Ces mots qui vous touchent...

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Troglodyte-mimi
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Troglodyte-mimi »

Deux citations très différentes mais que j'aime particulièrement :

Daniel Pennac dans Chagrin d'Ecole : "Statistiquement tout s'explique, personnellement tout se complique"

M Herzog 1950 : "L'aventure est le contraire d'un coup de tête! C'est une volonté réfléchie et obstinée de forger soi-même son propre destin et de s'imposer aux vents au lieu de se laisser faire par eux"
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PointBlanc
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par PointBlanc »

Touchant petit fantôme :

"Il n’est point de mare ou de fontaine qui ne soit hantée, soit par les lavandières de nuit, soit par d’autres esprits plus ou moins fâcheux. Quelques-uns de ces hôtes sont seulement bizarres. Dans mon enfance, je craignais beaucoup de passer devant un certain fossé où l’on voyait les pieds blancs. Les histoires fantastiques qui ne s’expliquent pas sur la nature des êtres qu’elles mettent en scène, et qui restent vagues et incomplètes, sont celles qui frappent le plus l’imagination. Ces pieds blancs marchaient, dit-on, le long du fossé à certaines heures de la nuit ; c’était des pieds de femme, maigres et nus, avec un bout de robe blanche ou de chemise longue qui flottait et s’agitait sans cesse. Cela marchait vite et en zigzag, et si l’on disait : « Je te vois ! veux-tu te sauver ! » cela courait si vite qu’on ne savait plus où ça avait passé. Quand on ne disait rien, cela marchait devant vous ; mais quelque effort que l’on fit pour voir plus haut que la cheville, c’était chose impossible. Ça n’avait ni jambes, ni corps, ni tête, rien que des pieds. Je ne saurais dire ce que ces pieds avaient de terrifiants ; mais, pour rien au monde, je n’eusse voulu les voir."

George Sand, Légendes rustiques, 1858.
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Tiamat
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Tiamat »

« Si après la mort, ils veulent nous changer en petite flamme sèche qui suit les sentiers des vents, il faut se révolter. À quoi bon un repos éternel sur le sein de l’air, à l’ombre d’une jaune gloire, au milieu des marmottements de chœurs à deux dimensions.
Il faut entrer dans la pierre, l’arbre, l’eau, dans les fentes de la porte. Mieux vaut être grincement de plancher que perfection effroyablement transparente. »

Tout sauf un ange de Zbigniew Herbert, in Étude de l’objet, 1961.

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madeleine
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par madeleine »

O homem velho deixa a vida e morte para trás
Cabeça a prumo, segue rumo e nunca, nunca mais
O grande espelho que é o mundo ousaria refletir os seus sinais
O homem velho é o rei dos animais

A solidão agora é sólida, uma pedra ao sol
As linhas do destino nas mãos a mão apagou
Ele já tem a alma saturada de poesia, soul e rock'n'roll
As coisas migram e ele serve de farol

A carne, a arte arde, a tarde cai
No abismo das esquinas
A brisa leve traz o olor fulgaz
Do sexo das meninas

Luz fria, seus cabelos têm tristeza de néon
Belezas, dores e alegrias passam sem um som
Eu vejo o homem velho rindo numa curva do caminho de Hebron
E ao seu olhar tudo que é cor muda de tom

Os filhos, filmes, ditos, livros como um vendaval
Espalham-no além da ilusão do seu ser pessoal
Mas ele dói e brilha único, indivíduo, maravilha sem igual
Já tem coragem de saber que é imortal

O homem velho - C. Veloso
► Afficher le texte
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
avec l'aimable autorisation de P.Kirool

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sanders
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par sanders »

Aujourd’hui je me suis promené avec mon camarade,
Même s’il est mort,
Je me suis promené avec mon camarade.

Qu’ils étaient beaux les arbres en fleurs,
Les marronniers qui neigeaient le jour de sa mort.
Avec mon camarade je me suis promené.

Jadis mes parents
Allaient seuls aux enterrements
Et je me sentais petit enfant.

Maintenant je connais pas mal de morts,
J’ai vu beaucoup de croque-morts
Mais je n’approche pas de leur bord.

