L'école et le HPI : regards croisés

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Rune
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Rune »

@vouvinch hâte de lire ton récit ! (Je trouve forcément un peu plus instructifs le parcours des EIP pour qui l'école a posé problème, car ce sont sûrement les plus difficiles à identifier et à prendre en compte...)

@Bulle d'o Merci pour ton témoignage, qui renvoie un regard positif et rassérénant sur l'école !
...et qui montre bien l'ambiguïté du système actuel :
-ceux qui n'en tireront pas grand chose de positif pour x raisons
-ceux pour qui cela sera un ''renforcement positif'' pour x raisons

A titre d'exemple, même si cela sort de la prise en compte des EIP :
-j'ai eu une élève fortement dyslexique : sachant que pour ce type de profil, c'est difficile de faire des miracles dans ma matière, j'ai axé sur le ''renforcement positif'' (sans en rajouter, j'apprécie mes élèves mais je ne suis pas très ''maternante''), en essayant de pointer avant tout les réussites de l'élève... Elle était bonne volonté, et je ne sais vraiment pas pourquoi cela a vraiment fonctionné avec elle : elle a fini l'année avec des résultats pas forcément meilleurs, mais presque plus fière d'elle et de ses capacités que si elle avait eu 20 de moyenne.
-j'ai eu une autre élève fortement dyslexique l'année suivante : forte de mon expérience avec l'élève précédente, j'ai agit exactement de la même façon...et je ne sais vraiment pas pourquoi cela n'a pas fonctionné avec elle : elle est restée complètement fermée, et a fini l'année avec plus ou moins les mêmes résultats que l'élève précédente, mais avec une estime d'elle-même toute autre, je suppose.

Je trouve que cet exemple pose les limites de notre métier : nous ne sommes QUE professeur, pas psy, ni éducateurs à la base, et il est parfois difficile de dénouer certaines problématiques chez les élèves, qui souvent ne sont pas QUE liées à l'école. (Je garde bien en tête que parfois je peux agir et jouer sur certains aspects, et que cela doit rester une attention et une réflexion constantes chez moi, mais j'ai aussi le sentiment profond que souvent les choses m'échappent dans le rapport que mes élèves ont à mon cours ou à l'école...dans le négatif...comme dans le positif !)
Après, l'école en tant que système a sûrement encore beaucoup à faire pour s'améliorer, mais par rapport à mon vécu d'élève, que ce soit pour la façon de faire cours ou dans la prise en compte des élèves, je trouve en effet que cela va vers du mieux. (Pour reprendre l'élève fortement dyslexique dont je parlais plus haut : il y a 50 ans, on n'aurait même pas vu les ''capacités'' de l'élève en question, et il y a 20 ans, on aurait identifié ses difficultés mais on ne les aurait pas vraiment prises en charge...)

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Petite Plume
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Petite Plume »

@Rune , ton exemple avec tes élèves dyslexiques me fait penser à ma fille.
Par exemple, évidemment en étant dysorthographique, les dictées n'étaient pas brillantes.... Au lieu de simplement les noter (ca aurait donné éternellement 0), son institutrice de CM2 (bienveillante) lui corrigeait sa dictée en %. Ca donnait par exemple 83% de mots justes. Bien plus valorisant que genre -35/20 sur une dictée d'une dizaine de lignes....
Régulièrement, elle avait des dictées avec des mots donnés à l'avance et qui étaient travaillés scrupuleusement à la maison. Elle avait donc appris non sans problème "malheureusement".
Et bien au milieu de sa dictée truffée de fautes, son institutrice a pris la peine de souligner le "malheureusement" bien orthographié et de mettre en commentaire "Bravo ! "

La bienveillance et l'encouragement donne de très bons résultats pour la mienne. Au contraire, être cassant et autoritaire, c'est une catastrophe : elle se referme complètement, devient paralysée et n'est plus capable de rien.
Dans ce genre d'enseignant traumatisant, la palme revient à sa professeur d'allemand en 5ième qui a fini par lui causer une crise de tétanie à force de lui aboyer dessus en cours.... J'ai du venir la récupérer à l'infirmerie, elle était encore incapable de marcher. Ils avaient bien flippé au collège, ils ont cru à une crise d'épilepsie sur le moment...

@Fanetys
Je ne suis pas en classe pour comprendre, mais c'est un fait : mes deux enfants préfèrent leurs professeurs anglophones. Il faudrait que je creuse un peu plus pour essayer de décrire factuellement ce qui fait cette différence. Toujours est il que malgré les multiples professeurs HG qu'ils ont eu dans leur scolarité, les miens n'ont aimé l'Histoire que avec un professeur anglophone.... soit dans le cursus anglophone, soit dans l'option européenne (professeur canadien). De tous les professeurs en 4 ans de collège, la prof préférée de mon fils est celle d'anglais qu'il a eu pendant 3 ans.
Après, certains profs francais sont quand même sortis du lot quand même. Je reproche le manque de bienveillance côté francais, mais ce n'est pas une règle absolue, y en a aussi, mais clairement, ce n'est pas la majorité. Parfois, je me demande ce que les élèves doivent faire pour avoir un compliment....
Accessoirement, je ne pense pas que le collège ait su que mon fils est HP. Il n'y a eu aucune demande d'aménagement particulier de ce côté là.

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Thresh
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Thresh »

1. En tant qu’anciens élèves, quels souvenirs avez-vous de votre scolarité ?

Je n'ai pas vraiment le profil HP à l'école mais j'apporte mon témoignage. :nesaitpas:

Je suis le troisième d'une fratrie de 5 enfants seul HP à ma connaissance dans la famille.

En maternelle, on m'emmener à l'école puis on venait me rechercher. J'étais calme. Je ne parlais à aucun autre enfant en classe et pendant la récré notamment durant ma période de mutisme 2 à 4 ans. J'étais là mais c'est comme-ci j'étais seul. J'ai des souvenirs d'évènement comme activité pâte à modeler où je faisais des véhicules (pas en un bloc mais en reliant des boudins), des légos que j'empilais. Je ne sais pas quand j'ai appris à lire mais je me souviens que la date du jour était notée au tableau en grande section. A la maison, j'étais souvent dans mon monde avec mes parents qui cherchaient en m'en sortir. Je ne me souviens pas avoir poser de problème aux instituteurs à part m'être fais dessus une fois et une autre où je m'étais trompé de classe.

En primaire, j'ai effectué un CP ralenti. Une année de CP dans une autre école puis une année de CP dans mon école. Je ne rappelle pas quand et comment j'ai appris à lire. Je me rappelle avoir relever des rues manquantes sur un plan lors d'un retour d'une sortie où on nous demander de le refaire sur un carte à l'aide un personnage (signe du HP ?). J'avais tendance à apprendre les mots, les poésies le jour même avant d'aller à l'école. Comme je paraissais autonome, mes parents m'ont moins suivi que mes frères et sœur. Lors de l'apprentissage des leçons avec mes parents, c'était du par cœur et ça finissait souvent en parents énervés et moi en pleur. Je n'ai pas appris mes tables d'opérations, je calculais de tête sur le coup. Je ne parlais qu'à de très rare occasions aux autres élèves mais je les observais souvent (ils jouaient au foot, aux billes, etc). Je me souviens qu'on m'a craché une fois dessus en cm1/2 et j'ai pleuré (un peu fragile). Pour mes résultats, j'étais classé dans les derniers pensant être nul et ne savant pas comment travailler et apprendre. Je me disait que ce serait plus simple si j'étais intelligent. J'avoue de j'enviais la première de la classe en CM2. Je n'ai pas non plus posé de problèmes aux instituteurs sauf deux fois où j'étais mis en retenu après les cours, je me suis sauvé pour rentrer chez moi.

Au collège, j'ai rejoint la classe de 6 ème des mauvais élèves et toujours avec des résultats moyens. On m'a mis en heure de soutient, je commençais l'école une heure plus tôt (8h au lieu de 9h). On m'a donné des exercices. J'ai appris plus tard que c'était des exercices de 4 ème. L'année suivante, on m'a placé dans une classe de 5ème plus forte pensant que ça m'aiderait. Je commençais à parler un peu aux autres mais restais souvent dans mon monde durant les pauses récréations. J'avais deux trois harceleur mais je ne me laissais pas faire. J'ai participé au concours kangourou finissant à une place honorable de 3 ème. Mes résultats sont restés moyens allant de 9 à 12 de moyenne mais avec des moyennes par matière très hétérogènes (17-18 en math, 5-6 en Français). J'étais très bon dans les matières scientifiques. J'étais quasiment tout le temps seul durant les TP mais je me débrouillé bien. Pareil en sport, souvent dernier choisi pour le foot, j'étais nul à la course à pied. Je n'étais pas aimé du prof de sport à cause de mes problèmes relationnelles et mes résultats. Après ça dépendait des matières mais je pense que certains connaissaient bien mes réelles capacités. J'ai fini une fois dans le bureau du proviseur car je n'avais pas rattrapé mes cours suite à une absence. Durand mon collège, ma grande sœur a loupé son lycée (elle n'est pas HP). Mes frères avaient fait 4 ème et 3 ème techno, moi étant resté en général. Mon père m'a forcé à aller en lycée professionnel malgré le soutient des prof qui me voulaient en lycée générale dont une qui me voyait avoir le bac.

