Vos meilleures références BD

[Shatzy Shell]

Je n’ai pas trouvé de section ou de sujet consacrés à la BD, alors étant passionnée de BD, je me permet de créer un sujet ici, en espérant qu’il se trouvera au bon endroit.

Pourriez-vous donner vos meilleures références BD ?

Pour ma part, en voici quelques unes de mes préférées, sachant que je suis très sensible à la beauté des couleurs, la lisibilité des graphismes et la recherche graphique, que j’ai un penchant pour le contemplatif plutôt que pour les grandes intrigues :
Je vais me contenter de trois références.

- Jérémie Moreau : Les Pizzlys +++++, Penss et les plis du monde ++++, le discours de la panthère +++, la saga de Grimr (en attente de lecture mais certaine que je vais adorer). Jérémie Moreau est ma meilleure découverte BD, tant pour la beauté des images, la dimension contemplative que pour ses histoires qui mêlent réflexions existentielles sur la place de l’humain dans la nature, légendes et cosmologies issues de son intérêt pour l’anthropologie…

- Moebius : surtout pour la qualité de ses dessins
Avec en première place : les mondes d’Edena ++++ et ensuite l’Incal +++.

- Après j’ai aussi apprécié la recherche graphique de Mayeul vigoroux dans La Manticore ++++ qui s’inspire de l’imagerie Persane avec un rendu en risographique permis par Les ateliers Quintal, mais j’ai eu du mal à suivre l’histoire.

Jamais trois sans 4… Léo Quivreux avec Le programme immersion. Très étrange BD avec un travail très graphique du noir et blanc vraiment surprenant et intéressant.

Je serais curieuse d’avoir vos références. J’ai la chance d’avoir un vendeur de bd génial près de chez moi qui deniche toujours les pépites qui me correspondent ! Je me demande si il ne lit pas dans mes pensées tant il tombe toujours juste.

[GraineDeNana]

En fait il y a un sujet mais sous un titre un peu piège : C'est ici qu'on fait des bulles : viewtopic.php?p=240090&hilit=bande+dess ... 9e#p240090 et un autre fil pour jouer avec les BD : Quelques cases en moins : https://www.adulte-surdoue.fr/viewtopic ... ns#p293592

Je suis bien contente qu'on reparle un peu de BD . Je suis une grande lectrice de BD et aussi de romans graphiques et j'ai la chance d'avoir une médiathèque très fournie dans ce domaine.
J'ai lu comme toi Le discours de la panthère de Jérémie Moreau et j'ai apprécié aussi beaucoup l'aspect graphique et la réflexion sur l'ordre du monde.
J'ai moins adhéré à Moebius, je trouve que ça "date" un peu. Je ne connais pas les deux autres auteurs que tu cites (Mayeul Vigouroux et Léo Quievreux).

Je vais réfléchir aux BD qui m'ont vraiment plu pour t'en proposer. Je suppose que tu as lu Peau d'homme? si oui, ça t'as plu ?

[seban35]

J'ai été très touché par la bande dessinée " L'homme étoilé " qui parle du quotidien d'un infirmier en soin palliatif et dernièrement " Le Choeur des femmes".

[Judith]

Une liste assez courte, mais le choix est difficile.

-Franquin, d'abord pour son trait incomparable, ensuite pour son univers profondément idiosyncratique et pourtant si accessible. Je n'imagine pas ma vie sans le gaffophone (surtout retourné à l'état sauvage) et la turbotraction, ni sans Champignac, la guerre éternelle entre le maire mégalomane et le comte à l'imagination mirifique, ni sans les bureaux de Dupuis et leur personnel très particulier - j'en passe et des meilleures.

