Les mêmes codes sociaux non, car pour moi c'est un concept qui est assez large pour qu'on partage tous les mêmes et que j'envisagerai plutôt comme un taux de maîtrise de ces dits-codes, pour le reste ouiDuhig a écrit : ↑ven. 31 janv. 2020 16:24 À Taem, en réponse au dernier message : Grâce au livre tu as pu apprendre à relativiser le fait de ne pas avoir les mêmes codes sociaux et les mêmes prismes de compréhension que des personnes dont tu partages certaines des caractéristiques (age, milieu, cursus, éventuellement orientation politique, idéaux, etc.), pas forcément toutes à la fois. C'est ça ?
Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
[mod=TourneLune]Certains messages ont été supprimés, merci de rester dans la courtoisie. Respecter les formes aide grandement à l'échange [/mod]
Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Bonjour à vous,
Je n’ai pas lu ce livre (j’ai lu le précédent de Tinocco cela dit) mais si je me fie à vos derniers échanges, la “pensée surdouée” serait donc surtout le fait d’une forme de curiosité “naturelle”, c’est-à-dire qu’elle serait caractérisée par la nécessité de construire son point de vue par sa propre expérience, par impossibilité d’adhérer à une proposition sans en avoir établi la justesse auparavant par soi-même, c’est bien cela ?
Cela me semble un peu risqué comme postulat. Selon mon expérience, si les surdoués s’interrogent peut-être plus fréquemment que la moyenne sur les récits collectifs, ils échappent pourtant aussi peu aux mystifications actuels de la société que le reste de la population…
Les mécanismes de conformité aux normes sociales ou aux valeurs morales par exemple ne sont pas d’une pure nature intellectuelle : elles sont intériorisées bien avant d’être comprises. Il en va de même pour les croyances... Et s’il semble certain que le potentiel intellectuel permet de les remettre plus efficacement en question et surtout d’en prendre conscience de manière plus vive, on ne peut pour autant dire qu’il y aurait une posture naturelle chez le surdoué à la remise en question ou à la distance critique. La capacité ou propension à ne pas se fier aveuglément auxdits récits collectifs relève d’ailleurs surtout de l’éducation et du caractère de l’individu. Un individu d’intelligence moyenne mais très curieux et ayant eu une éducation où l’expression de sa propre opinion a été incitée et favorisée aura plus tendance à remettre en cause les récits collectifs qu’un individu très intelligent ayant été habitué à vivre sans se poser de questions et à suivre le chemin tracé pour lui.
Au fond j’ai l’impression qu’on en revient un peu au débat sur la distinction entre la douance et le génie, car le propre de l’œuvre géniale est bien de sortir du mode de pensée commun, ou du moins de la vision usuelle des choses, pour apporter une idée novatrice, ce qui ne va pas nécessairement avec un haut potentiel intellectuel (bien qu'on pourrait imaginer que ce dernier permette une intensité ou une subtilité plus haute qualitativement parlant). Mais n’ayant pas lu l’ouvrage dont il est question ici, comme je le disais au début de ce message, je suis peut-être complètement à côté de la plaque en fait...
Je n’ai pas lu ce livre (j’ai lu le précédent de Tinocco cela dit) mais si je me fie à vos derniers échanges, la “pensée surdouée” serait donc surtout le fait d’une forme de curiosité “naturelle”, c’est-à-dire qu’elle serait caractérisée par la nécessité de construire son point de vue par sa propre expérience, par impossibilité d’adhérer à une proposition sans en avoir établi la justesse auparavant par soi-même, c’est bien cela ?
Cela me semble un peu risqué comme postulat. Selon mon expérience, si les surdoués s’interrogent peut-être plus fréquemment que la moyenne sur les récits collectifs, ils échappent pourtant aussi peu aux mystifications actuels de la société que le reste de la population…
Les mécanismes de conformité aux normes sociales ou aux valeurs morales par exemple ne sont pas d’une pure nature intellectuelle : elles sont intériorisées bien avant d’être comprises. Il en va de même pour les croyances... Et s’il semble certain que le potentiel intellectuel permet de les remettre plus efficacement en question et surtout d’en prendre conscience de manière plus vive, on ne peut pour autant dire qu’il y aurait une posture naturelle chez le surdoué à la remise en question ou à la distance critique. La capacité ou propension à ne pas se fier aveuglément auxdits récits collectifs relève d’ailleurs surtout de l’éducation et du caractère de l’individu. Un individu d’intelligence moyenne mais très curieux et ayant eu une éducation où l’expression de sa propre opinion a été incitée et favorisée aura plus tendance à remettre en cause les récits collectifs qu’un individu très intelligent ayant été habitué à vivre sans se poser de questions et à suivre le chemin tracé pour lui.
Au fond j’ai l’impression qu’on en revient un peu au débat sur la distinction entre la douance et le génie, car le propre de l’œuvre géniale est bien de sortir du mode de pensée commun, ou du moins de la vision usuelle des choses, pour apporter une idée novatrice, ce qui ne va pas nécessairement avec un haut potentiel intellectuel (bien qu'on pourrait imaginer que ce dernier permette une intensité ou une subtilité plus haute qualitativement parlant). Mais n’ayant pas lu l’ouvrage dont il est question ici, comme je le disais au début de ce message, je suis peut-être complètement à côté de la plaque en fait...
