La mort et vous

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Kan
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Re: La mort et vous

Message par Kan »

Zil2blé a écrit : Je vous conseille un bouquin dont le narrateur meurt à la première page: La vie Interdite de Didier Van Cauwelaert. J'aime bien sa vision de la mort? Son personnage continue de vivre par le souvenir des autres.
Je ne connais pas ce bouquin mais je trouve ces 2 lignes magnifiques ! Elles invitent à la rêverie.

Précisément la phrase "Son personnage continue de vivre par le souvenir des autres" peut être la base d'une logique de vie et de mort avec possibilité d'intégration d'une certaine adaptation de "vie éternelle" ou "vie après la mort" ...

Je vous conseille sur le sujet (la mort et vous) "Le Livre Tibétain de la Vie et de la Mort" de Rinpoché Sogyal
Quelqu'un l'a lu ?

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Zil2blé
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Re: La mort et vous

Message par Zil2blé »

J'ai commencé...
mais c'est d'un autre niveau.
J'ai besoin de pauses pour digérer les prises de conscience que je peut avoir avec ce bouquin.
Cauwelaert, c'est beaucoup plus leger. Son dernier livre est un peu comme "la vie interdite".
C'est l'histoire d'un arbre qui est déraciné et continue de vivre dans le souvenir des humains pour qui il a compté. Petit voyage dans l'univers des arbres, dans l'histoire et dans le futur aussi.

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Maitresse Rita
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Re: La mort et vous

Message par Maitresse Rita »

Je n’en parle pas souvent parce que c’est un sujet assez peu connu et qui crée de l’incompréhension autour de moi. Mais je reste persuadée que ça a très largement orienté mon rapport à la vie et à la mort.

Je suis un enfant de remplacement. Je suis née dans une famille en deuil. En deuil pathologique après la maladie et la mort d'une jeune fille. Dans une famille où on allumait des cierges quand j’avais une angine, où on faisait des incantations au-dessus de mon front fiévreux et où je me faisais engueuler d’être encore malade, comme si c’était pour les provoquer. (D’ailleurs, peut-être qu’indirectement, je somatisais pour appuyer là où ça faisait mal). J’ai grandi dans une famille où on parle aux fantômes, où de façon plus ou moins implicte, je devais à moi seule rattraper toutes les vies gâchées et les espoirs déçus. Une famille où les morts sont partout et où je suis née pour faire un peu de bruit tout autour.

J’ai mis du temps à comprendre que je portais la mort en moi, qu’il y avait des injonctions et des projections sur ma tête qui me paralysaient de l’intérieur. Je m’en libère doucement et apprends à respirer pour mon compte.

Je ne me pose aucune question sur ma propre mort, ça ne m’intéresse pas de savoir ce qui se passe après, d’autant que j’ai l’impression de déjà le savoir. La mort c’est le froid des chambres vides et du temps figé, le froid des sentiments et des instincts et j’ai décidé que ça ne me concernait plus.

Ce qui m’intéresse, c’est ce qui se passe maintenant : comment être vivante et ne plus avoir peur qu’on me vole mes jours. C’est ne plus me demander si l’amour qu’on me donne, et dont je veux pouvoir me nourrir, est pour moi ou pour ce que je pourrais représenter dans l’esprit de l’autre, c'est ne plus être un objet sur lequel on projete des choses qui ne m’appartiennent pas. Ce qui m’intéresse, c’est de laisser les morts où ils sont et de me rappeler tous les jours que j’appartiens au monde des vivants, que j’ai le droit de parler en mon nom. Rien qu’en mon nom. J’apprends encore à faire face à ça et je m’en sors pas trop mal jusqu’ici.

Ai-je peur de la mort des autres ? Oui, si je pense à demain. Maintenant, ils respirent. J’essaie de me rappeler que je n’existe qu’à cet instant précis et que c’est déjà un putain de luxe. Etre vivante, c’est célébrer le réel immédiat, auquel je suis heureuse d’appartenir enfin. Les morts futurs n’ont pas plus de poids ici et maintenant que les morts passés. Ils appartiennent à un monde qui n’est pas le mien et surtout, surtout qu'ils y restent ! :ledoigt:

Bon, faut absolument que je relise ce truc la prochaine fois que je flipperai avant de prendre l’avion !! :cheers:
"Donc l’idée est que l’existence, ce n’est pas vrai ou faux, ce n’est pas le fait d’être dans le réel ; l’existence, c’est une histoire qu’on se raconte vraiment, on y croit comme l’enfant qui joue au docteur ou à la maîtresse"(M. Vial)

shunbabyx

Re: La mort et vous

Message par shunbabyx »

J'apprécie tes dires Maïanna. Je partage la même démarche. Je ne suis pas issue d'une famille ou l'on pratiquait les incantations, mais tout le monde est mort, sauf ma mère.
Quand les gens meurent, leurs secrets meurent avec eux, et c'est aussi bien. Aujourd'hui je ne cherche plus en vain à savoir d'où je viens, cela n'a aucune importance. Je regarde droit devant, où je vais. Je reconstruis mes souvenirs chaque jour. Ils ne sont pas vrais. Mais qu'importe. Personne n'est là pour me contre dire, et l'essentiel, c'est qu'ils m'apportent de la joie.

Ça c'est mon regard sur le passé et ses morts.

Pour le futur c'est un peu différent. Je suis malade. Je connais la fin de l'histoire, même si une surprise accidentelle peut toujours arriver. En revanche ce que je ne sais pas encore, c'est quand. Je n'ai pas encore choisi le moment. Je n'ai pas encore choisi mon combat. Je suppose que l'heure viendra assez tôt. Il y a une seule certitude que je possède totalement : quand je suis fatiguée, j'aime trouver mon lit, et la douceur des draps, même quand mes proches ont envie de faire autre chose. Alors je dis bonne nuit et je monte me coucher.

