Vos passions philosophiques

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Joann
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Joann »

D'accord.

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Pascalita
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Pascalita »

Merci !

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Me revoici pour le deuxième volet de ma présentation sur Philon d’Alexandrie.

J’ai abordé Philon il y a maintenant longtemps, et je l’ai fait relativement par la bande, comme on dit familièrement. Cela tient au fait que j’ai travaillé en premier lieu sur des livres bibliques appartenant à une catégorie (postérieure à lui par ailleurs) dont il n’a que fort peu commenté les volumes, celle des Écrits, cette troisième et dernière partie de la Bible qui pose aux spécialistes de la constitution du canon tant de problèmes aussi passionnants qu’insolubles.
Mais je m’égare. J’ai eu malgré tout affaire rapidement à Philon à cause d’une question qui m’a interrogée à travers la rédaction d’un commentaire scientifique du livre d’Esther : celle de la haine des Juifs dans l’Antiquité. Esther met cette haine en scène de façon très littéraire, à travers le conte bien connu où l’épouse juive du roi de Perse sauve son peuple d’une tentative d’extermination due à la malencontreuse -ou bienheureuse- fidélité d’un seul de ses membres à la loi de ses Pères. Je n’entre pas dans les détails de la question de la représentation de l’antijudaïsme dans Esther et des problèmes majeurs qu’elle pose : toujours est-il que l’analyse de ce livre m’a conduite à m’intéresser à ce qu’on peut appeler le « thème du pogrom » dans la littérature antique, et donc à Philon.

1. Le récit complexe d’un massacre, de ses causes à ses conséquences

Philon est le témoin et le narrateur du plus ancien épisode de « pogrom » que nous puissions atteindre de façon vraiment détaillée dans le monde gréco-romain. Il a en effet rédigé deux ouvrages, le Contra Flaccum et la Legatio ad Gaium, qui traitent, directement ou non, d’un important massacre de Juifs accompagné de pillages, ayant eu lieu à Alexandrie, sa ville d’origine, en 38 de notre ère.
Ces deux ouvrages, qui sont tardifs dans sa production, soulèvent de nombreuses questions. Je pensais ne parler que du second mais à la réflexion, il est difficile de traiter l’un sans l’autre et je les prendrai donc ensemble. Ils appartiennent à deux genres différents, le premier au genre de la polémique et le second, dans une certaine mesure, à celui de l’apologétique. Ces appartenances ont été contestées (par moi entre autres, je ne le cacherai pas). On a parfois proposé de voir plutôt dans le premier une œuvre biographique intégrant des éléments romanesques, et dans le second un traité de politique déguisé en apologie. Ces propositions, la seconde surtout, ont pour elles de bons arguments, j’y reviendrai.
On connaît assez mal le déroulement exact de l’événement de 38, Philon étant, avec une courte phrase de Flavius Josèphe, notre seule source sur ce point -une source passionnante mais bien entendu sujette à caution. Je résume son récit dans l’ordre chronologique (non suivi par lui) avant de passer au contenu plus théorique des deux textes.
Vous allez voir, Game of Thrones à côté, c’est de la petite bière. :honte:

a. Les prodromes
Selon Philon, le massacre des Juifs a eu lieu dans le cadre d’une crise dynastique. En effet, l’avènement de Caligula en 37 avait été immédiatement suivi de l’assassinat de son co-empereur, Tiberius Gemellus, petit-fils de Tibère. Ce meurtre avait entraîné des intrigues politiques complexes, dans lesquelles le préfet d’Egypte, A. Avilius Flaccus, s’était trouvé du mauvais côté : nommé par Tibère, il semble en effet avoir été proche du parti de Tiberius Gemellus, et donc en danger de révocation, voire de mort, sous le règne d’un empereur qui avait de bonnes raisons de se méfier de lui.
Toujours est-il que pour se prémunir d’un tel malheur, Flaccus aurait misé sur le clientélisme actif des notables et des peuples grec et égyptien d’Alexandrie : pour se les concilier, il aurait suivi les conseils de démagogues de la cité et des adeptes de Sérapis, et forgé un bouc-émissaire commun à toutes les couches sociales : les Juifs. Rien de plus simple par la suite que de mettre en œuvre une politique provocatrice, puis exterminatrice à leur encontre, qui lui permettrait de satisfaire ses clients, notamment en leur redistribuant les biens des victimes, et de peser suffisamment dans l’échiquier politique pour éviter une éviction par Caligula.
A la faveur d’une visite à Alexandrie d’Agrippa Ier, roi de Judée, il encouragea des festivités antijuives autour d’un spectacle où le roi juif était gravement parodié, puis fit installer, à la demande du bas-peuple, des statues de l’empereur dans toutes les synagogues de la ville (ce qui les rendait impropres au culte juif et l’autorisait dès lors à les confisquer tout en accusant les Juifs d’incivisme et d’impiété). C’était habile : Caligula, fin politique, avait en effet débuté son règne par des mesures libérales visant à s’appuyer sur une alliance entre plèbe et magistrats pour asseoir un pouvoir contesté. Flaccus l’imitait en quelque sorte, au détriment d’une partie de la population qu’il sacrifiait à ses desseins, tout en marquant son souci de la préservation du culte impérial.

