La marginalité, plus ou moins prononcée ?

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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CoxyNEL
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La marginalité, plus ou moins prononcée ?

Message par CoxyNEL »

Bonjour / Bonsoir,

Je vous lis depuis longtemps et j'écris énormément, mais pas ici, j'ai très peu contribué. Pourtant identifié THQI il y a pas mal d'années, je ne me sens pas forcément très en phase avec ce que je lis ici. Je ne constate pas le décalage extrêmement important que je ressens depuis tout petit avec le reste de mes semblables. Peut-être que je me trompe, si tel est le cas je m'en excuse. Mais je n'ai pas trop trouvé comment écrire ici. Cela rajouté au fait que je trouve les mots très réducteurs, ceux-ci ne permettant pas de saisir l'intégralité d'un échange, loin de là.

Bref, "marginal", Voilà un mot que j'ai entendu cet après midi à la radio, en voiture, et qui m'a interpellé. Il était utilisé de manière résolument négative, pour désigner ce qui s'avéra être de futurs criminels, alors que je l'emploie au contraire de manière résolument positive. J'ai senti, chaque fois que ce mot était prononcé, une profonde négativité dans le ton (en clair, il y a "nous", les gens "normaux", et les autres, les "marginaux"). Pourtant, tout ce qui sort du conformisme et du grégarisme est pour moi positif, un pas de plus vers l'indépendance d'esprit et bien plus encore. Cela va bien sûr à l'encontre des valeurs moutonnistes largement prônées par les états. Le grégarisme ou le concept de majorité me dépriment intellectuellement. Je ne vais pas développer ma pensée, peut-être que ce sujet n'intéressera absolument personne.

Mais en résumé, je suis un profond marginal, à bien des égards, a des degrés difficilement concevables pour la plupart des gens que je croise (je le constate chaque jour, je dois préciser des tas de choses évidentes pour moi mais extraordinaires ou peu communes pour les autres), y compris pour la plupart d'entre vous. Que ce soit au niveau de la façon de vivre, des activités, des idées, du recul que l'on a (à mon avis le point le plus significatif), des actes, je suis indéniablement marginal. Je rentre dans cette case pour beaucoup de mes semblables, moi qui ait horreur des cases.

Mais la question n'est pas de parler de moi, ce qui m'intéresse c'est de comprendre comment résonne ce mot pour les autres, et donc pour vous sur ce forum en particulier. Comment des personnes qualifiées de HPI, qui pensent "différemment", et qui peuvent donc se sentir marginales à différents degrés, éprouver des difficultés, envisagent ce terme ? Ce mot a-t-il une signification pour vous ou pas du tout ?

Je vous envoie toutes mes meilleures ondes.

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PointBlanc
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Re: La marginalité, plus ou moins prononcée ?

Message par PointBlanc »

CoxyNEL a écrit : ven. 16 août 2024 23:25Comment des personnes qualifiées de HPI, qui pensent "différemment", et qui peuvent donc se sentir marginales à différents degrés, éprouver des difficultés, envisagent ce terme ? Ce mot a-t-il une signification pour vous ou pas du tout ?
Je crois pouvoir affirmer que je vis en marge, en dépit du fait que je suis fonctionnaire et que je justifie mon salaire en interagissant à longueur de jour. J'ai appris à le faire, mais qu'il s'agisse des gens que je côtoie dans le cadre de ma profession ou de la quasi-totalité de ceux que je peux fréquenter par ailleurs, je suis bien obligé de constater, après des décennies passées à m'efforcer de me dissimuler cette évidence, que je n'ai pratiquement rien à partager avec personne. Je ne parle même pas de centres d'intérêt, de passe-temps, que sais-je : ce sont leurs grandes joies qui me sont étrangères, leurs chagrins, leurs attachements. Je dois constamment me mordre la langue quand on me fait état d'un bonheur ou d'un drame et m'échiner à réagir d'une manière à peu près convenable - non que je croie que n'importe que ce qui m'arrive à moi : c'est plutôt que tout me paraît relever du même grand "c'est comme c'est". Il n'est pas simple de vivre au milieu de gens qui ont des besoins dont on comprend peu ou prou le principe, mais dont on ne se sent pas touché soi-même.

