NB : afin qu'ils ne soient pas "discutables", les chiffres que je vais exposer sont ceux du CEA, d'EDF, du ministère de l'industrie, d'universités, cour des comptes ou d'Areva. Les articles sont pris sur des médias dit "institutionnels", mais il faut bien prendre conscience qu'EDF dépense plus de 118 millions d'euros en publicité (40% dans la presse écrite) et supporte assez mal qu'un périodique vendant du temps de cerveau disponible puisse dans le même temps être critique envers la politique d'EDF, voir comment le journal La Tribune a été sanctionné.
L'histoire de la fission nucléaire commence, début 1939, par une indiscrétion de Bohr (celui de la physique quantique) après que Lise Meitner et Otto Frisch lui aient parlé de cette théorie. Fin 1939, les publications fleurissaient un peu partout (merci WIKI).
Principe :
Voyons ici le cycle tel qu'il est présenté.
Extraction : d'où vient l'uranium fissionné en France ? A 50% du Niger, ensuite du Canada ou du Kazakhstan, d'Australie, Gabon et prochainement du Mali où la récente expédition militaire française a permis de sécuriser à la fois le nord du Niger et ses mines (voir Le Point.fr, Mediapart ou L'express) ainsi que sécuriser les nouvelles telles Imouraren au Niger ou Faléa au Mali.
Traitement du "combustible" usé : les produits de fission, ce qui reste une fois l'uranium complètement "déchargé".
Les barres de contrôle sont placées dans des piscines de "refroidissement" où elles vont passer de 2 à 7 ans (selon radioactivité) et dans lesquelles on va gentiment laisser les neutrons se calmer. Les déchets seront ensuite vitrifiés et... je vais y revenir plus loin.
Recyclage : certains réacteurs sont conçus pour fonctionner avec du MOX, 20 en France.
C'est en 1942 à Chicago que la première pile atomique (premier réacteur) a été mis en service, dans le cadre du projet Manhattan. La première centrale civile en 1954 aux USA (comme le premier sous-marin nucléaire), 1958 en URSS. Le premier réacteur français était militaire, la centrale de Marcoule en 1956, le premier réacteur civil français est mis en service en 1963, centrale de Chinon. Le général de Gaulle a été un des moteurs de cette nucléarisation de la France, la priorité était de construire une bombe atomique afin de garantir la sécurité du pays dans "l’équilibre de la terreur" de la guerre froide et pouvoir peser dans la géopolitique mondiale très mouvementée du moment. Le nucléaire civil a été développé ensuite afin de garantir l'indépendance énergétique de la France.
Valant mieux qu'un long discours, voilà l'évolution de la production nucléaire en France.
De 1966 à 1971, six réacteurs EDF sont mis en service, assurant 5% de la production. Le choc pétrolier du début des années 70 va encore accélérer le mouvement. Divers systèmes seront utilisés, en tout, 70 réacteurs civils seront construits, il y en a 58 encore en fonctionnement sur ces 70 (à savoir qu'aucun réacteur n'a pour l'instant été complètement démantelé, mais on y revient plus tard), assurant 75 à 80% de la production électrique française (petit graphique des constructions ici).
Quelques dates du nucléaire là.
Utilisation militaire :
Le CEA est créé en octobre 1945, 2 mois après Hiroshima, par le général de Gaulle sous l'impulsion de Raoul Dautry. La première "pile" française, "Zoé", voit le jour en 1948. Le contexte politique français de l'après-guerre étant très tumultueux, les gouvernements se succédant rapidement, ce n'est qu'au retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 que fût réellement prise la décision de fabriquer l'arme nucléaire. Le premier essai de bombe A (atomique) eut lieu 13 février 1960 en Algérie, 70 kilotonnes (kt (Hiroshima=15/20kt)), le premier essai de bombe H (thermonucléaire) le 24 août 1968 à Mururoa, 2,6 mégatonnes (Mt). L'armée nous le relate plus en détail.
