Autour de la guerre 39/45

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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pharma
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Autour de la guerre 39/45

Message par pharma »

Pour mon premier sujet, j'aimerais vous faire partager quelque chose qui m'a beaucoup ému il y a quelques jours.

Comme le titre l'indique, il s'agit de la 2ème guerre mondiale. Je ne vais cependant pas vous parler de combats entre soldats, ni des bombardements massifs s'étant produits dans toute cette période.

Je vais vous parler maintenant des camps de concentration. Pas n'importe lequel : Buchenwald. Vous comprendrez par la suite pourquoi ce sujet m’intéresse autant.

Mon grand père qui a aujourd’hui un petit peu plus de 70 ans vivait à l'époque dans une famille nombreuse. Je ne parle pas d'une famille nombreuse avec 5 enfants ou 6 enfants! Non, ils étaient 11.

Pendant l'occupation allemande, mon grand père avait à peine 5 ans. Ils vivaient dans une petite maison à Cintheaux (14) à 30km de la plage. Ce petit village était donc en toute première ligne pendant le débarquement, d'ailleurs ses frères et sœurs et lui même étaient constamment en contact avec les obus, grenades..les mines...et divers armes de guerre.

Il me racontait même que son premier cartable d'école était une boîte de munitions.
Un de ces grands frères, qui avait 16/17 ans à cette époque, ramena une mitrailleuse allemande trouvée à proximité. Ils ont "joué" pendant des jours à qui tirerait le mieux à la mitrailleuse sur une cible disposée en face d'eux.

Le fils du pharmacien de ce petit village du calvados a même sauté sur une mine.

Pendant la guerre, les SS venaient régulièrement chez eux pour prendre de force des provisions ou tout simplement pour demander à ce que la mère de mon grand père leur prépare un repas (et j'aime mieux vous dire qu'il ne fallait pas refuser..)

J'ai encore des tas et des tas d'anecdotes intéressantes sur le sujet, tout cela pour dire que les enfants ayant survécu à tout ceci étaient vraiment des miraculés.

Ce n'est cependant pas le point que je vais traiter ici.

Un des aînés de ces 11 enfants, avait mon âge actuel (22/23ans) pendant cette sinistre période. Mon grand père nous a toujours raconté que ce frère est mort en déportation, dans le camp de concentration de Buchenwald (Allemagne).

Il avait 5 ans quand son frère partit de force en Allemagne. Évidemment, toute la famille était traumatisée, de peur de ne jamais le revoir. Le père de famille se voulait rassurant, en promettant à tout le monde que Remy allait bientôt revenir, que c'était provisoire! Qu'il allait "juste" travailler dans un camp de travail pour les allemands.

Les événements furent complètement différents. Ils ne le revirent jamais.

En Avril 1945, les américains ont libéré le camp et ont bien sûr découvert l'horreur qui s'était déroulée. Les parents de mon grand père ont reçu, peu après la libération du camp, le certificat de décès et la montre de Remy.

Mon grand père se souvient de la scène. A cette époque, c'était la factrice qui annonçait ce genre de nouvelles. Quand elle présenta la triste nouvelle à tout le monde, la mère fût anéantie. La dépression la rongeât pendant de nombreuses années, et on obligea les 10 autres enfants à honorer régulièrement leur frangin.

C'était devenu un rituel, avant de manger..avant de se coucher..il fallait dire quelques mot pour Remy.
Bref, son décès brisa le bonheur de cette famille. La mère, qui adorait chanter et qui était une femme joyeuse, ne chanta plus par la suite..elle était comme transformée.

Tandis que le père de famille, plus introverti et qui ne montre pas ses émotions, ne disait pas grand chose.
Il était cependant courant que ce dernier versait de grandes larmes au cours des repas, sans pour autant expliquer au reste de la famille ce qu'il avait sur le cœur.

Pendant des décennies, ce sujet fût tabou. On savait que Remy était mort dans un camp de concentration en Allemagne, mais personne ne voulait en savoir plus. Ils avaient vraiment peur de ce qu'ils pouvaient découvrir.