J'ai passé l'été sans sortir ou presque de chez moi, et je n'aurai pas parlé plus de dix heures en sept semaines. Je n'ai pas écouté de musique, je n'en écoute plus ces derniers temps. J'ai lu, écrit, occupé les heures, et je n'ai pas trouvé plus ni moins de sens à faire l'une ou l'autre de ces choses. Je me suis quelquefois senti seul ou désœuvré, mais beaucoup plus souvent je me suis senti satisfait, comblé vraiment. Les autres ne m'ont pas manqué, ni le monde au-delà de ce dont j'ai l'usage au quotidien. Si c'est la marge, cela, j'y vis à mon aise, je laisse le reste à qui veut.
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

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InMedio
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Re: La marginalité, plus ou moins prononcée ?

Message par InMedio »

Pour moi la marginalité, c'est le bord du disque de la Société (oui parce qu'on vit dans une société).
Si la société est un disque, probablement porté par 4 éléphants eux-même juchés sur le dos d'une tortue qui dérive dans l'univers mais c'est un autre sujet, si c'est un disque disais-je, plus on va vers le centre plus il y a de monde, d'interactions, de choses connues et comprises, de normalité et d'habitude, c'est le coeur de la Société quoi. Si on va vers le bord, il y a de moins en moins de monde et d'interactions, de plus en plus d'inconnu et de choses nouvelles à découvrir, à essayer. La Société s'étend lentement vers les bords, dans toutes les directions et grandit constamment en incorporant toutes les étrangetés, les nouveautés qui ont été à un moment découvertes à la marge, au bord, et plus la Société s'étend, plus ce qui était au bord se rapproche du centre qui grossit. Cela dit plus le disque est grand plus on se rend compte que le bord grandit aussi. Il y a de plus en plus de marges à aller explorer, mais il faut aller de plus en plus loin du centre.

La Société étant peuplée de gens qui ont entre autres pour caractère d'être plutôt à l'aise vers le centre ou vers le bord, (pour moi c'est l'opposition entre conformisme et marginalité) ils s'y déplacent en fonction de leurs préférences.
Certains sont donc attirés vers la marge. D'un côté c'est dangereux car quand on va trop au bord on prend le risque de tomber et ne plus être considéré "dans" la Société. D'un autre côté c'est excitant car quand on aime la nouveauté, c'est là qu'on la trouve et on contribue à pousser le bord et faire venir les gens qui aiment quand il y a du monde et des choses nouvelles mais pas trop. Ce qui nous amène à repartir un peu plus loin en quête de solitude et de nouveauté.

Au final pour moi les marginaux sont nécessaires au renforcement de la Société, à son expansion par la créativité, la découverte de l'inconnu, l'expérience de la nouveauté, l'imagination. Cela dit, ils sont mal vus et mal compris des conformistes dont les goûts sont à l'opposé et qui ne comprennent pas cet attrait pour la marge : Ils aiment les normes et les cases, les frontières et les séparations nettes entre les choses du monde. Pour eux ce sont de très bonnes choses à conserver.
Et ce dégoût est réciproque ; les gens très marginaux détestent faire comme tout le monde, d'ailleurs les autres sont des moutons, des grégaires sans imagination. Les deux groupes bien marqués se repoussent l'un l'autre et tout est pour le mieux, sauf quand ils se rencontrent par inadvertance et sont frappés chacun d'incompréhension.

Je crois qu'on pourrait faire de même avec les curseurs des autres traits de personnalité un peu poussés à l'extrême.

Quant à moi je me sens un peu marginal mais pas trop.