Au lycée, j'ai passé le BEP puis Bac pro en électricité. Lors du premier jour d'école, je rencontre mes futurs camarades et on évoque nos notes. Ils ont été surpris par mes notes en math. J'ai essayé de me fondre dans la masse. Je restais avec les autres à discuter durant les pauses. Parfois on me testait avec des questions de calcul mental par exemple. J'ai connu un camarade d'origine marocain qui était arrivé en France à 5 ans. Il a compris que je pouvais l'aider. Moi, j'avais quelqu'un qui me parlait même si j'étais mal à l'aise avec le côté pot de colle. J'ai aussi eu d'autre camarades avec qui je m'entendais bien dont un qui m'a fait faire du tir à l'arc. Mes résultats ont significativement monté. J'allais beaucoup plus vite que tout le monde et un des prof me qualifiait de formule 1 parmi les 2cv. Je me rappelle avoir passer un test de QI en ligne mais je savais que je n'étais pas forcément à ma place et je rêvais d'études. Une fois, j'étais passé devant l'université et j'avais le désir d'y aller. Je voyais les affiches des parcours avec le pont vers le général après le BEP mais je ne l'ai pas fait. Au bac pro, j'ai su qu'il y avait un lycée qui proposait un BTS électrotechnique pour des élèves de bac pro. J'étais apprécié des prof y compris de celui de sport.

Au BTS et l'université, j'étais premier et j'avais un très bon pote de classe. On restais souvent ensemble. Il y avait quelque mauvaises langues sur moi mais ils n'osaient rien du fait de mes notes. Le fait d'être meilleur que ceux venant d'un bac S pouvait aussi être frustrant. Je m'étais intéressé aux écoles d'ingénieur puis j'ai vu la formation IUP GEII qui allait de du DEUG à la maitrise. J'ai pu postuler pour entrer en licence mais j'ai du reprendre du DEUG pour rattraper mon retard côté informatique. J'y ai connu mes vrais amis avec qui j'ai gardé contact mais pour dire vrai, c'était plutôt eux. Mon HP n'était pas un mystère pour eux et ça ne les a pas gêner, au contraire, on faisait un groupe de pote. Je leur apportais mon aide et eux une vie sociale pour moi. J'ai fait une année de master recherche (anciennement DEA) mais je n'ai pas suivi par un doctorat voyant que le monde de la recherche n'était pas forcément mieux que le privé. Je pense que c'était mes meilleurs années. J'étais (enfin ?) comme tout le monde et j'aimais ce que j'apprenais. Les professeurs m’apprécient et j'ai appris que certains avaient des vue sur moi pour m'avoir dans leur équipe de recherche pour faire mon mémoire. J'ai eu l'impression de ne par avoir fait un effort pour ce mémoire que je pensais pas terrible malgré l'avis contraire de mon tuteur.

Après ce sont quelques années de galère entre ANPE et emploi aidé avant d'être recruté dans une société de service en informatique.

A la vue de mon parcours, je ne vois peu de signe HP dans ma première période de scolarité, je le cachais bien. Je ne pense pas avoir eu de problème lié à cela. J'ignorais les autres donc peu d’interaction sociale. En vrai, contrairement à TIPEH dans le quel je ne reconnais pas du tout, le HP m'a aidé à réussir et a avoir des amis plus tard. Par contre, ça montre la lacune qu'on avait en France dans les années 80 pour détecter les enfants "différents" qui ont besoin d'aide. L'école marche peut-être pour une majorité mais elle n'était pas forcément adapter pour tout le monde. Je ne suis pas que HP donc ça a contribué à cacher ce côté surtout au début, j'ai même redoublé une classe. Mon témoignage est probablement le moins pertinent.

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Fanetys
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

@Bulle d'o Ton témoignage est très réconfortant, parce qu'au-delà des difficultés, tu écris
Bulle d'o a écrit :Bullette et Bullet en sortent à chaque fin d'année : un peu plus eux et toujours curieux.
Et je te remercie pour ton recul, ta bienveillance par rapport à notre institution scolaire qui fait ce qu'elle peut (ou pas). Je sais par expérience que lorsque je rencontre des parents comme toi, l'entretien se passe toujours bien, et que mon regard sur leur enfant n'en est que plus positif. Quand j'ai débuté ma carrière, j'étais enthousiaste, naïve et pleine de bonnes intentions. Cela a été difficile en gestion de classe, alors j'ai appris à mettre mes affects au placard. Je pense que beaucoup de profs ont un réflexe de ce genre, pour mettre une distance entre eux et les élèves, et ne pas se faire bouffer. Avec l'âge, je dose mieux : il y a une distance à garder mais aussi un regard personnalisé et bienveillant à poser sur chacun d'eux.
Et puis, comme le dit @Rune, ce qui marche avec l'un ne fonctionnera pas nécessairement avec un autre... C'est ainsi lorsque l'on travaille avec de l'humain, pas de solution clé en main ;)
Hors-sujet
A propos des dys- : Il y a 25 ou 30 ans, dans mon collège de 500 élèves, nous avions UN dyslexique estampillé. On en parlait à mi-voix, en hochant la tête avec compréhension et/ou pitié "paraît que c'est héréditaire, et son père est comme ça aussi... Pauvre gamin ! " Maintenant, nous en avons 2 à 4 par classe...
Ce HS fait écho aux propos de Thresh :
Thresh a écrit : dim. 11 juil. 2021 00:37 Par contre, ça montre la lacune qu'on avait en France dans les années 80 pour détecter les enfants "différents" qui ont besoin d'aide. L'école marche peut-être pour une majorité mais elle n'était pas forcément adaptée pour tout le monde. Je ne suis pas que HP donc ça a contribué à cacher ce côté surtout au début, j'ai même redoublé une classe. Mon témoignage est probablement le moins pertinent.
@Thresh Je trouve ton témoignage très pertinent, moi ! Il montre ta résilience dans un parcours scolaire compliqué, où l'école n'a pas su mettre des mots sur tes difficultés, tout en tentant quand même de t'aider avec maladresse parfois. De ce que tu relates, il me semble que le HP a pu dissimuler d'autres difficultés, et te permettre de rebondir plus tard (un parcours dont tu peux être fier !). Ton histoire pourrait être celle d'un "twice exceptional", comme les appellent les anglo-saxons, elle a toute sa place ici. Car dans nos établissements scolaires, les élèves estampillés HP ont souvent un trouble en plus (une comorbidité selon l'expression consacrée... que c'est laid !) : ce sont ceux-là qui consultent et sont testés.
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Rune
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Rune »

Thresh a écrit : dim. 11 juil. 2021 00:37 Mon témoignage est probablement le moins pertinent.
Au contraire ! Tout comme Fanetys et pour les mêmes raisons, je trouve ton témoignage particulièrement intéressant !
C'est typiquement des élèves ayant ce genre de profil pour lesquels on peut avoir des doutes, en tant qu'enseignante, et avoir ton exemple en tête peut éventuellement mettre la puce à l'oreille pour considérer autrement certains élèves.

Sinon, en lisant vos témoignages, je suis particulièrement attentive aux petits trucs ''pratiques et concrets'' auxquels vous avez été sensibles de façon positive au cours de votre scolarité : n'hésitez pas à les signaler, je trouve vraiment que cela me donne des billes intéressantes pour faire évoluer ma pratique ! (Il y en a qui vont être contents à la rentrée ! ;-)

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Thresh
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Thresh »

@Rune
Si mon témoignage peut aider, ça me va.

Je rajoute que mon enfance n'était pas malheureuse. Quand j'ai pris conscience que je devais arrêter d'être bizarre vers la fin du collège, j'ai cherché à me rendre normal.

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Enuma
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Enuma »

Rajoutons ma petite pierre à l’édifice. Sachant que, un peu comme pour Tresh, je n’ai pas vraiment l’impression qu’il y ait eu de signes particuliers me concernant si ce n'est que j'étais une bonne élève au début.

1. En tant qu’anciens élèves, quels souvenirs avez-vous de votre scolarité ?
J’ai commencé la maternelle à 2 ans et demi, dans une petite école privée, la seule qui acceptait des enfants de moins de 3 ans. J’ai quelques souvenirs. Je crois que j’avais quelques copains (dont une petite voisine arrivée un an après avec laquelle j’étais toujours). Un truc qui m’a marqué, en petite ou moyenne section, c’est l’activité que nous avait fait faire une remplaçante. Il fallait découper des tout petits bouts de papiers pour les coller sur un dessin représentant un poisson pour faire les écailles. J’avais détesté et je ne voulais pas le faire (je trouvais chiant et sans intérêt). J’ai aussi un vague souvenir d’avoir été capable de lire des choses écrites au tableau en fin de grande section mais c’est flou (j’ai un vrai souci avec ma mémoire, je crois que je la bloque délibérément)

Ensuite, passage au CP dans une école publique. Juste 2 souvenirs : la rentrée et un épisode où la maîtresse avait passé un savon à une copine de classe. Sinon, black out total. D’après ma mère (enseignante dans la même école), la maîtresse m’aimait beaucoup et trouvait incroyable que je retienne toutes les poésies après les avoir entendues une seule fois.
Ensuite, CE1 et CE2, même école, et cas particulier, l’enseignante était ma mère. Ca s’est très bien passé. Toujours 1ere ou au coude à coude avec ma meilleure copine de l’époque. Je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu du favoritisme de la part de ma mère. Je pense qu’elle faisait attention à ça.
CM1 et CM2, nouvelle école et changement de ville. Cette fois un homme comme enseignant. Il était super. J’adorais sa façon d’enseigner, qui était apparemment un peu différente de la norme car ma mère trouvait que ce n’était pas toujours comme il faut (il me semble qu’elle trouvait qu’il ne bossait pas assez). Il enseignant les échecs comme matière à part en entière, racontait de manière imagée les cours d’histoire. A priori, il m’aimait bien aussi car il avait dit à ma mère, après une semaine où j’avais été absente, que ça avait été le désert intellectuel cette semaine là. Niveau résultat, la encore, toujours 1ere au coude à coude avec un autre camarade de classe.