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Le postulat comme tu l'écris ici n'est pas celui qui est développer de manière directe dans le livre. Un "surdoué", dans le sens entendu par l'auteur, n'a pas vocation à échapper aux récits collectifs ou à se construire exclusivement en dehors de ceux-ci. Il peut à la fois les admettre profondément, les rejeter en bloc ou encore se construire en appui sur ces derniers d'un une sorte d'aller-retour perpétuel. De plus, ta remarque sur la capacité à remettre en question cette distance et ce esprit critique via l'éducation mériterait selon moi plus d'explication, non pas que je ne sois pas d'accord avec cette idée plausible, mais pourrais-tu appuyer cette idée sur des exemples ou un développement qui t'amène à relier éducation et distance critique des récits collectifs ? J'entends bien par exemple qu'un enfant issu d'une éducation que l'on va dire alternative ou atypique sera plus enclin à remettre en cause les principaux systèmes de valeurs de la société actuelle, mais dans la vision de l'auteur, la pensée "surdoué" serait dans ce cas la faculté également de remettre en cause le propre cadre dans lequel l'enfant se sera construit, tout aussi alternatif ce dernier puisse être. De plus, tu parles qu'un individu très intelligent ayant été habitué à vivre sans se poser de questions suivra le chemin tracé pour lui, mais l'auteur ne mêle pas directement "l'intelligence" et la pensée "surdoué. Et quid des multiples personnes intelligentes élevés dans ce type de schéma qui finissent par remettre en cause les systèmes et chemins dans lesquels on les a "prédestiné" ?Gracian a écrit : ↑ven. 14 févr. 2020 16:03 Bonjour à vous,
Je n’ai pas lu ce livre (j’ai lu le précédent de Tinocco cela dit) mais si je me fie à vos derniers échanges, la “pensée surdouée” serait donc surtout le fait d’une forme de curiosité “naturelle”, c’est-à-dire qu’elle serait caractérisée par la nécessité de construire son point de vue par sa propre expérience, par impossibilité d’adhérer à une proposition sans en avoir établi la justesse auparavant par soi-même, c’est bien cela ?
Cela me semble un peu risqué comme postulat. Selon mon expérience, si les surdoués s’interrogent peut-être plus fréquemment que la moyenne sur les récits collectifs, ils échappent pourtant aussi peu aux mystifications actuels de la société que le reste de la population…
Les mécanismes de conformité aux normes sociales ou aux valeurs morales par exemple ne sont pas d’une pure nature intellectuelle : elles sont intériorisées bien avant d’être comprises. Il en va de même pour les croyances... Et s’il semble certain que le potentiel intellectuel permet de les remettre plus efficacement en question et surtout d’en prendre conscience de manière plus vive, on ne peut pour autant dire qu’il y aurait une posture naturelle chez le surdoué à la remise en question ou à la distance critique. La capacité ou propension à ne pas se fier aveuglément auxdits récits collectifs relève d’ailleurs surtout de l’éducation et du caractère de l’individu. Un individu d’intelligence moyenne mais très curieux et ayant eu une éducation où l’expression de sa propre opinion a été incitée et favorisée aura plus tendance à remettre en cause les récits collectifs qu’un individu très intelligent ayant été habitué à vivre sans se poser de questions et à suivre le chemin tracé pour lui.
Au fond j’ai l’impression qu’on en revient un peu au débat sur la distinction entre la douance et le génie, car le propre de l’œuvre géniale est bien de sortir du mode de pensée commun, ou du moins de la vision usuelle des choses, pour apporter une idée novatrice, ce qui ne va pas nécessairement avec un haut potentiel intellectuel (bien qu'on pourrait imaginer que ce dernier permette une intensité ou une subtilité plus haute qualitativement parlant). Mais n’ayant pas lu l’ouvrage dont il est question ici, comme je le disais au début de ce message, je suis peut-être complètement à côté de la plaque en fait...
Sur le dernier paragraphe, il m'est difficile de te répondre car j'ai l'impression que l'on ne parte pas d'une base commune. Le livre ne s'appuie à aucun moment sur le génie que représenterait la remise en cause des récits collectifs, il s'agit là il me semble de ton interprétation.
Je ne dirais pas que tu es à côté de la plaque ou non, mais par contre, il est vrai que cet ouvrage mérite d'être lu au moins pour avoir une base commune de réflexion sur ce que l'on est en train d'essayer de débattre. En effet, la pensée développée dans le livre se base sur une première partie d'environ 300 pages qui se construit à partir de postulat, d'axiomes et de corollaires. Il m'est difficile je trouve d'échanger sur ces notions si l'on ne part pas de la même base...
Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Ce que je disais à propos de l'éducation ne concerne pas nécessairement une éducation atypique (tu penses peut-être à l'éducation positive ?) Il peut tout simplement s'agir de favoriser l'esprit critique, la lucidité ou la capacité à se forger sa propre opinion. On connaît tous j'imagine des personnes très lucides et avec un regard critique sur les choses sans pour autant constater chez eux des capacités hors-normes, et d'autres très douées en ce qui concerne les performances intellectuelles et pourtant tout à fait dans le moule, si je puis dire.
Concernant ma remarque sur le génie : ce que je voulais dire, c'est que si la douance ou la pensée surdouée n'est plus restreinte au critère des capacités cognitives supérieures à tel seuil, alors on parle d'autre chose ou du moins il faut redéfinir les termes. Et ce que les auteurs semblent vouloir définir me fait penser à l'idée de génie car celle-ci implique justement l'idée de singularité, en plus de capacités cognitives relativement élevées (c'est ma définition personnelle du génie cela dit). Mais vraisemblablement l'affaire est plus compliquée que ça et il faudrait en effet que je lise le bouquin pour voir précisément de quoi il en retourne...
Concernant ma remarque sur le génie : ce que je voulais dire, c'est que si la douance ou la pensée surdouée n'est plus restreinte au critère des capacités cognitives supérieures à tel seuil, alors on parle d'autre chose ou du moins il faut redéfinir les termes. Et ce que les auteurs semblent vouloir définir me fait penser à l'idée de génie car celle-ci implique justement l'idée de singularité, en plus de capacités cognitives relativement élevées (c'est ma définition personnelle du génie cela dit). Mais vraisemblablement l'affaire est plus compliquée que ça et il faudrait en effet que je lise le bouquin pour voir précisément de quoi il en retourne...