Cette situation se prolongea en fait 67 ans! Personne n'entreprit de recherches pendant 67 ans.

Cette histoire me titilla l'esprit pendant assez longtemps, et il faut avouer que je m'identifiais beaucoup à Remy. Garçon assez grand (1m80) , 22 ans, même nom de famille que moi, très sportif et assez musclé...mon portrait craché en somme.

Je me suis imaginé à de nombreuses reprises, la situation dans laquelle c'était, non pas Remy, mais moi, qui était né en 1922. Je serais donc parti à Buchenwald, et serais mort tout seul et loin de ma famille!

L'histoire était aussi entourée de mystères, et de données assez floues. C'en était trop, ça m'obsédait tellement que j'ai décidé en février 2012, d'entreprendre des recherches pour faire un travail de mémoire de Remy : mon grand oncle.

Avec toutes les informations que mon grand père me racontait dans ses histoires, j'ai tapé quelques mots clés sur google. Au bout d'une semaine, je suis arrivé à dénicher son numéro de matricule à Buchenwald ainsi que la date supposée de sa mort.

J'étais content! Mon projet avançait à toute vitesse. Je m'y consacrais avec acharnement.

Après des semaines de recherches sur internet, j'ai découvert qu'il existe en Allemagne un immense centre de renseignements à la mémoire des déportés qui furent internés dans les camps.
En fait il s'agit d'une pièce gigantesque regroupant des millions de dossiers identifiants les déportés venant de multiples pays (environ 23 pays). Aussi bien la France, que la Russie en passant par la Pologne ou la Bulgarie..

Évidemment il y a une classification en fonction du camp de concentration : Auschwitz, Dachau, Buchenwald...

Vous imaginez, je sautais complètement de joie. J'allais enfin apporter à mon grand père l'ultime vérité sur le décès de son frère.

Sur ce site internet, il y avait un formulaire de demande de recherche à disposition. Je décidais donc de le télécharger!
J'ai complété ce formulaire avec toutes les données possibles et inimaginables que j'avais récupéré sur internet, les semaines précédentes.
En fin de formulaire j'ai mis cette petite phrase "Je souhaite absolument tout savoir sur Remy, de son entrée en Allemagne, jusqu'à sa mort".

Je n'avais strictement rien à perdre, si ça ne fonctionnait pas..au moins j'aurais fais le maximum. Dans le cas contraire, ça aurait été une sorte de miracle, et le moyen pour mon grand père et ses frères et sœurs encore en vie, de connaître enfin les dessous de la déportation de Remy.

Les mois et les mois et les mois passèrent. J'allais régulièrement à la boîte aux lettres : RIEN. Il n'y avait rien pendant des mois. J'en étais venu à me dire que mon projet de mémoire tombait à l'eau.

Qu'elle ne fût pas ma surprise quand j'ai ouvert comme d'habitude ma boîte aux lettres il y a environ 3 semaines (donc 1 an après mon envoi du formulaire) : une grosse enveloppe marron prenait toute la place de la boîte aux lettres!

En provenance....je vous laisse deviner....d'Allemagne!!

Je rentre chez moi, je me précipite pour ouvrir l'enveloppe. Et là..incroyable! J'avais tout sous les yeux, le cheminement précis des événements qui ont provoqué la mort de Remy.

Je n'en revenais pas, il y avait même des photos d'archives avec des croix gammées partout, de sa carte d'identité à Buchenwald, et les preuves de ces multiples transferts en Allemagne.

Je vous résume donc mes découvertes.

Pour une raison inconnue, mon grand oncle Remy, fût envoyé en Allemagne par le train. Il a été incarcéré à son arrivée par la Staatpolizeileitstelle de Düsseldorf le 17 Sept 1944, dans le camp de concentration de Sachsenhausen (j'ai même son numéro de matricule).
Il n'est pas resté longtemps dans ce camp. En effet, il a été transféré le 13 Oct 1944 au camp de concentration de Buchenwald.

