La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

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baptiste
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Un petit message pour continuer l'édification des masses :lol:

le bazar des unités, des mesures et des transactions en forêt

La forêt est un milieu régit par des règles et des traditions parfois archaïques et non standardisées, un exemple qui le montre bien est la vente de bois. Désolé par avance, le sujet est un peu complexe à décrire et horriblement compliqué à mettre en place sur le terrain.

Déjà il n'existe pas une manière de vendre du bois mais des dizaines, chaque région, chaque essence à ses spécificités et particularités mais en gros on peu distinguer plusieurs types de ventes :

Les ventes publiques, il s'agit des ventes de l'ONF. En général elles ont lieu une à deux fois par ans, sont publiques et sont le rendez vous de tout les forestiers du coin. L'ambiance est bon enfant, on ris, on parle fort, on s'engueule parfois on en viens au mains et souvent on va boire des coups après. Mais déjà la il existe plusieurs types de ventes suivant les régions, toutes aux enchères mais selon différents modes (secrètes, descendantes ou à la bougie)

Les ventes privées. L'acheteur négocie directement avec le vendeur et c'est la que les ennuis commencent... suivant les essences et les régions et les envies de chacun on peut vendre :

Soit "En bloc" l'acheteur achète l'ensemble de la coupe et paye ou un prix global (vente sur pied) ou un prix par qualité de bois (tant pour de la grume, tant pour le chauffage...) ou un prix à la tige (le prix est donné arbre par arbre souvent pour des essences rares). Dans tout les cas c'est l'acheteur qui à la responsabilité du façonnage (abattage, billonage,debardage, triage).

Soit bord de route, le vendeur fais alors façonner lui même et les qualités de bois son déjà triées l'acheteur peut donc sélectionner les billes ou la qualité qui l'intéresse et ne pas acheter ce qui ne l'intéresse pas.

Le façonnage est un poste clefs comme vous pouvez le voir et ne sera jamais mechanisable en tout cas sur les essences nobles, le façonneur (en général le bûcheron) à la responsabilité du billonage (division de l'arbre en tronçons de différentes qualités : tranchage, sciage premier choix, deuxième choix, chauffage, trituration. ..).
Cela nécessite une bonne connaissance du bois et des essences pour détecter les "singularités" (jamais de défauts dans le bois) qui vont déterminer la qualité. Mais suivant les essences une même singularité peut être soit refusée (pas de ronce, ou de loupe dans le chêne premier choix) soit recherchée (loupe d'orme, ronce de noyer...).

C'est aussi la que le problème des unités de mesure se pose :
Les débouchés nobles (sciage, tranchante, de roulage...) se payent au mètre cube "vrai" (volume réel du tronc), les usages secondaires se payent au stère (volume de bois empilé) et les déchets à la tonne.

Mais dans tout les cas tout sera façonné en stère puisque le bûcheron est payé selon cette mesure. Un même morceau de bois peut donc être mesuré de trois manières différentes à quelques minutes d'écart avec à chaque fois impressision et tentative de triche qui font qu'on ne tombe jamais pareil.

Et c'est encore pire quand on mesure sur pied...

En forêt il y à ce qu'on appelle les inventaires ou cubages. En général réalisés avant une vente (que ce soit une coupe ou une éclaircie) mais aussi durant la croissance des peuplements, il s'agit de mesurer le volume de TOUS les arbres d'une parcelle et de marquer ceux à abattre.
On les fais en général en hivers et c'est un gros morceau vous allez comprendre pourquoi :

mesure de la grosseur de l'arbre
Il s'agit de mesurer le diamètre moyen (si on est en forêt publique) ou la circonférence (si on est en forêt privée) des arbres. En général ça se fait par équipe de 4, trois personnes qui mesurent et crient l'essence et la mesure relevée (chêne 67,5) et une personne qui note et vérifie qu'aucun arbre n'est oublié. Certaines essences lors des cubages ne sont pas appelées par leur noms mais par leur surnom afin de faciliter la distinction. Ainsi par exemple le hêtre deviens Fayard.

