L'école et le HPI : regards croisés

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Fanetys
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L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

Ces derniers temps, plusieurs nouveaux membres ont évoqué l’école, et j’ai trouvé leurs propos très intéressants. Ils ont titillé la vieille enseignante que je suis. Je vous propose donc de croiser ici nos expériences, nos ressources, nos suggestions et nos rêves :inlove: . Avec @Rune , qui devrait signer ce sujet autant que moi, car il est construit à quatre mains, nous avons dégagé plusieurs directions :

1. En tant qu’anciens élèves, quels souvenirs avez-vous de votre scolarité ? Diriez-vous, comme @mr_ludo
mr_ludo a écrit :Moi je dis que l'école a détruit beaucoup de choses en moi, que si on parle de harcèlement à l'école c'est pas pour rien et que des enfants épanouis à l'école, j'en ai pas rencontrés des tonnes.
(…) L'école, ça a été l'enfer. A mon entrée au CP, je savais lire, très bien parler, grâce à ma grand mère, puis, j'ai végété jusqu'à être parmi les derniers de la classe car je n'ai JAMAIS travaillé. Du coup, j'étais le feignant qui a des capacités.
C’est un sentiment assez partagé, me semble-t-il, que l’école ne soit pas adaptée aux enfants HP (ou pas adaptée tout court ?) Cela correspond-il à votre expérience personnelle ?

2. Si vous êtes parents d’enfants HP, quelle vision avez-vous de l’école ? Y sont-ils heureux, frustrés, malheureux ? Leur différence est-elle un problème pour eux, avec les enseignants, avec les camarades ? Pensez-vous que l’Institution a évolué sur l’accueil des HP? Avez-vous fait le choix d’une école alternative ou de l’école à la maison ? Avez-vous des expériences de scolarisation dans d’autres pays ? Que souhaiteriez-vous voir s’améliorer dans l’Éducation Nationale ?
Dans un autre fil @peismatara nous a raconté sa scolarité dans des écoles alternatives, pensez-vous que ce serait une/la solution ou pas ?
peismatara a écrit : A l'école Freinet (...) j'aimais le fait qu'on travaillait souvent de manière autonome en allant à notre rythme (…) je ne m'ennuyais pas. (…) Et le fait qu'il n'y avait pas de notes je pense que ça m'a aussi beaucoup aidée car j'ai toujours été très stressée de ne pas être assez performante. (...)
on ne poussait pas les élèves à sauter des classes (...) même si j'avançais plus vite que ceux de mon âge je pense que socialement je n'aurais pas aimé me sentir encore plus en décalage en étant en classe avec "les grands" (...)
on avait plein d'occasion de s'investir dans l'école, de proposer des projets, de discuter entre nous pour régler nos conflits tout en étant encadré par un adulte (...)Mais aussi toutes les activités d'ouverture culturelle très présentes (...)
Mon collège lycée bien que membre de la FESPI* suivait vraiment les cursus classiques (…) Mais on avait là encore beaucoup de temps d'ouverture culturelle et de possibilités de participer à la vie de l'établissement.
J'ai apprécié que les schémas d'autorité ne soient pas exagérés. Je n'ai eu que très peu cette sensation d'injustice (...)On se sentait respectés, on était pas cassés. Et les profs me laissaient faire autre chose pendant leur cours puisqu'ils voyaient que j'arrivais à suivre (...). On pouvait toujours trouver très facilement un adulte (un professeur) pour nous écouter lorsqu'on rencontrait des problèmes au sein de l'école, dans notre famille (...) D'ailleurs même si on ne le réclamait pas, on était obligé d'avoir ce rendez vous régulier en face à face avec un adulte pour discuter.
Les classes étaient aussi en effectif réduit (je crois que je n'ai jamais été dans une classe de plus de 22-23 élèves et en 1ère et Terminale c'était une quinzaine) donc moins de chance d'être laissé de côté. Et tout ça dans le système public! (sauf peut être pour les écoles Steiner quand j'étais toute petite)
* : Fédération des établissements scolaires publics innovants
(oui, j’aurais pu le mettre dans le point 1, mais je pense que cela peut faire avancer le point 2 aussi…)

3. Vous êtes ou avez-vous été enseignant : Avez-vous été confronté à des élèves HP ? Avez-vous adapté vos méthodes ou pensez-vous que ce n’est pas nécessaire, ou pas faisable ? Comment la salle des profs réagit-elle quand on désigne un élève comme étant « surdoué » ? Etes-vous informés des aménagements prévus par l’Institution ? Manquez-vous de formation ou en avez-vous bénéficié ? Les parents de ces élèves sont-ils en attente d’adaptations ou souhaitent-ils simplement que leurs enfants soient mieux compris ? Sont-ils en confiance ou plutôt critiques vis à vis de l’école ?

J’ai aimé retrouver chez @Rune des interrogations semblables aux miennes. Nous sommes plusieurs enseignants, ici, partageons-nous ses attentes ?
Rune a écrit : Je commence donc en effet à rêver d'un fil récapitulatif/ synthèse et approfondissement à la fois (Par exemples des liens vers les points de vue de l'-ancien-élève hpi / du parent d'hpi / du prof hpi ! ...car les 3 se font échos sans toujours se recouper ! Des liens vers les ressources existantes, car il y en a en effet, et des idées de ressources à créer...), qui pourrait être une base efficace pour ceux qui sont intéressés par le sujet parce que ''fortement sensibilisés'', et (on peut rêver...), pour tous les collègues qui, sans être concernés à part dans leur métier justement, s'intéresseraient à la notion et passeraient par ici...
Voilà pour lancer ce fil. Comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, je vais me répondre dans le message suivant, histoire de laisser une certaine visibilité aux problématiques (oui, c’est déjà trop long :arag )

Listes de ressources pour alimenter le débat (les liens donnés ailleurs sur ce fil seront mis à jour ici)

1. Côté élèves
topic "harcèlement et isolement social" viewtopic.php?f=31&t=10486
2. Côté parents
topic « les systèmes d’éducation » viewtopic.php?f=31&t=1096
topic « dépistage des enfants doués à l’école et programme spécialisé » viewtopic.php?f=31&t=9286
3. Côté enseignants

une page très complète des Services Départementaux de l'EN du Val d'Oise
qui renvoie entre autres au vademecum "scolariser un élève à haut potentiel" (2019)

Un dossier de l'Onisep : https://www.onisep.fr/Choisir-mes-etude ... -potentiel

Un exemple de compte-rendu de formation proposée par l'EN dans un autre topic : viewtopic.php?f=82&t=10560

Des petites fiches pratiques pour les enseignants :
PPEHP critères d'éligibilité.pdf
grille de repérage EHP lycée.pdf
grille de repérage EHP collège.pdf
Comprendre et aider un EHP qui désinvestit le travail écrit.docx.pdf
Comprendre et aider un EHP avec des difficultés de comportement.docx.pdf
Exemple de protocole pour un élève HP avec troubles du comportement .pdf
Fiche 3 Différencier pour les EHP, des exemples au collège et lycée.pdf
Fiche 4 Compacter et enrichir, des exemples.pdf

4. Inclassable ou transversal
topic : l'école idéale
topic « L’EN, grand corps malade » viewtopic.php?f=31&t=2601
Documents pour les parents et les professeurs, site éducation de la province d’Alberta
https://education.alberta.ca/apprenants ... alentueux/
(attention, je crois que la vision canadienne de la douance est un peu différente de la nôtre)
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

Je m’auto-réponds  :cheers: :

1. Mon expérience est différente de celle de mr_ludo. Venant d’un milieu très simple, j'aimais beaucoup l'école et m'y sentais bien, parce que j'y trouvais à me nourrir. Je me souviens encore de la séance hebdomadaire d’emprunt à la bibliothèque du collège. Je me fondais dans la masse, et même si j’étais étiquetée comme bonne élève, je n’avais pas de problèmes relationnels avec les autres car, disaient-ils, je ne me vantais pas (mais c’était une autre époque !)

2. Mes enfants n’ont pas été testés. Je n’ai moi-même découvert ma douance que depuis peu, et eux n’éprouvent pas le besoin de passer le WAIS. Ils ont tous trois bien réussi leurs études, en s’ennuyant pas mal dans le secondaire. Mon fils aîné, qui avait un an d’avance et un physique de moineau a souffert de harcèlement, surtout en 5eme (il s’est ensuite trouvé un copain balèze qui décourageait les agressifs...) Il a beaucoup pris sur lui, et s’est forgé une carapace pour protéger sa grande sensibilité. Le lycée a été moins difficile. Il y faisait de l’origami modulaire ou programmait sa calculatrice pendant les cours pour s’occuper. Les deux autres, un peu plus sociables, n’ont pas eu de soucis particuliers. Je pense que c’est une bonne chose de les confronter à un public hétérogène, pour qu’ils se préparent à la vraie vie (!) mais j’ai regretté qu’il n’y ait pas de solution pour qu’ils ne passent pas autant de temps à attendre (même si l’ennui peut être fécond : je ne milite pas pour de l’occupationnel à tout crin !) Ils étaient aptes à travailler en autonomie, mais ce n’était pas vraiment proposé en classe.

3. Je reprends ici ce que je disais ailleurs :
« Sans vouloir caricaturer : les personnes qui se forment sont souvent concernées elles-mêmes, ou pour le moins très sensibilisées. Elles déplorent systématiquement le peu d'intérêt de leurs collègues pour ce type de dispositif. Il faut dire que l'on nous demande de nous adapter à tous les dys, TDAH, etc... et que les enseignants considèrent (ce qui est quand même heureusement le cas la plupart du temps) qu'un élève surdoué n'a pas besoin d'aide.
Je me forme pour être référente EHP dans mon établissement. Peu de cas repérés pour l'instant, mais il y aura quand même du travail d'information car j'entends de grosses bêtises  (du genre :"ma copine orthophoniste, qui s'y connaît, m'a dit qu'on pouvait être précoce à 8 ans et ne plus l'être à 10, alors...") »


Quelques portraits d’EHP (« élèves à haut potentiel » a remplacé « élèves intellectuellement précoces ») croisés ses dernières années :
► Afficher le texte
Depuis quelques années, le devenir des élèves HP intéresse l’Éducation Nationale. Des stages de formation sont proposés, mais ils sont un peu datés, avec des concepts pas vraiment validés scientifiquement (voir sur le 1er post la transcription d’un stage que j’avais suivi l’an dernier).
L’EN dispose d’un vademecum pour les EHP, auquel a collaboré Nicolas Gauvrit. Il est plutôt bien fait mais ne sont au courant que les enseignants particulièrement sensibilisés au sujet. On y évoque différentes pistes : différenciation pédagogique (ce que l’on nous demande pour tous types d’élèves mais dans des classe à 30 élèves, ce n’est pas simple), tutorat par un adulte, enrichissement (étudier d’autres choses ou différemment, fouiller un sujet, créer, résoudre des problèmes complexes...) décloisonnement (suivre certains cours dans un niveau supérieur), accélération (saut de classe, faire deux années en une, etc.), proposition d’un espace dédié (rencontrer ses pairs…) Y a plus qu’à !


Lorsqu’un élève HP rencontre des difficultés, on peut élaborer un Programme Personnalisé de Réussite Éducative, sorte de « contrat » entre l’équipe éducative, la famille et l’élève. Un tel dispositif officiel n’est pas indispensable pour mettre des choses en œuvre, mais il cadre les aménagements (et on demande à la famille de produire une validation du HP avec passation du test par un psychologue). Les psychologues de l’Éducation Nationale (pour le secondaire, ce sont les anciens conseillers d’orientation) sont aptes à faire passer un WISC, et c’est gratuit. Beaucoup de parents préfèrent faire appel à un cabinet privé, par méconnaissance de cette possibilité, ou parce qu’il se dit beaucoup que touts les psys EN ne sont pas franchement bien formés sur le sujet.
Pour résumer, je dirais que l’EN veut bien faire, mais qu’elle court toujours un peu pour attraper le train en marche. La plus grande difficulté me semble être que les enseignants doivent se saisir de ces sujets, et pour cela, oublient tous leurs préjugés. Les parents, mieux informés, savent demander que l’on prenne en charge leurs enfants, et les établissements vont nécessairement devoir s’adapter… mais c’est lent… Je rappelle ce que je disais plus haut : les injonctions pour prendre en compte toutes les difficultés individuelles sont parfois irréalistes, et les enseignants s’épuisent… Cela ne les aide pas à faire preuve d’ouverture…
Alors bien sûr, d’autres structures font rêver… Souvent privées, à petits effectifs, avec des moyens financiers importants… Dans l’Éducation Nationale, hormis quelques dispositifs spécifiques, nous ne faisons pas de la Haute Couture mais du prêt-à-porter. Les contraintes ne sont pas les mêmes. Nous avons des classes à 28 ou 30 élèves, aussi hétérogènes que vous pouvez l'imaginer, non seulement en termes de capacités, de savoir-être, mais aussi de visions familiales et d'intérêt pour l'école. Pour des raisons budgétaires et/ou idéologiques, nous devons travailler avec ces groupes hétéroclites, en appliquant des programmes conçus pour "l'élève moyen" (si tant est qu'il existe), dans des structures nécessairement rigides pour que l'ensemble puisse fonctionner. Avec bien sûr des exhortations pour adapter, individualiser, diversifier... Notre salle de classe demeure un lieu où la liberté pédagogique peut s'exercer (liberté contrôlée, hein !) mais les fées qui se sont penchées sur mon berceau ne m'ont pas gratifiée du don d'ubiquité, et suivre 30 élèves sur 55 minutes, cela fait moins de 2 minutes par gamin ! Alors, comme tous les collègues, je rame... J'essaie des petits trucs mais j'ai l'impression de vider l'océan avec une petite cuillère... Et comme je ne crois pas que les contribuables soient prêts à doubler le nombre d'écoles... Mais bon, j'adore mon métier quand même, et je veux croire que le simple fait de changer de regard peut faire avancer le schmilblick :)
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Miss souris
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Miss souris »

