à la Cappadoce, qui tournera autour du passage des doctrines néo-platoniciennes et chrétiennes d’un continent à l’autre et mettra l’accent sur les Pères de l’Église.

Je ferai aussi court que possible, sans excès de considérations techniques. Pardon d'avance malgré tout si vous trouvez mes textes trop longs, il est difficile d'exposer en peu de mots des systèmes intellectuels extrêmement touffus.

1. Jamblique et moi

Je commencerai par une anecdote.
Mon rapport avec Jamblique constitue l’exact inverse de mon rapport avec Plotin. Pour ce dernier, tout avait commencé dans le séminaire d’un enseignant qui me passionnait, aucune contrainte ne s’imposait à moi et l’amour avait dirigé tout mon parcours. C’était, -et c’est encore, une passion heureuse, née dans la joie et poursuivie dans l’émerveillement. :tourne:

Pour le pauvre Jamblique, j’ai eu droit à tout le contraire.

La fin de l’année approchait et avec elle la répartition pour l’année suivante des auteurs au programme d’un concours annuel. Le programme comportait, oh merveille, deux de mes auteurs favoris : Sophocle et Pindare, en plus de l’inamovible Homère. J’aurais adoré préparer le cours sur Homère, mais il m’était inaccessible, réservé de toute éternité au spécialiste maison, comme il est évidemment normal. Pour ce qui est de Sophocle en revanche, j’avais ma chance, et peut-être même, qui sait, Pindare était-il à ma portée. Il n’y en avait pas de spécialiste dans notre département, je suis linguiste, et pour ce poète dorien très difficile, un connaisseur des particularités techniques de son dialecte pourrait être utile. Pindare, ç’aurait été le bonheur à l’état pur : la splendeur, l’hermétisme, les questions linguistiques complexes, une fascinante tradition d’interprétation.

J'en rêvais encore, en fixant le carré d’azur à la fenêtre, quand je me suis entendu dire : « Madame Judith, vous assurerez cette année le cours sur le De Mysteriis de Jamblique. »
Comme dirait Rimbaud, je me suis retrouvée « Rendu(e) au sol, avec la réalité rugueuse à étreindre ». :cry:
J’ai dit « Oui, Monsieur » et je suis partie d’un pas mélancolique à la bibliothèque pour commencer la bibliographie du sujet. Je me demandais vaguement qui était l’imbécile breveté l’éminent collègue qui avait mis au programme du concours cette purge illisible ce fascinant chef d’œuvre de la philosophie antique. Je l’ai su par la suite, et ça ne m’étonne pas de lui. Il y a des gens qui décident de consacrer leur vie à des sujets abscons, et passent ensuite leur temps, pour se venger de leur erreur de jeunesse, à détruire la vie d’autrui. George Eliot les a peints d’inoubliable façon dans le personnage de Casaubon.

Bref, heureusement pour moi, le De Mysteriis est certes une purge, mais c’est aussi un texte de polémique et non un traité systématique, ce qui a sauvé ma santé mentale. C’est la réponse de Jamblique à un opuscule de Porphyre, la Lettre à Anébon, un féroce pamphlet contre la théurgie et le mélange entre philosophie et magie divinatoire. Porphyre avait été le premier maître de Jamblique, mais leurs voies avaient divergé sans qu'on sache trop comment. Le texte de Porphyre est perdu : mais comme souvent, les citations de ses adversaires, Jamblique lui-même et par la suite les Pères de l’Eglise, qui avaient vaguement compris que le christianisme et la cérémonie de l’Eucharistie étaient visés (entre autres car Porphyre a plutôt dans le collimateur, en réalité, les théurgies orientales et égyptiennes autour d’Hermès et de Mithra) ont permis d’en reconstituer la plus grande partie. On comprend donc assez bien le fonctionnement de la polémique.

J’ai ainsi passé bon an mal an mon année universitaire avec Jamblique, d’abord à essayer de le lire proprement, ensuite à essayer de l’expliquer à des étudiants réticents.