Pour mesurer on utilise différents instruments :
- le compas forestier, c'est une sorte de pied à coulisse géant (environs 1m50, je vous laisse imaginer le bazar pour le trimballer dans la végétation en plus des autres instruments) on mesure le diamètre à 1m30 de hauteur. Un arbre n'étant jamais parfaitement rond il faut réaliser deux mesures croisées et annoncer la moyenne. Il est gradué selon trois modes (circonférence, diamètre et compensé (en gros ça donne une moyenne de mesure pour ne pas avoir à croiser)). Petit concession à la modernité il existe des compas électroniques avec un bouton pour enregistrer la mesure et l'exporter ensuite vers ordinateur, ce qui fais l'économie d'une personne pour noter les mesures dans le cas d'un peuplement monospécifique.
- le compas finlandais (droit ou parabolique) il s'agit d'une sorte d'equerre que l'on viens crocheter autour du tronc et ou on lit la mesure par projection. Moins précis il à quand même l'avantage d'être souvent pliant donc plus facile à trimballer. Pour l'anecdote j'ai connu un papy qui s'était fais faire une canne avec un compas finlandais caché dans le manche façon canne épée.
- la corde, sorte de mètre ruban lesté au bout que l'on lance d'un côté de l'arbre et rattrape de l'autre main de l'autre côté. C'est le plus simple à utiliser et à trimballer, mais aussi le plus précis bref mon préféré malgré le fait qu'il tombe malheureusement en désuétude.

mesure de la hauteur

La aussi c'est compliqué, on ne mesure pas une hauteur mais des hauteurs suivant la région, l'essence ou l'utilisation. Hauteur totale (jusqu'à la cime) hauteur grume (jusqu'aux premières branches)...

Pour ce faire, différents instruments :
- la croix du bûcheron : il s'agit de l'instrument le plus simple qui soit, une simple équerre basée sur les dimensions du triangle remarquable 3,4,5 il est facile de le réaliser avec deux bâtons directement sur place. Il suffit de reculer de manière à ce que le bas du triangle corresponde avec le pied de l'arbre et le haut avec la cime et de mesurer ainsi la distance parcourue pour avoir la hauteur de l'arbre.
- les dendrometres (suunto, Blum leis, relascope de bitterlich...) les noms sont compliqués, leur utilisation est pire, tout est basé sur des prismes et des estimations angulaires. Il faut se placer à une distance précise de l'arbre, estimer sa hauteur et lire dans l'oeilleton la hauteur réelle (si il y à pas de buée) sur la bonne échelle correspondante. Ils sont sensés être plus précis que la croix mais en général hormis quelques utilisations précises ils restent dans la voiture à prendre la poussière.

Comme vous pouvez le voir les inventaires en plein sont horriblement compliqués, c'est pour cela que se développe de plus en plus les inventaires statistiques ou en gros on fais la même chose mais sur des placettes représentatives du peuplement.

Ça c'est quand on est à l'école ou à l'ONF, parce que dans le privé on fais un inventaire simple au compas, on estime une hauteur moyenne à l'oeil et c'est tout.

Pour la petite histoire, quand j'étais à l'école forestière on a fais l'expérience d'inventorier la même parcelle avec les différents outils et méthodes et au final que ce soit avec du matos de pointe ou à la louche les résultats finaux sont sensiblement les mêmes.

Une fois que le recueil de données, déjà pas simple en lui même, est fait on passe à la partie compliquée.

le cubages des bois

Les données recueillies servent au final à calculer tout un tas d'indices statistiques pour nous donner une idée mathématique du peuplement (rapport hauteur/diamètre, volume de l'arbre moyen, densité, volume global sur pied...) ces indices permettent d'aider à la décision et au calcul des coupes.

Ainsi on sait qu'au dessus de tel rapport hauteur/diamètre il faut réduire la densité de tant de % en eclaircissant en fonction du volume de l'arbre moyen etc...

Et parlons en du volume :

Un arbre n'est pas cylindrique et rarement symétrique donc les formules simples (tronc de cône) ne s'appliquent pas, il existe bien des formules de calcul mais qui sont horriblement complexe à mettre en oeuvre et sont variables suivant les essences, leur âge ou leur diamètre.

Alors on utilise une méthode de calcul empirique !
En effet il existe des tarifs et des barèmes (Chaudet par exemple) que des personnes on établies en plongeant des centaines de troncs d'essence différents dans un bac d'eau et en mesurant le volume d'eau déplacé.

Au final on obtiens un livre dans lequel il est dit que pour un tronc de telle essence, de tel diamètre et de tel hauteur le volume sera de tant.