Pour compléter le tableau qui vient d'être ( très bien je trouve) brossé plus haut : pour moi, le gamin hp a la même place dans ma réflexion pédagogique que celui est dys truc ou machin, celui qui est timide, celui qui travaille mieux en tableau ou en carte mentale...il est un trentième de la classe et pas plus ( ni moins).
J'essaie ( pas tout le temps je suis pas WonderWoman) de leur proposer ( à tous) des activités "au choix" de type plan de travail un peu à ma sauce ( oui c'est un peu une servitude volontaire mais vu d'où on part c'est déjà ça), qui couvriraient différents profils, points forts/ points faibles, en terme de raisonnement, de présentation des résultats, de coopération essentiellement.
Mon objectif est qu'ils prennent conscience (tous) des domaines où ils sont bons et ceux où il réussissent moins bien.( pour le retravailler ensuite mais là il faut beaucoup pousser...😂)
Il y en a dans le lot des très bons en tout juste excellents partout et bons camarades en plus, souvent pas les plus rapides. Ils prennent le temps, aiment bien comprendre. Ils assimilent les conseils, les connaissances, se rappellent de ce qu'on a vu 6 mois avant et s'en resservent. Et visiblement se régalent.( parfois. Je ne suis pas Wonderwoman.) Ceux là il leur arrive de pas être au top en travail de groupe. Mais pas toujours.
Et puis il y en a qui choisissent systématiquement les activités de synthèse libre/ prélèvement d'info non guidé ( je lis un truc et je prends des notes, sous diverses formes), qui vont faire en une heure le travail prévu en 3 ou 4, qui vont tout comprendre et tout bâcler. Ceux là, je leur donne pour objectif de travailler l'ordre dans lequel ils vont dire les choses, et ensuite de les rédiger, en traquant les fôtes. ( par contre je leur laisse choisir le sujet, parmi les problématiques des chapitres étudiés)

On a dans le collège où je travaille très peu d'enfants effectivement testés. Et les parents ont rarement des infos précises sur les résultats. J'ai déjà demandé à voir les bilans. Je précise que j'en ai vu peu, moins de 10 ces dernières années. Ceci étant posé je constate que les enfants correspondant au deuxième profil d'élèves ont des QI hétérogènes.
Ceux du premier profil sont rarement testés. Ils sont juste très, très au dessus du lot. Et la plupart du temps n'ont même pas lair de s'en rendre compte.

Dans mon esprit ça pourrait être des hp homogènes. Je ne sais pas. ( et j'espère que je suis restée dans le sujet.😊

mr_ludo
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par mr_ludo »

Bonjour,

Je viens vous raconter mes expériences avec la scolarité.

Je vais essayer d’être le plus factuel et le moins possible dans le jugement. Je pense que vous comprendrez pourquoi j’ai assez mal vécu ces expériences.

J’ai conscience qu’il s’agit de mon expérience personnelle, qu’il ne faut pas généraliser, que je n’ai peut-être pas eu de bol, que je suis et j’étais hypersensible et assez inadapté à notre monde.
Mes parents n’ont absolument rien facilité non plus.

Dernière chose, j’ai 47 ans et je parle d’un autre monde, d’une autre école, d’autres enseignants pour qui, je crois, il n’y avait ni haut potentiel, ni sensibilité. D'ailleurs, je pense que tout le monde m'ayant croisé à l'école ne donnait pas cher de mon potentiel...

Tout a commencé un matin de septembre 1977, j’ai 3 ans et 3 mois.
On est à Puteaux (92) et Maman m’emmène à la maternelle.

Je vais vous raconter mon tout premier souvenir, je ne pense pas parvenir à remonter plus loin (il y a un moment fugace qui me revient en tête, dans l’appartement qu’on avait à Clichy avant celui de Puteaux, mais j’avais 2 ans et 8 mois quand nous avons déménagé alors je ne sais pas s’il est vrai…).

Nous entrons donc dans la maternelle, je suis dans ses bras et tout me semble haut, les portes, les murs, les fenêtres, les plafonds, le hall d’entrée… je n’ai jamais vu de bâtiment aussi grand, ça l’est bien plus que dans les maisons où je vais parfois.
C’était une école du centre ville, construite au début du XXè siècle , dans une ville qui voulait mettre déjà à l’époque des sous dans les bâtiments pour montrer sa prospérité.

Je suis donc impressionné, c’est grand et il n’y a pas grand monde. Je n’ai pas souvenir qu’on m’ait préparé à venir ici, on ne m’a pas parlé de copains, d’autres enfants.
De toute façon, je suis enfant unique absolument pas habitué à interagir avec d’autres enfants, je ne vis qu’avec des adultes.

Une dame arrive et je suis rapidement mis dans ses bras, je ne sais plus si je dis au revoir à Maman, si je comprends qu’elle me laisse, en tout cas je la vois partir et là… ben tout s’effondre, que se passe t’il ? pourquoi suis-je dans une si grande maison avec une inconnue ? et Maman, elle est partie où ? elle revient quand ?

Alors évidemment j’ai peur, évidemment je pleure et puis comme elle ne revient pas je hurle, non mais ils ne vont pas s’en sortir comme ça, je vais leur pourrir leur journée puisqu’ils m’abandonnent, alors je hurle encore.

Je me vois ensuite dans la cour de la maternelle, mes hurlements ont fait qu’on ne pouvait me laisser à l’intérieur et je suis donc dehors.
Les murs hauts ne permettent aucunement de voir l’extérieur, je suis coincé dehors, seul et je ne sais pas ce qu’il va advenir de moi.

Quelques temps plus tard, Martine arrive. Martine c’est la cousine de Maman.

Pourquoi vient-elle me chercher ? pourquoi c’est pas Maman ?

Elle m’emmène chez mes grands parents qui vont me garder, la maternelle, c’est pas pour demain.

Et mes grands-parents vont me garder… 3 ans !

Du coup je vis à une centaine de km de chez mes parents avec des gens nés en 1916 (même quand on est né en 74, ils ne sont pas très jeunes).

Là je m’y sens aimé et je vis un peu comme on vivait à l’ancienne. Ma vie y est plus paisible, le jardin est immense et donne sur des prés.

Mon grand-père m’apprend à faire du vélo, joue au ballon avec moi et Mamie m’apprend à lire, à compter, à écrire, à lire l’heure avec les aiguilles, à chanter… et puis ça rentre bien parce que je prends du plaisir à le faire et j’y trouve de l’utilité car je mesure mes progrès et mon autonomie.

Je fais mes moyenne et grande sections dans ce village avec seulement 3 classes dans cette petite école où tout le monde se connait. Je rentre manger le midi, la vie est douce.

J’ai l’air de bien apprendre mais j’en apprends plus à la maison, alors j’y vais pour m’amuser et être avec d’autres enfants.

Je trouve le monde déjà un peu étrange et je me souviens qu’un jour, il m’a fallu toucher le copain à la table devant moi pour bien mesurer si ce que je vivais était vrai ou non.

Je grandis, j’ai beaucoup de vocabulaire car à la maison, on me parle et je n’ai toujours que des adultes dans mon environnement.

Puis arrivent mes 6 ans (comme je suis né en juin, mes anniversaires coïncident avec les années scolaires) et mes parents me reprennent un peu du jour au lendemain.

De retour à Puteaux, l’école Jean Jaurès est pile de l’autre coté du trottoir, le passage clouté (on le dit plus ça ?) passe directement de la porte de l’immeuble à la porte de l’école.

Mon CP se passe très bien, j’en sais tellement que c’est du bonheur, la maitresse est contente, mes parents fiers, tout va bien, moi, j’y vais pour voir des copains (mais j’en ai pas vraiment, je ne sais si on me met à l’écart ou si je ne sais pas y faire) et je n’ai trop rien à apprendre, je vivotte.

Le CE1, là c’est déjà moins bien car je continue à vivoter et je n’apprends pas ce que je ne sais pas.
Mes parents ne s’occupent pas de moi et la maitresse n’est pas contente que je n’écoute pas en classe.

Alors je me sens un peu dévalorisé, je n’aime plus trop y aller, je m’y ennuie, les journées sont longues, je n’ai pas vraiment de copain, je ne comprends pas trop pourquoi on m’apprend des choses dont je me fiche.

Et puis la maitresse ne m’aime pas, je ne fais pas d’effort et je viens surtout pour m’amuser, j’ai des notes plutôt moyennes, je semble feignant car en plus je suis un peu rond (ce qui amplifie l’idée d’être une bonne grosse feignasse de gamin).
Je connais aussi le racisme à l’école, je découvre qu’il y a des clans, les arabes ensemble, les portugais, les noirs et les blancs. Et on est pas là pour s’aimer.

Ca en fait des choses à gérer, moi j’aimais bien l’école du village, on était autant dans toute l’école que dans ma classe (il y avait 10 classes juste à l’école élémentaire à Puteaux).

Puis les années défilent, je suis en queue de peloton tout le temps, pourtant je comprends tout mais je m’y ennuie. A quoi bon apprendre toutes ces choses alors que le soleil luit dehors, les platanes de la cour m’appellent. Comme je n’apprends RIEN à la maison, je survis avec ce que je retiens, ce qui m’intéresse mais le reste, ce qu’il faut apprendre sinon ça ne rentre pas, niet !
Souvent je savais les choses et je ne savais pas pourquoi, en tout cas je ne participais pas et je ne voulais pas dire la réponse.
Je me suis toujours demandé pourquoi cette fille est première de la classe alors qu'elle est bête comme ses pieds (elle apprenait c'est tout).
J’ai toujours peu de copains, je me bagarre un peu trop dans la cour, je crois que j’ai peur de l’école.

A la cantine, on y rentre 2 par 2 en rang. Comme personne ne veut de moi à ses côtés, je mange tout seul et le dernier puisque l’instit qui garde la porte ne nous fait entrer que 2 par 2 !

Je me fais engueuler à la maison parce que je travaille mal. On ne m’aidera pas plus que ça à faire mes devoirs ou m’aider à comprendre ou à m’écouter non, on va m’engueuler.
Pourtant mon père dirige une boîte qui importe du matériel (militaire souvent) des USA pour les revendre en Europe et ma mère est secrétaire d’un grand architecte parisien.

S’engueuler d’ailleurs, c’est la vie de mes parents, insultes, meubles cassés et vaisselle qui vole, un peu d’alcool aussi et elle est pas belle l’enfance ? J’ai peur de l’école, j’ai peur à la maison, je compense un peu par la bouffe et je suis trop gros, ça donne confiance en l’avenir tout ça.

J’ai 11 ans, on est en septembre 85, on a déménagé à côté d’Argenteuil et je rentre au collège.

Collège privé parce que déjà, on est mieux que les autres et puis comme ça va pas trop bien à l’école, on va se donner les chances pour qu’il y arrive le p’tit.

Ben rien ne change ! je suis toujours dans les 4 derniers de la classe, souvent le dernier qu’on ne fait pas redoubler parce qu’on sait que je peux mais que je suis souvent absent et que je ne fous rien à la maison.

Je redécouvre le fait d’être dans les petits et je me fais encore un peu maltraiter. Là je déteste vraiment l’école. Je sèche pas mal, maman me couvre. Quelques bagarres encore, un ennui monstrueux, tiens sauf l’anglais, c’est bien et le prof nous vouvoie, j’aime bien.
Mais il faut apprendre et moi, je n’apprends jamais rien. Les verbes irréguliers par exemples, ça a mis des siècles à rentrer. Je n’apprends rien et je ne fais pas mes devoirs, mes parents ne regardent rien d’autre que le carnet de notes alors que je fasse ou non mes devoirs on s’en fout.

Quand il y a un truc à rendre, je le pompe sur quelqu’un qui veut bien me le donner (vu ma cote de popularité, ça a été rare) ou je le fais vite fait le matin.

Une horreur ma bonne dame, ça a été une horreur jusqu’à la fin de la 4è où là, on ne veut pas me faire passer en 3è, 7 de moyenne, faut pas abuser parce qu’en plus, on le sait tous, c’est par manque de travail.
Alors là ! pas question que le petit redouble, pas de redoublant chez nous, on le change d’établissement, me revoilà dans le public au CES communal.

Et là, ben étrangement ça va mieux côté relationnel, je me fais des copains et des copines.
J’ai du comprendre comment ça marchait et je n’avais pas mon image de gros idiot qui me suivait.
Là j’ai donc eu des copains chez qui j’allais un peu le week-end, il y avait des filles qui me parlaient mais scolairement, c’était un peu mieux mais pas ce qui était attendu.