Voilà j'espère que ma petite histoire en forme de gros pavé a été compréhensible.
Vous ne pouvez pas prouver que quelque chose n'existe pas, mais vous pouvez conclure qu'il n'y aucune raison de penser que ce quelque chose existe.
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Re: La marginalité, plus ou moins prononcée ?

Message par Brunehilde »

CoxyNEL a écrit : ven. 16 août 2024 23:25 ...
Bref, "marginal", Voilà un mot que j'ai entendu cet après midi à la radio, en voiture, et qui m'a interpellé. Il était utilisé de manière résolument négative, pour désigner ce qui s'avéra être de futurs criminels, alors que je l'emploie au contraire de manière résolument positive. J'ai senti, chaque fois que ce mot était prononcé, une profonde négativité dans le ton (en clair, il y a "nous", les gens "normaux", et les autres, les "marginaux"). Pourtant, tout ce qui sort du conformisme et du grégarisme est pour moi positif, un pas de plus vers l'indépendance d'esprit et bien plus encore. Cela va bien sûr à l'encontre des valeurs moutonnistes largement prônées par les états. Le grégarisme ou le concept de majorité me dépriment intellectuellement...
Il y a bien des manières d'être marginal, ça peut être par la pensée, par le physique, l'orientation sexuelle, l'empathie (dans son excès ou son absence)... Il y a mille et une manières de se retrouver dans un coin sombre que la société n'éclaire pas beaucoup.
Et surtout il y a des marginalités plus ou moins dommageables ou enrichissantes pour la société, et c'est peut-être là que le bât blesse, car d'un côté les "conformistes" ont peur de toutes les marginalités, et de l'autre les "marginaux" ont tendance à toutes les trouver bonnes.

Mais dans la marginalité on peut trouver des sociopathes, des génies, des leaders charismatiques, des gourous toxiques ou des paons albinos...
Donc préjuger que la marginalité dans son ensemble c'est bien ou mal n'a pas de sens quelque part.

On va rajouter à ça le fait qu'on peut avoir plusieurs marginalités à la fois dans un même individu, bonnes ou mauvaises, et que les marginalités dépendent en plus de la société dans laquelle on vit, et là on se rend compte que c'est un beau bordel tout ça :nesaitpas:

Le fléau à mon sens serait donc de rester camper sur son préjugé à la base quand on juge d'une personne dite "marginale" ou "conformiste".
Moi il me semble que je tire aussi plutôt du côté marginal, mais je suppose que je pourrais avoir l'air tout à fait conformiste selon la discussion et la personne en face, donc...

Et j'aime bien les paons albinos car il y a encore peu de temps il y en avait un dans un parc à côté de chez moi, et mon côté marginal me faisait me dire qu'il était intéressant.
Mais si ça se trouve c'était un paon exécrable pour ses congénères, va savoir ;)
Pourquoi se préoccuper des chevaux à rayures quand on peut chevaucher des loups !
:guitare

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Re: La marginalité, plus ou moins prononcée ?

Message par wallcreeper »

InMedio a écrit : sam. 17 août 2024 13:01 Pour moi la marginalité, c'est le bord du disque de la Société (oui parce qu'on vit dans une société).

Au final pour moi les marginaux sont nécessaires au renforcement de la Société, à son expansion par la créativité, la découverte de l'inconnu, l'expérience de la nouveauté, l'imagination. Cela dit, ils sont mal vus et mal compris des conformistes dont les goûts sont à l'opposé et qui ne comprennent pas cet attrait pour la marge : Ils aiment les normes et les cases, les frontières et les séparations nettes entre les choses du monde.
Réponse rapide pour cause d'agonie de mon ordi de mon vécu de "marginal", j'ose le dire... Je pourrais en dire plus plus tard

