Ces mots qui vous touchent...

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QuickSquirrel8
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par QuickSquirrel8 »

Charles Baudelaire (1821-1867) - [u]Les Fleurs Du Mal [/u] a écrit :


L'horloge


Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : «Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,

Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.

Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »


Pour continuer la chaîne dans dans une humeur assez voisine à la tienne, Tails,.. Enfin je n'sais pas, ma présente humeur est en fait légèrement plus sombre, lugubre, je crois ...pessimiste, diront certains.

Quel sens donner à notre brève existence? Et Pourquoi absolument vouloir en trouver un?
Quel grand mystère que la vie. Quelle singulière sensation que de considérer que nous ne penserions, ne serions pas, en ce jour, si nos parents ne nous avaient engendré ou, si un autres spermatozoïde avait pénétré l'Ovule à notre place. Quel sentiment étrange que de se dire que, nous pouvons tous choisir de donner la vie - offrir ce cadeau (fardeau?) -, et devrons, nécessairement, rendre la notre, un beau jour, à notre mère à tous, la Nature...
« Vivre sans espoir, c’est cesser de vivre. ». Fiodor Dostoïevsky

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Loubel
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Loubel »

Le trésor de la petite fille


Quand l’amour et la tendresse se partagent dans l’abandon et la confiance, ils peuvent s’agrandir jusqu’aux rires du soleil.

Il était une fois une petite fille qui avait trouvé un trésor. Oh ! pas un trésor ordinaire, comme il y en a beaucoup si on cherche un peu, mais un trésor unique, très recherché et rarement trouvé.

Vous allez me dire que tous les trésors sont recherchés. C’est vrai, mais il est des trésors particulièrement rares. Des trésors que même l’imagination la plus fertile n’a pas osé inventer.

Ainsi par exemple, qui aurait pu imaginer qu’un sac de baisers inépuisable se trouvait là, juste à l’endroit où la petite fille un soir l’avait trouvé ?

Dans quel endroit ? Mais dans le cœur, tout près de la tendresse et de la passion d’être d’une petite fille tout étonnée de sentir, un matin, ce trésor en elle.

Le jour où elle fit cette découverte, elle fut transportée par une grande joie, si vivante qu’elle aurait pu se croire immortelle.

Elle se sentait généreuse et se voyait immensément donnante. Pensez donc, un sac de baisers inépuisables ! Des baisers qui peuvent se renouveler sans cesse. L’un appelant l’autre, l’autre donnant le goût du suivant, le suivant se précipitant pour s’offrir et ouvrir ainsi plus d’espace à tous les baisers à naître, lesquels se bousculaient les uns derrière les autres, impatients d’exister. Je vous vois songeur.

Oui, il faudrait que je vous parle quand même un peu de la vie d’un baiser. Pour cela j’ai besoin de choisir mes mots.



Qu’est-ce qu’un baiser ?

Un souffle, une douceur légèrement humide,

la palpitation de deux lèvres,

un élan de tendresse ou d’amour déposé au coin d’une joue,

d’une lèvre ou même sur tout le corps de l’autre.

Un instant arrêté aussi éphémère que la rosée d’une émotion.

Un baiser, c’est comme le clin d’œil d’une étoile dans l’immensité du cosmos.

C’est bon comme la mie d’un pain doré par l’amour.



Aussi la vie d’un baiser est-elle très courte, même si chaque baiser paraît contenir chaque fois une part d’éternité.

C’est pour cela d’ailleurs qu’une vie entière ne suffirait pas pour décrire l’existence d’un baiser.

Entre toutes les ouvertures et les possibles qu’il recèle, un baiser est une tranche d’infini qui va relier deux êtres pour les réconcilier avec le meilleur d’eux-mêmes.

J’ai dit deux êtres ? Oui, car j’arrive au plus difficile.

Un baiser porté, tel un éclat de lumière déposé, doit pour s’accomplir être reçu, amplifié.

Je ne sais si je peux continuer à vous décrire tant de béatitudes, car déjà vous pouvez imaginer tous les drames, toutes les déceptions et les frustrations au-delà des émerveillements possibles, quand vous passez à côté d’un baiser.