b. L’exclusion civique et les massacres
Dans un second temps, Flaccus déclara les Juifs étrangers à la cité et leur retira tous droits politiques : il les fit confiner dans le quartier delta de la ville, qui fut coupé de tout approvisionnement. Pour finir, il ordonna, sous prétexte de rechercher les armes d’un complot contre l’empereur dont le refus d’honorer les statues aurait été la première étape, la mise à sac de ce quartier et la destruction totale de sa nouvelle population. S’ensuivirent des journées d’atrocités : les Juifs qui, mourant de faim, essayèrent de sortir de leur prison furent lapidés ou tués à coup de gourdins, puis une partie de la population de la ville entra dans le quartier delta. On massacra les Juifs les plus résistants à coup d’épées et on brûla, sur d’immenses bûchers, le reste par familles entières. Les corps furent profanés par diverses techniques (essentiellement de démembrement) acte symbolique très fort dans le monde antique où la privation de sépulture était une avanie pire que la mort. Une quarantaine de notables juifs furent épargnés et s’en tirèrent avec une flagellation publique : flagellation dont plusieurs moururent, des suites de leurs blessures ou de honte d'avoir ainsi été torturés au vu de tous.

c. Une fin édifiante et des suites inquiétantes
On ignore ce qui mit exactement fin à l’épisode : selon Philon, ce fut une intervention d’Agrippa auprès de l’empereur, et surtout le retournement contre Flaccus de ses propres alliés, pour des raisons sans rapport avec l’événement et sur lesquelles je passerai donc : le tout étant bien entendu, pour le philosophe, l’œuvre de la Providence divine - ce qui constitue évidemment une interprétation théologique et ahistorique. Les historiens discutent de la question, sans qu’un consensus soit atteint. Flaccus perdit peu après la fragile faveur impériale : il finit ses jours en exil et fut sauvagement assassiné sur ordre de Caligula, non sans avoir auparavant -selon Philon du moins car le fait est très improbable- reconnu ses mensonges et ses crimes, et fait amende honorable auprès de Dieu et des hommes.
L’année suivante, les survivants du massacre envoyèrent à Caligula une délégation, chargée de demander la réhabilitation politique de la communauté juive, et surtout de proclamer la fidélité des Juifs au souverain, mise en doute par Flaccus. Cette délégation trouva Caligula peu favorable : elle ne fut entendue que quelques minutes par un empereur accaparé par l’inspection de villae où devaient se dérouler des fêtes en son honneur. Caligula, malgré la disgrâce du préfet, récusa les tentatives de justification des Juifs, les accusa à son tour d’impiété et de scélératesse, et leur reprocha leur particularisme alimentaire avant de les éconduire. Philon regagna Alexandrie bredouille et inquiet. Il fallut attendre la mort de Caligula et les décrets pris par Claude en 42 pour que les droits civiques soient rendus aux Juifs alexandrins.

2. De l’antijudaïsme païen au providentialisme juif
L’intérêt des deux textes de Philon pour notre connaissance de l’histoire des Juifs en Égypte n’est pas négligeable, malgré un certain nombre de points obscurs. Ce n’est pas sous cet angle que je m’y suis intéressée, mais sous deux autres approches.

