Monnaie et capitalisme

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Legion
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Monnaie et capitalisme

Message par Legion »

Bonjour,

Dans la continuité du sujet sur les axes de lecture, je souhaite démarrer un sujet sur la monnaie et le capitalisme. Pendant longtemps j'ai associé la monnaie au capitalisme, d'une façon assez simple : monnaie = capital => capitalisme.

Partant du constat que le néo-libéralisme détruit le monde, je m'inscris dans une logique anti-capitaliste, ce qui au regard des axes de lecture, m’oppose à la propriété privée et me place du côté communiste, c’est-à-dire propriété d'usage et propriété commune des moyens de production. Petite parenthèse, d’ailleurs, si jamais vous voyez d’autres modes de propriété, je suis preneur. ^^’
J’ai parfois l’impression de devoir choisir entre la peste et le choléra.
Le néo-libéralisme est une doctrine combinant le libéralisme et le capitalisme. Je questionne d’avantage le capitalisme. Ainsi mon plus gros questionnement actuel étant : faut-il plutôt être communiste ou dans un entre-deux socialiste, voire capitaliste « vertueux » ? Vertueux pour reprendre l’expression d’un professeur d’économie, l’idée étant ici d’avoir une vertu, une éthique.

Cela étant dit, est-ce que le communisme aurait détruit la planète de la même façon ? Je pense que cela dépend du contexte : en pleine guerre froide, le communisme aurait pu y participer tout autant, d’ailleurs, la Chine ne va pas tout de suite stopper ses centrales à charbon car cela minerait son économie. Je pense à la Chine comme régime communiste, mais l’évolution de la propriété privée en Chine apporte une interrogation (https://www.iea-nantes.fr/rtefiles/File/pa201200303.pdf). En tout cas, la Chine est au moins socialiste.

Maintenant que l’origine de la réflexion est posée, je vais parler de la monnaie, comment et pourquoi je me suis réconcilié avec. Je vais réfléchir à l’origine du communisme et du capitalisme. Avant de faire le lien entre la politique, la philosophie et l’économie pour revenir sur l’outil monétaire.

J'étais fâché avec la monnaie puis je suis tombé sur ce bouquin : https://trm.creationmonetaire.info/index.html
J'en retiens : Et si je devais limiter à un seul élément : L'asservissement par la dette, https://trm.creationmonetaire.info/prob ... t-manquant
Devoir du temps à quelqu'un est une chose lorsque cette personne vous a donné de son temps. Mais quand une entité jugée suffisamment stable et pérenne, crée de la monnaie via la dette (ref. https://www.economie.gouv.fr/facileco/c ... definition), elle est asservissante. Il faut donc décentraliser la création monétaire.

Toutefois je reviens un instant sur la création de la monnaie. L’utilisation des métaux précieux est plus ancienne que la théorie hégémoniste, qui globalement date l’utilisation du métal au VIIe a.v. J.-C. (https://group.bnpparibas/actualite/brev ... re-monnaie). L’utilisation du métal en tant que monnaie remonte au moins au XVIIe a.v. J.-C. (https://www.universalis.fr/encyclopedie ... a-monnaie/ => https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_de_H ... t_salaires).
La théorie hégémoniste a tendance à dater l’utilisation du métal dès l’apparition des pièces de monnaie.
Quant au pourquoi la création de la monnaie, il y a plusieurs théories (https://fr.wikipedia.org/wiki/Origine_d ... a_fonction).
Ce qui est sûr, c’est que la valeur d’échange d’une pièce de monnaie de l’époque n’était pas forcément liée à sa valeur réelle en tant que valeur métallique. Il s’agit d’une monnaie de la confiance, la pièce frappée d’un symbole de l’autorité émettrice devient le support de la confiance accordée cette autorité. La monnaie fiduciaire implique une confiance décentralisée dans un objet, tel que le cauri (https://fr.wikipedia.org/wiki/Monetaria_moneta). La monnaie frappée est donc fiduciaire, mais implique une confiance centralisée vers l’autorité émettrice.

