Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Répondre
enufsed
Messages : 2025
Inscription : mer. 8 mars 2017 17:07
Profil : Bilan +
Test : WAIS

Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par enufsed »

Une petite histoire du metal

J’ai pris l’habitude d’abreuver le fil rock etc de mes écoutes, j’ai eu la joie de découvrir que j’étais parfois lu. Cette musique compte beaucoup pour moi et depuis longtemps j’ai envie de partager un peu plus que des groupes et albums, et un peu égoïstement me fabriquer un compendium pour défricher et approfondir, et si ça peu intéresser d’autres, déciller quelques yeux et ouvrir quelques oreilles.
Alors j’aurais pu faire ça sur un forum dédié, mais entre nous, il y traîne des spécialistes hautement plus qualifiés et puis ce forum c’est un peu ma chambre de gosse, je me sens à l’aise pour y déballer mes jouets, si quelqu’un veut jouer, il peut participer et faire comme chez lui. M'atteler ainsi à faire des sujets construits c'est aussi m'obliger à être un poil sérieux, ce qu'on y gagne en intérêt on le perd en productivité puisque cette première livraison traîne sur mon mac depuis des....*compter les toiles d'araignées*
Alors mon idée c’est de parler de metal, de style, d’histoire, de tout ce qui peut tourner autour de ça, sans ordre chronologique parce que la tâche en deviendrait écrasante et franchement pas ludique.

--------------------------------------------------
Episode 1 : LE BLACKGAZE

On va commencer par un mouvement qui me tient à coeur et qui a composé une partie notable de mon horizon musical il y a quelques années. À l’origine il y eut le Shoegaze : de « shoe » chaussure et « gaze » regarder, pour désigner l’expérience live de certains groupes jouant littéralement en regardant leurs chaussures. Deux raisons avancées à cela : une musique vécue et transmise dans l’intériorité et le goût prononcé pour les pédales d’effets (actionnées par les pieds, d’où le regard au sol). L’un des groupes phares de ce mouvement reste My Bloody Valentine et en particulier l’album Loveless (1991).
Petit extrait qui transcrit bien cette ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=FyYMzEplnfU

* Amesoeurs
En 2005 sort en France le premier EP Ruines humaines d’une jeune formation : Amesoeurs, portée essentiellement par un trio, Neige, Audrey Sylvain et Fursy Tessier. Les morceaux portent déjà la patte de Neige (c'est son pseudo) future tête pensante d’Alcest et propose une musique mélancolique portée par des riffs et sonorités issues du black metal. Musique déjà hautement fermée sur elle-même portée à une vision dépressive de la société. Amesoeurs publiera son unique album éponyme en 2009 avant de se dissoudre.
Bien que certains placent plus tard la naissance du blackgaze, il est tout à fait raisonnable de voir dans Amesoeurs l’acte de naissance de ce style musical contraction donc de black(metal) et (shoe)gaze

Deux extraits :
Faiblesse des sens issu de l’EP Ruines humaines
https://www.youtube.com/watch?v=VYUdlGwV7ZY

Recueillement issu de l’album Amesoeurs, un pas déjà est franchi vers la mise en avant de la personnalité musicale de Neige
https://www.youtube.com/watch?v=6l4SBM1py00
► Afficher le texte
* L’avènement : Alcest
Fondé par Neige, la formation Alcest sort sont premier album en 2007 : Souvenirs d’un autre monde. L’album s’inscrit dans la descendance directe de My bloody Valentine en conservant la voix claire et effacée, presque susurrée. Cependant les nappes saturées sur lesquelles se développent les morceaux (comme celui-ci Printemps Emeraude https://www.youtube.com/watch?v=EUmpLabNJaE), la durée plus longue issue typiquement du milieu metal et le parcours du musicien suffisent à donner une couleur nouvelle au shoegaze.
Le basculement sera complet avec mon album préféré : Écailles de Lune sorti en 2007 où le chanteur retrouve la voix hurlée déjà présente sur Amesoeurs mais sur la base de rythmiques et sonorités plus proche du black metal.
Percées de lumière reste mon morceau indéboulonnable du groupe et à marqué ma découverte de cette musique : https://www.youtube.com/watch?v=e-kW-rx ... JG9dRChFoM

* L’école américaine : Deafheaven
Influencés par Alcest, après un premier album bien accueilli, les américains de Deafheaven sortent en 2013 une véritable bombe : Sunbather.
Mélange de black et post metal / screamo, cet album marque de suite la singularité de cette formation qui se dérobe aux classifications du moment en instillant des passages plus lents qui n'ont rien à voir avec les traditionnelles ruptures de rythme du black metal. Certains agacés par ces libertés prisent avec leur genre fétiche ne tarderont pas à taxer Deafheaven de black pour hipsters.
Vertigo : https://www.youtube.com/watch?v=IpblqUh_C24