a. D’abord celle des discours antijuifs. Philon place dans la bouche des adversaires des Juifs des accusations largement répandues à son époque dans le monde païen.
Il y a cinq arguments essentiels dans les propos qu’il attribue à Flaccus, puis à Caligula contre les Juifs. Tous font partie d’une polémique antijuive très antérieure au premier siècle et très élaborée, aujourd’hui bien étudiée par les historiens : Philon connaissait cette polémique, et il la « remet en scène » au fil de deux narrations serrées et vivantes, probablement destinées à la fois à en montrer l’absurdité (comme le fait au même moment et par d’autres moyens Flavius Josèphe dans son Contre Apion) et à ébaucher, à l’adresse des Juifs eux-mêmes, la possibilité d’une réflexion.
Les arguments sont les suivants : les Juifs sont étrangers aux mœurs de l’empire et indignes de la citoyenneté alexandrine ; ils sont séditieux et fomentent des troubles ; ils sont impies, voire athées ; ils haïssent l’humanité et sont asociaux ; ils ne mangent pas comme les autres hommes. Tous sont attestés dans des sources antérieures à Philon, rédigées par des païens et très diffusées dans les milieux lettrés grecs et romains : le caractère étranger et l’incapacité à la citoyenneté, ainsi que l’athéisme et la misanthropie, apparaissent chez Hécathée d’Abdère, un philosophe sceptique du IVème siècle avant J.C. et sont repris par Manéthon, un prêtre égyptien de langue grecque du IIIème siècle, à travers une réécriture antijuive du mythe de l’Exode destinée à une très longue postérité ; le thème de la sédition semble être né au IIIème siècle, sous le règne de Ptolémée IV, mais dans le contexte du Ier siècle de notre ère, il est probable que les propos de Flaccus renvoient au soutien financier important qu’avaient apporté deux siècles plus tôt la population juive de Rome aux campagnes politiques de César : Cicéron par exemple développe longuement ce sujet, en expliquant que le futur dictateur à vie avait payé, grâce à l’argent reçu des Juifs, et avec l’appui de leurs réseaux, des agitateurs qui excitaient le peuple contre ses dirigeants légitimes (Pompée dans ce cas). Quant au particularisme alimentaire, il est cité chez Apion, un autre prêtre égyptien contemporain de Manéthon, et expliqué par une maladie spécifique, une « lèpre » qui interdirait aux Juifs les aliments ordinaires, le porc entre autres -on voit là la reprise et le retournement de deux thèmes bibliques, l’impureté rituelle et la nécessité d’une alimentation sélective. Ces thèmes sont sans rapport direct dans la Bible, mais Manéthon les articule en sorte de tracer des Juifs un portrait particulièrement repoussant.

b. Dans un second temps, je me suis intéressée à la question du genre des deux textes de Philon, à leur but et à l’épineuse question de leurs destinataires. En effet, on peut se demander pourquoi Philon, qui était un intellectuel dont la vie semble avoir été entièrement consacrée à l’exégèse des textes bibliques et à des réflexions sur la rhétorique, la philosophie et les sciences de son temps, s’est soudain mêlé d’histoire et de politique au point d’écrire ces deux opuscules et de se rendre à Rome auprès de l’empereur.
L’explication par le choc individuel est plausible : Philon avait assisté aux événements et il est probable qu’il avait fait partie des notables flagellés, sort qu’il décrit comme « pire que la mort », à cause de l’infamie infligée et de la honte qui en résultait (notion fondamentale dans le cadre de la cité antique). Mais le fait est sans intérêt pour notre compréhension du fonctionnement des textes eux-mêmes.
Une hypothèse plus stimulante est celle d’un usage littéraire des événements dans le cadre d’une démonstration du providentialisme, notion qui caractérise par ailleurs l’œuvre de Philon et permet de le situer, sur le plan philosophique, du coté du stoïcisme davantage que de celui du médio-platonisme -vaste débat par ailleurs sur lequel aucun consensus n’existe aujourd’hui encore. Le Contre Flaccus peut en effet être lu comme un « traité de la Providence » déguisé en polémique contre un personnage politique douteux. Le long développement sur le retournement d’alliance qui conduit le préfet, antijuif par opportunisme et fonctionnaire véreux par nature, à un exil, une mort civique puis une mort physique ignominieuse reproduit exactement, en miroir, le sort que ce dernier avait réservé aux Juifs : relégation, privation des droits civiques, destruction matérielle. Philon précise explicitement que tout cela est l’œuvre de Dieu : les effets de parallélisme littéraires mis en place au détriment de tout réalisme, particulièrement dans la partie concernant la fin de Flaccus, illustrent ce fait.

De même, le récit de la délégation à Caligula raconte certes une histoire, mais elle pose surtout le problème crucial de la possibilité d’une cohérence entre loi politique et loi religieuse. Les Juifs sont légalistes, y rappelle longuement Philon, respectueux de la législation politique de l’empire et fidèles serviteurs de l’empereur. Ce dernier est reconnu comme l’acteur essentiel de la Providence divine dans la sphère des affaires humaines : seule sa déification complète est inacceptable aux Juifs, à cause de leur monothéisme, ainsi que son culte physique, à cause de l’aniconisme imposé par la loi mosaïque. Caligula ne sait pas le comprendre : il prétend revenir sur le statut ancien de religio licita qui exemptait les Juifs des aspects du culte impérial incohérents avec leur religion, sans en faire pour autant des « mauvais sujets » de l’empire. Sans entrer dans les détails, Philon développe ce sujet sous forme d’une interrogation sur la bonne façon de faire cohabiter, au sein d’une cité, les deux régimes de loi : selon lui, le premier empereur, Auguste, avait su le faire en créant de bonnes institutions. Caligula est indigne de son illustre modèle et par là déroge à son rang. L’on rejoint ici un thème majeur du reste de l’œuvre philonnienne, celui du rapport entre loi divine et lois humaines.
Dans une telle optique, les deux opuscules n’appartiennent pas au genre historique ni même exactement à celui de la polémique et de l’apologétique. Ce sont des traités cachés, et leurs destinataires ne sont pas les romains, du moins dans un premier temps, mais les Juifs. Philon leur rappelle la nécessité de croire dans la Providence en dépit de tout, et celle de respecter les lois politiques, sans pour autant renoncer à faire valoir la juste pratique de leur foi auprès du pouvoir en place.