Ensuite, 1er collège (de la 6eme à la 5eme), puis un autre avec changement de ville pour les deux dernières années. Pas que des bons souvenirs. Je n’ai pas aimé les autres collégiens. Heureusement, à chaque fois j’ai toujours réussi à me faire une ou deux bonnes copines. Mais j’étais décalée. Je ne me retrouvais pas dans les autres. Ils étaient bêtes et méchants comme on peut l’être à ces ages. Des groupes se formaient et je n’arrivais pas à rentrer dedans. Niveau résultat, je n’ai pas eu l’impression de bosser beaucoup et mes résultats étaient moyens. Je me suis rendue compte rétrospectivement que je ne savais pas travailler en fait.

Passage au lycée. Cette fois les 3 années dans le même établissement. Beaucoup mieux niveau relationnel avec les autres mais toujours un peu à la marge. Résultats toujours moyens mais suffisants pour faire une 1ereS et un bac C. Bac obtenu avec une petite mention mais pas non plus flamboyant. Je reste cependant étonnée de mes résultats en maths. Alors que je plafonnais à 6 ou 7 de moyenne toute l’année en terminale, j’ai eu 16 au bac…. Mais bon, alors que j’aurais bien aimé faire de l’astronomie ou de l’astrophysique, je me suis dit que je n’étais pas assez bonne en maths et physique. Donc je me suis orientée vers la biologie.
J’ai enchaîné les diplômes jusqu’au DEA. Toujours à part et avec peu d’amis. J’ai eu la possibilité de faire une thèse donc j’ai continué. Les choses m’ont semblaient relativement faciles par rapport aux autres même si je n’ai pas brillé particulièrement. Et j’ai fini dans la recherche publique (qui me déçoit énormément au final)

2. Si vous êtes parents d’enfants HP, quelle vision avez-vous de l’école ? Y sont-ils heureux, frustrés, malheureux ? Leur différence est-elle un problème pour eux, avec les enseignants, avec les camarades ? Pensez-vous que l’Institution a évolué sur l’accueil des HP? Avez-vous fait le choix d’une école alternative ou de l’école à la maison ? Avez-vous des expériences de scolarisation dans d’autres pays ? Que souhaiteriez-vous voir s’améliorer dans l’Éducation Nationale ?

Mon fils aîné de 9 ans a été testé à 4 ans sur la demande de son institutrice de petite section. Il avait des facilités déconcertantes (il savait déjà compter jusqu’à l’infini à trois ans, commençait à savoir lire – la 1ere fois qu’il m’a épelé « maman » il avait 3 ans et demi). Des centres d’intérêt particuliers pour son age (le système solaire, les tramways, les chiffres, les lettres).
Je suis très reconnaissante à cette dame. Elle était vraiment sensibilisée à ce sujet, avec une autre enseignante de l’école, et elles ont tout fait pour que sa scolarité de maternelle se passe bien. Au final, il a sauté la moyenne section. Après, tous les enseignants de cette école n’étaient pas autant sensibles à ce profil. Ca dépend vraiment des personnes, de leur vécu et de leur expérience. Je pense que c’est quelque chose qui devrait être abordé concrètement dans leur formation mais je ne suis pas persuadée que ce soit toujours le cas. En plus, il y a l’effet « barnum ». J’ai une copine enseignante, qui n’a pas du tout de doute concernant mon fils, mais qui me raconte qu’elle a un nombre incroyable de HP dans sa classe si on en croit leurs parents.

Sinon, mon fils a toujours été très sociable et s’est toujours très bien intégré. Pour l’instant, la scolarité se passe très bien dans le public. Il a toujours d’énormes facilités et ne sait donc pas trop travailler. Je me méfie donc de ce que ça va donner au collège. Je pense qu’il faudra ne pas le perdre de vue. Actuellement on se pose la question pour le collège dans un an car on a deux possibilités.

voila voila...

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PointBlanc
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par PointBlanc »

1. En tant qu’anciens élèves, quels souvenirs avez-vous de votre scolarité ?

Je n'ai pratiquement aucun souvenir de la maternelle ; en tout cas aucun de mes enseignants. Je crois que la sieste était mon moment préféré de la journée d'école.
En primaire, j'étais presque toujours premier ; je ne m'ennuyais pas, dans la mesure où le peu d'efforts qu'il me fallait fournir me laissait beaucoup de temps pour rêver. J'avais des camarades qui partageaient mon goût naissant pour la fantasy - les autres me laissaient tranquille.
Au collège, mes résultats ont commencé à baisser ; je ne travaillais pas, jamais pour ainsi dire, et je me satisfaisais très bien de rêvasser à longueur de temps.
J'ai déménagé à 12 ans pour une banlieue résidentielle de la grande couronne : le niveau était sans doute un peu plus élevé que dans la campagne où j'avais passé les quatre années précédentes : la chute de mes résultats s'est accélérée. Je dessinais constamment en classe et je me détestais d'être à ce point médiocre, incapable de réagir, résolument à côté de la plaque. Mon père me le faisait bien comprendre ; ma mère devait avoir conscience de ce que j'endurais mais n'osait rien dire. Mes camarades se foutaient un peu de moi mais ils toléraient ma présence. Je me demande toujours pourquoi. Pour autant que je me souvienne, je n'attirais pas l'attention de mes professeurs - à l'exception de ceux d'EPS, qui me trouvaient velléitaire et empoté.
Ainsi jusqu'au bac, que j'ai obtenu sans mention.
Quand j'y repense aujourd'hui, le collège et le lycée me semblent moins réels que tous les autres lieux que je pouvais fréquenter à l'époque : si je les compare à ma chambre, aux champs derrière chez moi, à l'arrêt du bus, ils me semblent dénués de couleur et de substance. J'en déduis que je n'ai pas dû beaucoup investir ma scolarité dans le secondaire.

3. Vous êtes ou avez-vous été enseignant : Avez-vous été confronté à des élèves HP ?

J'en parlais dans ce fil il y a quelques années :

http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=79&t=6975

Mon point de vue n'a guère évolué depuis ; je m'efforce d'être bienveillant avec tout le monde, utile à tout le monde. Manifestement les élèves et leurs parents le perçoivent.
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

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Petite Plume
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Petite Plume »

Rune a écrit : mar. 13 juil. 2021 00:40 Sinon, en lisant vos témoignages, je suis particulièrement attentive aux petits trucs ''pratiques et concrets'' auxquels vous avez été sensibles de façon positive au cours de votre scolarité : n'hésitez pas à les signaler, je trouve vraiment que cela me donne des billes intéressantes pour faire évoluer ma pratique ! (Il y en a qui vont être contents à la rentrée ! ;-)
Je ne sais pas à quel niveau tu enseignes.
En repensant à mon CP, je garde une impression d'extrême gentillesse de cette maîtresse. En plus des bons points et des images, je crois qu'à la fin de l'année on pouvait les échanger contre un tour de manège ! le manège qui venait à la kermesse de l'école.
C'est marrant, je me rappelle encore de son nom, mais pas vraiment de pourquoi je l'aimais autant....

Sinon, je citais la reconnaissance des professeurs envers les efforts des élèves. Mine de rien, mes enfants lisent les appréciations. Elles ne sont pas écrites que pour les parents !
Je me rappelle que mon fils a vraiment fait un effort en 6ième pour avoir les 17 de moyenne générale sur l'année qui donnaient droit à la fin de l'année aux "Eloges" du conseil de classe, en plus des classiques félicitations. Sachant que c'était un collège plutôt exigeant et pas très complaisant sur les notes, il a vraiment fait des efforts. Il a été décu : il a effectivement eu les éloges marquées sur son bulletin et c'est tout... il s'attendait à une médaille ou à une petite cérémonie. Mais rien. Du coup, il a décrété les années suivantes que ca ne valait pas la peine. Le contrat moral avec les parents étant 16 de MG et on ne te limite pas sur le temps des jeux vidéos et on ne se mêle pas de tes devoirs. Il a rempli son contrat et a passé beaucoup de temps à jouer sur son ordi (encore plus pendant les périodes de fermeture des classes en ces années covid )

un véritable compliment, ca coute un peu de temps à l'écrire certes (surtout quand on a beaucoup d'élèves), mais ca encourage vraiment.
Pour illustrer le manque de proses des professeurs en général, extrait du bilan de fin de 3ième de mon fils :
PC : très bien
SVT: satisfaisant
Techno : très bien
Francais : satisfaisant.
HG : Bon travail
Seul le prof de maths lui a fait un commentaire sympa et fini en le félicitant avec un Bravo ! Et bizarrement, (avec l'anglo) c'était son prof préféré cette année.... Il n'aimait pas la SVT, pourtant il avait presque la meilleure moyenne de la classe à bien 5 points au-dessus de la moyenne de classe. Et il a donc écopé d'un timide "satisfaisant". Au moins les autres lui ont mis "Très bien"

En opposition à la bienveillance, la prof d'allemand qui a traumatisé ma fille pour sa première année d'allemand, à une des premières interros, conjugaison de être et avoir au présent + d'autres verbes irréguliers. Je l'avais faite réviser moi même, au prix de grands efforts. Elle a ramené une sale note genre 4/20 avec écrit en gros, en rouge en travers de sa copie : N'a pas appris sa leçon !!! (avec les multiples points d'exclamation sisi) et selon ses dires, la prof lui avait rendu la copie en lui mettant bien la honte devant tout le monde.
En fait, il fallait conjuguer tous les verbes à tous les sujets du je au ils). Et s'il y avait 1 seule faute elle comptait tout le verbe faux... Quand on sait que ma fille est dysorthographique et dyslexique (elle m'a écrit une fois sur son emploi du temps Allemand/Allemant juste l'un au-dessus de l'autre car il y avait 2h de cours....), bilans de spécialistes à l'appuie et PAP fait avec le collège, on ne peut pas dire que c'était de la bienveillance. Résultat, elle n'a strictement rien appris avec cette prof. Elle a commencé l'année d'après toujours sans savoir conjuguer être et avoir au présent, ni même savoir se présenter.....

