Brunehilde a écrit : ↑mar. 28 févr. 2023 00:05Moi aujourd'hui c'est cette nouvelle qui me désole :
https://www.actuabd.com/+Deux-histoires ... lt-Disney+
C'est un comble de censurer le travail de Don Rosa pour des soit-disant problèmes de mœurs alors qu'il a toujours eu un regard critique sur l'Amérique...
Je me console en me disant que les Picsou Magasine de ma collection où ces histoires ont été publiées vont peut-être valoir cher un jour, mais c'est loin de compenser...
Tristesse...
Judith a écrit : ↑mar. 28 févr. 2023 06:44@Brunehilde c'est surprenant, et en effet désolant.
Ce sont deux très bonnes histoires et je ne vois pas trop (d'après le souvenir que j'en ai) ce qui peut choquer. Les canetons obèses dans Le rêve d'une vie, peut-être, mais quoi d'autre? Le musée de Picsou, constitué d'objets acquis dans des conditions douteuses auprès de peuples "racisés"?
Dans le second cas ce serait idiot, car le personnage est en lui-même une caricature féroce des pratiques de pillage américaines -et il en est souvent puni.
Par ailleurs, si je ne me trompe pas d'histoires (pas vérifié), ce sont deux hommages à des films, Citizen Kane et La Vie est Belle, qui étaient déjà des critiques sévères de l'Amérique, donc c'est d'autant plus regrettable.
Zut alors!
Brunehilde a écrit : ↑mar. 28 févr. 2023 14:47 @Judith De ce que j'ai lu le problème vient de Bombie le zombie et de représentations de l'Afrique "choquantes", alors même que cette histoire est une critique sévère de l'exploitation des ressources africaines par les occidentaux...
Bref
Judith a écrit : ↑mar. 28 févr. 2023 15:21 Oui, effectivement j'ai vérifié (je m'étais trompée sur le titre d'une des histoires). C'est vrai que les personnages africains sont des caricatures très grossières, qui choquent aujourd'hui - que ce soit le chef de la tribu trompé par Picsou, le sorcier ou le zombie. Mais il aurait mieux valu recontextualiser ce contenu problématique que le supprimer. Enfin bref, c'est un débat sans fin.
Tamiri a écrit : ↑mar. 28 févr. 2023 17:42 Ce qui est bête, ce sont justement les atermoiements de la maison Disney sur la question. En effet il y a encore quelques années, la prise en charge du riche patrimoine artistique détenu par l’entreprise était plus raisonnable et usait justement du procédé consistant à publier avec un avertissement à la fois bref et didactique. Je possède par exemple quelques DVD du début des années 2000 où certains courts-métrages (par exemple Mickey’s Man Friday avec son personnage de bon sauvage au comportement simiesque) sont précédés d’un bref commentaire de l’historien Léonard Maltin. Ce commentaire est lu systématiquement lors du premier visionnage du DVD sur un appareil donné. Apparemment la politique a encore changé et pas dans le bon sens. Pour ma part j’ai l’histoire de Bombie le Zombie dans une de ses multiples traductions, celle que j’ai, dans un recueil des éditions Hachette (des années 1980), avait pour but principal d’atténuer non pas les clichés (ce n’était pas encore l’époque) mais d’enlever le côté « mort-vivant » pour en destiner la publication à un public enfantin (dans cette version, le zombie s’appelle le « Tignouf » et il n’y a plus d’explication sur sa véritable identité). Bref, effectivement c’est sans fin et les gens qui veulent se procurer telle ou telle œuvre devront attendre un nouveau changement d’attitude…
Judith a écrit : ↑mar. 28 févr. 2023 17:57 Il y avait eu aussi une controverse quand on avait sorti la version restaurée de Fantasia, si mes souvenirs sont bons. Le choix avait été de mettre une annonce explicative sur les centaures "africains", et ça passait très bien. Dans l'idéal, il faudrait effectivement une politique courageuse et claire pour les Disney, et ce dès les Trois petits cochons, où le loup porte un masque de colporteur juif à grand nez pour le moins problématique. Censurer est à la fois vaguement malhonnête (on cache le racisme des films), peu efficace (on risque des retours de bâton lorsque le procédé est découvert) et moralement discutable puisqu'on ampute le patrimoine de la firme et qu'on prive le public de l'accès à des œuvres de valeur.
Pour ce qui est du zombie, c'est un personnage inventé par Carl Barks en 1949, qui avait déjà été redessiné par Barks lui-même, je crois, pour atténuer son aspect caricatural. Don Rosa a repris la forme retouchée, mais les sensibilités ayant changé entre-temps, c'est insuffisant aujourd'hui. D'accord, mais le cacher ne sert à rien.
En tout cas, j'ai l'intégrale non censurée de Barks et de Rosa donc je suis tranquille - en principe.
Tamiri a écrit : ↑mar. 28 févr. 2023 18:07 Ah oui je précise, mon bouquin est centré sur Barks donc je ne connais que cette version, je ne crois pas avoir vu celle de Don Rosa.
Dans ce bouquin, de mémoire, il y a une autre curiosité de traduction en l’absence de sujet sensible cette fois : dans une histoire, « pelleteuse » est traduit par « bulldozer », le traducteur n’ayant apparemment aucune connaissance sur les engins de travaux publics
Et toujours dans le même, un instrument de musique, le calliope, est traduit par « orgue à vapeur ». Effectivement un calliope est un type d’orgue et il fonctionne souvent à la vapeur, mais c’est justement pour ne pas confondre qu’on appelle ça un calliope instrument plutôt américain donc peu connu sous nos cieux… Or dans un autre bouquin lu et relu pendant mon enfance, une version « novellisée » de Dumbo, un instrument qui d’après les images du film est clairement un calliope est traduit par « orgue de barbarie ». Je me souviens d’avoir cherché à savoir ce qu’était exactement cet instrument, ma curiosité pour les bidules du XIXe et assimilés étant déjà fort installée vers mes 6-7 ans
Et en parlant de Dumbo je ne sais pas s’il n’y a pas déjà eu des velléités de censurer la chanson des ouvriers noirs au début ainsi que de la séquence de l’ivresse (plutôt que de les contextualiser).
Judith a écrit : ↑mar. 28 févr. 2023 19:09 Pour le calliope, je suppose que c'est dans "Au pays des totems"? La traduction par "orgue à vapeur" a été conservée dans l'anthologie de Glénat. Elle a peut-être été choisie à l'origine pour éviter un terme jugé trop savant pour le public enfantin. Dans le cas de Dumbo, je ne me souviens pas de l'orgue.
Dans ce dernier film, ce n'est pas le passage avec les ouvriers noirs du début qui est jugé raciste (il ne me paraît pas vraiment l'être d'ailleurs, l'absence de visages marquant plutôt l'anonymat des manœuvres qu'un mépris particulier) mais la scène des corbeaux, qui elle, met effectivement en scène des parodies de Noirs paresseux et malhonnêtes. Pour ce que j'en sais, le passage n'a pas été censuré comme l'avait été celui de Fantasia, mais le film est diffusé, en tout cas sur la plateforme Disney +, avec un avertissement de contenu. Idem pour Les Aristochats et La Belle et le Clochard (à cause des Siamois, qui mettent mal à l'aise aujourd'hui) et pour Peter Pan (à cause des Indiens).