Et avec ça on a plein de beaux chiffres, un plan d'aménagement bien propre et l'ingénieur de l'ONF ou le prof est content.

Voilà en espérant que ce sujet un peu plus technique vous aura plu aussi
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Pataboul »

buche.jpg
Ce schéma illustre une technique qu'on m'a apprise quand j'étais élagueur (juste un peu et formé sur le tas... de bois! :) ), il me semble que c'est la "croix du bûcheron" dont tu parles, sauf qu'ici pas de 3-4-5, juste deux brindilles qui sont tenues de manière à avoir deux bouts de même longueur formant un angle droit, l'une horizontale, l'autre verticale. Si c'est pas la même chose ça doit y ressembler.
Tenant cet outil tout près de l'oeil, on se déplace jusqu'à voir le point dont on veut estimer la hauteur coïncider avec le haut de la brindille verticale. Ensuite il suffit de mesurer la distance entre le bonhomme et l'arbre, d'y ajouter la hauteur des yeux du bonhomme, et on a une idée assez précise de la hauteur qu'on voulait connaître.
On utilisait cette astuce quand on avait besoin de savoir précisément où l'arbre allait tomber lors d'abattages "de précision", quand il y avait des trucs à ne pas casser aux alentours.
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

C'est tout à fait ça la croix du bûcheron ! La 3 4 5 est juste un chouïa plus précises mais vu que c'est basé sur thales ça marche avec n'importe quel triangle rectangle.

En forêt il y à une sorte de bizutage : on fabrique une croix du bûcheron et on mesure un arbre. Une fois la bonne mesure retenue on ne bouge pas et on fais abattre l'arbre dans l'axe. Tout le jeu consistant à ne pas bouger en voyant l'arbre tomber vers soi. Le summum de la classe c'est quand le bourgeon terminal viens se poser entre ses chaussures...

Je sais pas si c'est pour frimer ou tester son courage (ou prendre confiance dans ses mesures) mais au départ on est pas tout à fait sec quand on teste
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Miss souris »

Je vous aime. Quelqu'un aurait une journée de libre à me filer pour que je puisse prendre le temps qu'il faut pour lire ce fil et celui de Blue Hedgehog ? :)

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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Miss souris a écrit : mer. 21 nov. 2018 16:57 Je vous aime. Quelqu'un aurait une journée de libre à me filer pour que je puisse prendre le temps qu'il faut pour lire ce fil et celui de Blue Hedgehog ? :)
Pose des vacances, j'ai encore plein de choses à dire...
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Pataboul »

:D

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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Miss souris »

:cry: :rofl:

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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Pascalita »

Merci à tous, ce fil est passionnant sous toutes ses facettes !

Et un merci tout spécial à [mention]baptiste[/mention] pour les explications sur le bûcheronnage et le travail des forestiers. (Mon grand-père que j'aimais beaucoup était garde-forestier, et passionné par "sa" forêt - serait-ce héréditaire, d'ailleurs ? :huhu: - mais il est mort avant que j'aie eu le temps de me rendre compte de la supposée hérédité... et de lui demander de me raconter...) :favorite:

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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Merci pour ces retours !

J'ai un peu moins l'impression de monologuer en racontant mes souvenirs d'ancien combattant...

Si d'autres personnes veulent participer à ce topic elles sont les bienvenues ! Je suis ouvert au débat et à la critique.

Sinon y à t'il des thèmes, sujets, ou problématiques que vous voudriez voir abordées en rapport bien sûr avec ce post ?
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Pataboul »

Pas évident d'en ajouter tellement tu maîtrise ton sujet...
J'ai une petite contribution néanmoins. Profitant que j'avais deux stères de bois à ranger, j'ai tourné une petite vidéo où je donne quelques conseils pour le fendre sans trop s'épuiser. Le plus important de tous: se procurer un vieux pneu! J'ai pas insisté dessus et ceux qui fendent leur bois devraient bien voir la différence, mais avec cette astuce on gagne énormément de temps et de fatigue. Au lieu de poser une bûche, frapper, la remettre droite, frapper à nouveau, là on en cale quelques une dans le pneu et on enchaîne, et si ça n'est plus assez droit, pas besoin de se baisser, on peut redresser le "fagot" du bout du pied. J'aurais aimé le savoir à l'époque ou c'était une petite partie de mon boulot.