L’essentiel de son propos consiste à démontrer que contrairement à ce que veut faire croire le perfide Porphyre, il ne confond nullement théurgie, théologie et philosophie, et ne s’adonne en aucun cas à la magie. Si l’ensemble des pratiques sacramentelles que constitue la théurgie vient en premier, la contemplation du divin, la theoria, demeure importante dans sa pratique et fournit un accès, quoiqu’ incomplètement, à la connaissance du divin. La philosophie, quant à elle, est reléguée au dernier rang de la triade des activités mentales. Mais elle conserve à ses yeux toute sa noblesse et son utilité : elle mène à la vertu de l’âme, elle protège du vice et de l’erreur intellectuelle et elle constitue une indispensable propédeutique aux choses divines. Sur ce point, Juifs et chrétiens pensaient de même.

Cette philosophie selon Jamblique, qu’on peine aujourd’hui encore à reconstituer avec certitude, n’était pas celle de Plotin, ni tout à fait non plus celle de Porphyre. Elle s’appuyait, certes, sur une exégèse serrée du Parménide à la façon des plotiniens, mais elle n’en tirait pas les mêmes conclusions : elle jugeait l’Absolu irréductible à toute connaissance et toute formulation et surtout elle intégrait les conceptions d’Aristote sur l’âme. Pour Plotin et Porphyre, le souverain Bien, l’Un transcendant, demeurait accessible par la contemplation et par la pensée : la vie philosophique donnait un accès direct au divin et la partie supérieure de l’âme ne descendait jamais dans le domaine matériel. Pour Jamblique, il en allait tout autrement. L’âme était certes le lieu privilégié de l’intellection, notamment des réalités mathématiques : mais elle était du monde et non du ciel, étrangère à l'Être et vouée au devenir, et ne pouvait avoir directement part à un absolu qu’il « remontait » d’un cran au-dessus des possibilités de la raison et du langage. Seule un acte divin incommensurable à l’homme, une révélation surnaturelle pour tout dire, offrait la possibilité d’une libération, et les rituels et les pratiques concrètes qui inscrivaient cet acte dans la vie humaine constituaient l’unique chemin vers l'Absolu.

Je n’entre pas dans plus de détails de la pensée de Jamblique -que je systématise d’ailleurs exagérément par commodité. Je reviendrai simplement sur un point. Jamblique défendait vaillamment la théurgie et ses multiples pratiques contre toute confusion avec la magie, et il le faisait par respect des dieux. C’est un élément important, qui se retrouvera dans la polémique entre christianisme et paganisme : faire de la magie, c’est essayer d’agir sur les dieux comme si ces derniers étaient faibles et soumis aux passions : bref, c’est de l’anthropomorphisme et de l’impiété (vieille accusation qui remonte au moins à Xénophane dans sa polémique contre Homère, et que Juifs, païens et chrétiens s’enverront réciproquement à la tête pendant trois siècles). Lorsque les dieux agissent en faveur des hommes, ils le font librement, de par leur bon vouloir et par sympathie avec un vivant qu’ils transcendent et organisent à la fois, selon la conception de Pythagore -référence sur laquelle tout ce beau monde, pour une fois, était d’accord. La Providence n’est jamais une réponse à la contrainte que les magiciens vulgaires et outrecuidants croient pouvoir exercer sur ce qui les dépasse infiniment.
Porphyre, semble-t-il, accusait Jamblique de magie : celui-ci se lavait ainsi avec vigueur de ces accusations. Il en profitait aussi, évidemment, pour accuser indirectement Plotin d’excès de rationalisme, voire d’hubris par sa prétention à accéder directement au divin, mais c’était de bonne guerre.

Au terme de cette année, j’ai définitivement perdu toute popularité chez les étudiants, mais je me suis un peu réconciliée avec Jamblique. Je lui ai pardonné de n’être ni Plotin, ni Pindare, même si j’ai toujours trouvé sa pensée confuse et sa syntaxe filandreuse :diabloo: . Je n’ai jamais beaucoup progressé dans mes connaissances à son sujet, je l’avoue. Mais lorsque je l’ai retrouvé plus tard dans des circonstances plus agréables, il m’était devenu moins étranger.

