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(Modos : Ce post était destiné à alimenter
ce thread mais je me suis aperçu que je n'avais pas accès en écriture à ce forum. Comme je n'aime pas gratter pour rien et que ça intéressera peut-être, je le poste ici). Si je suis hors charte, pas taper svp.
Je fait remonter ce topic parce qu'il m'intéresse, qu'il me semble que certaines choses n'ont pas été dites, et que d'une manière générale, j'ai une grande bouche.
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TL;DR : La méditation, c'est bon, mangez-en.
Mon cas :
Je pratique depuis peu de temps, depuis le temps que je dis que ça fait deux mois, ça doit bien en faire trois. J'ai commencé suite à la lecture d'un livre conseillé par ma généraliste : "
Méditer pour ne plus déprimer" (j'ai un passé), qui est accompagné d'un CD. En bon surinvestisseur intellectuel, je l'ai lu, ai cru l'avoir compris et pratiqué à la va-vite quelques exercices décrits, puis oublié tout ça.
Deux ans passent, ma situation empire, les douleurs prennent de plus en plus de place, la récupération devient de plus en plus difficile, etc. voir ma présentation pour les détails (pas intéressants). Sentant que je n'avais plus grand chose à perdre, et après avoir vu sur Youtube quelques conférences TED sur le sujet (liste en bas de ce post - excellentes pour dédramatiser la chose), j'ai enfin écouté le CD, en faisant les exercices en même temps. Et là, grosse découverte.
D'abord, c'est très intéressant : j'ai très rapidement eu des sensations extrêmement intenses, désagréables pour la plupart, et comme l'une des participantes à ce thread, j'ai dû effectuer le 'leap of faith' et m'ouvrir et me tourner vers mes douleurs. Si vous en doutez, je peux vous assurer qu'on peut se faire de grosses frayeurs en restant posé sur ses fesses, seul dans une pièce. Et s'apercevoir assez rapidement à quel point nous pouvons être notre propre ennemi, d'une manière bien plus intime et sournoise que je l'aurais cru. Mais aussi moins complexe qu'on ne pourrait le craindre, avec notre cortex pré-frontal suractivé.
Si je devais résumer l'exercice, ce qui est assez facile, et en même temps à peu près impossible, le jeu consiste à constater que tout est là, en soi, et que certes, c'est un sac de nœuds, mais qu'avec le temps, on peut réussir à un peu tourner autour, à le faire bouger, voir à commencer à démêler deux ou trois fils. Peut-être même rêver que les nœuds disparaissent ou n'ont jamais été là, et que c'est surtout la peur des nœuds qui crée les problèmes.
Foin de descriptions oiseuses, en environ deux semaines de pratique relativement intensive, entre 3/4 d'heure et une heure par jour, j'ai eu l'impression de faire bouger la chappe de plomb : retour d'un début de tonus, meilleur sommeil, suppression des catastrophiques mais jusque-là indispensables siestes d'après-midi, reprise des ballades, j'en passe. Et
très gros soulagement de ma compagne, qui a pu arrêter un peu de flipper pour moi et s'occuper mieux d'elle-même.
Depuis, j'essaie de pratiquer au moins 10 minutes par jour, jusqu'à une heure quand je trouve le temps, et j'ai bien l'intention de continuer aussi longtemps que je pourrai. Je crois même que j'aimerais assez faire un stage ou une retraite, quelque chose d'intensif et accompagné, pour bien asseoir ma pratique et me faire corriger et guider. Le fait même que j'envisage de participer à quelque chose d'un peu collectif est en soi extrêmement inhabituel.
Observations :
Il est bon d'être suspicieux : longtemps tout le fatras plus ou moins new age qui entoure le mot 'méditation' m'en a tenu éloigné. J'ai ce qu'il me faut comme bagage métaphysique, et n'ai aucun besoin d'une construction intellectuelle (dont je suis par ailleurs friand) de plus. Non : j'avais besoin d'une méthode pour apprendre à gérer mes angoisses et leurs effets nocifs sur ma santé. Pas de chakras, de ki, de souffle (sinon la bonne vieille respiration tout ce qu'il y a de naturelle), de karma ou je ne sais quoi. On peut concevoir que des gens veuillent intégrer la méditation dans une conception du monde et rendre à César, tout ça, mais si le sujet vous intéresse, je vous invite vraiment à essayer sans vous préoccuper de ces choses. Évidemment j'ai eu besoin de me raconter ma petite histoire pour justifier le ridicule qu'on sent à s'asseoir tout seul chez soi et de rester à rien foutre pendant de longs moments ; pour moi, ça a été à base de vulgarisation scientifique, de récits de sources crédibles et de morceaux d'Husserl parce qu'on ne se refait pas. Il y a même des moments où je pense à Daredevil et Iron Fist ou Kwaï Chang Caîne, j'en ris encore. Tout cela n'a pas beaucoup d'importance ; ce à quoi on pense n'est pas si grave, c'est la façon dont on y pense, et surtout dont on arrête d'y penser, qui compte.
Mais une fois en situation, il ne reste que vous, ce que vous croyez de vous, ce que vous avez à apprendre sur vous, et surtout ce que vous oubliez en général de ressentir de ce qui se passe en vous. Je peux vous dire que l'idée de passer du temps avec moi-même était la dernière chose dont j'avais envie quand j'ai commencé. Mais très rapidement, il ne s'agit plus de cohabiter avec son petit ego. Bien sûr il est là, il commente, il se moque de temps en temps, il part voyager à 100 000,
your good old self. Mais on cesse très vite de lui accorder plus de place qu'il n'en mérite, que ce soit pour s'en enorgueillir ou pour le mépriser. Dans la méditation, l'ego, on s'en tamponne le coquillard avec une porte-fenêtre. Et je n'ai pas assez de vocabulaire pour vous décrire à quel point ça fait des vacances.
Une dernière chose que j'ai lue dans ce thread qui m'a beaucoup gêné, à propos de la méditation zen (ou zazen, je n'y connais rien) : l'idée de stopper la pensée. Je ne doute pas que ce type particulier de pratique ait son intérêt, et loin de moi l'idée de déclencher une querelle de chapelle dont je n'ai que faire. Mais une chose est sûre : c'est absolument incompatible et contradictoire avec la pratique dont je parle ici : essayer de stopper la pensée est la première chose qu'on vous apprend à
essayer de ne pas faire. Une grande partie de l'exercice consiste à prendre conscience du processus de pensée, sans s'y opposer et sans l'alimenter, et à ne surtout surtout pas avoir un rapport frontal avec, l'idéal étant de la laisser là comme un élément parmi d'autre de la conscience, sans plus.
Liens : (en anglais, mais je n'ai pas trouvé de conférences aussi courtes et aussi claires en langue des molaires).
Il existe des vidéos plus orientées science, mais ce n'est pas mon propos, que je voulais plus personnel pour cette fois au moins. Sachez quand même que la méthode a été testée avec toute la rigueur scientifique nécessaire, double aveugle et tout le fourbi, plus de 4000 études depuis 2000, montrant des effets jusqu'au niveau des chromosomes (télomères).
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