‘’On va l’orienter’’

Alors dans quoi ? Moi j’adore les voitures, les motos, mon tonton a une grosse boutique de pièces automobiles et à Argenteuil, il y a le plus grand lycée de France des métiers de l’automobile.

Enfin on va me parler de choses qui m’intéressent !

Ma rentrée des classes de septembre 1989 se fait à l’Ecole hôtelière de Paris !!!

Oui c’est inattendu car je n’ai jamais cuit un œuf de ma vie mais il était hors de question pour mes parents d’avoir un enfant dans un garage, on lui achètera un resto, ça fait mieux pour le regard des autres.

La conseillère d’orientation était ravie car son job, c’est de remplir des classes et en restauration, c’est comme en chaudronnerie, personne ne veut y aller.

Aux évaluations pour être accepté au lycée, il y a les épreuves écrites et un oral.
L’oral est un débriefing de nos résultats écrits face à un prof. Celui que j’ai en face de moi regarde mes résultats… Math, nul, le reste ça allait et il me dit ‘’ je ne comprends pas, la copie de français a une note de 16 mais elle n’a pas été corrigée… Ah mais si, juste il n’y a aucune faute d’orthographe’’.
Parfois, je me sentais un peu moins con.

Bon normalement c’est 5 ans… 3 années pour le bac et 2 pour le BTS.

Je vous la fait courte mais ça se passe mal, je suis vite orienté pour le bac via le CAP qu’en plus je rate à cause d’une crème au caramel trop cuite (ça tient à rien mais coefficient 10 alors…), je m'en suis rajouté 2 années.

Je m’en suis tapé 7 ! 7 années d’école hôtelière.

7 années durant lesquelles les profs m’ont détesté, insulté pour certains, l’un d’eux m’a demandé en pleine classe si je voulais faire autre chose comme métier que sumo !

7 années à apprendre des choses dont je savais que je n’utiliserais pas, 7 années si difficiles que j’ai prié tous les soirs pour que ça s’arrête (parce qu’à la maison, ça ne s’est pas calmé non plus) alors que je n'ai jamais pratiqué quelque religion que ce soit.

7 années pendant lesquelles tous les étés étaient destinés à des stages. Juillet et août dans un resto parisien. Et comme je cuisinais bien, on m’envoyait dans les palaces parisiens pour représenter l’école, là où c’est bien dur et que ça marche encore à coup de pied au cul avec les chefs qu’on voit maintenant à la télé.

Je choisissais mes matières et certaines comme la cuisine compensaient les maths ou la gestion.
Je séchais tellement qu’il me fallait un nouveau carnet de correspondance arrivé mars.

J’ai eu le bac avec 10.00/20. La conseillère d’éducation est venue me voir le jour des résultats pour me dire ‘’Tu sais Ludo, sans moi, tu ne l’avais pas’’.

Moi je voulais le rater pour ne pas me taper les 2 années de BTS et j’avais déjà 21 ans.

Ma première année de BTS, je sombre dans une vraie grosse dépression, je suis absent de mi septembre à décembre. A la fin de l’année, au conseil de classe, les profs m’annoncent que je ne peux pas passer en 2nde année.

Je leur dis que j’ai eu tellement d’absence qu’ils pouvaient considérer quand même que c’était pas si mal. Du coup je passe quand même.

Ma 2è année de BTS commence en septembre 1995. Pour ceux qui s’en souviennent, les grèves bloquent la France, on vit déjà ce qu’ont fait les gilets jaunes plus tard.

Les routiers bloquent Paris, on ne va plus à l’école. Moi je propose aux copains de venir à la maison pour jouer à la playstation (j’en ai ras le bol de jouer seul) et ils viennent car j’ai une grande chambre et on est 7 ou 8 tous les jours, garçons et filles mais on joue peu et on travaille les cours beaucoup.

Les autres le veulent le BTS et pour la première fois de ma vie, je travaille, alors le moins possible mais je suis ce que font les autres, je suis à la table et je participe parce que c'est détendu, parce qu'on passe un bon moment, parce que même Maman est sympa et nous fait des buns surgelés au micro ondes (c'est mon copain Richard qui me l'a rappelé il y a peu) c'est dire si on aimait la cuisine à la maison.

Retour à l’école, premier conseil de classe et là un jeune prof vient me voir (dans les lycées professionnels parisiens, les profs débutent souvent et ont peu d’écart d’âge avec les vieux élèves comme moi (23 ans)) pour me dire '’mais comment t’as fait ? pourquoi maintenant ? tu es dans les 5 premiers de la classe !!!’’

J’ai donc connu la réussite scolaire pour quelques mois, j’ai eu mon BTS haut la main en me permettant de dire à l’épreuve de service en salle ‘’non je n’ai rien appris, vous pouvez me mettre une mauvaise note, je mise tout ailleurs, moi je suis cuisinier pas serveur’’.

La mauvaise note je l’ai eu, j’ai eu aussi 18 en français, 16 en anglais et en espagnol, 18 en cuisine (et des horreurs en math-gestion).

Imaginez qu’il n’y ait pas eu de grèves, j’aurais terminé l’école sur un constat d’échec, sur le fait que je suis un gros nul qui ne réussira jamais à rien dans (en plus) un métier qu’il n’a pas choisi, qui est dur et subi.

Que reste t’il de l’école aujourd’hui pour moi ?

C’était dur, jugé tout le temps, pas écouté, pas considéré, pas regardé, pas aimé, dévalorisé et mal traité.

Il fallait suivre sinon crève (oui c'est violent mais pensez-vous que j'ai des arguments contraires à me proposer ?).

Pourquoi faut il faire de l’école une compétition ? parce qu’après tout, c’est ça le problème, moi on m’a écrasé et marché sur la tête parce que je ne voulais simplement pas concourir, parce que je ne comprenais pas comment ça marchait, parce que je ne voulais pas que ça marche comme ça. Parce que je voulais savoir pourquoi le ciel est bleu, si le soleil en vrai il est plus gros que la lune, si c'est vrai que si on creuse un gros trou on arrive en Chine, et les oiseaux, ils dorment où ?

Est-ce que l’école m’a appris beaucoup de choses ? non, est-ce qu’elle ma socialisé ? non de non, est-ce que j’ai vu une seul fois de la bienveillance ? non, je vous l’assure.

Alors qu'il fallait juste m'intéresser... Un exemple, je suis tombé vers le CM1 sur un Quid 1981 chez ma tante.
Une révélation, des choses à savoir, des réponses à des questions que je ne m'étais pas posé, j'adorais ce livre.
Vous voyez, le terreau était là, personne n'y a rien planté.

Ah si, une fois le prof de philo (ca m'a plu la philo et là encore j'étais le seul à aimer, encore différent, un cuisinier philosophe) est venu me voir pour me demander ce que je faisais là, pourquoi n’allais-je pas en fac de langue ? parce que j’en pouvais plus et je ne me voyais pas me rajouter des années, que le travail vienne vite me délivrer de l’école et de mes parents.

Donc c’est un ensemble de choses qui ont fait que ça s’est mal passé. Je crois que je suis encore en colère et si j’avais des enfants, je n’aimerais pas les mettre à l’école. Je leur proposerais la scolarité à la maison, l’ouverture sur le monde et aussi, s’ils le veulent, d’aller à l’école mais je ne les forcerais pas.

J’ai un rêve récurrent… Je suis à l’école hôtelière, en dernière année et j’ai déjà mon BTS, je ne sais pas pourquoi j’y suis encore mais ça continue et je ne cesse de demander ‘’comme je l’ai déjà le diplôme, si je le rate cette année, on me retirera celui que j’ai eu l’année dernière ?’’
Je crois que pour moi, dans ma tête, ça continue encore. Je pense que je suis traumatisé. Je pense tous les jours à l'école.

Voilà mon histoire, je suis devenu prof de cuisine au lycée de Bordeaux/Talence 11 ans après.

Je vous raconterai cette seconde rencontre avec l’éducation nationale dans un autre post, parce que j'ai conscience que j'ai fait long, excusez moi, ça m'a fait du bien de tout écrire.

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Rune
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Rune »

@Fanetys Merci pour avoir ouvert ce fil !
On n'est pas loin de ce dont je rêvais :clin: ! (...et je te trouve bien généreuse en disant que nous l'avons écrit à 4 mains...)

Pour étayer un peu :
-je répondrai moi aussi bientôt aux diverses questions posées
-je vais surtout essayer de rassembler les liens vers les différents fils sur ce sujet (car il y en a pas mal me semble-t-il, et pour certains vraiment instructifs), mais disséminés un peu partout sur le forum.
Par contre, cela attendra un petit peu (les vacances, quoi !) pour que je puisse le faire.

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Fanetys
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

Miss souris a écrit : dim. 4 juil. 2021 18:57 J'essaie ( pas tout le temps je suis pas WonderWoman) de leur proposer ( à tous) des activités "au choix" de type plan de travail un peu à ma sauce ( oui c'est un peu une servitude volontaire mais vu d'où on part c'est déjà ça), qui couvriraient différents profils, points forts/ points faibles, en terme de raisonnement, de présentation des résultats, de coopération essentiellement.
Mon objectif est qu'ils prennent conscience (tous) des domaines où ils sont bons et ceux où il réussissent moins bien.( pour le retravailler ensuite mais là il faut beaucoup pousser...😂)
Je suis admirative, parce que je sais tout le travail de préparation et de gestion en classe que cela demande. Des heures et des heures de travail...
Miss souris a écrit : Ceci étant posé je constate que les enfants correspondant au deuxième profil d'élèves ont des QI hétérogènes.
Ceux du premier profil sont rarement testés.
Même constat.

@mr_ludo , au-delà de ton témoignage touchant, je me demande ce qui, dans ta scolarité chaotique, relève probablement du HPI, et ce qui relève plutôt de ta situation familiale ? Pour rester dans le thème : aurais-tu des suggestions sur ce qu'aurait pu faire l'école avec toi (déjà, ne pas te maltraiter bien sûr :( ), et en élargissant, sur ce que l'école actuelle pourrait faire pour aider des profils comme le tien à s'épanouir ?
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

Rune a écrit : dim. 4 juil. 2021 19:29 je vais surtout essayer de rassembler les liens vers les différents fils sur ce sujet (car il y en a pas mal me semble-t-il, et pour certains vraiment instructifs), mais disséminés un peu partout sur le forum.
J'ai tenté de mettre d'autres liens vers d'anciens topics mais ça n'a pas marché, et je ne sais pas du tout pourquoi... :nesaitpas:

Edit : Je viens de réessayer pour la 3e ou 4e fois, et ça fonctionne ! Premier post édité du coup.

(Il y a encore beaucoup à faire mais je crains de ne pas être très dispo les jours à venir.)
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Troglodyte-mimi »

1- En tant qu'élève, j'ai des souvenirs très disparates selon les enseignants et les écoles. Globalement bons quand l'enseignant me donnait du grain à moudre que ce soit en m'envoyant chercher un livre à la bibliothèque, en me demandant d'aider un camarade, en me donnant des exercices supplémentaires à faire en autonomie, etc. et mauvais lorsqu’on me demandait de rester assise à ma table après la 3° explication de la même chose que j’avais déjà comprise et qui invariablement m'entrainait à bavarder et donc me faire gronder ... Bon lorsque les professeurs identifiaient mes difficultés (par ex en orthographe) et tentaient de m'y aider mauvais lorsqu'ils me balançaient des phrases de types bon l’orthographe comme d’habitude... mais quand est ce que vous allez faire un effort :-(
donc en gros je crois que le simple fait qu'on ne me laisse pas avec rien à faire pendant des heures m'était suffisant. Le truc à faire pouvant être très varié je n'étais pas à priori difficile.
Après avec les autres élèves perso jusqu'en collège ça a été, au collège la cata, mais je ne m'étendrais pas dessus et au lycée ou après pas de problème. Je suis toujours passée pour un peu originale, mais j’avais des ami(e)s peu nombreux, mais fidèles et ça me suffisait. À noter quand même que c'est une prof de collège qui m'a sortie de l'enfer en disant a mes parents qu'il était urgent de me sortir de ce collège et de me mettre ailleurs ce qui je pense m'a sauvée de la phobie scolaire qui n'était pas très loin (pleurs tous les soirs et les matins...)

2- En tant que parents, pour l'instant mes enfants ne sont pas testés. L'enseignante de mon ainé nous a posé la question, je lui ai demandé si cela aurait une utilité pour eux (les enseignants) elle m'a dit pas pour le moment, nous avons donc décidé d'attendre (il était en petite section de maternelle...).
Là encore les enseignants qui donnent du grain à moudre, valorisent les élèves qui savent et les aide là ou ils ont plus de difficulté ( ici l'écriture) sont plutôt bien perçus et mon gamin est heureux. Plus compliqué avec les enseignants qui appliquent un programme toujours le même, sans vraiment d'adaptations aux élèves, mais là je crois personnellement que ça n'a rien à voir avec HP ou pas , c'est compliqué en général pour toute la classe...

3- Je ne suis pas enseignante au sens propre du terme. Je fais parfois de la médiation scientifique, et dans un groupe quand il y a un gamin visiblement plus avancé sur le sujet traité que les autres (je n'ai dans ce cas aucune idée d'un HP ou non soyons honnêtes!) j'essaye de l'appuyer sur lui pour lui faire expliquer aux autres et en général ça fonctionne assez bien, parfois je l'arrête en lui disant attends tu sais ce que tu dis est juste, mais tous le monde ne l'a pas forcément appris et je pose à nouveau les bases.