En fait Buchenwald avait des dépendances pour le travail forcé dans plusieurs villages de la région. Ces unités de travail se nomment "commando". Certaines unités étaient plus ou moins dures.

Par malchance, Remy appartenait au commando de Halberstadt Zwieberge : le pire. Celui qui avait la triste palme du plus grand nombre de morts.

Les conditions de "travail" étaient inhumaines. Les déportés participaient à la construction d'une usine souterraine qui devait servir à la protection du matériel qui composait les V2 et les futurs avions à réaction.
Mon grand oncle travaillait donc 12 heures par jour, dans un environnement qui manquait d'air et dans la poussière, conjugué aux sévices des kapos. Les détenus n'avaient même pu la force de s'alimenter.

Tout cela pour creuser des km et des km de galeries. L’espérance de vie était environ de 6 semaines.

Remy a réussir à tenir jusqu'au 16 Janvier 1945, il est mort à 13h d'une faiblesse cardiaque et circulatoire. En somme, il est mort d'épuisement et de mauvais traitements.

Le 25 Janvier 1945, il fût conduit au crématoire pour y être incinéré.

Quel était son crime?? il n'était ni juif, ni soldat..c'était juste un charcutier qui était dans la pleine force de l'âge, et qui avait une famille qui l'aimait de toutes ses forces. Sur sa carte d'identité à Buchenwald, il y a un petit triangle rouge en haut à droite, ce qui signifie "prisonnier politique".

Pourquoi a t' il été considéré comme prisonnier politique? Cela reste un mystère.

Quand les américains ont libéré le camp en Avril 1945, une vision d'horreur est apparue. Des cadavres partout, des détenus arrivant à peine à tenir debout, une épidémie de dysenterie faisant des ravages, le typhus, des rats par centaines...voilà quel était donc le quotidien de mon grand oncle.

Malgré tous les efforts des américains, énormément de prisonniers sont morts des suites des conditions de vies épouvantables, à la fréquence moyenne de 20 à 30 par jour.

J'ai lu beaucoup de livres sur la guerre 39/45, notamment sur les camps. Mais, savoir qu'un membre de ma famille a subit ce type de traitements m'horrifia. Je prenais alors pleinement conscience de cette triste réalité.

J'ai passé des heures à lire ce dossier, et j'ai fais des recherches sur internet afin d'avoir des informations complémentaires sur les commandos par exemple.
Toutes les photos d'archives étaient en allemand bien entendu, donc j'ai traduis l'intégralité des documents en français, pour que la lecture puisse être accessible pour mon grand père.

Travail titanesque donc!

Je n'avais absolument rien dis à mon grand père au sujet du travail de recherche que j'ai entrepris, de peur de le décevoir si j'échouais.
Avec ma famille, nous avons décidé de passer les vacances de février dans le sud de la France, lieu d'habitation de mes grands parents. Nous sommes arrivés hier soir, et évidemment après le dîner je me suis précipité pour lui faire part de mes découvertes.

Il était ému aux larmes, depuis 67 ans, personne d'autre que moi n'avait réussi à obtenir ce genre de documents. Depuis hier, on ne parle que de ça.
Il a dévoré le dossier toute la journée, je vois bien que c'est quelque chose d'essentiel pour lui. C'est un soulagement de connaître la vérité, mais aussi une souffrance. Il commence à prendre réellement conscience des conditions que son frère Remy a été obligé d'endurer.

Je suis plutôt fier, et très satisfait d'avoir mener à bien ce projet. Même si je ne l'ai pas connu, le sang de Remy coule dans mes veines. Je me devais d'entreprendre ce travail!

Il avait 22 ans, une force de la nature éradiquée en 3 mois par des fous furieux qui voulaient dominer le monde.