La petite fille avait donc trouvé un sac de baisers inépuisable, certes, mais qui peut accueillir l’inépuisable ? Qui peut accueillir, s’ouvrir, s’agrandir pour recevoir l’abondance, la générosité infinie d’un tel trésor ?

Ce que ne savait pas cette petite fille, c’est qu’elle allait passer une partie de sa vie à rechercher quelqu’un qui aurait aussi découvert en lui un trésor semblable.

Si vous connaissez celui ou celle qui pourrait avoir fait cette découverte, n’hésitez pas, avertissez-la d’urgence.

Mais peut-être allez-vous garder cette découverte pour vous !

Ainsi va le monde. Beaucoup d’entre nous, plus qu’on ne l’imagine, découvrent des trésors, en oubliant que la qualité première d’un trésor est de pouvoir être partagé.

C’est cela le plus difficile. Mais quand on sait qu’un tel trésor s’agrandit en se partageant, peut-être est-ce moins difficile.....



Jacques Salomé

____________________

Ceci est mon poème préféré. J'éprouve l'amour et les "baisers" ainsi. L'amour est un sujet qui me préoccupe beaucoup.
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Givré
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Baudelaire ... Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Givré »

Baudelaire l'éternel ...

Beaucoup de poètes ont encensé la Femme .... Mais Baudelaire est, je crois, celui qui a le mieux exprimé, globalement dans son oeuvre, mes propres sentiments pour les femmes de mes défuntes amours ...
__________________________________________________________________

Un hémisphère dans une chevelure

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.

Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.

Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.

Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur.

Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.

Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco.

Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.
Charles Baudelaire - Le spleen de Paris
__________________________________________________________________
Bon, pour les blondes, maintenant ... ne vous inquiétez pas, c'est l'autre hémisphère que l'on y retrouve ! :D
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Givré »

Loubel a écrit :Le trésor de la petite fille
..................
Ainsi va le monde. Beaucoup d’entre nous, plus qu’on ne l’imagine, découvrent des trésors, en oubliant que la qualité première d’un trésor est de pouvoir être partagé.
..................
Jacques Salomé
____________________

Ceci est mon poème préféré. J'éprouve l'amour et les "baisers" ainsi. L'amour est un sujet qui me préoccupe beaucoup.

Le tout est splendide, Loubel, et particulièrement la phrase ci-dessus que j'ai reprise de ton post ! ! Merci ! :-)
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Baudelaire encore et encore ... Re: Ces mots qui vous touche

Message par Givré »

Baudelaire, ce cher homme, décidément fort sensible aux chevelures, avait aussi écrit un poème en vers sur ce thème ...
_________________________

La chevelure

Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?
Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal
_________________________
Oui, les blondes, je sais, ici encore, il ne nous parle que de chevelure noire, mais ne vous inquiétez pas, dans la vôtre, l'amoureux toujours y trouvera tout un monde que jamais vous n'auriez imaginé ! !
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Steph

Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Steph »

Extrait de La tristesse des anges de Jon Kalman Stefansson

"Je ne peux pas venir travailler aujourd'hui pour cause de tristesse.
J'ai vu ces yeux hier et ne puis, pas conséquent, venir au travail.
Il m'est impossible de venir aujourd'hui car mon époux est si beau quand il est nu.
Je ne viendrai pas aujourd'hui car la vie m'a trahi.
Je ne serai pas à la réunion car il y a une femme qui prend un bain de soleil devant chez moi et sa peau scintille.

Jamais on n'ose écrire ce genre de choses, on ne décrit pas les décharges électriques qui se produisent entre deux personnes, au lieu de cela on parle des prix, on s'attache à l'apparence, et non au souffle du sang, on ne se lance pas en quête de la vérité, de vers de poésie qui surprennent, des rouges baisers; on dissimule notre impuissance et notre résignation par une numération de données factuelles "

Elaïs
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Elaïs »

ronanB a écrit :"Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent . Et cette petite chance pour tous les jours , si on n'est pas trop exigeant . Moi je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier - ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite - ou mourir"
J. Anouilh, Antigone
:-) cela a longtemps été l'une de mes favorites, en la relisant, je réalise que je la suis encore.

