Petits arrangements avec la fin du monde

[Pascalita]

Bonsoir Fractal,

Je trouve presque tous tes théorèmes cohérents et rigoureux, sauf le premier : il me semble qu'un essai ne se solde pas forcément par une erreur, et je pense qu'on ne pourra dire si celui-ci en est une que quand toutes les cartes seront posées. C'est cependant une réelle et non négligeable probabilité (que je ne saurais démontrer).

La conséquence que tu en tires est évidemment non discutable, et le cynisme de la conclusion en découle logiquement, et c'est affaire de choix. On peut considérer que c'est un gros arrangement plutôt qu'un petit, et encore, ceci aussi est affaire d'opinion, de jugement.

Je ne sais toutefois pas si ta position "éthique" peut réellement être considérée comme éthique - au sens strict de la définition du terme. Et au-delà, penses-tu qu'il n'y ait d'autre solution que la destruction de l'espèce ? Et encore au-delà, qu'en est-il de ta propre destruction, puisque tu es un membre de cette espèce ? Aussi infantiles soient à tes yeux ses représentants "bien" intentionnés, souhaites-tu détruire ou construire (ou au minimum ne pas détruire) ? Respecter la vie ou la mépriser (sinon l'utiliser) - et ce, au plus humble niveau, celui qui ne s'envoie en l'air ni ne consomme de diesel, ou s'envoie en l'air sans consommer ni diesel ni essence ni aucune autre énergie que la sienne propre ? La vie de chaque créature vivante est-elle aussi un non-événement ? Quelque chose qui n'a pas de valeur ?


Edit : à titre personnel, et en partageant la plupart de tes prémisses, je ne me considère pas comme ayant plus d'importance, ou plus de valeur, et donc comme ayant légitimité à plus de privilèges que n'importe quelle autre être vivant sur cette terre. Et je ne vois pas ce qui justifierait (à mes yeux) que j'use et abuse de ce qui est à ma portée.

[Invité]

@Pascalita :

Bonsoir Pascalita,

En liminaire, tu me permettras de manifester sans flagornerie mon respect envers ta réponse / position. Circonstanciée, responsable et exempte de réactions affectives primaires. Cherchant ainsi à débattre plutôt que de se battre.

" il me semble qu'un essai ne se solde pas forcément par une erreur, "

Oui, bien sur. Il se trouve fort heureusement des essais qui réussissent. Après, et sans sodomiser les diptères, reste à savoir dans quel sens, quelle mesure et combien de temps. C'est une question fort ardue dont les réponses varient en fonction des points de vue envisagés.


"et je pense qu'on ne pourra dire si celui-ci en est une que quand toutes les cartes seront posées."

Sous cet angle, ton argument tient la route. Toutes les cartes ne sont - en effet - pas encore posées. Des "coups" créatifs et sensés sont encore tout à fait possibles. A condition qu'ils soient joués dans les règles. De la Nature. Et qu'ils respectent donc celle-ci : un nombre d'individus au km2 compatible avec les ressources vitales qu'il est capable d'engendrer. De manière à les distribuer de manière équitable avec conséquemment des conflits " a minima" ou marginaux quant à leur usage. Ce n'est cependant pas - et trois fois hélas - la voie dans laquelle l'espèce est engagée ainsi que la démographie le démontre.


"C'est cependant une réelle et non négligeable probabilité (que je ne saurais démontrer)."

L' observable qui induit mon premier théorème est la suivante :

- HSS - à la différence des animaux - ne possède pas de capacités autorégulatrices de ses instincts/ pulsions. Ses systèmes agonistes / antagonistes ne sont pas auto-corrélés mais reliés séparément à un troisième centre régulateur dont la propriété émergente est la conscience. Mais comme l'observation montre que cette instance régulatrice tierce est statistiquement fort peu utilisée par l'espèce ( en raison du coût énergétique comme de la tension / anxiété engendrée), il peut-être légitimement craint que cette organisation ternaire ne soit pas adaptée à l'espèce. Et que le schème organisationnel soit conservé mais pas le substrat organique.

"Je ne sais toutefois pas si ta position "éthique" peut réellement être considérée comme éthique - au sens strict de la définition du terme. "

Au sens étymologique du terme - caractère / comportement - et sans aucun référentiel collectif - qui reconduirait à "morale / moeurs", il me semble pouvoir être employé en l'espèce.


"Et au-delà, penses-tu qu'il n'y ait d'autre solution que la destruction de l'espèce ? "

Oui, je le pense. Mais sans "catastrophisme" ni "pessimisme". Mais plutôt au sens de la danse cosmique de Shiva Nataraja ou de la " destruction créatrice" de Schumpeter. Je "pense" que cette forme d'humanité ( HSS) doit disparaitre pour faire place à une autre forme plus évoluée.