-Greg, essentiellement pour Achille Talon même si j'aime aussi le reste de sa production. Pour son comique de haut vol, évidemment, mais aussi parce qu'Achille Talon pourrait être mon portrait et que j'y reconnais un frère : j'ai presque tout en commun avec lui (hormis le physique, là je suis nettement dépassée à tout point de vue ). Je rappelle sa description par Goscinny :

Achille Talon, cerveau-choc, est un homme plein de bonne volonté, et doué d'un savoir puisé dans une encyclopédie... à laquelle il manquait pas mal de pages. Achille Talon n'en a cure ; sûr de lui, il n'hésite jamais à se jeter à corps perdu dans les situations les plus difficiles, avec une remarquable inefficacité.

Sans me vanter, c'est tout moi. Et j'ai comme lui un Hilarion Lefuneste que j'adore détester dans ma vie (professionnelle seulement, mais c'est déjà pas mal).

-Bilal, avec des réserves assez nombreuses, mais sans doute parce que ses couleurs sont fabuleuses et que ses héros baudelairiens me touchent.

- Comès, pour son usage d'un fantastique très ancien, son goût des contes et son onirisme, ses éloges passionnés de la marginalité dans un noir et blanc somptueux.

-Chris Ware, découvert assez récemment, pour son génie de la narration, son humour noir, son immense tristesse et la profondeur du temps qu'il évoque dans ses mises en page polysémiques (entre autres).

[Shatzy Shell]

Salut Graine de Nana,
Merci pour le lien vers les fils BD que je n’avais pas trouvés ! Je vais y faire un tour allègrement.

Je n’ai pas lu Peau d’Homme même si on m’en avait déjà parlé. Je crois que j’ai un filtre très sévère sur l’aspect dessin et lettrage et si ceux ci ne m’attirent pas j’ai beaucoup de mal à tenter une lecture…! Ça m’a fait cela pour Peau d’Homme. C’est dommage, il faudrait que je tente quand même.
En ce moment j’essaie de lire quelques albums de Catherine Meurisse et son dessin foisonnant et tordu, ainsi que le lettrage sont difficiles à suivre pour moi, je crains parfois l’épilepsie Mais j’apprécie quand même beaucoup « Les grands espaces » notamment quant aux représentations de la nature.

Même pour les mondes d’Edena tu trouves ça daté ?

Merci à toi aussi Seban pour ces références, je vais aller voir à quoi ça ressemble.

Sinon pour parler un peu plus de ma BD préférée, les Pizzlys de Jérémie Moreau… Il s’agit d’une BD qui raconte l’histoire d’un jeune homme, devenu chauffeur uber pour subvenir aux besoins de son petit frère et de sa petite sœur depuis la mort de leur mère qui les a laissés tous les trois orphelins. Passant du temps sur son application et dans sa voiture, il développe un trouble de perception de l’espace dans lequel il se perd. Au début de l’histoire, il fait une course pour une autochtone d’Alaska qui souhaite rentrer en Alaska après 20 années passées en France. Elle lui propose de l’accompagner avec son frère et sa sœur pour réparer leurs esprits au contact de la nature sauvage.

Pour écrire ce livre, Jeremy Moreau s’est inspiré de l’anthropologie et j’apprécie qu’il ne tombe pas dans un idéalisme manicheen et qu’il reste assez neutre. On y voit autant différentes conceptions du monde que les effets du changement climatique. Les images sont somptueuses et le choix de remplacer le magenta par une encre légèrement fluo apporte un certain onirisme qui résonne bien avec une atmosphère nordique, baignée de la lumière particulière des aurores boréales. Les images sont d’une grande poésie. Si on les observe bien, elles sont d’une grande simplicité, et pourtant… Les cadrages et les couleurs sont puissants de sensibilité. Ce que j’apprécie chez Jérémie Moreau c’est sa capacité à mêler poésie, contemplation et réflexions profondes sur notre humanité et notre place dans la nature. J’ajoute une petite précision, le terme Pizzly fait référence à une espèce d’ours née du réchauffement climatique via la descente vers le sud des ours blancs et de leur croisement avec les grizzlys.