C’est pourquoi tout aujourd’hui
Je me suis promené avec mon ami.
Il m’a trouvé un peu vieilli,

Un peu vieilli, mais il m’a dit :
Toi aussi tu viendras où je suis,
Un Dimanche ou un Samedi,

Moi, je regardais les arbres en fleurs,
La rivière passer sous le pont
Et soudain j’ai vu que j’étais seul.

Alors je suis rentré parmi les hommes.
Robert DESNOS
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

dani
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par dani »

Hors-sujet
Ils sont magnifiques vos textes, plein de frissons... merci pour ces instants
" C'est l'imprévu que j'espère, et lui seul.
Partout, toujours.
Dans les plis d' une conversation,
dans le gué d'un livre,
dans les subtilités d'un ciel.
Ce à quoi je ne m'attends pas,
c'est cela que j'attends..."

Christian Bobin

C'est ce que m'apporte souvent ce forum :) :ensoleillé:
Rien ne vous emprisonne excepté vos pensées, rien ne vous limite excepté vos peurs, rien ne vous contrôle excepté vos croyances. (Marianne Williamson)

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sanders
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par sanders »

Un arbre au topic des choses positives du jour ....


Christian BOBIN :

« L’arbre est un livre ouvert. Le vent d’aujourd’hui en tourne distraitement les pages, comme s’il pensait à autre chose. »

« D’abord le tronc, puis les branches maîtresses qui cherchent chacune de leur côté, puis les branches secondaires qui naissent des précédentes mais divergent sur un point, émettent un autre avis, enfin les plus hauts rameaux qui raclent la peau du ciel : autant de tâtonnements, d’essais, d’échecs, mille chemins inventés pour aller vers la lumière. »

« L’arbre est devant la fenêtre du salon. Je l’interroge chaque matin : « Quoi de neuf aujourd’hui ? ». La réponse vient sans tarder, donnée par des centaines de feuilles : « Tout ». »

J'aime appuyer ma main sur le tronc d'un arbre devant lequel je passe, non pour m'assurer de l'existence de l'arbre - dont je ne doute pas - mais de la mienne.

L'arbre est devant la maison, un géant dans le lumière d'automne. Vous êtes dans la maison, près de la fenêtre, vous lui tournez le dos. Vous ne vous retournez pas pour vérifier s'il est bien toujours là – on ne sait jamais avec ceux qu'on aime : vous négligez de les regarder un instant, et l'instant suivant ils ont disparu ou se sont assombris. Même les arbres ont leurs fugues, leurs humeurs infidèles. Mais celui-là, vous êtes sûr de lui, sûr de sa présence éclairante. Cet arbre est depuis peu de vos amis. Vous reconnaissez vos amis à ce qu'ils ne vous empêchent pas d'être seul, à ce qu'ils éclairent votre solitude sans l'interrompre.Oui, c'est à ça que vous reconnaissez l'amitié d'un homme, d'une femme ou d'un arbre comme celui-ci, gigantesque et discret. Aussi discret que gigantesque.
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par PointBlanc »

Des bribes de poésie aztèque, traduites du nahuatl au français.

Pour les Aztèques, il n'existait pas vraiment d'au-delà qu'il aurait fallu préférer à la vie terrestre : si les guerriers et les sacrifiés gagnaient le droit d'accompagner le Soleil dans sa course, si les noyés et les femmes mortes en couches jouissaient éternellement de l'abondance du Tlalocan, l'écrasante majorité descendait au Mictlan, lieu de dévoration et d'anéantissement.
L'homme est une fleur : il s'ouvre, il est cueilli, il se fane.
La poésie aztèque est pleine de choses précieuses qui se brisent, perdent tout éclat, pleine aussi du regret d'avoir un jour à quitter le monde où sont les autres fleurs, où l'on marche aux côtés des dieux qu'on ne connaîtra plus dans l'autre monde.

A.

...Mais mon coeur me dit
que je ne reviendrai plus jamais, aya,
que je ne me promènerai plus jamais
dans ce lieu agréable, sur terre.
Ô seulement je m'en vais
seulement je m'en vais (yehua ohuya).

Il désire seulement des fleurs
mon cœur, ainsi il s'élève, ya.
Je ne fais que me tourmenter en chantant,
je ne fais que souffrir en chantant sur terre,
moi, Cuahcuauhtzin, huiya.
Je désire des fleurs,
puissent-elles se répandre dans mes mains[...].