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Personnellement je ne sais pas si je connais des personnes très lucides et avec un regard critique sur les choses sans l'associer à des capacités intellectuelles très supérieures, j'aurais plus tendance à voir des gens très lucides sur certains aspects (prenons l'exemple que j'ai d'un ami à tendance anti-capitaliste) qui savent se montrer performants pour pointer les dysfonctionnements du système libéral par exemple, mais qui n'aura pas le même zèle à voir le manque de perspective réaliste que son positionnement offre pour répondre à certaines questions de société. Pour le côté tout à fait dans le moule et performants intellectuelles, là-oui j'imagine déjà beaucoup mieux ! Donc pour la première catégorie de personnes dont tu parles je m'en remets à ton expérience car elles doivent bien exister si tu le disGracian a écrit : ↑jeu. 27 févr. 2020 01:15 Ce que je disais à propos de l'éducation ne concerne pas nécessairement une éducation atypique (tu penses peut-être à l'éducation positive ?) Il peut tout simplement s'agir de favoriser l'esprit critique, la lucidité ou la capacité à se forger sa propre opinion. On connaît tous j'imagine des personnes très lucides et avec un regard critique sur les choses sans pour autant constater chez eux des capacités hors-normes, et d'autres très douées en ce qui concerne les performances intellectuelles et pourtant tout à fait dans le moule, si je puis dire.
Concernant ma remarque sur le génie : ce que je voulais dire, c'est que si la douance ou la pensée surdouée n'est plus restreinte au critère des capacités cognitives supérieures à tel seuil, alors on parle d'autre chose ou du moins il faut redéfinir les termes. Et ce que les auteurs semblent vouloir définir me fait penser à l'idée de génie car celle-ci implique justement l'idée de singularité, en plus de capacités cognitives relativement élevées (c'est ma définition personnelle du génie cela dit). Mais vraisemblablement l'affaire est plus compliquée que ça et il faudrait en effet que je lise le bouquin pour voir précisément de quoi il en retourne...
En fait, l'approche du livre serait plus, schématiquement, que tout le monde possède les capacités du surdoué, mais que les """"neurotypiques"""" l'auraient plus ou moins inhibés.. Donc pas vraiment la question du génie (qui oui se réfère plus à une singularité, mais aussi à un contexte historique etc.. De Vinci devint un génie plusieurs siècles après son vécu par exemple).
Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
C'est intéressant car l'exemple que tu prends peut aussi bien servir à démontrer le second cas : nombre de personnes talentueuses et intelligentes aujourd'hui sont capables d'atteindre les plus hauts sommets de la société (à l'université, dans la politique ou ailleurs) et sont littéralement empêtrées dans leur vision de classe.
La lucidité pour moi participe justement à tirer les conclusions du monde dans lequel on vit : une société d'exploitation de l'homme par l'homme notamment... Le capitalisme reste quoiqu'on en dise un "fait" objectif, tout comme la crise environnemental dans laquelle celui-ci nous plonge. Pour autant, il ne suffit pas d'être anticapitaliste pour être surdoué comme tu le disais haha
Sinon je suis d'accord de dire que tout le monde possède un potentiel bien plus important en lui-même et et je pense même que dans une société véritablement épanouissante il y aura probablement plus de ce que l'on nomme des surdoués... Mais cela n'engage que moi encore une fois !
La lucidité pour moi participe justement à tirer les conclusions du monde dans lequel on vit : une société d'exploitation de l'homme par l'homme notamment... Le capitalisme reste quoiqu'on en dise un "fait" objectif, tout comme la crise environnemental dans laquelle celui-ci nous plonge. Pour autant, il ne suffit pas d'être anticapitaliste pour être surdoué comme tu le disais haha
Sinon je suis d'accord de dire que tout le monde possède un potentiel bien plus important en lui-même et et je pense même que dans une société véritablement épanouissante il y aura probablement plus de ce que l'on nomme des surdoués... Mais cela n'engage que moi encore une fois !
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
On se revoit par ici si tu lis ce livre un jour alors ! A plusGracian a écrit : ↑jeu. 27 févr. 2020 12:59 C'est intéressant car l'exemple que tu prends peut aussi bien servir à démontrer le second cas : nombre de personnes talentueuses et intelligentes aujourd'hui sont capables d'atteindre les plus hauts sommets de la société (à l'université, dans la politique ou ailleurs) et sont littéralement empêtrées dans leur vision de classe.
La lucidité pour moi participe justement à tirer les conclusions du monde dans lequel on vit : une société d'exploitation de l'homme par l'homme notamment... Le capitalisme reste quoiqu'on en dise un "fait" objectif, tout comme la crise environnemental dans laquelle celui-ci nous plonge. Pour autant, il ne suffit pas d'être anticapitaliste pour être surdoué comme tu le disais haha
Sinon je suis d'accord de dire que tout le monde possède un potentiel bien plus important en lui-même et et je pense même que dans une société véritablement épanouissante il y aura probablement plus de ce que l'on nomme des surdoués... Mais cela n'engage que moi encore une fois !
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Taem, je ne comprends pas pourquoi tu parles de "neurotypiques" dans ce contexte. Pour moi, ce terme renvoie à l'expression utilisée par certaines personnes sur le spectre autistique pour désigner ceux qui ne le sont pas. Ça n'induit donc pas logiquement ni génie, ni surdoué.
Tu peux préciser ta pensée?
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Rapidement en passant : les auteurs n'ont pas de mot pour désigner les "non-surdoués", d'autant plus qu'ils parlent davantage d'une forme de pensée ou de positionnement dans l'existence que de caractéristiques individuelles ou d'individus. Ils parlent de pensée "surdouée" (les guillemets autour de surdoué sont d'eux, car eux-mêmes prennent le terme avec des pincettes et à défaut de mieux) et de pensée typique.
C'est finalement le même problème que pour le choix d'un mot désignant les surdoués : hp, hqi, surdoué, doué, etc.
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Alors si je comprend bien, y'a des auteurs qui parlent de surdoués qui préfèrent dire "zéb" et Carlos et ses potes qui parlent de "pensée surdouée" mais pas de surdoués. C'est pratique!...