Leur opus suivant New Bermuda m’a longtemps accompagné, en particulier le morceau Baby Blue, toujours sur des riffs lourds, une voix black et un style plus post metal.
https://www.youtube.com/watch?v=x5Dk6D3J2UE

Pour ceux que cela interpelle, la pochette est une oeuvre de l’artiste américaine Allison Schulnick dans une veine très expressionniste.
Image

Le dernier album dans la ligne Blackgaze est Ordinary Corrupt Human Love sorti en 2018. Le groupe glisse déjà vers autre chose mais cette évolution contribue à complexifier leur musique. Le morceau avec Chelsea Wolf en voix claire est le signe d’un basculement vers le dernier album en date Infinite Granite que pour ma part je n’ai pas réussi à écouter plus de 5 mins, ce n’est plus du tout metal, c’est devenu à mon sens un pop rock sirupeux. C’est un véritable crève coeur pour moi.

Deafheaven a accordé une interview attestant de l'influence d'Alcest sur leur musique
https://www.stereogum.com/1617782/decon ... ing-board/

J’aborderai plus rapidement les héritiers et compagnons :

* Sylvaine : artiste norvégienne qui s’inscrit dans la droite filiation d’Alcest (ce n’est pas un hasard si Neige était présent dans la salle lors de son récent concert à Paris auquel j’ai eu le plaisir d’assister) mais avec cette couche nordique plus pagan folk. Sylvaine réussit étonnement à alterner entre voix claire cristalline et un chant hurlé que je trouve personnellement plus convaincant dans ses affinités black metal que celui de son modèle français.

Mørklagt : https://www.youtube.com/watch?v=bvHOVuCvvHI

Ce que j’apprécie dans cette déclinaison nordique du blackgaze c’est l’intégration des influences lointaines du Kulning.
Qu’est-ce donc que le Kulning ? C’est le chant traditionnel nordique d’appel du troupeau comme l’illustre cette vidéo https://www.youtube.com/watch?v=KvtT3UyhibQ (où l’on note que les agricultrices sont toutes en robes blanches immaculées ce qui change de la combi à fermeture éclair kaki floquée du logo John Deere pleine de boue de nos contrées). L’une des plus ardentes défenseurs de ce mélange metal / kulning restant Myrkur dans un domaine qui nous éloigne du blackgaze.

* Bosse de Nage : groupe californien plus versé dans le post-black et screamo, ils conservent cependant cette racine mélancolique et un usage fréquent du trémolo.
https://www.youtube.com/watch?v=FVbvdMrpieo

Dans cette droite ligne mais déjà plus proche de ce qu’on appelle suicidal black metal (oui ça existe) reste à citer Ghostbath dont le chanteur s’illustre par une voix hurlée stridente évoquant un asile de cinéma (sur le morceau proposé y a aussi les sanglots, attention on peut trouver ça un peu flippant mais c’est pas non plus du Stalaggh…et non je ne vous incite pas à écouter Pure Misanthropia…ne faites pas ça !). Les parties de guitare plus claires sont très évocatrices de ce qu’on trouvait dans Amesoeurs, on reste donc dans le thème.
Burial : https://www.youtube.com/watch?v=JsVZ7TQ ... rt_radio=1

Pour terminer, je ne suis qu’un piètre musicien mais pour celles et ceux qui sont plus à l’aise, une très bonne vidéo mettant en jeu des accords guitare typique du blackgaze (ce qui me donne d’ailleurs envie de ressortir la mienne de son étui)
https://www.youtube.com/watch?v=Jgp7zF6OxAA

Invité

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Invité »

Merci pour ce fil très enrichissant.
J'aime beaucoup l’œuvre d'Alison Schulnick pour la pochette de New Bermuda.

Faute de connaissances dans le domaine traité, je me contenterai de poser deux questions.

Pour me cultiver un peu, j'ai lu en complément de ton message cet article très nourri de La Vie des idées, qui m'a donné un aperçu de la réception esthétique et savante du genre Heavy Metal et de l'évolution des Metal Studies qui se développent, en Amérique et ailleurs, depuis les années 2010.

