Les petites histoires qui font l'Histoire...

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Mei Run
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Les petites histoires qui font l'Histoire...

Message par Mei Run »

Un petit (enfin...) message pour vous présenter ma passion : la généalogie...

Je suis tombée là-dedans quand j'avais 12 ans, suite à une partie de cache-cache dans le grenier de mes grand-parents. J'ai heurté et renversé une vieille boîte à chaussure marron, d'où se sont échappés plein de lettres et d'enveloppes avec des pleins et des déliés, et du vieux papier épais et jauni sentant la poussière...

Inutile de dire que j'ai zappé le cache-cache, mes cousins m'ont cherché pendant des heures, et moi j'ai passé un long moment à la lampe de poche à déchiffrer toute cette correspondance entre mes arrières-arrières-arrières-grand-parents et leurs 3 enfants dont mon arrière-arrière-grand-père, datant d'entre 1850 et 1875...
J'ai découvert les testaments, les querelles familiales, les actes notariés, les reconnaissances de dettes, les procès idiots parce que la fille d'un ancêtre avait emmené paître sa chèvre dans le champ du voisin.

Brayf, ça m'a piqué, j'ai commencé par poser des questions à tous mes aïeux, façon enquêtrice en culotte courte, J'ai analysé, décortiqué, investigué en partant de ces lettres et documents, passé un nombre incalculable d'heures dans l'arrière-salle de la mairie de mon village à farfouiller dans leurs registres, et commencé ainsi...

Et je n'ai jamais arrêté. C'est une espèce de puzzle géant pour moi, j'aime trouver et chercher les liens, découvrir pourquoi les gens sont partis à tel ou tel endroit, le contexte historique local, régional, puis replacer dans les grandes lignes de l'Histoire, découvrir leurs métiers, leur vie, je me suis penchée sur les grandes épidémies qu'il y avait pu y avoir, les traditions selon lesquelles ils vivaient, les lois de l'époque, les us et coutumes, le contexte géo-politique du moment.

Quand je me retrouve bloquée (enfant illégitime, archives détruites, personne introuvable), c'est encore plus stimulant, je me prends pour une sherlock Holmes-ette des vieux papiers, à tourner et retourner ça dans ma tête, pour trouver comment retrouver telle personne, imaginer où elle a pu aller, étudier les flux de population et les habitudes économiques de l'époque histoire de voir dans quelle autre ville il était plus probable qu'elle aille s'installer. ça m'obsède jusque dans mes rêves, et parfois, les solutions me sont apparues d'ailleurs pendant la nuit, comme un "Eurêka mais c'est bien sûr !" onirique.

Je peux passer des heures et des heures le nez dans les registres (en vrai ou sur les archives en lignes), en en oubliant l'heure, le jour, de manger ou de dormir, ce qui perturbe grandement mon entourage (évidemment).
Ayant un peu fait le tour des grandes branches directes de mon ascendance, mon délire actuellement, est de prendre un village de mon coin (peu exploité par les généalogistes), un patronyme, remonter puis redescendre, faire tous les collatéraux, et petit à petit, remonter tout un village, trouver les liens entre tous les gens, ceux qui travaillaient ensemble, qui était le patron de qui, le parrain de qui, l'ami de qui, expliquant un peu pourquoi ils s'étaient mariés entre eux, ou partis travailler ensemble ailleurs...

A partir de là, je me suis aussi amusée à faire des pyramides des âges par village, étudier les taux de mortalité infantile, les vagues de décès, comparer avec les évènements climatiques ou épidémiques qu'il y a pu y avoir, tenter de comprendre leur vie en fait...


Concrètement, le gros de mon travail se situe en Savoie et Haute-Savoie, avec pas mal de détours autour : Ain, Isère, Jura, Rhône, Saône-et-Loire, Haute-Loire, Côte-d'Or, et puis Italie, Belgique, Irlande, Ecosse, Espagne...