A la fin de ma vie, quelques soient mes choix préalables, je serais sans doute fatiguée de me battre et de lutter. C'est entre autre la raison pour laquelle je hais les hôpitaux, parce qu'on ne vous y fout jamais la paix et qu'il est impossible d'y dormir paisiblement. Quand la fatigue sera tout ce qui me reste alors je partirai, et ce sera mon choix, car dans mon cœur, comme dans mon corps, je souhaite rester libre et sans entrave. J'ai déjà demandé à mes proches de respecter ce choix. J'irai jusqu'au bout, mais jamais plus loin, c'est ma vision de la dignité, et je ne veux pas que mes proches me voient autrement.

Cela peut sembler étrange, mais pour moi la mort est un repos bien mérité, peut-être le seul qu'on mérite vraiment. C'est le dernier choix que l'on peut faire, la dernière liberté, le dernier don, le dernier partage. J'espère que j'aurais l'occasion de le vivre pleinement.

Blackbird
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Re: Douance et mort

Message par Blackbird »

Zebraika a écrit : Enfin, quant à la mort elle-même, j'ai bien peur qu'elle ne mène à ... RIEN. Le néant total, l'abolition de la conscience, le retour dans des limbes où rien n'existe, même pas la pensée. L'effacement pur et simple, à l'instant où le corps physique meurt. Et c'est ce RIEN qui me dérange, et non le "passage" lui-même. Pas très réconfortant, je vous l'accorde.
C'est exactement le rapport que j'ai face à la mort. Proche de la manière dont je peux l'exprimer lorsque je tente de l'expliquer.
Le hic, c'est que cette idée de ce rien m'est simplement insupportable. Durant plusieurs années ça a été source d'insomnies.
J'aimerais croire à une religion qui me promet une vie après la mort du corps. Mais, malheureusement, je sais que je ne sais pas.
Je ne saurais dire s'il y a un lien avec la "douance", mais c'est comme ça que je le vis.

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Cyrano
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Re: La mort et vous

Message par Cyrano »

Les philosophes vous diront qu'il ne sert à rien d'avoir peur de quelque chose qui vous est étranger.

La mort n'est rien pour nous. Nous n'avons pas existé pendant l'infinité de temps qui a précédé notre naissance. En avons-nous souffert ? Pour moi, la mort est un retour à ce même état.
On ne reste parfois fidèle à une cause que parce que ses adversaires ne cessent d'être
ineptes.

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Zil2blé
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Re: La mort et vous

Message par Zil2blé »

Maïanna a écrit :Je suis un enfant de remplacement. Je suis née dans une famille en deuil. En deuil pathologique après la maladie et la mort d'une jeune fille. Dans une famille où on allumait des cierges quand j’avais une angine, où on faisait des incantations au-dessus de mon front fiévreux et où je me faisais engueuler d’être encore malade, comme si c’était pour les provoquer. (D’ailleurs, peut-être qu’indirectement, je somatisais pour appuyer là où ça faisait mal). J’ai grandi dans une famille où on parle aux fantômes, où de façon plus ou moins implicte, je devais à moi seule rattraper toutes les vies gâchées et les espoirs déçus. Une famille où les morts sont partout et où je suis née pour faire un peu de bruit tout autour. J’ai mis du temps à comprendre que je portais la mort en moi, qu’il y avait des injonctions et des projections sur ma tête qui me paralysaient de l’intérieur. Je m’en libère doucement et apprends à respirer pour mon compte.
Joli ton nouveau visuel, même si le précédent te collait à la peau... As tu pensé à la mort quand tu as mis ce dessin avec un crâne ? Je te comprends bien. Depuis toujours, moi aussi, je suis porteur de plusieurs sentiments contradictoires qui touchent à la mort qui me sont transmis par ma famille. Mon père est hanté par ses ancêtres. Les enfants morts où qui ont failli sont à tous les étages. Moi même, j'ai été réanimé in-extremis à ma naissance (quand j'ai vu le monde, je suis retourné dans mon trou...Non non, ça ne me convient pas...) Je vous rassure, je ne suis pas du tout suicidaire aujourd'hui....
Je me suis intéressé à la généalogie, puis au transgénérationnel, et là, je suis en train de me rendre compte, comme le héros de "Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer, que c'est une quête sans fin. J'essaie donc de prendre les choses plus sereinement.
A Shunbabyx : Bravo! ton courage et ta lucidité sont remarquables. Tu n'as pas aussi des moments où tu flanches?

shunbabyx

Re: La mort et vous

Message par shunbabyx »

@ Zil : si bien sur. C'est par moment très dur de faire ce type de choix, car on se dit -enfin je me dis- que je n'ai pas le droit d'abandonner mes proches, ceux qui m'aiment. Péché d'orgueil, je me crois indispensable ^^. Non, je sais juste ce que c'est de perdre un être qui nous est cher et je n'ai pas envie de leur infliger cette souffrance. Je me demande parfois si j'ai le droit. D'un autre côté, je me dis qu'on finit tous par mourir et que seul diffère le moment, et que je ne pourrais jamais épargner cette épreuve aux autres. A chacun de porter son fardeau.
Alors oui je me dis, " mais mes enfants, seront-ils prêts ? Et mon conjoint ? ", à cela je réponds, dans les bons jours, qu'on est jamais prêt, et que ce n'est pas une raison suffisante pour m'empêcher de partir comme je l'entends, et qu'ils ne seront pas plus heureux de ma condition de malade grabataire.
Pour avoir vécu la mort d'un proche (que je n'aimais pas) avec une agonie lente et maladive, je sais combien il est lourd de visiter quotidiennement un malade, combien il est pénible d'assister à sa lente agonie, à ses peurs et à ses souffrances. J'ai vécu aussi des morts brutales (suicide, maladie éclair) et j'ai trouvé ça (en dehors du suicide qui reste à part) moins pénible en tant que vivant. J'ai toujours trouvé que mon corps était une limite, une prison, je n'ai pas envie de mourir étouffée. Je n'ai pas envie de mourir dans un hôpital avec des gens plein de fausse compassion. C'est quelque chose d'intime la mort, j'ai pas envie de l'étaler devant des inconnus.