Pour revenir à mes questions, la première portera sur l'origine du genre. Il y a, d'après l'article mentionné plus haut, un débat entre musicologues sur la question : si tous s'accordent à dater les débuts du Heavy Metal des années 1970, une partie d'entre eux pensent que le genre s'est créé par différenciation d'avec le Hard Rock, notamment par l'abandon des éléments empruntés au Blues (comme le rejet, voire la transgression systématique des accords traditionnels du Blues, et bien entendu, l'abandon des thématiques et des symboles liées à l'histoire afro-américaine). Une autre partie, qui estime que la question est mal posée de cette façon, place davantage l'histoire du genre sous le signe de l'éclectisme et des généalogies multiples, et y voit pour partie une réappropriation transgressive d'éléments relevant de la musique classique.

As-tu un avis, en tant que mélomane érudit, sur cette question, qui me paraît très intéressante pour appréhender finement les spécificités du genre et mieux le comprendre?

Ma seconde question porte sur le public de ce courant et ce qu'il y cherche. Je citerai comme point de départ une phrase de l'article, une citation tirée d' une étude générale menée par des ethnomusicologues -donc biaisée mais qui semble malgré tout bien informée (Metal Rules the Globe: Heavy Metal Music Around the World publié en 2012 par Jeremy Wallach, Harris Berger et Paul Greene) : " le metal est la musique « de toute personne qui, frustrée par les promesses que la modernité n’a pas tenues, souhaite adopter une culture marginalisée et transgressive afin d’exprimer ces sentiments. » Les auteurs ont apparemment dégagé toute une pléiade de stratégies décelables dans le Metal en vue de ce qu'on pourrait appeler un "réenchantement du monde" à la fois polymorphe et alternatif, ou encore de la création d'une contre-culture en réaction à un sentiment d'aliénation perçu comme insoutenable : forte charge émotionnelle, recours à des mythologie néo-païennes, emprunts à la Science Fiction et au satanisme, etc. Il s'agirait en gros pour les "métalleux" de trouver une position cohérente parmi d'autres stratégies du même type jugées inacceptables, comme le repli identitaire ou l'adhésion idéologique sans complexe à la mondialisation néo-libérale.

Les auteurs de l'article, Gérôme Guibert et Jedediah Sklower, ne sont pas d'accord avec ce point de vue, pour diverses raisons que je laisse (pour le moment) de côté ; les lecteurs du fil qui seraient intéressés peuvent aller les découvrir dans leur texte.

En tant qu'amateur, penses-tu que le Heavy Metal joue ce type de rôle pour toi? Ou bien s'agit-il de tout autre chose dans ta propre expérience?

Merci d'avance de tes réponses. :)

Avatar de l’utilisateur
Tamiri
Chat du forum
Messages : 2275
Inscription : sam. 30 sept. 2017 21:43
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 47

Ancien Membre de l'équipe

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Tamiri »

Merci aussi @Judith pour l'article, j'ai trouvé cette synthèse bien agréable même si, pour ma part, j'en suis au stade de la curiosité ordinaire vis-à-vis de quelque-chose qui m'est "exotique", et donc pas encore au point de m'inquiéter de l'enjeu épistémologique qui est l'objet premier du texte.
► Afficher le texte
Au sens de l'approche musicologique commune, tout ceci s'inscrit dans un rapport de parenté avec la branche afro-américaine et ce quel qu'en soit par ailleurs l'éloignement ; sur ce point, en ce qui concerne la "seconde voie", l'article n'évoque d'ailleurs pas une rupture totale de filiation mais, en effet, une généalogie multiple. Cela m'étonne qu'il y ait sur ce point une "controverse" tant la vision d'une généalogie musicale à la manière de l'évolution biologique semble superficielle et excessivement déterministe.
Or sur ce point, pour tout dire, la question m'avait un jour effleuré•e à la vision d'un court reportage, par définition superficiel, sur un aspect plus ou moins précis mais journalistiquement vendeur, à savoir, l'existence de groupes extrémistes. Certains des "sujets" du reportage utilisaient d'ailleurs eux-même le terme de "rock". Et qui pourtant affirmaient jouer une musique qui n'appartenait qu'à eux et qui ne devait rien à personne. Donc la première chose qui m'était venue à l'esprit était qu'à la place du journaliste, j'aurais eu une folle envie de demander à ces gens : "Comment faites-vous pour vous y retrouver avec un genre musical entretenant, dans des proportions discutables j'en conviens, un rapport de parenté avec une culture afro-américaine ? Puisque vous dites que vous êtes des nazis, ne serait-il pas plus légitime de reprendre les recherches de l'Ahnenerbe et de chercher à retrouver des pratiques musicales de vos supposées racines, par exemple par le biais de l'archéologie expérimentale ?"
J'imagine qu'en réalité je n'aurais pas posé la question pour éviter de me prendre des baffes.
Pour le reste, et sans avoir besoin d'aller très loin en termes d'analyse, ce sont les choses les plus apparentes qui font que dans certains cas, toute prise de distance à caractère "identitaire" semble n'être que rhétorique ; des choses toutes bêtes comme certaines bases de l'instrumentarium, ou encore les codes comportementaux du public - eux-mêmes en lien également avec les dispositions matérielles des lieux de concert : le public debout, la scène strictement frontale... incitent à se poser des questions sur la manière dont est reçue et envisagée cette parenté avec la lignée blues/rock.
Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil

Avatar de l’utilisateur
homer
Messages : 2072
Inscription : dim. 20 févr. 2022 14:25
Présentation : viewtopic.php?p=352792#p352792
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Lyon
Âge : 55

Super contributeur

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par homer »

Merci @enufsed , ça va me permettre de découvrir le métal, que je ne goûte guère à ce jour mais rien n'est perdu, tu pourrais me permettre d'élargir ma palette de goûts !
C'est un type qui rentre dans un bar et qui dit "salut c'est moi !"; et en fait c'était pas lui.

Invité

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Invité »

Tamiri a écrit : sam. 7 mai 2022 16:22 Pour le reste, et sans avoir besoin d'aller très loin en termes d'analyse, ce sont les choses les plus apparentes qui font que dans certains cas, toute prise de distance à caractère "identitaire" semble n'être que rhétorique ; des choses toutes bêtes comme certaines bases de l'instrumentarium, ou encore les codes comportementaux du public - eux-mêmes en lien également avec les dispositions matérielles des lieux de concert : le public debout, la scène strictement frontale... incitent à se poser des questions sur la manière dont est reçue et envisagée cette parenté avec la lignée blues/rock.
Pour le peu que je connais, je suis d'accord avec toi. Je crois comprendre qu'ensuite, ça dépend vraiment des groupes et des "lignées" musicales. Certaines sont apparemment restées proches du blues tandis que d'autres le reniaient complètement.
Un ensemble apparemment fondateur du heavy methal, Black Sabbath, entretient de nombreux rapports avec le blues, mais aussi le jazz. L'histoire de ses membres est édifiante à ce sujet, et musicalement, c'est très net dans un morceau comme celui-ci.

Wicked World

Cela dit, ma question sur les origines était un peu décalée, dans la mesure où le message d'Enufsed portait sur le Blackgaze, qui est un mouvement relativement récent, parfois même, semble-t-il, classé dans le Post Metal. L'influence du blues y est probablement très dissoute, si tant est même qu'il en reste quelque chose.

enufsed
Messages : 2025
Inscription : mer. 8 mars 2017 17:07
Profil : Bilan +
Test : WAIS

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par enufsed »

@Judith et @Tamiri Vous êtes terribles :huhu:

Direct vous attaquez sur les sujets les plus débattus et surtout le sujet des sujets : la datation du mouvement metal ! Et en plus vous filez fissa sur les Metal Studies, Gérôme Guibert et compagnie.

Pour le sujet des origines je me disais que ce serait le second, parce que c'est le marronnier et qu'en vérité c'est à ce jour pas vraiment tranché (enfin moi je trancherai à ma façon, question d'école). Mais je vais devoir bosser mon sujet un chouia

Pour le sujet du public, je peux travailler ça ensuite, c'est un peu le gros des Metal Studies, qui sont souvent axées socio/anthropologie. Une thèse avait d'ailleurs été faite par Corentin Charbonnier sur le Hellfest, que je n'ai pas encore lue, ce sera peut-être l'occasion.

Bon j'ai du pain sur la planche si je comprends bien !

Avatar de l’utilisateur
Rune
La femme qui murmurait à l'oreille de Pedro
Messages : 862
Inscription : jeu. 20 mai 2021 19:11
Présentation : viewtopic.php?f=9&t=11129&p=341589#
Profil : Bilan -
Test : WAIS

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Rune »

@enufsed Comme toujours, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt ton message (...et les questionnements qui en découlent ;-).
► Afficher le texte

Invité

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Invité »

enufsed a écrit : dim. 8 mai 2022 15:30 Bon j'ai du pain sur la planche si je comprends bien !
Seulement si tu le souhaites. Je te lirai avec plaisir, j'écouterai de même ce que tu posteras et je rebondirai volontiers de mon mieux, mais faute du moindre chouïa de culture sur le sujet, je crains de devoir rester à l'ombre des marronniers. :D

Avatar de l’utilisateur
wallcreeper
Père nourricier
Messages : 1588
Inscription : dim. 17 févr. 2019 13:32
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=9896
Profil : En questionnement
Test : NON
Âge : 42

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par wallcreeper »

Judith a écrit : dim. 8 mai 2022 10:41
Un ensemble apparemment fondateur du heavy methal, Black Sabbath, entretient de nombreux rapports avec le blues, mais aussi le jazz. L'histoire de ses membres est édifiante à ce sujet, et musicalement, c'est très net dans un morceau comme celui-ci.