Enfin voilà... J'ai cru comprendre que quelques autres ici partageaient la même passion dévorante (ou ptetre pas à ce point), donc c'est l'occasion de faire un sujet et d'avoir un espace de plus ici pour échanger (et s'entraider si besoin ^^) sur les recherches, les significations, les contextes etc... Si jamais...
Brayf... :$
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Mei Run
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Re: Les petites histoires qui font l'Histoire...

Message par Mei Run »

Suite à une petite demande, voilà un autre post pour compléter :
Petit guide pratique pour se lancer en généalogie...



I - Pour commencer :


Il faut savoir que la consultation des actes de moins de 100 ans est interdite, à moins de justifier d'un degré de parenté directe avec la personne dont vous voulez consulter l'acte.
C'est-à-dire que cette année, vous pourrez avoir accès aux registres jusqu'en 1914. Dans les faits, les AD en ligne ont quasiment TOUJOURS du retard, et ne sont consultables réellement que quelques registres jusqu'en 1906~ actuellement...

Donc conséquence, pour lancer vos recherches, vous devez passer la barre de vos grands-parents au minimum.
La première chose à faire est donc d'interroger votre entourage familial.
Il vous faut les noms de familles, les prénoms, le village de naissance ou de mariage, si possible les années (même approximatives, ça donne une fourchette de recherche).

Une fois que vous avez au moins le nom et le village de naissance/mariage de vos arrières-grands-parents, vous pouvez vous rendre aux archives pour chercher les actes en question, et vous aurez ainsi les noms des parents dedans, et leur village d'origine s'ils ne sont pas du même lieu.

Votre arbre est lancé, vous n'avez plus qu'à remonter la piste.

II - Les archives :


AD pour les initiés : Archives Départementales. Elles sont situées dans le chef-lieu de département : Lyon, Annecy, Grenoble etc.
Pour certains départements, elles sont scannées, informatisées, et consultables en ligne gratuitement. Avantage indéniable et non négligeable.
Par contre il faudra s'armer de patience et passer en revue les registres informatiques page après page jusqu'à tomber sur le bon acte, caché au milieu des autres.

Pour faciliter la recherche dans les registres, la révolution a créé un système trop top moumoutes : les tables décennales, (et parfois les tables annuelles) = Pour chaque décennie, vous avez la liste des gens par ordre alphabétique qui sont nés, se sont mariés ou sont décédés dans le village, avec la date et le N° de l'acte, ce qui permet de trouver beaucoup plus vite les actes qui vous intéressent dans vous taper tout le registre.
Dans certains villages, les tables commencent en 1792. Dans d'autres, elles n'ont été mises en place qu'à partir de 1830... C'est un peu la loterie.

A savoir que les archives certains départements sont en ligne, mais payantes,et que même si depuis 2-3 ans on assiste à une mise en ligne de plus en plus fréquentes des AD, beaucoup n'y sont pas encore passé.

La carte des archives en ligne :
http://www.francegenweb.org/~wiki/index ... s_en_ligne
http://www.francegenweb.org/~wiki/index ... n_ligne#72


Si vous avez le temps, vous pouvez aussi vous rendre directement sur place, dans les salles de lecture, et consulter les registres. Les photocopies et impressions sont possibles.
Certaines archives sont aussi bien sympathiques et vous envoient les photocopies des microfilms désirés à domicile. Mais pour cela, il faut déjà savoir quel acte en particulier nous intéresse : ils ne font pas la recherche pour vous.



Autres registres qui peuvent aider et trouvables aux AD :
_ Le registre des matricules, à l'armée, permettant d'avoir des descriptions assez complètes sur les hommes concernés, et des infos utiles pour les retrouver.
_ Les recensements de population : idem, trouvable qu'après la révolution, et plus ou moins tôt suivant le degré de motivation des élus locaux de l'époque. Pratique pour tenter de retrouver rapidement si une famille vivait oui ou non dans tel ou tel endroit.
Moins pratique pour les grandes villes, où chaque rue recense plusieurs centaines de noms, donc plusieurs dizaines de pages, sans autre moyen de trouver que de tout compulser, Patience et rigueur sont donc de mises dans ces cas-là...




