Devenir maman ou pas...

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cactus2002
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Re: Devenir maman ou pas...

Message par cactus2002 »

A la suite de chat-ours, j'ose affirmer que pour moi la maternité est une forme de souffrance. Ma fille n'a que 15 mois mais je repense constamment à ma vie d'avant avec nostalgie. J'ai, comme beaucoup d'entre vous, besoin de moments pour moi, me retrouver seule avec moi-même. C'est désormais impossible. Je travaille à plein temps dans la recherche académique et refuse de diminuer mon temps de travail ou changer d'activité professionnelle. Pourtant, je suis épuisée, n'arrive plus à me concentrer et ai perdu l'étincelle qui me permettait de rédiger mes articles en un tour de main (j'exagère mais j'avais une réelle facilité). J'aimais travailler le soir et la nuit. C'est devenu impossible. Tous les jours, à 18h,je dois aller chercher ma fille à la crèche. Depuis 15 mois, je n'ai pas eu un seul répit une seule pause. Toutes mes nuits sont entrecoupées de réveils angoissés, je suis épuisée. J'aimerais m'offrir une nuit seule rien que pour moi. Oui mais voilà, j'ai fait le choix de lallaiter. Pour elle, pour son bien. Alors je ne peux pas la laisser seule. Elle a besoin de moi. Et je ne veux pas, pour un moment dégoisme, pour moi seule, pour une seule journée, mettre en péril le lien que nous avons créé, notre allaitement.
Je ne sais pas si je regrette le fait d'avoir eu un enfant. Si j'avais su, avant, ce que cela implique, j'aurais probablement fait machine arrière. Mais maintenant qu'elle est là, que tout ce chemin a déjà été parcouru, je ne regrette pas car je l'aime. Mais c'est dur, terriblement dur. Je vis une sorte de cercle vicieux d'épuisement et j'ai l'impression que mes capacités intellectuelles ont beaucoup diminué. Je pense être en train de faire une sorte de dépression, probablement liée à mon poids qui n'a cessé de baisser depuis la naissance de ma fille. Je n'aurai probablement pas de deuxième enfant. Pourtant, je l'adore et ne l'échangerais pour rien au monde.

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Peterp
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Re: Devenir maman ou pas...

Message par Peterp »

Je vous comprends toutes les deux et j'admire le courage de venir l'affirmer, car c'est vrai que ce n'est pas facile de ne pas bien vivre sa parentalité, encore moins de l'avouer en public.
C'est vrai aussi que c'est dur de les élever, et que la présence d'un enfant rétrécie considérablement l'horizon des possibles, tant que moi même qui fais pourtant partie des papas extra gâteux qui idolâtrent leur progéniture, je me suis posé la question dernièrement, dans une période de grande crise où un changement franc d'environnement m'aurait fait un grand bien, et c'est impossible quand on a des mômes. En même temps, on peut se poser la question inverse, et se dire que leur présence et ma responsabilité de père m'ont empêché de m'égarer dans des grosses conneries... Pour dire que ces pensées sont toutes relatives et pas toujours pertinentes, car si on connait ce que l'on a (et qu'on peut critiquer), on ne peut jamais savoir ce qu'on aurait fait sans l'avoir. D'où le fait que je pense que votre idée d'"indignité" parentale n'a pas lieu d'être : un parent indigne est seulement celui qui ne garantis pas la sécurité ni l’épanouissent de l'être dont il est responsable, ce n'est pas votre cas. Le reste ne sont que des réflexions personnelles, des passages à vide, et malgré vos doutes, je n'imagine même pas un instant que vous soyez indignes.

En partant de ce principe donc, je dirais que cette question trouve sa légitimité surtout avant de se décider à sauter le pas.
Et personnellement je n'aurais pas pu m'en passer. Ce n'est absolument pas social de ma part, mais vraiment biologique, mon désir de paternité dépasse toutes les possibles privations que cela implique, du reste j'en ai fait deux, et si nous n'avions pas perdu celui d'entre deux, nous aurions bien aimé en avoir trois, tout en ayant commencé tard.

