Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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Jean-Louis
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Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Jean-Louis »

Bonjour,

Je voulais soumettre à votre sagacité une réflexion sur le fait que les thérapies cognitives et comportementales (TCC) conventionnelles ne fonctionnent pas ou mal pour les cas d’anxiétés sociales problématiques et que cela pourrait être lié au fait d’être en partie (T)HPI.

Lors d’une TCC classique on identifie les situations anxiogènes, on les hiérarchise, on note le niveau d’anxiété avant, on essaye de trouver des pensées alternatives, plus réalistes, aux pensées anxieuse, on s‘expose jusqu’à ce que l’anxiété diminue, on note à nouveau l’anxiété, on débriefe avec le thérapeute sur l’exposition et quand on est bien on passe à la situation anxiogène suivante.

C’est une approche classique qui vise à créer une forme d’habitation à l’anxiété qui constatant que le danger est plus hypothétique qu’autre chose va diminuer.

Pour moi ça a donné peu de résultat, plusieurs fois.

Je pense que, quand c’est un(e) (T)HPI qui est concerné(e) il faut ajouter comme paramètre l’ultra turbinage cérébral en situation d’anxiété. Des pensées qui visent, je pense, à appréhender au mieux les situations anxiogènes, qui visent à se rassurer en imaginant, anticipant tout ce qui peut l’être (mais bien sûr c’est impossible parce qu’il y trop de scénariis possibles).

Et est-ce qu’au final l’expérience de l’exposition ne sera pas bénéfique à cause des ruminations qui d’une part vont occasionner des tonnes de micros évitements et d’autre part qui vont être perçues en tant que telle comme une sorte filet de sécurité ? Si j’ai réussi à m’exposer, si l’exposition s’est bien passée c’est parce que j’ai ruminé ? C’est parce que j’ai anticipé, j’ai réfléchi à ce qui pourrait m’arriver ? Donc la fois d’après je vais ruminer, angoisser au moins aussi fort.

C’est comme si pour moi le cognitif venait contrer le perceptif, qu’il empêchait la valorisation, l’intégration par les sens et le corps de l’expérience d’exposition. Je ne sais pas si c’est clair.

Comment faire pour passer de l’expérience ultra ruminée qui apporte peu à de l’expérience sans rumination, qui sera certainement beaucoup mieux « intégrée » ?

J’en étais là de mes réflexions quand je suis tombé lors de mes recherches sur le modèle de Clark and Wells (1995). Les 2 auteurs se sont interrogés sur le fait que la phobie social persiste malgré les efforts fournis.

Référence : Clark, D. M., & Wells, A. (1995). A cognitive model of social phobia. InR. Heimberg, M. Liebowitz, D. A. Hope, & F. R. Schneier (Eds.),Socialphobia: Diagnosis, assessment, and treatment(pp. 69–93). New York:Guilford Press.

Lien vers des extraits : https://books.google.fr/books?hl=fr&lr= ... ia&f=false

Résumé (mal traduit par mes soins) :

En l'absence de traitement, la phobie sociale peut persister pendant des années, voire des décennies. Qu'est-ce qui maintient la phobie sociale en place ? L’étude tente de répondre à cette question en décrivant un modèle cognitif de phobie sociale qui accorde une attention particulière aux facteurs qui empêchent les phobiques sociaux de changer leurs croyances négatives sur le danger liés à certaines situations sociales.

Le modèle suggère que le problème persiste parce que les patients n’intègre pas vraiment ce qui se passe dans la situation sociale, adoptent des comportements de sécurité qui empêchent la confirmation, influencent négativement les autres comportements, et utilisent leur ressentit sur eux-mêmes comme principale preuve de l'idée que d'autres personnes les évaluent négativement. Le modèle suggère plusieurs façons dont les traitements cognitivo-comportementaux pourraient être rendus plus efficaces. L’étude passe brièvement en revue la littérature sur la phobie sociale pour déterminer si la recherche existante est globalement cohérente avec le modèle.

On peut trouver des informations un peu plus détaillées concernant ce modèle ici : https://tcc.apprendre-la-psychologie.fr ... ciale.html

Me concernant j’ai vraiment l’impression de commencer à comprendre le pourquoi de la persistance de mon anxiété. Maintenant il faudrait que je trouve ce qui est suggéré pour rendre les TCC plus efficaces, mais je suis une quiche en anglais, ça ne va pas aider.

Duhig
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Duhig »

Bonjour, :)
Jean-Louis a écrit : mar. 28 janv. 2020 10:25Je pense que, quand c’est un(e) (T)HPI qui est concerné(e) il faut ajouter comme paramètre l’ultra turbinage cérébral en situation d’anxiété. Des pensées qui visent, je pense, à appréhender au mieux les situations anxiogènes, qui visent à se rassurer en imaginant, anticipant tout ce qui peut l’être (mais bien sûr c’est impossible parce qu’il y trop de scénariis possibles).

Et est-ce qu’au final l’expérience de l’exposition ne sera pas bénéfique à cause des ruminations qui d’une part vont occasionner des tonnes de micros évitements et d’autre part qui vont être perçues en tant que telle comme une sorte filet de sécurité ? Si j’ai réussi à m’exposer, si l’exposition s’est bien passée c’est parce que j’ai ruminé ? C’est parce que j’ai anticipé, j’ai réfléchi à ce qui pourrait m’arriver ? Donc la fois d’après je vais ruminer, angoisser au moins aussi fort.
Je te cite un passage qui parle d'anticipation anxieuse, et de la suggestion de l'auteur de se concentrer sur le présent :
L'anticipation anxieuse naît d'un futur projeté, bien souvent anxiogène. Il ne s'agit pas ici de renoncer à s'y préparer, [...] mais de ne pas ressasser inlassablement ce mental qui joue ici le rôle de bourreau. Il faut se libérer de cette torture mentale qui est une projection négative de ce qui n'est pas encore arrivé et s'affranchir de ces pensées.