Cette confiance centralisée induit une soumission en accordant un grand pouvoir financier : l’autorité peut grossièrement acheter ce qu’elle veut en créant de la monnaie, en tout cas à un instant T. A l’inverse si ce pouvoir est distribué, le pouvoir est grandement réduit et partagé.
Dans l’exemple du cauri, la création monétaire n’est pas centralisée. Mais pour créer de la monnaie, il suffit d’aller ramasser des coquillages sur la plage, dans des zones spécifiques, mais tout de même. Aller ramasser des coquillages à la pelleteuse garantirait un certain niveau de richesse, ce dont les européens ont tiré avantage lors de la période coloniale. Il faut donc une monnaie décentralisée mais non industrialisable.

Je pense que le capitalisme est finalement au moins aussi vieux que la monnaie. Quand on recherche l’origine du capitalisme, on peut se questionner également sur l’origine du communisme. Je trouve intéressant de comparer deux sources :
- L’histoire du capitalisme, https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_capitalisme.
- L’histoire du communisme, https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_communisme.
Ce qui me frappe, c’est qu’on peut identifier différentes phases du capitalisme et du communisme, mais finalement, le communisme est tout récent, quoiqu’on en dise.
Soit les phases suivantes :
- pour le capitalisme : capitalisme primitif (sociétés antiques, voire avant), capitalisme, capitalisme moderne (à partir des manufactures), capitalisme libéral (capitalisme mondialisé).
- pour le communisme : communisme primitif (sociétés antiques, voire avant), communisme (pensée utopiste), communisme moderne (manifeste du parti communiste).

Sur le communisme primitif, Marx développe une théorie basée sur les travaux scientifiques de Lewis Henry Morgan observant des sociétés iroquoises (Ancient society, 1877). Mais c'est en 1982 qu'Alain Testart permet de préciser que cette observation des sociétés primitives n'est pas un antécédent universel des sociétés industrielles, mais un antécédent relatif à l'opposition collectage/stockage (Les chasseurs-cueilleurs ou l'origine des inégalités, 1982). Marx développe l'accumulation primitive du capital, point de développement de la bourgeoisie et du capitalisme. Mais en observant l'opposition collectage/stockage et en faisant un parallèle avec le communisme primitif, on voit que le communisme primitif est lié à des sociétés basées sur le collectage.

On peut déduire que les sociétés basées sur le stockage induisent un capitalisme primitif, qu'il faut distinguer de l'accumulation primitive, lequel pose les prémices du salariat et du capitalisme moderne. Le capitalisme primitif dénote surtout l'inégalité entre des groupes et l'émergence de classes sociales. L'inégalité s'observe notamment par la centralisation du stockage et de sa gestion.

Les modes de production des sociétés industrialisées sont marquées par le stockage. L'accumulation du capital illustre à lui seul cette caractéristique, ce qui rend les sociétés industrialisées profondément inégalitaires. Cela se contre partiellement par des processus de redistribution dont l'objectif de me semble pas de vouloir réduire les inégalités, mais de les maintenir. Une majorité des avancées sociales est venue de la protestation des classes sociales exploitées. Lorsque les gens meurent de faim, ils ont une motivation plus forte à se révolter. Distribuer des cacahuètes permet alors de réduire la probabilité de révolte. Ce qui dans un sens, est l’objet du libéralisme social ou socialisme libéral, la différence entre les deux étant le point de départ, socialisme ou libéralisme, mais le point d’arrivée est quasiment identique : on arrive sur une vision centriste où on accepte le libéralisme appliqué au capitalisme, en arrondissant les angles par des processus de redistribution des richesses.

Le libéralisme social propose une redistribution qui est fortement dépendante du politique. Cela ne garanti par nécessaire une stabilité de la redistribution. De plus, l’indépendance acquise par le système bancaire, externalise la création monétaire et assujetti les utilisateurs d’une monnaie à l’organisme créateur. Externaliser la création monétaire possède l’avantage d’une certaine stabilité mais inscrit très fortement le stockage du capitalisme au sein des organismes bancaires. A l’inverse, poser l'expression "collectage du capitalisme" me semble apporter une bonne réponse à ce questionnement. C'est-à-dire, utiliser la monnaie pour redistribuer les richesses, à l'image d'une collecte dans un environnement donné, un peu comme les cauris. La monnaie perpétuelle permettrait cela, indépendante de la gestion de la propriété matérielle qu'elle soit privée ou collective.
Pour schématiser en couches indépendantes les unes des autres :
  • 3. couche liée à l'organisation sociale
  • 2. couche liée aux modalités de propriété
  • 1. couche liée à la monnaie, comme support d'échange
Mais en attendant cette révolution monétaire, quid du capital et du capitalisme ?