[BBvideo=560,315]https://youtu.be/1XjqBGdLaGE[/BBvideo]
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par TourneLune »

Mouahah, on attend le moment où qq un va apparaitre et tu vas lui fendre le crâne :lol:
Sérieusement, l'astuce est chouette à connaitre, elle fait effectivement économiser énormément de temps et d'énergie.

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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Excellent post pataboul je me porterais moins le dos la prochaine fois grâce à toi !

Bon comme c'est un peu calme au boulot je vais vous parler d'un truc intéressant : les successions écologiques ou

Comment naît une forêt

Si on imagine un sol nu de roche stérile, ce qui dans la pratique arrive rarement sauf en cas d'eruption volcanique, d'eboulis ou de dalle béton laissée à l'abandon. Ce milieu est impropre à la présence de vie mais la vie trouve toujours son chemin et petit à petit apparaissent les premières espèces qui vont conduire à l'apparition d'une forêt et ce au travers de différents stades.

En premier viennent les autotrophes (qui se nourrissent seul) espèces extremophiles et quasi immunisées au stress, on les appelle aussi espèces facilitatrices et sont caractérisées par des graines microscopiques à dispersion facile sur des centaines de kilomètres. On en trouve deux grandes catégories :

- les algues et bactéries, en utilisant uniquement de l'eau (pluie, condensation) elles vont commencer à dégrader la roche en éléments minéraux distincts grâce à des réactions chimiques afin de croître et se reproduire.
- les mousses et lichens (qui sont eux même la symbiose d'un champignon et d'une algue) qui en utilisant aussi de l'eau vont continuer la dégradation de la roche. Puis en se décomposant et en formant une barrière elles vont retenir les éléments mineraux liés à l'érosion elles vont finir par créer un substrat favorable à l'apparition de vie plus complexe.

Arrivent ensuite les organismes pionniers alotrophes ce sont des organismes plus évolués mais toujours caractérisés par des graines dispersantes :

En premier les herbacées qui vont utiliser le substrat pour leur croissance, grâce à leur cycle de vie annuel et à leur décomposition elles vont créer un véritable sol.

Sur ce sol vont apparaître les premiers buissons et formes végétales pérennes, vivaces. Ce sont les premiers à rester en vie sur la durée leur rôle est de stabiliser le sol en profondeur grâce à leur enracinement mais aussi de faire remonter des éléments minéraux profonds (les racines les puisent en profondeur et ils remontent dans les feuilles qui vont tomber sur le sol).

A ce stade le sol est stable et commence à s'enrichir suffisamment pour permettre l'apparition des premières essences forestières pionnières. Ce sont les espèces d'arbres rustiques et adaptées aux conditions difficiles et aux graines toujours dispersées par le vent (samares) par exemple le pin, le bouleau, l'érable ...

Les pionniers arrivent par vague successives chacune profitant des améliorations apportées par les vagues précédentes.

Au fur et à mesure l'implantation passe de clairsemée à dense, l'humus s'enrichit, le cycle de la matière et des échanges se complexifie. On vois souvent apparaître à ce stade les premières communautés animales sédentaires (si elles sont présentes aux stades précédents elles sont souvent nomades). La forêt pionnière à aussi un effet sur le climat que ce soit localement (lissage des températures, augmentation du taux d'hygrometrie...) mais aussi au niveau global, régulation des précipitations etc.

Grâce à toute ces améliorations les premières espèces dryades vont apparaître. Ce sont des espèces exigeantes à graines lourdes, souvent dispersées uniquement par les animaux (chêne, merisier, ...). Ce sont aussi des espèces adaptées à pousser à l'ombre des espèces pionnières dans les premiers stades de leur croissance. Elles sont aussi plus concurentielles et plus adaptées, plus efficaces dans l'utilisation des ressources et vont donc supplanter les pionnières.

A ce stade on a atteins ce qu'on appelle un climax, c'est à dire un écosystème stable qui s'auto entretiens et ne se complexifie plus.

Bien sûr tout cela, c'est dans les conditions idéales, si les conditions sont défavorables (conditions climatiques extrêmes, excès ou manque d'eau, perturbations régulières, pression des herbivores...) la végétation reste "bloquée" sur des stades intermédiaires.