Il ne s'agit pas du renoncement au nom du trop fameux "Carpe diem", mais bien d'un choix de vivre dans le présent. Il s'agit d'éviter d'anticiper les événements sur lesquels on ne peut agir.

Voici quelques pistes pour limiter vos pensées envahissantes :
- Respirez à fond pour ressentir l'instant, prenez le temps d'écouter, ressentir. [...] il peut être utile de focaliser son attention sur les sens [...] Ainsi vos pensées sont remplacées par cette focalisation.
- Différenciez ce qui peut être exécuté rapidement du reste. Une fois réalisé, sachez que l'avenir n'est qu'une projection et des pensées parasites. Si vous pouvez résoudre le problème aujourd'hui, faites-le. Si ce n'est pas le cas, il faut accepter la situation présente et attendre l'opportunité d'agir.
- Acceptez le présent, quoi qu'il en soit aucune action ne peut changer la situation actuelle.
Ensuite, l'auteur conseille de pratiquer des exercices de méditation.
Source : Guide de survie de la personne autiste, de Jean-Philippe Piat.

Autre source possible d'inspiration :
Je refais un depuis mardi dernier un tableau d'auto-observation afin d'analyser mes pensées pour bien les cibler, car les thèmes évoluent. Nous avons défini les colonnes avec la psy, nous avons ainsi :

- le contexte qui déclenche,
- les pensées obsessionnelles (le monologue intérieur = ce que je me dis) et le pourcentage de croyance face à ses pensées (j'y crois à 10% ou à 80%)
- les conséquences,
- mon comportement = ce que je fais,
- mes sensations physiques = ce que je ressens,
- mon niveau d'anxiété de 0 à 10,
- les pensées alternatives = ce que je devrais me dire, ce qui est rationnel de penser et le pourcentage de croyance de ces pensées alternatives.

Cette auto-observation m'a toujours été utile car j'ai pu comprendre ce qui déclenchait mes angoisses, mes pensées, ce que je me disais dans ces moments là. Ce tableau sert de base lors de nos entrevues car nous essayons de faire de la restructuration cognitive : en gros il s'agit de tordre le cou à mes pensées irrationnelles, de les détruire pour les remplacer par des pensées cohérentes, adaptées.
Source : https://mestocsetmoi.blogspot.com/2014/ ... n-tcc.html
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yokainoshima
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par yokainoshima »

C'est aussi l'approche que me propose m'a psy:
-ancrage dans le présent,
- développer des comportements d'auto appaisement compatible avec la vie sociale :D

Et maintien d'une hygiène de vie stricte avec des temps de réalisation corporelles: sport mais aussi cuisine, bricolage, jardinage.

dani
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par dani »

C'est un peu hors sujet par rapport à ton post (qui cherche à comprendre pourquoi les TCC ne fonctionnent pas pour un HPI), mais cela peut néanmoins t'intéresser.

L'EFT (emotional freedom technique) est une méthode alliant pensées anxiogènes et tapotements sur des zones d'acupressure. On ne remplace donc pas tout de suite une pensée anxigiogène par une autre qui l'est moins, au contraire on la renforce presque en la répétant à plusieurs reprises, tout en tapotant certains points du visage et du tronc, ce qui permet de "désactiver" son effet émotionnel, puis à ce moment on la remplace (éventuellement, ce n'est pas une nécessité) par une autre. On peut facilement être initié, pour le faire seul chez soi, par un bon psy qui sait l'utiliser, contrairement à l'EMDR que l'on ne fait pas seul (chez nous en Suisse, plusieurs psy qui utilisent l'EMDR connaissent et pratiquent aussi l'EFT, en France je ne sais pas).

J'ai beaucoup utilisé cette approche quand j'étais envahie d'anxiété (il y a une dizaine d'années environ) et là une revue systématique semble montrer que la méthode est en faveur d'un effet favorable mais les recherches sont encore trop rares et insuffisantes pour avoir un avis définitif (le sujet reste controversé chez les scientifiques je crois) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26894319

Mais personnellement je la trouve toujours aussi efficace pour moi (même durant mes épisodes d'insomnie, je me rendors très vite après une mini séance au lit)
Rien ne vous emprisonne excepté vos pensées, rien ne vous limite excepté vos peurs, rien ne vous contrôle excepté vos croyances. (Marianne Williamson)

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altima
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par altima »

Vite fait:
- les TCC n'ont pas fonctionné non plus sur moi. Il faut dire que j'étais très mauvaise élève... Pour moi cela est artificiel, tout est démontable et donc je n'arrivais pas à me convaincre que répéter des expositions pouvait mener à des résultats. Quand je suis à l'origine de l'observation de mes cognitions, que je décide moi-même de coter ou non, seulement mon code à moi, alors ça a une chance d'aboutir à quelque chose. Mais tout ce qui vient de l'extérieur comme "technique" est rejeté par mon cerveau je crois.

- lié au HPI ou non, je n'en sais rien mais le fait est que dans un groupe de TCC je n'étais clairement pas sur la même longueur d'ondes que les autres, qui semblaient venir pour réparer des problèmes techniques alors que sur moi ça ne marchait pas. Je trouvais les exercices bêtes et méchants et mille fois rebattus (tout ce qu'on trouve dans n'importe quel bouquin de psycho sur le sujet). Quant au suivi individuel, pareillement j'ai trouvé ça bien superficiel, mais peut-être suis-je mal tombée.

- du coup, comment je fais? Hé bien je fais ce qui est bon pour moi. Comme yokainoshima, hygiène de vie disciplinée (depuis toujours et autrefois je pensais que j'en faisais trop mais en fait c'est finalement exactement ce qui me convient), méditation zen, yoga... J'utilise l'art comme pont pour aller vers les autres, les aider et m'aider aussi du coup d'une certaine façon. La musique m'a sauvé la vie plusieurs fois, c'est certain, et aussi offert un cadre de réalisation perso et pro.