Voici un article sur cette BD :
https://www.actuabd.com/Les-Pizzlys-par ... essinee-et

[Shatzy Shell]

Oh Comès, je pense que ça va pas mal m’intéresser ! Merci pour la référence !
Je suis allée zyeuter un peu et le style graphique fait écho à Leo Quievreux.
Voir ci dessous quelques pages extraites de « Le programme immersion »

[Judith]

Oh Comès, je pense que ça va pas mal m’intéresser ! Merci pour la référence !

De rien, c'est avec plaisir. Pour l'aborder, le mieux est sans doute de commencer par Silence. C'est l'histoire, située dans la campagne ardennaise, d'un jeune paysan muet d'une grande pureté de cœur. Sa simplicité le rend victime d'un homme mauvais mais sa rencontre avec une sorcière changera profondément sa destinée. L'auteur y est à son meilleur.

[papy-olivier]

Franquin, surtout Gaston, et Gotlib
Bien d'autres évidemment (la bibliothèque est bien garnie), mais comme références, ce sont ces deux-là

[Rune]

Et bien voilà un fil auquel je voulais répondre il y a quelques temps, et qui m'avait échappé depuis ! Merci de l'avoir ouvert, et d'y avoir ajouté le lien vers le fil que je ne retrouvais plus

En plus, pour celui-ci, l'idée est de donner ses ''meilleures références'', c'est presque plus facile.

Donc pour ma part, voilà les classiques qui ont forgé ma culture BD, et une partie de mon imaginaire :
-Gaston Lagaffe et Mafalda pour le rire, Sambre et Comès pour le côté sombre, qui ont déjà été cités dans ce fil ou dans l'autre sur la BD.

-Philémon, de Fred. Enfant, j'étais particulièrement sensible à l'univers onirique de cette BD, et à sa façon de faire des pas de côté par rapport à pas mal de ''normes''. (Le personnage de la BD qui refuse en bloc le rêve pour n'accorder de valeur qu'au travail et à la réalité est clairement celui qui n'a rien compris... Alors que le héros est un va-nu-pieds qui accepte de se laisser aller au gré des histoires.)






Et Cythère, l'apprentie sorcière, du même auteur et dans le même esprit, mais il n'y a qu'un seul tome
(...mais l'héroïne est une fille ;-) :

[Rune]

-Corto Maltese, d'Hugo Pratt. Je trouve que c'est un bon déclencheur d'imaginaire lui aussi : les histoires font visiter le monde, réel et magique, les méchants ne sont pas manichéens, les femmes sont fortes et fascinantes. Et tout de même, Corto a un beau profil...



-Brétécher, en particulier Agrippine. Je suis fan de ses inventions verbales, et de sa capacité à saisir l'âge un peu évanescent de l'adolescence, tout en ayant une portée universelle :

[Rune]

Pour ceux qui ne sont pas encore des classiques, mais sait-on jamais... (en tout cas, cela fait partie des lectures de BD que j'ai retenues ces derniers temps) :
-Thimoté Le Boucher
J'ai vraiment été marquée par un des titres de cet auteur : Ces jours qui disparaissent

Cela parle d'un jeune homme qui se met peu à peu à avoir des ''absences'', et réalise que lors de ces absences, c'est un autre lui-même qui vit à sa place. Un autre lui-même dans le sens où ils partagent le même corps, mais ont des personnalités et des goûts assez dissemblables. Durant un temps, ils finissent par trouver un moyen de communiquer et de se partager leur vie, puis le ''double'' finit par prendre de plus en plus de place...
J'ai trouvé que cette lecture distillait un trouble efficace, car nous restons toujours du point de vue de la personnalité n°1 qui finit par se perdre peu à peu, sans jamais avoir d'explication sur ce qui arrive ''en réalité'' au personnage. Cela me semble une métaphore assez intéressante de ce que l'on perd de nous-même en avançant en âge, ou encore de la part de nous qu'on renie ou qu'on refuse d'accepter... Mais ce n'est que ma lecture, et l'oeuvre me paraît un potentiel réservoir d'interprétations diverses !

Ses autres œuvres suivent le même filon. Je n'ai pas encore lu 47 cordes, mais le synopsis me laisse penser que ça va me plaire.