Outre divers "vecteurs" de lancement, balistiques, avions, missiles embarqués sur porte-avions ou autres bateaux, la France dispose de 4 sous-marins à propulsion nucléaire lanceurs d'engins (SNLE). Ceux-ci ont une importance cruciale dans la force de dissuasion car ne pouvant être localisés (en principe), les silos de lancement étant précisément cartographiés grâce aux satellites (une petite infographie des "forces").
Connaissez vous la véritable histoire de Robin des Bois ?
Oui, jusque là, tout ce que j'ai dit relève plutôt de la rubrique "Sciences" que de celle "Débats de société".
Un autre terme important: "demie-vie". "La demi-vie est le temps mis par une substance (molécule, médicament ou autres) pour perdre la moitié de son activité pharmacologique ou physiologique." (WIKI)
Concrètement, en ce qui concerne la radioactivité, on parle de demi-vie lorsque l'isotope a perdu la moitié de sa dangerosité, mais cette perte est négativement exponentielle. par exemple, le plutonium a une demi-vie estimée à 24000 ans, mais après 24000 ans de plus, la perte de radioactivité sera de la moitié de cette moitié, donc 1/4, il faudra donc 72000 ans pour que le plutonium n'affiche plus qu'un huitième de sa radioactivité initiale, etc...
Prenons spécifiquement deux isotopes, l'un parce qu'il est sans doute un des plus dangereux, l'autre car c'est celui que nous avons en plus grande quantité.
Plutonium, 24 000 ans.
Uranium, trois isotopes "naturels", l'U238, 4,5 milliards d'années, U235, 700 millions d'années, l'U234 est dans l'U238, trois isotopes "artificiels", l'U236, 23 millions d'années, l'U233, 159 000 ans, l'U232, 23 millions d'années.
Quelles quantités de déchets ?
L'ANDRA nous montre que le stock de déchets atteint 1,3 km cube, plus de deux pyramides de Khéops, nous devrions en remplir une autre d'ici 2020, nous devrions en avoir rempli 5 en 2030. Ceux-ci sont répartis sur plus de 1100 sites mais difficile de les connaître tous.
_ environ 272 000 tonnes d’uranium appauvri, 165 000 tonnes sur le site AREVA du Tricastin (26), environ 100 000 tonnes sur le site AREVA de Bessines-sur-Gartempe (87) et 176 tonnes sur les sites CEA
_ 80 tonnes de plutonium".
Mais si on regarde le document remis à l'AIEA et retranscris ici par global-change, on voit que le stock de plutonium en France était déjà de 294 tonnes en 2006.
Le secteur du nucléaire est classé secret-défense (je ne connais pas le bon terme), et le secret est effectivement de mise. Un bon exemple que je connais car mon frère a travaillé dans l'entreprise en question à faire des mini-réactions pour je ne sais quoi, on lui avait dit qu'il travaillait pour la métallurgie tel qu'indiqué par l'ANDRA et il suffit de regarder ce document de l'institut des Risques Majeurs pour voir qu'il est indiqué qu'en fait l'entreprise faisait du combustible nucléaire, et pis en fait la CRIRAD montre que l'entreprise faisait des munitions à l'uranium appauvri. Pour ceux qui le souhaitent et qui sont calés, une démonstration ici de la WISE (plutôt antinucléaire) met en lumière certaines incohérences dans les discours officiels. Les énormes et répétés mensonges de TEPCO à Fukushima donnent beaucoup de grain à moudre aux antinucléaires.
Radioactivité et santé :
Je vais laisser le professeur André Aurengo, membre de l'Académie nationale de médecine, spécialiste en médecine nucléaire expliquer brièvement les dangers, dans le figaro. 1 gramme de plutonium tue en quelques heures, quelques jours si vous êtes de bonne constitution. Une étude très sérieuse du gouvernement allemand (pas trouvé le lien) a mis en évidence une augmentation sérieuse des leucémies chez les enfants habitant près d'une centrale nucléaire, et d'autres études tendraient à dire la même chose.
Et Robin des Bois, alors ?