En conclusion je crois de mon point de vue que ce qui fonctionne plus que des recettes des théories, etc. c'est une attention à chacun et au groupe. Je sais combien cela peut être difficile!
Je pense aussi que , quand cela est possible, les enseignants gagneraient certainement à travailler un peu plus de concerts avec les parents. Ce n'est pas toujours possible, mais parfois des parents avertis de telle ou telle difficulté particulière peuvent aider leur enfant, lui expliquer chercher avec lui des solutions... bref prendre le temps individuel qu'un enseignant n'a pas toujours et faire ensuite un retour qui est, je crois, constructif. C'est ce que nous avons vécu avec l’enseignant de mon ainé une année c'était super, c'est ce qui a manqué cette année ou certaines infos du bulletin scolaire nous surprennent et pour lesquelles il est dommage de n'être prévenu qu'en fin de trimestre.
Après le boulot d'enseignant est difficile et je crois que chacun fait aussi avec ce qu'il est du mieux qu'il peut, etc. l'échange est cependant instructif me semble-t-il pour parfois faire bouger des lignes de tous les côtés ;-)

voilà pour ma brique je ne sais pas si elle apportera un éclairage particulier, mais peut être une petite pierre en plus dans cette réflexion...

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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par mr_ludo »

Fanetys a écrit : dim. 4 juil. 2021 19:40
Miss souris a écrit : dim. 4 juil. 2021 18:57 J'essaie ( pas tout le temps je suis pas WonderWoman) de leur proposer ( à tous) des activités "au choix" de type plan de travail un peu à ma sauce ( oui c'est un peu une servitude volontaire mais vu d'où on part c'est déjà ça), qui couvriraient différents profils, points forts/ points faibles, en terme de raisonnement, de présentation des résultats, de coopération essentiellement.
Mon objectif est qu'ils prennent conscience (tous) des domaines où ils sont bons et ceux où il réussissent moins bien.( pour le retravailler ensuite mais là il faut beaucoup pousser...😂)
Je suis admirative, parce que je sais tout le travail de préparation et de gestion en classe que cela demande. Des heures et des heures de travail...
Miss souris a écrit : Ceci étant posé je constate que les enfants correspondant au deuxième profil d'élèves ont des QI hétérogènes.
Ceux du premier profil sont rarement testés.
Même constat.

@mr_ludo , au-delà de ton témoignage touchant, je me demande ce qui, dans ta scolarité chaotique, relève probablement du HPI, et ce qui relève plutôt de ta situation familiale ? Pour rester dans le thème : aurais-tu des suggestions sur ce qu'aurait pu faire l'école avec toi (déjà, ne pas te maltraiter bien sûr :( ), et en élargissant, sur ce que l'école actuelle pourrait faire pour aider des profils comme le tien à s'épanouir ?
Qu'est-ce qui relève du HPI ? la sensation de ne pas être à ma place, de ne pas être compris et de ne pas comprendre comment celà fonctionne.
L'ennui aussi, mais quel ennui !!!

La situation familiale et aussi l'EN n'ont pas su s'occuper de moi (je crois). Aucun amour, empathie, regard, compréhension ou au moins essai de comprendre pourquoi je n'avais pas de bons résultats. Pourtant c'était facile, je ne cachais pas que je ne travaillais pas.
Personne n'a voulu s'occuper de moi, alors comment faire quand on est un enfant aussi sensible que moi ?
On fait comme on peut, on fait avec et plus tard on fait pas d'enfant et on croit pas en la vie, en l'autre.

J'ai espoir que l'école d'aujourd'hui individualise un peu plus (l'école car le lycée non). Je ne connais pas l'école aujourd'hui, je ne suis pas parent et d'après mes lectures, l'individu commence à être plus important que ses résultats.

Comment faire pour qu'un profil comme le mien s'épanouisse ? ce n'est pas qu'à l'école d'y travailler mais aussi les parents, moi je n'ai rien eu. Si j'avais eu des parents regardants et aimants, ils auraient redressé le cap et l'école aurait été plus facile à vivre si j'avais compris comment ça fonctionnait et pourquoi j'y allais (parce qu'y aller pour être formé à un métier dont on ne veut pas...).
Si l'école m'avait un peu mieux regardé, avait eu un peu d'empathie, elle m'aurait aidé à faire face à mes parents.
Au lieu d'être un lieu ressource pour moi, elle a été aussi destructrice que mes parents.
J'avais peur la nuit, j'avais peur d'aller à l'école et j'avais peur de rentrer chez moi.
Alors au moins si quelqu'un avait laché un peu de lest, j'aurais pu souffler un peu. Me demander en plus de réussir scolairement dans ces conditions ?

J'ai eu droit au délit de sale gueule à l'école, comment aimer l'élève qui ne t'aime pas quand tu es instit/prof, qui ne prend pas ce que tu tends, qui ne travaille pas et qui a l'air de se foutre de ta g... ? Bien sûr que je les comprends les instits et les profs mais peut être fallait il être plus fin et plus intelligent que moi et me considérer comme un simple enfant pour venir me parler. Personne ne l'a jamais fait. Je ne me suis jamais senti être un enfant.

J'ai mal comme si c'était hier et il y a 23 ans que j'ai quitté l'école.

Invité

Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Invité »

1. Mes souvenirs d’élève sont assez mitigés : l’école n’a rien détruit en moi, du moins à ce que j’en sais, mais elle ne m’a pas apporté beaucoup non plus. Je me suis ennuyée, j’ai sauté des classes et à partir de la première, j’ai travaillé par le CNED jusqu’au bac. En prépa, j’ai éprouvé à peu près la même chose qu’au lycée (ennui et décalage social) : ce n’est qu’en grande école, et surtout à partir du doctorat que les choses sont allées mieux, parce que le travail personnel avec un directeur de recherche et le suivi de séminaires me convenait plutôt bien.

2. Je ne suis pas parent mais je suis proche de quelques-uns de mes neveux et des enfants de mes cousins, dont plusieurs ont été testés (T)HPI et parfois, comme moi, TSA de type « Asperger » : certains rencontrent des difficultés en classe, surtout pour des problèmes d’agitation et de mauvaise socialisation. Leurs parents pensent souvent que « les profs ne les aiment pas » (leurs enfants et eux, ce qui est probablement vrai). D'un autre côté, ils ont beaucoup d’attentes parfois très utopistes, voire carrément fantaisistes, et sont arrogants envers un service public en difficulté, ce qui ne m’amène pas tellement à sympathiser avec leurs vues. Un de mes petits cousins vient de passer au CNED.

3. J’ai enseigné quelques années dans le secondaire : j’ai eu des élèves nettement plus brillants que les autres, avec deux fois seulement un test cognitif confirmant une douance. Je n’ai jamais eu de formation à ce sujet, ni été informée qu’il existait des aménagements possibles. Je n’ai jamais entendu le thème évoqué en salle des profs. Je vais dépeindre trois élèves particuliers, les deux testés et un autre qui ne l’était pas. Je n'appliquais pas envers eux de méthode particulière autre que celle de les solliciter beaucoup en classe, et parfois de leur donner du travail supplémentaire que je corrigeais avec soin. Je les encourageais, mais je le faisais avec tous les gamins.

L. : deux ans d’avance en cinquième, bavard, extrêmement gentil. Capacités d’imagination et de synthèse très supérieures à celles de ses camarades. Bien intégré en classe grâce à un humour qui lui permettait de mettre à peu près tout le monde dans sa poche mais pouvait, à terme, devenir une fragilité (le rôle du « clown » n’est pas forcément facile à tenir sur la durée et isole à la longue). Les parents étaient un peu inquiets et pensaient à un système alternatif.
T. : seulement un an d’avance également en cinquième, ses points forts étaient l’analyse de textes et la synthèse. Très au-dessus de ses camarades par ses centres d’intérêts (l’écologie, la géopolitique) mais des problèmes d’écriture et d’orthographe. Les parents étaient très demandeurs d’aide car le psychologue les avait apparemment effrayés en leur promettant l’apocalypse, alors qu’ils avaient un fils brillant, adorable et très prometteur. Je me souviens d’avoir passé du temps avec eux au téléphone pour les rassurer. Le collège ne pouvait pas grand-chose pour eux, mais ils l’acceptaient assez bien.
E : âge normal, en seconde. Il connaissait tout le programme de latin à la perfection mais ne participait jamais. Problèmes d’écriture illisible, et fort bégaiement qui lui valait du harcèlement. Pas d’amis ni de camarades. Je l’aimais beaucoup et il me le rendait bien, tandis que mes collègues en général le détestaient (jamais compris pourquoi, il était très gentil). Nous avions pas mal discuté et il me disait « ne rien attendre » de son établissement, mais sans amertume. Les parents étaient soucieux et pensaient le faire passer au CNED. Il avait un frère et une sœur également brillants et isolés.

J’enseigne maintenant dans le supérieur, où il y a également des étudiants beaucoup plus intelligents que les autres, avec une distinction parmi eux : certains savent utiliser leur intelligence dans le cadre académique, d’autres non. Mais la question du HPI ne se pose jamais, et je pense que je sors du cadre du fil.

J’espère que mes réponses auront apporté quelque chose, merci en tout cas pour ce sujet riche et bien construit. :)

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Pascalita
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Pascalita »

1. J'étais très épanouie à l'école - sauf apparemment dans les deux plus grandes classes de maternelle, dont je n'ai pas de souvenirs mais où il semble que je me sois énormément ennuyée.

À l'école primaire, je m'ennuyais aussi un peu, parce que je comprenais tout très vite, ou alors je savais déjà (je savais lire avant quatre ans, alors quand on a commencé le b-a ba au CP..., et je savais de manière générale beaucoup de choses, en histoire, en géo, en sciences, dans plein de domaines). Je n'ai pas sauté de classe parce que j'étais de la fin de l'année. Avec du recul, je pense qu'en sauter une m'aurait permis de moins m'installer dans une impression de facilité qui m'a suivie longtemps et m'a coûté assez cher ensuite, et dont je ne suis toujours pas tout à fait débarrassée, dans le sens où tout ce qui me demande une astreinte ou un effort m'est très difficile.
Ennui aussi pendant les cours au collège et au lycée, en fonction des matières aussi... mais je faisais des dessins dans la marge de mes cahiers ou rêvais ou pensais, et ça m'allait très bien.

Mes instituteurs, et notamment celui du CP et du CE1, me donnaient du grain à moudre et me laissaient libre de faire autre chose quand j'avais fini les exercices. Je pouvais faire tous les autres exercices du chapitre par exemple - sauf que parfois, ils étaient prévus pour la leçon suivante, donc les finir tout de suite ne faisait que décaler le problème ; je pouvais aussi accéder à ma guise au coin lecture, lequel contenait un fonds fixe mais aussi des livres empruntés au bibliobus, donc il y avait de la nouveauté chaque mois. J'ai aussi passé de longs moments à faire courir mes doigts sur le globe en relief, j'étais fascinée par la barrière de l'Himalaya entre l'Inde et le Tibet tout plats, et par la profonde cicatrice bleu sombre de la fosse des Mariannes, si loin au fond.
► Afficher le texte
J'étais appréciée des professeurs et des autres élèves, et ce tout au long de ma scolarité ; j'étais très bien intégrée dans les classes. Je n'avais aucune estampille (pas de test, pas de "repérage") mais tout le monde savait que j'étais très bonne partout ; pas de moqueries pourtant, et je n'étais pas traitée d'intello ou de chouchou, au contraire. De mon côté, j'aimais l'école parce que j'y apprenais plein de choses (même en en sachant déjà beaucoup) et parce que je m'y sentais bien, valorisée et appréciée.
Bien sûr, il y a eu des variations en fonction des professeurs et, dans une moindre mesure, des classes mais globalement, ça a fonctionné comme ça jusqu'à la fin du secondaire.

Je dirais quand même que l'école était peu adaptée à des élèves comme moi, en tant que système. J'ai eu la chance d'avoir des professeurs attentifs et qui tentaient de m'apporter plus, ou qui me motivaient à faire des exposés pour la classe sur des sujets que je choisissais (ça me faisait travailler chez moi, et dans un sens qui me plaisait puisque je faisais quelque chose d'intéressant à mes yeux). J'ai eu la chance aussi d'être sociable et de trouver de bons copains tout au long de ma scolarité (j'en ai aussi gardé beaucoup pendant toutes ces années, j'étais à la campagne). Mais l'école ne m'a pas appris à travailler - ce que je ne peux pas lui reprocher puisque je remplissais les exigences sans travailler (je pense aussi que mes profs n'ont pas forcément pris la mesure de mon peu de travail) mais apprendre avant m'aurait sans doute permis d'éviter ou d'atténuer le passage difficile de la filière dite d'élite que j'avais choisie pour la suite. D'un autre côté, le bachotage n'a pas de sens pour moi, donc le choix de cette filière était probablement mauvais à la base, mais ça, c'est une autre question.


2. Je ne suis pas concernée, mais j'ai deux neveux, dont l'un est probablement dans le même cas que moi. Il a beaucoup de facilités, commence à travailler un peu parce que ça ne va plus tout seul (au lycée et en filière scientifique), a des amis et se sent plutôt bien en classe (bien qu'il ait trouvé le confinement très agréable parce que ça lui économisait les trajets pour aller au lycée, temps perdu selon lui). Pas de saut de classe non plus, et plus de temps pour jouer à la maison puisque les devoirs étaient vite faits.