Reste qu'il faut aussi faire attention à ce concept du tard, car on pense trop souvent que nous pouvons maitriser les éventements à notre guise, alors qu'en réalité nous décidons bien peu. Et ce n'est pas automatique que le jour où l'on décide ça arrive "immédiatement". Et si à 25 ans on a le temps de pallier aux problèmes et de trouver une solution, à 35 c'est différent, car il faut seulement un an pour comprendre que ça ne vient pas tout seul, encore un an pour savoir quoi faire et un an pour résoudre... Enfin, le temps passe, la nature n’aide pas et la médecine ne peut pas tout. Du reste ma sœur n'a pas pu avoir d'enfant pour cette raison, quoiqu'elle a eu la chance de faire grandir la fille de son compagnon qui a largement compensé sa déception. Pour notre couple ça a été difficile aussi, et on a galéré deux ans et demi pour le premier, et alors qu'on était prêts à recourir à l'aide médical, il est arrivé par surprise. Et je vous assure que pour un couple c'est très frustrant de vivre ces moments et de commencer à faire l'amour en suivant le calendrier. Ça tue le désir et la spontanéité.

Donc voilà, je comprends parfaitement les titubements de chacun, qui ont été aussi les nôtres, pour des motifs plus pratiques qu’intellectuels, mais il ne faut pas non plus trop tarder, car c'est la nature décide pour nous avant tout.

cactus2002
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Re: Devenir maman ou pas...

Message par cactus2002 »

Effectivement, c'est exact, la nature décide quand même au final, malgré les grandes possibilités de la médecine. Pour ma part, cela a été le cas. Je suis tombée enceinte "par erreur" et ne m'y attendais pas. En effet, n'ayant pas mes règles (poids un peu trop limite), je pensais être stérile et ne faisais pas attention. Vers 1 mois et demi de grossesse je me suis aperçue que j'étais enceinte mais j'ai fait une fausse couche quelques semaines plus tard. Cet épisode m'a beaucoup marquée et, moi qui ne pensais pas avoir un enfant immédiatement avant, ne voulait plus qu'une seule chose: retomber enceinte pour me prouver que j'en étais capable, que je n'étais pas stérile. Je suis en effet retombée enceinte un mois exactement après ma fausse couche (donc ce fut très rapide) mais, durant toute ma grossesse, je n'ai pas réfléchi à l'idée sa ou un enfant et ce que cela impliquait. Ma préoccupation principale était d'être capable d'être enceinte, capable de porter un enfant à l'intérieur de moi et de le mettre au monde. Mes réfléxions ne dépassaient pas le moment de l'accouchement. Heureusement, peut être car j'aurais certainement paniqué si j'avais imaginé ce que pouvaient être les nuits sans sommeil et la découverte d'un bébé souffrant de reflux et devant être constamment porté. Donc oui, d'une certaine manière, la nature et les événements ont décidé à ma place. Je n'étais pas prête mais je ne pense pas que je l'aurais été un jour.

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Grabote
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Re: Devenir maman ou pas...

Message par Grabote »

cactus2002 a écrit : jeu. 24 janv. 2019 23:18 Et je ne veux pas, pour un moment dégoisme, pour moi seule, pour une seule journée, mettre en péril le lien que nous avons créé, notre allaitement.
Euh Cactus je crois qu'à 15 mois ta gamine peut très bien passer une journée et soyons folles une nuit sans toi ! Tu sais ce qu'on dit dans les avions ? faut commencer par se mettre le masque à oxygène à soi avant de mettre celui de son enfant ! Tu sais pourquoi ? SI tu tombes dans les vaps, ça lui servira à rien d'avoir de l'oxygène! Un égoïsme bien compris est salutaire pour tout le monde.
Il y'a un point important à ne pas perdre de vue avec les enfants, à mon avis, et qui n'est pas évident pour les parents : ils changent tout le temps et à vitesse grand v ! J'ai toujours eu l'impression d'avoir un train de retard, voir plusieurs, mais bref, je dis ça pour attirer ton attention sur l'importance d'actualiser régulièrement tes idées sur les besoins de ton enfant. C'est encore moins évident à faire quand on est épuisée et qu'on a plus le temps de prendre du recul .
Pour finir par une bonne nouvelle : non ta vie ne sera pas toujours comme ça désormais ! J'avoue que je me suis fait quelques moments de panique du genre à l'époque, mais en réalité, a partir de sa naissance, "le petit d"homme" "la petite de femme" etc... ne cesse de s'éloigner progressivement. Rappelons nous que le rôle de parents c'est d'accompagner la fin de la maturation et le mouvement d'émancipation. Donc oui ta vie ne sera plus jamais la même mais tu vas récupérer petit à petit du temps pour toi, et y'aura même peut être un moment pendant lequel, comme moi aujourd'hui, tu te diras, "quoi ? déjà?"
Au passage, j'invite tous les jeunes parents, euh tout le monde en fait, à s'intéresser à la théorie de l'attachement ...
Et oui, il y une grosse hypocrisie dans notre société, on est pas assez prévenu-e de comment ça se passe les premiers mois ... et encore on a pas abordé les conséquences dans le couple :lol: Bon courage ! :P
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Re: Devenir maman ou pas...