Sinon, c'est la prose de Christian Bobin qui me touche en plein coeur depuis quelques années maintenant: j'avais explosé en sanglots en lisant cette phrase:

"Les plus sensibles perdront toujours. Ils sont les favoris de Dieu qui essuie leurs visages argentés de crachats"

Il y a quelque chose de l'Albatros dans ces mots.

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rafw6
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par rafw6 »

au soir enfin venu où le ciel s'assombrit
telle une intime faveur de la muse au peintre
vôute de quartz offrant aux poètes l'étreinte
et la voix de crépusculaires fantaisies

Quelques vers trouvés après l'émotion d'un soir en picardie (les cieux peuvent y être à pleurer)

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Raphaël
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Raphaël »

MANTE DES AURORES d'Amadou Lamine Sall
(premier mouvement sur seize)

Je t'ai cherchée partout et nulle part
Entre la fleur et la tige
Entre le jour et la nuit
Parmi les rires du sommeil
Parmi les caresses de l'absence
Partout et nulle part
Ici on parle de toi comme d'une chatte de gouttière
Ombre furtive des aubes grises
Mais tes huiles persistent à parfumer
Mon cœur qui périt de solitude
Où es-tu fille de la nuit
Déjà le poème s'essouffle et les mots s'esquivent
La plume danse des arabesques saoule de son vin noir
Les voyelles sont distraites
Et les consonnes rétives errent en procession
Sur le vide de la page qui bâille
Tu seras seule à comprendre ce soir pourquoi
J'écris ce poème de sexe et d'olive de sang et d'amour
Ce poème putain à l'orgasme renaissant
Je voudrais te parler dans le ventre de la nuit
À l'heure où des miettes d'étoiles dansent sur ta bouche
De miel et de fièvre
Et que tes dents de dentelles blanches dans le soir
Recréent la danse canaille de la lune
Vautrée sur des nuages qui n'en peuvent
Plus de faire l'amour
Où es-tu fille de la nuit
Je sais que tu reviendras
Parce que je suis le fauve de ta tanière
Le reptile qui te serpente et qui te ramène à la lumière
Du jour
Mais c'est maintenant que je veux te voir
Demain je réintègre le rêve natal
Et je ne m'arrêterai dans aucune gare
Je ne regarderai aucun visage
Je m'en irai seul chaussé d'un seul regard
Habillé de mon seul corps
Je marcherai
Je marcherai fou
Droit
Droit vers les sanctuaires du Sud où devisent les pères
Et fleurissent les vierges de sacrifices
Droit vers des rêves hospitaliers
De femmes d'eau claire et d'herbes vertes
De belles belles et grandes et belles filles aux bras de lumière
Incandescentes
Voiles et plumes
ont destinée commune
happer la caresse du vent

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Givré
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Givré »

Raphaël a écrit :MANTE DES AURORES d'Amadou Lamine Sall
(premier mouvement sur seize)
......................
Droit vers des rêves hospitaliers
De femmes d'eau claire et d'herbes vertes
De belles belles et grandes et belles filles aux bras de lumière
Incandescentes

J'adore ... en entier ! :clap:
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Raphaël »

Bon, Givré, le problème c'est que c'est long, et que si je dois copier tout le poème, ça va me prendre des heures, et monopoliser le topic. Cependant si quelqu'un ose me le demander, je le ferais. Parce que c'est mon poème favori, et que j'aime partager ce qui me transcende.
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Givré »

Raphaël a écrit :Bon, Givré, le problème c'est que c'est long, et que si je dois copier tout le poème, ça va me prendre des heures, et monopoliser le topic. Cependant si quelqu'un ose me le demander, je le ferais. Parce que c'est mon poème favori, et que j'aime partager ce qui me transcende.
Raphaël, je me suis mal exprimé, c'est ambigu ce que j'ai dit, je ne voulais pas du tout demander que tu donnes le texte en entier, mais simplement, parce que je ne citais qu'une minime partie, que j'adorais le texte en entier.