-Posy Simmonds
Avec cette autrice, on est plus du côté du roman graphique, il me semble. Je la cite malgré tout, car j'aime beaucoup l'humour grinçant très british présent dans toutes ses œuvres.
Petit crush en particulier pour Gemma Bovery, revisite assez caustique de celle de Flaubert. Comme chez ce dernier, je suis partagée entre le fait de trouver un peu dur de voir qu'elle ne sauve aucun de ses personnages, car ils sont tous un peu pathétiques (...et très humains, aussi...), mais sans pouvoir m'empêcher d'en rire.

Je précise que ce n'est pas l'histoire exacte d'Emma Bovary. C'est plus drôle, puisqu'il s'agit du récit fait par le boulanger d'un petit village normand, complètement affolé de voir sa nouvelle voisine anglaise, Gemma Bovery donc, prendre le même chemin que son illustre presque homonyme... Derrière tout ça, il y a une vraie réflexion sur le fantasme, la littérature, et le fantasme de littérature.

[Rune]

-Emmanuel Lepage
Je trouve son propos parfois un peu didactique (moi, ça ne me dérange pas, je suis généralement d'accord avec ce qu'il raconte ), mais il a un graphisme très esthétique, et plusieurs planches belles comme des tableaux :





Ps : désolée pour le post en plusieurs messages, mais je voulais mettre plein de belles images, et le site n'avait pas l'air d'accord ! ...et comme je préférais laisser les images, vu le sujet...

[Shatzy Shell]

Merci Rune pour toutes ces références !
L’histoire du personnage qui disparaît peu à peu au profit d’une autre personnalité m’intrigue beaucoup. C’est dommage je n’arrive pas a voir les images : ça m’affiche que je ne suis pas autorisée à les voir. Est-ce qu’il y a un problème général ou suis je la seule à ne pas les voir ? Je vais aller voir tes références en tout cas ! Je suis dans une période boulimique de découvertes bd.

Je suis également une grande fan de Fred et notamment de Philémon qui a accompagné mon enfance et que j’apprécie toujours de relire. Les dessins et l’imagination de Fred sont d’une grande poésie. Je crois que c’est la série bd qui m’a le plus marquée. Elle a vraiment contribué à faire qui je suis aujourd’hui sur le plan des rêves et de l’imagination, mais aussi de l’humour. Je crois que c’est Philémon qui m’a donné envie de faire de la bd.

[Judith]

Est-ce qu’il y a un problème général ou suis je la seule à ne pas les voir ?

Je ne les vois pas non plus, je pense que c'est lié au site.

[Rune]

@Shatzy Shell et @Judith Désolée en effet ! Il me semble que c'est lié au fait que j'ai chargé les images dans ma galerie, qui n'est accessible qu'aux ''noirs''. Je le savais, en plus, mais par habitude de charger les images à cet endroit, j'ai zappé. Et je ne peux plus éditer, maintenant.
C'est malin, moi qui voulait illustrer joliment mon post qui se trouve dans le jardin, et donc accessible aux non inscrits...

Pour la peine, j'en remets au moins une, en spoiler pour ne pas faire redite pour ceux qui voient déjà les images, j'espère que cette fois vous pourrez la voir

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Emmanuel Lepage, Muchacho

@Shatzy Shell Mais oui, l'humour de Fred ! Décalages et absurdité... Je crois que ce que j'apprécie vraiment aussi, c'est voir les personnages réagir à l'inverse de ce qu'on pourrait attendre.

[GraineDeNana]

Sur les conseils de @Shatzy Shell, j'ai donc lu Les pizzlys de Jérémie Moreau (2022, édiltions Delcourt).

Sinon pour parler un peu plus de ma BD préférée, les Pizzlys de Jérémie Moreau… Il s’agit d’une BD qui raconte l’histoire d’un jeune homme, devenu chauffeur uber pour subvenir aux besoins de son petit frère et de sa petite sœur depuis la mort de leur mère qui les a laissés tous les trois orphelins. Passant du temps sur son application et dans sa voiture, il développe un trouble de perception de l’espace dans lequel il se perd.