Je plussoie pour l'EFT, qui s'est avérée plutôt efficace sur moi l'an dernier (en autotraitement). Mais chacun réagit à sa façon, c'est évidemment impossible de conseiller une méthode plutôt qu'une autre.

Reste à mon sens les fondements: revenir au corps, revenir au corps, revenir au corps, par tous les moyens, pour laisser le mental se calmer.

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Pascalita
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Pascalita »

Chez moi, la TCC a fonctionné. Tout est démontable, certes, mais dans les deux sens :
Jean-Louis a écrit : mar. 28 janv. 2020 10:25 Je pense que, quand c’est un(e) (T)HPI qui est concerné(e) il faut ajouter comme paramètre l’ultra turbinage cérébral en situation d’anxiété. Des pensées qui visent, je pense, à appréhender au mieux les situations anxiogènes, qui visent à se rassurer en imaginant, anticipant tout ce qui peut l’être (mais bien sûr c’est impossible parce qu’il y trop de scénariis possibles).
Moi, j'ai suivi la TCC en partant du principe que mon cerveau me donnait de fausses informations et qu'il fallait ne pas en tenir compte pour trouver la porte de sortie. J'ai dit à mon cerveau qu'il se mordait la queue, j'ai démonté le mécanisme dans l'autre sens. Ça a marché mais, bien sûr, ça ne veut pas dire que ça marcherait pour quelqu'un d'autre.
Et de plus, c'était bien avant que je me pose la moindre question concernant le hp, si bien qu'il n'en a absolument pas été question avec la psychiatre qui m'a proposé la TCC.

En fait, c'est comme si j'avais considéré que j'avais un cerveau à deux étages, et que l'un des deux pouvait influencer l'autre.

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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Taem »

Pascalita a écrit : mar. 28 janv. 2020 22:03 Chez moi, la TCC a fonctionné. Tout est démontable, certes, mais dans les deux sens :
Jean-Louis a écrit : mar. 28 janv. 2020 10:25 Je pense que, quand c’est un(e) (T)HPI qui est concerné(e) il faut ajouter comme paramètre l’ultra turbinage cérébral en situation d’anxiété. Des pensées qui visent, je pense, à appréhender au mieux les situations anxiogènes, qui visent à se rassurer en imaginant, anticipant tout ce qui peut l’être (mais bien sûr c’est impossible parce qu’il y trop de scénariis possibles).
Moi, j'ai suivi la TCC en partant du principe que mon cerveau me donnait de fausses informations et qu'il fallait ne pas en tenir compte pour trouver la porte de sortie. J'ai dit à mon cerveau qu'il se mordait la queue, j'ai démonté le mécanisme dans l'autre sens. Ça a marché mais, bien sûr, ça ne veut pas dire que ça marcherait pour quelqu'un d'autre.
Et de plus, c'était bien avant que je me pose la moindre question concernant le hp, si bien qu'il n'en a absolument pas été question avec la psychiatre qui m'a proposé la TCC.

En fait, c'est comme si j'avais considéré que j'avais un cerveau à deux étages, et que l'un des deux pouvait influencer l'autre.
Tu ne serais pas la seule à penser que ton cerveau comporte deux étages, ça m'a tout de suite fait penser à Daniel Kahneman et sa "théorie" (?) du système 1 et du système 2 :
Daniel Kahneman annonce reprendre une distinction déjà présente en psychologie, la distinction entre deux modes de raisonnement :

Le système 1
Il s'agit du système cognitif qui fonctionne de manière automatique, involontaire, intuitive, rapide et demandant peu d'effort. De manière générale, le système 1 est le système de raisonnement utilisé par défaut, car il est le moins coûteux en énergie. C'est également lui qui est à l'origine de la créativité, grâce aux multiples associations intuitives qu'il effectue.
C'est par exemple grâce à lui que les individus sont capables de reconnaître la colère de manière immédiate sur le visage d'une personne.
Le système 2
Il s'agit du système le plus souvent – à tort – associé à la faculté de pensée. Il nécessite une certaine concentration et une certaine attention de la part de l'individu. Il intervient dans la résolution de problèmes complexes, grâce à son approche plutôt analytique. Il est toutefois plus lent que le système 1 et intervient lorsque le système 1 est confronté à un problème nouveau auquel il ne sait pas répondre.
C'est grâce à lui que les individus sont, entre autres, capables de remplir leur déclaration d'impôts.
source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A ... ens%C3%A9e

Duhig
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Duhig »

Certaines interventions t'ont aidé à y voir plus clair, Jean-Louis ?
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Jean-Louis »

Je prépare un message un peu argumenté que je posterai plus tard. J'y vois beaucoup plus clair depuis quelques jours.

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Gail
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Gail »

Ce fil me trotte dans la tête depuis que je l'ai parcouru hier. Une idée m'est venue, pas très étayée, mais je profite d'avoir 2h de train à meubler pour la partager, je creuserai la question si besoin.

J'ai la sensation que, plus que l'effet de rumination, le problème pourrait venir de la capacité à sortir du mode "sentinelle" d'une partie des HPI (ou peut-être d'une partie de tout le monde). Comme si certains avaient une boucle de sécurité permettant au système 1 de court court-circuiter le système 2 quand il estime qu'il met en péril la sécurité de l'individu.