Jamais je ne te demanderais de taper des heures ! Mais merci pour ce splendide texte ! :-)

[ Edit >>> P.S. = "... belles filles aux bras de lumière / Incandescentes " , oui, c'est exactement ça ... ]
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par gabriailes »

"C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux

O mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
A l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées

Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger"

J'arrive où je suis étranger; - Aragon

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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par gabriailes »

Toutes les choses au hasard
Tous les mots dits sans y penser
Et qui sont pris comme ils sont dits
Et nul n’y perd et nul n’y gagne

Les sentiments à la dérive
Et l’effort le plus quotidien
Le vague souvenir des songes
L’avenir en butte à demain

Les mots coincés dans un enfer
De roues usées de lignes mortes
Les choses grises et semblables
Les hommes tournant dans le vent

Muscles voyants squelette intime
Et la vapeur des sentiments
Le cœur réglé comme un cercueil
Les espoirs réduits à néant

Tu es venue l’après-midi crevait la terre
Et la terre et les hommes ont changé de sens
Et je me suis trouvé réglé comme un aimant
Réglé comme une vigne

À l’infini notre chemin le but des autres
Des abeilles volaient futures de leur miel
Et j’ai multiplié mes désirs de lumière
Pour en comprendre la raison

Tu es venue j’étais très triste j’ai dit oui
C’est à partir de toi que j’ai dit oui au monde
Petite fille je t’aimais comme un garcon
Ne peut aimer que son enfance

Avec la force d’un passé très loin très pur
Avec le feu d’une chanson sans fausse note
La pierre intacte et le courant furtif du sang
Dans la gorge et les lèvres

Tu es venue le vœu de vivre avait un corps
Il creusait la nuit lourde il caressait les ombres
Pour dissoudre leur boue et fondre leurs glacons
Comme un œil qui voit clair

L’herbe fine figeait le vol des hirondelles
Et l’automne pesait dans le sac des ténèbres
Tu es venue les rives libéraient le fleuve
Pour le mener jusqu’à la mer

Tu es venue plus haute au fond de ma douleur
Que l’arbre séparé de la forêt sans air
Et le cri du chagrin du doute s’est brisé
Devant le jour de notre amour

Gloire l’ombre et la honte ont cédé au soleil
Le poids s’est allégé le fardeau s’est fait rire
Gloire le souterrain est devenu sommet
La misère s’est effacée

La place d’habitude où je m’abêtissais
Le couloir sans réveil l’impasse et la fatigue
Se sont mis à briller d’un feu battant des mains
L’éternité s’est dépliée

Ô toi mon agitée et ma calme pensée
Mon silence sonore et mon écho secret
Mon aveugle voyante et ma vue dépassée
Je n’ai plus eu que ta présence

Tu m’as couvert de ta confiance.


"Dominqiue" - Paul Eluard

jambrozade
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par jambrozade »

Bonjour et merci Cyrano pour ce sujet. Et moi aussi je mets ma petite touche personnelle j'aime la poésie et je me régale quand vient l'inspiration.

LES MOTS

Les mots sont comme des visages
un sourire les rends charmants
les mots suscitent des images
variants avec nos sentiments

Les mots sont des êtres complexes
parfois fiers, rudes ou violents
ils servent alors de prétextes
à des actes forts décevants

Il y a des mots légers comme la brise
des mots papillons
A la grâce si fugitives
qu'on ne peut leur donner un nom

Il y a des mots de reproches
et puis des mots encourageants
des mots qu'on met dans sa poche
pour les redire ingénument

Beaucoup viennent des lèvres
mais d'autres sortent du coeur
certains prononcés dans la fièvre
décident de votre bonheur

Des mots, des mots,
me diriez-vous
mais sans les mots
que serions-nous ?

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PointBlanc
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par PointBlanc »

L'un des quelques poèmes à toujours pouvoir me mettre au bord des larmes quand je les récite - avec "La Mort de Guillaume Apollinaire" de Tzara, "L'Epitaphe" de Desnos, "Dans la rue" de Laforgue...
Psaume

Personne ne nous repétrira de terre et de limon,
personne ne bénira notre poussière.
Personne.