III - Le classement des données :


C'est un détail hyper important. Perso, j'ai débuté toute mini et je n'avais aucune organisation. J'ai pas tout noté, perdu des trucs, et dû refaire 50 fois les mêmes recherches du coup.

Donc les bonnes pratiques :
_ Noter les noms et dates au dos des photos si vous en avez.
_ Systématiquement garder une copie/photo de l'acte (les sites des archives en ligne permettent de faire des screen pour enregistrer au format photo sur PC).
_ Noter les témoins, les dates, les lieux, les métiers aussi...
_ On fait une fiche par personne : date de naissance, lieu de naissance, date de baptême si communiquée, nom des parents, métiers, date du mariage, lieu, nom de l'époux/épouse, nom des enfants, date de décès, lieu, et date et lieu d'inhumation s'il y a. Parrains et marraines aussi...

Les logiciels de généalogie permettent d'automatiser tout ça et assurent un classement fiable des données avec tous les liens entre les personnes.

Des sites en ligne tels que Généanet (celui que j'utilise) sont hyper pratiques et bien foutus.

Sinon, il existe des logiciels privés, tels que Hérédis, Génopro, et d'autres encore, moins connus (mais moins gratuits aussi).

A savoir qu'un arbre de généalogie est enregistré au format Gedcom. Cela code les données et permet à n'importe quel logiciel de généalogie de les ouvrir et de les lire.
Sur généanet, vous avez la possibilité d'exporter votre arbre au format gedcom vers votre logiciel de généalogie privé et inversement. Cela permet de faire des sauvegardes et màj.
Vous pouvez aussi envoyer votre arbre sous cette forme de fichier à un correspondant équipé d'un logiciel adéquat pour le lire.


IV - Les actes :


Les actes que vous allez trouver dans vos recherches sont de plusieurs types.

Il faut distinguer les registres d'état-civil des registres paroissiaux. Jusqu'à la fin de la révolution, on n'aura que des registres paroissiaux. L'empire apporte le progrès à ce niveau-là avec l'avènement des registres d'état-civil.

Les actes paroissiaux donneront des actes de baptême/mariage/inhumation
Les actes d'état-civil donneront des actes de naissance/mariage/décès.

Cela peut faire jouer la précision au niveau des dates exactes de naissance. Il faut donc faire attention à la date de l'acte et lire s'il est précisé par exemple : ce jour a été baptisé untel, né de la veille..." Afin de noter la date de la veille en date de naissance.

Les deux types de registres sont conservés aux AD.

Par contre, il existe aussi une copie des registres paroissiaux conservée aux archives diocésaines (au diocèse quoi). Cela peut être utile à savoir dans certains cas.

Si les archives de votre commune sont manquantes ou détériorées (ou ont brûlées comme dans mon village), une autre piste s'offre à vous : les archives notariales.
On y trouvera les actes concernant les testaments, les contrat de mariage, les dons, les transactions immobilières, et en général tout ce qui transitaient par les notaires à l'époque (en gros même les CR de procès populaire etc.)
Très pratique à savoir donc.



Le plus ancien registre paroissial trouvé date de 1370 en Saône-et-Loire à Givry. Mais beaucoup de paroisses n'en tenaient pas, et c'est l'ordonnance de Villiers-Cotteret qui les rend obligatoire à partir de 1539. Donc avec un peu de chance dans certains coins, vous pourrez remonter jusque début 1600, voire fin 1500, mais sinon, pour remonter plus loin que ça, il faudra avoir la chance de tomber sur une lignée noble et passer sur les documents historiques, ou alors avec l'ultime chance d'avoir ses ancêtres dans un village à la pointe du progrès qui tenait ses registres dès le début ou avant l'obligation...