Robin des Bois (non, ce n'est pas une histoire de Disney), ou Robin de Locksley, est un fidèle vassal de Richard cœur de Lion, roi d'Angleterre à la fin du 12ème siècle. Robin apparaît dans des poèmes au début du 16ème siècle et prendra réellement corps dans le roman "Ivanhoé" de Walter Scott en 1819. Mais qu'en est-il, en vrai?
Deux universités en Angleterre travaillent sur ce sujet de la réalité de son existence, il semble que non, il ne serait qu'un mythe, mais aucune certitude, ni dans un sens, ni dans l'autre.
Voilà, c'est vraiment le truc qui me ... Nous ne sommes pas capables de savoir si un héros vieux de 800 ans a existé ou non et nous créons du poison qui, dans 24 000 ans, ne tuera plus en une journée mais en quelques semaines, 48 000 pour qu'il tue en quelques mois. Et nous n'avons strictement aucune idée de quoi en faire sinon le rêve de maîtriser la fusion nucléaire pour les consumer ainsi.
8,5kgs de plutonium suffisent à faire une bombe thermonucléaire, combien en fait-on avec 300 tonnes ?
Nucléaire et économie :
On nous vend le nucléaire comme le plus écologique mais aussi comme le plus économique.
La dette d'EDF avoisine les 40 milliards pour un CA de 75, la dette de RTE (transports d'électricité) 7,5 milliards pour un CA de 4,7, dette d'Areva 4,5 milliards pour un CA de 9,5. Et encore, ces dettes sont dopées par la durée de vie allongée des centrales, prévues pour 30 ans,40 maintenant, et sans doute 60 pour la plupart, qui permettent un amortissement plus long.
EDF nous dit avoir provisionner 10,4 milliards d'euros afin de financer le démantèlement des centrales, l'objectif étant de provisionner 18 milliards pour le démantèlement des 67 réacteurs (58 en service plus 9 déjà arrêtés). Ce rapport de la cour des comptes relève qu'EDF a choisi l'estimation la plus basse par rapport aux "standards" internationaux dans une fourchette qui allait de 18 à 62 milliards. Il indique aussi que la gestion des déchets coûtera 23 milliards à EDF (28 en tout, Areva et le CEA étant les deux autres payeurs), que son obligation d'investissement pour la maintenance du parc actuel coûtera 55 milliards au lieu des 25 prévus, et que le fonctionnement coûte environ 20 milliards d'euros par an (je vous la fais courte). L'EPR de Flamanville devait coûter 3 milliards, il devrait en coûter 12.
EDF estime à 1,7 milliard le coût du démantèlement des 9 réacteurs déjà à l'arrêt, soit 190 millions d'euros par réacteur, estimation réalisée par la commission PEON dans les années 70. La centrale de Brennilis avait un coût de démantèlement estimé à moins de 50 millions, l'estimation d'aujourd'hui est de 480 millions alors qu'il n'est réalisé qu'à 50%, et encore, ce sont les plus faciles, restent tous les composants fortement radioactifs. Ici, ici, ou là, vous pouvez voir que les chiffres donnés par EDF sont fortement et presque unanimement jugés sous-estimés, tout comme les compétences d'EDF en matière de démantèlement. Je ne suis volontairement pas allé sur les sites antinucléaires, mais des physiciens très sérieux et intelligents estiment que la facture totale du démantèlement du parc nucléaire français pourrait atteindre 700 milliards d'euros...
Voilà, ce n'était qu'un pas si petit résumé avec mes modestes compétences, je suis désolé pour les chiffres parfois un peu incohérents, mais trouver des informations fiables n'est pas aisé, EDF, Areva ou le CEA ne donnent même pas forcément les mêmes.
Même si je sais que mon opinion transparaît, j'espère avoir été aussi neutre que possible afin de respecter ce sujet qui est un vrai débat de société, puisqu'il obligera nos enfants, les leurs, et ainsi de suite pendant bien longtemps, à gérer un problème pour lequel ils n'avaient rien demandé. Si vous avez des précisions, je pense principalement aux physiciens du forum, corriger les erreurs que mon inculture aurait laissé passer, je suis preneur.