"Mon immense talent à me rendre accro à quelque chose"...

[Miss souris]

Tout est dans le titre, c'est la formule de @Swinn qui m'a touchée.
J'ai déjà pensé la même chose à mon égard, j'ai un petit peu lu sur le sujet, mais ça m'intéresserait de savoir ce que vous en pensez.

Avez vous des choses auxquelles vous êtes/ avez été accro ? Je ne parle pas de substances nocives, ou en tout cas pas que...

Je commence pour que vous voyiez à quoi je fais allusion. En ce moment je suis accro à un jeu idiot sur mon téléphone. Avant ça j'ai aussi eu une période où je ne pouvais pas me passer de regarder des vidéos de home make over du Mississipi ( Hometown, pour les connaisseurs). Entre les deux j'ai eu un coup de foudre pour une plate forme de vidéos d'apprentissage ( elle est payante donc je ne donnerai pas le nom). Je me suis aussi jetée à corps perdu dans une appli de méditation, des cours en ligne sur FUN ( là c'est gratuit), des techniques de qi qong ou de do in. Ou de la zumba.
Il y a eu un moment dans ma vie où je ne décollais pas des séries de TF1 ( AB productions, re pour les connaisseurs ), parce que je faisais une étude statistique impromptue sur les thèmes, les dialogues, les lieux, les intrigues, et la pauvreté générale de l'ensemble.

Bref vous avez saisi l'idée. Un truc me plaît, et hop, 42, ça devient l'alpha et l'oméga et la réponse à la question du sens de la vie. J'y passe des heures, que j'employerais mieux à autre chose. Ça dure jusqu'à ce que je m'aperçoive de la dépendance. Je me sèvre ( je commence à être forte à ce jeu). Je célèbre pour un temps mes journées équilibrées où j'ai du temps pour tout...et replonge illico dans autre chose.
Tiens en ce moment je revois Friends. Je compare la vf et la vo. J'en suis à la saison 8.

Avec ce sujet je cherche à la fois des frères ou des sœurs de chourme avec qui galérer, mais si vous avez des solutions ou des idées ça m'intéresse aussi...

[Douteur]

Ce sujet me parle énormément.
Je me rends régulièrement accro à une multitude de choses, plus ou moins nocives (sans parler de substances).
Ça peut être tout et n'importe quoi.
Quelques exemples :

La musique en général, quand je jette mon dévolu sur une œuvre, je ne peux plus m'en passer, je suis capable d'écouter le même cd toute la journée durant plusieurs semaines sans aucune lassitude.
Il m'est arrivé de bloquer sur les symphonies de Bruckner. Je me suis rapidement retrouvé avec une dizaine d'intégrales, de comparer les différentes interprétations pendant plusieurs mois.
En ce moment j'ai bloqué sur les vieux albums des Stones, j'ai rapidement acquis six albums, je n'écoute plus que cela depuis environ deux mois.

Essayer de jouer de la guitare.

J'ai également des périodes où je suis accro aux champignons. Je peux passer des semaines à en chercher, en cuisiner, en conserver, en "étudier".

Idem pour les noisettes en ce moment.

Observer les oiseaux.

Bloquer sur les informations, actualités.
Je me suis calmé depuis environ deux mois, c'est vraiment trop mauvais et anxiogène pour moi.

Des vidéos, documentaires, reportages, dès qu'un domaine m'intéresse. Les sujets sont nombreux et variés.

La lecture par périodes. Comme avec la musique, si je suis intéressé, il faut rapidement que je découvre l'œuvre dans son intégralité.

Ce forum, j'y passe de nombreuses fois par jour, aussi bien pour voir s'il y a de nouvelles conversations que pour lire les plus anciennes.

La seule solution qui marche pour me libérer d'une adiction, c'est de succomber à une nouvelle.

[Miss souris]

C'est exactement là où j'en suis @Douteur . Si je me libère d'un truc c'est qu'un autre l'a remplacé. Par contre dans ta liste je vois des choses utiles, ou intéressantes. Mes addictions sont fort futiles en comparaison.
(Bon il doit y avoir de la critique intérieure en forme olympique là dedans. Mais j'ai vraiment l'impression que les trucs auxquels je suis accro ne sont pas de la catégorie utile.)
Je me dis depuis quelque temps que j'ai un tempérament à ça, que si c'est pas ça ce sera autre chose. Mais j'ai quand même ce goût de réflexion inachevée qui m'amène à ce sujet.
Je creuse.