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Chris De Nice
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Chris De Nice »

1.
J'ai toujours en mémoire le premier instant de ma scolarité, mon entrée en maternelle (moment immortalisé par un photo où je suis en larmes (déjà?)). Un cauchemar tant je croyais qu'on ne reviendrait plus jamais me chercher.
La suite s'est bien mieux passée, même si déjà, malgré des souvenirs moins précis, je sentais que j'avais du mal à "entrer en contact".

La primaire fut probablement l'une des meilleures périodes de ma vie (et sans aucun doute la meilleure de ma scolarité). Je n'ai sauté aucune classe mais n'ai eu aucun mal à suivre. Pas de harcèlement, des copains (peu mais des bons), pas de copines (trop timide pour ça) et le souvenir qu'on me disait que je courais assez étrangement (remarque qui m'a poursuivi toute ma vie (même pas fait exprès)). Le seul moment où j'ai eu vent de la qualité de mes résultats scolaires durant cette période fut en CM1, où en fin d'année, l'instituteur (dont je me souviens du nom et du visage) donna le nom des trois premiers de la classe. Les deux premiers, qui alternativement tout au long de l'année prenaient la tête de classe (la seule info que notre instit nous donnait au cours de l'année) et dont les prénoms respectifs étaient Emmanuel et Emmanuelle (je garde des souvenirs très frais) arrivèrent donc en tête sans surprise. Le troisième, à ma grande surprise (et celle de toute la classe), fut votre serviteur, qui passa pourtant toute son année à dessiner toutes sortes de choses au fond de la classe au lieu d'écouter les leçons.
J'ai adoré cette époque de ma vie, où la découverte du monde fut pour moi un émerveillement quotidien, où tout semblait facile et facilité par le soutien sans faille de mes parents (adoptifs) pour ma curiosité visiblement débridée (que je trouvais normale à mes yeux). Que ce soit dans l'environnement familial ou scolaire, je fut réellement très heureux.

Le collège n'eu pas cette saveur hélas. L'ennui profond qui suivit l'énorme déception dès l'entrée en sixième, à constater que la façon d'enseigner les savoirs ne me correspondait pas du tout (aucunement conscient de ça à l'époque, c'est une relecture d'après WAIS), fut très certainement un catalyseur pour la suite (je ne comprenais pas pourquoi je n'arrivais pas à m'intéresser). S'en est suivi une dégradation très progressive de mes relations avec mes camarades de classes (sans qu'il y ai lien de cause à effet entre les deux), toujours selon le même schéma (qui s'est répété jusqu'au lycée): très ami avec chacun d'entre eux au départ, puis dénigré (toujours en groupe, jamais en "privé"), jusqu'à l'humiliation (et la violence physique parfois).
Le résultat sur ma scolarité fut désastreux avec un effondrement de mes notes dès l'entrée en quatrième (deux redoublements par la suite, et ici, possible lien de cause à effet). Une seule fois j'eu un sursaut (d'orgueil très certainement), n'ayant pas rendu un devoir à la maison (on disait ça comme ça par chez moi à l'époque) en sciences physiques. Sanctionné par un zéro, la classe s'esclaffa de rire (instant très difficile pour moi) à l'annonce de la note. L'ensemble de mes devoirs et "intéros" suivants de l'année en cours (en physiques seulement) ne furent jamais en dessous de 19/20 après ça.

La seconde fut la seule année du secondaire où j'ai retrouvé le sourire, me retrouvant avec des gens un peu plus tolérants (dans mes souvenirs), sans que mes notes ne remontent pour autant. En revanche je me suis bien marré.

Enfin, parti en CAP de magasinier car ne sachant quoi faire, ma scolarité prit fin avec (et là je m'égare mais c'est pour la petite histoire) la rencontre d''une charmante demoiselle, très réservée mais d'une beauté à couper le souffle, pour qui mon cœur explosa et qui aujourd'hui partage toujours ma vie, m'apportant amour et soutien sans faille.

Le bilan, s'il parait assez sombre à certains moments, n'en reste pas moins ce sur quoi je me suis en partie construit et je ne regrette en rien ce parcours un peu chaotique, si ce n'est peut-être de n'avoir pas su déceler certains signes (que j'ai volontairement révélé ici) sur lesquels je me suis appuyé lors de mes premiers murmures (expression que j'ai lu ici et qui me plait beaucoup).

Mon rapport à l'école n'a pour autant jamais été négatif, n'ayant jamais été malmené par l'institution (en dehors d'un prof de math mais sus au pathos, il y en a déjà bien assez chez moi, tout comme des parenthèses, j'abuse c'est une horreur). J'ai connu des profs géniaux, des moins bons, comme tout le monde et n'ai plus cette culpabilité d'avoir tout raté (chose dont je m'étais rendu entièrement responsable, un petit merci pour ça à ma psy au passage).

Je dois toutefois reconnaitre que ça a laissé quelques traces dans ma psyché.

Alors oui, ça ressemble beaucoup au profil TIPEH, mais bon, Gauvrit forever parce qu'il ne faut pas pousser mémé dans les ronces.

2.
Ce sera beaucoup plus court, vu que ça s'est heureusement nettement mieux passé.
Mes enfants ne sont pas testés, je précise.

Ma fille n'a eu aucun accroc durant la totalité de sa scolarité, mise à part un 3 en math en première S, revenue en larme ce jour-là du lycée (elle a eu droit à un très gros câlin). BEPC, Bac S, DUT et Licence PRO avec mention du premier coup (code, permis de conduire et CDI également, un sans faute). Des amis, du bonheur, tout s'est très bien passé, ouf!
Parce que la miss est très très émotive (comme le papa... vade retro JSF!) et je m'inquiétais beaucoup, me retrouvant énormément en elle.

Le fiston quant à lui, même si son parcours jusqu'au DUT est similaire (ils ont d'ailleurs eu à peu près les mêmes notes au Bac S), a plus de mal à trouver sa voie, repartant en fac de Biologie après un DUT SSII pourtant réussi haut la main (mais ça ne lui plait pas).
Aucun problème pour lui non-plus à l'école, même s'il dit s'être ennuyé, y compris avec ses camarades, au contraire de sa sœur.

Je les soupçonne d'être tous les deux HPI (et j'ai pleinement conscience de l'énorme biais qui peut induire ça), vu la qualité des discussions que nous avons ensemble et qu'ils ont entre eux, aussi je me suis permis de décrire succinctement leur parcours scolaire, faisant une entorse à quelques-uns de mes principes. Je leur ai proposé de leur payer les tests s'ils le souhaitaient mais ils m'ont renvoyé dans les cordes. Ils sont biens comme ça, c'est l'essentiel.

Voilà pour moi.
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blue hedgehog
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par blue hedgehog »

Fanetys, je te remercie d'avoir ouvert ce fil. Je pense que c'est super que tu aies partagé tant de liens et de documents.

1. Je pense que mon expérience personnelle d'enfant scolarisé n'est pas exactement pertinente pour une image de l'éducation nationale française ;-).
Ma seule contribution sur ce sujet sera de poser tout bonnement la question de savoir comment un enseignement avec 25 à 32 élèves en classe peut convenir à chaque élève. Ça me paraît en effet très compliqué !

2. Je ne suis pas parent donc pas de retour à ce sujet.

3. Je ne suis pas enseignante, j'ai été formatrice / coach pour des adultes. Avec pour spécialité la formation intensive sur des sujets précis ( durée 0,5 à 3 jours) en petits groupes (1 à 10 personnes). Le tout dispensé à des clients payants. Et je pense qu'il est possible de tirer des enseignements de ce mode de formation. Le premier étant que 3 ou 4 personnes créent un groupe petit, mais stimulant et favorisant l'apprentissage (souvent mutuel) et l'échange peu importe le niveau.
J'ai toujours eu à cœur d'aider les personnes qui avait plus de mal, réexpliquer, parfois en particulier pendant que les autres font un exercice. Pour les personnes qui comprenait tout, tout de suite j'avais toujours dans ma "besace" des exercices plus compliqués. Mais surtout un adulte ne s'excuse pas quand il trouve quelque chose inintéressant et on ne peut pas le gronder s'il bavarde ou joue sur son smatphone. C'est au formateur de faire en sorte de stimuler tout le monde suffisamment. Et puis en fin de formation, ce n'est pas l'apprenant qui se fait évaluer mais bien le formateur... Je ne prétends pas que ce genre de formation est parfait, mais certains points méritent de s'en inspirer pour l'enseignement obligatoire.
Une bougie offre sa lumière aux alentours, pendant qu'elle se consume. (Proverbe chinois)

Invité

Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Invité »

Je rajoute une chose sur le point 2, parce qu'elle est peut-être intéressante. Mon compagnon est plus âgé que moi et il a deux enfants, aujourd'hui engagés dans la vie active. Aucun des trois n'a passé de test, mais ce ne sont pas des cerveaux très typiques, pas besoin d'être psychologue pour le dire.
Quand ses enfants ont préparé le bac, le malheureux leur a refait (au sens où il en a réécrit l'intégralité, listes pour les oraux comprises) tous les cours de français, de grec, d'allemand et de philosophie. Il n'était pas du tout content du contenu fourni par le lycée, qu'il estimait "sans ambition intellectuelle". L’Éducation Nationale n'a pas apprécié - je passe sur la guerre de tranchées qu'il a menée pendant ces deux années, ce serait un roman.
Je précise qu'il est prof de fac, qu'il forme les agrégatifs et qu'il est sans indulgence aucune pour les cours de ses collègues, ainsi que pour les siens qu'il recommencerait cent fois si je ne l'en empêchais pas. "C'est nul, ça!" est son mantra favori.

HPI ou névrose? Les deux probablement, mais c'est un exemple frappant de ce que peut donner un excès d'esprit critique et d'inadaptation au système scolaire chez un homme intelligent -et d'un caractère très doux par ailleurs.

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Wal
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Wal »

@Fanetys Merci pour ce topic, c'est une excellente idée!

Il y a cette discussion initiée par Doonarrala qu'il pourrait être intéressant d'ajouter à la liste des ressources ;)
L'E.N. et les Enfants à Haut Potentiel : les dispositifs

J'ai eu récemment l'occasion d'y faire un retour sur la scolarisation de mes enfants, qui pourrait servir de réponse à la question 2 (dès que j'en aurai le temps, j'essaierai de formuler une réponse complète sur ce fil).
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Gail »

C'est étonnant de voir les différences de parcours.

Mon histoire:

1. J'ai toujours beaucoup aimé l'école, d'une part parce que j'aimais bien le travail scolaire (grande fan des cahiers de devoir de vacances, je faisais aussi les exercices de mon grand frère pour m'amuser) et d'autre part parce que j'adorais découvrir les autres.

J'étais dans les premières de la classe jusqu'en seconde, puis dans la moyenne supérieure jusqu'au bac. Bien intégrée, j'ai toujours eu pas mal d'amis même si j'étais timide.

Par contre, je n'ai jamais sauté de classe et j'en ai déduit que je n'étais probablement pas si intelligente que ça. J'ai été confortée dans cette idée à ma première banane en 1ère S puis quand j'ai redoublé ma 1ère année de médecine.

2. Mes enfants ne sont pas testés mais j'ai de forte suspicion pour les 2.

Le grand, en CE1, me ressemble pas mal et semble parti pour faire le même type de scolarité que moi. Il est bien intégré, apprécié des profs et est heureux d'aller à l'école.

Le petit frère (MS) a eu une petite section un peu difficile avec une instit blasée qui demandait aux enfants de rentrer sagement dans le moule. Cette année, il va beaucoup mieux avec une instit plus à l'écoute. Il commence à avoir des amis et à apprécier l'école.

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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

Heure trop tardive pour tout commenter (merci à tous ceux qui ont bien voulu témoigner) mais je voulais insister sur le lien donné par @Wal : je ne l'avais pas vu, celui-là, et il est très intéressant. Du coup, je me demande s'il était bien nécessaire d'ouvrir un nouveau sujet, mais je pense quand même que les ressources de l'EN ont évolué, et qu'il est bon de refaire le point.
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par O'Rêve »

1. Ce qu’il me reste de l’école, c’est avant tout un sentiment d’ennui. Je ne pense pas m’être beaucoup épanouie à l’école. Les quelques souvenirs heureux que je garde sont liés à des projets ponctuels/sorties qui nous sortaient un peu du cadre habituel des apprentissages (je me rappelle d’un projet stimulant et motivant de livre qui a accompagné l’année de CM2/je me rappelle d’un projet avec une école d’enfants malvoyants/ les échanges scolaires et voyages ont été des moments épanouissants/et puis une prof de physique-chimie formidable en première qui aimait enseigner et qui m’ a fait aimer la matière/ une révélation aussi pour la philosophie, malgré une prof décevante : mais on réfléchissait enfin à la vie).
J’étais une brillante bosseuse, mais très réservée, mal à l’aise et inhibée. Avec du recul (même si je n’associe pas directement ces difficultés au haut potentiel), j’aurais aimé que les professeurs perçoivent et s’inquiètent du mal-être derrière la façade des bonnes notes et de la réussite scolaire.
Au niveau relationnel, en maternelle et primaire, j’étais très en retrait. J’oscillais entre différents groupes de filles. J’ai subi une forme de harcèlement de la part de deux filles (moqueries, rejet) qui ont été jusqu’à m’enfermer dans un placard de l’école. Mais je ne sais pas si on peut le relier au haut potentiel.
A partir du collège, je me sentais décalée, mais pas forcément pour mes aptitudes intellectuelles (j’étais finalement entourée d’enfants qui globalement avaient des facilités). Mais issue d’une famille modeste et mes parents n‘ayant pas fait d’études supérieures, j’ai senti le décalage social dès l’entrée au collège (à partir de la sixième, mes parents ayant souhaité que j’intègre une classe « élitiste », j’étais entourée d’enfants de médecins, avocats…, et le décalage était bien plus présent pour moi sur cet aspect là «social » que sur l’aspect à proprement parlé d’apprentissage-scolarité). Si je n’avais pas rejoint cette filière (allemand LV1/latin), où se retrouvaient un certain nombre de bons élèves, je me demande si la perception du décalage aurait été similaire (ou se serait-il porté sur les aptitudes cognitives ?)