Je m’arrête là sur le sujet. Tous ces points sont évidemment l’objet de débats entre spécialistes et de démonstrations qu’il serait fastidieux d’exposer. J’espère n’avoir ennuyé personne, et je remercie ceux qui m’auront lue. :)
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Miss souris
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Miss souris »

Moi. Merci pour cette tranche de savoir ( comme toutes les autres) racontée de façon claire et vivante, c'est un régal.

Invité

Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

@Miss souris merci de ton intérêt. :)
J'ai essayé, sans commettre trop d'anachronismes (les mentalités de l'Antiquité n'étant pas les nôtres) de choisir une problématique qui mette Philon en perspective avec des problèmes de notre époque - la fabrique d'un discours discriminant à des fins politiques, ses conséquences calamiteuses, ll'analyse et le retournement rhétorique de ce discours par un membre du groupe discriminé, etc.
Ce sera plus dur pour le troisième volet : la Ténèbre, c'est toujours porteur évidemment :rofl: , mais Philon n'était pas Moebius ni Jodorowsky, et ce sera compliqué de le cacher.
On verra bien. :)

Invité

Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Je passe enfin à mon troisième volet, en essayant de faire comprendre pourquoi je suis tombée amoureuse de Philon, comme de Plotin ou d’Origène, c’est-à-dire essentiellement pour la beauté et la complexité de sa pensée.

C’est assez difficile dans la mesure où les textes de Philon sont essentiellement des traités techniques touchant des sujets austères, et où les catégories de la pensée antique sont en général rebutantes au premier abord. Mais un essai de coûte rien : je présenterai donc un bref commentaire d’un passage de la Vie de Moïse, où l’art de l’exégète est élevé à un très haut niveau. Dans l’ensemble, on peut dire qu’en dehors d’Origène, qui lui doit beaucoup comme je l’ai indiqué plus haut, de Plotin et de Numenius pour les textes païens où l’exégèse porte sur Homère, Platon et Aristote, et au IVème siècle de Basile de Césarée pour la Bible à nouveau, on n’a rien de mieux dans l’Antiquité. C’est un point de vue subjectif et j’entends d’ici les protestations qu’il peut légitimement soulever, mais disons que c’est le mien et que je le partage. :)

1. La vie de Moïse

Il s’agit d’un ouvrage particulier dans l’œuvre philonienne : c’est une biographie romancée mêlée d’apologétique, destinée à priori (c’est discuté mais je vais l’admettre ici par commodité) à un public non juif, ignorant du texte biblique et de ses thèmes majeurs. Son but n’est pas, pour autant du moins qu’on puisse en juger aujourd’hui, d’amener le lecteur à la conversion au judaïsme : c’est plutôt d’exposer sous un jour attrayant – pour un public cultivé- le fond d’une religion très minoritaire, mal comprise et méprisée, afin d’en montrer la compatibilité avec la pensée philosophique païenne la plus raffinée. Philon s’y livre donc à un déploiement de techniques diverses, en associant étroitement récit et explication des mythes bibliques. Il suit la vie de Moïse telle qu’elle est rapportée dans la Bible d’assez loin, et incorpore à son texte des données narratives et exégétiques provenant des traditions juives de son temps, comme il l’explique à son lecteur au début de l’ouvrage.
J’ai choisi un passage où il développe, à partir d’un seul lieu scripturaire très bref, ce qu’on peut appeler les virtualités philosophiques du récit biblique de façon particulièrement efficace et élégante.
Le passage qu’il commente est un verset de l’Exode, le verset 20, 21 : « Et Moïse entra dans la Ténèbre où était Dieu ». C’est une pierre d’achoppement pour le lecteur, antique ou moderne. Qu’est-ce que c’est que cette Ténèbre ? 8o Comment Dieu peut-il se tenir quelque part et particulièrement dans un élément traditionnellement associé, chez Hésiode par exemple, au chaos et au mal? :sweat: Pourquoi Moïse y rentre-t-il et quelles sont les conséquences ? :pale: Etc., autant de questions qui déroutent, et appellent donc une explication de texte.