Le capitalisme « coopératif », semble un compromis intéressant pour temporiser mais les entreprises coopératives restent actrices d’un système concurrentiel dont les banques sont bénéficiaires. Entre la peste et le choléra, il me semble que le choléra soit préférable. Alors quitte à être malade, je m'oriente vers une banque comme la Nef.
Le libéralisme, en tant que courant philosophique, est à l’origine d’avancée, de mon point de vue, telles que : la laïcité, les libertés individuelles, etc. Malheureusement, le libéralisme appliqué à l’économie implique une doctrine où se prône la liberté d’exploiter et une réduction du pouvoir de l’état. C’est surtout cette liberté d’exploitation qui pose soucis car elle est, par exemple, à l’origine des délocalisations et du dumping social lors de la mise en place de l’euro.

Pour conclure, je reprends la question initiale : faut-il plutôt être communiste ou dans un entre-deux socialiste, voire capitaliste « vertueux » ?
Je serai plutôt partisan d’un social-communisme, s’inscrire dans la collecte, avec des modes de gestion de la propriété qui cohabitent.
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Fugace
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Re: Monnaie et capitalisme

Message par Fugace »

Sujet très intéressant, légion.

Je partage le constat sur le néolibéralisme, moins sur la solution communiste. Je serais plutôt partisan d'un mélange de capitalisme rhénan (gestion saine en "bon père de famille" du capital pour favoriser l'essor lent et stable de l'industrie, créatrice de valeurs et d'emploi) avec un état protecteur et visionnaire qui ne s'occupe pas du détail, qui laisse la liberté aux acteurs privés mais qui a un devoir d'arbitrage et de contrôle pour assurer une forme d'intérêt commun et de protection des travailleurs et surtout, qui a pour fonction de déterminer des "grandes orientations". Par exemple, l'état décide d'une recherche d'énergie propre — il fixe un cahier des charges et laisse cinq ans aux scientifiques pour travailler, puis cinq ans aux ingénieurs pour développer les meilleures solutions scientifiques et enfin, cinq ans aux industriels pour mettre en œuvre les meilleures solutions techniques. De cette façon, tout le monde est libre d'agir à sa guise et d'être le meilleur dans son domaine dans une logique de recherche de son bénéfice personnel, tout en assurant la recherche supérieure en dernière instance du bien commun pour la société.

Autrement, dans le communisme se pose toujours la question de la bureaucratie — comment un unique acteur central peut-il optimiser les flux des marchandises pour que chacun ait ce qu'il faut la où il le faut ? L'URSS n'a jamais réussi, tandis qu'une logique de subsidiarité où chacun à son échelle fait ce qui lui semble être le mieux a très bien fonctionné en Occident.

Pour la monnaie, Schumpeter disait qu'il n'y comprenait rien ou presque ce qui, pour un des meilleurs économistes mondiaux est signe de la complexité du sujet.

En ce moment il y a un personnage très intéressant qui est apparu sur la scène publique, Charles Gave. Depuis la décision des sanctions européennes contre la Russie il a proposé plusieurs analyses et prédictions de qualité qui ont eu le bon goût de se vérifier — par exemple, il expliquait que Bruno LeMaire en déclarant la "guerre économique totale" à la Russie a joué un va-tout. S'ils ne réussissaient pas à effondrer le rouble en une semaine le contrecoup pour l'Europe allait être très sévère (note : la Russie avait anticipé ce mouvement puisqu'il avait déjà été utilisé dans le passé et a plutôt bien résisté). En effet, l'Europe achetait son énergie à taux préférentiel dans sa propre monnaie à la Russie, situation plutôt bénéfique. Mais en deniant aux Russes le droit d'utiliser l'euro, les Russes allaient être obligé d'exiger un paiement en roubles. Mais comme l'Europe n'a pas de roubles, in fine, c'est en or que nous allons maintenant acheter notre énergie, à des prix relevés. Ce qui est effectivement en train de se produire.

Charles Gave explique ensuite que, compte tenu de nos réserves d'or et de nos besoins d'énergie, compte tenu de l'impossibilité d'acheter du gaz ailleurs (les USA vendent du gaz liquéfié qui nécessite des infrastructures, nécessitant elle-même quelques années pour être construites) et bien nos réserves d'or seront siphonnées en deux-trois ans. A voir si cela se produit.