La taïga ou la savane en sont de bon exemples. Dans ce cas cela représente l'optimum écologique en fonction des conditions présentes. Mais si les conditions s'améliorent la succession écologique va reprendre son cours.

Par exemple avec le réchauffement climatique les feuillus sont en train de progresser vers le nord.

Et l'homme dans tout ça ?

Et bien l'espèce humaine représente un facteur limitant dans les successions écologiques.

L'agriculture par exemple dépense une énergie considérable pour bloquer l'écosystème au stade herbacé. Tout les travaux agricoles hormis ceux de récoltent servent à empêcher l'écosystème d'évoluer.
La sylviculture aussi en favorisant certaines espèces pionnières au détriment des espèces dryades contribue à interrompre ces successions (cas du douglas notament)

Mais l'homme bloque aussi ces successions involontairement en favorisant les herbivores pour les pâturages par exemple.

c'est bien gentil tout ça mais ça prend combien de temps ?

Et bien le sujet est complexe, entre une roche nue et le climax on estime qu'il se passe minimum 1000ans.

Mais entre les stades intermédiaires...
La roche nue est rare, la plupart du temps les sols sont déjà sur des stades avancés. Entre un stade herbacé et un début de forêt il se passe moins de 100ans.

Mais entre un stade pionnier et le stade dryades il peut s'en passer 300.

Pour l'anecdote il y a une forêt ou je me balade depuis que je suis petit dans cette forêt il y à une deux chevaux abandonnée sans la capote. En même pas trente ans J'ai vu se succéder les différents stades et aujourd'hui il y à tout un écosystème dans la voiture et même un jeune bouleau d'une dizaine d'année qui se développe sur le plancher de l'habitacle sans aucun contact avec le sol.
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Troglodyte-mimi »

J'avais jamais rien compris aux mesures du bois et méthodes de ventes mais en te lisant je comprends pourquoi! passionnant batiste merci :-)

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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par TourneLune »

Au hasard de mes promenades sur le net, j'ai trouvé ça, sur le débardage à cheval:
panneaux-levier-2010-Debardage.pdf


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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Merci pour ces vidéos intéressantes ! Ça montre bien qu'aucune forêt n'est trop en pente pour être exploitée !
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

La forêt dans l'imaginaire collectif

De tout les milieux que fréquente l'homme fais partie de ceux qui excite le plus l'imagination de l'homme. Ainsi c'est un lieu de mystère à la fois abandonné et fréquenté ou la nature est encore perçue comme sauvage.

Dans les contes et légendes la forêt est un lieu sombre et dangereux (le petit pouet, le petit chaperon rouge...)

Pourtant il existe de nombreux habitants dans les forêts, tout ceux qui ont besoin du bois pour travailler par exemple (charbonniers, gemmeurs) ces gens bien que nécessaires au fonctionnement de la société sont souvent vus comme des réprouvés auréolés de mystère. Ils vivent volontairement éloignés du village (pour être plus proches de la ressource). En général il s'agit de familles pauvres.
Je vous cite de mémoire (impossible de retrouver le texte exact) une "sociologie des classes de métier" dont on m'avais lu un extrait au début de mes études et qui montre bien la vision qu'ont les citadins de la forêt :

le forestier est un être frustre et sauvage qui hante les bois de nos contrées. Grand et fort il n'est cependant pas à même d'exercer les choses de l'esprit et, à ce titre ne parle que peu. Il vit généralement seul dans une hutte et son physique peu amène lui exclu la compagnie féminine. Pour satisfaire ses besoins il descend parfois en ville fréquenter tavernes et femmes de peu de vertu.le reste de l'année on le trouve dans son milieu ou il porte invariablement la cognée dont il se sert indifféremment pour abattre des arbres ou brigander le voyageur esseulé
La citation est de mémoire (donc inexacte) mais l'esprit est la et ça date du 18eme.

La forêt est aussi une terre mystique.

Souvent citée comme l'habitat des druides et plus tard des sorcières (ceux qu'on veut garder sous la main, mais pas trop près quand même) elle est après l'arrivée du christianisme souvent colonisée par les monastères qui viennent chercher la la tranquillité et l'isolement nécessaire à l'étude mais aussi le travail qui est selon eux une vertu.

