Résumé que l'on trouve sur le site de payot-rivages.net :
Dans le dernier "Matin dimanche", hebdomadaire suisse romand, il y a eu une interview d'elle. Je vous la retranscris (edit : après 3 questions, j'en ai eu marre et j'ai fait une recherche sur internet. J'ai pu trouver une retranscription sur le site pressreader, que je mets en forme ici) :Ce n’est pas parce que votre enfant ou vous-même êtes brillants ou talentueux que vous êtes surdoués. Et ce n’est pas parce que vous êtes surdoués que vous êtes malheureux. Le vrai surdoué a un QI supérieur à 125, un fonctionnement intuitif, et une bonne insertion sociale. La souffrance n’est pas un critère, mais juste le signe que le surdoué a besoin – comme tout le monde – d’une thérapie. Béatrice Millêtre remet les pendules à l’heure ! Elle explique tout ce qu’il faut savoir sur les « hauts potentiels » – les vrais. Des données scientifiques à leur fonctionnement au quotidien, qu’il s’agisse des enfants ou des adultes, elle aborde concrètement tous les aspects de leur vie et de leurs relations aux autres (les surdoués en amitié, en couple, en famille, à l’école, au bureau) et fournit des outils pour leur plein épanouissement.
Le matin dimanche, interview de Geneviève Comby a écrit :Précoces, surdoués, ###Dragons de Komodo sociopathes oui mais des Panzani###, hauts potentiels... Les qualificatifs ne manquent pas pour identifier ces enfants aux capacités intellectuelles hors normes. Les préjugés non plus. ils seraient incompris, isolés, en échec scolaire. Autant de clichés mis à mal par la psychologue Béatrice Millêtre dans un livre à paraître. Un ouvrage qui rappelle qu'être brillant ne veut pas pas forcément dire être surdoué, et qu'être surdoué ne veut pas forcément dire être malheureux.
Vous signez "Le livre des vrais surdoués". Y en a-t-il des "faux" ?
Il fallait un titre qui accroche, bien sûr, mais au-delà de ça, la notion de surdoué a évolué depuis son apparition, il y a une centaine d'années. On considérait alors que les surdoués étaient des gens plus intelligents, qui menaient des études brillantes, possédaient un Q.I. supérieur. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. On parle bien de gens plus intelligents, mais de gens qui sont intelligents différemment. Un polytechnicien, un premier de classe n'est pas forcément un surdoué.
On connaît tous des parents qui suspectent leur enfant d'être surdoué. On a l'impression qu'il y en a partout… N'est-ce pas un peu exagéré ?
Oui, c'est très à la mode. On voit des parents qui poussent leur progéniture, veulent leur faire sauter des classes. Leur enfant est-il vraiment surdoué ? Pas forcément. On peut apprendre à lire à un enfant à partir de l'âge de 2 ans, en lui montrant des images. C'est un conditionnement à la lecture : on associe un son à une lettre.
On suspecte un haut potentiel chez des enfants dont le comportement scolaire est inadapté. Ne confond-on pas parfois surdoué et hyperactif ?
Oui, comme on a tendance à penser que le premier de classe est un surdoué, on a tendance à penser que certains enfants qui ont des difficultés scolaires sont surdoués. Ce qu'il faut comprendre, c'est que le surdoué, de par son fonctionnement particulier, est capable de faire plusieurs choses en même temps. Il peut, en classe, se lever et faire autre chose, pas parce qu'il s'ennuie, mais parce que ça lui permet de faire aboutir sa réflexion. Il va donner l'impression de ne pas rester en place. Mais paradoxalement, lorsqu'un précoce s'intéresse à un domaine, il l'investit avec une concentration extrêmement soutenue. Il peut rester sans bouger des heures pour démonter une radio, ou jouer aux Lego, par exemple, ce qu'un enfant hyperactif ne fera pas.
Vous insistez sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une maladie. Comment définir les surdoués ?
Ce sont des enfants, ou des adultes, qui possèdent une intelligence plus grande, c'est une réalité neurophysiologique. Leur mémoire, leur capacité à traiter les informations est plus grande. Mais ils fonctionnent aussi de manière intuitive. Je prends toujours l'exemple d'Archimède dans sa baignoire. Il a amassé des connaissances et, pendant qu'il fait autre chose, ces connaissances s'assemblent comme les pièces d'un puzzle en bruit de fond dans sa tête.
Lorsque le puzzle est terminé, et seulement à ce moment-là, le résultat arrive à sa conscience comme une fulgurance et eurêka! Dans cette forme de raisonnement, tous les éléments sont perçus en même temps, pas de manière séquentielle. C’est ce que l’on appelle la vision globale. Et c’est ce qui fait que les surdoués, lorsqu’ils arrivent à un résultat, ne savent pas expliquer pourquoi ils y sont arrivés. Dans un premier temps, en tout cas. Ils ont le résultat avant d’avoir le cheminement. Les surdoués sont aussi dotés d’une sensibilité exacerbée. Imaginez que vous ayez cette vision globale. Disons que vous vous trouvez dans une pièce, vous allez voir tout ce qui vous entoure en même temps, la fenêtre, la table, le fauteuil, alors qu’avec une vision séquentielle, vous balayerez la pièce du regard. Les intuitifs ont les sens extrêmement aiguisés, ce qui leur permet de tout percevoir, y compris de petits éléments périphériques que les autres n’auront perçu qu’en tournant leur tête. Alors, oui, les surdoués ont des sens plus aiguisés, que ce soit l’ouïe, l’odorat, la vue, etc. C’est la même chose pour leurs émotions. Avec, comme corollaire, une très grande empathie. Ils sont hypersensibles aux émotions, comme à la fatigue ou à la faim, d’ailleurs.