Message par cactus2002 »

[mention]Grabote[/mention] justement, je me suis intéressée à la théorie de l'attachement et, d'après ce que j'ai lu, il existe 3 phases, dont la 3ème se poursuit jusqu'aux 2 ans de l'enfant environ. Lors de cette 3ème phase, l'enfant a un besoin très prononcé de sa figure d'attachement, ce n'est qu'ensuite qu'il développe son indépendance et "s'éloigne un peu". Or, ma fille n'a que 15 mois, alors certes, elle peut être gardée une demi-journée mais elle a encore beaucoup besoin de ma présence.

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Re: Devenir maman ou pas...

Message par Grabote »

Bien sur, je ne dis absolument pas le contraire, je dis juste qu'à 15 mois, l'allaitement ne peut pas être un empêchement à prendre une journée pour soi ... ou une nuit de repos. Après c'est mon avis et il n'engage que moi ...
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Re: Devenir maman ou pas...

Message par cactus2002 »

Oui tu as parfaitement raison, je suis probablement trop angoissée...

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Re: Devenir maman ou pas...

Message par Grabote »

C'est pour ça que s'accorder du temps pour se reposer est très important amha. la fatigue nuit à la sérénité et à la prise de recul. À la place de ta fille, est ce que tu préfèrerais une mère très présente physiquement mais épuisée, angoissée et donc pas très sereine ni vraiment présente psychiquement ? Ou une mère qui te confierait à quelqu'un-e de confiance pour pouvoir se reposer et que tu retrouves reposée et disponible ? J'ai toujours beaucoup parlé à ma fille même bébé pour lui expliquer ce que je faisais et pourquoi. Je ne sais pas jusqu'à quel point elle comprenait précisément ce que je lui disais mais je voyais bien dans son comportement qu'elle comprenait pas mal de truc et bien plus que ce que j'aurai imaginé. J'ai plein d'anecdotes rigolotes à ce propos, mais je vais m'en tenir à une : j'étais avec une copine dont la fille était née le même mois que la mienne. Je lui parlais de ça et elle se moquait de moi, j'ai regardé sa fille qui était à 4 pattes et je lui demandé si elle pouvait rentrer dans la pièce et fermer la porte derrière elle. Elle l'a fait direct, :D elle ne marchait pas encore donc, sa mère la regardé estomaquée !
Aujourd'hui de plus en plus d'études scientifiques valident ce genre d'expériences.
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Re: Devenir maman ou pas...

Message par lady space »

La théorie de l'attachement m'intéresse beaucoup, mais je crois que c'est plutôt une histoire de qualité de la présence de la figure d'attachement. (Pour ma part, j'ai eu une mère physiquement présente, mais psychiquement indisponible, et je peux vous dire que ce n'était pas top.) Je suis entièrement d'accord avec Grabote pour dire qu'il est indispensable de répondre un minimum à ses vrais besoins quand on est maman parce que le jour où on s'effondre, ça va être pour de bon et on ne servira plus à rien ni à personne. Et les enfants captent effectivement plein de choses, y compris les non-dits, alors autant jouer franc jeu en leur expliquant les choses avec des mots à leur portée.

Puis, ce sont les débuts qui sont le plus dur, ça s'arrange progressivement, quand ils commencent à parler, puis quand ils vont à l'école. On récupère un peu de liberté de mouvement petit à petit.