Wicked World
De ma période métalleuse, j'en restais aux mêmes origines que celles que tu mentionnes [mention]Judith[/mention] , où un certain consensus donnait la primauté à la bande à Osbourne (bon, quand on les (et se) voit désormais, il ne faudra pas tarder à avoir recours au carbone 14 pour la datation :rock: !).
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. J. Richepin

Avatar de l’utilisateur
Tamiri
Chat du forum
Messages : 2275
Inscription : sam. 30 sept. 2017 21:43
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 47

Ancien Membre de l'équipe

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Tamiri »

enufsed a écrit : dim. 8 mai 2022 15:30la datation du mouvement metal
Ah tiens c'est cool j'ai réussi à faire dériver le sujet sur du patrimoine industriel. Bon l'histoire de la métallurgie ça risque d'être pas mal de boulot en effet.
Judith a écrit : dim. 8 mai 2022 10:41Pour le peu que je connais, je suis d'accord avec toi. Je crois comprendre qu'ensuite, ça dépend vraiment des groupes et des "lignées" musicales. Certaines sont apparemment restées proches du blues tandis que d'autres le reniaient complètement. (...) Cela dit, ma question sur les origines était un peu décalée, dans la mesure où le message d'Enufsed portait sur le Blackgaze, qui est un mouvement relativement récent, parfois même, semble-t-il, classé dans le Post Metal. L'influence du blues y est probablement très dissoute, si tant est même qu'il en reste quelque chose.
En fait c'est le "reniement" qui m'intrigue le plus. Il peut bien ne plus rien en rester sur le plan harmonique et rythmique. Sur les plans beaucoup plus formels que je mentionnais (organologie et formes de représentation), en revanche, deux choses sont possibles simultanément, soit c'est une filiation à un degré quelconque, soit c'est une acculturation.
Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil

Invité

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Invité »

Tamiri a écrit : dim. 8 mai 2022 21:10 En fait c'est le "reniement" qui m'intrigue le plus.
En quel sens? Politique par exemple?

Avatar de l’utilisateur
homer
Messages : 2072
Inscription : dim. 20 févr. 2022 14:25
Présentation : viewtopic.php?p=352792#p352792
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Lyon
Âge : 55

Super contributeur

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par homer »

C'est génial de lire vos échanges sur ce sujet !
C'est un type qui rentre dans un bar et qui dit "salut c'est moi !"; et en fait c'était pas lui.

Avatar de l’utilisateur
Tamiri
Chat du forum
Messages : 2275
Inscription : sam. 30 sept. 2017 21:43
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 47

Ancien Membre de l'équipe

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Tamiri »

Judith a écrit : lun. 9 mai 2022 05:01
Tamiri a écrit : dim. 8 mai 2022 21:10 En fait c'est le "reniement" qui m'intrigue le plus.
En quel sens? Politique par exemple?
Surtout au sens historique. On peut alléguer une distanciation du blues sur le plan de l'écriture ainsi que de nombreux apports et métissages ultérieurs, mais balayer totalement l'embranchement partant du blues via le rock puis le hard-rock me parait particulièrement tiré par les cheveux.
Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil

Invité

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Invité »

Je comprends. Ce qu'il faudrait voir, c'est comment se produisent les éventuels "reniements" des origines afro-américaines du mouvement par des groupes spécifiques. Qui formule des généalogies alternatives, dans quels termes, dans quel but, sur quelle base (ignorance sincère, idéologie, captation d'un certain public favorable au suprémacisme blanc, etc.) Je soupçonne que c'est un sujet très complexe. Enufsed pourra sans doute nous en dire plus. Sinon j'essaierai de creuser.

Avatar de l’utilisateur
Tamiri
Chat du forum
Messages : 2275
Inscription : sam. 30 sept. 2017 21:43
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 47

Ancien Membre de l'équipe

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Tamiri »

Je ne pensais pas spécialement à une dimension idéologique, plutôt à une orientation esthétique, mais dans ce cas cela m'étonne qu'une partie des musicologues parviennent à envisager l'absence de "filiation". Du côté des "praticiens" il n'est pas impossible qu'il y ait simplement acculturation : les formes musicales descendantes à des degrés divers d'une souche afro-américaine sont omniprésentes dans le paysage sonore du dernier tiers du vingtième siècle (et avec elles leur instrumentarium, leur relation à l'amplification et à l'enregistrement, leurs formes de représentation publique, les modes de formation des ensembles et d'élaboration des œuvres...). Ça peut être suffisant pour que des gens s'approprient une partie de la forme, attestant de cette manière qu'elles sont, avec le "classique" (autre vaste amalgame), une lingua franca musicale.
Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil

Invité

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Invité »

Tamiri a écrit : lun. 9 mai 2022 13:53 cela m'étonne qu'une partie des musicologues parviennent à envisager l'absence de "filiation".
Je ne sais pas s'il y a vraiment des musicologues qui dénient toute filiation du metal avec le blues, il me semble que c'est plutôt autour de la nature de la filiation que le débat se construit. Mais il faut aller lire les spécialistes, ou de bons vulgarisateurs : je ne connais aucun autre moyen de s'informer correctement.
Donc fin de la discussion sur ce point pour moi, du moins tant que je n'ai pas davantage d'éléments. :)

Avatar de l’utilisateur
Miss souris
Messages : 4971
Inscription : jeu. 7 janv. 2016 16:20
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/ ... t7027.html
Profil : En questionnement
Test : NON
Localisation : Les pieds au sud la tête à l'ouest ...
Âge : 52

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Miss souris »

Je vous lis avec fascination et silence, faute de quoi que ce soit d'intéressant à dire, mais je vous lis.

Avatar de l’utilisateur
Jahroo
Messages : 1411
Inscription : lun. 24 déc. 2018 09:45
Présentation : https://www.adulte-surdoue.fr/viewtopic ... 39#p289139
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Ici et ailleurs
Âge : 45

Super contributeur

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Jahroo »

Merci @enufsed, ça m'a replongé à l'époque où je trainais avec des métalleux. Ils n'ont jamais réussi à me convertir, ni à leur musique ni à leur look (c'était marrant de me voir bariolé en vert/jaune/rouge au milieu de tout ce sombre :huhu: ), mais j'ai passé des soirées mémorables avec des gens supers!
BREEEEEEEEEEEEEE!!!!!! :rock:
"J'aime la règle qui corrige l'émotion. J'aime l'émotion qui corrige la règle."
George Braque

enufsed
Messages : 2025
Inscription : mer. 8 mars 2017 17:07
Profil : Bilan +
Test : WAIS

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par enufsed »

Les origines du Heavy Metal

Je fais un point à la mesure de mes compétences et connaissances (et de mon temps libre!). Il y a bien-sûr moyen de creuser encore et encore, je m'excuse si certains points sont abordés de façon un peu succincte.

* On s’est beaucoup disputé sur les origines du Heavy Metal, on se dispute encore, mais il convient immédiatement de différencier Hard Rock et Heavy Metal. Si le premier est dans la continuité du rock'n roll tel qu’on le connaissait chez Led Zeppelin et même encore Deep Purple (véritablement à la bascule), on pense notamment à AC/DC et son « Let there be Rock » qui retrace un peu l'histoire du genre jusqu'à son apothéose dans la bande d'Angus Young, le second semble vouloir marquer une rupture ou du moins la naissance d’un genre à part entière, aussi bien musicalement que dans les thèmes abordés ou encore le look vestimentaire adopté (je n'aborderai pas ce dernier point qui vaut un sujet à lui seul)

* Plusieurs occurrences du terme « heavy metal » reviennent dans la recherche d'une origine : la plus connue reste sa présence dans le morceau « Born to be wild » de Steppenwolf, popularisé par le film Easy Rider de Denis Hopper sorti en 1969.
https://www.youtube.com/watch?v=hIfvwwPSHCI
(on voit et entend l’expression « heavy metal thunder »)
Autre piste invoquée par Alice Cooper lui-même : un article de Rolling Stones où l’artiste apparaîtrait tenu à bout de bras par un géant avec la légende « heavy metal ». Il se trouve qu’un site archive tous les articles possibles sur Alice Cooper et j’avoue n’avoir pas trouvé trace de cet article dans le début des 70’s.
(Il en est fait mention dans l’excellent documentaire quoiqu’un peu daté de Sam Dunn Voyage au coeur de la bête https://www.dailymotion.com/video/xt36hx pour la 1ère partie)

* La plupart s’accordent à placer le premier album de Black Sabbath, nommé lui-même Black Sabbath comme l’acte de naissance du heavy metal. Je vais essayer d'expliquer ce qui fait ce quasi-consensus.