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Dans le livre dont il est question ici, que j'ai commencé cette semaine, ils utilisent bien le terme « surdoué », mais avec les parenthèses car ils ne l'apprécient pas plus que ça, tout en reconnaissant que c'est ce qu'on a de mieux en attendant. Et ils utilisent « typique », avec les mêmes parenthèses, pour désigner les autres.
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Pataboul : absolument.
C'est tout le problème de savoir comment définir ce qu'on veut définir... encore faut-il savoir ce qu'on veut définir.
Vider le langage (de son sens usuel) permet d'interroger réellement le concept (qu'est-ce qu'on veut définir ?) et de reconstruire après, à la fois le mot et le sens. Mais pour suivre le discours, il faut avoir suivi la déconstruction, l'interrogation et la reconstruction. En fait, il faut faire tout le chemin que suivent les auteurs.
Dans ce sens, ça tient beaucoup de la philo et de l'interrogation sur le langage (il y a un mot pour ça, mais il ne me revient pas) et ça demande de changer complètement de cadre.
C'est tout le problème de savoir comment définir ce qu'on veut définir... encore faut-il savoir ce qu'on veut définir.
Vider le langage (de son sens usuel) permet d'interroger réellement le concept (qu'est-ce qu'on veut définir ?) et de reconstruire après, à la fois le mot et le sens. Mais pour suivre le discours, il faut avoir suivi la déconstruction, l'interrogation et la reconstruction. En fait, il faut faire tout le chemin que suivent les auteurs.
Dans ce sens, ça tient beaucoup de la philo et de l'interrogation sur le langage (il y a un mot pour ça, mais il ne me revient pas) et ça demande de changer complètement de cadre.
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Ouais... Je pense bien comprendre cette histoire de dé/re-construction du langage. Mais pour désigner un concept qui relève de l'esprit-critique ou de la lucidité bien plus que de la douance, ils auraient pu choisir un terme au sens propre moins éloigné et nous éviter l'inévitable amalgame contre lequel les guillemets ne sont qu'une piètre défense. A part rajouter d'interminables détours et de la complexité à leurs idées je n'ai pas saisi l'intérêt de cette "poésie" qui fait que la forme étouffe le fond, à mes yeux.
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
En introduction du livre, l'une des auteurs définit "deux catégories", l'une comme les "surdoués" et les autres comme les "typiques". Neurotypique est peut-être alors dans ce contexte un abus de langage de ma part.Bulle d'o a écrit : ↑jeu. 27 févr. 2020 23:26 Taem, je ne comprends pas pourquoi tu parles de "neurotypiques" dans ce contexte. Pour moi, ce terme renvoie à l'expression utilisée par certaines personnes sur le spectre autistique pour désigner ceux qui ne le sont pas. Ça n'induit donc pas logiquement ni génie, ni surdoué.
Tu peux préciser ta pensée?
La position des auteurs, c'est que l'on leur a jeté le mot "surdoué" à la figure. Et donc qu'ils partent du terme pour réfléchir à la condition humaine dans son ensemble.Pataboul a écrit : ↑ven. 28 févr. 2020 11:15 Ouais... Je pense bien comprendre cette histoire de dé/re-construction du langage. Mais pour désigner un concept qui relève de l'esprit-critique ou de la lucidité bien plus que de la douance, ils auraient pu choisir un terme au sens propre moins éloigné et nous éviter l'inévitable amalgame contre lequel les guillemets ne sont qu'une piètre défense. A part rajouter d'interminables détours et de la complexité à leurs idées je n'ai pas saisi l'intérêt de cette "poésie" qui fait que la forme étouffe le fond, à mes yeux.
Brève citation des auteurs :
Si nous avons opté, dès le premier ouvrage, pour une utilisation entreguillemets du terme originel de «surdoués», c’est en toute ironie : nous n’en sommes pas les auteurs, nous ne faisons que le citer. Puisqu’il nous a été jeté au visage, décollons-le un peu, considérons-le, faisons-le jouer et jouons-en
Les surdoués et les autres – 7 février 2018
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Je voudrais revenir sur la façon dont j'ai lu ce livre et dont il continue à m'habiter.
La différence "surdoué"/"typique" n'est, malgré quelques écarts de langage (j'y reviendrai), pas à prendre dans un sens catégoriel (= classement des individus) mais structural (= forme des structures de pensée ou, plus largement, des réactions psychiques). Si personne n'est "typique" ou "surdoué", en revanche, nous avons tous des moments "typiques" et des moments "surdoués". Il se trouve juste que certains ont plus de ceux-ci et d'autres plus de ceux-là.
Structurellement, un moment "surdoué" se définit par un investissement du sens de la situation, du problème qu'elle appelle à résoudre par des éléments qui n'appartiennent pas aux cadres et solutions prédéfinies par la loi du groupe dans lequel le problème se pose - et un moment "typique" par l'utilisation spontanée de ces cadres et solutions pour définir les enjeux symbolique du problème. On pourra appeler "surdoué", de façon impropre, quelqu'un qui, de façon très générale, ne parvient le plus souvent pas à prendre pour argent comptant les cadres de définition de ce qui fait sens et de comment cela fait sens prescrits par les groupes auxquels il ou elle appartient. Et "typique, de la même façon.
Le point important ici est que cette définition ne dit rien de la genèse de la "surdouance". Elle n'est pas construite pour cela. Ses visées sont essentiellement herméneutiques (elle fournit des éléments d'interprétation de phénomènes bien connus et actuellement très discutés) et heuristiques (elle favorise la découverte d'éléments nouveaux). Ces perspective sur la "douance" se déploient dans une défiance, assez cohérente avec la thèse du livre, au regard de la vulgate psychologique du moment, que celle-ci se traduise par la recherche scientifique des différences objectives entre les cerveaux ou par une thérapeutique, bienvenue mais normalisante, des dysfonctionnement constatés sur tels et tels sujets.