Après, il y a une question qui me taraude dans vos histoires : où sont et que font les papas là-dedans ? Je veux bien qu'il est impossible de leur déléguer l'allaitement. Mais ils peuvent s'impliquer dans tout le reste. Genre l'organisation des vacances dont tu parlais : je ne vois pas trop pourquoi tu serais obligée de t'en occuper. N'importe qui est capable de faire une réservation, de planifier le trajet et de préparer les valises. Quitte à faire une liste des choses à ne pas oublier si le papa n'est pas très calé en logistique familiale. Ou une liste exhaustive, en fait plutôt 2 listes : 1 avec les choses à faire avant de partir et 1 avec tout (mais vraiment tout) ce qu'il faut emmener. D'ailleurs, on peut discuter de ces listes ou des projets de vacances en allaitant. Pendant la tétée, on est certes bloquée sur place et on n'a pas ses mains, mais on a une bouche pour parler, une tête pour réfléchir ensemble et l'autre a 2 mains pour écrire...
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Re: Devenir maman ou pas...

Message par cactus2002 »

[mention]lady space[/mention] je suis probablement un peu excessive lorsque je me sens épuisée et ne tiens pas compte de tout ce qui m’entoure. Effectivement, il y a un papa et mon conjoint adore notre fille. Certaines semaines sont très difficiles car, en raison de son activité professionnelle, il est souvent absent le soir (réunions qui durent souvent jusqu'à 23h) et je me retrouve seule à gérer le quotidien après la crèche. Ces périodes m'énervent particulièrement car avant d'avoir un enfant notre organisation de couple était parfaite: j'ai toujours aimé travailler le soir et en ai profité pendant des années pour travailler tous les soirs où mon mari n'était pas là. Je peux aisément affirmer que ma thèse a été écrite de nuit. J'aime ce moment, après 18h où tout le monde déserte les bureaux, cette sensation de toute puissance et les idées qui me viennent, de plus en plus vite, les bruits de la rue de nuit, l'impression que je vis des heures magiques, que je domine le monde et que je suis libre de suivre le fil de mes idées sans aucune contrainte. J'aime écrire et j'ai toujours eu une préférence pour pratiquer cette activité de nuit. Depuis la naissance de notre fille, il n'est, bien évidemment, plus possible d'avoir cette organisation. Commencer ma journée de travail à 11h ou midi et terminer tard dans la nuit ne fonctionne pas. Ce n'est compatible ni avec les horaires de crèche, ni avec ceux de mon enfant. Mon mari ne peut pas annuler ses réunions puisqu'elles impliquent d'autres personnes tandis qu'il m'est plus aisé de modifier mes horaires qui ne concernent que moi seule. Cependant, je vis assez mal ma nouvelle organisation de vie, je me lève tous les matins, parce qu'il le faut et que de toute façon ma fille me réveille mais je travaille mal durant les premières heures de la journée et éprouve des difficultés de concentration. Mais ce sont probablement des caprices, liés au fait que j'ai attendu longtemps avant d'avoir un enfant, que je me suis créé de petites habitudes auxquelles je tenais et que je ne supporte pas de voir balayées par la maternité.
Pour en revenir au papa, malgré ses horaires très importants (il travaille vraiment beaucoup), c'est lui qui assure toute l'intendance de notre vie: il cuisine, s'occupe d'une grande partie des lessives, range l'appartement et va même faire les courses avec notre fille le samedi pour me laisser des moments à moi. Il adore notre fille et, en vacances, s'occupe autant d'elle que moi (sauf l'allaitement, évidemment). Je ne suis pas une femme d'intérieur, je déteste ranger et ne remarque pas vraiment le désordre alors qu'il y est très sensible. Notre organisation nous convient donc plus ou moins à tous les deux (pour moi c'est un réel soulagement, lui n'aime pas particulièrement le ménage mais accepte de le faire pour équilibrer les taches dans notre couple). Je sais qu'il existe de nombreuses personnes qui ne doivent compter que sur elles-mêmes (mères et pères célibataires, divorcés, etc.) mais malgré ma "chance", je reste fatiguée et insatisfaite de l'état actuel des choses. Je sais cependant que tout évolue, que ma fille grandit et je remarque déjà que je suis moins fatiguée que cet été. J'adore notre fille et ne conçoit plus la vie sans elle, néanmoins je n'ai pas le courage de recommencer cela et d'avoir un deuxième enfant. C'est probablement égoïste mais j'ai l'impression qu'avec un deuxième je m'enfoncerais profondément dans la dépression.
Cette fin de message me paraît bien sombre alors je désire tout de même ajouter que mes paroles n'ont pas pour but de décourager celles et ceux qui désirent avoir des enfants. Elles n'engagent que moi et sont relatives à mes besoin, ma manière de vivre ma vie autrefois, de manière assez égoïste et solitaire et ma difficulté d'adaptation à ce changement aussi radical qu'est la maternité.