À l’âge de 17 ans Tony Iommi (le guitariste du futur Black Sabbath) qui travaillait dans une usine de metallurgie se fait sectionner l’extrémité de deux de ses doigts de la main gauche par une presse hydraulique (ce qui littéralement aurait dû être considéré comme l’origine du heavy metal). Sachant qu’il est gaucher, sa carrière de guitariste est fortement compromise. L’histoire raconte que son chef d’atelier lui aurait fait écouter du Django Reinhardt ce qui aurait ravivé son espoir : il s'est alors fabriqué lui même ses premières prothèses en faisant fondre des embouts de bouteille en plastique.
Cependant entre douleur et perte de dextérité le jeu de Iommi doit s’adapter et cela se traduit par deux choix fondamentaux :
1) Il va peu à peu chercher des cordes plus souples (d’abord de banjo) et surtout accorder progressivement sa guitare plus bas (ce qui notamment détend les cordes mais les rend aussi souvent plus difficiles à jouer (résonance plus forte qui entraîne plus facilement des faussetés en attaque par exemple). Traditionnellement on compense ce type d'accordage par des cordes à fort tirant (là où en regular on est sur du .010-.046, on va passer par exemple sur du .013-.052). Chez Iommi pas question de compenser, bien au contraire il va jouer en tirant ultra light .008-.032 en étant pourtant accordé en Eb sur les deux premiers albums puis en .009-.042 à partir de Masters of Reality où il choisit (probablement pas que pour soulager ses doigts) de jouer en C# soit un ton et demi sous l’accordage classique en E. Le son qui en résulte est extrêmement lourd et profond
(Lire sur tous ces aspects techniques : https://www.guitarplayer.com/lessons/10 ... tony-iommi)
Masters of Reality / Into the void https://www.youtube.com/watch?v=-R5XnrZn47Q
Note : pour celles et ceux qui ne sont pas familiers des notes de musique en anglais : A = La / B = Si / C= Do / D = Ré / E = Mi / F = Fa / G = Sol

2) Autre gros changement : l’utilisation massive des powerchords (ou accords de puissance). Ces accords ont en effet la particularité de supprimer la tierce pour ne conserver que la tonique et la quinte. Ceci a pour effet en guitare de simplifier considérablement le jeu tout en substituant la puissance à la richesse harmonique. Forcément avec des doigts blessés, la suppression de la tierce permettait aussi à Iommi de soulager sa main.
Sur un manche de guitare les choses se passent alors simplement puisque la quinte et le rappel de tonique ont la bonne idée de se trouver l’un en dessous de l’autre (on peut les marquer en "barré" c'est-à-dire avec le même doigt à plat). On marque la tonique en première corde et la quinte en seconde corde deux cases plus loin, la tonique est rejouée en troisième corde sous la quinte (mais cela n’est pas obligatoire).
Les Kinks ont aussi largement utilisé les accords de puissance F5/G5 sur « You really got me » mais en restant bien ancrés dans le rock.
Image
* Bien-sûr à cela il faut ajouter l’utilisation de la Gibson SG au son gras (c’est ma gratte donc là je sais !) typique de la sonorité heavy / hard des débuts. C’est le vieux combat (fraternel) Fender vs Gibson. On sait que la Fender c’était Hendrix et Pink Floyd (Gilmour), la Gibson c’est Led Zeppelin (Page) et les Who post 68 (Townshend qui a beaucoup navigué entre Rickenbaker, Fender et Gibson et même Gretsch...mais le Live at Leeds iconique c'est sur une SG).

Parmi les influence on ne peut éluder l’héritage blues : gammes de blues et pentatoniques sont largement utilisées et parfois des effets de shuffle comme sur l’ouverture de Wicked World (rapidement contrebalancés par 3 accords de puissance).
Pour reprendre l’échange entre @Judith et @Tamiri, trois des membres fondateurs de Black Sabbath se sont retrouvés en 1968 d’abord dans la formation Polka Tulk Blues band puis dans Earth.
Une démo de cette époque montre clairement les influences blues et rock/psyché du moment : le second morceau est un boeuf très jazzy et le dernier est organisé autour d’un shuffle typique.
https://www.youtube.com/watch?v=i5XXE0WmCS4
Mes compétences s'arrêtent là, j'ai cependant repéré un livre qui peut-être me permettra d'y voir plus clair.