Comment peut-on traiter un être humain de la sorte? Pourquoi les habitants allemands autour des camps de concentration ne sont pas intervenus pour faire cesser le massacre? Pourquoi Remy a t'il été envoyé en Allemagne? Pourquoi des médecins qui ont donc prêter serment, se livraient à d'immondes expériences sur des détenus et fabriquaient des objets en peau humaine?

Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?

Des questions qui restent sans réponse pour moi. Je n'arrive vraiment pas à comprendre ce qui peut se produire dans la tête d'un individu pour qu'il puisse tolérer et encourager ce genre d'atrocités.

Mon post est maintenant terminé, c'est un projet qui me tenait à cœur et je voulais tout simplement vous le faire partager. Si vous avez des anecdotes sur le sujet ou si vous avez envie tout simplement de réagir, n'hésitez pas.

J'ai de plus une question qui m'énerve un peu. Comment savoir réellement ce qui s'est produit pour que Remy soit incarcéré en Allemagne. C'est un mystère complet pour l'instant.
Si quelqu'un sait à qui je peux m'adresser, ou faire des recherches....je suis vraiment preneur.

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lambda
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Re: Autour de la guerre 39/45

Message par lambda »

Merci bcp bcp à toi de nous partager ce post.

Pas facile de te répondre en un post, car le champ d'investigations est de taille, même si à l'échelle humaine...
Ces éléments que je porte à ta connaissance n'engagent évidemment que moi. Je n'ai pas de témoignage pertinent, comme certainement beaucoup, j'ai pas mal lu et regardé sur le sujet, c'est tout.

Avec le pourquoi, vient le comment, puis le depuis quand, etc...

Pour le contexte, au moins un livre, du moins les trois tomes de "Les origines du totalitarisme", de Hannah Arendt, somme magistrale même si fastidieuse ; voir à quel point l'idée martelée par tous les moyens que l'individu n'y était pas considéré du tout, que ce soit en tant que citoyen, soldat ou prisonnier, l'idéologie primait, je fais très (voire trop) court.
Il y avait un être idéal, stigmatisé par des canons esthétiques par ci, des aspirations hégémoniques présentées comme naturelles et nécessaires par là, etc... Et ce véhiculés par tous les moyens de communication possibles. Le plus possible.

Tu rajoutes toutes les bassesses inhérentes à la nature humaine qui peuvent trouver les moyens de se justifier, de se stimuler par effet de masse, et qui plus est après une relative phase d'anomie (pour rappel: crise économique mondiale, nouveau régime politique, changements visuel et fonctionnel des institutions presque du jour au lendemain, ...) puis en situation de conflit où les pulsions sont exacerbées et les cadres qui auraient pu être des garde-fous au contraire sont un mélange de laxisme éthique et de rigueur "fonctionnelle" (déresponsabilisant et déshumanisant au possible), où le permissible est presque partout, tu as pas mal d'éléments pour les dérives.
Il y a bcp bcp de témoignages de germanophones en situation de force en ces situations; certains ont , par leur culture confessionnelle ou par réflexe de bon sens je dirai, fait preuve de résistance passive comme active à ces cadres, mais quelle était leur marche de manoeuvre à l'échelle individuelle? Leur impact sur le résultat global?
Il y avait quelques réseaux capillaires de résistance en Allemagne aussi, comme dans les pays occupés, pareil. Dans les mêmes proportions. Juste on en parle moins car ils sont du côté des vaincus et qu'on exacerbe le rôle de ceux qui ont été libérés...
On pourrait parler de bien des situations particulières, les "Malgré Nous", Oradour-sur-Glane, les Ustachis croates à Jasenovac, etc...
A chaque situation, quelques humains font preuve de bon sens, et plein d'autres s'abandonnent à toutes les exactions.
Chaque cas est singulier, dans le sens plein et entier du terme.
Une mémoire collective, mais l'individu est "oublieux"...
J'aurai juste ce constat: il est toujours plus facile de (se) détruire que de (se) construire... (cynico-misanthropic mode on)
Mais je tombe dans un travers émotionnel, ce que ce sujet ne manque pas de susciter.
Pas évident de te répondre posément...
Pourquoi?
Beaucoup de "parce que", et pas d'excuses.
Désolé si je ne puis t'apporter plus que ce que ceci .