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Re: Devenir maman ou pas...

Message par Chat-Ours »

La non implication du père n'est pas forcément à relier au problème : dans mon cas aussi, le papa est très présent auprès de notre fille, et s'en occupe bien plus que moi (lui est "psychologiquement" disponible quand bien souvent je ne le suis pas, même s'il est lui-même en dépression en ce moment et du coup, moins "disponible" qu'avant quand même). Cependant, si je pense qu'il assume effectivement sa part du travail, j'avoue que la charge mentale reste en ma défaveur (je trouve), ne serait ce que parce que, dans sa manière de concevoir les choses, il gère "au jour le jour" (et tant pis si un truc n'est pas fait), quand j'ai besoin d'anticipation / d'organisation pour que mon cerveau se calme (un minimum de visibilité). Et faire des listes pour tout planifier est certes utiles mais cela me prends un temps fou, et ne me donne en aucun cas satisfaction car encore faut-il que ces listes soient ensuite utilisées et correctement utilisées (mon conjoint, et je le comprends, voudra faire sa façon, ce qui est une source de stress derrière car je devrai gérer ce qu'il n'aura pas voulu prendre en compte, bref, l'enfant est aussi une source infinie de problèmes dans le couple quand on en voit pas les choses de la même façon et qu'on en fonctionne pas pareil : avant, je trouvais qu'on était complémentaire avec mon conjoint, maintenant, je troue qu'on est trop disjoint et que du coup, c'est trop compliqué à gérer)

[mention]cactus2002[/mention] je me retrouve sur un point que tu soulignes : la vraie violence (psychologique, mentale) pour moi est de ne plus pouvoir m'organiser, mais de devoir tout organiser autour de ma fille, ne plus pouvoir tenter d'aller parfois à mon rythme, celui qui me convient et me coûte moins, celui qui faisait que les choses fonctionnaient avant, mais de devoir me plier à celui qu'on m'impose (ma fille, l'école, etc. sachant que je ne n'ai pas de famille à coté pour prendre le relais) et qui en fonctionne pas pas . C'est égoïste peut être mais cela ne sert à rien de se voiler la face : mon fonctionnement (personnel, propre à moi, fait de long moment de solitude et de pensées avec moi-même pour compenser ma surchauffe mentale, et le besoin de faire quelque chose d'utile ou de progresser en quelque chose) n'est pas compatible avec celui qu'on tente de m'imposer, et j'en souffre, ça me ronge, ça me désespère.
Tout comme c'est égoïste, mais réaliste, de penser que maintenant, plus de réelle vie de couple, car trop peu de temps "entre nous" (et non, le soir après 21h00 voire plus, on est trop épuisé pur "profiter" de la présence de l'autre, désolée, d'autant qu'il y a toutes les tâches qu'on n'a pas pu faire car un mini-nous ne nous a pas laissé tranquille -toujours pas assez autonome mais le sera t'elle un jour proche ?-, et puis il y a cette fichue organisation à planifier pour en pas devoir le faire dans l'urgence et péter les plombs, et on va encore s'engueuler à cause de cela en mode "non mais c’est à toi de le faire cette fois, là, j'ai pas le temps / l'envie / les capacités"). Plus de "liberté", plus d'indépendance, j'ai un petit boulet certes tout mignon qui pèse à chaque fois que je voudrais faire quelque chose. Bref, m'occuper de ma fille m'oblige à me renier, chaque jour, dans ce que je suis, voudrais être/ faire, pourrais être/ faire. Et c’est trop cher payé dans mon cas.

Ce que je dis n'est absolument pas original. Mais il reflète un problème résultant du croisement entre un fonctionnement individuel particulier (le mien) et une organisation de la société (rigide, limitée : école / vie professionnelle) dans un contexte particulier (pas de famille proche etc.), et les contraintes qui en résultent.