Je rappelle rapidement le contexte dans le cadre narratif de l’Exode avant d’en venir à la lecture de Philon. A ce stade du récit, les Hébreux ont quitté l’Égypte et sont parvenus au pied du mont Sinaï. Dieu, qui les a guidés jusqu’alors en s’enveloppant d’une colonne d’obscurité, prend place au somment de la montagne et appelle Moïse : celui-ci le rejoint, entre dans la zone obscure et disparaît pour quarante jours. On connaît la suite : l’effroi des Hébreux qui le croient mort et n’y comprennent rien, l’épisode calamiteux du veau d’or, le bris des tables de la Loi par un Moïse furieux et la nécessité de « reprendre » une tentative avortée de révélation divine.

2. L’exégèse de Philon

Un point doit être précisé avant tout développement : Philon raconte à ses lecteurs une « belle histoire », mais il lit aussi l’Exode, et ce verset en particulier, comme un mythe au sens aristotélicien du terme : un récit fictif qui sert à clarifier l’expérience de l’existence humaine et à agir sur la psychologie de ses destinataires, notamment en suscitant leur étonnement et en les mettant sur la voie de la sagesse. Il n’est pas question chez Philon d’approche littérale ni historico-critique du verset. C’est important de garder ces éléments en tête pour éviter les anachronismes et les contresens pouvant en découler.
Je cite brièvement le passage que je vais commenter. Je mets entre parenthèses les termes grecs les plus importants.
Mais quoi ? <Moïse> n’a-t-il pas bénéficié aussi de la communauté suprême avec le Père, créateur de toutes choses, puisqu’il fut jugé digne de porter la même appellation (προσρήσεως) que lui ? En effet, il fut nommé « Dieu » et roi
de toute la nation (ὅλου τοῦ ἔθνους θεὸς καὶ βασιλεύς). « Il entra, est-il dit, dans la Ténèbre où était Dieu », (Ex 20, 21) c’est-à-dire dans l’essence qui constitue le modèle des êtres, <essence> sans forme, invisible et incorporelle (εἰς
τὴν ἀειδῆ καὶ ἀόρατον καὶ ἀσώματον τῶν ὄντων παραδειγματικὴν οὐσίαν), et il y pénétrait par l’esprit (κατανοῶν) ce qu’une nature mortelle ne peut contempler. Telle une peinture bien ouvrée (γραφὴν εὖ δεδημιουργημένην), il se présenta, lui et son mode de vie, au milieu de tous, comme une œuvre magnifique et portant la forme divine (πάγκαλον καὶ θεοειδὲς ἔργον) et il les plaça comme modèle pour qui voulait l’imiter (παράδειγμα τοῖς ἐθέλουσι μιμεῖσθαι).

Il s’agit d’un extrait du paragraphe 158 de la Vie de Moïse, mais le commentaire encadre le verset cité et débute en réalité dix paragraphes plus haut, au § 148, avec le récit des étapes préparatoires à l’entrée dans la Ténèbre. Ce récit prend la forme d’un portrait hagiographique de Moïse, essentiellement construit sur une série d’antithèses imbriquée à une série de paradoxes. Moïse, nous apprend Philon, a refusé les moyens militaires pour établir sa domination sur son peuple et l'a acquise par ses vertus éthiques (§ 148). Il n’emploie pas cette domination à son propre avantage ni à celui de sa famille, mais au service de ceux qu’il domine (§ 150). Il ne cherche pas la richesse matérielle, mais la grandeur d’âme (§ 153). Il ne possède rien et reçoit tout de Dieu, qui à l’inverse (point très important car Moïse, jusque dans son nom hébraïque, est un « miroir », un reflet inversé de Dieu) n’a aucun besoin mais possède tout (§ 157). Enfin, dans un passage qui suit notre extrait, Philon précise que Moïse refuse les plaisirs et prône l’austérité (§ 160).

Moïse est construit comme une antithèse complète des dirigeants habituels : aussi sa progression vers Dieu a-t-elle lieu par une série de dépouillements porteurs d’acquisitions paradoxales : il renonce au gouvernement de l’Égypte, et obtient la royauté d’un peuple de prêtres ; il renonce à la fortune matérielle, et obtient le monde entier en héritage ainsi que l’amitié de Dieu. Au terme de ces renoncements, il « est appelé Dieu et roi de toute la nation ». Ces deux étapes et leur conclusion sont des allusions retravaillées à deux versets de l’Exode : 7, 1 où Moïse est « donné comme Dieu à Pharaon » et 33, 11 où il est dit « ami de Dieu » qui lui parle comme tel -cas unique dans le prophétisme.