C'est plus complexe que ça à mon avis. Ce rapport perturbé entre ce jeune homme et son environnement est un des thèmes centraux du livre, il surgit dès la page 4 et donne lieu ensuite à de magnifiques images (pages 6-7 il flotte au-dessus de la ville la nuit et 93-94 il flotte au dessu de l'Alaska et dessine cent chemins dans la neige au cours de longues promenades diurnes). Cependant, il me semble qu'il faut comprendre que le héros s'est tellement déconnecté de son environnement (il est chauffeur UBER mais il ne regarde pas les rues, il ne peut pas rejoindre l'aéroport sans son GPS...) qu'il en arrive à être déconnecté de lui-même, dans des épisodes de quasi-dépersonnalisation (pages 36-37, sa soeur lui demande d'ailleurs : "ça va ? t'es tout bizarre depuis le début du voyage", "ça va, j'étais ailleurs", cet ailleurs étant juste qu'il flotte, 63-64 par exemple). En tant que médecin, j'ai même pu penser à des crises d'épilepsie partielle, avec des moments de déconnection mal compréhensibles, mais qui peuvent conduire le héros à s'interroger sur ce qu'il est réellement. Sa "reconnection" à la planète va passer par cette dépersonnalisation qui lui permet de laisser place en lui à une sorte de totem animal (un ours en l'occurence, pages 162 à 165), et c'est grâce à cette reconnection qu'il sera en capacité de se sauver ainsi que sa famille dans un moment critique.

Pour écrire ce livre, Jeremy Moreau s’est inspiré de l’anthropologie et j’apprécie qu’il ne tombe pas dans un idéalisme manicheen et qu’il reste assez neutre. On y voit autant différentes conceptions du monde que les effets du changement climatique. Les images sont somptueuses et le choix de remplacer le magenta par une encre légèrement fluo apporte un certain onirisme qui résonne bien avec une atmosphère nordique, baignée de la lumière particulière des aurores boréales. Les images sont d’une grande poésie. Si on les observe bien, elles sont d’une grande simplicité, et pourtant… Les cadrages et les couleurs sont puissants de sensibilité. Ce que j’apprécie chez Jérémie Moreau c’est sa capacité à mêler poésie, contemplation et réflexions profondes sur notre humanité et notre place dans la nature.

Alors pour moi, au contraire, le défaut du livre c'est qu'il est un peu manichéen (la magnifique civilisation sauvage contre la barbarie industrielle du monde occidental cause de tous les maux). Il est sous-entendu que l'alcoolisme et la violence d'un des personnages découle de la perte repère que subissent les peuples autochtones d'Alaska suite au déferlement du mode de vie occidental. Les enfants occidentaux qui ont perdu toute créativité etc... lepetit garçon accroché à sa Switch..., le retour à la nature rédempteur, tout cela manque un peu de subitilité mais l'ensemble est riche et surtout je te rejoins, les images sont à la fois simples et si complexes, pleines de poésie, l'emploi des couleurs est novateur, les dessins de rêve animalier en pleine page sont tout simplement splendides ! J'apprécie aussi le fait que cette BD (classée dans l'article que tu cites comme "roman graphique", je me demande bien pourquoi) soit assez peu bavarde, laissant toute la place à notre imagination, et à notre propre reconnection à... nous-même !

J'aimerais conseiller un roman graphique, je le mets ici mais j'ai hésité à le mettre dans le fil Que lisez-vous en ce moment ?, il me semble qu'un fil dédié au roman graphique fait défaut au forum, faut-il en créer un, qu'en pensez-vous ?