En attendant et j'ai une très forte tendance à le croire, les sanctions européennes sont en train de se retourner contre nous et nous devons nous attendre à une très forte inflation combinée à une récession économique. Ainsi qu'à la perte du monopole occidental sur l'économie mondial, qui tenait beaucoup grâce à la suprématie du dollar. Basiquement, le monde économique est en train de redevenir multipolaire et l'Europe va payer le prix fort.

Le personnage est intéressant à lire et écouter.

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Fugace
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Re: Monnaie et capitalisme

Message par Fugace »

Ah, on m'a signalé très à propos que la fiche wikipédia du personnage en question pouvait faire peur, rien de grave. Dans l'absolu je peux tout aussi bien recommander François Begaudeau, Juan Branco, Michel Onfray, Jean-Marc Jancovici ou Frédéric Lordon, pour finir sur de l'économie, ce qui balaie assez large dans le spectre politique.

Ces personnes-ci ont tous un point commun : d'abord ils sont intelligents, compétents et connaissent le sujet dont ils parlent, ce qui est véritablement la moindre des choses pour des intellectuels, mais surtout ils ont cette qualité qui se fait de plus en plus rare : la sincérité. Ils disent ce qu'ils pensent, sans détour — et non pas ce qu'ils pensent que les gens ont besoin d'entendre (et de penser). C'est un peu moins vrai pour Juan Branco qui a fait l'école alsacienne et normale sup, il a gardé des réflexes du sérail mais il a d'autres qualités. Et c'est ça qui me fait dire que Charles Gave est intéressant, autant que les autres. Il dit ce qu'il pense et il sait de quoi il parle. A partir de là, il est possible d'exercer sa propre intelligence sur son discours, à partir des faits qu'il donne et des analyses qu'il propose, prendre ce qui est à prendre et laisser ce qui est à laisser. Tout est là, sur la table et on ne perd pas de temps à discerner le faux du semi-faux dans ses paroles — au contraire d'un BHL ou d'un Attali.

D'autant qu'il me semble que dans l'époque où nous vivons il s'est produit un phénomène intéressant : les intellectuels ne sont plus combattus sur le terrain de la pensée, sur le discours, par de la logique et des arguments. Ce qui pourtant m'avait toujours paru être là définition même du "débat", de la "vie intellectuelle", de la "confrontation des idées". Au contraire, aujourd'hui les arguments et les pensées vont être discréditée par de l'attaque ad-hominem pure et simple, des attaques sur la moralité, sur un ou deux mots malheureux dans le passé, sur du discrédit par association (il ne condamne pas assez fermement telle personne qui elle même a été suffisamment discréditée dans le passé pour que la seule évocation de son nom suffise à convaincre madame Michu de ne même plus écouter ce qu'il a dire, indépendamment de la vérité) etc.

Autrement dit, la vérité en tant que telle n'a plus aucune forme d'importance par rapport à la moralité et à la capacité à rester dans un carcan de plus en plus étroit qui est celui de la pensée admise par les journalistes, principalement. Journalistes qui, eux-mêmes, auraient sans doute beaucoup à révéler niveau moralité.

Pour ma part, je reste attaché à la qualité du discours indépendamment des personnes et le discours économique de Charles Gave est de qualité. Je l'ai découvert avec son passage télévision en mars je crois :

https://m.youtube.com/watch?v=IvgHR0UHgbQ

Ainsi que sur les interviews avec sa fille :

https://m.youtube.com/watch?v=yEJjw47MYek

Et en suivant ce qu'il a dit depuis, j'ai pu constater que ses prédictions avaient tendance à se réaliser, ce qui reste gage de sérieux et de rigueur et c'est pour cela que je m'autorise à partager sa pensée. Non pas pour la morale, non pas pour la politique, non pas pour un quelconque humanisme dévoyé, mais bel et bien pour sa sincérité et sa façon d'être orienté vers une forme de vérité dont l'abondance n'est pas suffisante à l'heure actuelle pour se permettre de s'en priver.