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Zyghna
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Re: Autour de la guerre 39/45

Message par Zyghna »

Parce que pour s'opposer, il faut déjà pouvoir se projeter dans un avenir meilleur. Et ce n'était pas le cas à l'époque. Les gens étaient résignés. Tu rajoutes là dessus la peur, la peur pour soi, pour sa famille, et il est vite facile de comprendre pourquoi les personnes ne réagissent pas. C'est la même peur qui fait que l'on détourne les yeux d'un SDF, de la pauvreté, de la maladie ou la mort. On préfère ne pas voir, ne pas ébranler son univers intérieur pour des personnes qu'au final on ne connait pas. Ces personnes ne sont pas mauvaises pour autant, elles ne sont justement que très humaines.

Ce n'est pas pour rien que ce sont surtout des jeunes, des ado, qui ont pris part aux mouvements de résistance: parce que l'adolescence est emplie d'énergie, de rêves, et n'a que rarement peur pour elle-même.
Rien que pour cela, pour le fait de ne pas courber l'échine, de nombreux jeunes ont été arrêtés, maltraités, tués.
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Doonarrala
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Re: Autour de la guerre 39/45

Message par Doonarrala »

pharma a écrit : Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?

Des questions qui restent sans réponse pour moi. Je n'arrive vraiment pas à comprendre ce qui peut se produire dans la tête d'un individu pour qu'il puisse tolérer et encourager ce genre d'atrocités.
Des chercheurs en psychologie sociale ont essayé de trouver des réponses à cette même question.
Je te mets quelques liens d'expérimentations menées:
Soumission à l'autorité: I comme Icare 1
Soumission à l'autorité: I comme Icare 2
Ces deux extraits de film relatent les expériences menées par Milgram.

Milgram and his experiments

L'effet du passant

Expérience menée par Ash
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Re: Autour de la guerre 39/45

Message par Mlle Rose »

Concernant la cause de sa déportation je ne sais pas réellement où tu peux t'adresser pour en retrouver la trace.
Les prisonniers politiques étaient généralement ceux que les nazis appelaient "communistes", qu'ils en soient ou non... tous ceux qui n'étaient pas nazis pouvaient tout à fait se voir taxés de "communistes", spécialement sur dénonciation... il suffisait que quelqu'un ait une dent contre un autre et qu'il le dénonce...

Je n'ai jamais mieux compris la guerre qu'en lisant les carnets de mon arrière grand-père. Des dizaines de petits carnets noircis d'une écriture difficile à déchiffrer mais que j'ai lus quand j'avais une quinzaine d'années. Je me souviens que ça m'avait un peu tourneboulé le ciboulot....
La guerre c'est un mot abstrait tant qu'on ne voit pas dans le détail, au niveau de l'humain, ce qu'il se passe réellement, dans les coeurs, dans les esprits...
Merci donc pour ce sujet.
Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. E. de la Boétie
NB : Je ne réponds pas aux questions perso en mp, je manque cruellement de temps pour ça et déteste répondre aux gens à l'arrache. Donc... merci d'éviter :f:

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Kayeza
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Re: Autour de la guerre 39/45

Message par Kayeza »

Mlle Rose a écrit :La guerre c'est un mot abstrait tant qu'on ne voit pas dans le détail, au niveau de l'humain, ce qu'il se passe réellement, dans les coeurs, dans les esprits...
Comme les autres l'ont déjà dit : tu poses plein de pourquoi, mais tu ne pourras pas y répondre à partir d'ici et de ta situation de maintenant... Seul le contexte de l'époque peut apporter des éléments de réponse et tu es déjà bien avancé dans sa reconstitution. Bon courage pour la suite !
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Pytheas

