A propos du DSM 5

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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PyrE
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A propos du DSM 5

Message par PyrE »

En entendant parler de la réédition de l'une des bibles psy (DSM 5), j'ai été un temps soit peu interloqué. :protester:


D'abord sur Europe 1, avec Patrick Landman et Marie-France Hirigoyen, ICI .


Puis, toujours avec Patrick Landman, dans Le magazine de la santé (du 17/05/2013), sur France 5 (replay) et dans une interview plus concise de la Croix (ICI)


Il y avait déjà un article dans La Recherche de janvier 2013 (en partie ici) clôturant par :

"Le DSM-5 prévoit la création d'une catégorie des "troubles du spectre autistique", réunissant l'autisme, le syndrome d'Asperger, le trouble désintégratif de l'enfance et le trouble envahissant du développement non spécifié. Les nouveaux critères associés à cette catégorie seront plus stricts que ceux de l'autisme dans sa définition actuelle, si bien que les autistes les moins sévères, qui auraient été diagnostiqués autistes par le DSM-4, seront exclus des critères du DSM-5."


Je souhaiterais vous faire partager ma circonspection quand à ces catégorisations (cela (re)lance, en outre, le débat sur la moralité vis à vis de la norme (motif probable pour un autre post)).
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lebereli
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Re: A propos du DSM 5

Message par lebereli »

Comment veux-tu diagnostiquer un trouble sans passer par des critères "normés" : critères relevant des signes pathognomiques d'une particularité pouvant contraindre et gêner la personne dans son développement?

Je pense que la catégorisation est un outil pour l'aide au diagnostic. Puis, catégoriser ne signifie pas forcément enfermer la personne dans une case. Tout dépend de la manière dont c'est appréhendé.
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PyrE
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Re: A propos du DSM 5

Message par PyrE »

Désolé, je me suis mal exprimé :drunk: . Je voulais dire par "motif probable pour un autre post", créé un hypothétique autre topic qui aurait pour vocation un débat autour de la notion subjective de norme. Il est plutôt question ici de réagir à l'arrivée des nouvelles catégories du DSM-5.

Problématique évoquer par La Recherche : "des conflits d'intérêts entre des membres de l'APA et l'industrie pharmaceutique ou l'absence de prise en compte d'études contradictoires." (ce qui, dans le désordre nous donne l'article quasi complet)

Il est même question de boycott du DSM. Un manifeste présente l'idée sur stop-dsm.org.

Sinon, je suis d'accord avec toi, il est bien évident que l'on ne peut soigner sans avoir de repères pour établir un diagnostique. Mais de là aux dérives possible avec une description qui restreint de plus en plus l'ataraxie, il y a un pas que tous le monde n'est pas prêt à franchir...
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O'Rêve
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Re: A propos du DSM 5

Message par O'Rêve »

A ce sujet, il y a plusieurs questions qui m’occupent l’esprit depuis bien longtemps.

Comment sont définis les troubles mentaux selon le DSM 5?
-S’agit-il d’une question d’adaptation ou plutôt de non adaptation d’un individu à son environnement ?
-S’agit-il d’une souffrance diagnostiquée ?
-Y-a-t-il un mélange des deux (non adaptation, et prise en compte de la souffrance subjective et individuelle ?) Ou même prise en compte d’autres critères ?
J’ai pour ma part de grosses difficultés à comprendre ce qu’on englobe sous les troubles, maladies, pathologies mentales?