C’est à ce stade, au terme d'une ascèse et d'un enrichissement spirituel, que peut se faire l’entrée dans la Ténèbre, dont la nature est alors révélée : c’est l’essence invisible, sans forme et incorporelle, où se trouve le paradigme de tout ce qui est, « ce qu’une nature mortelle ne peut contempler ». L’entrée est un acte intellectuel et une expérience métaphysique. En termes platoniciens, corrects ici puisque Dieu lui-même y est décrit selon la tradition du Timée, Moïse contemple les Intelligibles dans l’Intellect lui-même. Que cet Intellect soit obscur et non lumineux peut surprendre, mais c'est une idée destinée à une très longue postérité.

Lorsque Moïse ressort, il a changé : il est devenu « une œuvre magnifique et portant la forme divine » et par conséquent, pour avoir vu le paradigme suprême, il constitue lui-même un paradigme pour son peuple. On ne sait plus, nous dit Philon un peu plus loin, quelle est la nature de l’esprit « enchâssé » dans son corps : humaine, divine, ou les deux ensemble. Le texte est à cet endroit difficile et renvoie à la première expérience du divin par Moïse, le buisson ardent où Dieu est « enchâssé » lui aussi dans l’arbuste qui brûle sans se consumer.
On redescend après cette étape au niveau de l’éthique, selon la progression traditionnelle de la philosophie grecque qui place dans l’ordre la physique, la logique, l’éthique et la métaphysique comme voie d’accès au divin. Moïse, sorti du monde métaphysique, revient au monde de l’éthique où est resté son peuple. Il va pouvoir devenir son modèle et surtout son législateur (après quelques difficultés pittoresques évoquées plus haut, sur lesquelles je ne reviendrai pas).

Il y aurait encore énormément à dire de ce texte, notamment au niveau stylistique, mais je m’arrêterai là. On voit bien comment, à partir d’un bref fragment problématique de l’Exode, Philon développe à la fois un portait du dirigeant idéal, une figure ascétique destinée à un grand succès et une théorie de la progression philosophique comme voie de l’accès à la connaissance métaphysique et de son lien avec l’éthique. Il commente également la Ténèbre dans un autre passage important (De posteritate Caini §13) où il développe une interprétation épistémologique de la notion, dans des termes très différents de ceux de la Vie de Moïse.

Je m’arrête là, en espérant avoir donné une petite idée de ce qu’est un commentaire de texte antique en général, et de l’art de Philon en particulier.
Merci à celles et ceux qui m’auront lue, et pardon aux autres pour ce message trop long. :$
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Miss souris »

C'est juste la bonne longueur @Judith...merci, c'est une parfaite lecture de fin de sieste, le corps engourdi et l'esprit qui gambade. Et je pense que tu donnes une bonne idée de ce qu'est un commentaire de texte antique, vu que c'est ce que je me suis dit en le lisant: tiens, on sent une gymnastique de la pensée, une habitude du questionnement, un désir de presser le passage jusqu'à ce qu'il rende tout son jus.( pardon pour l'image...😆)

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Miss souris a écrit : mer. 27 juil. 2022 17:31 vu que c'est ce que je me suis dit en le lisant: tiens, on sent une gymnastique de la pensée, une habitude du questionnement, un désir de presser le passage jusqu'à ce qu'il rende tout son jus.
Bon, eh bien c'est raté, car le commentaire antique n'a rien à voir avec tout ça et la perspective de Philon n'est pas là. Il n'écrivait pas une copie pour le bac avec comme sujet : "Moïse entra dans la Ténèbre : commentez en vous interrogeant sur le concept de prophétisme attaché à la figure de Moïse et en développant les virtualités philosophiques de la notion de Ténèbre. Vous avez quatre heures."
Arff. :D

Merci de ton intérêt en tout cas, je réessaierai peut-être un jour de mieux m'expliquer... ou non. :)

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Miss souris »

Ne t'inquiète pas @Judith c'est vraisemblablement moi qui n'ai pas compris ton intention...l'important c'est qu'à mon niveau ce passage et ce texte m'aient intéressée. Ce n'est pas non plus tout à fait ce que je voulais dire d'ailleurs, mais visiblement je n'ai pas bien expliqué ce que je percevais. Je relirai le tout à tête reposée, peut être que la sieste n'est pas le moment propice après tout...j'espère que tu n'es pas trop triste de n'avoir pas été comprise, et que d'autres lecteurs saisiront davantage et mieux ton propos.😊

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Miss souris a écrit : jeu. 28 juil. 2022 08:23 j'espère que tu n'es pas trop triste de n'avoir pas été comprise,
Non, pas du tout. Et tu n'es pas en cause, c'est moi qui ai loupé ma présentation : j'ai voulu la rendre un peu attrayante avec un passage plein de questions "bêtes", ou disons plutôt premier degré, et des smileys rigolos, ce qui rendait effectivement possible l'interprétation que tu as faite des intentions du pauvre Philon. J'ai sans doute eu tort aussi de choisir un commentaire relativement atypique, puisqu'il est intégré dans une "Vie", un genre littéraire très codifié dans l'Antiquité dont il aurait fallu expliquer les codes et les techniques avant d'en détailler un passage.
Bref, j'ai mal préparé ma copie, ce sont des choses qui arrivent. Si tu as éprouvé de l'intérêt, c'est déjà très bien effectivement.