2. Je n’évoquerai que la scolarisation de mon fils ainé (le plus jeune n’ayant pour le moment pas été testé).
La maternelle a été assez compliquée (surtout la grande section), ce qui a motivé le choix d’une école proposant un double niveau CP-CE1 (suite aux recommandations de la psychologue qui lui a fait passé le test) quand il est entré en école primaire.
Mon fils s’est épanoui au sein de cette école. Le corps enseignant, informé de son haut potentiel a été attentif à encourager l’effort et à lui donner plus de travail, pour qu’il ne s’ennuie pas; et attentif à l’intégration sociale : de petit garçon timide et rejeté en grande section de maternelle, il est devenu un garçon épanoui, et un copain apprécié et respecté à l’école primaire.
A son entrée au collège, comme il allait bien, le haut potentiel n’a pas été signalé au corps enseignant (aujourd’hui, je ne sais pas vraiment si ce choix est pertinent : faut-il le signaler systématiquement ou seulement si des problèmes se présentent ?) Depuis deux ans au collège, mon fils va bien, il est bien intégré. Il a des copains et copines. Il se lève avec l’envie de les retrouver. Et pour le moment c’est ce qui me semble le plus important.
Il a des facilités, il travaille peu, et je suis néanmoins un peu inquiète à l’idée qu’il ne perde/n’acquiert peut-être pas suffisamment le sens de l’effort (j’entends par là le fait d’accepter de passer un cap où on peut avoir besoin de fournir un travail moins/peu plaisant pour atteindre un objectif plus lointain). Mais j’espère que nos enfants HP peuvent acquérir le sens de l’effort aussi par l’intermédiaire d’activités annexes (via leurs activités sportives, la musique…). Pour ces activités, j’essaie en tout cas de le sensibiliser aux deux aspects : le plaisir d’apprendre/de faire qui parfois rencontre le sens de l’effort moins plaisant. On va dire que je reste vigilante à ce qu’il n’arrête pas une activité si c’est motivé par le refus de fournir un travail passager moins plaisant…je veux qu’il passe le cap, et après on rediscute ensemble de sa motivation ; la décision d’arrêter une activité doit se donner du temps, pour cerner si c’est la fin d’un cycle ou si c’est une perte de motivation passagère engendrée par un effort à fournir.

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Rune
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Rune »

Etant (un peu) à l'origine de ce fil, me voici donc pour témoigner !
Mais avant, merci à tous ceux qui ont répondu aux questions posées, cela m'éclaire sur pas mal de points par rapport à ma pratique d'enseignante !

1. En tant qu’anciens élèves, quels souvenirs avez-vous de votre scolarité ?

Tout d'abord, je (re)précise pour une lisibilité claire que je ne suis pas HPI, mais ''juste'' enseignante. Je réponds quand même ici, car cela ne me semble pas non plus inconvenant !

Maternelle / Primaire : j'adorais l'école ! J'avais des facilités, du plaisir à apprendre, et je me sentais valorisée dans ces caractéristiques par mes maitres / maitresses, tout en étant bien intégrée avec les autres élèves. (Il faut dire que mon meilleur ami de l'époque et moi étions un peu pareil à ce niveau...et différents des autres pour les mêmes raisons, mais sans qu'il y ait de rejet de leur part, car à la récré les différences s'effaçaient.)

Collège : je reste en tête de classe sans faire grand chose, mais je commence à beaucoup m'ennuyer dans certaines matières / avec certains profs #euphémisme
Et alors qu'en élémentaire je pense que je faisais figure ''d'élève modèle'', au collège c'est plus contrasté, et je fais entre autres la rebelle avec les enseignants que pour une raison ou une autre je n'estime pas ''à la hauteur''. (Enfin, ''rebelle'' est un bien grand mot, disons que je faisais exprès d'être passive alors que j'aurais pu être moteur... J'ai vraiment honte quand j'y repense avec le recul, d'ailleurs.)
Humainement, avec les autres, je n'ai pas mal vécu le collège, mais cela reste un moment de fortes contraintes collectives, et je pense que j'ai fait profil bas, quitte à mettre de côté ma vraie personnalité.

Lycée : Libérateur ! A la fois sur l'aspect ''social'', j'ai l'impression de redevenir enfin moi-même, et sur l'aspect scolaire, puisque dès la première, je peux me consacrer à approfondir presque uniquement les matières qui me passionnent.
Bon, en première / terminale, j'ai besoin de vraiment travailler presque pour la première fois, et cela me coûte, car forcément, n'ayant pas vraiment dû faire d'efforts avant, je n'ai acquis presque aucune méthode de travail. (ça finit par venir, ceci dit!)

Ensuite : Je choisis d'aller en prépa, car je n'ai pas encore envie de me spécialiser (ben oui, j'aime toujours apprendre, et sur tous les sujets... Les matières littéraires avant tout, mais j'aurais été ravie d'approfondir certaines matières scientifiques après le bac, je crois !) Au final, j'apprends en effet plein de choses, mais humainement je ne trouve pas ça épanouissant du tout.
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Je choisis donc enfin de me spécialiser pour me diriger vers l'enseignement, dans l'idée d'essayer de faire partager le plaisir que je ressens moi-même à apprendre et comprendre.

2. Si vous êtes parents d’enfants HP, quelle vision avez-vous de l’école ? Y sont-ils heureux, frustrés, malheureux ? Leur différence est-elle un problème pour eux, avec les enseignants, avec les camarades ? Pensez-vous que l’Institution a évolué sur l’accueil des HP? Avez-vous fait le choix d’une école alternative ou de l’école à la maison ? Avez-vous des expériences de scolarisation dans d’autres pays ? Que souhaiteriez-vous voir s’améliorer dans l’Éducation Nationale 
Je n'ai a priori pas d'enfant HP. MAIS si c'était le cas, et SI ils éprouvaient une vraie souffrance à l'école (liée au HPI ou à autre chose, d'ailleurs...), j'envisagerais sérieusement la question de les faire sortir du système classique (et ce n'est pourtant pas du tout mon idéal, pour le coup...) : en effet, pour en faire partie, je ne peux que constater que le système officiel n'est clairement pas fait pour l'épanouissement de tous les enfants, et ce malgré l'immense bonne volonté et le professionnalisme de la majorité de mes collègues enseignants. (Je ne développe pas, mais lourdeur du système, mauvaise prise en compte des élèves ''différents'', etc. Si je devais vraiment répondre à la question ''Que souhaiteriez-vous voir s'améliorer dans l'EN ?'' cela ferait un dossier entier, et je pense qu'en fait cela déborderait du thème de l'éducation, donc bon, je vais éviter... Ou plus tard !)
Pourquoi je reste, alors, malgré cette constatation ? Et bien essentiellement pour tous ceux dont les parents n'ont pas la possibilité / présence d'esprit / etc. de les faire sortir du système, et qui ont aussi le droit à ce qu'on les prenne en compte, même de façon imparfaite, ce que j'essaie de faire du mieux que je le peux. (Avec beaucoup de limites, j'en ai bien conscience...). Et puis aussi pour ceux à qui l'école ne pose pas fondamentalement problème ! (Le lien humain avec les élèves est une part de mon métier que j'apprécie vraiment.)

3. Vous êtes ou avez-vous été enseignant : Avez-vous été confronté à des élèves HP ? Avez-vous adapté vos méthodes ou pensez-vous que ce n’est pas nécessaire, ou pas faisable ? Comment la salle des profs réagit-elle quand on désigne un élève comme étant « surdoué » ? Etes-vous informés des aménagements prévus par l’Institution ? Manquez-vous de formation ou en avez-vous bénéficié ? Les parents de ces élèves sont-ils en attente d’adaptations ou souhaitent-ils simplement que leurs enfants soient mieux compris ? Sont-ils en confiance ou plutôt critiques vis à vis de l’école ?
Là, je peux donc répondre en toute légitimité !

-Formation sur le HPI : le néant. J'ai découvert la notion par moi-même, on ne m'a jamais rien proposé dans le cadre de l'institution. De fait, une bonne partie de mes collègues ont encore les ''clichés'' du surdoué en tête, et n'imaginent / ne savent pas du tout qu'un enfant hpi puisse être en difficulté scolaire, par exemple...
Bon, pour être honnête, je sens un petit frémissement depuis quelques années, mais c'est clairement occulté par toutes les problématiques qui semblent plus urgentes, comme tous les troubles dys-..., par exemple.
(Et le problème est que l'on nous demande de plus en plus de prendre en compte ces élèves à ''besoins particuliers''...mais sans nous donner les formations, les outils, les moyens nécessaires pour le faire correctement. Avec toujours le même nombre d'élèves à gérer en dehors. Toujours le même problème : cela finit parfois par me donner l'impression d'être personnellement responsable de l'éventuel échec de ces élèves car je ne peux pas toujours faire face à leurs multiples difficultés, ce qui est assez ''angoissant'', comme sentiment. Cela dit , c'est objectivement mieux qu'avant, mais c'est lent et terriblement imparfait.)

-Les réactions de mes collègues au sujet des élèves désignés comme ''surdoués'' dépend donc de leurs connaissances personnelles sur le sujet (...et j'ai du mal à leur en vouloir... On ne peut pallier tous les manquements de l'institution par nous-mêmes, hélas... Bon, je trouve quand même certains un peu ''ironiques'' gratuitement sur le sujet, parfois.)
Du coup, pour les enfants concernés, il me semble qu'il vaut mieux présenter les résultats d'un test passé en bonne et due forme si on veut être pris ''au sérieux'', et discuter d'éventuels aménagements.
Et pour répondre à @O'Rêve , je pense qu'à part si on sait être face à un enseignant ''sensibilisé'', cela ne ''sert'' à rien de préciser qu'un de ses enfants est hpi s'il n'est pas en difficulté. Mais je me trompe peut-être, dans le sens où cela peut aussi faire évoluer le regard des enseignants, je suppose...

-Pour ma part, je n'ai eu pour l'instant qu'un seul élève officiellement reconnu hpi : il m'a été signalé par le collègue professeur principal, à titre d'indication, et les parents, attentifs sans être intrusifs, ne demandaient pas d'aménagements spécifiques (l'élève avait déjà sauté une classe), ce que je n'ai donc pas vraiment fait car l'élève s'adaptait plutôt bien, et ne semblait pas vouloir d'un traitement différent des autres (la grande problématique à l'adolescence...).
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Les autres élèves que j'ai eus et qui me semblent correspondre au ''profil'' n'avaient pas été identifiés, ou alors je ne le savais pas... Mais dans ce cas ce sont souvent des élèves qui maitrisent l'aspect scolaire.
Et j'avoue que les aménagements que j'ai le temps de faire, je les consacre essentiellement aux élèves en difficulté, et quand je propose des éléments pour nourrir les autres, c'est toujours un peu à l'improviste... Mais je songe de plus en plus à faire quelque chose de plus clair à destination de ceux qui peuvent aller plus loin, hpi ou non, d'ailleurs.

Je n'ai donc pas encore eu le cas de l'élève ''hpi en difficulté'' (enfin...peut-être un, mais c'est sa mère uniquement qui l'avait identifié comme tel, donc bon... Mais j'en parlerai une autre fois, c'était un cas dans tous les sens du terme !).