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Legion
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Re: Monnaie et capitalisme

Message par Legion »

Il me semble que tu parles finalement de minarchisme, mais les caractéristiques que je lis sur Wikipédia le rapproche beaucoup du libéralisme social :
  • un rôle important des banques régionales et une relativisation du rôle de la bourse dans le financement des entreprises ;
  •  une vision à long terme appuyée sur un auto-financement et sur un système de partenariat avec les clients, fournisseurs et employés ;
  • un partenariat entre de puissants syndicats patronaux et salariaux qui limite aussi bien les conflits du travail que les interventions directes de l'État dans la vie des entreprises ;
  • un système de protection sociale très développé ;
  • une politique de stabilité monétaire gérée indépendamment des gouvernements.
Le communisme étatique pose en effet la question de la bureaucratie, tu cites à ce propos l'URSS. Mais cette union développe une idéologie Marxiste-Léniniste et finit par donner un capitalisme d'état. Je me positionne du côté libéral sur l'axe "libéralisme - étatisme". La question des flux reste pertinente et la logique de subsidiarité s'applique très bien à un contexte sans état.

Schumpeter m'était inconnu, mais concernant Charles Gave, je suis mitigé voir particulièrement hostile. Mitigé car de ce que j'ai pu écouter / lire du personnage, il a une certaine pertinence vis à vis de l'économie de marché. En même temps, il en a fait son métier et il baigne dedans. Particulièrement hostile car le gars s'associe avec des bords politiques qui sont racistes et souverainistes. Le gars soutient Zemmour en 2022. Écouter Charles Gave, aussi sincère soit-il, c'est prendre le risque de garder des choses bonnes à jeter. A choisir je préfère encore écouter Attali. Cela dit, j'essaye au mieux de croiser différentes sources pour ne pas être dans le syndrome du chef. Tu critiques le discrédit par association, mais il s'agit de marqueurs idéologiques qui peuvent profondément orienté un discours économique. L'économie n'est pas juste une science, c'est un acte politique à lui seul. L'orientation politique imprègne profondément le positionnement économique. Me concernant, je m'inscris dans une orientation cosmopolitique.

Mais du coup, pour essayer de te résumer, mais reprends moi si je me trompe :
- La monnaie c'est complexe.
- Promotion d'une doctrine libéral conservatrice.

J'en déduis que tu es un fervent défenseur de l'exploitation de l'homme par l'homme et de la propriété privée ?
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Fugace
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Re: Monnaie et capitalisme

Message par Fugace »

@Legion je ne connaissais pas le minarchisme, ce concept de compromis entre anarchie et capitalisme est pertinent mais ce n'était pas le fond de ma pensée. Je serais plutôt partisan d'un état fort dans ses prérogatives régaliennes, l'interférence dans la vie privée des citoyens ne faisant pas partie du régalien mais c'est un vaste sujet qui nous éloignerait de l'économique.

Ton message initial porte à réfléchir, l'usage des cauris comme monnaie en particulier.

Image
Le joli coquillage blanc a toutes les caractéristiques requises d’une devise : facile à manipuler et transporter grâce à sa légèreté, non-périssable, utilisable pour des paiements modestes ou larges. Sa forme la rend instantanément identifiable et difficile à contrefaire. Il y a très peu de différence physique entre plusieurs cauris, ni en forme ni en taille, ce qui les rend facile à compter.

Les cauris étaient souvent ficelés sur des bracelets ou en de longues cordes, par lots de quarante, ou encore mis dans des pochettes ou sacs pour en emporter de plus grandes quantités. Pour les paiements importants, les coquillages pouvaient être entassés dans des paniers et pesés pour déterminer leur valeur.
  • 40 cauris faisaient 1 corde
    50 cordes faisaient 1 tête (2,000 cauris)
    10 têtes faisaient 1 sac (20,000 cauris)
Pour de très grosses sommes, en revanche, les cauris n’étaient pas toujours pratiques… Un historien musulman anonyme a rapporté l’histoire d’un homme qui, lors d’une transaction importante, a en fin de compte perdu de l’argent , parce que le salaire des porteurs engagés pour rejoindre son village lui a couté plus que la valeur du paiement reçu.
source

Concernant le capitalisme et la monnaie il y a deux séquences historiques importantes.