Loué sois-tu, Personne.
Pour l'amour de toi nous voulons
fleurir.
Contre
toi.

Un rien
nous étions, nous sommes, nous
resterons, en fleur :
la rose de rien, de
personne.

Avec
le style clair d'âme,
l'étamine désert-des-cieux,
la couronne rouge
du mot de pourpre que nous chantions
au-dessus, au-dessus de
l'épine.

Paul Celan
Edit : oh, et puis flûte, je fous les autres aussi. Et j'ai signalé en italiques les endroits où ma voix se noue. C'est un peu idiot peut-être.
Dans la rue

C'est le trottoir avec ses arbres rabougris.
Des mâles égrillards, des femelles enceintes,
Un orgue inconsolable ululant ses complaintes,
Les fiacres, les journaux, la réclame et les cris.

Et devant les cafés où des hommes flétris
D'un oeil vide et muet contemplaient leurs absinthes
Le troupeau des catins défile lèvres peintes
Tarifant leurs appas de macabres houris.

Et la Terre toujours s'enfonce aux steppes vastes,
Toujours, et dans mille ans Paris ne sera plus
Qu'un désert où viendront des troupeaux inconnus.

Pourtant vous rêverez toujours, étoiles chastes,
Et toi tu seras loin alors, terrestre îlot
Toujours roulant, toujours poussant ton vieux sanglot.

Jules Laforgue


L'Epitaphe

J’ai vécu dans ces temps et depuis mille années
Je suis mort. Je vivais, non déchu mais traqué.
Toute noblesse humaine étant emprisonnée
J’étais libre parmi les esclaves masqués.

J’ai vécu dans ces temps et pourtant j’étais libre.
Je regardais le fleuve et la terre et le ciel.
Tourner autour de moi, garder leur équilibre
Et les saisons fournir leurs oiseaux et leur miel.

Vous qui vivez qu’avez-vous fait de ces fortunes ?

Regrettez-vous les temps où je me débattais ?
Avez-vous cultivé pour des moissons communes ?
Avez-vous enrichi la ville où j’habitais ?

Vivants, ne craignez rien de moi, car je suis mort.
Rien ne survit de mon esprit ni de mon corps.

Robert Desnos

La Mort de Guillaume Apollinaire

Nous ne savons rien
Nous ne savions rien de la douleur
La saison amère du froid
Creuse de longues traces dans nos muscles
Il aurait plutôt aimé la joie de la victoire
Sages sous les tristesses calmes En cage
ne pouvoir rien faire
Si la neige tombait en haut
Si le soleil montait chez nous pendant la nuit
pour nous chauffer
Et les arbres pendaient avec leur couronne
-unique pleur -
Si les oiseaux étaient parmi nous pour se mirer
Dans le lac tranquille au-dessus de nos têtes
ON POURRAIT COMPRENDRE
La mort serait un beau long voyage
Et les vacances illimitées de la chair des structures et des os

Tristan Tzara
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

Malou

Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Malou »

J'apporte ma contribution avec Consolation à M. Du Périer de Malherbe

Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle,
Et les tristes discours
Que te met en l'esprit l'amitié paternelle
L'augmenteront toujours

Le malheur de ta fille au tombeau descendue
Par un commun trépas,
Est-ce quelque dédale, où ta raison perdue
Ne se retrouve pas ?

Je sais de quels appas son enfance était pleine,
Et n'ai pas entrepris,
Injurieux ami, de soulager ta peine
Avecque son mépris.

Mais elle était du monde, où les plus belles choses
Ont le pire destin ;
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin.

Puis quand ainsi serait, que selon ta prière,
Elle aurait obtenu
D'avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,
Qu'en fût-il advenu?

Penses-tu que, plus vieille, en la maison céleste
Elle eût eu plus d'accueil ?
Ou qu'elle eût moins senti la poussière funeste
Et les vers du cercueil ?

Non, non, mon du Périer, aussitôt que la Parque
Ote l'âme du corps,
L'âge s'évanouit au deçà de la barque,
Et ne suit point les morts...