Où pouvons-nous aller
pour ne pas mourir, huiya ?
Même si j'étais une pierre de jade,
même si j'étais de l'or,
je serais fondu,
je serais réduit en poudre dans le creuset...

(Chant d'adieu de Cuahcuauhtzin).

B.

1.
Où les colonnes de turquoise sont dressées,
les colonnes alignées,
à Mexico où les eaux sont profondes,
où les saules blancs se dressent...

2.
C'est en vain que je suis homme,
en vain que je suis sorti
de la maison de Dieu, ici sur la terre,
que je suis né dans la douleur !

Suis-je vraiment sorti ?
Suis-je vraiment un homme ?

[...]

Ne sois pas angoissé, mon cœur,
ne te tourmente pas davantage,
à peine en vérité avons-nous eu le temps
de satisfaire nos désirs.

3.
...Personne, vraiment, n'est ton ami,
ô Toi par qui l'on vit.
Seulement, comme des fleurs,
nous venons connaître les gens
sur terre
près de toi
ohuaya ohuaya

Mon coeur dépérira
yeehuaya
seulement un petit instant
près de toi, à tes côtés
ohuaya ohuaya

Il trouble notre coeur,
celui par qui l'on vit,
il nous enivre ici,
Ahuaya Oohuaye.
Personne, vraiment, n'offense
celui qui commande sur terre
ohuaya ohuaya...

(L'empereur Nezahualcoyotl.)
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par W4x »

J'ai longtemps cherché à verbaliser ce sentiment, avant de m'apercevoir que ça l'avait été dans mon livre de chevet favori...
Richie a senti une sorte d'énergie démente et roborative monter et croître. Il a pris de la cocaïne huit ou neuf fois au cours des deux dernières années — surtout pendant des soirées ; il faut se méfier de la coke, en particulier quand on est disc-jokey en vue — et la sensation était presque la même. Sauf que celle qu'il éprouve aujourd'hui lui semble plus pure, avoir quelque chose de plus fondamental ; c'est comme une impression d'enfance, celle qu'il ressentait quotidiennement et qui lui paraissait alors aller de soi. Il suppose que s'il avait pu jamais s'interroger sur ce flux souterrain d'énergie, étant enfant (il ne se souvient pas l'avoir fait), il l'aurait considéré comme parfaitement naturel, comme la couleur de ses yeux et ses horribles doigts de pied trop gros.
Mais cela ne s'est pas avéré. Cette énergie dans laquelle on puise avec tant de profusion quand on est enfant, cette énergie qui paraît inépuisable, elle disparaît en douce entre dix-huit et vingt-quatre ans pour être remplacée par quelque chose qui n'en a pas l'éclat, loin s'en faut, et d'aussi factice qu'une euphorie à la coke: des intentions ou des buts, peu importe le terme, c'est l'esprit chambre de commerce. Ça se passe sans histoires, la disparition n'est pas instantanée, elle ne s'accompagne d'aucun éclat. Et peut-être, se dit Richie, est-ce là ce qui fait le plus peur. Cette façon de ne pas s'arrêter d'un seul coup d'être un enfant, avec un gros
boum ! comme un de ces ballons de clown qui explosent pour les besoins d'un gag. L'enfant qui est en soi fuit comme crève un pneu sans chambre : lentement. Un jour, on se regarde dans un miroir, et c'est un adulte qui vous renvoie le regard. On peut continuer à porter des blue-jeans, à écouter Bruce Springsteen, on peut se teindre les cheveux, mais dans le miroir, c'est toujours un adulte qui vous regarde.
Stephen King, Ça, 1986.
Mathematics is a game played according to certain simple rules with meaningless marks on paper. D.Hilbert

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Message par Emeraude33 »

Même remarque que dani... quels sublimes partages ! Merci à vous (et aux auteurs...) !!
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Aubépines. »

J'ai un amour infini pour le personnage de Cyrano, découvert au collège...