Du coup, je ne suis donc pas convaincu par les explications causales (fondées sur l'idée d'un caractère acquis, somme toute) avancées de façon annexe par les auteurs pour ce qui concerne les "surdoués" et leur rapport particulier à la loi des groupes, et ce pour deux raison :
Pourquoi a-t-on besoin d'une nouvelle façon ? A mon sens pour deux raisons :
Les auteurs ne cessent d'y revenir : qu'est-ce que cela signifie pour un groupe humain qu'il y ait en son sein des "surdoués" et des "typiques", comment s'aligne-t-il sur cette différence qui se construit en son sein, comment l'intègre-t-il ? Penser la douance, ce n'est ni la réduire à du psychologique pris en charge par l'individu et ses groupes de soutien dédié, ni l'épingler comme une différence dont le compte-rendu scientifique rendrait raison. C'est la prendre au sérieux, par exemple comme fait anthropologique majeur, et se poser la question de la façon dont les groupes s'en, et se l'accommodent.
Il y a donc, je pense, des considérations tactiques à l’œuvre dans les choix :
Le sous-titre est à ce titre révélateur et à mon sens, essentiel : "Penser l'écart", c'est d'une part, penser, au sens fort, philosophique du terme (Tinoco est normalien en philo, à la base ), et donc d'abord problématiser, mettre en perspective plus large que celle des problèmes immédiatement décrit dans les termes des savoirs et pratiques constituées (je ne vais pas bien donne moi un remède ou je ne vais pas bien donne moi une cause). Et d'autre part, c'est s'inscrire d'emblée dans l'écart, perçu, vécu, constaté, entre deux types de comportement, de façon de voir ou construire les choses. S'inscrire dans l'écart suppose qu'on ne le réduise pas d'emblée - ni dans une causalité, ni dans une thérapeutique - mais qu'on en interroge le sens. Pour les acteurs. Pour les groupes humains. Penser l'écart suppose du coup qu'on refuse de se mettre d'emblée sous l'égide des solutions toutes faites, mais que l'on prenne l'écart au sérieux et qu'on en construise le sens.
L'entreprise en vient donc à renverser la charge : ce n'est pas au "surdoué" de s'adapter, c'est au groupe d'entamer une réflexion sur ce qu'il fait de ses "surdoués" et sur ce qu'il manque à n'en faire que des différences marginales à résorber sous des solutions toutes faites qu'il convient de ne pas remettre en question, cause ou travail. Ma lecture en est donc résolument éthique et politique (sur un fond psychologique et anthroplogique). Comme "surdoué" et "typique" définissent des rapports à la loi, il n'en pouvait aller autrement. En forçant le trait, on pourrait parler de société "typique", valorisant les traits de soumission aux récits prémâchés du sens et invisibilisant ui cadrant strictement les manifestations de ses marges "surdouées". Et l'entreprise de Tinoco et al. s'apparente alors à une façon pour le "surdoué" minoré de retourner les exigences d'adaptation et d'invisibilisation des dominants en leur en retournant la demande. Évidemment, l’œuvre me semble provisoire, une série très riche d'hypothèses de travail à mettre à l'épreuve de la discussion et de nos vies.
Pour conclure, du coup, il y avait cette question de Duhig :
La différence "surdoué"/"typique" n'est, malgré quelques écarts de langage (j'y reviendrai), pas à prendre dans un sens catégoriel (= classement des individus) mais structural (= forme des structures de pensée ou, plus largement, des réactions psychiques). Si personne n'est "typique" ou "surdoué", en revanche, nous avons tous des moments "typiques" et des moments "surdoués". Il se trouve juste que certains ont plus de ceux-ci et d'autres plus de ceux-là.
Structurellement, un moment "surdoué" se définit par un investissement du sens de la situation, du problème qu'elle appelle à résoudre par des éléments qui n'appartiennent pas aux cadres et solutions prédéfinies par la loi du groupe dans lequel le problème se pose - et un moment "typique" par l'utilisation spontanée de ces cadres et solutions pour définir les enjeux symbolique du problème. On pourra appeler "surdoué", de façon impropre, quelqu'un qui, de façon très générale, ne parvient le plus souvent pas à prendre pour argent comptant les cadres de définition de ce qui fait sens et de comment cela fait sens prescrits par les groupes auxquels il ou elle appartient. Et "typique, de la même façon.
Le point important ici est que cette définition ne dit rien de la genèse de la "surdouance". Elle n'est pas construite pour cela. Ses visées sont essentiellement herméneutiques (elle fournit des éléments d'interprétation de phénomènes bien connus et actuellement très discutés) et heuristiques (elle favorise la découverte d'éléments nouveaux). Ces perspective sur la "douance" se déploient dans une défiance, assez cohérente avec la thèse du livre, au regard de la vulgate psychologique du moment, que celle-ci se traduise par la recherche scientifique des différences objectives entre les cerveaux ou par une thérapeutique, bienvenue mais normalisante, des dysfonctionnement constatés sur tels et tels sujets.
Du coup, je ne suis donc pas convaincu par les explications causales (fondées sur l'idée d'un caractère acquis, somme toute) avancées de façon annexe par les auteurs pour ce qui concerne les "surdoués" et leur rapport particulier à la loi des groupes, et ce pour deux raison :
- Une approche structurale n'a pas besoin de telles explications : il suffit que les structures qu'elle met au jour produisent du sens là où il n'y en avait pas ou peu ;
- La mise en place d'une causalité suppose que soient résolues les questions relatives à l'établissement des causes (quand est-on légitime de dire qu'une chose est une cause ?) et ne peut faire l'économie d'une réflexion poussée sur la science et ses conditions.