Le point de départ de ces différentes questions est né alors que j’étudiais les travaux effectués sur le comportement de maladie. Ces travaux m’ont mené vers l’étude de différentes théories : (entre autres, le syndrome de stress selon Seyle, et la théorie du coping).
Dans le syndrome de stress défini par Seyle, la pathogénie du stress ne réside pas dans la nature de l’agent, mais dans sa durée. Dans cette conception, il s’établit un continuum entre la résistance, du domaine de la physiologie et l’épuisement et la rupture du domaine de la pathologie.
La théorie du coping apporte une vision un peu différente de la première. Selon cette théorie, l’individu ne subit pas passivement les contraintes du milieu environnant. Il est actif et face à la contrainte, il forme une perception et une représentation de la situation. Ceci va l’amener à mettre en place des stratégies d’ajustement. Cette théorie tend à montrer que ce qui est déterminant, ce n’est pas le stress réel, mais le stress perçu par le sujet. Elle introduit une grande part de subjectivité. C’est donc que l’adaptation n’est pas réductible aux seules modalités physiologiques et comportementales ; elle est fonction de ce que permet l’appareil mental.
Sont venue ensuite des réflexions sur les liens entre bien-être, souffrance et adaptation
Peut-on être adapté et en souffrance (parle-t-on alors de pathologie/maladie/trouble ?)
Une personne non adaptée à son environnement souffre-t-elle forcément? (parle-t-on alors de pathologie ?)
Est-ce qu’on parle de pathologie si une personne n’est pas adaptée dans un environnement donné, mais si on la change d’environnement elle se montre beaucoup plus adaptée à son nouvel environnement ?
Selon la définition de l’OMS, la santé mentale est « un état de bien-être permettant à chacun de reconnaitre ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et fructueux et de contribuer à la vie de sa communauté ».
Les pays européens (commission européenne de l’Union européenne et conférence ministérielle européenne de l’OMS (2006) distinguent la santé mentale « positive », notion proche de celle du « bien-être » et la santé mentale « négative » qui regroupe d’une part la détresse psychologique témoignant d’une souffrance psychique plus ou moins importante et, d’autre part, les troubles mentaux.
La souffrance psychique est un état de mal-être qui n’est pas forcément révélateur d’une pathologie ou d’un trouble mental. C’est la mesure de son degré d’intensité, sa permanence et sa durée ainsi que ses conséquences qui peuvent conduire à la nécessité d’une prise en charge sanitaire.
Les troubles mentaux sont plus ou moins sévères, de durée variable et peuvent entraîner une situation de handicap psychique. Ils relèvent d’une prise en charge médicale. Les pathologies mentales ou psychiatriques font référence à des classifications diagnostiques internationales correspondant à des ensembles de troubles mentaux (symptômes) et de critères spécifiques.
La souffrance psychique et les troubles mentaux ne sont donc pas des notions exclusives l’une de l’autre.
http://www.sante.gouv.fr/introduction.html
Est-ce que le DSM 5 distingue également souffrance psychique et troubles mentaux ? Ou seuls les troubles mentaux y sont mentionnés ?
Sur le plan international, la majorité des documents cliniques utilisent les termes « trouble mental » ou « maladie mentale ». Il existe actuellement deux systèmes de classification des troubles mentaux — La Classification Internationale des Maladies (CIM-10), publiée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) publié par l'Association Américaine de Psychiatrie (AAP).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_psychique
Et dernière question : Quelles sont les différences entre ces deux classification ?
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur O'Rêve pour son message :
altima

un pas de coté

Re: A propos du DSM 5

Message par un pas de coté »

PyrE a écrit :
Problématique évoquer par La Recherche : "des conflits d'intérêts entre des membres de l'APA et l'industrie pharmaceutique ou l'absence de prise en compte d'études contradictoires." (ce qui, dans le désordre nous donne l'article quasi complet)
Ma source n'est pas homologuée, l'un de mes collègues psychologue très au fait "DSM", mais je trouve que son analyse mérite réflexion.

Il m'indiquait effectivement que plusieurs médecins psychiatres rédacteurs du DSM ont des parts dans les laboratoires pharmaceutiques qui fabriquent les traitements qu'ils prescrivent.