La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ;
On a beau la prier,
La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles,
Et nous laisse crier.

Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre,
Est sujet à ses lois ;
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N'en défend point nos rois.

De murmurer contre elle, et perdre patience,
Il est mal à propos ;
Vouloir ce que Dieu veut, est la seule science
Qui nous met en repos.

Ianthe

Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Ianthe »

L'Opening du film expé Drift, par Lee Ronaldo et Leah Singer.
"this is the longest movie
I’ve ever been in
nothing can alter these images
this is life like a movie
so real to the touch
injected with feelings
with no final fading

this is the same still frame
that holds us like frozen lanterns
in mid embrace
this is the movie that should last forever
always on the screen
this is the phone left off the hook

we must be responsible
and contain our movements
to a few frames on each reel
but we can freeze the image
and extinguish the sounds
of everything outside yr room
a drawn out sigh becomes the pealing of bells
yr skin an endless surface
which I will explore again and again

this is a moment which we must save
to prove such things are possible
this perfect kiss cannot be erased
tho its’ image may fade and bleach
what comes next doesn’t matter
only this perfect, living image
shut from the world
safe in our heads

we’ll live in our heads now
bright musty chambers
shut from the world
no windows open
swept under the carpet"
Et de manière générale, Samuel Beckett, William Faulker, David Wojnarowicz et Clarice Lispector sont des gens susceptibles de me parler, m'ébranler, certes pas exclusivement sur le plan des sentiments :)

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perle
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par perle »

Bon à côté de toutes ces citations hypers sérieuses je vais un peu faire tache mais ce sont vraiment des paroles qui m'ont beaucoup touchées à un moment et qui me touchent encore :

"j’aimerais tellement te dire ce que veux mon cœur
mais je n'ai plus les mots
j’aimerais tellement te dire que je n'ai plus peur
mais ces mots sonnent faux
je dois tout recommencer une nouvelle fois
pardonne moi si je fais un faux pas
tu sais j’aimerais tellement te dire ce que veut mon cœur
mais je n'ai plus les mots"

J'aimerais Tellement de Jena Lee

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Gazouille
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Gazouille »

Alors ça n'est pas un poème mais l'extrait d'un livre, ce sont toutefois bien des "mots qui me touchent"...


" Le Cheval, guérisseur de l'homme" Ulrike Dietmann

"(...)La plupart des gens ne réalise pas ce qu'il m'arrive. Ils ne savent pas comment s'y prendre avec moi. En tout cas, c'est souvent ce que j'ai entendu en parlant avec eux. D'une certaine façon, les êtres humains comme toi et moi sont très silencieux, même quand nous parlons. Cela vient du fait que nous évoluons dans un état réceptif et que le canal de réception est toujours sur « on ». Je crois que celui qui ne le connaît pas lui-même ne peut pas le reconnaître ou le comprendre. Je crois que nous sommes perçues comme ce que j'appelle affectueusement, l'énergie de la jument sauvage. Ce caractère sauvage tient au fait que nous ne savons pas ce qui va arriver ni ce que nous allons devenir. Parce que tout peut être dit ou être fait, quand tu suis uniquement ton intuition. La plupart du temps, c'est imprévisible et incompréhensible aux personnes extérieures. Nous ne faisons pas tout cela pour le plaisir. Bien sûr nous pouvons aussi nous amuser, seulement nous amuser, mais la plupart du temps nous sommes en train de recevoir, d'envoyer et de relayer quelques messages. Je crois que cela semble étrange pour les personnes extérieures. Nous avons cette connexion intense et nous sommes toujours emmêlées dans quelque chose.

Ma faiblesse est que je me sens rapidement submergée et démunie face à trop de ressentis.

J'ai froid en l'écrivant. Je tremble, mon corps me dit que je me suis mise dans une position vulnérable. Je dévoile beaucoup. Je pourrais rayer ce passage, mais je ne le fais pas, parce que toi ou quelqu'un d'autre s'y retrouve peut-être, ou parce que tu ressens peut-être ta vulnérabilité en le lisant. La faiblesse et la vulnérabilité sont des sujets impopulaires dans cette société où nous travaillons sans cesse à être forts et sans faille.