Pour tenter de clarifier ce que je dis: imaginons une personne qui est dans l'anticipation permanente de tout ce qui pourrait se passer et met en place des stratégies pour faire face à tout ou presque. Elle est angoissée, épuisée et a une faible estime d'elle puisqu'elle a une sensation d'échec,de moins bien gérer que les autres.
Elle décide donc de suivre une TCC. Elle cherche à sortir de la vigilance constante de façon consciente (système 2?)
Ça commence à fonctionner jusqu'à ce que le système 1 repère une faille dans le système de sécurité (vigilance constante désactivée), repère l'origine de la faille (décision volontaire) et court-circuite la décision (à grand coup de doute et de dépréciation: comment ai je pu imaginer que ça marcherait pour moi?)

Je pense que ça peut faire écho aux déséquilibres des structures mères qu'évoque Bak dans son livre: le sentinelle, sans aucune relève, qui prévoit le projecteur de secours en cas de panne du premier et qui essaie de déterminer le nombre de fusées de détresse à prevoir en cas de panne du projecteur de secours... Je n'ai pas fini le livre donc je ne sais pas s'il explique comment rééquilibrer les choses et sortir du mode sentinelle.

Par contre, mon expérience personnelle montre que cette boucle de contrôle permet de résister également aux thérapies d'acceptation et à l'ancrage dans le présent ...
Ça embrouille mais c'est pas si bête, ça met des grelots dans la tête
Les Elles - Milo

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Jean-Louis
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Jean-Louis »

Merci pour vos témoignages. Je ne vous réponds pas individuellement car je pense que vous trouverez des éléments intéressants dans ce qui suit.

J’ai continué à creuser le sujet et j’ai trouvé des réponses précises à mes interrogations. David M. Clark, le psychologue co-auteur du modèle présenté dans mon premier message, a condensé toutes ses observations, recherches, constatations sur l’anxiété sociale dans le chapitre 18 du livre « International Handbook of Social Anxiety: Concepts, Research and Interventions Relating to the Self and Shyness. Edited by W. Ray Crozier and Lynn E. Alden ». Ce chapitre est rédigé en anglais et à ma connaissance non-traduit en français. Il est consultable en anglais ici : https://pdfs.semanticscholar.org/e9e2/c ... ef8857.pdf. Je l’ai traduit de manière à bien appréhender les mécanismes. Je ne pense pas qu’il soit possible d’en fournir une version traduite à la communauté (pour des questions de droit ?) néanmoins je me permettrai de citer quelques passages qui me semblent particulièrement éclairant.

Le chapitre commence par ces mots « La persistance de la phobie sociale est une énigme ». L’auteur se pose la question : « Pourquoi la phobie sociale persiste malgré une exposition régulière à des situations sociales redoutées ? » Je me la pose également, et je rajouterai, comment la phobie peut-elle persister après une TCC, alors que sur le papier c’est sensé fonctionner ?

Je ne vais pas disserter sur l’origine de mon anxiété sociale, je commence à l’entrevoir mais ici ce n’ai pas important. Ce qui important c’est de bien comprendre pourquoi elle est toujours présente. On pourrait résumer ça en disant qu’elle ne s’est finalement jamais confrontée à la non dangerosité de la réalité. Il faut avoir à l’esprit que cette anxiété à une fonction. Elle est censée protéger contre un danger. Et ce danger c’est la critique, le jugement négatif, le rejet. J’ai pris conscience très récemment que ma personnalité était construite autour de cette anxiété. Mon comportement très introverti, quasi pathologique quand je ne connais pas les gens a pour objectif de minimiser au maximum le risque de rejet, de critique. Je ne comprenais pas pourquoi cette anxiété persistait toujours après toutes ces années, toutes ces situations sociales que j’affronte au quotidien.

Le chapitre 18 est extrêmement intéressant dans son ensemble. A partir de la page 412 l’auteur émet des hypothèses étayées qui explicite le modèle cognitif qui maintient l’anxiété sociale (la 6 et la 7 sont particulièrement parlantes je trouve) :
- 1 : les phobiques sociaux interprètent les événements sociaux externes de manière excessivement négative,
- 2 : les phobiques sociaux se focalisent fortement sur eux-mêmes, quand ils ressentent de l’anxiété en situation sociale,
- 3 : les phobiques sociaux montrent une réduction du traitement des signaux sociaux externes en cas d'anxiété,
- 4 : les phobiques sociaux génèrent des images déformées sur la façon dont il pense apparaître aux autres lorsqu'il se trouve dans des situations sociales redoutées,
- 5 : les phobiques sociaux utilisent les informations internes rendues accessibles par l'attention portée sur eux-mêmes pour faire des déductions (erronées) sur la façon dont ils apparaissent aux autres,
- 6 : Les comportements de recherche de sécurité en situation et l'attention centrée sur soi-même empêchent l’infirmation des croyances négatives des phobiques sociaux et entretiennent la phobie sociale,
- 7 : les comportements de sécurité en situation et l'attention portée à soi-même peuvent contaminer les interactions sociales en rendant les phobique sociaux moins attrayants pour les autres,
- 8 : le traitement (réduit) des indices sociaux externes par les phobiques sociaux est biaisé en faveur de la détection et du rappel des indices qui pourraient être interprétés comme des signes de désapprobation de la part des autres,
- 9 : les phobiques sociaux s'engagent dans un processus d'anticipation biaisé négativement avant d'entrer dans des situations sociales redoutées,
- 10 : les phobiques sociaux s'engagent dans un processus post-événement prolongé et biaisé négativement.
L’auteur détaille ces hypothèses et plusieurs autres choses qui me semblent très intéressantes :