[list][*]Déchiffrage des actes :[/list]

A l'époque, tout le monde n'était pas lettré. La graphie s'améliore avec la mise en place des réformes orthographiques et de l'école obligatoire. Mais avant 1840~, la plupart du temps c'est pas la joie.
L'orthographe n'était pas fixée.
Les lettres avaient des formes qui dépendaient de la suite.
L'orthographe des patronymes n'était pas fixée.
Il faut donc sortir de nos représentations sous peine de manquer des informations capitales.

Quand c'est pas directement écrit en latin -_-
(Tips : toutes les archives maltaises sont UNIQUEMENT en latin, gardez un Gaffiot sous le coude)


[list][*]Recherche patronymique :[/list]

Une personne qui se nommerait Belmont, s'il se contente de cette orthographe, manquera la moitié des actes ayant trait à son ascendance.
Il faut penser phonétique, et penser à regarder Belmond, Belmon, Bermont, Bermond, Beremon et tous les dérivés envisageables plus ou moins lointains.
Quitte à en relever trop et faire le tri après.
Ne jamais sous-estimer la déformation phonologique entraînée par l'ouïe défaillante d'un curé éthylisé...


[list][*]Graphie :[/list]

Des pro de la paléographie vous renseigneraient plus que moi sur cette partie...
Voilà déjà en attendant des tips de ce que j'ai pu remarquer avec l'expérience.

Éléments remarquables :
_ Le "s" s'écrivait comme un "f" assez fréquemment
_ Souvent le "v" et le "u" sont indifférenciés
_ Les ponts des "m" et "n" sont fréquemment inversés, donnant des u ou des w.
Il arrive aussi que les jambages ne soient pas reliés, donnant par exemple un "n" écrit sous la forme de deux traits verticaux.
_ Tous les mots que l'on connait nous avec des accents circonflexes s'écrivaient à l'époque avec un "s" après la voyelle pour nous accentuée.
ex : bastiment, fenestre, forest, hospital etc...
_ Certaines lettres changeaient juste de forme suivant celle qui était après, et là, ça se corse pour déchiffrer... ça relève presque du cassage de code secret...


[list][*]Les dates :[/list]

Il faut voir que toute la période révolutionnaire fonctionnait sous le calendrier révolutionnaire et que les dates des actes sont données sous ce calendrier. Il faut donc traduire.
La plupart des logiciels de généalogie (même généanet) ont un convertisseur intégré.

Sinon, voilà une petite applet java qui permet de convertir sous 15 calendriers différents : http://www.proftnj.com/dateconv.htm

A noter aussi que le calendrier Grégorien commence seulement le 15 octobre 1582. Et que 4 jours ont sauté au moment du passage entre le julien et le grégorien.
Il faut donc penser à convertir aussi les dates d'avant.



V - Les liens utiles :



1) Les associations de généalogie :

Les associations de généalogie sont vraiment ultimes pour vous permettre d'accéder à des ressources que vous n'auriez pas eu seul. Il ne faut pas oublier que la généalogie se base sur la communauté de nos ancêtres. C'est un échange, et vous n'arriverez potentiellement pas très loin sans l'aide des autres.

Beaucoup de gens se lancent là-dedans pour la recherche de cousins vivants. Du coup, vous pouvez être amenés à être contactés par d'autres généalogistes amateurs, plein de bonnes intentions, qui corrigeront peut-être vos données, ou vous demanderont confirmation sur certaines de vos notes, ou juste vous tiendront au courant d'un lien potentiel entre vos deux familles.
La généalogie est un passe-temps convivial si vous le désirez.


2) Généabank :


Grâce aux asso du coup, vous pourrez avoir des points généabank.

C'est une énorme base de données recensant informatiquement tous les actes dépouillés par les associations. Hyper pratique pour avancer.