Dans les aménagements plutôt orientés HP que mes enfants ont eu au fil de leur scolarité :
- exercices différenciés : l'élève choisi le niveau de difficultés.
- ateliers différenciés : mon fils a eu cela en maternelle, son instit a vraiment adapté le niveau, et a investi dans du matériel adapté. (sudoku, coloriage magique, jeux de société, tangram, etc.) Quand les autres jouaient aux petits chevaux (apprentissage de la constellation de points d'un dé), le mien jouait avec son grand copain aux milles bornes par exemple.
- demander aux élèves d'écrire leur propre énoncé et de rédiger la réponse correctement.
- plutôt que d'imposer un même livre à lire à toute la classe, une liste de livres avec un petit synopsis et une indication des thèmes abordés + une indication de la difficulté de lecture (ma fille avait choisi cette année là "No et Moi" de Vigan et "Everything Everything" de Yoon)
- ajouter un exercice demandant de l'astuce et de la réflexion avec point bonus dans les évaluations : ca occupe les rapides, c'est facultatif donc ne pénalise pas les autres, et ca permet de donner l'occasion à l'élève de montrer ce qu'il sait faire.
- possibilité de limiter le nombre d'exercices d'applications de base de la notion étudiée pour mettre à la place un exercice demandant plus de réflexion (et non pas mettre plus d'exercices à faire à l'élève rapide, à ce compte là, mon fils faisait exprès de trainer....)
- décloisonnement quand c'est possible : ca permet de limiter les répétitions des notions de bases dites et redites. Le saut de classe est aussi possible, mais ca a ses limites.... personnellement, au-delà de 1 saut, je trouve que la question du décalage d'âge notamment au niveau de la puberté pose question. Faut voir si ca en vaut la peine.

D'une manière générale, mes enfants n'aimaient avoir du travail EN PLUS de ce que les autres avaient à faire, mais si c'était à la place, là c'était mieux recu. Pour les plus jeunes, des récompenses. Je crois que ce qui a eu le plus de succès c'était les Jokers en CM2.... La version des bons points de mon époque. Par exemple dans les jokers : dispense de faire ses devoirs 1 fois, être le facteur de la journée, et le préféré de mon fils : 5 min de récréation pour toute la classe en plus ! Il gardait tout ces jokers pour obtenir celui qui valait le plus, les 5min de récréation en plus ! autant dire que les bons élèves ils étaient plus que bien vu de tout les autres élèves quand ils obtenaient les 5mn de plus :clin:

Voilà, si j'ai pu donner quelques idées !

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Rune
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Rune »

@Petite Plume : merci pour ton message détaillé, c'est tout à fait le genre d'idées concrète que je recherche. (...et en fait peu importe le niveau, je me rends compte que la plupart des trucs donnés sont adaptables à d'autres niveaux.)

Sinon, j'ai fait depuis un moment la liste des fils du forum en lien avec l'école et l'éducation, mais il semble que le forum la ''refuse'' au sein d'un message pour l'instant !
Comme le fil est pas mal lu en ce moment, et qu'il a plusieurs fois été mentionné d'autres fils du forum sur le même thème, je me dis que la liste en question pourrait intéresser certains d'entre vous, je la mets donc en pièce jointe en attendant de pouvoir faire mieux.

Ps : @PointBlanc Flûte, j'ai mis le lien vers le fil que tu indiquais dans la version codée envoyée aux jardiniers, mais j'ai oublié de le mettre dans celle mise ici ! Désolée !
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.

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Fanetys
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

Enuma a écrit : mar. 13 juil. 2021 09:18 Je suis très reconnaissante à cette dame. Elle était vraiment sensibilisée à ce sujet, avec une autre enseignante de l’école, et elles ont tout fait pour que sa scolarité de maternelle se passe bien. Au final, il a sauté la moyenne section. Après, tous les enseignants de cette école n’étaient pas autant sensibles à ce profil. Ça dépend vraiment des personnes, de leur vécu et de leur expérience. Je pense que c’est quelque chose qui devrait être abordé concrètement dans leur formation mais je ne suis pas persuadée que ce soit toujours le cas.
Pas persuadée non plus... J'imagine que c'est vaguement abordé sous la thématique "élèves à besoins particuliers" mais il est probable que l'on évoque essentiellement les dys- et TDA/H. En ce qui concerne le saut de classe, il est de nouveau conseillé par l'Institution si nécessaire (mais, comme le dit @Petite Plume, on ne le propose en général qu'une fois, pour les raisons qu'elle cite.)
PointBlanc a écrit : mar. 13 juil. 2021 14:27 J'en parlais dans ce fil il y a quelques années :
http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=79&t=6975
Mon point de vue n'a guère évolué depuis ; je m'efforce d'être bienveillant avec tout le monde, utile à tout le monde. Manifestement les élèves et leurs parents le perçoivent.
@PointBlanc Ton intervention dans le fil que tu cites est très intéressante. Ton expérience dans un établissement qui propose déjà des adaptations pour les HP est riche d'enseignements, elle m'incite à la modestie , moi qui vais devenir référente EHP à la rentrée. Je te cite :
PointBlanc a écrit : Tous s'ennuient dans certains cours, moins dans d'autres.
Le club robotique en a amusé quelques-uns pendant trois séances, et maintenant ils trouvent ça pesant. C'était pourtant un bel espace où faire des pointes, avec un enseignant hors-norme lui aussi. On leur en a proposé d'autres, pas forcément plus populaires.
Ils n'ont pas non plus un besoin irrépressible de se confier à un adulte qui comprend leur problématique. La possibilité existe, ils le savent, mais ils préfèrent déconner avec lui entre deux portes.
"Ils ont leur vie".
et merci de rappeler ce qui me semble fondamental pour tout enseignant :
a écrit : La cause, c'est l'absence de bienveillance, qui flétrit n'importe quel gosse, pas seulement les HPI.
@Petite Plume Merci pour ton témoignage. J’avoue que je trouve les appréciations que tu cites particulièrement lapidaires, surtout dans les disciplines où les enseignants voient les élèves plusieurs heures par semaine, et les connaissent bien. J'aime bien personnaliser ce que j'écris sur les bulletins, et je m'adresse plus à l'élève qu'à ses parents, mais j'ai senti parfois un léger malaise chez certains chefs d'établissement, voire chez certains enseignants, au moment des conseils de classe. Parce qu'il s'agit d'un document officiel, certains préfèrent des appréciations très factuelles, "sans affects"... mais je persiste :)

Merci @Rune pour ce travail conséquent. Je vais peut-être rajouter aussi quelques documents, @Pascalita avait un problème technique semble-t-il pour éditer le premier post.
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Petite Plume »

@Fanetys je n'ai pas cité l'appréciation du prof de maths ni de la prof d'anglo. Les 2 se sont donnés la peine de faire une vraie phrase personnalisée.
Je ne compte pas non plus les mentions tout aussi lapidaires des profs de sports/arts plastique/musique qui ont beaucoup beaucoup d'élèves donc je compatie et je comprends les commentaires succincts.
Juste pour compléter et illustrer donc les commentaires positifs de 2 profs :
A. est un élève extrêmement sérieux et curieux de nature, le niveau est excellent ! Il est bien parti pour faire un très beau parcours au Lycée ! Bravo pour cette année de 3ième remarquable ! (Maths, ca fait plaisir à lire pour l'élève et le parent ;) )
Excellent effort, participation, and very good progress and achievement in classroom and homework. Clearly capable student. Well done A. !

Donc ils ne sont pas tous aussi avare en compliments. J'imagine que ca se ressent aussi en cours cette différence de traitement. Trouves tu ce genre de commentaires chargés d'affect ?

Après, pour les sauts de classe, je pense qu'il y a presque autant de cas que d'élèves... des avantages, des inconvénients on fait au mieux en fonction du contexte. Honnêtement, je suis contente qu'il n'ait qu'1 année scolaire d'avance officiellement : nous ne sommes pas grand dans la famille, 1 année de plus et ca serait plus vu. Alors bon, quand il y a une vrai souffrance, c'est une solution moins pire. Mais si on peut occuper autrement, c'est à mon sens préférable.

@Rune contente si ca a pu te donner quelques pistes pour tes élèves.