Tout ça pour dire que je vais relire l'Incal, où il est aussi question de la Ténèbre, ce sera une bonne lecture de vacances. Jodo était complètement fou, à la différence de Philon : c'est rafraichissant.

Invité

Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Pour les éventuels passionnés de Nietzsche, mais aussi les amateurs de pensée et/ou de linguistique grecque, je signale (en retard puisque le volume est sorti en juin) la parution aux Belles Lettres du quatrième tome des Écrits philologiques, consacré à la leçon inaugurale prononcée à Bâle en 1869 sur Homère, et à une "Encyclopédie de la philologie", qui résume le contenu du cours qu'introduisait cette leçon. La traduction est de Marc de Launay, et l'introduction et les notes sont assurées par Paolo d'Iorio et Francesco Fronterotta.

C'est une excellente édition et un apport considérable à la connaissance de Nietzsche en France. Le volume fait partie d'une série ambitieuse où sont prévus douze tomes proposant des traductions nouvelles, faites sur les manuscrits originaux avec des apparats à jour et des introductions et commentaires consistants, de l'ensemble de la production nietzschéenne ayant trait à la philologie classique -cours évidemment, mais également conférences et articles.
Un lien pour en lire la présentation, à l'occasion de la sortie du premier volume consacré à Platon.
Je recommande chaleureusement tous les volumes parus. :)

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GraineDeNana
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Re: Vos passions philosophiques

Message par GraineDeNana »

[mention]Judith[/mention], en tant qu'ignorante candide je reviens sur ton dernier post sur Philon pour au moins essayer de comprendre ce que je lis.
Judith a écrit : mer. 27 juil. 2022 12:38 1. La vie de Moïse
Il s’agit d’un ouvrage particulier dans l’œuvre philonienne : c’est une biographie romancée mêlée d’apologétique.
Peux-tu préciser dans quel sens tu utilises le mot apologétique dans cette phrase ? (c'est un mot compliqué pour moi :pale: )
Judith a écrit : mer. 27 juil. 2022 12:38 Je m’arrête là, en espérant avoir donné une petite idée de ce qu’est un commentaire de texte antique en général, et de l’art de Philon en particulier.
Mais oui, c'est passionnant et je te remercie de nous préciser à chaque fois le contexte qui m'échapperait totalement sinon. :)
Quand on arrive au monde, la vie est déjà commencée. C'est pour ça qu'on ne comprend rien à l'histoire.
Natacha de Pontcharra

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

GraineDeNana a écrit : ven. 2 sept. 2022 12:18 Peux-tu préciser dans quel sens tu utilises le mot apologétique dans cette phrase ?
L'apologétique est un genre littéraire qui consiste dans la défense rationnelle et argumentée d'une cause. Dans le cas de Philon, c'est celle de la religion juive. Il cherche à démontrer que cette religion est juste, bienfaisante et compatible avec la raison grecque (mais sans chercher à y convertir quiconque : ce n'est pas un prosélyte et il ne croit pas que le judaïsme détienne l'accès exclusif au bien ou à Dieu).
Beaucoup de textes philosophiques antiques appartiennent au genre de l'apologétique, avec des formes diverses. Le plus connu est peut-être l'Apologie de Socrate, où Platon met en scène sous forme dialoguée le procès de son défunt maître pour plaider sa cause.

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GraineDeNana
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Re: Vos passions philosophiques

Message par GraineDeNana »

Merci, ta réponse est très claire ! :)
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Natacha de Pontcharra

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Merci à toi pour ton intérêt. :)

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Question bête (vraiment), mais tant pis. Comme je suis seule à alimenter le fil, autant la poser pour me faire une idée si ça en vaut la peine ou non. Est-ce que ça tente quelqu'un, si je rédige une série de messages sur les Cyniques? Je les aime beaucoup, et je pourrais m'essayer à un style moins austère que pour les philosophes traités précédemment. C'est un sujet passionnant, et puis il faut reconnaître que certains maîtres cyniques (pas les plus connus) peuvent fournir matière à pas mal d'amusement - ou d'horreur selon les sensibilités. Les cyniques chrétiens, Pérégrinus ou Maxime Héron par exemple, ont laissé des traces assez surprenantes dans l'histoire de la philosophie. Les "petits cyniques" païens, Cratès, Métroclès et Hipparchia, valent aussi le détour.
Bref, dites-moi si vous en avez envie ou non. :)

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Miss souris
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Miss souris »

Bon moi visiblement je ne comprends pas tout, mais j'aime bien te lire. Après je comprendrais que tu espères des retours moins béotiens 😂...
Mais ça m'étonnerait que je sois seule à te lire.