Bref, je conseille la lecture de Rosalie Blum de Camille Jourdy, une série de 3 albums (qui ne peuvent pas se lire indépendamment) publiés entre 2007 et 2009 et dont Actes Sud ( ) propose depuis 2021 une intégrale dans un format souple très agréable à manipuler (38 euros, disponible dans toutes les bonnes médiathèques ).
C'est un livre d'aspect modeste. Le graphisme est discret, dans les couleurs un peu éteintes de la vie de province. Le scénario de départ (un coiffeur d'une trentaine d'année se met à suivre régulièrement l'épicière d'une cinquantaine d'années dans une petite ville de province) paraît bien mince, il est en fait riche et ne nous conduit pas toujours où prévu, les personnages qui apparaissent progressivement sont tous très intéressants, chacun a une vraie place, la psychanalyse surgit avec beaucoup d'humour et de recul, c'est un roman moderne sur ce que nous faisons/voulons faire de notre vie. A lire rien que pour le personnage hilarant de Kolocataire, un escroc obsédé par l'idée de monter un spectacle de cirque. La première et la deuxième partie se répondent parfaitement, la troisième finalise l'histoire.
De la très bonne littérature

[Tamiri]

Comme d'autres plus haut je crois que c'est Franquin qui va occuper le plus de place dans mon imaginaire personnel. Je ne sais pas si c'est mon goût personnel ou si c'est l'effet de la dose massive de zorglonde que j'ai reçue (quel plaisir d'être un zorgchat, uoaim !). Le premier album que j'ai possédé était Le nid des marsupilamis et, à titre de clin d'œil au sujet sur les Schtroumpfs, j'avais eu la main plus heureuse en prenant mon premier album de Franquin que pour mon premier album de Peyo
En outre, j'aime beaucoup les illustrations de Franquin y compris hors de ses propres ouvrages, je pense en particulier à ses curieux titres pour Le Trombone illustré (éphémère supplément au journal Spirou) et à ses dessins préparatoires pour un tout aussi éphémère dessin animé, Les Tifous, qui ont été publiés ultérieurement et qui sont un régal.

tifous.jpg

Extrait du recueil publié en 1990 aux éditions Dessis. Je crains que ça ne se trouve plus que d'occasion, je n'ai pas l'impression qu'il y ait eu de retirage.
(L'image est coupée à droite, je ne voulais pas forcer la reliure de mon bouquin dans le scanner...)

C'est à la lecture d'une anecdote au sujet de Franquin que j'ai eu la bonne idée de me procurer les Johan et Pirlouit de Peyo que je n'avais pas lus enfant, sans raison précise. En effet Franquin admirait les qualités de mise en scène de Johan et Pirlouit et l'anecdote en question raconte qu'il en citait l'exemple à ses élèves et collaborateurs en les incitant à en regarder des planches de loin (pour montrer que même de loin sans pouvoir lire le texte ni voir les détails, l'action est lisible).

Pour parler de tomes isolés au sein de séries cette fois, j'avais vu en exposition les planches de la première version en noir et blanc du Lotus bleu d'Hergé, dans la foulée j'ai acheté le volume précisément dans cette version et je conserve une certaine fascination pour cet ouvrage.

lotus bleu 33.jpg

Page 33

Par ailleurs j'ai aussi une grande affection pour le volume La proie et l'ombre de la série Yoko Tsuno de Roger Leloup, et ce, depuis la fin des années 1990 c'est-à-dire assez longtemps après ma première lecture. À ce moment là beaucoup plus que lorsque j'étais enfant, l'album est venu activer tout simplement un certain nombre d'autres références, à savoir au premier chef l'un de mes opéras favoris, La Dame Blanche de Boieldieu ; un peu de Walter Scott, arrière-plan culturel que partagent l'opéra et la BD en question ; et quelque-chose du Château des Carpathes de Verne. Bref c'est un album de BD qui me trotte souvent dans la tête autant par lui-même que par association d'idées.

