Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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Brunehilde
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Brunehilde »

Chris De Nice a écrit : mar. 31 janv. 2023 19:11 Ceci dit, dommage pour moi de ne pas avoir beaucoup de choix sur les professionnels dans ma région.
Un problème malheureusement courant.
Il y a éventuellement la possibilité de séances à distance via zoom par exemple. Ça peut être perturbant de ne pas avoir quelqu'un directement en face mais ça fonctionne plutôt bien. J'ai testé pendant la crise Covid et ça m'a permis de continuer ma thérapie.
Après il faut pouvoir s'isoler pour être au calme.
Pourquoi se préoccuper des chevaux à rayures quand on peut chevaucher des loups !
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Chris De Nice
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Chris De Nice »

Petite vidéo (9min) de vulgarisation intéressante sur le fonctionnement des TCC expliquant que l'intellectualisation et la verbalisation n'est vraiment pas appropriée dans ces pratiques : https://www.youtube.com/watch?v=C5yWD3B76bI
"Je ponce donc j'essuie"
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Traum
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Re: Anxiété sociale et résistance aux TCC, une explication ?

Message par Traum »

Alors, je vais tâcher de donner quelques éléments de réponse, mais je n’aurais pas la prétention d’être exhaustive, tellement cet échange était déjà riche.

Pour les grandes familles de thérapie : L’EMDR en soit ne fait pas partie des TCC à mon sens. C’est une psychothérapie intégrative et psychocorporelle, qui partage certains de ces éléments avec les TCC mais pas uniquement. (On peut y retrouver aussi des éléments qui se rapprochent des théories psychanalytiques sur le psychotrauma, notamment les théories d’avant 1895, mais aussi l’association libre, et des éléments qui se rapprochent de l’hypnose, et enfin d’autres qui se fondent sur les neurosciences.) Pour ce qu’il en est de ce que l’on appelle les SBA (stimulations bilatérales alternées) dont les mouvements oculaires font partie (ainsi que le tapping, les stimulations auditives, les manettes vibrantes, etc.), il semblerait que ce soit un plus. (Un vieil article de l’AFIS disconvient, mais pour l’avoir lu, je le trouvais imprécis et pas rigoureux quant à ce qu’était que l’EMDR.) Aujourd’hui on pense que les SBA agissent comme des distracteurs au moment de l’exposition au traumatisme (exposition au traumatisme que l’on retrouve aussi dans les TCC), et permettent par là l’intégration en l’absence de retraumatisation. (Je n’ai pas l’explication complète. Cette dernière est récente. Quand je me suis formée, il y a presque dix ans, on pensait que ça avait un rapport avec la phase paradoxale du sommeil. Cela aurait été invalidé depuis.)

Les TCC, c’est une grande famille, en fait, pas toujours simple à définir. Il y a la première vague de TCC qui était uniquement comportementale, la deuxième vague (apparition des thérapies cognitives, sous l’impulsion notamment de Beck, ancien psychanalyste. La combinaison des deux approches a donné les thérapies cognitives et comportementales avec des protocoles que l’on utilise toujours. Mais les TCC en sont aujourd’hui à la troisième vague, avec l’intégration plus grande de la part émotionnelle, de l’environnement, de l’histoire du sujet… Cela donne aussi des développements comme : la thérapie centrée sur les émotions, l’ACT (thérapie d’acceptation et d’engagement), la place de la méditation pleine conscience, la thérapie des schémas…
Même si les TCC ont la réputation d’être efficaces sur un grand nombre de troubles, il y a plein de raisons qui font qu’une prise en charge en TCC peut ne pas donner les fruits escomptés : mauvais diagnostic de départ (on ne traite pas un TOC comme une phobie sociale, il y a des choses spécifiques au TOC à prendre en ligne de compte), analyse fonctionnelle mauvaise / insuffisante, manque d’adhésion du / de la patient·e (si on n’est pas convaincu par la thérapie ou la compétence du / de la professionnel·le, cela risque de moins bien marcher), alliance thérapeutique insuffisante (idem), outils proposés inadaptés (pas assez spécifiques, négligents une dimension, pas adaptés à la fenêtre de tolérance, etc.), des comorbidités (dont les TND : TSA, TDAH…)
Certains troubles ont aussi une origine traumatique qu’il peut être utile de travailler. Cela évitera leur résurgence potentielle / la difficulté à travailler sur le trouble, et pour ça, on peut utiliser les TCC, ou d’autres thérapies.

Certain·es professionnel·les ne font que des TCC, mais on peut être formé·e à plusieurs approches. Cela se discute. Certains préfèrent aller à fond dans une approche, d’autres préfèrent cumuler pour piocher en fonction du / de la patient·e, des problématiques, etc.

A priori, le fait d’être (T)HQI n’entrave pas le fait de se lancer dans une TCC. Cela peut favoriser la prise en charge en thérapie, par une meilleure adhésion, une meilleure compréhension, plus de ressources, de meilleure capacité d’analyse… comme freiner la thérapie par la mise en place de processus de protection plus marqués (comme une rationalisation à outrance, etc.).
Tout ça peut être discuté avec le·a praticien·ne. Le fait qu’un outil ne marche pas n’est pas grave en soi. Il y a d’excellentes raisons à ça. On reprend alors les choses, on cherche pourquoi, on analyse le problème ensemble, on améliore ou on change selon ce qui est le plus adapté.
Et oui, certains outils peuvent paraître bateau… et franchement quand je me suis formée au début, parfois, j’étais assez sceptique. Et puis j’ai commencé à pratiquer, sur certain·es patient·es, et j’ai pu voir plusieurs mécanismes à l’œuvre, qui ont mené à des succès ou à des difficultés. Parfois aussi, en thérapie cognitive par ex., on va juste arriver à un statut quo, se rendre compte que le comportement actuel n’est peut-être pas satisfaisant, mais que c’est le meilleur compromis en l’état des choses, et qu’il peut y avoir d’autres choses à travailler ou à mettre en place avant de peut-être pouvoir travailler la première problématique.
« Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait. » Mark Twain

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