@PointBlanc je découvre ton témoignage que je trouve très intéressant.
Je ne connaissais pas cette article avec la métaphore du guépard. A la première lecture, j'étais plutôt en accord avec le guépard.
Mais je trouve ton analyse et ton retour d'expérience tout à fait pertinente également. J'y retrouve également beaucoup de mon fils dans ta description de l'ado HP. Le mien a 14 ans. N'approfondit rien, ne s'intéresse à "rien" hormis Minecraft. Même là, je me disais qu'il pourrait trouver moyen de développer des compétences en Python pour coder dans Minecraft. Il a fait un stage sur le sujet, il a trouvé ca intéressant. Mais ce qu'il préfère, c'est regarder des vidéos youtube de Minecraft et jouer en ligne avec ses copains à différents jeux en ligne.... Il n'a aucune compétence qui sorte de l'ordinaire. Il n'a pas appris le grec à 5 ans, il ne fait même pas option latin au collège ! Rien n'indique qu'il soit THQI hormis son WISC... Il est bon élève, il en a clairement sous la pédale. J'attends de voir ce qu'il advient par la suite quand il aura besoin de se réveiller ou qu'il trouvera ce qui l'intéresse réellement.
Pour autant, toi qui vit de près un système "adapté" aux HP, penses tu qu'ils soient mieux dans un établissement plus ouvert que dans un établissement classique ?
Remarques tu des amitiés plus fréquentes/plus profondes entre les élèves HP que vers les autres ?
Il se trouve pas un hasard, que mon fils a passé son primaire dans une petite école : 1 classe par niveau, il est donc resté avec ses mêmes camarades pendant ses 4 années de primaire. Hasard du à l'ouverture d'une classe dans cette école privé, cela a drainé une bonne partie d'enfants HP qui n'étaient pas bien dans l'école public de leur secteur. Ils se sont retrouvés à 8 enfants HP testés sur une classe d'environ 28. Et étonnamment, je me suis rendue compte au fil des années que les copains de fiston étaient des HP pour la plus part. Pourtant, il n'y avait aucun dispositif HP particulier officiellement dans cette école.

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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Pascalita »

Fanetys a écrit : mar. 13 juil. 2021 19:25 Merci @Rune pour ce travail conséquent. Je vais peut-être rajouter aussi quelques documents, @Pascalita avait un problème technique semble-t-il pour éditer le premier post.
Oui, et nous n'avons pas encore trouvé la cause exacte du problème - ni par conséquent la solution. :swear:

Merci, @Rune, et ton document sera inséré dès que nous pourrons, ainsi que les liens complémentaires de Fanetys. Je suis désolée de ces ennuis.

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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par PointBlanc »

Petite Plume a écrit : mar. 13 juil. 2021 21:21Pour autant, toi qui vit de près un système "adapté" aux HP, penses tu qu'ils soient mieux dans un établissement plus ouvert que dans un établissement classique ?
Remarques tu des amitiés plus fréquentes/plus profondes entre les élèves HP que vers les autres ?
Bonsoir Petite Plume,
Là encore, je m'abstiendrai de généraliser, d'autant que le dispositif en question ayant été abandonné depuis ce témoignage, le signalement du haut potentiel est devenu plus rare.
Pour les élèves à l'égard desquels je nourris malgré tout de très forts soupçons, il me semble qu'en effet ils ont tendance à se trouver très tôt et ne se perdent jamais bien longtemps de vue. Mais ils ne forment pas un cercle exclusif. Ils m'ont l'air heureux en tout cas, pour la très grande majorité, et pourtant mon collège n'a rien d'un établissement de pointe : à part pour quelques projets qui font joli sur le papier, c'est très classique.

Mon neveu, de son côté, est passé par un collège où l'on avait mis en place un dispositif plus ambitieux : je n'ai pas le détail en tête, mais a minima les enseignants y étaient plus nombreux à être sensibilisés à la question. Je ne crois pas que ça ait changé grand chose pour lui, ni dans un sens, ni dans l'autre : il ne parlait pas de son collège avec des étoiles plein les yeux et n'en est pas sorti avec un fol amour de la connaissance.
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

Merci beaucoup @Pascalita , ce doit être assez frustrant de ne pas comprendre le problème. Je ne serai malheureusement d'aucune aide :clin:

@Petite Plume disons en toute franchise que j'écrirais une appréciation comme les deux que tu cites uniquement à un élève que j'apprécierais (il est de très bons élèves avec lesquels les relations sont difficiles, ou même simplement pas du tout chaleureuses). J'imagine que ton fiston, en plus d'être un très bon élève, est aussi un garçon agréable. Donc oui, il y a probablement une part d'affects... Mais ce n'est pas un gros mot pour moi :huhu: Il faut juste que ces affects ne nous empêchent pas de faire notre travail avec bienveillance et équité, autant que faire se peut... la beauté de ce métier, c'est de travailler avec de l'humain...
Comme @PointBlanc , j'ai aussi l'impression que les HP se regroupent souvent, j'imagine qu'ils ont plus de sujets de conversation en commun. Il arrive aussi qu'un HP pas très bien intégré se tourne plutôt vers un autre gamin atypique (avec handicap, ou problèmes familiaux graves, etc.)
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par mr_ludo »

Bonjour,

je viens vous parler de ma vie de prof après vous avoir parlé (en page 1) de ma vie d'élève.

En 2008 j'ai 34 ans et je viens de revendre mon restaurant.

Je déménage à Bordeaux et j'apprends qu'on recherche un prof de cuisine au lycée hôtelier.

Je postule et je suis pris. Je vais gagner 1400€ nets pour 35h (18h face aux élèves et 17 là où je veux pour préparer et corriger mes cours). Je suis en CDD contractuel (pour ceux qui ne savent pas, le contractuel est un prof qui a un contrat d'un an de début septembre à fin août, renouvelable d'années en années).

Je découvre alors les dessous de l'Education Nationale et là, l'homme, le contribuable, tombe un peu des nues.

Je suis accueilli par une prof de cuisine, titulaire de son poste, qui me fait visiter le lycée.

Elle me montre des cuisines avec du matériel de qualité, on voit qu'on y a mis le prix, mais quel état d'entretien désastreux !!!, quelle saleté !!!

Nous passons dans une salle dédiée à la pâtisserie et je vois une sorbetière grosse comme une machine à laver.
Je lui fais part de mon étonnement et elle me dit qu'à la commande, elle s'est trompée d'un zéro, elle a commandé une 20L plutôt qu'une 2L... en somme un appareil à 7000€ VS une machine à 3 ou 400.
Surtout, elle est inutilisable ! un lycée de pourra jamais faire manger 20L de glaces et l'idée est de faire travailler chaque élève. Imaginez qu'ils fassent 20L chacun...
C'est pas grave lui dis-je, tu peux la revendre et tu auras peut être 5000€ à remettre dans ta cuisine.
Non, elle ne peut pas revendre du matériel de l'état !!!

Donc non seulement, une machine neuve à 7000€ ne servira jamais et en plus, ils n'ont plus d'argent pour acheter une petite sorbetière.

Ca c'est ma première heure au lycée.

Ensuite, nous allons en cours. Elle ne s'occupe pas de ses élèves et prône l'autonomie car normalement, ils ont préparé la recette à la maison. Le livre est sur le bureau, ouvert à la page de la recette du jour, et madame corrige ses cours pendant ce temps là.
Quand même elle intervient quand ça coince. Elle n'a aucune bienveillance envers ses élèves, passe des appels perso et vit sa vie.

Je découvre en salle des profs une prof de physique (je crois) qui est nouvelle au lycée aussi. Elle me dit que par contre, elle est titulaire et n'a pas travaillé depuis 2 ans car l'académie n'avait pas de poste à lui proposer.
Elle est donc restée chez elle pendant 2 ans, payée pendant 2 ans sans élève, sans remplacer quelqu'un sans avoir à venir dans quelque établissement scolaire pour donner un coup de main.

Je suis ensuite livré à moi même, une seule journée avec une autre prof et moi, simple cuisinier (avec quand même une formation et de l'expérience) je suis prof de cuisine pour 3 classes (2 BEP et 1 BAC PRO).
Je travaille le lundi matin, le mardi matin et le jeudi après midi (18h).

Je n'ai rien d'autre comme aide, rien sur la pédagogie, je dois faire avec mon bon sens et avec mes (mauvais) souvenirs de l'école.

Et bien ça fonctionne, les élèves sont plutôt cool, ils s'aperçoivent vite que je ne suis pas un emmerdeur, que mes cours sont préparés et que c'est bien plus facile que quand les profs ne les préparent pas et arrivent à l'arrache.
Moi je ne donne pas de devoirs (je prof en TP et aussi en classe pour la technologie) mais le deal c'est qu'ils écoutent VRAIMENT en classe. Ils doivent simplement bien se ré imprégner de la leçon de la semaine dernière car le cour commencera toujours par une petite évaluation de 10 minutes, 10 questions genre QCM, noté sur 10 et je l'additionne avec la prochaine pour faire une note sur 20.

C'est gagnant gagnant, une leçon apprise, de bonnes notes qui aident à faire remonter la moyenne générale, pas de stress...

J'étais VRAIMENT à l'écoute de mes élèves, mes cours duraient 5 heures de suite, plutôt dynamiquement car debout, on pouvait échanger quand même sur d'autres choses que la cuisine.