Et........ Je venais littéralement de passer une heure à écrire la suite, j'ai appuyé sur prévisualiser le message et j'ai eu l'erreur "NO POST", tout a disparu. Pour le principe je remets ça en style télégraphique avec les liens correspondants... Désolé pour l'aridité de la forme, je reste sur le fond. Pensez à copier/coller vos messages avant de les envoyer :pharaon:

---

Concernant le capitalisme et la monnaie il y a deux séquences historiques importantes :
- les Templiers au XIIème siècle qui sont les premiers a avoir dématérialisé la monnaie : les voyageurs pouvaient effectuer un dépôt en espèce dans une Commanderie, recevoir une lettre de change et aller dans une autre Commanderie présenter cette lettre pour retirer la somme correspondante Les Templiers - Moines-soldats et financiers
- Venise au XVème siècle, les premiers commerçants a avoir mutualisé le risque et l'investissement, création du principe de la Bourse : avant, chaque armateur payait entièrement le voyage commercial d'une galère mais utilisation du principe qui veut que l'union fait la force, mise en commun des fonds pour payer des voyages de meilleure qualité donc avec une meilleure rentabilité. Transformation du voyage d'une galère en "entreprise" fractionnée en plusieurs actions achetable par n'importe qui, ce qui permet à des petits investisseurs qui n'auraient pas pu s'offrir le voyage d'une galère de participer au commerce en mutualisant les fonds. Le capitalisme a donc été fondé sur un principe d'union et l'idée que le tout est supérieur à la somme des parties. Image du commerce de l'époque : choisir la meilleure galère, le capitaine apte à pouvoir rentrer au port et les marchandises ayant une forte valeur d'échange sur des rivages lointains dont l'information met plusieurs mois/années à être connue. Renforcement du commerce de Venise par cette méthode. L'évolution du capitalisme marchand à Venise : le financement des galere da mercato

Donc le capitalisme est historiquement un principe viable fondé sur la notion d'union et de collectivisation. C'est après que cela a merdoyé, dû à la nature humaine. Or, si les Templiers ont eu la confiance des voyageurs c'est parce qu'ils étaient un ordre religieux, donc soumis à des impératifs moraux démontrés et reconnus — dignes de confiance.

Ainsi il existe un lien entre la monnaie et la religion. Illustration par le principe antique d'utilisation des Temples comme lieu de stockage des richesses : https://www.vita-romae.com/banques-sous ... tique.html
Parce que les temples étaient occupés par des prêtres et des ouvriers pieux et parce qu'ils étaient généralement très surveillés, ils étaient considérés comme des dépôts très sûrs.
Portée mystique de l'or : métal qui ne s'altère jamais (ne rouille pas) et associé au soleil de par sa couleur : https://www.vuillermoz.fr/page/or
Rebond sur l'origine de l'expression "sonnante et trébuchante" : https://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie_s ... A9buchante


Arrivée au point central de ce texte : David Graeber, lecture historique très intrigante du VIIème siècle Av. J-C (A.E.C) : le même phénomène s'est produit en quatre endroits du monde très éloignés, la Grèce, la Perse, l'Inde et la Chine.
- apparition de civilisations stables tournées vers le commerce ;
- institutionnalisation des religions et créations de grands temples ;
- stockage des monnaies métalliques dans les temples ;
- apparition fortuite d'une sagesse nouvelle remettant en cause les dogmes religieux traditionnels.

Graeber fait un lien entre ces évènements, pour lui l'apparition simultanée ou presque de Socrate, de Zarathoustra, de Bouddha et de Lao-Tseu/Confucius au VIIème siècle Av. J-C est en lien avec le stockage des monnaies dans les temples.

Cette période charnière dans l'Histoire est appelée la période axiale par Karl Jaspers : https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9riode_axiale
Source vers le livre de David Graeber : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_:_5 ... 27histoire

Idée que la période axiale est un des mystères de l'Humanité, son étude vaut le détour.

Conclusion sur Karl Marx : initialement la monnaie a été crée pour simplifier le troc, permettre la fluidité des échanges. Schéma initial selon Marx : "Marchandise — Argent — Marchandise". Puis la nature humaine étant ce qu'elle est, ce schéma dérive et la monnaie qui était un moyen devient une fin en soi et apparition progressive d'un nouveau schéma : "Argent — Marchandise — Argent". Ceci étant une des sources potentielles des dysfonctionnements actuels de la société. @Legion si tu t'intéresse au communisme et à la monnaie, suggestion de lecture du Capital de Marx, continent des idées directrices pertinentes. Mais lecture ardue, cf Coluche : le Capital c'est comme l'annuaire, on lit trois pages et on décroche. Pourtant pertinent.

Ouf. Sincèrement désolé pour la forme, c'était beaucoup plus appliqué et enrobé dans le message initial mais sur le fond, tout est là.
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