Re: Autour de la guerre 39/45

Message par Pytheas »

pharma a écrit : Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?
Je n'ai hélas pas l'impression, que l'on puisse trouver dans l'histoire de l'humanité, un amenuisement des pratiques les plus abjectes et, paradoxalement, inhumaines... C'est malheureusement une constante à mon avis.
Je suis toujours fasciné par le code d'Hammurabi. Il y est stipulé que :
- la cruauté envers les esclaves était très sévèrement punie
- les voleurs doivent avoir la main tranchée
- les femmes adultères ainsi que leurs amants devaient être condamnés à mort
Cela semble extrêmement cruel et barbare. Pourtant , au fil des siècles plus tard ... :
- on pouvait faire subir n'importe quel sort à un esclave
- le nombre de personnes pendues pour un vol anodin est de ... euh ... ?? pas besoin d'en préciser davantage
- on pouvait tuer légitimement sa femme (on la faire enfermée pendant 30 ans il me semble d'après le code napoléonien) en cas d'adultère
...
On peut également faire tout une panoplie de génocides, de viols de masses organisés contre des populations, etc ...

Enfin bref. Je voulais en venir au fait que quand l'on parle de 39/45 ou de toute autre période obscure pendant laquelle des atrocités se sont déroulées, on parle hélas de quelque chose de récurant.

J'apprécie tout particulièrement de voir cité :
lambda a écrit : "Les origines du totalitarisme", de Hannah Arendt
Je conseille également très vivement Eichmann à Jérusalem. Je considère que les écrits de Hannah Arendt sont absolument formidables en traitant de la banalité du mal.
Pour répondre à la question Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? , je pense que ces horreurs dépendent, comme cela a été dit, du contexte, de l'époque, de la peur et de l'exercice du pouvoir sur les masses mais malheureusement aussi de la banalisation et du fait que chacun regarde à sa porte.
Respecter et commémorer est essentiel ainsi que bien évidement le fait de porter de l'attention et du soutien aux témoins et victimes de tels drames.

J'avoue être par contre horrifié quand on fait finalement d'un drame comme 39/45 quelque chose de sacré car ce n'est alors justement plus un drame humain mais c'est devenu un dogme. Si j'avais vécu ces atrocités de l'histoire, je souhaiterais , plus que le souvenir, que mes enfants et petits enfants comprennent ce qu'est l'inhumanité et qu'ils sachent quelle peut toujours être à la porte.

Il m'est arrivé de constater, en discutant avec des gens, que ce qu'ils avaient retenus de 39/45 était, pour résumer, que finalement les allemands étaient très méchants avant mais que maintenant ils regrettent... J'ai aussi entendu un enfant musulman dire que Hitler était quelqu'un de bien puisqu'il s'en était pris aux juifs ... (j'aurais peur de rencontrer les parents !)
Pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ?
Peut-être a-t-on plus honoré la souffrance passée que l'on a transmis de valeurs ?

Je ne dis bien sûr pas cela spécifiquement pour Pharma. Cette démarche envers ton grand-père est on ne peut plus louable et je regrette de ne pas pouvoir t'aider dans tes recherches.

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Numii
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Re: Autour de la guerre 39/45

Message par Numii »

Très beau post. Merci d'avoir partagé cette expérience avec nous!
Je me souviens, quand j'étais à l'école, un vieux monsieur était venu nous raconter ce qu'était les camps de concentration. Je dis "raconter" parce qu'il l'avait fait avec beaucoup d'intelligence. Il n'y avait presque rien de choquant dans ce qu'il nous disait. Je pense qu'il était suffisamment sage pour ne pas imposer des récits d'horreurs à des enfants et pourtant, ça m'avait fortement remuée. Il nous avait tendu une petite boussole qu'il avait fabriquée pour se sauver en nous disant qu'il y tenait comme à sa vie.

Le livre d'Eric-Emmanuel Schmitt La part de l'autre, se penche sur la personnalité d'Hitler et plus largement sur ce qui fait de chaque homme un Hitler potentiel. C'est assez romancé mais pas totalement dénué d'intérêt.

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