[Douteur]

Utile? Pour qui? Pour toi, pour les autres ?
Je pense qu'à partir du moment où ça te fait du bien, que tu ne négliges pas de choses importantes...Ben c'est utile, non?

Edit: Dit-il pour se déculpabiliser.

[Miss souris]

Oui, la définition d'utile est importante...et l'idée de culpabilisation aussi . C'est pourquoi j'ai besoin de me desaccro iser de ma lubie du moment.
Et je ne sais pas si ça fait vraiment du bien...ça vient, c'est là, ça prend toute la place et je reste en mode catatonique avec en arrière plan une voix qui me souffle que ce serait beaucoup mieux, voire qu'il faudrait, faire autre chose. Et je continue, et je culpabilise.
Bref ça n'est pas confortable...

[Douteur]

Je comprends et connais parfaitement ce sentiment.
Je me demande si cela n'est pas à mettre en parallèle avec la procrastination, et éventuellement l'anxiété.
Peut-être une piste à creuser.

[Miss souris]

Si tu as raison pour l'anxiété ça va bien se passer, je suis en terrain connu. Championne du mooooooonde ! en anxiété généralisée. A réfléchir
...

[Brunehilde]

C'est marrant, en ce moment je creuse beaucoup ce sujet... car je suis une bonne cliente du concept également (je vous passe le détail du petit jeu pour téléphone que j'ai installé sur mon ordi pour le poncer un max ). Je prends l'addiction/la procrastination/etc... comme des opportunités de savoir ce qu'il se passe dans mon ciboulot.
Question numéro 1 : qu'est-ce que j'aimerais réellement faire à la place de tous ces intérêts... pour le moins secondaires, voire destructeurs dans certains cas ?
Question numéro 2 : qu'est-ce qui se passe dans ma tête au moment où je la jette la première dans mes travers ?
Question numéro 3 : de quoi j'ai peur pour avoir besoin de toutes ses "fuites" ?

Oui parce que tout ça en psychologie, ce sont des manières... de fuir (ce qui je suppose entretien la culpabilité qui est le moteur du truc).
Toutes la question étant de savoir ce que l'on fuit.

Je développerai peut-être plus tard

[Judith]

Je pense que j'ai pas mal d'addictions futiles de ce type. Entre autres exemples :
- les photographies de paysages anglais sur Instagram,
- les clips coréens et japonais de ménagères sur leur vie quotidienne,
- la classification des nuages (mais je classe tout, de toute façon : le monde n'existe pour moi, dans une certaine mesure, qu'à travers les classifications donc je ne sais pas si ça compte),
- le dessin de motifs marginaux compliqués dans tous les documents possibles, liste des courses comprise,
- la lecture annotée de séries pour enfants et parfois la rédaction de chapitres ou même de volumes de pastiches (ma série favorite étant Bennett, d'Alan Buckeridge, moins facile à pasticher que je ne l'aurais pensé au départ malgré ses stéréotypes).

Il y en a d'autres, et c'est variable selon les périodes. Quant aux questions existentielles à ce sujet, j'ai cessé de m'en poser depuis longtemps. Je fais avec, c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour vivre en paix.

[Miss souris]

Oh Bennett ! Merci pour la madeleine matinale ...
J'aimerais bien envisager les choses comme toi. Je n'y suis pas. J'aimerais trouver ce qui m'empêche de profiter franchement de mes lubies. Sinon, à quoi ça servirait d'en avoir ?

[Judith]

J'aimerais trouver ce qui m'empêche de profiter franchement de mes lubies.

Peut-être la pression sociale, ou alors une représentation très négative desdites lubies? Ce sont des problèmes que j'ai rencontrés pour ma part, en partie parce que je suis plus excentrique que la moyenne, évidemment, mais aussi parce que nous vivons dans une société très normative en dépit des apparences.
Quoiqu'il en soit, bon courage, et de rien pour Bennett, c'est une authentique passion chez moi. Je pourrais même ouvrir un fil sur le sujet...

[Miss souris]

Pression sociale + critique intérieur ?...hummm. Le combo gagnant que voilà.
Vous avez sans doute raison, tous. Ça fait un maelström difficile à dépatouiller. Je vais tenter la technique Brunehilde de l'introspection.