Pour être honnête, je ne sais pas comment je réagirai le moment venu, je ne veux pas m’enfermer dans quelque chose de définitif, je me laisse la liberté de changer d'avis. Le truc que je trouve agréable d'une manière, c'est que je ne cherche plus de sens à ma vie, j'ai tellement lutté, je me suis tellement battue, que je sais que le jour venu, je ne me poserai aucune question (et ça mine de rien c'est un gros soulagement, car je ne me sens redevable de rien, et je n'ai rien à justifier, pas même devant mes propres yeux). La seule chose que je souhaite, et j'ai bien conscience de ce que je demande, c'est l'autorisation de mes proches pour mourir (explicite ou tacite, peu importe), je pense que j'aurai du mal à m'en passer.
En attendant, j'ai décidé de me battre jusqu'à ce que j'en ai vraiment assez, jusqu'à ce que rien ne me donne plus envie de continuer, et pour l'instant je suis très loin d'avoir baissé les bras. Je ne sais pas jusqu'où je suis capable d'aller, mais je pense que je risque d'être surprise, comme je l'ai déjà été par le passé. La vie je l'aime d'un amour de chaudronnier, qui plie le fer comme du papier.

" Quand en plein vol, l'animal abandonne, et qu'il ne peut plus que laisser parler sa peur, c'est dans la musique qu'il pleure. "
" Le don n'est pas né de l'animal, il va de victoire en bataille, labourant de sa colère qu'il porte fier, un monde de fiel, bardé de ferrailles meurtrières. "

Voilà comment je la vois ma douance, et c'est comme ça que j'envisage la mort, comme le dernier moment de vie, le chef d’œuvre, le chant du cygne. C'est là qu'il faut faire preuve de courage selon moi (quand c'est possible, toutes les morts ne le permettent pas). Je reste profondément romantique, et c'est sans doute ce qui me permet aussi de voir la beauté partout autour de moi, même dans le triste, même dans le laid, même dans la douleur. Je garde aussi une colère sourde, comme l'enfant qui reste blotti dans mon ventre " non ! ", et je ne veux pas vivre sans ça. Le jour ou le " non ! " s'éteindra en moi, alors il sera temps de partir. Pour moi c'est ça aussi la vie, être en colère. C'est une sorte de moteur. Enfin bref ... Je digresse !

angel
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Re: La mort et vous

Message par angel »

bonjour à tous et toutes!
je lis depuis un long moment les points de vues et les ressentis dans ces échanges avec par moments un petit sourire au coins des lèvres. N'allez pas croire que je me moque de qui ou quoi que ce soit, mais je découvre que notre mort à nous humains est perçue de même façon (ou presque) par tous.
De là mes petits sourires qui sont liés à la souvenance de mon vécu au fil des ans! ( 76)
Je ne peut que rejoindre Cyrano qui a eu par sa rencontre la révélation de ce mystère, à savoir que magiquement le temps démystifie la mort et que quand l'espace qui nous sépare de la notre devient imperceptible; bizarrement elle devient familière et s'apprivoise au point que l'on arrive à dialoguer avec elle.
Pour ce qui est de la mienne, elle n'a rien d’effrayant!!!
J'allais oublier: l'idée de perdre l'un de mes enfants fait toujours courir le long de mon échine le même frisson de terreur qu'au premiers jours.

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Kan
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Re: La mort et vous

Message par Kan »

C'est beau, merci Angel.

QuickSquirrel8
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Re: La mort et vous

Message par QuickSquirrel8 »

Ma propre mort est la chose que je redoute le plus au monde. C'est ma plus grande peur; je crois que ça l'a toujours été.

Très tôt je me suis mis à m'interroger sur la mort. (décès de mon grand père maternel lorsque j'étais âgé de 5 ans; incompréhension; questionnement.)
Je suis agnostique... m'enfin.. bien incliné vers l'athéisme tout d'même.
De fait, bien qu'ayant souvent, par l'imagination et/ou en lisant certains philosophes comme par exemple Platon (Socrate), des idées "de vie après la mort" qui me traversent l'esprit, le revêtant d'un baume sucré, d'une sorte de sentiment qui me chuchote que les membres de ma famille défunts sont, existe encore quelque part, sous quelque forme que ce soit (réincarnation, âme invisible flottante... Bref, autant de représentation que l'imaginaire nous le permet.), ce "baume" se dissipe en même temps que ma fantaisie pour laisser place à un vide... je ne peux m'empêcher d'écarter toute croyance irrationnelle, plus ou moins fondée ou non, impliquant l'idée d'une quelconque continuité de ma vie après ma mort. -Edit: et pourtant, j'aimerais vraiment y croire je vous assure... C'est juste que ça m'est impossible; on ne peut se forcer à croire, il me semble...si..(?)



En réalité, quand je me penche plus sérieusement sur la question de La mort, et de Ma mort... Je n'y crois pas une seule seconde, à ces conceptions qui me paraissent alors illusoires, plus encore, infantiles et naïves. Je n'y peut rien, c'est comme ça, malgré moi.

La mort est donc pour moi la chose la plus absurde de l'humaine condition, le Néant avec un grand 'N', le Rien avec un grand 'R', la désagrégation de nos centaines de milliards de cellules, l'absence subite (quoique parfois déjà amorcée en vieillissant) et totale de conscience; et pourtant, c'est très paradoxale, car pour la plupart, c'est bel est bien le sens de la vie que de la commencer avec la vie et terminer avec la mort... une boucle logique?

Comment se représenter cela?... c'est tout simplement infaisable pour ma part. Trop inconcevable. Aucune force assez puissante pour cela. Et constamment le doute: "Et si il y avait bel et bien quelque chose et pas rien?"
Comment ne pas essayer de se le représenter? C'est inhumain... Chacun apporte ça propre réponse quant au sens de la vie et sa sœur jumelle. "Chacun" l'apporte, mais pas moi. Puisque, pour moi, aucune des deux n'a foncièrement un Sens.