Pourtant, les chevaux rient de nous lorsque nous arrivons au trot devant eux, avec cette manière de faire la démonstration de notre force, telle que l'on nous l'a inculquée, telle qu'on la copiée. Ce n'est pas la force telle qu'ils la connaissent. Ce n'est pas une force authentique mais une force inoculée. La cultiver et la prôner a construit et entretient le système de prédation sur lequel repose notre société. Dont chacun ressent aujourd'hui, telle une intime, douloureuse et comme honteuse sensation d'inadéquation, que nous en avons atteint les limites....

Devant les chevaux, ce simulacre de force part en fumée comme un pétard du Nouvel An.
Ils me font préférer une faiblesse véritable.
Une faiblesse véritable est un bon point de départ. Grâce à elle, les chevaux peuvent vraiment nous voir. Et la confiance est possible... Face à une faiblesse authentique, ils baissent la tête et disent: Ah, te voilà ! Nous pouvons être amis.
C'est là tout le secret de la communication avec les chevaux. "Ces proies hypersensibles, en permanence connectées avec leur environnement, reflètent nos états intérieurs. Leurs comportements suivent des énergies invisibles." C'est un fait qui m'émerveille toujours autant à chaque fois. Ils rendent l'invisible visible."



(Les chevaux détiendraient-ils potentiellement en eux le pouvoir de réconcilier l'Homme non seulement avec la Nature mais aussi avec SA nature ?.. Plus je les côtoie, et suis amenée à travailler avec eux au cours de mes recherches personnelles, plus j'en ai l'intime et profonde conviction...)

Pour moi des mots en partie à l'origine de mon parcours de vie et professionnel....
"Lorsque je me laisse aller à être ce que je suis, je deviens ce que je pourrais être" (Lao Tseu)

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Avicularia
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Avicularia »

Et de cette minute subtile où le ciel encore plein d'or brusquement bascule et nous montre en un instant son autre face, gorgée d'étoiles luisantes.

Caligula - Camus
Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire.

Tails
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Tails »

Que la vie en vaut la peine

C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d'incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes.

Rien n'est si précieux peut-être qu'on le croit
D'autres viennent. Ils ont le cœur que j'ai moi-même
Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s'éteignent des voix.

D'autres qui referont comme moi le voyage
D'autres qui souriront d'un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D'autres qui lèveront les yeux vers les nuages.

II y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube première
II y aura toujours l'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n'est le passant.

C'est une chose au fond, que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n'était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre.

Oui je sais cela peut sembler court un moment
Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
Et la mer à nos soifs n'est qu'un commencement.

Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
Le sac lourd à l'échine et le cœur dévasté
Cet impossible choix d'être et d'avoir été
Et la douleur qui laisse une ride à la bouche.

Malgré la guerre et l'injustice et l'insomnie
Où l'on porte rongeant votre cœur ce renard
L'amertume et Dieu sait si je l'ai pour ma part
Porté comme un enfant volé toute ma vie.

Malgré la méchanceté des gens et les rires
Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
Qu'on vous oppose pour vous faire une prison
De ce qu'on aime et de ce qu'on croit un martyre.

Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
Mon Dieu mon Dieu qui ne savent pas ce qu'ils font.

Malgré l'âge et lorsque, soudain le cœur vous flanche
L'entourage prêt à tout croire à donner tort
Indifférent à cette chose qui vous mord
Simple histoire de prendre sur vous sa revanche.

La cruauté générale et les saloperies
Qu'on vous jette on ne sait trop qui faisant école
Malgré ce qu'on a pensé souffert les idées folles
Sans pouvoir soulager d'une injure ou d'un cri.

Cet enfer Malgré tout cauchemars et blessures
Les séparations les deuils les camouflets
Et tout ce qu'on voulait pourtant ce qu'on voulait
De toute sa croyance imbécile à l'azur.

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici
N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle."

- Louis Aragon.

