Ucralo a écrit :Par exemple, admettons qu'un esclavagiste demande à son esclave de promettre de ne jamais s'enfuir. Si celui-ci refuse de promettre, son esclavagiste le tue.
J'ai l'impression que tu as interprété mon exemple comme : Admettons qu'un esclavagiste promette à son esclave qu'il tuera cet esclave si celui-ci s'enfuit. Là, effectivement, je suis d'accord avec toi.Euthyphron a écrit :Ce qui est contraire au devoir dans cet exemple, ce n'est pas la sincérité de l'esclavagiste, c'est qu'il fasse une telle promesse (en réalité une menace). Faire une fausse promesse de ce type, pour intimider, n'est pas du tout conforme au devoir. Et si la promesse est sincère, c'est son contenu qui est immoral, et non pas l'intention de la tenir.
Mais l'exemple que j'ai donné était celui-là : Admettons qu'un esclavagiste demande à son esclave de promettre de ne jamais s'enfuir. Si celui-ci refuse de promettre, son esclavagiste le tue. Il n'est pas question de la sincérité de l'esclavagiste, mais de celle de l'esclave. L'esclave, doit-il se faire tuer, faire une fausse promesse ou bien faire une vraie promesse ? Je pense que, dans ce cas, le devoir commande de faire une fausse promesse.
J'ai fait un raisonnement similaire à celui de Kant, mais en faveur du mensonge dans le cas particulier où on est un esclave et où on promet à son esclavagiste de ne pas s'enfuir :
Accepterais-je bien avec satisfaction que ma maxime (de faire la fausse promesse à mon esclavagiste de ne jamais m'enfuir pour me tirer de l'embarras) dût valoir comme une loi universelle (aussi bien pour moi que pour les autres) ? La réponse est OUI. Je peux vouloir une loi universelle qui commanderait de mentir dans ce cas précis.
Cependant, selon une telle loi, il n'y aurait plus à proprement parler de promesse de ne pas s'enfuir quand on est esclave. En effet, les esclavagistes ne seraient pas idiots : ils n'exigeraient pas à leurs esclaves de faire de telle promesse en sachant qu'ils ne la tiendront pas. Mais c'est une bonne chose qu'ils n'aient pas la possibilité de l'exiger. Autrement, les esclavagistes auraient un pouvoir énorme en supprimant très facilement à leurs esclaves toute possibilité de s'enfuir : on oblige l'esclave à promettre et hop, le tour est joué.