"Le Bret.
Si tu laissais un peu ton âme mousquetaire
La fortune et la gloire…


Cyrano.
Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce,
Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ?
Non, merci. Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? Se changer en bouffon
Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d’un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? Une peau
Qui plus vite, à l’endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?…
Non, merci. D’une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l’autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S’aller faire nommer pape par les conciles
Que dans les cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d’en faire d’autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu’aux mazettes ?
Être terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : « Oh, pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François ? »…
Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême,
Préférer faire une visite qu’un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais… chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
"

(Cyrano de Bergerac, Acte II, Scène 8 - Edmond Rostand)

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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Kinemu »

W4x a écrit :J'ai longtemps cherché à verbaliser ce sentiment, avant de m'apercevoir que ça l'avait été dans mon livre de chevet favori...
Richie a senti une sorte d'énergie démente et roborative monter et croître. Il a pris de la cocaïne huit ou neuf fois au cours des deux dernières années — surtout pendant des soirées ; il faut se méfier de la coke, en particulier quand on est disc-jokey en vue — et la sensation était presque la même. Sauf que celle qu'il éprouve aujourd'hui lui semble plus pure, avoir quelque chose de plus fondamental ; c'est comme une impression d'enfance, celle qu'il ressentait quotidiennement et qui lui paraissait alors aller de soi. Il suppose que s'il avait pu jamais s'interroger sur ce flux souterrain d'énergie, étant enfant (il ne se souvient pas l'avoir fait), il l'aurait considéré comme parfaitement naturel, comme la couleur de ses yeux et ses horribles doigts de pied trop gros.
Mais cela ne s'est pas avéré. Cette énergie dans laquelle on puise avec tant de profusion quand on est enfant, cette énergie qui paraît inépuisable, elle disparaît en douce entre dix-huit et vingt-quatre ans pour être remplacée par quelque chose qui n'en a pas l'éclat, loin s'en faut, et d'aussi factice qu'une euphorie à la coke: des intentions ou des buts, peu importe le terme, c'est l'esprit chambre de commerce. Ça se passe sans histoires, la disparition n'est pas instantanée, elle ne s'accompagne d'aucun éclat. Et peut-être, se dit Richie, est-ce là ce qui fait le plus peur. Cette façon de ne pas s'arrêter d'un seul coup d'être un enfant, avec un gros
boum ! comme un de ces ballons de clown qui explosent pour les besoins d'un gag. L'enfant qui est en soi fuit comme crève un pneu sans chambre : lentement. Un jour, on se regarde dans un miroir, et c'est un adulte qui vous renvoie le regard. On peut continuer à porter des blue-jeans, à écouter Bruce Springsteen, on peut se teindre les cheveux, mais dans le miroir, c'est toujours un adulte qui vous regarde.
Stephen King, Ça, 1986.
C'est complètement fou que tu quotes ce passage.
Parce que ça, je l'ai lu y'a pas longtemps en format epub.
Et devine quel paragraphe j'ai surligné parce qu'il m'avait beaucoup émue...

Sinon une citation qui me plaît beaucoup :
He who fights with monsters should be careful lest he thereby become a monster. And if thou gaze long into an abyss, the abyss will also gaze into thee. - Nietzsche

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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Emeraude33 »

C'est dans ce genre de moment que je me rappelle pourquoi j'aime autant Nietzsche... :)

Deux courtes phrases de Jean d'Ormesson, extraites de son livre "La culture vivante" : “la culture est proche d'une façon d'être, d'un coup de foudre, d'une fête toujours inachevée du bonheur.”
“La culture est l'espace et le temps rendus sensibles au cœur.”
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Osia »

"Je fus possédé de la plus ardente curiosité relativement au tourbillon lui-même. Je sentis positivement le désir d'explorer ses profondeurs, même au prix du sacrifice que j'allais faire; mon principal chagrin était de penser que je ne pourrais jamais raconter à mes camarades les mystères que j'allais connaître. [...] Jamais je n'oublierai les sensations d'effroi, d'horreur et d'admiration que j'éprouvai en jetant les yeux autour de moi. Le bateau semblait suspendu comme par magie, à mi-chemin de sa chute, sur la surface intérieure d'un entonnoir d'une vaste circonférence, d'une profondeur prodigieuse, et dont les parois, admirablement polies, auraient pu être prises pour de l'ébène, sans l'éblouissante vélocité avec laquelle ils pirouettaient et l'étincelante et horrible clarté qu'elles répercutaient sous les rayons de la pleine lune, qui, de ce trou circulaire que j'ai déjà décrit, ruisselaient en un fleuve d'or et de splendeur le long des murs noirs et pénétraient jusque dans les plus intimes profondeurs de l'abîme".

