Oulala, Jean de la Fontaine, comme ça sent les fonds de tiroirs !!!
Bon. Ce monsieur vous a peut-être torturé à l'école, pour moi je l'aimais bien mais ça faisait plusieurs années que je l'avais enterré, croyant en avoir un peu fait le tour...
Et puis récemment j'ai trouvé dans une brocante, pour 3 francs six sous, un énorme volume, aux illustrations qui me plaisaient, contenant l'intégrale des fables. Je me suis dit pourquoi pas... Je redécouvre donc, mais aussi je trouve de nouvelles perles, qui gagneraient à être connues !
Alors si ça vous dit, en voici déjà deux, deux avec le Chat que je n'avais jamais rencontré que dans "le chat, la belette et le petit lapin". Et décidément ce personnage me plaît... vous croyiez le rusé renard toujours vainqueur ? Le matou matois n'en fait qu'une bouchée !
Le Chat et le Renard : si je n'approuve pas vraiment le propos, les six premiers vers m'ont conquise !
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Le chat et le renard, comme beaux petits saints,
S'en allaient en pèlerinage.
C'étaient deux vrais tartufs, deux archipatelins
Deux francs patte-pelus qui, des frais du voyage,
Croquant mainte volaille, escroquant maint fromage,
S'indemnisaient à qui mieux mieux.
Le chemin étant long, et partant ennuyeux,
Pour l'accourcir ils disputèrent.
La dispute est d'un grand secours.
Sans elle on dormirait toujours.
Nos pèlerins s'égosillèrent.
Ayant bien disputé, l'on parla du prochain.
Le renard au chat dit enfin :
«Tu prétends être fort habile,
En sais-tu tant que moi? J'ai cent ruses au sac.
- Non, dit l'autre; je n'ai qu'un tour dans mon bissac ;
Mais je soutiens qu'il en vaut mille.»
Eux de recommencer la dispute à l'envi.
Sur le que si, que non, tous deux étant ainsi,
Une meute apaisa la noise.
Le chat dit au renard :« Fouille en ton sac, ami ;
Cherche en ta cervelle matoise
Un stratagème sûr ; pour moi, voici le mien. »
A ces mots, sur un arbre il grimpa bel et bien.
L'autre fit cent tours inutiles,
Entra dans cent terriers, mit cent fois en défaut
Tous les confrères de Brifaut.
Partout il tenta des asiles ;
Et ce fut partout sans succès ;
La fumée y pourvut, ainsi que les bassets.
Au sortir d'un terrier, deux chiens aux pieds agiles
L'étranglèrent du premier bond.
Le trop d'expédients peut gâter une affaire :
On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire.
N'en ayons qu'un, mais qu'il soit bon.
Pour quelques définitions puisque certains termes sont un peu obscurs :
http://www.lafontaine.net/lesFables/aff ... php?id=187. Patte-pelu est passé au hit-parade de mes insultes préférées.
Le Chat et les deux Moineaux : je trouve celle-ci assez inhabituelle, mais surtout Lafontaine nous y demande de trouver nous-mêmes la (ou les) morales. Certains se sentiraient-ils capables de les formuler ??
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Un chat, contemporain d'un fort jeune moineau,
Fut logé près de lui dès l'âge du berceau
La cage et le panier avaient mêmes pénates;
Le chat était souvent agacé par l'oiseau
L'un s'escrimait du bec, l'autre jouait des pattes.
Ce dernier toutefois épargnait son ami.
Ne le corrigeant qu'à demi,
Il se fût fait un grand scrupule
D'armer de pointes sa férule.
Le passereau, moins circonspec ,
Lui donnait force coups de bec.
En sage et discrète personne,
Maître chat excusait ces jeux
Entre amis, il ne faut jamais qu'on s'abandonne
Aux traits d'un courroux sérieux.
Comme ils se connaissaient tous deux dès leur bas âge
Une longue habitude en paix les maintenait ;
Jamais en vrai combat le jeu ne se tournait
Quand un moineau du voisinage
S'en vint les visiter, et se fit compagnon
Du pétulant Pierrot et du sage Raton ;
Entre les deux oiseaux il arriva querelle ;
Et Raton de prendre parti
« Cet inconnu, dit-il, nous la vient donner belle,
D'insulter ainsi notre ami !
Le moineau du voisin viendra manger le nôtre ?
Non, de par tous les chats !» Entrant lors au combat,
Il croque l'étranger. «Vraiment, dit maître chat,
Les moineaux ont un goût exquis et délicat !»
Cette réflexion fit aussi croquer l'autre.
Quelle morale puis-je inférer de ce fait ?
Sans cela, toute fable est un oeuvre imparfait.
J'en crois voir quelques traits, mais leur ombre m'abuse,
Prince, vous les aurez incontinent trouvés :
Ce sont des jeux pour vous, et non point pour ma Muse ;
Elle et ses soeurs n'ont pas l'esprit que vous avez.
Alors ? les connaissiez-vous ? Qu'en pensez-vous ?
C'est tout pour aujourd'hui, mais s'il y en a que ça intéresse, j'y reviendrai !