- En situation sociale stressante, la tendance à l’hyperfocalisation sur soi enferme dans un piège dans lequel la plupart des preuves de danger sont générées par soi-même et les preuves non confirmatives (telles que les réponses et comportements des autres) deviennent inaccessibles, sont ignorées ou très mal interprétées.
Étant donné la relative rareté des réactions négatives manifestes dans la plupart des interactions sociales normales, nombre des indices remarqués et mémorisés peuvent être des indices ambigus pouvant être interprétés négativement.
- On imagine que les autres nous voient d’une certaine manière parce qu’on se voit soit même comme ça.
Le modèle de Clark et Wells met particulièrement l'accent sur l'attention centrée sur soi et l'utilisation des informations internes pour construire une impression déformée et négative de son propre moi observable.
- Concernant les comportements de sécurité, pendant et après la situation sociale redoutée, si la catastrophe ne se produit pas, les patients attribuent la non-occurrence au comportement de sécurité plutôt que d'en déduire que la situation est moins dangereuse qu'ils ne le pensaient auparavant.
- Bien qu'ils soient qualifiés de "comportements", de nombreux actes de recherche de la sécurité sont des processus mentaux internes. L’ultra gamberge en fait à mon sens partie (anticiper à mort une situation, préparer des phrases dans sa tête, ne pas parler, analyser son environnement et le gens de manière excessive).
- L’anxieux social peut mettre en place de très nombreux comportements de sécurité à plusieurs niveaux pour prévenir les résultats redoutés.
- Les comportements de sécurité peuvent créer les symptômes que l’on redoute. Par exemple préparer des phrases dans sa tête nous empêche d’être présent à ce qui se passe et peut nous faire passer pour ennuyeux, distant, stupide.
- Les comportements de sécurité ont tendance à accroitre l'attention et l'autocontrôle, ce qui renforce l’anxiété et réduit l'attention portée au comportement des autres.
Clark et Wells suggèrent que la plupart des phobiques sociaux ont une capacité de socialisation adéquate et que leurs déficits apparents de performance sociale sont simplement le côté observable de leurs comportements de recherche de sécurité.
Ce sont des éléments qui font (très) fortement écho chez moi.

J’ai dessiné ce que pourrait être un exercice d’exposition et en quoi celui-ci serait très limité (voir contreproductif) au vu des éléments évoqués ci-dessus.

Mise en situation :
Jean-Jacques a convenu avec sa thérapeute qu’il allait assister à une réunion et qu’il allait poser une question. Il est très anxieux, a mal dormi et s’imagine le pire.
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Jean-Jacques dit quand même bonjour, il ne voudrait pas passer pour impoli. Il s’assoie prés de la porte au cas où et en retrait par rapport aux personnes présentes.
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La réunion commence, Jean-jacques est dans ses pensées. Il s’occupe machinalememnt avec son crayon pour tenter de se canaliser.
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Il rumine beaucoup mais il doit s’exposer. Il finit par trouver une occasion de poser une question.
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Il écoute à peine la réponse. La réunion se termine et pendant que les autres participants discutent de choses plus légères, Jean-Jacques s’en va s’en dire au revoir par peur d’avoir à parler de lui.

Au final Jean-Jacques se sera exposé, il débriefera avec sa thérapeute et lui indiquera que ça ne s’est pas trop mal passé. En réalité l’exposition réelle aura été très minime et surtout conditionné à la mise en place de nombreux comportements de sécurité.

Ensuite, sur la base des hypothèses évoquées l’auteur propose de « reconfigurer les stratégies de traitement des phobies sociales d'une manière qui maximisera les possibilités d’infirmation des croyances négatives par l'observation directe de la situation sociale, plutôt que de soi-même »
Moi je traduis ça en « comment recoder le cerveau pour lui faire comprendre qu’il n’y a pas de danger » ?

Donc, voici comment l’auteur propose de traiter la phobie sociale (en très synthétique), en insistant sur les 3 aspects que sont l'attention centrée sur soi, l'auto-traitement négatif et les comportements de sécurité (c’est vraiment étrange parce qu’il y a 2 des solutions proposées auxquelles j’avais naturellement pensé) :

1) Un questionnement minutieux permet de développer une version du modèle cognitif (cf. 1er message) correspondant à la situation redoutée. Je l’ai fait pour Jean-Jacques :
Image
Il faut vraiment prendre conscience que tous les comportements de sécurité et les pensées automatiques parasites vont empêcher de se confronter réellement au danger (hypothétique) que l’on anticipe puis que l’on vit.

2) Jeux de rôle avec et sans comportements de sécurité. Le patient prend conscience que tous ses comportements de sécurité et d'autofocus habituels sont associés à un sentiment d'anxiété plus important.

3) La vidéo est utilisée pour montrer au patient la réalité de l’image qu’il donne aux autres. Il faut travailler en amont sur ce que les patients estiment être des comportements négatifs.

4) En situation social les patients sont encouragés à porter leur attention vers l’extérieur. Les patients sont encouragé à se confronter aux situations qu’ils redoutent mais (et c’est la grosse nouveauté pour moi) :
La simple répétition d'une tâche d'exposition n'est pas considérée comme utile en soi. Le principe directeur du traitement n'est pas l'habituation en soi, mais plutôt un cadre de changement cognitif dans lequel l'exposition est explicitement utilisée pour tester les prédictions du patient sur le danger dans une situation particulière.
Ça permet beaucoup plus de souplesse et d’agilité dans l’exposition aux situations redoutées qui sont par essences très hétérogènes.