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Miss souris a écrit : ven. 2 sept. 2022 18:25 Bon moi visiblement je ne comprends pas tout
C'est parce que j'explique mal les choses, je suis sans doute trop technique. Tu devrais poser des questions sur ce que tu ne comprends pas, enfin si ça t'intéresse.
Si j'écris sur les Cyniques, je m'y prendrai différemment, promis. :)

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Miss souris »

Tu es très technique, c'est d'ailleurs ça que je trouve passionnant...et aux antipodes de ma tendance à grossir le trait ( tendance sans doute accentuée par mon public habituel, qui a du mal avec les nuances, ce qui fait que la moindre subtilité finit par me paraître exotique...). Je vais essayer de poser des questions alors. Mais le problème c'est que parfois on croit comprendre alors que bon. On est bien bien à côté. 🤣

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Ne te casse pas la tête, ce n'était qu'une suggestion ; fais comme tu en as envie. :)

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Re: Vos passions philosophiques

Message par Troglodyte-mimi »

Personnellement tout m’intéresse :-p donc oui je te lirais avec plaisir! je n'ai pas les connaissances pour participer à ce type de fil puisque de philo je n'ai fais qu'une année en terminale et avec des résultats disons hum très moyens. En revanche j'adore venir lire et en ressortir en me disant que j'ai découvert quelque chose. Donc oui je lirais avec intérêt :-) Peut être pas immédiatement après écriture car cela dépends aussi de mes disponibilité mais il est certain que je lirais!

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GraineDeNana
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Re: Vos passions philosophiques

Message par GraineDeNana »

Judith a écrit : ven. 2 sept. 2022 17:38 Est-ce que ça tente quelqu'un, si je rédige une série de messages sur les Cyniques?
Avant de lire ce fil, j'ignorais jusqu'à l'existence de Philon d'Alexandrie. :confu1: Et je n'en sais pas beaucoup plus sur les Cyniques... C'est donc avec grand plaisir que je lis tes posts pour sortir un peu de mon inculture. :nod:
Judith a écrit : ven. 2 sept. 2022 17:38 C'est un sujet passionnant
Dans ce cas, aucune raison d'hésiter ! :chaise
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

GraineDeNana a écrit : sam. 3 sept. 2022 18:59 Avant de lire ce fil, j'ignorais jusqu'à l'existence de Philon d'Alexandrie.
C'est normal, c'est un philosophe important mais peu connu en dehors du cercle des spécialistes.
GraineDeNana a écrit : sam. 3 sept. 2022 18:59 Et je n'en sais pas beaucoup plus sur les Cyniques...
Diogène et son tonneau, non? Je n'en parlerai qu'incidemment, si j'écris mon topo.
Merci en tout cas des encouragements. :)

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Kliban
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Re: Vos passions philosophiques

Message par Kliban »

Je suivrai tout ce qui tu écris avec un intérêt non partagé. Ton degré de technicité me va bien - mais je suis tombé dans la philo quand j'étions petit, aussi. J'admire la clarté de tes expositions - ça me fait de belles introductions et des envies d'aller voir plus loin. Je me sais aussi trop fouilli pour écrire clairement sur les sujets qui me passionnent - qui sont au plus dense du fouillis. Tout cela est donc très très appréciable. Merci du temps que tu y passes.
De main gauche à main droite, le flux des savoirs - en mes nuits, le règne du sans-sommeil - en mon coeur, ah, if only!, le sans-pourquoi des roses.

Invité

Re: Vos passions philosophiques

Message par Invité »

Kliban a écrit : ven. 9 sept. 2022 18:51 Merci du temps que tu y passes.
Merci à toi de t'y intéresser. Mais...
Kliban a écrit : ven. 9 sept. 2022 18:51 Je me sais aussi trop fouilli pour écrire clairement sur les sujets qui me passionnent
C'est dommage, car le but du fil n'était pas du tout que j'y enchaîne une série de monologues. Ce serait bien que tu y participes, puisque tu as des passions philosophiques : tu es peut-être trop sévère envers toi-même?
Ce n'est qu'une question, pas de la pression déguisée. :)

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