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Fanetys
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

J'ai beaucoup aimé vous lire, voir toutes ces expériences différentes (illustrant bien qu'il n'y a pas un profil type d'élève HPI). Merci pour toutes ces réponses consistantes.
Troglodyte-mimi a écrit : dim. 4 juil. 2021 20:27de mon point de vue que ce qui fonctionne plus que des recettes des théories, etc. c'est une attention à chacun et au groupe. Je sais combien cela peut être difficile!
Je pense aussi que, quand cela est possible, les enseignants gagneraient certainement à travailler un peu plus de concerts avec les parents.(...)
Après le boulot d'enseignant est difficile et je crois que chacun fait aussi avec ce qu'il est du mieux qu'il peut, etc. l'échange est cependant instructif me semble-t-il pour parfois faire bouger des lignes de tous les côtés ;-)
Oui, le regard posé sur chaque élève... Mais c'est difficile. En tant que prof de maths, j'ai environ 140 élèves à suivre (5 classes), dont une petite trentaine dont je suis professeur principal. Un enseignant d'Arts Plastiques en a plus de 500... Cela explique en partie pourquoi les parents regrettent souvent qu'on ne les ait pas prévenus individuellement de tel ou tel problème, alors que nous nous sommes limité à échanger avec l'élève. Honnêtement, je pense aussi que nous veillons jalousement sur notre territoire, peut-être échaudés par ceux qui, sous prétexte qu'ils sont parents, pensent qu'ils peuvent nous faire la leçon (une minorité, certes, mais une minorité grandissante...) Nous avons des réticences (et c'est bien dommage) à laisser les familles entrer dans l'école. Probablement en manque de reconnaissance, je crois que c'est un réflexe défensif, histoire de rappeler que nous sommes des professionnels... (Ce que je dis étant probablement moins vrai au primaire qu'au secondaire, où les parents sont beaucoup plus présents physiquement). Et merci pour ta dernière phrase :)
mr_ludo a écrit : dim. 4 juil. 2021 22:18 Bien sûr que je les comprends les instits et les profs mais peut être fallait il être plus fin et plus intelligent que moi et me considérer comme un simple enfant pour venir me parler. Personne ne l'a jamais fait.
Cette phrase me touche et fait écho chez moi. Pas toujours simple de tendre la main à un élève difficile, mais tu as raison, c'est aux adultes de le faire.
Hors-sujet
et j'espère que nous partager tout ça te procurera un peu d'apaisement
Judith a écrit : lun. 5 juil. 2021 06:33 Je l’aimais beaucoup et il me le rendait bien, tandis que mes collègues en général le détestaient (jamais compris pourquoi, il était très gentil)
J'ai vécu cela plusieurs fois ; cette année encore, avec un élève à HP + dys + TDA. Lui et sa mère sont franchement adorables mais j'ai des collègues qui se plaignent de sa paresse (il comprend vite mais l'écrit est difficile, donc bien sûr, souvent un peu succinct) et de son inattention (ben oui, c'est son trouble, il se contente de faire de petits bricolages en silence, qui l'aident à se concentrer sur notre voix...)... Ils y voient de la mauvaise volonté. Je crois que certains HP déstabilisent bon nombre d'enseignants, et pas seulement les surdoués qui aiment les joutes verbales... Je me demande si ce n'est pas simplement parce qu'ils mettent à mal un des piliers de l'école, qui est qu'il faut travailler pour réussir. N'oublions pas que la plupart des profs sont d'anciens élèves studieux, et c'est probablement assez perturbant :clin:
Pascalita a écrit : lun. 5 juil. 2021 08:58 Je pouvais faire tous les autres exercices du chapitre par exemple - sauf que parfois, ils étaient prévus pour la leçon suivante, donc les finir tout de suite ne faisait que décaler le problème
c'est pour cela que dans les formations récentes, on nous explique qu'il faut enrichir, non pas en donnant tout de suite ce qui doit être traité plus tard ou l'année d'après, mais en élargissant à des parties hors programme, ou en demandant un autre type de travail (comme les exposés dont tu parles ensuite)
Chris De Nice a écrit : lun. 5 juil. 2021 09:57 Gauvrit forever parce qu'il ne faut pas pousser mémé dans les ronces.
Image
a écrit :Je leur ai proposé de leur payer les tests s'ils le souhaitaient mais ils m'ont renvoyé dans les cordes. Ils sont biens comme ça, c'est l'essentiel.
re : Image
blue hedgehog a écrit : lun. 5 juil. 2021 10:29 Je pense que mon expérience personnelle d'enfant scolarisé n'est pas exactement pertinente pour une image de l'éducation nationale française ;-)
tu en es seule juge :) mais française, ou pas, atypique ou pas, cela peut être intéressant... enfin, moi, cela m'intéresse...
a écrit :C'est au formateur de faire en sorte de stimuler tout le monde suffisamment. Et puis en fin de formation, ce n'est pas l'apprenant qui se fait évaluer mais bien le formateur...
Le public adulte est loin d'être plus simple, je n'ai jamais enseigné à des adultes mais j'ai participé à un stage d'ébénisterie. J'ai admiré la patience du collègue... Oui, cela fait partie de nos missions de stimuler nos élèves, mais à notre décharge, nous avons un public qui n'a pas fait le choix d'être là :clin:
Gail a écrit : lun. 5 juil. 2021 23:09 Le petit frère (MS) a eu une petite section un peu difficile avec une instit blasée qui demandait aux enfants de rentrer sagement dans le moule. Cette année, il va beaucoup mieux avec une instit plus à l'écoute.
Parfois cela me donne le vertige de mesurer l'importance de "l'effet maître". Et en même temps, c'est stimulant !
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O'Rêve a écrit : mar. 6 juil. 2021 11:09 Mon fils s’est épanoui au sein de cette école. Le corps enseignant, informé de son haut potentiel a été attentif à encourager l’effort et à lui donner plus de travail, pour qu’il ne s’ennuie pas; et attentif à l’intégration sociale : de petit garçon timide et rejeté en grande section de maternelle, il est devenu un garçon épanoui, et un copain apprécié et respecté à l’école primaire.
A son entrée au collège, comme il allait bien, le haut potentiel n’a pas été signalé au corps enseignant (aujourd’hui, je ne sais pas vraiment si ce choix est pertinent : faut-il le signaler systématiquement ou seulement si des problèmes se présentent ?)
Cela fait plaisir de lire des témoignages heureux ! En ce qui concerne ta question, je voudrais pouvoir te dire "oui, tout renseignement nous permettant de mieux comprendre un élève est un plus" mais vu le chemin qu'il reste à parcourir pour que l'info passe bien auprès des enseignements, il me semble plus sage de garder le HP sous le coude, tant que tout va bien.
O'Rêve a écrit : mar. 6 juil. 2021 11:09 Il a des facilités, il travaille peu, et je suis néanmoins un peu inquiète à l’idée qu’il ne perde/n’acquiert peut-être pas suffisamment le sens de l’effort (j’entends par là le fait d’accepter de passer un cap où on peut avoir besoin de fournir un travail moins/peu plaisant pour atteindre un objectif plus lointain). Mais j’espère que nos enfants HP peuvent acquérir le sens de l’effort aussi par l’intermédiaire d’activités annexes (via leurs activités sportives, la musique…). Pour ces activités, j’essaie en tout cas de le sensibiliser aux deux aspects : le plaisir d’apprendre/de faire qui parfois rencontre le sens de l’effort moins plaisant.
Cela me paraît très sage...
Rune a écrit : mer. 7 juil. 2021 16:23 Pourquoi je reste, alors, malgré cette constatation ? Et bien essentiellement pour tous ceux dont les parents n'ont pas la possibilité / présence d'esprit / etc. de les faire sortir du système, et qui ont aussi le droit à ce qu'on les prenne en compte, même de façon imparfaite, ce que j'essaie de faire du mieux que je le peux.
Je suis allée sur le site du collège privé Montessori concurrent du collège public où je travaille.
collège Montessori a écrit : Frais d'inscription : 700 euros / an payable dès l'inscription - Frais de scolarité mensuels : 550 euros / mois de septembre à juin - 10% d'abattement sur les frais de scolarité à partir du second enfant
Voilà. Haute couture vs prêt-à-porter (et je ne sais même pas quelle est la qualité des enseignants, je sais juste qu'ils sont multicasquettes)
Rune a écrit : mer. 7 juil. 2021 16:23 Bon, pour être honnête, je sens un petit frémissement depuis quelques années, mais c'est clairement occulté par toutes les problématiques qui semblent plus urgentes, comme tous les troubles dys-..., par exemple.
(Et le problème est que l'on nous demande de plus en plus de prendre en compte ces élèves à ''besoins particuliers''...mais sans nous donner les formations, les outils, les moyens nécessaires pour le faire correctement. Avec toujours le même nombre d'élèves à gérer en dehors. Toujours le même problème : cela finit parfois par me donner l'impression d'être personnellement responsable de l'éventuel échec de ces élèves car je ne peux pas toujours faire face à leurs multiples difficultés, ce qui est assez ''angoissant'', comme sentiment. Cela dit , c'est objectivement mieux qu'avant, mais c'est lent et terriblement imparfait.)
Je partage totalement ton constat.

Comme nous ne pourrons jamais nous occuper correctement et de façon différenciée de 30 élèves simultanément dans une classe et qu'on ne nous donnera pas les moyens d'avoir des classes moins chargées, je rêve d'une autre organisation du collège. Il me semble que l'on pourrait imaginer une scolarité plus souple, pour permettre aux élèves de faire leurs années collège en 3, 4 ou 5 ans. S'adapter au rythme des rapides (et 3 ans, ce serait largement suffisant si on les laissait aller à leur rythme) et à celui de ceux qui ont besoin de plus de temps. Evidemment, cela complique beaucoup la répartition des moyens en heures que l'on nous donne chaque année, et il faudrait probablement en prévoir davantage
Hors-sujet
pour ceux qui ne connaissent pas le principe : chaque année, on nous informe de la dotation en heures par semaine dont le collège disposera l'année suivante, à charge pour celui-ci de répartir pour que chaque classe ait bien ses 26h, et chaque enseignant son quota horaire ; il demeure un reliquat que chaque établissement utilise comme il le souhaite (dédoublements pour certains cours, projets divers...)
Qui dit heures en plus dit financement... on y revient toujours...
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Gail »

Fanetys a écrit : mer. 7 juil. 2021 18:54 Parfois cela me donne le vertige de mesurer l'importance de "l'effet maître". Et en même temps, c'est stimulant !
J'en ai pris conscience quand la psychologue a tout de suite deviné quelle institutrice il avait eu quand je lui ai dit qu'il découvrait cette année qu'il avait le droit d'être lui même à l'école.
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Ça embrouille mais c'est pas si bête, ça met des grelots dans la tête
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Petite Plume »

1. En tant qu’anciens élèves, quels souvenirs avez-vous de votre scolarité ?
J'ai finalement assez peu de souvenirs de mon enfance. C'est assez étrange.
Un des rares souvenirs que j'ai de la maternelle est l'immense honte d'avoir été punie, mise à la porte pour bavardage. Je devais rester assise sur la marche de la porte. Les maternelles étaient au RDC, et donnaient sur la cours. Mon père était surveillant dans cet établissement. Je me rappelle la honte de le voir traverser la cour et me voir dehors....
Mais c'était le meilleur des papas, et je le pense sincèrement. Il ne m'a jamais grondée, j'étais sa petite fille chérie qui faisait sa fierté.
Je me rappelle ensuite que j'adorais mon institutrice de CP, mais je ne me rappelle plus pourquoi. Ensuite, j'ai traversé le primaire avec facilité. 1ere de la classe ou peu s'en faut. J'aimais rendre fier mon papa, quand je ramenais mon bulletin, il me prenait sur ses genoux quand il surveillait une étude, et il lisait à voix haute mon bulletin élogieux à tous les élèves en étude qu'il surveillait ! :honte:
Je n'avais pas beaucoup d'amis, mais à vrai dire je ne me rappelle pas en avoir souffert. On ne m'embêtait pas non plus : 1 père surveillant + 2 grands frères dans le même établissement, ca a du jouer...

Puis mon père est décédé quand j'avais 10 ans. Je pense que j'ai perdu l'envie de travailler pour faire plaisir, je n'ai plus travaillé jusqu'au post-bac. Au collège, 6ième-5ième, j'étais bien seule. Mes frères étaient partis au lycée. Quelques moqueries, mais rien de si terrible. Toujours en tête de classe, simplement parce que c'était simple. Mais déjà, rétrospectivement on sent l'écart : les matières scientifiques c'est simple pour moi, ca ne me demande pas d'effort, ca rentre tout seul, je réussis brillamment. L'HG, il faut apprendre par cœur des dates, déjà c'est moins brillant :lol:
Lycée, je rencontre mon futur petit groupe d'amis en seconde : même si je ne me sens pas totalement raccord, tout de même, c'était des années bien sympathiques socialement. Que des bons élèves, et tous les profs sont plus sympas avec les bons élèves... :wasntme: J'ai même gardé quelques contacts avec certains.
Mes copines sont studieuses, elles révisent, font des fiches, des annales pour le bac ! Alors bon, j'essaie de les imiter tant bien que mal, mais très moyennement quand même hein. On ne peut pas vraiment dire que j'ai beaucoup travaillé pour mon bac S option maths. D'ailleurs, j'ai choisi mes options pour être dans la classe des copines.
Vient le post-bac : école d'ingénieur réputé avec classes prépa-intégrée.
C'est là que je me suis rendue compte qu'en fait je n'avais jamais vraiment travaillé de ma vie... Écouter en cours ca ne suffisait plus. Le rythme et les nouveautés qui s'enchaînent à toute vitesse dans toutes les matières !
Je me suis pris un 3/20 à mon premier DS de maths... C'est simple, sur un devoir de 4h, au bout de 30mn j'avais fait tout ce que je savais faire :sweat:
Suite à ça, j'ai imité les autres : le soir après les cours je faisais les fiches de révisions, des exercices avec corrigés supplémentaires, des annales. Travailler 2h tous les soirs pour moi c'était une grande nouveauté. Mais j'ai réussi à remonter le premier trimestre de retard. J'ai validé mon année. La 2ième année fut moins difficile et j'ai remonté dans les classements et ainsi de suite jusqu'à la 5ième année où c'était finalement redevenu une ballade et où j'ai fini dans le premier 1/4 de la promo.

