Durant la période où j’ai été dans l’attente de passer le test, puis dans l’attente des résultats du test, je suis passée par différentes phases. Je livre les différentes pensées qui se sont présentées et les émotions qui les accompagnaient (je laisse volontairement les temps présent ou passé que j’ai choisi lors des moments d’écriture, pour partager au plus près le vécu de ces différents instants).
- Dans l’attente de passer le test…
« Et si le test se révèle être négatif ? »
Et bien, au début j’ai essayé d’éluder la question, de la repousser quand elle se présentait. Rien que de penser à cette éventualité et c’était un état de panique qui pointait le bout de son nez. J’étais submergée par la peur, et le seul moyen d’évacuer la panique, c’était de passer par les larmes. Puis au bout de quelques jours, j’ai commencé à apprivoiser l’idée que le test pourrait être négatif. Et dans mon cas, il s’agissait de donner du sens à ce sentiment de panique.
« Quel est donc l’enjeu du test ? »
En ce qui me concerne, il me semble qu’il n’y a pas un mais des enjeux.
Le premier enjeu que je pressens est lié à l’acceptation.
Accepter cette hypersensibilité qui est mienne. Ne plus chercher à la chasser, à faire comme si elle ne faisait pas partie de moi, à essayer de me travestir pour être « moins » au lieu de « trop ».
Accepter aussi mon besoin de quête de « pluri », de « complexes », et assumer l’ennui tenace face au « linéaire », « au cloisonnant ».
Le deuxième enjeu que je préférerais occulter a trait à une forme de reconnaissance de ma sphère intellectuelle. J’ai d’abord rejeté l’idée qu’il pouvait y avoir un quelconque lien avec un besoin d’être rassurée par rapport à « mes capacités intellectuelles ». Je dois pourtant accepter l’évidence que je ne peux pas faire l’abstraction de cette dimension. Il me semble en effet que je viens chercher une forme d’autorisation et/ou de permission (une permission que je n’arrive pour le moment pas à me donner, malgré les différentes aides envisagées). Car depuis toujours, j’ai le sentiment que l’autorité devant faire référence ne m’a pas reconnu dans mes aptitudes intellectuelles, ne m’a pas soutenu dans mon besoin d’intégration sociale et dans mon parcours professionnel.
D’ailleurs j’ai fréquemment eu l’impression d’être moins intelligente que les autres : moins intelligente que ma sœur, quand j’étais enfant ; moins intelligente que les autres étudiants quand je suis arrivée en école préparatoire puis en école supérieure. Et aujourd’hui encore, j’ai de grandes difficultés à m’attribuer une ou des capacités intellectuelles.
« Et si je me trompais ? »
Quand je me projette avec l’éventualité d’un test négatif, je ne peux m’empêcher de l’associer à la phrase « Et si je me trompais ». Cette phrase est très anxiogène, car si le test est négatif une partie en moi se remettra à douter sur ma capacité à me fier à mon intuition.
Et pourtant, une autre voix me dit que si le test est négatif, peut-être que cela m’aidera à accepter que je peux oser m’aventurer vers des territoires inconnus, que j’ai le droit de vérifier une hypothèse, que j’ai le droit de me tromper…sans honte, juste parce que j’ai ce besoin de vérifier et qu’à lui seul ce besoin est bien légitime !
Et si je ne fais pas partie des HP, j’espère que le partage de ressentis avec d’autres personnes m’aura permis de regarder et reconnaître des facettes de ma personnalité sur lesquels je n’avais pour le moment pas pu mettre de description ou des mots : j’entrevois des pistes à explorer, que je sois adulte HP ou pas…après tout chacun de nous peut se retrouver en certains points sans en être un. Pour autant il ne lui est pas interdit d’explorer ces facettes, qui ne sont pas seules réservées aux HP…j’ose en tout cas l’espérer.
S’autoriser, m’autoriser… voila ce que l’aventure HP je l’espère m’apportera (que le résultat confirme l’hypothèse ou qu’il l’infirme).
Dans l’attente des résultats du test
Quand je suis sortie du test, j’étais soulagée. Et j’étais fière de moi. Fière d’avoir voulu savoir, fière d’avoir osé vérifier. Fière de me confronter à des possibles. Fière d’affronter l’incertitude.
Mais alors qu’avant le passage du test, j’envisageais la possibilité d’être une adulte HP, les jours qui ont suivi le test, la balance a penché vers une quasi certitude que je n’étais pas HP.
Ma seule certitude était que je n’aurais pas pu faire différemment, que je me reconnaissais dans la manière dont j’avais répondu aux différentes questions et que j’accepterai le résultat quel qu’il soit. Mais en revanche, je n’ai pas trouvé tous les tests faciles. Si j’avais du me donner un chiffre à la sortie du test et les jours suivants, je me serais évaluée à une valeur entre 110 et 120.
Ainsi, j’ai passé une semaine en me convainquant que je n’étais pas une adulte HP. Sans doute pour mieux accepter le résultat, pour me préparer à l’annonce, pour être moins déçue, pour moins souffrir…Et parce que je ne voulais pas montrer que je serais affectée. Je pensais rester digne si je ne m’effondrais pas. Il me semblait plus acceptable de pleurer de soulagement, si les résultats se révélaient positifs.