InMedio m'enlève les mots (maux ?) de la bouche de ce qui est de la norme sociale et ce sentiment de marginalité quand on n'y adhère pas...
Le lien avec une forme d'adhésion à un récit commun, une appréhension de notre environnement pas seulement du fait de notre éducation mais aussi de nos affects, des choix de vie restent prépondérants. J'ai toujours eu ce sentiment d'être marginal et de manière prononcée selon les renvois de mon entourage (pas proche mais périphérique). Personnellement, je porterai toujours plus d'intérêt à ce qui m'entoure qu'au récit d'une humanité, le chant d'un oiseau, un papillon batifolant, un projet d'une utopie (dystopie souvent pour les "normaux") qu'au récit actuel et les intérêts portés à la réalité d'une forme de société immuable et déconnectée, l'adhésion à une manière d'être parce qu'on devrait faire comme ça, l'air du temps, l'erre du temps...

Mais dans d'autres circonstances, se retrouvant sur la même lecture du monde et des affects communs, vivant dans un commun autour d'un autre récit, ce sentiment s'efface et alors les porteurs certes majoritaires de narratifs opposés s'y trouvent alors en marginalité, ne comprenant pas ce monde dans lequel ils gravitent alors. Le métavers d'un reste différent de celui d'autre, la question est combien adhèrent à cet univers et le discours commun pour générer cette norme, quelle qu'elle "soi".

Un échange entre protagonistes de mon entourage périphérique illustre cette situation, où une amie met en exergue la façon dont Wall vit, une personne qui me connait bien et qui interroge ma manière de faire dans le monde tel qu'il est, cette forme de sobriété heureuse sur fond permacole tout en maitrisant mon intégration dans "sa" société, cette personne elle même du monde agricole. Son interlocutrice fait remarquer que ce sont des choix de vie, tout autant opposables aux siens plus consuméristes avec les effets associés, à une forme de compétition sociale et son affect vis à vis de l'autre tout en étant en cohérence avec les attentes de chacun. Je digresse mais n'est ce pas le propre de mon statut, j'espère que celui qui est marginal parfois deviendra la norme, car dans certains cas c'est dans une idée d'un commun, présent et à venir. Et alors je fondrais dans la norme avec plaisir...
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. J. Richepin

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Re: La marginalité, plus ou moins prononcée ?

Message par baptiste »

Si il y a une sujet dans lequel je me retrouve bien c'est celui de la marginalité, et ma réflexion serait : on est toujours le marginal de quelqu'un...

Je veux dire : techniquement je suis SDF depuis plus de vingt ans, mais pour ceux qui vivent à la rue je suis un bourgeois, vu que j'ai un camion, pour ceux qui vivent en camtar je suis un "sédentaire" vu que j'ai un endroit fixe ou le poser, pour ceux qui ont une maison je suis un "insérer un terme péjoratif" vu que je vis en camion (et à moitié dans une cabane qui je suis à peu près sur est plus petite la salle de bain de la plupart des gens ici). pour les autonomistes je suis un tricheur vu que je fais mes courses au super marché.

Bref je suis à la marge d'un million de catégories, sans toutefois pouvoir me reconnaitre dans aucune, donc au final, même si "marginal" est le terme dont on me qualifie le plus souvent, je suis simplement, irrémédiablement et définitivement : Moi
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Re: La marginalité, plus ou moins prononcée ?

Message par Pascalita »

Je ne peux certainement pas être qualifiée de marginale au sens social du terme, que ce soit au sens un peu négatif dont beaucoup de gens considèrent sans doute la vie de baptiste ou très négatif (touchant à la criminalité, ou en tout cas au délit) de l'exemple radiophonique que tu donnes.