J'ai ce rêve culotté et égoïste de pouvoir jouir d'une vie infinie, d'une jeunesse éternelle....
Il y a tellement de choses que je n'aurai le temps de faire, tellement de métiers que je n'aurai eu la chance d'exercer ou d'apprendre, avant de m'en aller pour l'au-delà... Tant de livres (intéressants et instructifs) qui resterons non-lus, non rédigés, tant de personnes intéressantes et enrichissantes que je ne connaîtrai jamais. Et de toute façon à quoi bon tout apprendre, tout connaître, tout lire, si nous perdons vraiment tout (?).

Déjà la vieillesse m'effraie: je ne veut pas oublier. Oublier le doigté de tel ou tel morceau au piano, ou pire peut-être, ne plus être en mesure physique de le jouer correctement ou tout simplement (arthrose,... faiblesse musculaire, maladie de vieille personne en tout genre,..)


Hors-sujet
Freud affirme que tout Homme est convaincu, dans son inconscient, de son immortalité...
Pour légèrement digresser (pardonnez-moi), cette conception freudienne de la mort me fait penser à plusieurs articles que j'ai lu il y a quelques mois concernant des études sur les modifications apportée au cerveau par la pratique d'une religion (son exercice, sa spiritualité, les modes de fonctionnement qu'elle(s) implique(nt)... ).
Je joindrai les liens à la fin de mon message. *

Merci d'avoir lu cette mince expression virtuelle de ma plus grosse angoisse, loin devant l'échec socio-professionnel et les autres misères que la vie peut réserver... Ma mort passe avant tout dans mes craintes (peut-être pas avant celle de mes proches tout de même, bien que m'y étant préparé, comme nombre d'entre vous à ce que j'ai pu lire)... Car, en effet, à quoi bon Créer, Partager, Aimer, faire tout ce qu'un être humains peut faire tout au long de sa courte vie pour trouver son Bonheur(en son sens le plus paroxysmique) - si un tel BONHEUR est humainement envisageable, et j'en doute - à quoi bon, si je dois perdre tout ce pour quoi j'ai œuvré de mon vivant, en franchissant cette ultime porte qu'est la mort...? La descendance me direz-vous? concevoir (ou adopter) des enfants, les chérir, les éduquer avec ma compagne, leur transmettre les outils essentiels pour en faire des hommes 'heureux', sinon débrouillards... Pour qu'à leur tour ils se voient confrontés à la mort// à la vie? ou pis encore, qu'ils meurent prématurément, que je vive, celle de leur mère..... Je ne sais pas... Je ne sais rien d'ailleurs...
Je suis encore jeune (et con?) (plus pour longtemps). Je changerai sûrement de regard sur ces aspects fondamentaux de ma vie d'hommes.

J'insiste: à quoi bon vivre si nous devons un jour mourir et tout oublier?


Et, si un jour l'immortalité nous devenait accessible - du moins à brève échéance; nous permettant de vivre plus de 1000 ans environs, d'après quelques scientifiques (cf: forum de bioéthique: l'immortalité à brève échéance [BBvideo 200,135]http://youtu.be/KGD-7M7iYzs?[/BBvideo] ); enfin "nous" : les personnes pouvant s'offrir de tels traitements, bien entendu - Eh bien, pourrons-nous encore nous appeler "Hommes".
N'est-ce pas plutôt là quelque sorcellerie scientifique, visant à essayer de modifier la Nature, l'Essence propre de l'Homme?//

Je critique... mais que sais-je? Et si cela était possible un jour, et que j'avais les moyens de me faire traiter ( "traiter" ...comme si la vie était une maladie en soi; c'est horrible de dire cela), le ferai-je? Peut-être bien... pourtant, c'est égoïstes, et ça ne creusera que davantage l'écart omniprésent entre les "forts" et les "faibles" de naissances.


En fait, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de m'étaler davantage. D'autant plus que ma participation est - pardonnez-moi, une fois de plus - très personnelle et probablement infertile en ce qui concerne l'intérêt général du topic.

enfin bref..... assez dévié (légèrement) du sujet. J'attends la mort tous les jours et à chaque instant, parce que je sais qu'elle me guette à chaque battement que mon cœur émet (bon d'accord, là, j'exagère juste un peu).
Allez, j'arrête de cauchemarder éveillé, et je m'en vais de ce pas me pieuter dans mon lit douillé pour une courte nuit de sommeil lacunaire et sans rêves... du moins avec absence de leur souvenir au réveil. Une autre question qui me taraude, le sommeil... m'enfin.


* Les liens, comme prévu:

- http://philophil.com/philosophie/croyan ... oyance.htm (site amateur)

- http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a ... -22031.php (un article extrait du mensuel "Pour la Science")

-http://www.maxisciences.com/croyance/la ... t5242.html
(une autre études du même ordre)

Edit: bon après, ces articles sont à interpréter avec un certain recul.. Le jour où la science démontrera qu'un 'Dieu' existe effectivement ou pas, n'est pas près d'arriver... et n'arrivera d'ailleurs probablement jamais (?).

Voilà. Et quand je lis tout ça... J'envie presque les religieux... l'ennui, c'est que je sais pertinemment que je ne le serai jamais.
« Vivre sans espoir, c’est cesser de vivre. ». Fiodor Dostoïevsky

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Miss dans la lune
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Re: La mort et vous

Message par Miss dans la lune »

QuickSquirrel8 a écrit :
J'insiste: à quoi bon vivre si nous devons un jour mourir et tout oublier?
Et ben justement, profites-en :cheers:
...comme si la vie était une maladie en soi; c'est horrible de dire cela

La vie est une maladie mortelle, et sexuellement transmissible :D .
Hors-sujet
dans un de tes liens:
"le méditant reçoit sur son lobe pariétal droit des messages qui lui parviennent de l'extérieur par les aires visuelles[...] Les images réelles en réveillant les images gravées dans la mémoire augmentent directement l'activité de l' hippocampe droit qui, par le biais de ses connexions inhibitrices débranche progressivement le lobe pariétal droit tout en stimulant les noyaux de l'hypothalamus qui contrôlent à distance le coeur et les poumons, s'ensuit une perte d'orientation qui se traduit par une impression d'espace infini et s'accompagne d'un ralentissement du rythme cardiaque et de la respiration. Si la méditation est efficace, tous les équilibres neurophysiologiques finissent par rompre d'un coup, brutalement. Le lobe gauche, chargé de maintenir la coupure entre soi et les autres, disjoncte à son tour. Le sujet atteint alors une quiétude béate, l'extase absolue, le nirvana. Il tombe dans l'E.A.U (abréviation de "l'Etre Absolu Unitaire") disent les neurophysiologistes"

Je me demande comment on reprend une activité cérébrale "normale" après cette "rupture des équilibres" comme ils disent... ces états de conscience modifiée, comme la transe m'attirent et m'effraient. (Francis Crick aurait découvert la structure hélicoïdale de l'ADN sous LSD)

Invité

Re: La mort et vous

Message par Invité »

Toute chose et tout instant contiennent leur finitude.