Ne voyez pas en moi le prof copain, non, j'étais juste. Un élément de la tenue qui manque ou une tenue pas propre, pas repassée, ils n'étaient pas admis en cours, 5 minutes de retard et l'élève se tapait TOUTE la plonge de TOUTE la classe.
C'est donnant donnant, moi je faisais l'effort d'être là à l'heure, la cuisine prête, le tableau rempli des tâches à effectuer, les denrées distribuées, alors eux pouvaient faire l'effort d'être là à l'heure, propre et prêts à travailler.

Le souci n'a jamais été les élèves.

Le souci c'est (toujours) les autres. Les autres profs qui voyaient en moi quelqu'un qu'ils n'aimaient pas. Quelqu'un qui travaillait beaucoup et qui le montrait. 18 heures de travail hebdo, c'était une journée et demi dans mon restaurant.

Les cours, ça ne prenait pas plus de 3 ou 4 heures à préparer et je les faisais avec un video projecteur que j'avais moi-même acheté quand les autres les faisaient au livre !

Je ne vais pas vous raconter tout ce que j'ai vécu dans ce lycée pendant 4 ans, gros lycée de 2000 élèves, 19 profs de cuisine, 6 cuisines, 3 pâtisseries, 8 salles de restaurant, un hôtel d'application.

Juste quelques anecdotes croustillantes.

Le PPCP est le projet pluridisciplinaire à compétences professionnelle. En somme c'est le projet de l'année où TOUS les profs de la classe doivent participer.
Nous c'était simple, les élèves organisent une soirée en fin d'année, les cuisiniers cuisineront, les serveurs serviront et les fonds récoltés seront pour aller au futuroscope (les élèves ont choisi ça).
Le prof de français doit les aider à faire le menu, celui d'anglais à le traduire, celui de math compta à savoir combien ils doivent vendre les plats, moi je les aide à faire le menu, à passer les commandes.
En autonomie, les élèves doivent réserver le moyen de déplacement pour aller à Poitiers, réserver l'hôtel...

Bon, y a du boulot non ? En plus moi j'ai 2 classes qui le font la même année.

Ben on s'est retrouvé à 2 profs, moi et celui de service pour TOUT faire. Pourtant le PPCP c'est dans l'emploi du temps de chaque prof mais aucun n'y a accordé une minute. Et tout ça sans se cacher, c'est assumé, on s'emmerde pas avec ça !

Alors, pas grave, les élèves sont super motivés, la soirée ce sera leurs parents, ils sont fiers de montrer leur travail. Ca c'est mon moteur à moi.

Puis un jour, au détour d'un couloir, un collègue prof de cuisine me bloque dans un coin et me dit que je fais chier, que j'ouvre le restaurant un vendredi soir pour mon putain de PPCP, que ça va faire un précédent et que le proviseur va les obliger maintenant à l'ouvrir aussi les prochaines années, qu'à force je vais finir par me faire casser la gueule et que j'aurais bien mérité...

Elle est pas belle la vie à l'école ?

Même pas peur, on continue et voilà la soirée. On a peut être 120 personnes, on est contents, on a cuisiné toute la journée. L'entrée c'était crème brulée au foie gras. On les a faites le matin pour qu'elles soient bien figées le soir.
Quand même 120, ça fait un paquet, on les mets dans le frigo de la cuisine d'à coté, on est vendredi et déjà, plus personne ne travaille, elle ne gêneront personne. Ben vous savez quoi ? au moment du service, on m'en avait piqué 40... disparues, envolées.

Aller pas grave, ça arrive. on est quand même partis au futuroscope, j'ai mon souvenir et les élèves aussi, c'est ça qui compte. Mais quelle déception, les profs se sabotent leur travail, quelle honte !

D'une année à l'autre, en juin, le chef des travaux ne peut me donner mon emploi du temps pour l'an prochain, il sait que je dois revenir (car ils ne trouvent de toutes façons personne d'autre) mais ça ne se fait pas car si un titulaire de Paris ou d'ailleurs demande le poste, ils doivent lui donner).
Donc je ne connais pas mes classes pour la rentrée, je ne peux rien préparer comme cours, il me préviendra une semaine avant la pré rentrée. Je devrai donc tout préparer en une semaine.

Les années passent avec des hauts et des bas.

Question d'élève : ''hey chef, vous aussi à Noël vous commandez du foie gras pour les cours et vous l'emmenez chez vous ?''
Une autre, "Chef, il y a M. X (autre prof) qui pisse dans le lave main de la cuisine d'a coté, je crois qu'il est saoul"

Un beau matin, je vais chercher sur une étagère toutes les denrées prêtes pour les cours, je les ai commandées 3 semaines à l'avance. Elles sont préparées au sous sol par des gens de l'économat et livrées sur des étagères à roulettes.
Il me manque 2 poulets (sur 13). C'est chiant car il y a donc 2 élèves qui ne travailleront pas.
Je vais voir l'économat et les gars me disent qu'ils n'ont pas eu toute la commande.
Je commence mon cour, et peut être une heure plus tard, un autre prof passe devant ma porte et me dit "tiens, tu fais des poulets, les gars m'ont donné ça pour que je le cuisine pour eux (il me tend 2 poulets), du coup fais leur toi...

Et ma dernière année, on est en octobre, l'année scolaire vient de commencer, mon four tombe en panne. Vite on voit que c'est la résistance. Il y en a pour environ 1000€. J'en parle au chef des travaux qui m'explique que le budget (calculé sur l'année civile) est déjà mangé. Qu'il faudra attendre janvier pour faire faire le devis qui sera accepté en février et le changement de la pièce devra avoir lieu avant paques. C'est exactement ce qui a eu lieu.
J'ai donc donné pendant les 3/4 de mon année scolaire des cours de cuisine sans four.

L'argent, parlons en. Il fut une année où j'ai eu 3 classes du même niveau. J'avais aussi 4H supplémentaires contractuelles (donc je faisais 22h par semaines).
Quand mes classes sont parties 6 semaines en stage, je suis resté à la maison, payé 100%, heures sup comprises.
Comme ça ne suffisait pas, on m'a envoyé donner des cours au greta, payé 30€ net de l'heure (210€ par jour en plus de mon salaire).
Si vous trouvez ça normal, moi non, j'aurais préféré avoir ma résistance à la place.

Tiens, fiches de paye... Quand j'avais mon resto, je DEVAIS donner la paye avec sa fiche à une date fixe pour mes employés, quoi qu'il arrive et quoi de plus normal ?

Le lycée donne les fiches de paye 2 à 3 mois plus tard (et paye avec 1 mois de décalage donc t'es pas payé le premier mois). Quand vous devez donner vos 3 derniers bulletins de salaire pour un crédit, le plus vieux aura 6 mois.

Aller j'arrête là, je n'ai pas fait de 5è année qui m'aurait ouvert la porte à un poste de contractuel en CDI.

Je suis parti bien écœuré en me disant qu'élève ou prof, c'était vraiment pas fait pour moi.

Voilà, je ne dis pas que c'est partout comme ça et c'est vrai, j'ai retenté à Reims et je n'y ai fait qu'un mois, c'était pire, il n'y avait même pas d'eau chaude dans la cuisine depuis 5 ans.

Un jour un élève m'a dit "non mais chef, vous savez que vous êtes le seul prof qui n'a jamais été absent depuis 2 ans qu'on vous a. Vous voulez pas prendre une semaine ou deux ?"...

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Fanetys
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

@mr_ludo quelques réactions en vrac :
Les incohérences administratives, les budgets mal employés... je connais aussi. Pas certaine que ce soit spécifique aux établissements scolaires, mais c'est vrai que le manque de logique, ou d'investissement de chacun, dans les missions qui sont les siennes, c'est franchement pénible.
Je regrette que ton expérience de l'enseignement ait été aussi difficile, il semble que tu aies eu des soucis dans les relations avec tes pairs, mais, et c'est beau à lire, que tu aies néanmoins pris plaisir à enseigner. Ce sont des souvenirs à garder précieusement...
Pour recentrer le sujet, as-tu rencontré, pendant ces quelques années, des élèves qui percutaient plus vite ? Tu venais de te découvrir HP je crois, c'est souvent une période où l'on pose un regard différent sur les autres (et où l'on voit des HP partout :huhu: ).
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mr_ludo
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par mr_ludo »

Et bien non justement.

Peut-être parce que j'enseignais une matière manuelle ? peut être parce que c'était la cuisine et que les petits surdoués vont ailleurs ? Je ne sais pas.

J'y ai rencontré des élèves en tête de classe parce qu'ils apprenaient mais pas parce qu'ils étaient plus intelligents, d'autres certes plus intelligents et qui percutaient mais bon, pas trop de sensibilité. J'ai rencontré aussi pas mal d'élèves vraiment bêtes (non mais vraiment, jusqu'à commencer une tarte aux pommes sur la table et vouloir la mettre une fois terminée dans le moule) (non j'ai mieux, on passe un temps fou à faire une sauce, il y a une grande plaque sur le fourneau avec de l'eau dedans (un bain marie pour la tenir au chaud), je dis à l'élève de mettre la sauce dans le bain marie... Il me l'a versé dedans).

Je cherche vraiment et je ne vois pas. Peut-être que je ne suis pas bon pour en dénicher.
Même dans ma vie actuelle, mon entourage, je ne trouve que peu (très peu) d'enfants qui cocheraient les cases. Par contre des adultes oui, il y en a que je pense HP et qui ne l'imaginent pas.

Je crois (ohlala le vilain) que je n'aime pas assez les enfants pour avoir un regard qui me permettrait d'en trouver.