Avec le DSM 5 il semblerait que le nombre de malades "psy" augmente de plus d'1 million aux Etats-Unis.
De quoi faire chauffer les usines à pilules et augmenter les chiffres d'affaires. C'est peut-être simpliste mais les petites histoires, et la grande, nous ont montré que ce ne serait pas la première fois. Beurk.[/align]

Je sais, ce n'est pas le topic complot, je m'arrête ;)

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O'Rêve
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Re: A propos du DSM 5

Message par O'Rêve »

Ma réflexion a pu avancer via la définition de la santé mentale selon Dabrowski (théorie de la désintégration positive)
http://adulte-surdoue.fr/post113662.html#p113662
En lisant sa perception de la santé mentale (et en quoi elle diffère des autres approches), j'ai eu un éclairage sur les troubles mentaux (justement par rapport à la notion d'adaptation, inadaptation)

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soazic
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Re: A propos du DSM 5

Message par soazic »

ce n'est pas un complot Un Pas De Côté, la vigilance s'impose. j'ai l'impression qu'on va vers une médecine solutioniste, à un trouble répond un médicament. Quid de la thérapie et de permettre à la personne de fabriquer ses propres solutions, de construire ses propres moyens de défense.

un pas de coté

Re: A propos du DSM 5

Message par un pas de coté »

soazic a écrit :ce n'est pas un complot Un Pas De Côté, la vigilance s'impose. j'ai l'impression qu'on va vers une médecine solutioniste, à un trouble répond un médicament. Quid de la thérapie et de permettre à la personne de fabriquer ses propres solutions, de construire ses propres moyens de défense.
Je sais que ce n'est pas un complot :-)
Maintenant je pense qu'il existe tout de même des intérêts financiers considérables, de vrais conflits d'intérêts et un gros lobbying d'un certain milieu psychiatrique.
Je pense également que nous sommes déjà dans l'équation à un trouble répond un médicament.

Le DSM 5 va élargir l'étendue des troubles, et du coup des prescriptions.

Je soupire comme toi après des dispositifs qui permettraient de placer les patients dans une démarche dynamique, dans une classification moins enfermante (la courbe de Chesnut Lodge va dans ce sens) et dans un accompagnement plus personnel et holistique.

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soazic
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Re: A propos du DSM 5

Message par soazic »

Peut être est ce une étape, je ne sais pas. Déjà reconnaitre les troubles, par défaut proposer des solutions immédiates puis permettre qu'un travail de fond se fasse. Je suis en lien avec un Collectif de parents dont les enfants souffrent de Tdah par exemple, une des fondatrice du groupe est une copine, ils sont outrés de lire tout le battage médiatique sur les médocs, alors que très peu d'enfants sont médiqués au final (et la plupart uniquement pour gérer le temps scolaire) et que les parents mettent en place des stratégies, etc pour aider leur enfant.
La reconnaissance du trouble est primordiale, connaître au mieux celui ci, mais le travail maintenant serait: et après, que fait on?

un pas de coté

Re: A propos du DSM 5

Message par un pas de coté »

Je te rejoins tout à fait !
Pour plusieurs troubles le traitement médicamenteux est effectivement la solution immédiate, et nécessaire. Je regrette ensuite les prescriptions systématiques, et celles qui s'enlisent dans du long terme sans que les praticiens travaillent conjointement avec le patient/la famille à l'élaboration de ces stratégies personnelles que tu évoques.

Combien de HPI détectés tardifs sont passés par l'opération "troubles+dsm+prescription = erreur de diagnostic" et combien errent encore ?

Les thérapies cognitivo-comportementales donnent un peu le change. Celles de troisième génération avec la méditation pleine conscience placent justement le patient au centre de sa prise en charge et donne des résultats positifs évaluables avec diminution (voir arrêt) des prises médicamenteuses.
Je pense aux troubles anxieux ou/et dépressifs par exemple.

Je suis admirative de ces parents qui déploient énergie et créativité pour accompagner leurs enfants dans leur singularité. Les super-héros n'ont pas tous des collants lycra et des capes rouges :clap:

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O'Rêve
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Re: A propos du DSM 5

Message par O'Rêve »

Concernant les classifications psychiatriques, suite à des échanges engagés sur ce fil, https://www.adulte-surdoue.fr/viewtopic ... 02#p342802, je poursuis ici quelques réflexions.