Quelle proportion de la population peut être considérée comme surdouée ?
Il n’est pas si simple de donner un chiffre. On dépiste les surdoués grâce aux tests de Wechsler. Si on se base là-dessus, on se situe entre 2,5 et 5% de la population. Or ces tests ne dépistent pas, ou très peu, le côté intuitif. On pense qu’environ 30% de la population possède cette particularité-là. Mais nous ne sommes pas très bien outillés pour faire le mélange des deux. Outre-Atlantique, l’évaluation se fait à l’aide de questionnaires que l’on donne aux enseignants, à la famille, bref à l’entourage d’un enfant, afin de tenir compte de toutes ces dimensions.
Est-ce que les surdoués font tout plus tôt que les autres, dès leur plus jeune âge, ou les repère-t-on plus tard ?
On les repère très vite. Ils affichent effectivement une précocité dans tous les domaines. Certaines études sur les nourrissons montrent un décalage, y compris concernant les acquisitions motrices. Ces bébés vont tenir leur tête plus tôt, marcher plus tôt. L’éveil à la conscience sera plus précoce.
L’activité cérébrale des surdoués est atypique. En quoi se distingue-t-elle ?
La vitesse de circulation de l’influx nerveux est plus élevée. On sait que, pour une même tâche, les surdoués n’utilisent pas les mêmes zones du cerveau que les autres. Ils vont également produire plus de connexions dans leur cerveau.
On associe presque systématiquement haut potentiel et difficultés scolaires. On a tort ?
En effet, ce n’est pas aussi simple que ça. En France, par exemple, les gens qui parlent des surdoués sont principalement des thérapeutes. Il y a donc un biais, car, par définition, les gens que reçoivent les thérapeutes ne vont pas bien. Certaines études, réalisées dans d’autres pays, qui englobent des participants de tous horizons, montrent que les surdoués vont bien! Certains sont en échec scolaire, oui, mais dans les mêmes proportions que les autres. La majorité des adolescents surdoués va bien, notamment parce que ces jeunes possèdent une plus grande maturité, une grande empathie, une capacité d’adaptation et un côté «connecteur». Comme ils s’intéressent à beaucoup de choses et qu’ils les partagent, ils ont la faculté de mettre en relation les gens, ce qui est très apprécié socialement.
On dit volontiers qu’ils s’ennuient en classe. Ça aussi, ce n’est pas tout à fait vrai.
Les enfants que je reçois ne me disent pas qu’ils «s’ennuient», ils disent que ça ne va pas assez vite. Le surdoué, qui a une imagination très fertile, ne va pas s’ennuyer, il va «partir» dans son monde. Il décroche, et parfois ne raccroche pas, c’est vrai. Mais quand il décroche, il s’occupe autrement. Les plus jeunes font leurs devoirs, et ils sont tranquilles quand ils rentrent chez eux. Dans les plus grandes classes, ils en profitent pour penser à autre chose, au devoir d’histoire qu’ils vont avoir à faire. Cela n’est pas forcément vécu comme une souffrance.
Faut-il les scolariser à part, dans des écoles spécialisées ?
Je n’y suis pas favorable. Il faut garder à l’esprit qu’un jour ces enfants seront des adultes. Ça peut paraître bête, mais ils ne vivront pas en vase clos, ils vont travailler en entreprise, notamment. Je reçois beaucoup d’adultes surdoués qui ne savent pas comment faire avec leurs collègues, parce qu’ils ne savent pas comment les autres fonctionnent, ni comment eux doivent fonctionner. Je ne serais pas contre ces écoles spécialisées si je les trouvais adaptées. Mais dans ces établissements, on considère surtout que les enfants surdoués sont plus intelligents, on leur en demande donc plus dans une perspective «élitiste», sans tenir compte de leur intelligence particulière. Par ailleurs, comme les surdoués y sont considérés comme plus matures, on leur laisse beaucoup d’autonomie. Or considérer que ce sont des adultes dans des corps d’enfants, ça ne marche pas. Je vois beaucoup d’enfants qui suivent ces écoles et qui vont mal.
À la maison aussi, la tentation est grande, pour les parents d’un enfant surdoué, de le stimuler, de le pousser. Est-ce une bonne idée ?
C’est une bonne idée de stimuler un enfant, n’importe quel enfant. Mais on se dit effectivement qu’il faut «nourrir» un surdoué. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille lui faire faire des milliards de choses. Le surdoué a besoin de souffler, peut-être même plus qu’un autre enfant, car quand il s’investit dans quelque chose, il s’investit à fond. En contrepartie, il faut qu’il puisse jouer, simplement, comme il en a envie. Si les adultes ont tendance à surstimuler les enfants surdoués, c’est parce qu’ils focalisent très vite sur eux certains enjeux liés à une forme de réussite sociale.
Est-ce qu’on pourrit son enfant lorsqu’on est convaincu d’avoir engendré un génie ?
Ça arrive. Certains parents transmettent à leur enfant l’idée qu’il est le meilleur. Je suis en ce moment un enfant de 6 ans qui remet tout le monde à sa place. Comment s’étonner quand on entend que, dans la cour de récréation, ces enfants sont isolés, qu’ils n’ont pas de copains. Quand on leur demande ce qu’ils pensent de leurs camarades, ils répondent que ce sont des crétins… Même les parents tiennent ce genre de propos, parfois.