Bon, je crois que je dois me justifier un peu, je ne dis pas que je hais ou déteste les enfants, mais je ne les aime pas mieux, pas plus que les adultes. Les enfants que je connais sont le reflet de leurs parents. Du coup, si j'aime le parent j'aimerais l'enfant.

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Fanetys
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

Je remonte ce topic avec quelques liens supplémentaires, puisque nous ne sommes pas parvenus à les rajouter au premier post.

1. Côté élèves
deux témoignages de jeunes HP (promo d’une école de Lausanne) : https://www.youtube.com/watch?v=GstsbOA ... AM&index=5

2. Côté parents
Associations de parents d’enfants HP http://www.anpeip.org/ et https://www.afep-asso.fr/

3. Côté enseignants
sur les aménagements possibles : https://www.aqdouance.org/accueil/milie ... /methodes/
(et plein d’autres ressources sur les pages connexes)
Pour les enseignants, formation en ligne sur M@gistère (passer par la plateforme ArenA) : Comprendre le profil EHP (ac-aix-marseille) (approche pas toujours très scientifique...)
Une bibliographie sur le site d’une université québécoise : https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/pu ... wa_bottin= qui propose aussi un mooc L'éducation des élèves doués

4. Inclassable ou transversal
interview de Fabrice Bak « troubles de l’acquisition scolaire de l’enfant HP », un son tout pourri mais si l’on parvient à en faire abstraction, un contenu intéressant https://www.youtube.com/watch?v=W4EXQWKjAtg
débat à propos du documentaire « une idée folle » de Judith Grumbach qui décrit plusieurs établissements avec des pédagogies alternatives (je n’ai pas trouvé le film en libre accès, il existe cependant en streaming semble-t-il) https://www.lemonde.fr/festival/video/2 ... 15198.html


Par ailleurs, sur le topic Livre : Psychologie du haut potentiel, Comprendre, identifier, accompagner @Pastel propose de faire un retour du chapitre 4 du livre ici. Je suis en vacances, et je ne l'ai pas sous les yeux mais, dans le bouquin, les auteurs insistent particulièrement sur l'accélération, en particulier le saut de classe. Si les enseignants sont plutôt d'accord sur les bénéfices scolaires, beaucoup s'inquiètent (et les parents aussi) d'éventuels soucis d'ordre psychologique. Or les auteurs montrent que ce n'est pas le cas en général, études à l'appui, et cela serait intéressant de diffuser plus largement ces conclusions. Sinon, il me semble que les préconisations de l'ouvrage et le vademecum de l'Education Nationale (voir premier post) sont plutôt raccord (je rappelle que Gauvrit a participé à l'élaboration de ce vademecum).
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Rune
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Rune »

@Fanetys Merci pour les liens ! ça me fait mon petit module de formation pour la rentrée !
► Afficher le texte
J'ai aussi commandé le livre élèves précoces : agir et apprendre autrement, de Chardon et Gié, puisque de ceux que tu avais lus, ce dernier te semblait le plus convaincant et le plus pragmatique.

Invité

Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Invité »

Merci @Fanetys et @ounyska pour vos retours et vos liens :)

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Petite Plume
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Petite Plume »

Je n'ai pas lu le livre, mais est qu'il précise pour l'étude pour les bénéfices du saut de classe, de combien de sauts de classe ils parlent ?
De ma petite expérience perso (et qui concorde également à d'autres retours que j'ai eu), le saut de classe n'a un effet bénéfique que de courtes durées... quelques mois à peine. Le problème étant le rythme d'apprentissage qui ne convient pas et les répétitions encore et encore tout au long de la scolarité obligatoire.
Dans le cas de mon fils, le saut de CP a été une évidence et une réelle nécessité sur le moment (changement dans le comportement, maitresse inadaptée en à peine quelques semaines), et après 1 trimestre de CE1, il avait rattrapé toutes ses lacunes, intégré les exigences de l'école primaire (quand on débarque de la GS, c'est un gros apprentissage de mon point de vue) et scolairement il était à nouveau au top (et toujours aussi en avance en maths à vrai dire, mais je suis certainement biaisée car je trouve le programme de maths au moins jusqu'à la fin du collège particulièrement pauvre et creux) Honnêtement, on aurait pu scolairement facilement lui faire sauter à minima 1 classe de plus. Mais je n'en voyais pas l'intérêt : il avait des copains, il s'accommodait de la lenteur (toute relative) des apprentissages, il a passé le reste de son primaire en considérant l'école comme une cours de récréation. Et c'est tant mieux de mon point de vue.

Et comme je le citais plus haut, 1 an d'avance, ca passe relativement inaperçu. 2 ans, ca se discute en fonction du contexte, mais déjà il faut quand même intégrer qu'il faudra faire face à des problèmes de différences d'âge à l'adolescence. 3 ans ca se fait aussi, mais il faut vraiment que ca en vaille la peine. Je dis ca dans le sens où il y a un vrai mal être et qu'il faille faire qqch immédiatement. Tous les enfants/ados ne réagissent pas de la même manière. Il faut aussi être prêt à accepter que son enfant risque de partir de la maison en études supérieures à 15-16 ans, aller à des soirées étudiantes, se faire draguer par des étudiants, gérer les problèmes de la vie quotidienne, etc.

Je pense que les possibilités d'adaptation de l'éducation nationale sont assez réduites. Cela dépend beaucoup de la formation et de la bonne volonté des enseignants/professeurs. Sinon, il reste le saut de classe, mais pour moi ce n'est qu'un pansement de courte durée et qu'on ne peut pas (ou à quel prix) faire indéfiniment d'un point de vue psychologique et relation avec les pairs. Honnêtement, mes enfants rentrent maintenant au lycée, et quand je vois les attendus du brevet des collèges.... d'un point de vu intellectuel je pense qu'un HP peut facilement sauter les dites 3 classes, ce n'est pas ça le problème.
L'idéal de mon point de vu parental c'est d'avoir un enseignant/professeur qui arrive à différencier à faire progresser chacun de ses élèves, y compris l'HP qui va plus vite que ses voisins. Mais je comprends clairement la difficulté que cela implique, notamment quand on arrive au collège où le professeur à plusieurs classes à gérer.
Je conseille à tous les parents d'enfants d'enrichir plutôt à côté de l'école que de compter sur l'école pour leur apprendre à "travailler". Musique, sports, langues, selon les possibilités du secteur et les goûts de l'enfants/ado. Section bilingue, section CHAM, section sport de haut niveau, sont également pour moi de très bons moyens d'adapter la scolarité des enfants HP.
J'ai toujours trouvé dommage l'absence de groupes de niveaux par matières. Pas des classes de niveaux, mais des groupes de niveaux par matières. On peut très bien être dans le groupe de niveaux avancés en anglais, étudier des classiques, etc. et être dans le groupe débutant en allemand et revoir ses bases ? le mot qui revient sans cesse à la bouche des différents professeurs au collège me semble "hétérogénéité de la classe". Ca leur complique la tache, ce n'est pas non plus utile pour les élèves. Honnêtement, les cours d'allemand de ma fille au lycée en seconde ne lui ont servi à rien : elle avait trop de lacunes pour arriver à suivre le cours.... Des cours à son niveau auraient été bien plus utiles...
Mais j'ai l'impression que l'idée de faire des groupes de niveaux est une hérésie pour l'éducation nationale.

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Fanetys
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Fanetys »

Je suis totalement d'accord avec toi, @Petite Plume. La différenciation et l'individualisation, c'est génial sur le papier, mais très difficile à mette en place tout le temps et avec tout le monde :( ! Cela demande une énorme préparation en amont, et une gestion de classe au top.
En ce qui concerne les groupes de niveaux, ce n'est pas très glamour pour l'EN, on nous reproche de stigmatiser les faibles, et de pratiquer l'élitisme... Dans mon collège nous avons des groupes dits "de compétences" (cela passe mieux :huhu: ) en maths et français en 6e. A l'origine, l'idée était de faire des petits groupes pour les élèves en difficultés, reprendre les bases, les rendre plus autonomes, etc... L'effectif des groupes est proportionnel à l'aisance des élèves, les groupes "forts" sont à 30. On peut changer un élève de groupe en cours d'année si cela paraît judicieux. Les parents apprécient, les enseignants du primaire nous envient, les élèves le vivent bien... Mais le dispositif a ses limites : nous n'avons pas les moyens de l'étendre à tous les niveaux, ni à toutes les disciplines, parce que cela demande des heures prof supplémentaires (par ex, on aura 4 profs de math pour 3 classes) et nous ne les avons pas. Du coup, même si cela donne une respiration à tous ceux qui en bénéficient, c'est loin d'être suffisant. En 5e, ils se retrouvent en classes hétérogènes. Et puis les études semblent montrer que les groupes homogènes ne seraient pas bénéfiques à tous, en particulier aux plus faibles, les bons élèves tireraient les autres vers le haut... J'utilise le conditionnel, parce que ce n'est pas ce qu'il me semble constater sur le terrain, mais ce n'est qu'un cas particulier... Et c'est difficile d'avoir du recul sur notre dispositif, nous n'avons pas de groupe témoin pour effectuer des comparaisons ! Je pense tout de même que les élèves faibles s'impliquent davantage parce qu'ils n'ont pas honte, et les élèves les plus rapides s'ennuient moins, puisque le prof n'a pas à répéter, répéter, répéter... et peut aller plus loin.
Dans certains établissements expérimentaux, les élèves suivent chaque discipline à leur niveau, il n'y a plus de groupe-classe, et l'âge n'a pas d'importance, mais je ne vois pas comment l'étendre (techniquement) à nos collèges publics ordinaires. A défaut de généraliser les groupes de niveaux, j'aimerais que nous puissions proposer aux élèves de faire le collège en trois, quatre ou cinq ans. On pourrait ainsi mieux s'adapter au rythme de chacun (même si cela serait encore trop lent pour certains, probablement). Ainsi, à la fin de la 6e on proposerait à certains de faire le cycle 4 (5e, 4e, 3e) en deux ans (HPI ou simplement très bons élèves). Il faudrait les regrouper, et affronter les accusations d'élitisme... La majorité des élèves feraient le cycle 4 en trois ans, comme actuellement, et pour ceux en difficultés , on pourrait les extraire de leur classe pour leur dispenser des cours de maths/français/anglais qui reprendraient les bases et se limiteraient aux notions essentielles. En fin de 3eme, si ceux-là souhaitaient une orientation exigeante, ils pourraient faire une année de mise à niveau avant d'aborder le lycée (d'où le collège en 5 ans). Avec toujours de la souplesse pour ne pas figer un élève dans un dispositif une fois pour toutes.
Bon, ça c'est mon délire perso, s'il y a parmi les membres de ce forum des personnes qui pratiquent, ou connaissent un lieu où l'on pratique quelque chose d'approchant, je suis preneuse ! Pour l'instant, l'EN avance à tout petits pas, les changements sont modestes, mais il y en a quand même :)
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Petite Plume »