Edgar Allan Poe, Une descente dans le maelström.

pfiou :whew:
«La vie, reprit-il, serait considérablement moins bizarre sans toi !»
(Douglas Adams, H2G2 V)

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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par landemoisan »

- Papi, t'es vieux!
- Heu , oui
Ses petits yeux me scrutent, inquiets peut-être.
- Tu sais Papi t'es juste un petit peu vieux.
- Oui, mais je trouve que c'est bien d'être un petit peu vieux, même bien vieux ça a beaucoup de charmes.
- C'est quoi charmes ?
- C'est quand on est content.
- Oui on peut raconter des histoires. Dis papi bientôt tu seras mort ?
- Oui mais je ne suis pas pressé.
- Je n'aurais plus d'histoires.
- Mais si ! Il y en a plein dans les livres et dans ta tête.
- Oui, tu sais l'histoire du loup, celui de la soupe de loup, je l'ai racontée à Florence.
- Tu as bien fait parce que , elle ne la connaissait sûrement pas.
- Non
- Tu pourras raconter d'autres histoires à d'autres amis.
- Oui, je les raconterai à mes petits enfants.
- Ah bon ! Tu auras des petits enfants ?
- Ben oui forcément, des enfants et des petits enfants, pour raconter les histoires.

ephcey
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par ephcey »

Une citation de John Peel, le légendaire DJ de la BBC, que j'ai trouvée en signature de pleins de gens de fora, et qui malgré un petit côté forcé, m'a toujours troublée :

"Somebody was trying to tell me that CDs are better than vinyl because they don't have any surface noise. I said, 'Listen, mate, *life* has surface noise."
Ça a débuté comme ça. Moi j'avais jamais rien dit. Rien.

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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par VictorMenard »

ephcey a écrit : dim. 31 déc. 2017 10:55 Une citation de John Peel, le légendaire DJ de la BBC, que j'ai trouvée en signature de pleins de gens de fora, et qui malgré un petit côté forcé, m'a toujours troublée :

"Somebody was trying to tell me that CDs are better than vinyl because they don't have any surface noise. I said, 'Listen, mate, *life* has surface noise."
Hors-sujet
Une petite gemme du grand John que je ne connaissais pas (la gemme). L'esprit du rock en une phrase. Toute une époque. Je me sens vieux mais merci quand même.
Autrefois j'étais indécis, mais à présent je n'en suis plus aussi sûr.

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Tiamat
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par Tiamat »

Comme beaucoup de faux misanthropes, qui, en réalité, aiment trop les humains pour les tolérer médiocres, il usait parcimonieusement du terme d'ami pour désigner un de ses semblables.

─ Pierre Desproges, Des femmes qui tombent

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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par enufsed »

Petit poème qui a marqué un tournant dans ma vision de la littérature, j'ai pas de traduction ni la certitude de le bien comprendre moi-même :tmi:

anyone lived in a pretty how town
(with up so floating many bells down)
spring summer autumn winter
he sang his didn’t he danced his did.

Women and men(both little and small)
cared for anyone not at all
they sowed their isn’t they reaped their same
sun moon stars rain

children guessed(but only a few
and down they forgot as up they grew
autumn winter spring summer)
that noone loved him more by more

when by now and tree by leaf
she laughed his joy she cried his grief
bird by snow and stir by still
anyone’s any was all to her

someones married their everyones
laughed their cryings and did their dance
(sleep wake hope and then)they
said their nevers they slept their dream

stars rain sun moon
(and only the snow can begin to explain
how children are apt to forget to remember
with up so floating many bells down)

one day anyone died i guess
(and noone stooped to kiss his face)
busy folk buried them side by side
little by little and was by was

all by all and deep by deep
and more by more they dream their sleep
noone and anyone earth by april
wish by spirit and if by yes.

Women and men(both dong and ding)
summer autumn winter spring
reaped their sowing and went their came
sun moon stars rain

E. E. Cummings, 1894 - 1962

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madeleine
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par madeleine »

:amour7: :amour7: :amour7:
Merci pour le partage
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
avec l'aimable autorisation de P.Kirool

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VictorMenard
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par VictorMenard »

@enufsed, poster des brainfuck pareils au milieu de mon insomnie, c'est moche.

