OuLiPo

[Invité]

"Sans la contrainte il n'y a pas de créativité"

Certes, mais il faudrait peut-être aussi se poser la question de l'excès de contrainte et du risque de vacuité engendré. La "petite boîte" est un type de poème archi-contraint : il est amusant, mais je ne connais pas de bon texte issu de cette forme. Ceux de son inventeur, Jacques Jouet, sont très faibles. Quels autres poètes en ont composé?
J'aime beaucoup l'OuLiPo par ailleurs, et ce n'est pas une critique du jeu proposé dans le fil : juste une interrogation.

[Bulle d'o]

Little boxe

Pars petit impétueux
Précisant là ton toupet
aux turpitudes tapissées
Rapace!
Je peste contre l’unisson
Pas le ton de bonnes raisons

(ća marche?)

ça marche sur le plan poétique en tout cas ! et l'idée de la boxe est très sympa
Pour la contrainte, il me semble que rapace est utilisé dans ton poème comme un nom, donc il ne devrait pas y avoir d'autres noms dans le poème (toupet, unisson...). Comme expliqué dans le lien, "si le mot du vers 4 est un substantif, les autres vers sont des liponymes". Si tu l'utilises comme adjectif, il ne doit pas y avoir d'autres adjectifs dans le poème.

J'ai oublié de préciser en outre que le poème est composé d'une phrase unique, j'édite !

rahhh je réussirai au prochain!

[homer]

je ne me sens pas de vous rejoindre dans ces petites boîtes mais c'est super de vous voir essayer !

[Brunehilde]

@Judith : concernant ta réflexion sur les contraintes personnellement je dirai que pour pouvoir briser les règles il faut savoir s'appuyer dessus, peut-être est-ce la toute la philosophie de la chose ? Savoir s'imposer des règles pour mieux les briser ensuite et se servir de l'élan pour voler plus haut ?

[Invité]

@Brunehilde oui, le jeu avec les limites des règles fait toujours partie du processus créatif. Il peut donner quelque chose d'intéressant... Ou non, c'est à voir.
Ce que je voulais dire, c'est que toutes les structures proposées dans le cadre de l'OuLiPo ne sont pas de même valeur, ni de même efficacité. Je ne sais pas si la petite boîte a eu une postérité, et laquelle : mais peu importe au fond.

[GraineDeNana]

Mon ambition se limite à proposer un petit jeu littéraire sans prétention. Chacun peut se choisir une contrainte de son choix dans la longue liste déjà existante ou en proposer une nouvelle.

J'aime bien l'idée de la petite boîte car elle renvoie aussi à une visualisation spatiale quelque part, ça met les mots en prise avec le monde physique dans mon imaginaire.

[Invité]

J'aime bien l'idée de la petite boîte car elle renvoie aussi à une visualisation spatiale quelque part

Oui, c'est vrai.
Et puis la dimension ludique est importante aussi, tu as raison.

J'essaie, mais je ne suis pas certaine que la question de l'article au vers 4 soit importante. Je l'ai mis, comme Jacques Jouet, en supposant que c'est permis.

Elle brille elle m'enchante
Folâtre elle m'ensorcelle
Elle me rend folle à lier
La libellule
Qui jamais ne veut me laisser
La toucher -ni m'en abstenir.

Je ne sais pas si c'est juste. L'ennui, c'est que c'est très mauvais... et que j'ai mis trop de temps à l'écrire.
Avec de l'entrainement on doit pouvoir aller plus vite et mieux faire. La règle des liponymes est tout de même bien pesante à mon goût.

[PointBlanc]

mais si le jour se levait
si le soleil en naissant
rasait nonchalamment la plaine
cotonneuse
si c'était le silence alors
cela te suffirait-il ?

Edit : j'ai dû lire trop vite, ou la règle est imprécise. En fait on n'a le choix qu'entre substantif et verbe, pour la classe grammaticale ?

[GraineDeNana]

@Judith , c'est plutôt la petite boîte qui te rend folle à lier !



petite boîte (enclos)

A quoi rêvent les oies qui jactent
Sur le Capitole le soir
Quand vers elles se glisse la nuit
romaine
Et les guerriers et les menaces
Hantent leur coeur, le glacent.