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Re: Devenir maman ou pas...

Message par Polgara »

Devenir maman, c'est aussi une question que je me pose.
Bon, clairement ce n'est pas demain la veille parce que, y'a pas de papa potentiel mais je me dis que je pourrais peut-être adopter un enfant d'ici quelques années.
Ce n'est pas la même chose qu'avoir un enfant biologique, certes, mais le rôle parental y est sensiblement le même. Et l'attachement qu'on peut avoir à cet enfant, s'il est sain, peut vraiment faire des miracle pour le parent comme pour l'enfant.

Pour moi, c'est carrément l'inverse de Biosarita : le couple est actuellement un truc trop difficile à gérer. Je ne comprends pas encore assez comment "être" avec les gens dans la vraie vie et une relation pour moi, c'est comme coller un aimant sur une boussole : ça marche plus correctement dans ma tête.
Mais la responsabilité parentale, prendre le temps pour un autre être qui compte sur moi, lui apporter tous les éléments d'amour, de bienveillance, d'attention et de sécurité nécessaire à l'épanouissement d'un petit humain, ça me tenterait vraiment beaucoup beaucoup.

Je pense qu'avoir un enfant, c'est aussi laisser une trace, transmettre une partie de nous, lui enseigner les valeurs qui nous sont chères. Le voir s'épanouir et se dire que c'est grâce à nous que cette vie peut avancer. Ou passer des heures interminables chez le psy une fois adulte, mais ça...

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Re: Devenir maman ou pas...

Message par Scrat »

J'apporte à mon tour ma modeste contribution autour de ce vaste édifice qu'est celui du questionnement de la parentalité. Bon, je re-précise que je ne suis pas officiellement diagnostiquée HP, juste en questionnement, mais ayant des traits communs avec nombre d'entre vous, j'ose participer ici.

La parentalité, contrairement à d'autres, était une évidence pour moi. Très jeune, je savais que j'aurais des enfants plus tard. Dès notre rencontre (précoce, à tout juste 18 ans) avec monsieur, on savait qu'on fonderait une famille. Alors quand notre situation a été satisfaisante pour ce faire, on s'est lancés. Dame Nature ne nous a pas rendu la tâche facile et j'en ai perdu trois avant d'enfin avoir ma fille, fin 2016, après plusieurs années d'attente.
Ayant beaucoup d'écart avec mon frère et ma demi-soeur (9 et 20 ans tout de même), je savais grosso modo qu'un bébé, c'est du travail, et je n'ai pas été déçue.

La naissance de ma fille a été un tsunami, franchement. En fait, tous mes défauts un peu "typiques" des HP m'ont mis des bâtons dans les roues. Mon complexe de l'imposteur a voulu que je sois convaincue, dès la naissance de ma fille, que je serais une mauvaise mère, vu que la mienne est un spécimen très intéressant de parent hautement toxique. Dès sa venue au monde, je me suis dit: "mais pourquoi est-ce que j'ai fait ça?"
Mais elle était là et avait besoin de moi. Et là, mon perfectionnisme m'a poussée à des extrêmes. Je me suis littéralement arrêtée de vivre pour me consacrer à elle, me mettant une pression incroyable pour satisfaire le moindre de ses besoins. Je me DEVAIS d'être la mère parfaite (spoiler alert, la mère parfaite est un mythe) et de faire vivre mon nourrisson dans le bonheur absolu. J'avais en plus engendré un modèle de bébé pas facile: coliques, reflux, hypersensibilité. Un bébé qui souffre, dort peu en journée, pleure énormément le soir. De quoi faire monter la jauge de stress au plus haut! Etant moi-même hypersensible, ses pleurs me déchiraient les tripes, littéralement. Et je m'en sentais sans cesse responsable.
Enfin, ma tendance à tout intellectualiser a parachevé ce médiocre portrait de maman débutante. Je comptais tout: ses millilitres de lait bus, ses heures de sommeil, le temps de sortie, je réfléchissais à tout, sans cesse, à m'en épuiser encore davantage. Si quelque chose sortait de l'ordinaire (spoiler alert n°2, il n'y a pas d'ordinaire avec un nourrisson), je me creusais les méninges des heures durant pour savoir pourquoi. Avec le recul, je me dis que cette intellectualisation excessive m'a empêchée de me concentrer sur l'amour instinctif et primitif que je devais ressentir pour ma fille. Oui, je l'aimais, mais j'avais l'impression que mon amour était moins dévorant que les autres mères.