*frisson*

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Snyd
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Snyd »

Un passage qui m'émeut systématiquement à sa lecture:

...
Pour elle, être à mon tour ce qu'est pour moi ma mère,
Et, comme par un souffle, en cette vie amère,
Sentir les maux guéris & les pleurs essuyés
Par le bruit de l'enfant qui jouerait à mes pieds;
Être le but, la vie & l'âme de cette âme,
L'instruire de ma foi, l'échauffer de ma flamme
Et ne rien demander que sa joie en retour,
Quel rêve, encor plus doux que celui de l'amour!
Des larmes sourdent presque au bord de ma paupière
Quand je pense à l'enfant qui me rendrait si fière,
Et que je n'aurai pas, que je n'aurai jamais;
Car l'avenir, cruel en celui que j'aimais,
De cette enfant aussi veut que je désespère.
Pourtant elle eût porté le nom de mon grand-père,
Je l'aurais appelée Olympe comme lui.
Doux & brillant reflet du rayon qui m'a lui
Dans les jours d'autrefois, les jours de mon enfance,
Ce nom, porté par elle, à sa fraîche innocence
Se serait rajeuni de nouveau pour longtemps;
Écho de la vieillesse & chanson du printemps,
Fleur nouvelle naissant de la plante brisée,
Matin tout emperlé des pleurs de la rosée,
Prestige du passé, rêve de l'avenir,
Vie & mort, jour & nuit, espoir & souvenir!

Mais pourquoi tant choyer cette folle chimère?
Jamais on ne dira de moi: C'est une mère!
Et jamais un enfant ne me dira: Maman!
C'en est fini pour moi du céleste roman
Que toute jeune fille à mon âge imagine.
Du bouquet effeuillé je n'ai plus que l'épine,
La brise s'est changée en ouragan glacé:
Ma vie à dix-huit ans comprend tout un passé.

Marguerite Louisa Siefert
Il faut du courage pour accepter d’être soi, de ne pas ressembler à ce que les autres attendent de nous mais de suivre notre propre chemin. Devenir un sujet de sa vie, ne pas se subir soi-même commence par le courage de faire face à soi-même.

Nadir

Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Nadir »

Léo Ferré dans la Mémoire et la Mer a écrit :

La marée, je l'ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur,
De mon enfant et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j'en laisse
Je suis le fantôme jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre

Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume

Cette bave des chevaux ras
Au raz des rocs qui se consument
Ö l'ange des plaisirs perdus
Ö rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades

Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ö parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais, géométrisant,
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans des draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus,
Et toi fille verte, mon spleen

Les coquillages figurant
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tans
Qu'on dirait l'Espagne livide
Dieux de granits, ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure

Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue,
Sur cette mer jamais étale
D'où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles


Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue, aux musiques mortes
C'est fini, la mer, c'est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d'infini...
Quand la mer bergère m'appelle

Cette chanson m'a obsédé pendant un an... Et elle m'obsède encore. Si des gens la connaissent et ressentent ce genre de chose vis à vis d'elle, je serais ravi d'en discuter...!
En gras ce sont mes passages préférés.
(Et un vieux topic remonté, un!)

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Athane
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Athane »

DEVANT L'OCÉAN BLÊME

Sous le ciel pluvieux, noyé de brumes sales,
Devant l'océan blême, assis sur un îlot,
Seul, loin de tout, je songe au clapotis du flot
Dans le concert hurlant des mourantes rafales.

Crinière échevelée, ainsi que des cavales,
Les vagues en tordant arrivent au galop
Et croulent à mes pieds avec de longs sanglots
Qu'emporte la tourmente aux haleines brutales.

Partout le grand ciel gris, le brouillard et la mer,
Rien que l'affolement des vents balayant l'air.
Plus d'heures, plus d'humains, et solitaire, morne,

Je reste là, perdu dans l'horizon lointain
Et songe que l'espace est sans borne, sans borne,
Et que le temps n'aura jamais... jamais de fin.

Jules Laforgue
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur Athane pour son message :
altima
“Deux choses remplissent l’esprit d’admiration et de crainte incessantes: le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi” Kant

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