" Et encore au-delà, qu'en est-il de ta propre destruction, puisque tu es un membre de cette espèce ?"

Cela fait déjà un certain nombre d'années que j'ai conscience - me semble-t-il - d'être mortel. Si ma finitude personnelle doit - pour le temps qu'il me reste à vivre - se conjoindre avec la fin de l'espèce, je l'accepte au titre de l'appartenance solidaire à la dite espèce. Sic transit gloria mundi ...

"Aussi infantiles soient à tes yeux ses représentants "bien" intentionnés, souhaites-tu détruire ou construire (ou au minimum ne pas détruire) ?"

Cela serait un tantinet longuet à expliciter, mais j'ai la conviction intime que le sens de la vie est la participation infime par le développement de sa propre conscience à la conscience du monde. Ou Anima Mundi. Que je tiens par ailleurs pour une réalité physique. Et que cela seul compte en terme de "construction". Le reste n'est que vanité comme disait l'autre ...

"La vie de chaque créature vivante est-elle aussi un non-événement ? Quelque chose qui n'a pas de valeur ?"

Peut-être qu'une certaine fréquentation de la mécanique quantique ou de la Psychologie Analytique de Jung ( notamment dans la perspective de la conjonction des opposés) rendrait la réponse moins paradoxale.

Chaque être, chaque vie est la "chose" de plus haute valeur. Dans un sens ou dans un autre. Dans un certain regard. Et dans un autre, n'en possède aucune. Les deux à la fois. Ce qui - AMHA - sur le plan de l'éthique, oblige à déployer tous ses efforts pour préserver ce qui fait sens tout en acceptant sereinement sa disparition certaine.

Et pour refermer la boucle, je demeure convaincu - ce qui n'engage que moi et ne prétend à rien de "général" - que le seul sens de la persistance d'HSS pour un certain temps relève de la prise de conscience "divine" de ce qui ne "marche pas". Et qu'il ne faudra pas reproduire dans une espèce plus évoluée. Essai / erreur / correction de l'erreur / nouvel essai etc ...

P.S : Je te prie d'excuser la "grossièreté" du propos. Ce ne sont pas des sujets faciles à aborder par ces moyens, qu'avec des mots et en aussi peu de temps.

[Gail]

Je ne savais pas trop où poster ça, puis j'ai repensé à ce fil...

Sur Ouest France, ils ont mis en ligne une fiction qui se déroule en Pays de Loire en 2048, 20 ans après le "jeudi noir" où toute une partie de la France s'est retrouvée sans accès à l'eau, obligeant finalement la société à changer radicalement.

L'article, réservé aux abonnés, est là : https://www.ouest-france.fr/environneme ... 4ea7f164

Je mets l'introduction et deux extraits:
INTRO:

Fiction. Avec la contribution de quatre spécialistes, notre reporter s’est téléportée dans un quart de siècle. Et dans la peau de Léonie, 50 ans. Le jour de son anniversaire, elle raconte son quotidien transformé par l’adaptation climatique, lorsque l’eau ne coule plus à flot.

Ce récit fictionnel a été nourri par les riches rencontres avec Simon Lery (Gip Loire-Estuaire), avec l’Agence Loire-Bretagne, Mickaël Derangeon (vice-président de la compagnie des eaux Atlantic’eau et chercheur à l’université de Nantes). Et Damien Serre (directeur scientifique du centre de recherche français Mayane, par ailleurs professeur d’université).

EXTRAIT 1:

Une douche un jour sur trois, c’est comme ça que tout le monde fait depuis que le branchement des sanitaires sur l’eau potable est interdit et qu’on se lave avec les eaux de pluie récupérées dans le réservoir commun. Ou avec les eaux usées retraitées par la station d’épuration, et redistribuées quand la sécheresse est là. On a une cuve pour ça. Une par immeuble, une par pâté de maisons. Et quand on voit son niveau baisser, ça calme.

EXTRAIT 2:

Ce jeudi 18 mai, la Loire-Atlantique n’avait plus rien à boire. Les chantiers de captage de la Loire, en amont, dans le Maine-et-Loire, étaient loin d’être terminés. Aucun plan B n’était opérationnel. À l’époque, l’eau potable servait à tout. Sans elle, la vie s’enrayait.

L’État a réagi dos au mur. Ça faisait des années pourtant que les hydrologues et pas mal d’élus locaux prévenaient qu’on courrait à la catastrophe. Qu’ils réclamaient l’arrêt des intrants, notamment des pesticides, dont l’usage ne diminuait pas en dépit de plans gouvernementaux jamais bien coercitifs.

L'article finit par l'avis d'une hydrologue sur la fiction.