Je suis peut-être dans les marges en revanche pour certaines façons de penser ou de réagir ; je le constate parfois dans les discussions, y compris avec des gens dont je me sens plutôt proche, ou avec lesquels je me sens généralement sur la même longueur d'ondes. Je ne saurais quantifier dans cette manière parfois différente de penser ou de ressentir ce qui relève du hpi et ce qui relève du vécu, de l'histoire de vie - laquelle est forcément imprégnée elle-même du hpi, mais là encore, comment savoir de quelle manière et à quel degré ?
Plus que "dans la norme" ou "à la marge", je me suis toujours sentie "différente", "pas comme les autres" - mais d'une manière instinctive, justement, pas raisonnée, pas analysable. D'ailleurs c'est paradoxal parce que j'ai toujours pensé que ça devait être le cas de tout le monde, puisque personne n'est pareil, donc ça en devient encore plus subjectif... En tout cas, même si j'ai souffert parfois de me sentir incomprise, je ne me suis jamais sentie marginale (comme si c'était quelque chose de rhédibitoire, et au sens négatif).

En réfléchissant au sujet hier, je me suis dit ce qu'explique très bien baptiste : on est toujours le marginal de quelqu'un. Il faut une majorité pour être dans la minorité, un courant mitan pour en être en marge. Mais en effet, la négativité sera toujours portée sur la minorité, la marge, ceux qui sont différents de la norme, quelle qu'elle soit. Réflexe de peur, de protection, de réassurance... On a besoin d'être sécurisé, on se sent sécurisé par l'appartenance à un grand groupe qui définit ce qu'est la norme, et on est donc méfiant à l'égard de tout ce qui est en marge.

En revanche, il me semble tout de même y avoir une explication à l'association entre marginalité (fait d'être à la marge de la société) et criminalité : le cadre social (carcan parfois) fournit aussi un cadre moral ; être en dehors du cadre social implique de définir soi-même ses principes moraux, ou de se rallier à ceux en vigueur dans le groupe minoritaire, marginal, auquel on appartient. (Sans compter qu'on peut être marginal par choix... ou non. Je pense que beaucoup parmi les gens qui sont, de fait, marginaux préfèreraient être intégrés dans la société.)

Au-delà, définir moi-même mes principes de vie et réfléchir à mes actes et à mes positions, valider ce qui m'a été transmis (ou non, c'est selon), ça m'est essentiel, tout comme essayer de ne pas me considérer comme la mesure de tout (ce qui aide, je pense, à ne pas être trop binaire dans ses conceptions et ses jugements), mais c'est difficile. Exigeant, mais aussi objectivement ardu parce qu'on voit forcément les choses par son bout de la lorgnette et il est très difficile de changer de point de vue (je ne sais donc pas si j'y arrive).
Ceci pour dire que le grégarisme et le conformisme sont sans doute des postures plus faciles pour traverser la vie... et que je pense qu'on est toujours dans une tension entre une force centrifuge et une force centripète, du moins pour ce qui relève d'une forme de choix conscient entre la norme (notamment sociale) et les marges.


Édit :

- Je partage ton sentiment concernant les mots, réducteurs, insuffisants, si souvent inaptes à dire réellement, correctement, précisément.

- Je ne comprends pas bien ce passage de ton post :
Pourtant identifié THQI il y a pas mal d'années, je ne me sens pas forcément très en phase avec ce que je lis ici. Je ne constate pas le décalage extrêmement important que je ressens depuis tout petit avec le reste de mes semblables. Peut-être que je me trompe, si tel est le cas je m'en excuse.
La première et la deuxième phrase me semblent contradictoires, je n'arrive pas à saisir ce que tu veux dire...

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Animal
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Re: La marginalité, plus ou moins prononcée ?

Message par Animal »

Salut la compagnie.
Un bail que j'ai pas ramené ma fraise, mais là j'ai bien envie de poser quelques mots, car je suis moi-même perçu comme marginal au village, sans prétention... :P D'ailleurs, je vis géographiquement un peu en marge, pour commencer. Être marginal, n'est-ce pas simplement n'être pas conforme ? Mais conforme à quoi ? Et puis, le conformisme n'est-il pas un choix dérivé de l'instinct grégaire ?