Il me semble avoir entendu des morceaux de ce truc dans une série, sur Netflix probablement. Un truc dégueu genre gore.
Autrefois j'étais indécis, mais à présent je n'en suis plus aussi sûr.

enufsed
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par enufsed »

Petits bouts de textes qui me touchent ici et là glanés que j'essaye de faire découvrir. Pour l'instant je reste sur des poèmes, c'est quand même moins long à recopier ;)

Ce soir Franck Venaille - Chaos 2006
Ce qui demeure.
Des sentiments jetés là, dans le bas de l'armoire.
Dans l'odeur tenace du passé.
Après tous ces jours & autant de nuits à veiller.
M'interrogeant sur cette forme de souffrance rarement mesurable.
Mais qui crie, là, en mineur, dans le bas de l'armoire mineure.
Et qui, c'est certain, a mal.
Que dire à ce qui geint au fond de ce meuble ?
C'est gai dehors, mais tristement l'intérieur.
Que dire à l'autre moi-même ?
Et que veut-il entendre, sentir, comprendre ?
La meute dans laquelle, à deux, on se choisit un lit pour deux.
Les passions contrariées.

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nemo
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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par nemo »

"Quand même j’aurais pu vérifier le contenu entier du billet, — le sens complet de l’avertissement que mon ami avait ainsi essayé de me donner, — cet avertissement, m’eût-il révélé l’histoire d’un désastre affreux, ineffable, n’aurait pas, j’en suis fermement convaincu, pénétré mon esprit d’un dixième de la maîtrisante et indéfinissable horreur que m’inspira ce lambeau d’avis reçu de cette façon. Et ce mot, — sang, — ce mot suprême, ce roi des mots, — toujours si riche de mystère, de souffrance et de terreur, — comme il m’apparut alors trois fois plus gros de signifiance ! — Comme cette syllabe vague, — détachée de la série des mots précédents qui la qualifiaient et la rendaient distincte, — tombait, pesante et glacée, parmi les profondes ténèbres de ma prison, dans les régions les plus intimes de mon âme !"

Edgar Poe, Aventures d'Arthur Gordon Pym, Tigre enragé.

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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par dani »

Alors je ne sais pas si ses mots me touchent, mais j'aime bien Grand Corps Malade et là son slam (sa fable) est bien habile, sur le langage du corps sur France Inter

[BBvideo=560,315]http://www.youtube.com/watch?v=_xDxHYmd3BE[/BBvideo]
Rien ne vous emprisonne excepté vos pensées, rien ne vous limite excepté vos peurs, rien ne vous contrôle excepté vos croyances. (Marianne Williamson)

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Re: Ces mots qui vous touchent...

Message par enufsed »

J'avais une discussion récemment au sujet des voyages, je n'arrivais pas à définir pourquoi j'avais un sentiment mélangé relativement à ça, la peur d'être dans une consommation et d'y chercher les mauvaises choses. Aujourd'hui alors que je bosse sur un devoir en lettres, j'ai relu un peu de Sénèque et comme souvent voilà qu'on dépasse le propos initial pour s'élever vers un questionnement sur l'existence (texte issu de De la tranquillité de l'âme) :

Le propre du malade, c'est en effet de ne rien supporter longtemps, et de chercher un remède dans le changement. C'est pourquoi l'on entreprend des voyages sans but; on parcourt les rivages; un jour sur mer, le lendemain sur terre, partout on manifeste la même instabilité, le même dégoût du présent. [...] Ainsi on adopte un chemin après l'autre, on échange des spectacles les uns contre les autres. Comme dit Lucrèce : "Ainsi chacun ne cesse de se fuir lui-même".[...] À quoi cela sert-il, si on ne s'échappe pas à soi-même ? Car on se suit soi-même, importun compagnon qu'on n'arrive pas à semer. Nous devons le savoir : ce ne sont pas les défauts du milieu dont nous souffrons, ce sont les nôtres. Nous sommes trop faibles pour tout endurer; nous ne supportons longtemps ni le travail ni le plaisir, ni nous-mêmes, ni quoi que ce soit. Cet état conduit parfois certains au suicide, parce que, en changeant souvent de desseins, on retombe toujours sur les mêmes, sans plus laisser de place à la nouveauté; ils commencent à se dégoûter de la vie et du monde lui-même; en eux s'insinue la question qui empoisonne toute jouissance : "toujours la même chose, ah! jusques à quand ?".

À la suite de cette lecture, je vous invite aussi à lire les immenses pages de Pascal sur le divertissement (ça se trouve facilement sur le net).

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