Pourquoi a-t-on besoin d'une nouvelle façon ? A mon sens pour deux raisons :
- Les explications neurocognitives de la douance sont insuffisante pour en détourer convenablement la très riche gamme de phénomènes qu'on trouve sous ce mot et sont même parfois en contradiction avec les expériences vécues par les sujets ;
- La littérature psycho-compassionnelle, aussi utile quelle puisse être, réduit la question de la douance à sa renormalisation thérapeutiquedans les groupes (comment faire pour fonctionner mieux, être plus soi-même, repenser son rapport à autrui, etc.) : la charge y est mise sur le surdoué.
Les auteurs ne cessent d'y revenir : qu'est-ce que cela signifie pour un groupe humain qu'il y ait en son sein des "surdoués" et des "typiques", comment s'aligne-t-il sur cette différence qui se construit en son sein, comment l'intègre-t-il ? Penser la douance, ce n'est ni la réduire à du psychologique pris en charge par l'individu et ses groupes de soutien dédié, ni l'épingler comme une différence dont le compte-rendu scientifique rendrait raison. C'est la prendre au sérieux, par exemple comme fait anthropologique majeur, et se poser la question de la façon dont les groupes s'en, et se l'accommodent.
Il y a donc, je pense, des considérations tactiques à l’œuvre dans les choix :
- du vocabulaire - ce qui fait qu'il est, dans l'absolu, parfois maladroit. Ainsi de l'utilisation de "surdoué". Le mot est objet de pas mal de discussions et d'identifications en ce moment, mais toujours dans les limites scientifiques et psychologiques notées plus haut. Il est du coup intéressant de le reprendre tel quel, aux guillemets près, de façon à marquer un écart non pas dans le vocabulaire, mais dans la façon dont le sujet est traité.
- de la remise en cause - également maladroite - de l'étiologie neurocognitive. Il s'agit de casser l'association "je suis surdoué pare que mon cerveau...", qui est sémantiquement neutre, intrinsèque au sujet et donc implicitement potentiellement à sa charge, au profit d'une autre : "Je suis surdoué du fait de mon rapport à la loi", ce qui le replace d'emblée dans un groupe et dans un univers de sens constitués, avec cette idée que c'est le rapport à la loi qui détermine les modalités concrètes de l'écart vécu et pas la nature différentielle du cerveau. En indiquant une autre étiologie possible - et jamais testée parce qu'encore inaudible - les auteurs donnent à entendre une autre façon de prendre en compte l'écart de la douance.
Le sous-titre est à ce titre révélateur et à mon sens, essentiel : "Penser l'écart", c'est d'une part, penser, au sens fort, philosophique du terme (Tinoco est normalien en philo, à la base ), et donc d'abord problématiser, mettre en perspective plus large que celle des problèmes immédiatement décrit dans les termes des savoirs et pratiques constituées (je ne vais pas bien donne moi un remède ou je ne vais pas bien donne moi une cause). Et d'autre part, c'est s'inscrire d'emblée dans l'écart, perçu, vécu, constaté, entre deux types de comportement, de façon de voir ou construire les choses. S'inscrire dans l'écart suppose qu'on ne le réduise pas d'emblée - ni dans une causalité, ni dans une thérapeutique - mais qu'on en interroge le sens. Pour les acteurs. Pour les groupes humains. Penser l'écart suppose du coup qu'on refuse de se mettre d'emblée sous l'égide des solutions toutes faites, mais que l'on prenne l'écart au sérieux et qu'on en construise le sens.
L'entreprise en vient donc à renverser la charge : ce n'est pas au "surdoué" de s'adapter, c'est au groupe d'entamer une réflexion sur ce qu'il fait de ses "surdoués" et sur ce qu'il manque à n'en faire que des différences marginales à résorber sous des solutions toutes faites qu'il convient de ne pas remettre en question, cause ou travail. Ma lecture en est donc résolument éthique et politique (sur un fond psychologique et anthroplogique). Comme "surdoué" et "typique" définissent des rapports à la loi, il n'en pouvait aller autrement. En forçant le trait, on pourrait parler de société "typique", valorisant les traits de soumission aux récits prémâchés du sens et invisibilisant ui cadrant strictement les manifestations de ses marges "surdouées". Et l'entreprise de Tinoco et al. s'apparente alors à une façon pour le "surdoué" minoré de retourner les exigences d'adaptation et d'invisibilisation des dominants en leur en retournant la demande. Évidemment, l’œuvre me semble provisoire, une série très riche d'hypothèses de travail à mettre à l'épreuve de la discussion et de nos vies.
Pour conclure, du coup, il y avait cette question de Duhig :
Je réponds par l'affirmative, et pour l'instant dans quelques directions :Duhig a écrit :Quelqu'un a-t-il réussi à retirer quelque chose des concepts du livre pour se les approprier et que cela participe à sa compréhension globale des choses ?
- J'ai totalement cessé de croire que j'étais requis de faire sens positif de tous les discours à haute densité combinatoire que je rencontrais : façons spécifiques dont tout un chacun s'accorde avec la loi, leur signification est locale aux dynamiques propres de qui les énonce. Du coup, j'ai moins à me préoccuper de leur contenu - qui peut s'accorder ou non à ce que je crois - qu'à comprendre les dynamiques qui les traverse et les questions/problèmes auxquels ils répondent. Il ne me revient pas de les justifier, de m'y opposer ou de les amender systématiquement. VCa aurait pu être fait ans le livre, mais il me donne les éléents globaux de sens qui me permettent de le faire sans mauvaise conscience.
- J'ai commencé à faire sens l'écart que je ne cesse d'expérimenter, que je sois en compagnie de plutôt "surdoués" ou de plutôt "typiques". Je correspond à un profil "archi-typique", hyper-sensible aux normes et à la façon de m'y adapter, ce qui n'est pas "surdoué" du tout, et en même temps à la recherche de la limite des normes, de la norme de toutes les normes et à la limite d'icelle, etc. , ce qui pour le coup n'est pas "typique" du tout. Ca me simplifie beaucoup la vie et surtout, je trouve cela plus porteur de dynamique que de m'expliquer mes façons d'être comme celles d'un surdoué testé mâtiné d'un demi-Asperger intestable.
