Je n'ai plus besoin d'être une femme pour l'administration allemande - en voulant remplir ma demande de passeport sur un formulaire pdf du consulat avec remplissage à l'écran, j'ai trouvé les options suivantes pour indiquer mon sexe : männlich/masculin - weiblich/féminin - unbestimmt/indéterminé. Et il n'y a pas moyen de cocher l'une de ces options !
Après, je me pose quelques questions quant à ce sondage.
En plus des violences, il en ressort quand même un mépris relativement fréquent des envies ou non envies des femmes qui arrivent difficilement à se faire entendre. Je pense à la part désignée comme "pression". Cette dernière peut prendre des formes très variées, physique bien sûr, mais aussi psychologique avec des accusations de frigidité, invitations à ne pas faire sa coincée du cul et autres yeux de chien battu en insinuant qu'elle ne l'aime pas si elle n'a pas envie de coucher là, maintenant, tout de suite. Ou le mec qui va être grincheux pendant des heures et des jours, se sentant délaissé ou en manque de considération, qui risque d'aboyer sur toute la famille s'il n'obtient pas gain de cause.
En tout cas, l'idée de fond m'a l'air d'être souvent la même : les besoins sexuels de l'homme sont impérieux et il ne faut surtout pas les contrarier, ne serait-ce qu'en nuisant à leur libido en pleurant, contrairement à ceux des femmes dont on ne se soucie pas en priorité. (Question bête d'ailleurs : c'est quand qu'il faut éviter de pleurer ? Pendant l'acte sexuel qu'on n'avait pas désiré ?)
Et je pense que le problème est dû en partie au fait que l'éducation classique n'apprend pas aux filles à s'affirmer ouvertement et à supporter le désaccord, contrairement à ce qui est attendu des garçons. Du coup, l'incompréhension entre les unes que l'on a conditionnées à arriver à leurs fins par des moyens détournés, avec maintes subterfuges et sans faire de bruit, à maintenir l'harmonie coûte que coûte, et les autres conditionnés à procéder en mode "warrior" pour grossir le trait est quasiment inévitable. Ils ont déjà du mal à accepter un non clair pour certains, alors que c'est sûr qu'un "oui, mais attends, tu sais, hum...en fait, euh..." passera inaperçu. C'est aussi cette injonction à l'harmonie qui fait qu'on peut parfois céder, même sans avoir positivement envie, pour que l'autre se sente bien de nouveau et qu'il n'y ait pas de conflit ouvert.
Pour moi, la solution passe d'un côté par l'éducation où il faut clairement faire comprendre aux filles qu'elles ont autant de valeur et autant le droit d'exister que les garçons, tout en arrêtant de vouloir pousser les garçons à "être un homme". Et de l'autre côté, je pense qu'il serait pas mal si les hommes "qui ne sont pas comme ça" - et ils doivent être légion - se manifestaient un peu plus. Y compris en exprimant clairement leur désaccord en voyant les frotteurs à l'œuvre dans le métro ou les gros relous "draguer" pour ne pas dire importuner tout ce qui est susceptible d'avoir une paire de seins ou en s'interposant.
À voir cette affiche, il semble évident que les clichés ont la vie dure, mais on peut faire plein de choses pour les faire mentir. Il suffit de faire autrement et ne pas s'en cacher pour commencer.