En plus du DSM il existe deux autres systèmes de classification psychiatrique, proposés actuellement en recherche :
► Afficher le texte
-le projet Research Domain Criteria (RDoC)
-le projet Hierarchical Taxonomy of Psychopathology (HiTOP).

Le DSM, propose une liste de critères sémiologiques pertinents au regard de l’histoire clinique de la psychiatrie, mais le choix de ces critères et leur organisation restent guidés par des enjeux purement pratiques et nosographiques avec une place très restreinte des explications causales.

Le projet RDoC ne propose pas de liste de critères sémiologiques. Sa pertinence clinique et pratique est donc clairement questionnable, mais ce projet a le mérite de tenter de mettre en exergue le lien entre la sémiologie et les hypothèses de mécanismes étiologiques dans l’approche médicale des troubles mentaux.

Le projet HiTOP ne propose pas en soi de liste de critères sémiologiques, mais propose un cadre organisationnel hiérarchisé de la nosographie permettant d’associer un ensemble de signes et symptômes à des mécanismes psychopathologiques sous-jacents supposés.
Sur le RDoC, je trouve que l’article ci-dessous soulève des points intéressants :
► Afficher le texte
Le projet RDoC, dévolu à la recherche, s’oppose au Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) en mettant l’accent sur les dimensions du fonctionnement normal du cerveau, au croisement des recherches génétiques, des neurosciences cognitives et des sciences comportementales.

Sur le plan ontologique, le pari du projet est outrageusement simple : les RDoC assument l’hypothèse polémique que les troubles mentaux sont des troubles du cerveau.

Malgré toutes les bonnes intentions « intégratives » du projet, l’étude des facteurs psycho-sociaux des maladies mentales, dont on sait pourtant qu’ils pèsent un poids considérable, est bien le parent pauvre des RDoC.
A propos du HiTOP :
HiTOP utilise une approche dimensionnelle et hiérarchique alors que les systèmes traditionnels, comme le DSM-5, sont catégoriels.

Le modèle HiTOP propose de conceptualiser les troubles mentaux, en plusieurs niveaux hiérarchiques, au moyen de ces spectres (conçus comme des continuums plutôt que des catégories délimitées par des seuils précis et arbritaires).

Les auteurs soulignent que dans l'ensemble, le modèle HiTOP adhère aux données scientifiques les plus récentes plutôt que de dépendre largement des décisions prises par un comité (l'approche utilisée pour élaborer le DSM-5).
Et si vous avez connaissance d'autres systèmes de classification, ça m'intéresse.
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Re: A propos du DSM 5

Message par O'Rêve »

Je complète le message précédent sur les alternatives au DSM-5

CIM-11 (ou ICD International Classification) publié par l’organisation mondiale de la santé
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Psychodynamic Diagnostic Manual (PDM)
► Afficher le texte
Le Psychodynamic Diagnostic Manual (PDM), publié en 2006 par l’Alliance of Psychoanalytic Organisations, a pour vocation de compléter le Diagnostic and Statistical Manual (DSM) publié par l’American Psychiatric Association. Le principal complément apporté par le PDM consiste dans l’ajout des dimensions psychologiques et psychodynamiques dans les diagnostics psychiatriques

Bien qu'il soit fondé sur les études actuelles en neurosciences et des études sur l'effet des traitements, Carey (2006) souligne que bon nombre des concepts du MDP sont adaptés de la tradition psychanalytique classique en psychothérapie
Power Threat Meaning Framework (PTMF)
C’est un système conceptuel intégrant des facteurs sociaux, psychologiques et biologiques. C'est une proposition qui semble assez récente.
► Afficher le texte
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur O'Rêve pour son message :
GraineDeNana

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