5) Considérant que les anxieux sociaux ont des normes très rigides et élevées sur la manière dont il convient de se comporter en situation sociale, il peut être particulière utile d’encourager les patients à se comporter de manière inhabituel ou d’une manière qu’ils considèrent comme inacceptables. L’auteur appel ces exercices « élargissement de la bande passante ».
Cette connaissance peut être remarquablement libératrice, car elle leur permet de ne plus avoir à essayer de suivre des règles strictes et difficiles à observer.
Les auteurs donnent comme exemple : introduire des pauses intentionnelles au milieu d'une phrase ou introduire des hum et des ah dans son discours ; secouer et renverser intentionnellement un verre ; introduire un sujet ennuyeux dans une conversation et exprimer une opinion avec laquelle on sait que les autres ne sont pas d'accord.
J’avais pensé à quelque chose comme ça que j’aurai appelé la thérapie du ridicule. Je pense que c’est intéressant car ça permet de court-circuiter la gamberge. J’ai réfléchi à ce que pourraient être d’autres comportements inhabituels, inacceptables voir bizarres :
- Couper la parole à quelqu’un
- Me mêler d’une conversation qui ne me regarde pas
- Parler très fort
- Faire une blague pas drôle
- Utiliser une expression complétement désuète
- Dire non très souvent
- Etre de très mauvaise foi
- Contredire son interlocuteur
- …

L’intention n’est pas de devenir un gros c…d mais bien de re-coder son cerveau sur les notions de danger social et d’apporter un peu de souplesse dans sa manière d’interagir avec l’autre.
Du coup je pense qu'il faut changer son regard sur les situations sociales redoutées en se disant que ce n’est pas quelque chose d’imposé et de rigide mais plutôt un champ d’expérimentation qui va permettre de tester des trucs en direct et de mettre à l’épreuve toutes les croyances négatives sur soi et les autres.

Un exemple de mise en situation très parlante pour moi :
Les interrogatoires ont révélé que le patient utilisait une horloge interne pour décider quand changer de sujet. L'horloge semblait largement influencée par son sentiment de malaise, plutôt que par les réponses des autres au sujet. À titre d'expérience, on lui a demandé de continuer avec les sujets jusqu'à ce que l'autre personne les change. À sa grande surprise, il a trouvé que les conversations un peu plus longues qui en résultaient étaient plus amusantes et semblaient plus naturelles. En outre, il a découvert qu'en général, changer de sujet n'est la responsabilité de personne en particulier. Au contraire, il a son propre rythme et se produit assez naturellement, tant que vous ne supposez pas que vous en êtes responsable à 100%.
En réfléchissant je me dis aussi que ces exercices seront très intéressant sur un autre aspect. Le fait d’élargir un peu plus "la bande passante" va occasionner plus de réaction de la part de nos semblables. Il se peut que l'on essuie des critiques, des rejets, des réactions négatives. Ça peut être très formateur et permettre d’accepter et d’apprivoiser la critique (Cf le livre Avoir Le Courage De Ne Pas Être Aimé de - Kishimi Ishiro).

6) Confronter l’anticipation et les ruminations post évènement redoutés à plus de réalité.
Il arrive que les patients indiquent qu'ils pensent que la préparation avant un événement est utile. Pour les présentations formelles, cela peut être vrai. Cependant, la plupart des patients se préparent de manière excessive et se retrouvent donc à suivre un scénario exceptionnellement rigide.
7) Confronter de la même manière les croyances négatives.
Beaucoup d'auto-croyances négatives sont vagues et mal définies, et c'est une des raisons pour lesquelles elles persistent. Dans cette optique, il est souvent utile de commencer par demander aux patients d'opérationnaliser leur auto-croyance négative avant de chercher des preuves pour et contre elle.
Au final je ne sais pas si le fait d’être (T)HPI est un élément qui va aggraver ou pas l’anxiété sociale. Au niveau de la gamberge je pense que ce n’est pas un avantage d’avoir un cerveau qui fonctionne intensément. Il va aller, je pense, beaucoup plus loin dans les scénarios d’anticipation et beaucoup plus loin dans la création et la mise en place de multiples comportements de sécurité.

Une des autres limites que je vois à la TCC conventionnelle est l’exposition graduelle aux situations. Quand on travaille on ne choisit pas ses expositions, on les subits. On n’a pas forcément le loisir de s’exposer graduellement.

Pour ceux qui se sentent concernés par l’anxiété sociale je vous invite vraiment à consulter ce chapitre 18, et si c’est permis je peux aussi mettre la traduction à disposition.

Voilà j’ai fait le tour de ce que je voulais dire, c’est un peu long, mais moi ça me permet de bien fixer tous ces mécanismes et d’enclencher une démarche d’émancipation. J’espère que ça pourra profiter à d’autres.

N’hésitez pas à témoigner. ;)
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Invité

Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Invité »

C'est très intéressant, merci beaucoup pour cet exposé détaillé.
En tant que concernée par la phobie sociale, j'ai déjà eu recours intuitivement à certaines des méthodes d' "élargissement de la bande passante" que tu mentionnes : en réunion ou en séminaire, je fais souvent des plaisanteries très décalées, je contredis mes interlocuteurs et je suis la reine du "non" et de la mauvaise foi. Autre technique : je me balance sur ma chaise et à un moment, je tombe, de préférence en entraînant avec moi la pile de bouquins posée sur ma table. L'avantage, c'est que cela rend ludiques, pour moi, des situations très anxiogènes. J'y ai gagné une solide réputation d'excentricité, mais j'ai la chance de travailler dans un milieu relativement tolérant à la bizarrerie, donc je n'essuie pas trop de conséquences négatives.
J'ignore si j'ai reconfiguré mon cerveau. Disons que j'ai toujours aussi peur, mais que parfois, en plus, je m'amuse. Et ça me permet de diminuer mes doses d'anxiolytiques, c'est toujours ça de pris.

Invité

Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Invité »

Merci Jean-Louis, c’est très intéressant.

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sanders
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par sanders »

Merci Jean-Louis, ton message est vraiment éclairant et clair (j'étoilerai :*: quand la fonction sera revenue).

Je suis passée plusieurs fois par la case TCC (attaques de paniques en situation sociale, fuites récurrentes après essai(s), comme défense au risque de rejet ...) et cela a peu fonctionné. En plus, j'ai toujours pris le parti de ne pas fuir de prime abord les situations anxiogènes, de m'y confronter pour m'y habituer, au risque de partir ensuite.