La suite dans quelques jours, mais s’il y a des désaccords ou des questions, tout sera bienvenu. J’aimerais que ce fil ne soit pas une suite de monologues arides, et j’ai un peu l’impression qu’il est en train de le devenir tandis que je mute en Casaubon. :sweat:
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Kliban »

J’aimerais que ce fil ne soit pas une suite de monologues arides, et j’ai un peu l’impression qu’il est en train de le devenir tandis que je mute en Casaubon. :sweat:
La difficulté ici est que tu allies une érudition certaine - qui brille au travers de tes narrations - et une compétence à l’exposition vivante qui te rendent, pour moi, tout à fait passionnante. Je ne saurais répondre sur le même plan, d’autant moins que mes études, la précision du savoir et les capacités de clarté et de (très relative) concision que j’y avais développées sont fort loin ! Je philosophe aujourd’hui à la truelle, parce que m’intéresse plus de m’orienter globalement dans les massifs de la pensée que de pousser l’érudition ou même la vérité, quoi qu’il soit convenu d’appeler de la sorte !

Je pourrais essayer de parler de Laruelle, peut-être, de ma lecture de Laruelle, s’entend. En lien à la pensée « mystique » avec tous les guillemets qui s’imposent - il vaudrait mieux parler, pour ce qui me concerne, des traduction de l’expérience musique en pensées de l’Un ou, peut-être, du néant. Ça me demanderait pas mal d’effort, et ça ne serait pas avant quelques mois au moins ! :D

En attendant, je te lis avec délices. Je serais d’ailleurs ici preneur de ce que concrètement Jamblique appelle théurgie - quelles pratiques sont concernées, quelle ms expériences sont traversées, s’il en reste des traces. Ça a des liens avec l’orphisme (si l’orphisme est toujours vivace à cette période) ?
De main gauche à main droite, le flux des savoirs - en mes nuits, le règne du sans-sommeil - en mon coeur, ah, if only!, le sans-pourquoi des roses.

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Kliban a écrit : sam. 17 juil. 2021 10:45 Je pourrais essayer de parler de Laruelle, peut-être, de ma lecture de Laruelle, s’entend.
N'hésite pas à le faire, je te lirai avec plaisir et intérêt : j'en ai entendu parler mais je n'y connais rien.
Kliban a écrit : sam. 17 juil. 2021 10:45 Je serais d’ailleurs ici preneur de ce que concrètement Jamblique appelle théurgie - quelles pratiques sont concernées, quelle ms expériences sont traversées, s’il en reste des traces. Ça a des liens avec l’orphisme (si l’orphisme est toujours vivace à cette période) ?
En gros, la théurgie désigne l'ensemble des pratiques concrètes (ce qu'on appelle en grec erga ou tekhnai, par opposition au logos qui désigne une opération intellectuelle) qui permettent d'établir un contact avec les dieux et de connaître leur volonté. Elle comportait des pratiques divinatoires, des prières, des transes, des rituels initiatiques, des sacrifices d'animaux, des offrandes de plantes, des manipulations d'objets sacrés.
On possède quelques traces des pratiques théurgiques que pouvait connaître Jamblique, même si lui-même reste généralement imprécis et qu'il est parfois difficile de distinguer la théurgie des rituels magiques dont il tenait si fort à se désolidariser : une partie du vocabulaire des papyrii magiques est en effet très proche du vocabulaire de la théurgie. L'un des principaux documents qu'on conserve (fragmentairement) sur ce thème est un traité en vers de Julien le Théurge intitulé Oracles Chaldaïques, qui relève du moyen-platonisme et non du néo-platonisme, mais qui a beaucoup intéressé Porphyre, Jamblique, Proclus et consorts : ils en ont rédigé des commentaires, parfois perdus mais pas toujours. On y constate le recours à des mediums, dont les transes étaient probablement obtenues par des inhalations de plantes hallucinogènes, et la pratique de la consécration et de l'animation des statues (c'est-à-dire de la manipulation ritualisée de statuettes).
Et oui, il existe un rapport avec l'orphisme (Proclus par exemple établit un lien explicite à ce sujet, et il est probable qu'il était initié aux mystères d'Orphée) mais il est difficile à déterminer.
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Je passe à ma deuxième partie, qui sera plus brève et fera simplement office de transition.

2. Lectures et paysages

J’ai déjà beaucoup traité de mon amour de Platon, je n’y reviens donc pas.
Jusqu’à un âge assez mûr, je me suis toujours débrouillée pour éviter les Présocratiques et Aristote : des premiers, je n’ai longtemps connu que la strophe de Valéry sur Zénon, que je savais par cœur sans y rien comprendre (comme tout le monde, y compris semble-t-il l’auteur de ladite strophe). Du second, j’avais le souvenir de quelques textes lus en khâgne sans enthousiasme, au cœur d’une grisaille parisienne qui avait peut-être eu sa part dans mon manque d’entrain.