Oui, il parait que les forts tirent les plus faibles vers le haut. J'ai de gros doutes, mais bon comme je ne suis ni enseignante et encore moins chercheuse dans le domaine, mes doutes ne valent pas grand chose :huhu:
On parle d'élitisme comme si c'était un gros mot. Et je ne vois pas en quoi ce serait élitiste dans le sens que je pense qu'il doit être rare d'être super bon dans toutes les matières (même s'il y en a toujours évidemment ! ), c'est vraiment une minorité. La plupart des élèves ont des points forts et des points faibles.

je pense qu'avec des effectifs de 30 élèves par classe au collège (et au primaire), faut pas se leurrer, les enseignants n'ont pas les moyens de différencier autant qu'il serait nécessaire ni autant qu'ils le souhaiteraient !
Je repense à la perle que mon fils a eu en MS et GS. 32 élèves, 1 enseignante + 1 atsem. Elle a fait un boulot de différenciations incroyables pour mon fils, mais également pour d'autres élèves atypiques (il y avait aussi un enfant autiste à temps partiel) et tous les parents trouvaient qu'elle faisait un boulot formidable avec leur enfant. Ce sont les 2 années où mon fils a le plus progressé à son rythme. Elle me disait que la seule chose qui la guidait c'était d'emmener chacun de ses enfants là où il pouvait aller et de passer à autre chose à chaque fois que quelque chose était acquis ! verdict : en fin de GS, ils étaient 5-6 lecteurs sur la 15aine d'enfants de GS.... et elle proposait aussi régulièrement des enfants pour un saut de classe (2 l'année de mon fils : mon fils et son grand copain de l'époque) Et apparemment, les instits de CP râlaient car ça leur faisait des classes hétérogènes (déjà ! :lol: )

A défaut de groupes de niveaux, à la prochaine rentrée Fiston va tester l'établissement élitiste :lol: recrutement sur dossier et profs exigeants. J'attends de voir ce que ca donne. Mais pour moi forcément, même à 35 par classes, quand tu as sélectionné chaque dossier où ils ont tous mention TB au brevet de collège, qu'ils sont tous là pour bosser (ceux qui veulent faire les rigolos sont virés si j'ai bien compris) le travail du prof doit être forcément facilité :wasntme:
On va voir si ils parlent toujours d'hétérogénéité :D

Sinon, on peut aussi comparer à ce qui se fait dans d'autres pays....
En Suisse, ce sont des classes de 10-15 élèves environ à l'équivalent collège/lycée. 20 max en équivalent primaire....
Séparation déjà vers les 11 ans entre ceux qui sont bons élèves (filière générale) et les moins bons (filière technologique et apprentissage). Mais possibilité de réintégrer l'école des bons élèves moyennant 1 année de remise à niveau plus tard. Orthophoniste qui intervient directement sur le site de l'école et pendant le temps scolaire pour les élèves signalés par les professeurs, prise en charge financière directement par le canton. Apprentissage très bien considéré, des filières d'apprentissage multiples.
Et là, je précise que je parle de l'école publique....
Ca laisse songeur.

En Angleterre, ils étaient également une vingtaine par classe en A-level (équivalent 1ere et Terminale). Tous les profs équipés pour faire des visios conférences en direct avec ceux en présentiels. Des profs présents sur l'école tous les jours aux horaires de bureaux, des profs donc accessibles pour les élèves qui le souhaitent et évidemment avec des bureaux pour les recevoir. Là encore, un établissement publique très quelconque.

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Wal
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Re: L'école et le HPI : regards croisés

Message par Wal »

J'ai enfin trouvé le temps, donc voici mon histoire:

1.
L'école n'a jamais été ma tasse de thé. Je ne m'y suis pas épanoui et, à l'exception du primaire, j'en garde globalement un mauvais souvenir.
Comme d'autres ont pu en témoigner avant moi, c'est avant tout le sentiment d'ennui que je conserve de cette période ; un ennui lié non pas à des facilités, mais plutôt à l'impression de ne pas être à ma place, pas adapté au système, que l'essentiel était ailleurs.
Ce sentiment ne m'a jamais quitté et n'a fait que s'accroitre au fil du temps.

Pour résumer, j'ai l'impression d'avoir "subi" ma scolarité, avec des résultats oscillants selon les années, l'envie et la motivation du moment et les enseignants que j'ai croisés.
Alors certes, je n'ai jamais été en situation d'échec, on pourrait même dire que j'ai plutôt "réussi" mais ça n'a pas été une partie de plaisir.
Aujourd'hui, avec du recul, je crois qu'il m'a manqué une vision d'ensemble pour comprendre l'intérêt pratique de tous ces apprentissages.
Je crois aussi n'avoir jamais vraiment réussi à entrer dans le moule.
Je dois avoir une certaine parenté avec ceux qui, pour reprendre les termes de Judith; ne savent pas" utiliser leur intelligence dans le cadre académique"

Et l'autre point essentiel, c'est ce sens de l'effort que je n'ai pas su acquérir et qui me fait encore défaut aujourd'hui.
C'est d'ailleurs à l'écoute des podcasts de Stéphanie AUBERTIN que j'en ai pris conscience. (De mémoire, elle en parle d'ailleurs comme un trait caractéristique du HPI).
Contes et Légendes de l'Intelligence - Méta de Choc

Pascalita et O'Rêve l'ont très bien décrit.
Pascalita a écrit : lun. 5 juil. 2021 08:58 Avec du recul, je pense qu'en sauter une m'aurait permis de moins m'installer dans une impression de facilité qui m'a suivie longtemps et m'a coûté assez cher ensuite, et dont je ne suis toujours pas tout à fait débarrassée, dans le sens où tout ce qui me demande une astreinte ou un effort m'est très difficile.
O'Rêve a écrit : mar. 6 juil. 2021 11:09 Il a des facilités, il travaille peu, et je suis néanmoins un peu inquiète à l’idée qu’il ne perde/n’acquiert peut-être pas suffisamment le sens de l’effort (j’entends par là le fait d’accepter de passer un cap où on peut avoir besoin de fournir un travail moins/peu plaisant pour atteindre un objectif plus lointain). Mais j’espère que nos enfants HP peuvent acquérir le sens de l’effort aussi par l’intermédiaire d’activités annexes (via leurs activités sportives, la musique…).
► Afficher le texte

2.
Mes enfants sont encore jeunes et tout se passe relativement bien pour l'instant.
Mon fils est testé, ma fille non.
Nous avons trouvé, à travers le système des classes à horaires aménagés, une formule qui semble leur convenir parfaitement et qui a en particulier permis à notre fils de se remettre sur de bons rails, lui qui, réfractaire à l'autorité depuis tout petit, avait rencontré des problèmes de discipline les années précédentes.
J'en parle ici

Et plus largement, mais je prêche pour ma paroisse, je suis complètement d'accord avec ce paragraphe de Petite Plume :) :
Petite Plume a écrit : dim. 1 août 2021 22:28 Je conseille à tous les parents d'enfants d'enrichir plutôt à côté de l'école que de compter sur l'école pour leur apprendre à "travailler". Musique, sports, langues, selon les possibilités du secteur et les goûts de l'enfants/ado. Section bilingue, section CHAM, section sport de haut niveau, sont également pour moi de très bons moyens d'adapter la scolarité des enfants HP.
C'est exactement ce que nous essayons de faire avec mon épouse : être à l'écoute de leurs envies et essayer de leur offrir les sources d'enrichissement les plus variées, tout en restant vigilants aux risques auxquels leurs "facilités" pourraient les exposer (tout particulièrement, la lutte contre l'ennui et, comme évoqué plus haut, l'acquisition du sens de l'effort).


Et pour finir, cette petite vidéo de quelqu'un que j'apprécie beaucoup, qui résume en grande partie ce que je pense de notre système éducatif :P

https://www.youtube.com/watch?v=BN8bEgLPIKg
Se préparer au pire. Espérer le meilleur. Prendre ce qui vient. (Confucius)

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