Je ne comprenais donc pas pourquoi j'étais toujours aussi anxieuse, jusqu'à ce que :

--- une thérapeute et un formateur me parlent d'une certaine manière de s'exposer qui augmente le risque à s'exposer. J'ai du mal à l'expliquer avec des mots mais ce serait une manière de s'exposer qui diminuerait le seuil de tolérance au lieu de l'augmenter, le contraire de l'effet recherché.
En multipliant les prises de risque en toute " bonne foi ", la personne devient peu à peu anxieuse pour des situations pour lesquelles ça allait à peu près avant. Ça m'a aussi été expliqué par l'expression à la mode "sortir de sa zone de confort".

L'idée serait alors d'augmenter sa zone de confort plutôt que d'en sortir. Prendre des risques en lien avec ses capacités et avec des "protections" suffisantes.

--- je comprenne avec mes tripes que mes réactions étaient toujours semblables et que les suites (sentiment d'échec, méfiance ...) elles aussi se ressemblaient et ne me convenaient pas.

Et donc qu'il allait falloir que je change des trucs pour que des trucs changent.
Jean-Louis a écrit : ven. 7 févr. 2020 15:51 ... Un exemple de mise en situation très parlante pour moi :
Les interrogatoires ont révélé que le patient utilisait une horloge interne pour décider quand changer de sujet. L'horloge semblait largement influencée par son sentiment de malaise, plutôt que par les réponses des autres au sujet. À titre d'expérience, on lui a demandé de continuer avec les sujets jusqu'à ce que l'autre personne les change. À sa grande surprise, il a trouvé que les conversations un peu plus longues qui en résultaient étaient plus amusantes et semblaient plus naturelles. En outre, il a découvert qu'en général, changer de sujet n'est la responsabilité de personne en particulier. Au contraire, il a son propre rythme et se produit assez naturellement, tant que vous ne supposez pas que vous en êtes responsable à 100%.
Là question du contrôle est centrale je crois. Je contrôle pour une question de sécurité et du coup je me charge exagérément en terme de responsabilité, renforçant encore le sentiment de nullitude . ... Un truc comme ça.
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Pataboul »

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Pascalita
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Pascalita »

Idem, et merci, Jean-Louis, de nous avoir donné ces explications et fait partager ta démarche, tes recherches et ton raisonnement.

yokainoshima
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par yokainoshima »

Merci pour ces analyses. Cela fait écho très fortement à ce que j'essaie de faire évoluer (et non changer).

En lisant les interventions cela me fait penser à l'hypervigilance. Le fait de rester en éveil permanent sur tous les signes qui vont alimenter notre mauvaise interprétation.

J'aime bien l'approche de Judith.
Cela me parle ce côté baisse de pression /lâcher prise d'une bonne grosse gaffe assumée.

Il me semble que l'estime de soi doit jouer dans ces problèmes. Et pour travailler ce sujet depuis très très longtemps sans voir d'amélioration, je ne sais pas si l'impasse actuelle sur mes difficultés sociales n'est pas liée plutôt à l'impossible construction de mon estime de soi.

Je n'ai pas d'infos dessus, mais ça me fait réfléchir sur la mémoire du corps, la mémoire traumatique aussi. Pour que l'anxiété soit aussi difficile à combattre.

J'ai lu je ne sais plus où qu'il faut 21 jours pour que les connexions cérébrales se construisent et permettent l'acquisition d'un nouveau comportement. C'est à la fois rapide et très long quand il faut se fliquer en permanence sur ses réactions.

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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par TourneLune »

Les remerciements sont revenus ;)

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Jean-Louis
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Jean-Louis »

Merci pour vos retours.

Je suis actuellement évalué pour un TDA(H). Le psychiatre quand je lui parle de mon anxiété sociale évoque un trouble obsessionnel non compulsif que l’on pourrait décrit comme une obsession du contrôle de l’image que je donne à voir. Mais pourquoi ce contrôle ?

Le psychiatre émet l’hypothèse que l’anxiété serait (en partie) apparue pour « contrer » le TDA(H). Quand je regarde un peu en arrière l’anxiété sociale à vraiment pris de l’ampleur quand je suis entré dans le milieu professionnel. Mes études assez chaotiques correspondent bien aux symptômes du TDA(H), en gros j’étudiais en dilettante ce qui m’intéressait. C’était extrêmement moyen mais ça passait toujours au ras des pâquerettes. Je me rappelle vraiment le début de ma carrière professionnelle, ou j’ai attaqué avec la même désinvolture, j’écoutais à peine, je ne prenais pas de note etc…. Et je me rappelle également l’anxiété qui monte au fils des jours, au fur et à mesure que je me rends compte qu’il y a des enjeux, qu’il y a un travail suivi et rigoureux à fournir et que je ne vais pas pourvoir continuer à faire comme je l’ai toujours fait. L’anxiété pourrait, en partie, servir à contrecarrer mon inclination naturelle à la nonchalance et favoriser en quelque sorte la survenue de la motivation qui me fait défaut. Il s’agit d’une tentative d’explication donc du conditionnel et des guillemets dans tout ça.

Je lis sinon actuellement un livre rédigé en français qui traite des limites des TCC et proposes des pistes pour améliorer la prise en charge. Il s’agit de « Comprendre et traiter l'anxiété sociale: Nouvelles approches en TCC » de Vincent Trybou. Il est récent, de 2018 et fait une synthèse de nombreuses études pour étayer le propos. Y sont notamment abordées les causes, qu’on pourrait résumer comme un mauvais alignement de plusieurs planètes. J’en suis au début mais il y sera notamment question de son rapport à la honte qui me semble un élément important dans la persistance de l’anxiété sociale.