- Il y a enfin un écart qui n'est pas abordé dans le livre, c'est celui du moi. Il y a de grands récits qui définissent la façon dont on se réfère à soi comme à un "moi" : tu es qui, tu fais quoi, qu'est-ce que tu as vécu, quels souvenir as-tu, quelles sont tes attentes, etc. Depuis longtemps, je ne suis pas à l'aise avec ça - je ne comprends pas trop ce qui est attendu, en fait, et j'ai dû à un moment me forcer à fabriquer des récits-de-moi pour contenter les attentes. Parce que rien de tout cela, je me sens, n'est moi - juste des surfaces narratives construites en réaction à des sollicitations externes. Et je vois autour de moi des gens qui s'identifient à ça, qui en font des objectifs pour leur vie, etc. Ca m'échappe totalement. Le voir sous l'angle d'un grand récit et d'un écart que je perçois m'aide énormément à aller vers un truc à inventer là. C'est juste au début. Et c'est passionnant.
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Que ton avis était passionnant à lire ! Moi qui avait été j'ai l'impression l'une des grandes groupies de Tinoco quelques mois en arrière, j'avais pris le large concernant ce bouquin et ces réflexions.
Mais après avoir lu récemment, enfin plutôt effleuré le bouquin de Fabrice Bak, j'ai eu du mal avec pas mal de choses que j'ai pu y trouver et je suis revenu fouillé sur le forum pour voir ce qu'il s'y disait à son propos... Et bien tout ça m'a fait repassé sur ce fil, et que ton post a pu me faire rire ! Et m'a ré-ouvert tout un tas de perspectives à questionner issues de mes récentes lectures du coup et de ces anciens concepts que j'avais déjà approché.
Allez tiens, je vais me relire ce livre... C'est ma bouée à moi celui-ci je crois bien.
Mais après avoir lu récemment, enfin plutôt effleuré le bouquin de Fabrice Bak, j'ai eu du mal avec pas mal de choses que j'ai pu y trouver et je suis revenu fouillé sur le forum pour voir ce qu'il s'y disait à son propos... Et bien tout ça m'a fait repassé sur ce fil, et que ton post a pu me faire rire ! Et m'a ré-ouvert tout un tas de perspectives à questionner issues de mes récentes lectures du coup et de ces anciens concepts que j'avais déjà approché.
Allez tiens, je vais me relire ce livre... C'est ma bouée à moi celui-ci je crois bien.
Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Je déterre.
Le premier domaine de réflexion est bien celui de la philosophie et pour avoir pu échanger avec lui ses références bien que multiples sont avant tout littéraires et philosophiques, il sait très bien emprunter à tout un tas d'autres domaines, il est familier de certains concepts physiques, économiques, sociologiques, etc.
Je tiens à réagir au message de Kliban que je considère comme l'un des meilleurs commentaires formulés à propos de ce livre (qui est écrit à trois, non pas à deux, au passage).
Ce livre, je l'adore, je le considère comme une bible, il est bien loin des sentiers (non) battus des questions d'intelligence et autres qui butent en permanence sur des angles morts en faisant mine de répondre (ce qui n'est pas le cas). Comme l'a dit Carlos Tinoco, ce livre ne parle pas de surdoués mais des êtres humains avant tout.
Non. Carlos Tinoco est agrégé de philosophie et a commencé en tant que professeur de philosophie au lycée. Il s'est ensuite tourné vers un travail en cabinet sous la dénomination: psychanalyse. Il connaît très bien ce courant et en maîtrise parfaitement les apports et les limites. Parler d'obédience psychanalytique comme s'il s'agissait d'un membre d'une loge quelconque de franc-maçon, c'est limite un déshonneur par association.Tinoco est d'obédience psychanalytique...mais je l'aime bien quand même
Le premier domaine de réflexion est bien celui de la philosophie et pour avoir pu échanger avec lui ses références bien que multiples sont avant tout littéraires et philosophiques, il sait très bien emprunter à tout un tas d'autres domaines, il est familier de certains concepts physiques, économiques, sociologiques, etc.
Je tiens à réagir au message de Kliban que je considère comme l'un des meilleurs commentaires formulés à propos de ce livre (qui est écrit à trois, non pas à deux, au passage).
Ce livre, je l'adore, je le considère comme une bible, il est bien loin des sentiers (non) battus des questions d'intelligence et autres qui butent en permanence sur des angles morts en faisant mine de répondre (ce qui n'est pas le cas). Comme l'a dit Carlos Tinoco, ce livre ne parle pas de surdoués mais des êtres humains avant tout.
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Re: Livre : Les « surdoués » et les autres - penser l'écart
Message de la jardinerie : Report de message posté sur la présentation d'Arepo, où l'ouvrage Les surdoués et la norme - Penser l'écart ainsi que la façon dont Carlos Tinoco aborde la notion de douance ont été abordés. Il s'agissait notamment de l'opposition entre l'approche de Tinoco, Blasco et Gianola (la douance est une manière d'être au monde) intégrant des aspects philosophiques et sociologiques et basée sur un certain nombre de postulats discutables (au sens littéral : pouvant être discutés), et l'approche cognitiviste basée sur la mesure objective de capacités intellectuelles. Arepo, n'ayant pas encore lu le livre, se réserve une participation plus étayée dans ce fil le moment venu. Merci en tout cas et déjà de vos contributions ! | |||
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Re: Présentation d'Arepo
Azerty Qwerty a écrit : Bonsoir,
J'aime bien te lire, tu émets des avis argumentés, c'est agréable et intéressant. Je me permets d'intervenir à propos du livre de Tinocco and Co (le 'and Co' est important) parce que j'ai lu. Ce que tu dis se tient très bien et effectivement, certains postulats sont discutables.
De même que l'adhésion des 3 auteurs à la psychanalyse.