3) L'entraide FranceGenWeb :


Vous avez aussi l'entraide FranceGenWeb qui est très utile : des généalogistes amateurs se mettent au service de la recherche. Ils vont aux AD pour vous, ou dans les mairies, et recherche l'acte que vous avez demandé. Ils vous envoie ensuite le fruit de la recherche par mail, avec support photo.
Pour cela il faut préciser un nom, un lieu et une date. Parfois une approximation de date marche aussi.


4) Les groupes Yahoo :


ça ne mange pas de pain, mais c'est bien pratique. Beaucoup de groupes de discussion Yahoo se sont montés sur la généalogie. Généralement les asso y ont un pied à terre. Et on peut y trouver en gros un groupe par département.
Cela permet de poser des questions, demander parfois de l'aide, tenter de résoudre un problème si vous êtes coincé, ou même faire déchiffrer un acte si la graphie vous bloque.

Il y a aussi le groupe SOS débutants pour vous aider dans vos premiers pas : http://fr.groups.yahoo.com/group/sosgenealogie/


5) Les autres liens :

_ Le portail des sites utiles au généalogiste amateur : Généapass

_ GénéaWiki : pour tout savoir, une sorte d'encyclopédie de la généalogie

_ Le site des Mormons : j'en ai pas parlé, mais hyper pratique aussi. Les mormons s'amusent à faire l'arbre généalogique de la planète. Du coup ils procèdent au dépouillement systématique de toutes les archives du monde. Ils ont tous les microfilms en leur possession, et vous pouvez leur écrire pour en demander des copies de ceux qui vous intéressent. Ou vous pouvez aussi vous rendre sur place. Ils ont des points d'accueil dans certains villes (je sais pour Strasbourg, mais pas trop ailleurs)

_ La généalogie, c'est une plongée dans la passé. On s'intéresse à l'histoire locale d'une personne, voire d'une famille ou d'un village. Mais pour comprendre ceux-ci par moment, il faut se replonger dans le contexte historique global. Les sites d'historiens sont du coup très utiles : Histoire-généalogie par exemple.

_La noblesse et généalogie : La base Roglo est LA plus grande base de donnée généalogique française, avec plusieurs millions de fiches individus.



Conclusion :

Funny facts :


1) Nous sommes mathématiquement tous cousins, voui voui...

Pour comprendre, un peu d'arithmétique s'impose.
Comme tout le monde, on a deux parents, quatre grands-parents, huit arrière grands-parents, etc. Si l'on estime à 45 le nombre de générations nous séparant de Charlemagne (747-814), nous avons chacun un peu plus de 35.000 milliards d'ancêtres théoriques contemporains de l'empereur ! Si nous multiplions ce chiffre par les 60 millions de français d'aujourd'hui, la théorie s'emballe et on obtient un résultat impossible. Les historiens estiment à environ 8 millions la population du territoire de l'an 800, ça fait pas bezef...

Mais pour compliquer ce bouzin, il faut prendre en compte les implexes :
En réalité, les mariages consanguins réduisent considérablement le nombre de nos aïeux. Et ces unions sont légions dans toutes les généalogies (même les pas nobles). Le même ancêtre revient plusieurs fois, et souvent à des générations différentes.
Cela réduit d'autant le nombre de branches d'un arbre généalogique.
Les plus célèbres sont ceux de Saint-Louis. Il descend 500 fois de Charlemagne dont il n'est pourtant séparé que par 12 générations.
Le roi d'Espagne Alphonse XIII avait seulement 111 ancêtres sur 10 générations au lieu des 1024 ancêtres théoriques. On comprend maintenant qu'il n'y a pas que dans les Alpes que la consanguinité à fait des crétins :lol:


2) Pour preuve :

_ Les grand-mère de Sarkozy et de Hollande ont vécu dans des villages voisins en Savoie. Et même, en fait, à 15 générations environ, ils cousinent !

_ Mme Bettencourt est cousine de Sarkozy, de Claude Monet et de Besancenot, lui-même cousin de Victor Hugo d'ailleurs.