La vie prend cette intensité particulière quand on a cette effroyable lucidité, ce regard traversant qui ramène tout à l'éphémère, au précaire, et conséquemment à l'absurdité de l'existence.

Cette gravité serait insupportable si on ne la transformait pas, par la création par exemple.

Comment désaliéner autrement son regard ?

Sans avoir particulièrement peur, sans être particulièrement triste, je ne sais pas vivre sans la conscience aiguë et permanente de cette fragilité,
et de cette absurdité.

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Re: La mort et vous

Message par Elaïs »

J'ai une sorte de conscience aigue de la mort. En fait, j'y pense très souvent, je me demande même si ce n'est pas à une fréquence quotidienne. J'entends par là, que ce n'est pas chaque jour que je reste des heures à penser la mort, mais je pense que c'est quotidiennement une pensée fugace. Genre ce matin, dans ma voiture, parmi l'une de mes pensées, j'ai pensé qu'il serait bien con de mourir maintenant alors que cela ne fait 3 jours que je venais de découvrir que mon cerveau était peut - être une grosse cilyndrée.

Mais si je dois penser à la mort de manière un peu plus longue, j'avoue en avoir peur. Jusqu'à la naissance de mes enfants, je n'en avais pas peur pour moi, mais penser la mort de mes proches me boulversait.

Depuis la naissance de mes enfants, ma mort pour le moment me tracasse énormément: ils sont trops petits pour que je parte maintenant. Imaginer les laisser dans cette violence, sans moi, si jeunes, et franchement je sens le chagrin m'envahir. Je partirai désespérée je crois si cela devait être maintenant. Et pourtant, fut un temps où partir, ne m'aurait pas dérangé pour deux sous.

Quant à concevoir la leur, j'avoue que là mon coeur se brise. Alors, je pense surprotéger. Disons que je les laisse tout de même vivre, mais c'est vrai que je délègue trés peu leur garde à d'autres personnes et ceux qui ont l' Honneur (:-D) de les garder sont triés sur le volet.

Mais pour être exacte, ce n'est pas tant la mort qui me bouleverse que la fragilité de la Vie.

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Korydween
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Re: La mort et vous

Message par Korydween »

Je viens seulement de découvrir ce topic, et je doit avouer que c'est assez rassurant de voir des personnes qui ont les même pensées, les même réflexions que moi. Alors que la plupart des gens de mon entourage ne comprenait pas que j'y pensais et que cela me terrifiait plus qu'imaginable.
D'aussi loin que je me souvienne, j'y ai toujours pensé. Toujours, pas au sens continuellement, mais j'y ai réfléchi, j'ai essayé de me l'imaginer. Je me rappelle que petite, je devais avoir vers les 6-7 ans, j'en avais parlé à ma grande sœur, qui m'a répondu « mais tu ne dois pas penser à ça, à ton âge. À la rigueur si quelqu'un devait y penser c'est papa et maman, car ils sont plus vieux, mais pas toi ». Je ne me suis rendue compte qu'adulte à quel point ses mots étaient durs et m'avaient frappés. Mais que finalement la plupart des gens pensaient comme elle.

Sinon, sur ce que je pense de la mort en tant que telle, je me retrouve énormément dans les propos de QuickSquirrel, mais avec une contradiction en plus. Je m'explique. Je suis totalement d'accord avec le A quoi ça sert de vivre s'il c'est pour tout perdre à notre mort. Pourquoi aimer si c'est pour ne laisser aux vivants que la tristesse d'avoir perdu un être cher alors que pour le mort, il n'y a plus rien. Même plus la conscience d'avoir été en vie ? Mais d'un autre côté, si après la mort il y a autre chose, que l'on a encore conscience de la vie qu'on a eu, cela signifie au choix 1/ un nouveau cap derrière lequel on ne saura pas ce qu'il y a, une autre mort, 2/ cette « conscience » pour l'éternité. Et l'éternité me terrifie tout autant...

Je crois que si je pouvais choisir, la solution qui me plairait le plus serait les réincarnations successives jusqu'à connaître le Bonheur. Et après, on verra... Revivre une vie, aimer de nouveau, rire encore. J'aime la vie, passionnément. Et l'éternité me terrifie.
Never tell a young person that anything cannot be done. God may have been waiting centuries for someone ignorant enough of the impossible to do that very thing.
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Invité

Re: La mort et vous

Message par Invité »

Korydween a écrit : Je crois que si je pouvais choisir, la solution qui me plairait le plus serait les réincarnations successives jusqu'à connaître le Bonheur. Et après, on verra... Revivre une vie, aimer de nouveau, rire encore. J'aime la vie, passionnément. Et l'éternité me terrifie.

Comme lors de toutes ces petites morts que sont les passages d'une étape à une autre dans nos vies.
La croissance, et ses deuils à faire pour grandir.

La grande mort, ce dernier grand saut vers on ne sait quoi.Pourquoi pas vers soi, une étape de plus, peut-être pas l'ultime?

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Dsol
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Re: La mort et vous

Message par Dsol »

QuickSquirrel8, je me retrouve pas mal dans ta vision de la mort.

Je me permets de participer à ce sujet car elle est ma peur la plus prenante. Eh oui, la mort, moi j'en ai peur. Celle de mes proches oui, mais aussi la mienne.

