Chapitre 1
Neufs mythes à propos des surdoués
Ellen Winner commence par définir le terme de surdoué qui, selon elle, présente, nécessairement, les trois caractéristiques suivantes :
1.
La précocité : Grâce à un apprentissage plus rapide et qualitativement différent, les enfants surdoués maitrise rapidement un domaine, c’est à dire un champ organisé de connaissances tel que le langage, les maths, les échecs, le tennis, le bridge, etc.
2.
Une insistance à se débrouiller seuls. Les enfants surdoués atteignent la maitrise d’un domaine avec un minimum d’aide et d’encadrement de la part des adultes et parviennent même à faire leurs propres découvertes, à inventer leurs propres règles. Par définition, ils sont donc créatifs mais non créateurs. Selon E. Winner, un créateur, capable de transformer un domaine, est un adulte avec une expérience d’au minimum dix ans.
3.
La rage de maitriser. Les enfants surdoués montrent un intérêt intense et obsessionnel ainsi qu’une concentration extrême, en situation d’apprentissage, appelée état de flow : un état optimal de concentration intense où ils perdent la notion du monde extérieur.
Après cette définition, l’auteur différencie les enfants surentrainés, nécessitant un encadrement très important, des surdoués jusqu’au prodige qui, selon l’auteur, est la version extrême du surdoué.
Par la suite, elle nous apprend que son étude se rapporte à deux domaines scolaires : le langage et les mathématiques et deux domaines artistiques : les arts visuels et la musique. C’est dans ses principaux domaines que l’on retrouve le plus de surdoués car ils sont, non seulement, attrayants pour les enfants mais aussi extrêmement structurés. En effet, l’auteur nous apprend que
plus un domaine est formel et régi par des règles, plus il est susceptible de produire des surdoués.
Elle a donc choisi des champs représentatifs sur lesquels elle va s’appuyer pour déjouer les mythes concernant les surdoués et développés dans les chapitres suivants.
Mythe 1 : Le Don « Polyvalent »
A l’école ou dans les études consacrées aux surdoués, c’est le test de QI qui prévaut pour les authentifier, autrement dit, on parle d’un potentiel intellectuel général qui sous entend d’être doué « sur toute la ligne ». L’auteur, loin d’être d’accord, avance que, sur le plan scolaire, la majorité des enfants tend à avoir ses forces et ses faiblesses (allant jusqu’au trouble de l’apprentissage). Elle souligne que chez des enfants extrêmement doués, il n’y a précisément pas d’intelligence généralisée mais des aptitudes spécifiques à un très jeune âge avec de très fortes prédispositions.
Mythe 2 : Talentueux mais pas surdoués
Selon l’auteur, la distinction entre surdoué (QI élevé) et talentueux (aptitude exceptionnelle dans un domaine artistique ou athlétique) n’est pas fondée car les deux possèdent les trois caractéristiques susmentionnées.
Mythe 3 : Un QI exceptionnel
Selon l’auteur,
il est loin d’être prouvé que le don dans les domaines non académiques tel que l’art ou la musique requiert un QI exceptionnel.
A contrario, certains ont même un QI en dessous de la moyenne et sont souvent autistes ou atteint du syndrome savant.
Mythe 4 et 5 : Tout inné ou tout acquis
Il y aurait certainement une base biologique différente susceptible d’être développé par le milieu.
Mythe 6 : La pression parentale
Bien que l’on conseille aux parents de ne pas trop pousser leur enfant, l’implication parentale reste une force nécessaire pour le développement du don.
Mythe 7 : Des modèles de santé psychologique
Les psychologues ont tenté de réhabiliter l’image de l’enfant surdoué en en dressant un portrait idyllique tant sur le plan de la santé, de l’adaptation sociale ou la moralité. Mais ils se retrouvent bien souvent isolés s’ils ne rencontrent pas leurs pairs. Sur le plan social, les modérément doués sont mieux adaptés mais cela reste exclu pour les cas extrêmes.
Mythe 8 : Tous les enfants sont surdoués
On rencontre de nombreux écueils quand il s’agit de vouloir mettre en place des structures spécialisées pour les surdoués. Le milieu scolaire ou para scolaire fait preuve d’une grande discrimination arguant parfois que tous les enfants ont un potentiel d’apprentissage égal. Pourtant, les cas extrêmes ont des besoins spécifiques comme ceux ayant une déficience intellectuelle ou des troubles de l’apprentissage.
Mythe 9 : Les enfants surdoués deviennent des adultes exceptionnels
Bien que les enfants surdoués soient considérés comme créatifs, ils n’en deviennent pas forcément créateurs. D’autres facteurs sont à prendre en considération tel que la personnalité, la motivation, le milieu etc. pour expliquer le passage de l’un à l’autre.
De l’importance d’étudier les surdoués
Les surdoués représentent une ressource importante pour un pays. Mais par crainte d’élitisme, l’attention est peu portée sur ces derniers. Pourtant ils sont un atout majeur que d’autres cultures ne négligent pas car ils peuvent contribuer à faire avancer la recherche en devenant des chercheurs ou des adultes créateurs si on leur en donne les moyens.
Par ailleurs, les études portant sur de tels sujets aident à comprendre les différentes capacités du cerveau humain et à nous offrir de nouvelles perspectives.
Il a déjà été présenté dans ce chapitre quelques découvertes dépassant les mythes les plus courants :
- Les aptitudes peuvent coexister indépendamment les uns des autres.
- Avoir un QI élevé n’explique pas un don exceptionnel dans les domaines non académiques.
- Le cerveau des surdoués présente des caractéristiques atypiques.
- Le milieu familial joue un rôle plus important dans le développement des dons que le milieu scolaire.
- A l’instar d’un handicap, être surdoué peut conduire à l’inadaptation et à l’isolement social.
- Ce sont plutôt les traits de personnalité qui détermineront le devenir à l’âge adulte plutôt que le niveau d’aptitude.