_ François Chérèque cousine avec Laurence Parisot, DSK, et Luc Châtel,
_ Marie Trintignant est cousine de Jacky Kennedy en ligne directe depuis leurs ancêtres isérois.

_ Giscard est le cousin de Mitterand, de NKM (qui elle descend aussi des Borgia) et d'Elisabeth 2, elle-même cousinant avec Bruno Le maire, qui lui cousine avec Laurent Wauquiez et Frédéric Nihou.

_ DSK, lui cousine avec les Dreyfus, jean-pierre Coffe, Christine Lagarde et Zabou Breitman.

_ Et Le Pen est cousin avec Borloo.




Et là, les adages "Tous cousins" et "on ne choisit pas sa famille" prennent tout leur sens...
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Re: Les petites histoires qui font l'Histoire...

Message par Korydween »

Un grand merci pour ces explications Mei Run ! Je comprends un peu mieux comment ça fonctionne et ça me donnerait envie de m'y mettre tiens. Peut-être quand j'aurais plus de temps. :P
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Re: Les petites histoires qui font l'Histoire...

Message par Airelle »

Après avoir vadrouillé pour voir « si par hasard ça n'existerait pas déjà sinon va falloir que je le crée », le titre de ce topic a fait tilt. Généalogie ? Gagné !

Comme j'ai écrit toute une tartine, voilà le plan :
1. Ce qui me plaît dans la généalogie
2. Quelques liens supplémentaires
3. Un point sur la langue en Alsace
4. Un petit guide "Je recherche un Poilu" (voire même un civil perdu dans la Grande guerre)

1. Ce qui me plaît dans la généalogie

Passionnée de généalogie depuis de très nombreuses années, j'aime son côté enquête, avec ses rebondissements, ses « ça ne marche pas comme ça, prenons le problème autrement » (parce que oui, remonter à la génération suivante, euh... précédente, ce n'est pas toujours facile), ses prises de tête monstrueuses quand non, décidément non, ça ne marche vraiment pas avec ces ancêtres cachottiers, malgré l'impression d'avoir tout tenté.

Et puis il y a toutes ces histoires que l'on découvre, des professions méconnues (coquetier...) qui surgissent (cri de victoire quand un ancêtre sort du schéma laboureur-cultivateur-manouvrier), des ancêtres auxquels on s'attache mystérieusement (enfin... mystérieusement, souvent parce qu'ils « sortent du lot » ou parce qu'ils nous ont donné du fil à retordre), des éléments de la mémoire familiale qui parfois remontent à la surface...

Quand on a bien avancé dans la généalogie ascendante et dans la généalogie descendante vient le moment des questions plus « statistiques » et « sociologiques ». L'occasion de se rendre compte qu'une génération, c'est en moyenne trente ans, que la moyenne d'âge lors du premier mariage est plus élevée qu'on (je) ne le présuppose, que l'on n'attendait pas gentiment le mariage pour "s'amuser", que les centenaires existaient déjà au 17e siècle, qu'un homme veuf pouvait limite se remarier dans le mois qui suivait, que si les gens voyageaient moins qu'aujourd'hui, on peut parfois avoir des surprises...

Mais ce qui me plaît le plus dans la généalogie, c'est de découvrir la vie de mes ancêtres, ce que Mei Run a si bien titré « les petites histoires qui font l'Histoire ». Et certaines découvertes viennent parfois ajouter une couleur nouvelle.

J'aime ainsi beaucoup le curé qui fait du hors sujet. Celui qui va vous parler de la pluie et du beau temps, des événements marquants de l'époque, ou encore de ses problèmes juridiques. Malheureusement, on le croise peu fréquemment. On peut aussi trouver des curés précis, qui vont vous indiquer les noms de presque toutes les personnes présentes au mariage, la cause du décès pour s'excuser de ne pas avoir eu le temps d'administrer les derniers sacrements, le nom du père de cet enfant illégitime... S'ajoutent à cela les baptêmes de cloches et les élections de la sage-femme.