J'ai grandi dans une famille qui ne parlait pas vraiment de religion, et étant plutôt de pensée scientifique, je me considère comme athée. Et qui dit athée, dit ni paradis, ni enfer. Mais quoi alors ? La question que nous nous poserons toujours.. C'est elle qui m'effraie. Qu'est ce qui m'attend après ?

Cette peur m'accompagne à chaque fois que je lis quelque chose qui s'en rapproche. Je suis passionnée par l'espace, un univers si inconnu, mais, qui dit espace, dit théories en tout genre sur l'avenir de la Terre, du système solaire, de l'univers entier... Comme si j'étais attirée par ce qui me fait peur.

Qu'est ce qui me fait peur ? Le vide, le non-être. Certes, avant, c'est ce que j'étais aussi, mais maintenant que je suis là, que j'ai la chance de vivre, eh bien je m'y suis attachée... On me dirait que je me ressusciterais en escargot, en casserole que ça me ferait moins peur, mais mes croyances me portent à croire que je ne serais juste rien. Et ça, je ne le supporte pas. On parlera de moi ? Mes petits enfants auront mon sang en eux ? Oui c'est sûr, mais moi ? Mon moi réel, ma conscience, mes émotions, mes souvenirs ?

J'ai lu le livre "La Formule de Dieu", de José Rodrigues dos Santos, et ce qu'il exprime me parle beaucoup. C'est vrai, l'existence de la vie est une succession de hasards trop beaux pour être, pour moi, hasardeux. Mais comment le prouver ?
Quelqu'un ici à lu ce livre ?

Enfin, cela peut paraitre un peu égoïste et puéril de ne pas vouloir mourir, mais, je ne sais pas, je ne sais pas pourquoi, ça me hante... Ce vide m'effraie... Même si, attention, je pense que l'immortalité est une mauvaise chose. Je rêve juste, d'une autre échappatoire.
Les Hommes passent leur temps à éviter ce qu'ils ne savent que reproduire : la solitude.

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isil
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Re: La mort et vous

Message par isil »

Je ne peux pas ignorer cette question de la mort ayant été infirmière en soins palliatifs. J'étais une petite jeune femme, infirmière certes, mais j'avais très peu été en contact avec des mourants. Et pourtant j'ai fait cette démarche insensée de postuler dans ce milieu si particulier qui m'a fait connaître l'horreur (patients jeunes en fin de vie, la souffrance) mais aussi et surtout l'humanité, l'amour, la compassion et la joie ! Je pourrais m'étendre dessus mais je risquerais de choquer car tout est si intense que même préparé on n'en sort pas indemne...
Cette expérience restera gravée en moi à jamais et plus encore elle m'a changée.
Je souhaite juste partager avec vous un poème que j'ai écrit quand je travaillais là-bas, quelques lignes qui racontent comment je préparais les personnes décédés ou plutôt nous disions "mettre en présentation" (d'où le titre) pour les proches. Nous sortions la personne de la morgue pour le mettre dans une petite pièce pleine de bougies, avec de la musique, une lumière tamisée et ainsi l'on pouvait se recueillir...
Présentation


J’allume quelques chandelles
Et te couvre d’un drap coloré,
Aujourd’hui tu as l’air si paisible
Alors qu’hier encore tu souffrais.

Tes rides ont presque disparues
Tu sembles même avoir rajeuni !
Je suis là dans la pénombre
Et contemple ton corps sans vie.

Mais ce n’est plus qu’une coquille vide,
Ton âme je le sens s’est déjà évadée.
Entends-tu cet air de Bach que tu aimais ?
Il accompagne tes éphémérides.

Tel le papillon qui quitte sa chrysalide
Déploie ses ailes et prend son envol,
Ton souvenir emplit la pièce vide
Sur cet air de musique en bémol.

Je me demande où tu es parti…
Comment est-ce dans l’au-delà ?
J’ai l’impression que tu me souries
Tu es sûrement mieux là-bas…

Dans le couloir ta famille effondrée
Attends pour te dire au revoir.
Je m’attarde encore à la lueur du soir,
Quand ils rentreront tout doit être parfait.

Enfin je pose un dernier regard sur ton visage
Je sais que je ne le reverrai jamais.
Mais comme tant d’autres j’en ai l’image
Qui pour toujours en moi restera gravée.
isil, 24 janvier 2008
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Korydween
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Re: La mort et vous

Message par Korydween »

Ton poème m'a donné des frissons isil.
J'admire tous(tes) ces infirmiers(ières) qui s'occupent des personnes en fin de vie. C'est un métier tellement beau, tellement dur aussi. Un métier que je respecte énormément, sachant le courage que cela demande.
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isil
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Re: La mort et vous

Message par isil »

Korydween a écrit :Ton poème m'a donné des frissons isil.
J'admire tous(tes) ces infirmiers(ières) qui s'occupent des personnes en fin de vie. C'est un métier tellement beau, tellement dur aussi. Un métier que je respecte énormément, sachant le courage que cela demande.
Merci Korydween, c'est vrai que ça demande un énorme courage d'accompagner la fin de vie. Et chose bizarre je ne m'en suis aperçue qu'après, et je dirais que même encore maintenant je suis étonnée qu'avec mon hypersensibilité et mon hyperémotivité j'ai pu faire ça... C'est un "moi" enfoui qui a du agir !
Depuis c'est vrai que je pense souvent à la mort. J'ai fait plusieurs poèmes peut-être pour m'exorciser...
En voici un autre :
La faucheuse

Tout le monde le craint
Mais personne ne le voit
Cet être porteur du destin
Qui fait passer de vie à trépas.

Son image nous impressionne
Même le plus courageux des hommes
Ne peut retenir un frisson
A l'évocation de son nom ;

Depuis la nuit des temps
Celui qui lui est donné
« Dame à la faux » évidemment
Ne cesse d'être redouté

Si dans un rêve elle apparaît
On se réveille angoissé
Car le sens de sa venue ici-bas
C'est bien sûr d'annoncer le glas

Quand elle nous prend par surprise
La vie de nos proches elle brise,
Quand elle arrive lentement
La souffrance l'accompagne souvent...