Pour finir j'éprouve aussi une certaine fascination pour Le Rayon U de Jacobs alors même que ce n'est pas, et de loin, le livre qui me passionne le plus au monde. Plus exactement on m'a offert il y a très longtemps une édition en trois volumes contenant tous les Blake et Mortimer de Jacobs (c'était avant que d'autres auteurs ne terminent le second tome du Professeur Sato) ainsi que la version redessinée et redécoupée du Rayon U. Mais, dans la préface, se trouvait, aux côtés d'une de la première planche de Jacobs quand il avait dû improviser la fin d'une histoire de Flash Gordon, une reproduction d'une des premières planches du Rayon U tel que pré-publié dans un magazine. Et ce qui m'avait beaucoup intrigué·e et fortement séduit·e dans l'affaire, c'était en particulier : l'absence de bulles avec le texte placé dans l'image, comme un intermédiaire entre la solution "ancienne" du texte sous l'image et celle, "moderne", des bulles et des cadres pour la narration ; le lettrage soigné ; le dessin pas encore sous influence d'Hergé, tracés plus fins et employés de manière moins systématiques, recours au dégradé plutôt qu'à l'aplat homogène (voyez le drapé qui est figuré parfois par le trait, parfois par la couleur).
En ce qui concerne le texte, ça ne se poursuit pas jusqu'au bout : à partir de la 11e planche, Jacobs opte définitivement pour des cadres sur fond blanc, par ailleurs à partir de cette même page, le lettrage est tantôt en caractères typographiques tantôt à la main, mais bien moins méticuleux.

Rayon U 1.jpg

Première planche.

rayon U 2.jpg

Deuxième planche.

Or, donc, je savais grâce à cette préface que cette version existait, mais seule la version suivante était disponible en album. En 2011 est sortie enfin une réédition de la première version. Petite déception : j'ignorais que certains des aspects que j'avais trouvés originaux ne se poursuivaient pas au delà de la 11e planche (en revanche du point de vue du dessin cela reste homogène, avec une curiosité toutefois : au milieu de l'histoire, quelques planches sont en noir et blanc, non par choix mais parce que seule une partie de la pagination du magazine était en couleurs, et que l'histoire de Jacobs avait ponctuellement cédé la meilleure place à l'occasion du lancement d'autres séries).
Et grosse déception sur le plan matériel, cette édition a un format bien trop petit, voyez à côté d'Eugénie qui est pourtant une toute petite minette de même pas 3 kg. Pfff c'est pas sérieux. Heureusement qu'on peut admirer Eugénie pour compenser.

moumousse.jpg

[GraineDeNana]

euh, @Tamiri, il n'y a pas de photo...

[Tamiri]

Normalement c'est réglé.

Bon, histoire de ne pas spammer pour ne dire que ça :

J'ai acheté La Flèche ardente, suite parue cette année au Rayon U et concoctée par certains des auteurs par ailleurs repreneurs de Blake et Mortimer.
Bon, je réserve à une relecture mon avis sur le livre en lui-même, mais sur le principe de base, j'y trouve un contresens. À savoir que les auteurs ont voulu donner un second tome à l'histoire originale (spolier dans la boîte)...

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...et donc :
Revenir sur la relation entre le prince Nazca et la princesse Ica avec happy-end ; faire revenir puis re-tuer le traître Dagon ; expliquer ce que devient la cité souterraine des pseudo-précolombiens ; enterrer définitivement le gisement d'uradium ; destituer Babylos l'empereur du pays rival ; mettre une réflexion sur les risques d'une énergie transformée en arme, avec le professeur Marduk à deux doigts de passer du côté obscur.