J'ai trouvé ça intéressant mais avec toujours cette impression qu'on a beau le savoir, ça reste difficile d'agir si la société ne suit pas...

[Nina Caprice]

Super, ce sujet va être mon premier bilan écologique personnel.

Pour commencer je dirai que globalement, je pense que les associations et les partis politiques en général s'y prennent mal en matière de communication. J'ai même envie de dire qu'une sorte de marketting autour de la question écologique ne ferait pas de mal (exactement comme font les marques « éthiques » en expliquant le pourquoi du comment mais on pourrait même améliorer ça).

Je dis ça parce que mis à part étaler des chiffres à n'en plus finir sur tous les dégâts qu'on cause à l'environnement, il n'y a pas réellement de place pour le plaisir et les besoins de chaque individus, du moins c'est le sentiment que cela me laisse à chaque fois.
Par exemple, je trouve que lorsqu'on parle d'éviter le « gaspillage » ça a tendance à responsabiliser alors que lorsqu'on par de « surconsommation », bah c'est plus jugeant et culpabilisant.
Idem la notion de "compromis" me parait plus douce que "sacrifice"...

Les demandes de changements (et pas toujours des moindres selon la perception et les moyens de chacun) sont brutaux et jamais, je n'ai entendu parler de la notion d'accompagnement dans aucun discours écologique. Alors qu'on parle bien de changement et tout ce qu'il apporte comme résistance chez l'être humain...
Ma tante qui vit à Barr (arrivée du Gabon, où le tri n'est pas encore au cœur des préoccupations, depuis quelques années) tri les emballages sans problème. En revanche, depuis quelques mois, on lui a posé un pot en plastique et des sacs en papier pour les déchets alimentaires...Mais ça coince... Elle ne s'en sert pas du tout et n'arrive pas à intégrer cela dans ses habitudes.
Je ne pense pas qu'elle soit un cas isolé et c'est pour cela que je parle d'accompagnement (pas forcément des institutions, quoique, c'est bien de leur responsabilité non?… Bon une association ou autre collectif ferait très bien le job).

Ma tante n'a certes pas eu une éducation très poussée en la matière mais quand bien même ce serait le cas, est-ce que le fait d'assommer des grands voyageurs à coup de statistiques et de tonnes d'émission de CO2 a vraiment l'impact souhaité (mis à part cette bonne vieille culpabilité?)

Ou dire à des carnivores de longues date à quel point l'élevage tue la planète au quotidien?

Au lieu d'être dans une réelle éducation active et collective (non, je ne pense pas que la sensibilisation suffise), on ne fait que boire des informations menaçantes dont le principal effet est de paralyser, puisque la culpabilité n'est franchement pas la meilleure alliée pour un passage à l'action.

Et comme à l'école on se retrouve avec les meilleurs d'un côté (ceux qui sont si courageux qu'ils se sacrifient pour nous tous,tes à coup de maisons en terre-paille et tout) et les nul.les qui, comme sur les bancs, évitent le plus possible la confrontation avec leur échec présumé.
Je dis que l'aspect psychologique est largement sous-estimé, voir ignoré.

Donc pour ma part :

A garder :
- Pas de voiture car déteste conduire (trop anxiogène)
- Adore le train
- Se déplace à vélo (comme tout Strasbourgeois)
- Déteste prendre l'avion et donc ne prend pas l'avion
- Déteste le tourisme de masse et donc ne rêve pas du tout d'aller dans les grandes destinations de ce monde (mais fera un jour l'Europe en train si possible)
- A enfin des éponges de vaisselle réutilisable
- Est très manuelle et rêve de fabriquer des trucs même dans l'au-delà (mais en effet, ne sait/ne veut/ne peut tout faire)
- Ne mange pas énormément de viande (mais ça s'est fait petit à petit)
- Mixe friperie et vêtements neufs (NON A LA FRUSTRATION)
- Ne consomme que très peu de cosmétiques car les fabrique soi-même

A améliorer :

- Etre plus active dans la recherche de solutions alternatives (lessive, produits d'entretien etc)
- Mieux se renseigner sur certaines marques de vêtements
- A besoin des réseaux sociaux dans le cadre pro[/list]

[Nina Caprice]

(J'avais besoin de souffler)
Je complète (dans les trucs à améliorer)
- Amazon (faut vraiment que je trouve une autre solution)
- Aller plus souvent au vrac (qui ase trouve dans mon quartier quoique un peu cher je trouve
- Arrêter avec le déboucheur liquide ( à chaque fois ça me fait mal au coeur, mais c'est tellement efficace...)

(Il doit rester des fautes, je ne sais pas pourquoi mais en copiant collant depuis "scribens", ça a enlever toutes les corrections que je me suis épuisée à faire. )