Elle peut parfois être une délivrance
Mais si peu ont cette chance...
Il ne suffit pas de souhaiter sa venue
Pour faire venir la sombre inconnue.

Si elle vient trop tôt on la méprise
Quand elle tarde les gens médisent
Mais y a t-il un bon moment
Pour partir les pieds devant ?

Bien sûr on peut la défier
Ou faire semblant de l'ignorer
La faucheuse ne s'en offusque pas
La faucheuse vient quand l'heure est là...

On peut la trouver menaçante
Pire, affirmer qu'elle est méchante
Mais n'est-elle pas en vérité
Simplement là pour nous accompagner ?
isil, 15 décembre 2012
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Big'uns
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Re: La mort et vous

Message par Big'uns »

Bonjour,

Alors mon rapport à la mort est aussi quotidien, j'y pense en permanence, car certainement souffrant d'un stress post traumatique (passion extrême pour le sport qui a déclenché une arythmie cardiaque, je me suis vu mourir; gros choc, et depuis la mort me hante, ainsi que tout mouvement physique qui pourrait ressembler à du sport, associé depuis quelques années à la mort)
Bref, je n'ai aucune notion dans ce domaine et je n'ai rien lu, si des choses sont fausses je serais ravi que vous me repreniez, ça pourrait changer ma vision des choses.
Le problème pour moi est de savoir "que peut il rester après la mort"
-Une identité? Non.
-Une personnalité? Non car même si elle est propre à chacun (on doit bien en trouver des quasi identique), elle est définie par tout les facteurs environnementaux, sociaux dans lesquels on a grandi et bien sur la "chimie du cerveau" (on y touche = on change une personne, une personnalité, un être entier)
-Un caractère? pareil que la personnalité
-Reste une âme? Non plus, car je n'arrive pas à conceptualiser que le mal à l'état pur puisse exister, comme le bien d'ailleurs, car il ne s'agit que d'équilibre et de déséquilibres psychologique, qui rend absolument impossible d'imaginer un paradis ou un enfer, ni même la possibilité d'y retrouver ses proches

En considérant que le facteur temps ne soit pas envisageable non plus, effectivement il ne reste pas grand chose, si ce n'est un désespoir d'imaginer quitter cette vie, et que cette vie soit somme toute assez futile

Autre chose qui pose question, les bébés (tout les stades du fœtus), les handicapés mentaux, les Alzheimer en fin de vie qui meurent: Il m'est impossible d'imaginer un seul instant qu'une vie = une âme et que quelconque action ou pensée, amour ou haine puisse influer sur ce qui pourrait se passer après.

Question aussi du rapport humain/animal et tout être vivant sur terre.

Et pour ceux qui ont vu Michel Onfray faire la promo de son bouquin sur France5 je crois, j'ai halluciné qu'un gars qui a tellement réfléchit soit aussi désemparé devant la mort que tout le monde, comme quoi...

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Kliban
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Re: La mort et vous

Message par Kliban »

[offtopic][quote="Big'uns"]Et pour ceux qui ont vu Michel Onfray faire la promo de son bouquin sur France5 je crois, j'ai halluciné qu'un gars qui a tellement réfléchit soit aussi désemparé devant la mort que tout le monde, comme quoi...[/quote]
Ah c'est que, je crois, s'il réfléchit bien, Onfray ne pense pas des masses. Je sais. C'est méchant. Pas tout à fait gratuit - Onfray ne m'a jamais réellement semblé avoir quoi que ce soir à enseigner sur la profondeur de l'existence.[/offtopic]


Je ne reprendrai pas les posts précédents - beaucoup me touchent - mais je ne m'y retrouve que rarement, à titre perso.

Mon rapport à ma propre mort est étrange, peut-être.

Je n'ai jamais pu en faire un thème d'inquiétude. J'aurais pu : mon père en a discrètement très peur. Ma mère, non.

Ma propre disparition est un non sujet. Je n'ai jamais cru à la vie après la mort. Jamais. Ou alors vaguement, jadis, sous la forme d'une fusion impersonnelle dans un truc sans nom. Cette idée d'un soi perdurant n'a jamais accroché - et ma propre personnalité est un truc suffisamment dénué d'intérêt pour que je ne vois pas en quoi sa conservation serait un bien, même pour "moi".

Le plus rigolo, c'est que je crois bien que j'ai cette tendance avant même l'Inde. Cela dit, si l'on ne saurait passer ses teens dans une atmosphère baignée d'advaita vedanta sans que cela laisse des traces profondes sur les systèmes de croyance, je n'ai pour autant non plus jamais cru en la réincarnation - ça me fait rire, je n'ai vraiment pas besoin de cette hypothèse, pour le moment - mais je n'ai aucun problème avec ceux qui y croient.

Ce que je perçois (tout ce foutoir de monde) ne se manifeste jamais que dans ma propre conscience. Ca a toujours été plus ou moins une évidence : je ne sais pas ce que c'est que "se manifester dans ta conscience à toi". Non que je pense le monde que nous partageons en commun n'exister que dans ma conscience. Mais bien que la question de l'existence du monde sans moi pour le percevoir, en dehors de sa manifestation, donc, est pour moi très abstraite : je me suis toujours demandé qui pouvait bien répondre à cette question, sauf à ce qu'il y ait une conscience pour percevoir le monde sans moi...

Du coup, la question de l'extinction de la conscience du-monde-de-moi dans la mort ne me pose pas plus de problème que celle de son extinction dans le sommeil - quand je parviens à dormir ! Mourir-souffrir reste sans doute un problème, oui. Mais pas la désexistence, comme l'appelle fort justement un très bon ami.

A cela, l'Inde a ajouté l'idée d'un absolu non-dual : un absolu sans opposé - un dieu sans diable, si tu veux, mais c'est mal dire - un Un sans Second, comme disent les Indiens, c'est plus joli. J'ai longtemps compris ce machin comme une chose séparée, ou plutôt une substance suressentielle dont nous étions fait. Ca m'a fait un temps aimer Plotin (un philosophe grec du IIIè siècle qui a déployé une très subtile philosophie de l'Un), un peu superficiellement. Qu'il n'y ait pas de différence réelle entre moi et l'absolu, entre ce monde et l'absolu, et entre moi et ce monde était une idée réconfortante - l'unité est une grande consolatrice.