D'une part l'ouvrage, dans un certain sens et par la (certes toute relative) touche de modernité qu'il insère, navigue entre deux eaux, ne semblant pas vouloir jouer complètement le jeu de l'exercice de style rétro. Ainsi, la manière dont les auteurs reviennent sur le risque de transformer le fameux rayon U en une allusion à l'arme atomique semble naturelle pour nous, lecteurs post-Hiroshima, alors que tout incite à penser qu'en 1943, quand Jacobs improvise littéralement les rebondissements de son récit à chaque planche hebdomadaire, c'est vraisemblablement sans prémonition particulière et sans faire montre d'un engagement spécifique. De ce point de vue, ce que le récit d'origine a de naïf voir de gentiment écervelé, au contraire, c'est par exemple d'intégrer une cité en flammes sans que cela ne semble poser de cas de conscience aux héros, ou des séquences d'avions qui mitraillent des gens, dans une BD censée remonter le moral des lecteurs pendant une guerre réelle. En outre le récit de Jacobs ne se préoccupe pas plus que ça de vraisemblance, et de ce fait rien n'appelait clairement un second volume destiné à clore chaque élément du récit.
C'est en effet la dernière case du Rayon U qui donnait pourtant le ton d'une continuation, si elle fait dû exister : (...) l'escadre victorieuse emporte les héros de tant d'étonnantes aventures vers la Norlandie et vers d'autres aventures plus merveilleuses encore. Cela invitait littéralement à une nouvelle extravagance et même à une surenchère, plus qu'à une suite n'assumant pas totalement le côté feuilletonesque.
(attention spoiler : )

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L'une des rares choses que je trouve dans le ton, en fait, c'est la façon dont est réintroduit Dagon, le traitre : "en fait, il n'était pas mort..."

Quelqu'un d'autre l'a lu ?

[Tortue]

Zut, je m'apprêtais à abonder dans ton sens, avant de me souvenir que je confonds toujours Franquin et Fred. Cela dit, j'aime aussi Franquin. Gala de gaffes à gogo me faisait tellement rire chaque fois que je le lisais que j'avais des étourdissements. J'ai donc prudemment arrêté de consommer cette substance

[Tamiri]

Certes, à la lettre F, j'aime assez Fred, mais pour ma part je lui préfère F'murrr, aussi.

[Judith]

Quelqu'un d'autre l'a lu ?

Je l'ai acheté, lu rapidement et franchement détesté. Pas de point de vue sur le matériau d'origine, rebondissements ratés, incohérences, héros archi-plat, anachronisme total, pas grand chose à sauver pour ma part. Graphiquement c'est soigné, mais le charme s'affadit assez vite.

[Tamiri]

J'y ai re-jeté un œil. Graphiquement justement, ils se prennent les pieds régulièrement dans le tapis et ils ne tiennent pas la distance : de proche en proche, quelque-chose leur échappe. Ici une posture qui jure avec le maintien hiératique des personnages ; là, un visage à l'expression beaucoup trop appuyée ; ailleurs, un décor à la profondeur de champ trop réaliste pour l'esthétique théâtrale de Jacobs. Quant au langage narratif, c'est ici tout simplement le rythme qui n'est pas compris. Dans Le Rayon U (comme du reste dans Le Secret de l'Espadon), Jacobs utilise des "récitatifs" denses et presque systématiques, les ellipses entre les cases sont donc importantes et l'héritage de la technique du récit illustré est encore présent. Le nouveau volume a un découpage séquentiel beaucoup plus serré, plus proche de l'usage actuel, de sorte que si l'ouvrage de Jacobs accumule beaucoup de péripéties, il se passe beaucoup moins de choses dans celui de ses successeurs à nombre égal de pages. Cela contribue très largement à me donner l'impression que cette "suite" est parfaitement vaine, je ne comprends pas l'intérêt de pasticher alors que l'on a manifestement pas pris la peine de s'imprégner de l'original en profondeur. Sur le principe je préfère largement les reprises successives de Spirou où chaque auteur applique son propre langage.

[Judith]

Cela contribue très largement à me donner l'impression que cette "suite" est parfaitement vaine

C'est un produit purement marchand, rien de plus, je le crains. J'aime beaucoup les Blake et Mortimer, mais les reprises m'ont toujours paru passer royalement à côté de la série d'origine. Il y a une exception, Le dernier pharaon où Schuiten a réussi à construire un album à la fois profondément personnel, visuellement splendide et très fidèle à l'esprit de Jacobs (malgré un scénario décevant qui gâche un peu les choses, mais c'est mieux que rien).

[Tortue]

Certes, à la lettre F, j'aime assez Fred, mais pour ma part je lui préfère F'murrr, aussi.

Jamais lu, j'en prends bonne note !