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[PointBlanc]

à la fin des fins sinon
au-dessus des villes grises
un essaim d'anges tout en armes
circule
dans un apparent désarroi
d'ailes dorées murmurantes

[GraineDeNana]

Très beau @PointBlanc , tu vas remédier à la faiblesse des poèmes cités par @Judith !

[Invité]

@Judith , c'est plutôt la petite boîte qui te rend folle à lier !

Peut-être, mais je ne crois pas que mon cas soit désespéré.
En fait, j'ai un problème avec le rythme 7-8. Mon cerveau refuse de passer de l'un à l'autre et je suis obligée de composer mes octosyllabes en posant d'abord le rythme : c'est pénible. Le jeu en lui-même n'y est évidemment pour rien.

Inspiré de Sapho

A la pointe du rameau
Pointe de la pointe extrême
La haut comme aux yeux dérobée
Rougit
La pomme à la douce fragrance
Suave offense aux cueilleurs

[GraineDeNana]

@Judith , la persévérance paie toujours, cette petite boîte est très finement ouvrée !

[Invité]

la persévérance paie toujours

C'est vrai. Je commence à m'habituer au rythme. Quand j'y serai bien faite, je ne saurai plus composer de tangka (fondé sur le rythme 5-7).

[PointBlanc]

il s'agrandit du dedans
il s'épanouit se hausse
et gronde et s'assombrit, le bleu
nuage
intensément pesant, il pleut
tout ce qu'il peut, il s'épanche

[Invité]

En guise d'intermède, un article très intéressant sur la contrainte oulipienne : ses origines, son fonctionnement (avec une tentative courageuse de définition de la contrainte pensée par les fondateurs du mouvement et d'inscription de cette théorie poétique dans une tradition antérieure longue) et sa postérité. L'article propose également une grille de systématisation assez stimulante.
Essai d'une typologie de la poétique oulipienne de Carole Bisenius-Penin.
L'auteur classe les contraintes en deux grandes catégories, les contraintes mathématiques, qui concernent les poèmes booléens, les hypertrophes et les graphes, et les contraintes linguistiques qui concernent les collocations poétiques, les poèmes oscillatoires et les poèmes corpusculaires.
A méditer.

[Bulle d'o]

J’ai le même problème que Judith avec le 7-8… Du coup j’en ai fait qu’une….. j’attends un autre lancement de contrainte….. Très consommatrice là-dessus.

[PointBlanc]

Il y a le trident, sinon :

Un trident - forme inventée par Jacques Roubaud - est un poème très bref, composé de trois vers. Chaque trident se compose de treize syllabes : cinq pour le premier vers, trois pour le deuxième, cinq pour le troisième. Le deuxième vers est toujours précédé du signe x, conçu comme pivot du poème.

Un exemple (par Roubaud lui-même) :

      pivot de silence
⊗ tourne noir
     et retourne au noir

Normalement, on devrait marquer des retraits au premier et au troisième vers, mais je ne sais pas comment m'y prendre.

J'en essaie un :

     le ventre creusé
⊗ par la faim
     d'on ne sait trop quoi

[Invité]

C'est davantage dans mes cordes.

Un clin d’œil à Francis Ponge, cette fois-ci.

   chemin de Provence
⊗ sous le ciel
   pris d'apoplexie

C'est vrai que l'alignement automatique à gauche est un problème pour cette forme : les retraits sont essentiels, puisqu'ils "dessinent" le trident. Dommage qu'on ne puisse pas les faire.
Edit : problème résolu.

[GraineDeNana]

      pour éviter l'alignement
    Il suffit de cliquer
          sur le petit dessin à droite de Align right
dans éditeur complet 

Edit ça modifie la casse apparemment mais ça n'est pas grave

[PointBlanc]

C'est parfait @GraineDeNana , merci !

[Invité]

Super, merci, j'ai édité moi aussi.

Un autre trident alors :

   ciel des martinets
⊗ gris de cendre
   où les conduits-tu?

[PointBlanc]

     c'est l'os de ma voix
⊗ l'étrier
     de mon moi fantôme

[PointBlanc]

     et dans tout ce bleu
⊗ se débande
     un ciel lessivé

[nemo]

     montée de brouillard
⊗ puis reflux
     caresse de grisaille