2. Quelques liens supplémentaires

Impressionnée par le guide rédigé par Mei Run... J'ajoute trois liens (seul l'un d'entre eux me semble vraiment indispensable, les deux autres sont du bonus pour les passionnés) :
- Geneanet, cité par Mei Run : il contient notamment de nombreux arbres généalogiques mis en ligne par les internautes (vous pouvez faire de même après inscription) : il est des plus pratiques lorsque l'on coince dans ses recherches, mais attention aux erreurs qui se répètent en cascade lorsque les gens copient les uns sur les autres : vérifiez toujours à la source, même si l'information est la même sur plusieurs arbres,
- Gallica, mis à l'honneur sur un autre topic par Napirisha : il est parfois possible d'y retrouver la trace de l'un de vos ancêtres, notamment dans les journaux de l'époque,
- Geneaveille : il s'agit de l'un des fils qui recensent les articles de la blogosphère portant sur la généalogie, l'occasion de découvrir quelques faits surprenants.

3. Un point sur la langue en Alsace

A savoir si vous avez des racines alsaciennes : les actes paroissiaux sont en latin (ça se lit très bien), les actes de la période révolutionnaire (sur des durées variables en fonction des communes) sont en allemand (qui se lit beaucoup moins bien, même si vous êtes germanophone, en raison des caractères utilisés), de même que ceux de la période postérieure à 1870.

4. Un petit guide spécial guerre de 1914-1918 (selon moi pas hors sujet, mais signalez le moi si vous pensez que le mettre dans un topic à part serait plus approprié)

Il s'agira ici essentiellement de retrouver la trace d'un Poilu, mais je glisserai aussi quelques mots sur les civils.

Les registres-matricules

Disponibles aux archives départementales, leur mise en ligne est variable en fonction des départements. Ils contiennent des éléments sur l'identité du soldat, ses caractéristiques physiques, son domicile, son instruction, ses campagnes, son affectation (bien noter l'unité), ses éventuelles blessures, citations, sanctions...

Pour mener à bien une recherche : prenez l'année de naissance, ajoutez vingt (1910 pour une personne née en 1890), et consultez la table alphabétique de l'année correspondante dans le bureau de recensement qui vous intéresse (en fonction du domicile de la personne recherchée à l'âge de vingt ans). Vous récupérez alors un numéro de matricule, et vous pouvez consulter le registre proprement dit.

Le site Mémoire des hommes

Il dispose notamment d'une base des "Morts pour la France".

Sont également mis en ligne (lorsqu'ils existent toujours) les journaux des marches et opérations (JMO) des unités. Ces journaux contiennent des informations qui varient quelque peu en fonction des auteurs. On peut y trouver un récit plus ou moins détaillé des opérations, le nombre de morts / blessés / disparus (parfois, cela fait vraiment peur :1cache: ), les éventuelles citations, et parfois quelques critiques et commentaires dans un style purement militaire.

Un conseil : cliquez sur "état des fonds" lorsque vous êtes sur la page de recherche des JMO, puis déroulez l'arborescence jusqu'à trouver l'unité que vous cherchez (plus facile que d'entrer des termes de recherche).

Le site de la Croix rouge

Si vous recherchez un prisonnier, vous y aurez accès à des fiches les concernant (en termes de quantité d'informations, le succès est variable).

Ces fiches concernent aussi bien des militaires que des civils faits prisonniers lors de l'avancée allemande.

Gallica, encore et toujours

Certains journaux de tranchées sont en ligne.

Si vous recherchez un civil qui a fui l'avancée allemande, il est également possible que vous trouviez sa trace sur Gallica (adresses, recherches de proches disparus...).

Et pour conclure :
Un très bon site pour le généalogiste s'intéressant à la première guerre mondiale : http://combattant.14-18.pagesperso-orange.fr/. Si mes explications sont trop lapidaires, vous y trouverez beaucoup d'éléments de réponse.

Voilà tout pour ces petites histoires perdues dans la grande Histoire...

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