Mais au-delà de la technique musicale, il faut bien-sûr prendre en considération la thématique et la couleur de cette musique.
L’histoire dit qu’en sortant d’un film d’horreur les membres du groupe se seraient demandé « pourquoi cela attire autant les foules ?» et de se dire qu’il faudrait faire la même chose en musique. Alors forcément on trouvera assez peu de ritournelles à base de « baby » chez Black Sabbath (trouveras-tu quels groupes de rock chantent ces morceaux « Babe I’m gonna leave you », « baby it’s you », « baby don’t you do it » ?) et la thématique devient beaucoup plus sombre en embrassant des thèmes proches de la mort et de l’ésotérisme. De l’autre côté de l’Atlantique Alice Cooper investit le champ du théâtre macabre et grotesque en se maquillant (un des précurseurs du corpse painting typique du metal puis, surtout, du black metal) et en multipliant les mises en scènes (guillotine, pendaison, chaise électrique : https://www.youtube.com/watch?v=Gb4Cmxv2ifs les fans de Phantom of the Paradise dont je suis apprécieront).
Plus que tout ce qui va marquer un tournant c’est l’ouverture du morceau Black Sabbath sur le premier album éponyme : https://www.youtube.com/watch?v=ISXnYu-Or4w
D’abord il y a cette pochette effrayante avec ses chats noirs, son immeuble décrépi et cette apparition féminine fantomatique au coeur de ce qui semble être un lieu de sorcellerie Image

puis, à l’écoute, l’orage et la cloche funèbre suivis de l’utilisation du seul triton « satanique », ce fameux diabolus in musica, certes utilisé tout au long de l'histoire de la musique mais ici mis en exergue comme l’âme même du morceau et sa colonne vertébrale.
Image
Je vous laisse ici lire un excellent article sur le triton, l’auteur en parle infiniment mieux que moi.
https://composer-sa-musique.fr/le-trito ... du-diable/

Enfin les paroles évocatrices
[Verse 1]
What is this that stands before me?
Figure in black which points at me
Turn 'round quick and start to run
Find out I'm the chosen one
Oh, no

[Verse 2]
Big black shape with eyes of fire
Telling people their desire
Satan's sitting there, he's smiling
Watches those flames get higher and higher
Oh, no, no, please, God, help me
[Outro]
Is it the end, my friend?
Satan's coming 'round the bend
People running 'cause they're scared
The people better go and beware
No, no, please, no


J’ai moi aussi adopté l’album Black Sabbath comme point de départ du Heavy Metal, les premisses étaient déjà partout présentes mais cet album, et son premier morceau en particulier, cristallise tout ce qui fera le genre par la suite. La musique amplifiée, les murs d’amplis, les morceaux longs, les sons lourds, tout cela existait certes, mais l’union de tout ces éléments associés à une imagerie et une sonorité qui évoquent des thématiques sombres et occultes enracine un nouveau genre (ce qui place aussi Black Sabbath comme le précurseur du Doom et du Stoner). La suite va générer une supernova musicale avec le développement de multiples ramifications qui exploreront plus avant chaque aspect : thèmes choquants et recherche de marginalité, vitesse de jeu, puissance vocale et sonore, hypersaturation, lourdeur.

Avatar de l’utilisateur
InMedio
Grille pain
Messages : 1200
Inscription : ven. 5 janv. 2018 12:37
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=9049] C'est ici[/url]
Profil : Bilan +
Test : WISC
Localisation : Angers
Âge : 30

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par InMedio »

Comme j'ai envie de jouer je dirais que les groupes que j'ai le plus entendu parler de "baby" c'est Led Zep, The Who, Justin Bieber et AC/DC.

Je crois qu'il serait judicieux d'évoquer aussi la différence entre les groupes qui font de la place à l'improvisation et ceux qui n'en font pas, du moins dans le contexte du concert. Pour rebondir sur ce qu'abordait Tamiri plus haut, certains sans forcément renier toute influence afro-américaine, se réclament de compositions orchestrales du XXe siècle. D'autres clament un héritage chez les virtuoses baroques (je pense à Malmsteen, notamment) avec des compositions (il me semble qu'il a écrit un concerto pour guitare électrique, à vérifier cela dit) qui se rapprochent de leurs influences de cœur, sans pour autant dévier de l'instrumentation héritée du blues. Pour des musiques très composées comme chez Malmsteen et alii, bien peu de place est faite à l'impromptu, alors que des rallonges ont été posées en série sur le fameux Live in Japan de Deep Purple.
Vous ne pouvez pas prouver que quelque chose n'existe pas, mais vous pouvez conclure qu'il n'y aucune raison de penser que ce quelque chose existe.
Richard Monvoisin

Invité

Re: Encyclopédie subjectivo-portative des musiques extrêmes

Message par Invité »

InMedio a écrit : sam. 14 mai 2022 07:19 Pour rebondir sur ce qu'abordait Tamiri plus haut, certains sans forcément renier toute influence afro-américaine, se réclament de compositions orchestrales du XXe siècle. D'autres clament un héritage chez les virtuoses baroques (je pense à Malmsteen, notamment) avec des compositions (il me semble qu'il a écrit un concerto pour guitare électrique, à vérifier cela dit)
Si tu peux préciser, si possible avec des partitions, ça m'intéressera. Sinon je chercherai, aucun problème. :)

Répondre