Je n'ai pas de problème à me conformer à ce qui est d'abord conforme à la nature humaine, à ce qui nourrit correctement les besoins de cette nature. Une société bienveillante par exemple, qui prend soin des plus faibles, qui n'est pas organisée pour favoriser les plus avides au détriment des "gentils" (le mot est d'ailleurs symptomatiquement devenu méprisant, presque une insulte). Une société qui permet de vivre en paix, extérieurement et intérieurement, qui encourage la beauté des créations, la douceur, le respect, l'entraide, plutôt que la rentabilité, la domination, la coercition soit-disant nécessaire pour la paix sociale... avec quel résultat...

Peut-on seulement s'intégrer à une société "brutale pour notre bien" ? Est-ce à dire, au fond, que la nature humaine est si mauvaise qu'il faille la contraindre pour obtenir un semblant de paix, la dresser par punition/récompense (en appelant ça "éducation") ? Et est-ce vraiment la nature humaine qui produit une telle organisation, ou une pathologie contagieuse de peur constante ? Quand je regarde honnêtement en moi, j'ai ma réponse.

Je n'ai pas décidé d'être marginal, il ne s'agit pas pour moi de démarquer mon identité. Je n'ai simplement pas pu sacrifier ma cohérence interne pour m'adapter à ce que je considère être une dissonance cognitive généralisée. Je ne crois pas qu'on puisse être heureux, s'épanouir dans une arène, une compétition permanente pour posséder, poussé par l'envie et par la crainte de finir comme les malheureux perdants obligés de mendier pour survivre, dont les souffrances visibles ne sont qu'un rappel du fameux vae victis.

Je ne crois d'ailleurs pas qu'on obtienne quelque reconnaissance que ce soit en se conformant à de telles règles. On obtient du pouvoir, des allégeances, un respect de façade dissimulant une crainte et souvent de la jalousie, des rancoeurs bien réelles. Je trouve que c'est d'ailleurs un piège très adapté à ceux qui souffrent de solitude, d'un sentiment d'exclusion dû à leur différence (suivez mon regard), d'autant que la société "valorise" leurs compétences en les rémunérant confortablement... pour peu qu'ils acceptent de les mettre au service... de quoi au juste ? Et à quel prix réel, en terme d'équilibre, de paix intérieure, de bonheur ?

J'ai été interpelé quelques fois, en regardant des documentaires sur des groupes humains "primitifs" qui n'avaient guère encore été en contact avec la "civilisation", par leur joie vivre, les sourires lumineux des enfants, la tranquillité qui émanait de leurs regards. Par rapport au reste du monde, ce sont des marginaux, mais ils ne semblent pas en souffrir. Peut-être parce qu'ils vivent dans une société plus adaptée à leur (et à la) nature, plus harmonieuse, et pas atomisés comme les marginaux "civilisés" ? Peut-être aussi parce qu'en dehors de leur territoire (auquel ils s'adaptent), ils ne perçoivent pas l'immensité des terres possédées (à plus d'un titre), modelées au gré des hubris mortifères ?
Brunehilde a écrit : sam. 17 août 2024 18:02 Mais dans la marginalité on peut trouver des sociopathes
J'ai eu vent d'une étude (qui m'a semblé sérieuse mais dont je n'ai pas la source ici) qui trouvait un taux de ce genre de profil bien plus élevé dans les postes de pouvoir (hauts gradés, hauts fonctionnaires...) qu'en population générale. Et ça me semble logique, sociopathes comme psychopathes ne sachant qu'avoir des relations de pouvoir dénuées d'empathie. Je crois même que la paranoïa les caractérise.
Certes on peut en trouver partout, comme Unabomber dans sa cabane, mais je pense qu'au départ, la plupart des marginaux peine simplement à s'adapter socialement, et j'en connais pas mal qui sont simplement "trop gentils"...

Mais je suis d'accord sur le fond, on ne peut pas émettre un jugement général valable sur les marginaux. D'ailleurs à quoi cela servirait-il, à part arrêter le questionnement voire stopper l'exploration du phénomène ?

Merci @CoxyNEL pour ce sujet :)
"Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade."
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