Cependant, je pense que tu devrais passer outre ces objections légitimes et creuser un peu le sujet, d'abord parce que Tinocco n'écrit pas seul, ils sont 3, avec des approches et des démarches un peu différentes.
Ensuite parce que Tinocco est le premier à reconnaître qu'il pose des postulats, c'est-à-dire des hypothèses de travail qu'il considère comme pouvant (et devant) être discutées, ce qui est déjà bien plus honnête et ouvert que beaucoup de spécialistes auto-proclamés médiatiques (suivez mon regard...).
Enfin, parce qu'au début du livre, les 3 auteurs font tout un chapitre sur le caractère caricatural et inapproprié du terme de surdoué, et pourquoi ils le gardent quand même (en gros, de mémoire, par défaut), un peu comme un nom propre plutôt que comme un nom commun du dico. avec un sens bien défini.
Ah et puis pour ce qui est de psychanalyse, qui normalement me pose problème, leur position à tous les 3 est hautement divergente et critique du dogme habituel, au point que je me demande bien pourquoi ils s'en réclament toujours.
Ce que j'apprécie dans la démarche des auteurs, c'est cette capacité à décrire (plus qu'à définir) le profil atypique (qui me paraît un terme mieux adapté à leur propos que le HPI), en partant du fonctionnement typique (dont finalement ils parlent beaucoup plus), ce en quoi ils m'ont rendu de grands services !
En les lisant, j'ai compris beaucoup de choses sur la source de mes malentendus avec les autres, qui jusque là m'étaient restés obscurs.
J'ai aussi apprécié qu'ils ne dénigrent pas le fonctionnement typique, qu'ils ne le considèrent pas comme idiot ou moins performant, juste différent.
Ah oui et de mémoire, il y a aussi tout un chapitre où ils font une distinction 'surdoué' et 'mode surdoué', dans lequel ils expliquent qu'un surdoué peut choisir de fonctionner en mode typique, soit sur une période de vie, soit dans un domaine particulier, et que réciproquement pour le typiques !
Comme quoi, ce qu'ils appellent surdoués est effectivement différent du HPI/HQI, et c'est probablement pourquoi ils posent le postulat 3 que tu cites. Perso., je ne suis pas convaincue qu'utiliser le terme de douance soit de leur part le choix le plus judicieux.
Essaie de remplacer dans ta tête 'douance' par 'profil atypique', qui est bien plus vaste, et tu trouveras peut-être leur démarche plus intéressante.
Cela n'empêche en rien leur postulat sur les tests de QI d'être discutable, mais si on tient compte de leur propre définition du mot surdoué, on comprend que cette posture vis-à-vis des tests est assez secondaire, c'est juste un critère qui ne les intéresse pas (puisque pour eux, on peut ne pas avoir un QI > 130 et fonctionner sur le mode surdoué).
Une partie de ce postulat, reformulé différemment, me semble d'ailleurs vraie : la courbe de Gauss des valeurs de QI est un continuum, pas une suite de segments. Mettre la frontière entre surdoués et les autres à 130 est assez arbitraire, et selon qui passe le test, et qui le fait passer, ceux dont le niveau de performance tourne autour de 130 vont se retrouver d'un côté ou de l'autre de cette frontière arbitraire.
D'où l'intervalle de confiance, qui relativise pas mal le sacro-saint score de QIT, et la possibilité de prise en compte de l'IAG, ou d'autres indices, en cas de profil hétérogène, qui sont, j'espère ne pas trop m'avancer et raconter de bêtises, la majorité des cas (source : Stéphanie Aubain, https://metadechoc.fr/podcast/contes-et ... elligence/ j'ai chopé le lien sur ce forum, je suis en train de l'écouter).
En cela, la prise en compte stricte et stupide du QIT rend le test non fiable. Mais tout comme toi, je ne suis pas d'accord avec la suite du postulat, car précisément, un bon praticien pose une détection de douance (on devrait arrêter avec le terme 'diagnostic', c'est réservé aux maladies ou aux troubles, ce que n'est pas la douance, et les mots, c'est important je pense) sur un ensemble de critères, pas juste le QIT.
Perso. j'ai pris ce livre presque plus comme un cheminement philosophique pluridisciplinaire, qui emprunte aux sciences humaines en général, dont l'anthropologie (là je les crois sur parole, je n'y connais rien !), que comme un guide 'éclairé' sur le HPI/HQI.
J'ai apprécié leur rapport aux récits, collectifs et/ou individuels, et aux 3 angoisses existentielles que ceux-ci soignent, et l'ironie (consciente de leur part il me semble), que cette théorie est elle-même un récit qui remplit les mêmes fonctions.
Le fait qu'ils expliquent pourquoi la 'douance', c'est le sujet sur lequel les surdoués cessent de l'être (une expression à eux). Ben oui, quand ça nous touche de trop près, on perd facilement toute rationalité, et pour peu que le récit explicatif qu'on nous propose paraisse reposer sur des bases solides, il sera terriblement séduisant : le fameux 'trop intelligent pour être heureux', qui parle à tout le monde, HPI ou pas (on adore tous les dichotomies et l'ironie dramatique en récit, ça sonne 'vrai' même quand c'est juste 'creux').
Notre tiraillement permanent entre collectif et individuel, surtout en occident : on veut être comme tout le monde pour appartenir au groupe (animal social), mais on ne veut pas être insignifiant (animal social ≠ animal grégaire -> j'ai droit à ma différence !), c'est pas gagné...
Bref, peut-être ne seras-tu pas d'accord avec leur théorie, mais elle a le mérite d'être proposée, pas imposée, d'être réellement atypique parmi le fouillis des légendes actuelles qui nous polluent tous, et le prisme de lecture du monde qu'elle propose permet de prendre du recul, et d'engendrer une réflexion féconde (ouh ça fait très jargon politicien ça, mais je crois que j'y crois, alors je le laisse .
Et reviens en discuter, les avis différents permettent de prendre de la distance
Même une pendule arrêtée a raison deux fois par jour.