Au final, je garde quand même un bon souvenir de ma scolarité. Après le décès de mon père, j'ai été en roue libre. Personne ne s'est vraiment occupé de moi, mais j'ai roulé ma bosse toute seule. Personne n'a évoqué de saut de classe ou de HP. J'étais la bonne élève qui ne fait pas d'histoire. (mais qui pouvait faire mieux dans certaines matières)
J'ai eu plus de relations sociales au fur et à mesure que j'ai grandi. Mais bon, quand on ne boit pas d'alcool et qu'on n'aime pas les fêtes étudiantes, ça limite quand même.



2. Si vous êtes parents d’enfants HP, quelle vision avez-vous de l’école ? Y sont-ils heureux, frustrés, malheureux ? Leur différence, est-elle un problème pour eux, avec les enseignants, avec les camarades ? Pensez-vous que l’Institution a évolué sur l’accueil des HP ? Avez-vous fait le choix d’une école alternative ou de l’école à la maison ? Avez-vous des expériences de scolarisation dans d’autres pays ? Que souhaiteriez-vous voir s’améliorer dans l’Éducation Nationale ?
Tout d'abord, mes 2 enfants sont testés. Ma fille ainée en premier pour des difficultés à 8 ans. Son institutrice, de très bonne volonté, ne savait plus comment faire avec elle. C'est elle qui a émis l'idée que les problèmes venaient peut-être du fait qu'elle était HP.
Le HP a été avéré, mais ce n'était pas le problème (plus tard nous avons établi dyslexie, dysorthographie, dysgraphie sévère et TDAH ! )
Toujours est-il que pendant le CM1, elle n'avait que l'étiquette de HP. Nous avons fait un PPRE avec le primaire. Ma fille a eu droit à des aménagements : possibilité de faire les cours de sciences avec la classe voisine de CM2, ça lui évitait une énième répétition des trucs de bases en maths/francais qu'elle connaissait déjà.
L'année de CM1 s'est mal finie avec des problèmes de harcèlement qui durait depuis un moment mais dont (méa culpa) je n'avais pas compris à quel point cela touchait ma fille (et sa sensibilité exarcerbée).
Elle a changé d'école pour le CM2, maîtresse très attentive, bienveillante. Elle lui laissait plus de temps pour finir les interros (c'est lent une dysgraphique), aménagement pour les dictées (pas de notes, mais des % je recommande. C'est bien moins dévalorisant que d'avoir systématiquement 0)
Entrée au collège avec un PAP pour la mise en place de l'ordinateur en classe + 1/3 temps
Le collège est ouvert aux aménagements qui sont globalement bien respectés sans que je n'aie à les réclamer.
Mention TB au Brevet.
C'est une belle jeune fille épanouie de 17 ans au lycée, filière générale.

Pour mon fils cadet, quand le HP de sa soeur a été détecté, il avait 5 ans. Forcément, au vu des résultats de la grande soeur, on n'avait que peu de doute sur le petit frère. On lui a fait passer un WISC 4 à 6 ans tout pile pour préparer le dossier de saut de CP.
Il a eu une maternelle de rêve : une coqueluche, tous les enfants le saluaient dans la rue, des copains, une maîtresse dans la différentiation +++ (avec pourtant 32 élèves en classe de maternelle). Il a appris avec elle à lire, à faire des phrases réponses, à poser ses additions. Il a aussi fini la maternelle en connaissant déjà toutes ses tables de multiplication sur le bout des doigts.
Il a fini par sauté le CP. Il a passé le reste de son primaire comme une grande cours de récréation. Des copains, des cabanes de bois pour les gendarmes qu'ils essayaient d'élever, des collections de cailloux dans le cartable, etc.
Pour le collège, j'étais dépitée par le manque d'ambition du programme scolaire... Comme il avait validé un cambridge A2 en fin de CM2, en faisait du forcing + en le faisant bachoté + séjour en immersion dans de la famille aux USA, j'ai réussi à le faire rentrer en section anglophone. Il a ramé en 6ième en anglophone, mais après c'était bon. Le collège, élève brillant qui ne fait pourtant rien à la maison à part jouer sur son ordi.
Félicitations du conseil de classe tout le collège. Il m'a dit reconnaissant qu'il était bien content que je l'aie poussé en section anglophone : les seules matières où il a appris quelque chose c'était en anglophone !
Il passe dans un lycée d'excellente réputation, connu surtout pour faire bosser et cravacher ses élèves ! on va voir ce que ca donne (c'est son choix à lui).

Ma fille a passé 1 année en Angleterre, scolarisée en A-level
Mon fils suit donc un cursus anglophone depuis la 6ième. C'est à dire qu'il a les cours d'anglais et d'HG anglaise par des professeurs britanniques.
Dans les 2 cas, la différence est frappante entre la pédagogie francaise et anglaise....
Les professeurs anglais sont beaucoup plus dans la valorisation et l'encouragement et le renforcement positif.
Ma fille me disait qu'elle a eu 3 enseignants de maths (1 titulaire mais arrêt maladie, 1 remplacant provisoire + 1 vrai remplacant pour le reste de l'année). Elle m'a dit que c'était fou, c'était les 3 meilleurs profs de maths qu'elle ait jamais eu ! que les profs sont vraiment à l'écoute des élèves et essayent de les aider. Donc, ils étaient genre une 20aine par classe, ca aide aussi + 1h obligatoire toutes les semaines par petit groupe (5-6) avec une prof pour parler des problèmes.

Exemple pour illustrer la différence de présentation des choses et d'encouragements. Tous les profs ne sont pas comme ça bien sur, mais je trouve que le cas illustre bien "la moyenne" côté francais et côté anglais (en tout cas mon ressenti)
Mon fils suivait donc des cours le mercredi après-midi en primaire pour l'anglais. Il a validé en fin de CM2 à 10 ans, haut la main, l'examen de Cambridge A2 (niveau demandé en fin de collège normalement)
prof d'anglais côté école francophone : "A. doit travailler à l'oral pour gagner en fluidité et travailler son accent" sachant qu'il avait 19,5/20 de moyenne en anglais.... Aucun encouragement, aucune reconnaissance pour son niveau d'anglais pourtant nettement supérieur à ce qui est demandé en fin de CM2)

Prof d'anglais côté école anglophone :
"A. is a great student, motivated, hard working and well behaved. Even though he’s been in a Flyers class this year, he also managed to score well in the SAT grammar part (well done!). His reading score is low, but I feel that with 8 weeks in USA this Summer he’ll learn more vocabulary and become more fluent in general. He’s been accepted into the anglophone section, but because his SAT results are borderline he must make an extra effort this Summer and next school year! I feel that with his Mum behind him and his conscientiousness he’ll make it work. I wish him all the best for next year in the Anglophone section - Well done A for getting in ! Go Go Go!"

Quand ma fille est revenue d'Angleterre, chacun de ses profs a pris le temps d'écrire un paragraphe complet personnalisé sur elle, en appuyant bien sur ses qualités et ses points forts et en l'encourageant sur ses points faibles.

Bilan global quand même positifs néanmoins sur le système francais tout de même (même si je semble peut être très critique). Ma fille avec tous ses troubles, bénéficie quand même d'une prise en charge qui lui facilite grandement la vie.
Mon fils, même s'il n'a pas appris grand chose en classe, est un ado posé, bien dans ses pompes.



3/ je n'ai pas d'expérience d'enseignant, et je ne crois pas avoir un quelconque dont pour la pédagogie. Je manque de patience.

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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

Petite Plume a écrit : jeu. 8 juil. 2021 16:12 la différence est frappante entre la pédagogie francaise et anglaise....
Les professeurs anglais sont beaucoup plus dans la valorisation et l'encouragement et le renforcement positif.
Cette remarque m'interpelle. Je ne connais pas la pédagogie britannique mais je pense que nous avons effectivement des efforts à faire pour mieux valoriser les élèves.
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Bulle d'o »

Mon expérience scolaire n'a que peu d'intérêt donc je fais court : j'ai adoré l'école jusqu'en fin de 6ème puis j'ai changé de collège, d'environnement et j'ai trimé jusqu'en terminale où je "flottais scolairement", j'allais à l'école "faire mon boulot d'enfant" jusqu'en 3ème puis "pour la vie ensemble" au lycée. Les deux meilleurs années pour moi ont été en fin de cycle, les innombrables heures passées à organiser nos vies avec les amis, nos sorties, nos activités extra-scolaires.
Drôle de vue d'aujourd'hui, j'étais "une enfant plutôt sotte" qui "avait été bonne élève petite" selon mon entourage. L'histoire dira que non apparemment. Transparente pour l'EN. Mais je garde cette image d'avoir été responsable de mon destin et responsable de l'échec.

Si vous êtes parents d’enfants HP, quelle vision avez-vous de l’école ? Y sont-ils heureux, frustrés, malheureux ? Leur différence est-elle un problème pour eux, avec les enseignants, avec les camarades ? Pensez-vous que l’Institution a évolué sur l’accueil des HP? Avez-vous fait le choix d’une école alternative ou de l’école à la maison ? Avez-vous des expériences de scolarisation dans d’autres pays ? Que souhaiteriez-vous voir s’améliorer dans l’Éducation Nationale ?

Alors, j'ai opéré différemment pour mes gamins. Testés tous les deux, ils entrent en matière différemment. Bullet (Bulliboy) était dans une souffrance terrible de socialisation en fin de 3ème pour résultat scolaire pas mauvais mais en toute concurrence. Ce que le test a aidé de définir : les facilités n'ont pas réussi à être mis à profit par forte difficulté à intégrer la méthodologie. Ce que le test a préconisé : un renforcement positif pour aider à rattraper le retard. Ce que l'école a fait : parfois dire "Mme Bulle, fiston là l'est p't'être intelligent mais mes enfants aussi et z'ont jamais été testé. L'a qu'à travailler avec plus d'ardeur et trouver un environnement qui lui sied mieux ne changera rien" (merci encore à vous M. Le proviseur! J'ai aimé, j'en redemande!). Bullet a quand même changé de lycée et il n'a pas plus brillé car bien du retard méthodologique mais il s'est épanoui petit à petit avec différentes profs, et personnels pédagogiques ou péri-scolaires (je ne remercierais jamais assez toutes les infirmières de toutes les écoles de mon fils! :rock: ) A l'EN, je dirais merci : pour les propositions de complément hors cours officiels, les supports pédagogiques du net en complément, le temps d'explication de la méthodologie, les bulletins qui disaient "n'arrive toujours pas à l'exprimer dans un rendu écrit mais élève très sérieux, motivé et opiniâtre", les regards désespérés par compassion et envie de le voir éclore de ces profs qui lui rendaient encore un ... 4, cette CPE qui l'a talonné au cul pour qu'il reste dans l'établissement et qu'il ne fuit pas ... Je ne sais pas s'il a tout bien appris des cours, ce qu'il en gardera, à part une forte capacité à brailler sur des barricades et construire ses convictions, mais bon sang, l'EN lui a permis de grandir. Parfois identifié HP (CPE et profs principaux ont régulièrement su), parfois juste identifié "gamin présent et investi" mais en difficulté, ils ont beaucoup aidé, je trouve. Ils nous ont, nous, parents beaucoup aidé.

Bullette, autre modèle : a vu frangin galérer et a décidé de travailler à la régularité d'apprentissage : un métronome! Ce que lui apporte l'EN : un environnement serein et sécure d'apprentissage scolaires et l'apprentissage des limites et du contrôle à bon escient de ses capacités : savoir utiliser! Ô brillante idée de lui apprendre cela! Cool.

Du coup, je ne peux que voir que l'aspect "renforcement positif" a dû s'améliorer considérablement en France. J'en aurais un qui ne pourrait pas s'inscrire et entrer à la fac sinon et nous n'aurions pas été suffisants pour le maintenir accroché.

Je trouve que l'EN continue de rendre sa place aussi de socialisation en sus de sa place d'apports d'apprentissages. Et franchement, je lui tire mon chapeau, sauf à M. le Proviseur, que trois ans après, j'ai toujours envie de mordre! (mais on m'avait indiqué à l'époque le montant de l'amende et j'avais interrompu le projet).

Bullette et Bullet en sortent à chaque fin d'année : un peu plus eux et toujours curieux.
"Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même."

Les désorientés (2012) de Amin Maalouf

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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par vouvinch »

Cancre assumé, je vais venir dès que j'en aurai le temps relater succintement mon parcours scolaire sans le projecteur de la découverte de ma condition de hpi.( Hum, je n'arrive toujours pas à m'y faire à ça...) . Je viendrai aussi livrer mon insertion professionnelle ( conséquence directe de la scolarité). Ensuite, je livrerai mon idée de ce que devrait être l'école ( ce qui aura la plus grande attention de ma part).
Enfin, tout aussi succintement, le parcourt de mes trois enfants ( le plus grand charpentier par apprentissage, le deuxième étudiant analyste de données, la dernière va en 5eme en attente d'un test neuropsy).
Il va sans dire que ça risque de prendre un petit moment. Je vous saurai donc gré de bien vouloir pardonner ma lenteur. C'est qu'il faut que je me relise plusieurs fois afin d'éviter de vous crever les yeux.

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