[Brunehilde]

L'approche de Judith est intéressante, car effectivement tout le problème repose sur la critique qu'on se fait à soi-même, et celle-ci est très probablement influencée par la société et ce qui nous a été inculqué.
Après personnellement je pense que la culpabilité a des origines multiples, et devant chaque phrase critique il faut je pense trier entre "ça ça vient de l'extérieur ce n'est pas forcément utile de culpabiliser pour ça" et "là je culpabilise pour une raison qui m'est propre, va falloir creuser ici".

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[Miss souris]

Je pense qu'on peut ajouter au cocktail la peur de l'échec aussi, ou celle de l'effort, qui pour moi se confondent. Enfin plutôt que peur de l'effort, je parlerais de peur de l'anticipation de l'effort. Parce que quand j'y suis, après, ça va tout seul. C'est ton histoire de vidéos scientifiques/piano qui m'y a fait penser. Même schéma ici avec la guitare, le dessin...toutes activités pour lesquelles la critique interne et (donc) le souhait d'éviter l'échec se combinent harmonieusement.
Et voilà comment je me retrouve à procrastiner ce que j'aime.
Merci les gens, grâce à vos réflexions, mon schmilblick est beaucoup mieux rangé.
On n'a pas le cul sorti des ronces, mais on s'y emploie.

[sanders]

Hors-sujet

... ce que l'on fuit.

Je cherchais la blague pourrie dont vous alliez pouvoir profiter (ne me remerciez pas je vous en prie, c'est une de mes lubies) avec le verbe fuir ...

et .... s'est imposée à moi cette raison d'une évidence frappante :

... On n'a pas le cul sorti des ronces ...

d'où la fuite

Sinon, je considère mes lubies addictives comme des soutiens précieux dans mes tentatives vouées à l'échec de ne rien faire parfois.
Du coup, faire des trucs considérés sociétalement comme inutiles me semble une manière de ne rien faire (d'utile) tout à fait acceptable.
Le must serait que je parvienne réellement à ne rien faire parfois de manière volontaire ... un jour peut-être ...

[enufsed]

J'ai eu je crois trois épisodes d'addiction dans ma vie, je ne pense pas pouvoir en tirer aucune conclusion valable, pas même une vague corrélation avec mon équilibre psychologique de l'époque qui n'était pas catastrophique.
- J'ai eu une fascination maladive pour l'affaire du Dahlia Noir après la lecture du roman éponyme d'Ellroy. J'ai lu tout un bouquin de théorie (fumeux) en plus d'éplucher des forums de détectives ratés, j'ai envisagé un voyage aux Etats-Unis et une halte au carrefour de Los Angeles où le corps d'Elizabeth Short avait été retrouvé, et un jour en plein travail sur mes ruches j'ai eu une légère hallucination où j'ai vu ledit corps dans l'herbe. Ceci a mis fin brutalement à mon intérêt pour ce fait divers.
- J'ai eu une période Lost. Je ne suis pas spectateur de séries mais là ce fut compulsif puisque j'ai regardé les 6 saisons (121 épisodes d'après wikipédia...ah oui tout de même) presque sans discontinuer, chaque jour à raison de 3 ou 4 épisodes. J'étais obnubilé par Desmond Hume et sa relation amoureuse passée. Il m'a fallu plusieurs semaines pour quitter le plan de la série, les personnages étaient devenus des entités dont le dégré de réalité était équivalent aux gens de monde réel. La fin en queue de poisson de la dernière saison m'a bien aidé à décrocher.
- Enfin, j'ai eu une addiction à la scène de clôture de Phantom of the Paradise de Brian de Palma, cette séquence que j'ai appelé "requiem" commence avec les danseuses qui animent le mariage de Swan et Phoenix et dans le public le collectif Dionysus. A cette période je rentrais du travail et je me passais la scène sur mon lecteur dvd plusieurs fois, je restais en stase devant, ça a duré un certain temps, je pense avoir vu cette scène plus d'une centaine de fois au total. J'aurais eu ma place dans les conventions Phantompalooza de Winnipeg, je pense qu'ils étaient aussi dingues que moi.

[Miss souris]

@enufsed on peut pas dire que tu fasses semblant...merci, ton témoignage me place en position de petite joueuse à micro addiction. C'est beaucoup plus confortable.

Blague à part ce que tu racontes me paraît relever de l'obsession plutôt que de l'addiction. Mais elles sont probablement, sinon sœurs, du moins cousines...