Je reviendrai parler de ce livre et des autres pistes de prises en charge qu’il pourrait évoquer.

pompon
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par pompon »

Bonjour, j'ai parcouru le fil de cette discussion. En fait, il y a la première vague des TCC avec le système analyse d'une situation, émotion, pensée automatique et pensée alternative etc et il y a la seconde vague qui date de 2005 à savoir la schémathérapie https://fr.wikipedia.org/wiki/Sch%C3%A9math%C3%A9rapie

Et pour avoir tester les 2, je peux dire que la seconde vague est largement plus performante.


J'ajoute que selon moi il ne s'agit pas de résistance aux TCC mais tout simplement que la première vague de TCC n'est pas efficace pour une bonne majorité de gens. C'est trop difficile à mettre en oeuvre.



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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Fanetys »

[mention]pompon[/mention] La thérapie des schémas correspond-elle à ce que certains vulgarisent sous l'appellation : les 5 blessures de l'âme ?
"J'ai la peau de l'âme trop sensible. Il faudrait apprendre à son âme à marcher pieds nus." Jean Cocteau

pompon
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par pompon »

@fanetys je ne crois pas. Il s'agit de la thérapie des schémas de Jeffrey Young. C'est une TCC basé sur le regroupement de différentes méthode et théories.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sch%C3%A9math%C3%A9rapie

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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Chris De Nice »

Comme altima j'ai le sentiment, peut-être erroné, que les TTC n'auraient pas d'effet sur moi, notamment l'EMDR. Ça ressemble à première vue à de l'autosuggestion, à laquelle je suis généralement peu sensible.
Il y a une psychologue qui pratique l'EMDR pas loin de chez moi, mais je ne vois pas comment je pourrais obtenir du mieux en verbalisant mes traumas lors d'exercices de ce genre compte tenu que je les verbalise déjà très souvent au quotidien sans pour autant avoir l'impression de les revivre. Le tout avec beaucoup de détachement, comme si j'étais en mode analytique exclusivement, sans émotion particulière. C'est en situation réelle (et non simulée) que cela se produit et malgré la lucidité sur mon état et son excessivité en ces moments-là, ça part en sucette systématiquement, de façon parfois sévère.
Après, possble que je me fasse une mauvaise idée de ces thérapies, que je sois infoutu d'en comprendre les ressorts techniques et de, pourquoi pas, franchir le pas (mais ça coûte un bras).
Dommage pour moi, le diag de trouble d'anxiété sociale vient "enfin" de tomber. Pour l'heure, antidépresseurs et anxiolytiques couplés à ma psychothérapie atténuent les choses, en attendant du mieux.

La nonchalance délétère de Jean-Louis me parle beaucoup en revanche. C'est une des pistes les plus sérieuses concernant mon échec scolaire et mon incapacité à garder ma motivation dans un projet personnel quel qu'il soit, qui, une fois passé l'entousiasme explosif du début s'effrondre très rapidement. Létal pour la confiance en soi. La question étant : d'où ça peut bien venir ?
"Je ponce donc j'essuie"
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Brunehilde
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Brunehilde »

Hello @Chris De Nice, d'abord merci de remonter le sujet, je ne l'avais jamais lu celui-là :)

Pour moi l'EMDR ne fait pas partie des TTC, il me semble même avoir vu des articles qui les opposaient.
L'EMDR se rapproche plus de l'hypnose (de mémoire ça été prouvé efficace pour les syndromes de stress post traumatiques, mais il semblerait que les mouvements n'y soient pas pour grand chose - si quelqu'un a une ref scientifique je prends, j'écris de mon téléphone là).

Perso ma psy était formée aux TCC et a beaucoup orienté le début de la psychothérapie sur les traumas de mon enfance. Ça m'a objectivement aidée, mais au bout de 18 mois ça a fini par tourner en rond, ce que j'ai exprimé.
Quelques temps après elle s'est formée à la thérapie des schémas et m'a orientée dessus, ça a été une révélation pour moi et j'ai réussi à dépasser beaucoup de choses.
Comme dit plus haut la thérapie des schémas est plus récente et donne de bons résultats.
Après il faut prendre en compte qu'il n'y a pas de solution unique, les bons psy savent qu'ils ont besoin de multiples outils pour répondre à leurs patients.
Il ne faut pas négliger également l'alliance thérapeutique. Le meilleur psy du monde ne pourra rien pour vous si vous ne lui faites pas confiance.

Évidement pour être sûr de trouver le bon il faut souvent en essayer plusieurs, chercher la bonne connection, la personne qui saura écouter et qui sait se remettre en question face à ce que vous dites et qui creusera le sujet.
En tant qu'HPI on voit souvent où la personne veut en venir, le plus dur est d'arriver à lâcher le côté analytique et de se mettre en situation de vulnérabilité devant quelqu'un.
Parler de tes traumas c'est déja une bonne chose, mais arriver à exprimer les émotions derrière, c'est une autre étape.

Enfin il faut aussi comprendre que l'anxiété ne va pas disparaître, surtout si ça vient de l'enfance, on apprend surtout à la gérer en fait.

Perso il y avait des amis que j'avais trop peur d'appeler car je m'imaginais qu'ils ne me répondraient jamais. Aujourd'hui j'arrive à les appeler, mais il y a toujours l'appréhension présente avant de faire le numéro. Je sais juste comment passer outre, mais le réflexe n'est jamais parti.
C'est juste un des chemins de mon cerveau qui a été abîmé, je ne peux pas le refaire.
Je précise bien sûr que les amis en question répondent quasi systématiquement ;)
Pourquoi se préoccuper des chevaux à rayures quand on peut chevaucher des loups !
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Chris De Nice
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Chris De Nice »

Merci @Brunehilde pour ton retour. De quoi remettre un peu d'ordre dans ma vision de ces thérapies. Et d'autres choses que tu évoques.
Ceci dit, dommage pour moi de ne pas avoir beaucoup de choix sur les professionnels dans ma région.
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