Si je m'arrête là, j'estime mon effet contraceptif plutôt efficace...MAIS

Ma fille fut ma renaissance, sincèrement. Les premiers mois ont été une vraie galère pour les raisons citées ci-dessus, c'est un fait. Je pense qu'avoir un profil HP avéré (ou suspecté) peut rendre l'entrée dans la parentalité délicate à cause de l'hypersensibilité et du cerveau qui carbure comme un forcené H24. Néanmoins, la résilience et l'adaptation ont fait leur œuvre. Je me suis ajustée, j'ai appris à connaître ma fille, à me faire confiance et à accepter l'énorme part d'imprévu que comporte la vie avec un bébé. Cela s'est fait sur la durée mais quel soulagement! En toute sincérité, j'estime qu'il m'a fallu 9 mois pour me sentir vraiment bien dans mon rôle de mère.
Aujourd'hui, ma fille a 28 mois et c'est une enfant qui déborde de vie et de joie. Elle est suspectée précoce elle aussi, ce qui demande encore de s'ajuster au quotidien mais je considère la maternité comme un émerveillement de chaque jour. Nous sommes très proches, on se comprend en un regard et cette relation dépasse par sa beauté tout ce que j'avais pu imaginer. Je suis une mère épanouie dans son rôle, qui n'a nulle autre prétention que faire de son mieux, jour après jour, et de grandir avec sa fille. Les grands questionnements des débuts ont laissé place à bien davantage de sérénité et d'un amour inconditionnel. Je m'en suis si bien remise que son petit frère nous rejoindra fin juillet! ;)

En conclusion, je dirais qu'avoir un enfant est une décision très personnelle dont la majorité des paramètres échappe aux membres du forum. Néanmoins, l'essentiel pour moi se trouve dans le fait de se faire confiance et d'accepter de prendre les choses comme elles viennent. Alors là, peut se construire avec sérénité la plus belle des relations qui soit.
"Je suis fatigué patron, fatigué de devoir courir les routes et d'être seul comme un moineau sous la pluie.
Fatigué d'avoir jamais un ami pour parler, pour me dire où on va, d'où on vient et pourquoi.
Mais surtout je suis fatigué de voir les hommes se battre les uns contre les autres.
Je suis fatigué de toute la peine et la souffrance que je sens dans le monde. Il y en a trop.
C'est comme si j'avais des bouts de verre dans ma tête." La Ligne Verte

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Mlle-Qui
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Re: Devenir maman ou pas...

Message par Mlle-Qui »

Wouaw Scrat c'est fou ce que je me retrouve dans ton témoignage !!
Je ne m'étais jamais posé de question sur tout ça, mais en te lisant j'ai l'impression d'être devant un miroir 8o Tout refait écho... Je suis un peu sur le cul...
Je vais méditer tout ça ce soir et demain à tête reposée (enfin j'espère !) j'apporterais mon témoignage.
Dans la nuit qui m'environne, dans les ténèbres qui m'enserrent
Je loue les Dieux qui me donnent, une âme, à la fois noble et fière...

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Rune
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Re: Devenir maman ou pas...

Message par Rune »

Je voulais apporter ici (car cela fait plus échos aux premiers témoignages du fil) une référence que j'ai trouvée intéressante au sujet de la maternité. Je trouve de plus que c'est faire acte de féminisme que de partager la référence en question, puisqu'elle traite d'un des grands tabous qui restent sur la maternité, à savoir le regret d'être mère, évoqué dans les pages de ce fil.

Il s'agit donc d'un essai d'une sociologue israélienne, Orna Donath : Le regret d'être mère. L'auteure compile dans cet essai les témoignages de 23 mères israéliennes âgées de 25 à 75 ans qui, à la question ''Si vous pouviez revenir en arrière dans le temps, avec la connaissance et l’expérience que vous avez aujourd’hui, seriez-vous une mère ?'', ont toutes répondu non.