Mais quelques années plus tard, j'ai bien été obligée de m'y mettre : mais cette fois-ci, c'était sur fond de Sainte Victoire et de garrigue, car j’avais choisi mon directeur de recherche en Provence. On me l’avait recommandé comme le meilleur spécialiste des commentaires grecs à la Bible et de la transition entre exégèse philosophique et exégèse juive et chrétienne, et c’était les sujets que je voulais creuser.

Or en Provence, j’ai suivi le séminaire d’un proche ami de mon directeur qui est vite devenu mon second maître. Il était (et l'est encore, d'ailleurs, fort heureusement) spécialiste de Démocrite et de ses commentaires aristotéliciens. C’était un élève de Jean Bollack, avec qui il s’était brouillé à mort, mais dont il partageait l’intransigeance absolue quant à la façon de lire les textes : en entier, avec leur tradition critique et exégétique et sans en éviter une seule difficulté.
Les saisons pouvaient passer sur le paysage provençal que j’avais retrouvé avec bonheur, le soleil briller, les pins embaumer, le vent souffler et les cigales chanter : au milieu de cette pastorale, nous faisions du grec comme si notre vie en dépendait, dans une ambiance presque digne de Plotin -j'exagère à peine. Une semaine était consacrée à la Bible et à ses commentateurs juifs hellénistiques et chrétiens, la suivante aux Présocratiques, à Platon et à Aristote, ces derniers n’étant jamais séparés ni de leurs prédécesseurs, ni de leurs successeurs.

Pourquoi parler d’Aristote ? Tout simplement, et tous ceux qui s’intéressent aux néoplatoniciens le savent bien, parce que les fondements du néoplatonisme sont au nombre de trois. 1. Platon et Aristote disent la même chose, à savoir la vérité. 2. Cette vérité est d’ordre révélé. 3. Il est donc nécessaire d’harmoniser leurs doctrines entre elles et avec d’autres sources de révélation reconnues (philosophes antérieurs, poètes et législateurs) par une exégèse appropriée reposant sur des techniques précises.

Je ne détaillerai pas les étapes du long processus qui a conduit à une telle conception : ce processus a duré environ sept siècles et on peut, si l’on veut s’en tenir aux perspectives les plus simples, le résumer à trois phénomènes. En premier lieu, la réduction progressive du nombre des écoles philosophiques, qui est passé d’une nuée de petites écoles autour des cinq principales (l’Académie, le Lycée, le Portique, le Jardin et le Cynosarge) aux trois premières, soit par l’extinction des petites structures, soit par leur absorption dans les trois grandes. En second lieu, le passage d’une philosophie où dominaient l'éthique et la pratique spéculative à une philosophie fondée sur l’exégèse des textes des grands auteurs, poètes et philosophes. Enfin, le développement d’une pensée systématique s'appuyant sur une théologie monothéiste, qui démarre peu ou prou chez Aristote, se construit chez les Stoïciens tardifs et trouve son accomplissement parfait chez Damascius. Ces évolutions se produisent dans le cadre de transformations politiques (empire alexandrin puis empire roman, unification et rigidification du pouvoir, centralisation autoritaire de la religion autour du culte impérial) et de mutations profondes des mentalités (émergence de la subjectivité, inquiétudes métaphysiques, accents mis sur la dimension sentimentale et personnelle de la pratique philosophique comme voie de salut).
Bref, lorsqu’après trois siècles de confrontation polémique, le christianisme a pris le dessus dans l’Empire Romain, les néoplatoniciens lui avaient préparé tout ce dont il a eu besoin pour devenir religion d’état et conquérir le monde.

Je parlerai donc du néoplatonisme chrétien dans mon prochain message. En attendant, une devinette.
Qui a écrit le texte suivant ?
En ce qui regarde Dieu, qu’on tienne fortement ces quatre principes : la foi, la vérité, l’amour et l’espérance. Il faut croire qu’il n’y a de salut que dans la conversion vers Dieu ; et quand on l’a cru, mettre tout son zèle à connaître la vérité sur Dieu ; et cette connaissance acquise, s’éprendre d’amour pour Celui que nous avons connu. Et lorsqu’on est ainsi épris d’amour, nourrir son âme sa vie durant des plus belles espérances.
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