Les ans passant, mes idées sur ce sujet se sont diversifiées et approfondies. J'ai eu physiquement peur de la mort, aussi, lors de crises de paniques - c'est plutôt désagréable :emo: . Mais cela n'a pu entamer cette forme d'indifférence radicale à l'après totalement abstrait d'un moment à partir duquel le temps cessera d'avoir pour moi la moindre signification - ni "moi" non plus.

Mes systèmes de croyance et de consolation apparaissent peu à peu comme tels. Mon corps et mon esprit ont encore des peurs et un tombereau d'anxiétés, qui sont aussi, à leur façon, des peurs de la mort - sans pour autant que j'en fasse une thématique "thanatophobe" spécifique. Dès qu'il y a un face à face entre moi et le monde, c'est inévitable : il y a de la peur, de perdre, de souffrir, de devenir autre, d'être aliéné, de changer d'une façon non désirée, de mourir. L'unité - la non-séparation - c'est pas un truc que l'on décrète et en faire simple philosophie ne sert pas à grand chose, sinon à tergiverser sur les seuils de la consolation.

Cela se vit.

Et ce qui est assez étonnant, c'est que dans l'unité, ou plus justement dans le non-séparé, le non-deux, toute peur disparaît ; et il n'y a personne pour mourir. Evidemment, on se fait en général de ce machin une représentation de décérébration hébétée d'extase. Vision des anges, fusion en dieu, tout le bastringue. Mais non. Tout continue à se produire, mais sans séparation - de façon absolue : il n'y a rien pour poser une limite, non à mon action (dire "mon" est une limite, sans doute même la limite), mais absolument : il n'y a rien à limiter dans la manifestation pure, elle est ce qu'elle est et ne peut être que ce qu'elle est. Et le goût de l'un y est paraît-il assez inimitable pour qu'on lui ait donné le nom d'amour, quitte à préciser que l'amour que nous éprouvons dans la relation avec l'autre aimé n'en est qu'une très lointaine et imparfaite métaphore :lol: .

Vaincre la mort, ce n'est pas vivre jusqu'à la fin des temps. Ce n'est pas conserver ce corps limitant, cet esprit limitant, cette personnalité limitée. C'est vivre dans le hors-temps silencieux dont jaillit la manifestation. Et ça, c'est très simple. Tellement simple que je suis bien trop compliqué de croyances limitantes pour déjà m'en rendre totalement compte - je ne connais irl que deux personnes qui...

Un mystique chrétien (allemand) du XVIIè siècle écrivait :
Silesius a écrit :La rose est sans pourquoi,
Fleurit parce qu'elle fleurit,
Ne se soucie de soi
Ne s'enquiert de qui la voit.
Etre le vent ou le sans-pourquoi des roses. Avoir vaincu la mort (dit-on dans le christianisme). Même chose, sous des guises différentes.

Voilà où j'en suis de mon rapport à ma propre mort. Ca peut changer. Bien sûr.

[Edité le 04/12/13 pour correction de coquilles et quelques simplifications]
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur Kliban pour son message (2 au total) :
shinouneMiss dans la lune
De main gauche à main droite, le flux des savoirs - en mes nuits, le règne du sans-sommeil - en mon coeur, ah, if only!, le sans-pourquoi des roses.

Invité

Re: La mort et vous

Message par Invité »

La vie n'a pas plus de sens que la mort si notre perception se limite à nos vies personnelles.

Avant moi il y avait de la vie, il y en aura après, je ne suis qu'un lien, une articulation, un épiphénomène.

Quand je suis dans la nature, je le ressens très fort, je suis imbibée d'éternité.

Je suis, en même temps, vivement consciente de ma précarité, de ma fragilité, mais aussi de l'immensité qui m'intègre, qui efface mes frontières, qui m'élargit à l'infini.

Je sais que je suis infime, mais que je suis dedans, que je participe.

Et ça me fait du bien, de ne pas arrêter la vie à ma vie.

En cela je suis proche de ce qu'exprime Kliban.

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Re: La mort et vous

Message par domisud »

Mon avis, qui vaut ce qu'il vaut.

Je suis comme beaucoup. J'ai peur de la mort mais je me suis rendu compte que c'était parce que je j'étais incapable d'imaginer que le monde me survivre. Depuis que je me suis placé dans une perspective dans laquelle je me vois comme un être vivant parmi des milliards, la chose qui m'importe plus que ma propre vie est la survie de mon espèce, de ma planète. J'observe l'être humain sur toute l'étendue de son histoire et en m'intéressant aux autres humains de mon temps et des temps passés, je me sens faire partie d'une aventure de très, très longue durée qui me donne un sentiment d'éternité.
Le non-verbal par clavier, c'est pour bientôt ?

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Kabuki
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Re: La mort et vous

Message par Kabuki »

Bonsoir à toutes et tous,

Je sais que je ne passe pas souvent par ici mais ce topic relancé m'a interpellé...
La mort d'une personne de ma famille très proche il y a quelque mois et le décès d'une autre personne que je connaissais quelques mois plus tard m'a fait me rendre compte que j'étais relativement détachée de la ma propre mort alors que paradoxalement celle de personnes qui me sont chère m'angoisse de par le vide qu'elles laisseront.

Tout ce que je suis capable d'écrire là, tout de suite, c'est que de sentir littéralement sous sa main la vie de quelqu'un s'en aller a profondément modifié mon rapport à la mort et m'a fait prendre tout sons sens à la phrase si cliché mais vraie, "c'est dur surtout pour ceux qui restent"

Si mon post pourrit trop l'ambiance il pourra être supprimé sans problème, je me sentais juste le besoin d'exprimer un ressenti sur l'instant...
« Tempora mori, tempora mundis recorda. Voilà, eh ben ça par exemple, ça ne veut absolument rien dire, mais l’effet reste le même... » (Loth d'Orcanie)

http://soundcloud.com/wunderschlampe

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