Voici les principales idées que j'ai retenues de ce livre (que je n'ai plus sous la main, donc ce que j'en retranscrit est assez partiel ), avec quelques citations de témoignages qui m'ont semblé mettre des mots justes sur ces idées :

-L'idée principale est que toutes ces femmes aiment leurs enfants et ne regrettent pas qu'ils soient nés, mais n'aiment pas leur rôle de mère.
« Mes enfants ne sont pas seulement des enfants merveilleux, mais des personnes formidables. (…) Mon regret n'a rien à voir avec eux. (Être mère), ce n'est pas ça que je veux. Je pense que pour moi, être mère n'est pas le bon choix. Pour moi, être parent n'est pas une option adaptée, appropriée, rationnelle. Non pas parce que je suis incapable d'être mère, mais parce que cela ne me convient pas. Ce n'est pas moi. (…) C'est en cela qu'il y a un sentiment de regret. Parce que dans la vie et dans la fonction qui est la mienne au quotidien, je suis à une place qui n'est pas moi. Mais je ne regrette pas d'avoir eu des enfants, parce que j'ai mis au monde deux enfants qui sont des personnes incroyables et merveilleuses. » Debra

-L'idée que la société méprise souvent la mère comme ''sujet'' et rend difficile la condition maternelle :
« J'avais beau être consciente intellectuellement de cette attente sociale, j'ai réalisé les jours qui ont suivi la naissance qu'à partir de maintenant, alors que je suis une personne qui a des peines, des sentiments, des désirs, des aspirations, j'allais devoir me mettre de côté pendant une durée limitée, me diminuer, disparaître, m'oblitérer. » Tamar Hager

-L'idée qu'être mère ne ''comble'', ne ''complète'' pas forcément, mais peut au contraire ''vider'' une personne :
« Je vois bien les efforts que je fais, mais cela me vide m'use, cela m'épuise, dans mon corps, dans mon esprit et dans mon âme. Je n'ai le temps pour rien d'autre. Avant, j'aimais passer du temps à écrire... J'adorais créer. Maintenant, je ne fais plus rien de tout cela, parce que je n'ai plus aucune inspiration ni aucune force. »

-L'idée que la société enferme les mères dans un rôle qui ne leur convient pas forcément  :
« Il y a un espace dans ma vie qui est très important pour moi. J'ai besoin d'espaces. Et cela ne m'était jamais arrivé avant de me sentir prise au piège. Cela a fermé mes espaces, mes horizons, et mon développement. J'ai eu une sorte de révélation féministe. (…) Une femme, une fois qu'elle a des enfants, renonce à beaucoup de choses auxquelles un homme n'a pas à renoncer. Elle devrait en tenir compte quand elle prend cette décision. (…) Le système culturel dans lequel on vit nous piétine. Il ne nous permet pas d'être ce que nous voulons. Ce n'est pas juste. » Rotem
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-L'idée, enfin, de la difficulté et de la culpabilité de vivre en aimant profondément ses enfants, mais en n'aimant pas être mère :
« Ils ajoutent une dimension à ma vie qui n'aurait pas existé autrement. Mais si je pouvais revenir en arrière sans me sentir coupable et tout ce qui va avec, je ne le referai pas. »

C'est pour lutter contre cette culpabilité que je partage donc cette référence. Ce que j'en ai retiré, c'est en effet qu'au fond ce n'est pas ''grave'' de ne pas aimer être mère (sachant que la plupart des femmes interrogées semblent malgré tout très bien s'en tirer, tout du moins en surface, et aiment leurs enfants. Je me dis d'ailleurs que le tabou ultime, après celui évoqué ici, c'est d'évoquer le fait de ne pas réussir à aimer ses enfants, ce qui doit arriver aussi...), mais que ça l'est de culpabiliser les mères sur le fait que non seulement elles ''doivent'' avoir des enfants, mais en plus elles doivent forcément apprécier cela !

Et pour prévenir deux éventuelles remarques :
-je ne doute pas que les pères puissent éprouver des sentiments assez proches aussi. Mais il me semble que globalement, les injonctions sociales restent plus fortes à ce sujet sur les femmes, et ce sont surtout ces injonctions qui rendent les choses difficiles à vivre, d'après ce qui ressort de ces témoignages.
-je sais très bien que toutes les mères ne vivent/ressentent pas les choses ainsi...et tant mieux ! Mais on entend moins celles qui témoignent dans ce livre, je trouvais donc intéressant de me faire l'écho de leur voix.
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