La forêt regorge aussi de lieux mystiques, les arbres à loques par exemple, il s'agit d'arbres réputés guérir maladies et infirmités en y accrochant le vêtement en rapport avec son problème. Bien que très anciens ces lieux existent souvent encore de nos jours et on généralement été récupérés par le christianisme. On trouve généralement proche de ces arbres une petite chapelle ou une statue de la vierge.

Je connais personnellement une fontaine saint Jean (fontaine qui a ma connaissance n'a jamais donné d'eau) ou j'allais me balader enfant. On trouvais accroché dans les arbres alentours des douzaines de vêtements (dont bizarrement beaucoup de caleçons) a tel point que la croix rouge venais faire la recolte deux fois par semaine. Aujourd'hui elle est beaucoup moins fréquentée mais on vois encore de temps en temps un vetement, et dernièrement j'ai été surpris d'y trouver des bancs en bois alignés comme à la messe. Aucune idée du pourquoi.

D'une manière générale chaque lieux un peu spécial, chaque arbre un peu tordu en forêt à un nom et souvent des propriétés miraculeuses... ou pas. Les lieux réputés magiques qui n'ont pas pu être récupéré par le christianisme à généralement été associé au diable.

Je connais personnellement une "Pierre du diable" qui n'a , pour moi, que la particularité d'être le seul rocher de granit à des centaines de kilomètre à la ronde. Mais avec beaucoup d'imagination on peut y voir la forme d'une main et la légende raconte qu'il suffit d'y mettre sa main pour vendre son âme au diable en échange d'un souhait.
Elle n'est indiquée sur aucun guide touristique et le chemin pour d'y rendre à été coupé par une autoroute. Pour y aller maintenant il faut prendre une barque sur la rivière, s'arrêter à un point précis et serpenter dans les bois pendant une demi heure. Pourtant la dernière fois que j'y ai été les alentours de la pierre étaient parfaitement dégagés comme si elle était régulièrement fréquentée.
Et je ne parle pas de l'église abandonnée seule au milieu des bois à plusieurs heures de marche du village le plus proche.

La forêt est un lieu de mystère inscrit dans nos gènes. J'ai passé des dizaines de nuits seul dans les bois et pourtant il m'arrive encore parfois de psychoter, un bruit un peut fort, un mouvement que l'on crois apercevoir et l'esprit se monte tout seul pour réussir à nous faire paniquer sans raison.

Et pourtant comme nous l'avais dit mon prof de forêt au début de nos études "souvenez vous toujours que vous êtes la chose la plus dangereuse qui se trimballe dans les bois..."
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Miss souris »

Baptiste, merci pour les connaissances et la poésie... Et j'aime l'idée qu'il existe des gens qui sont profs de forêt.

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Loupiotte
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Loupiotte »

J'ai toujours été surprise du contraste entre la perception qu'on peut avoir de la forêt le jour et la nuit.

Le jour, les gens disent s'y ressourcer, y vont pour randonner, courir, cueillir des myrtilles, champignons, mûres et j'en passe, travailler, chasser... On ne compte plus aujourd'hui le nombre de livres qui recommandent d'enlacer un arbre, de méditer sous un arbre, etc.... Bref, la forêt est perçue de façon très positive et presque, comme lieu de guérison. L'anecdote que tu racontais, Baptiste, à propos des habits dans les arbres l'illustre bien.

Par contre la nuit... Peu de gens peuvent se targuer de ne pas avoir peur, je pense. La forêt paraît sombre, inquiétante et effectivement, on a vite l'impression que d'affreux monstres peuvent en sortir. Pas besoin de payer pour une attraction style maison hantée, se promener seul ou même à plusieurs dans les bois, sans lumière, la nuit, suffit.
Quand j'étais plus jeune, mes parents avaient un chien et nous nous relayions tous pour qu'il puisse se promener longuement une fois par jour et en liberté dans la forêt. En hiver, forcément, il nous est arrivé d'être coincé et de devoir le promener la nuit. Une fois, je conduisais et mon frère m'accompagnait. On est sorti de la voiture, on a lâché le chien... Je n'étais franchement pas rassurée mais je me taisais. Et là mon frère qui me lance "C'est fou quand même, on s'imagine vite qu'un mec pourrait être caché derrière les arbres avec une tronçonneuse et nous tuer"... Merci de l'avoir formulé à voix haute ! J'en menais encore moins large.
Une autre fois, avec ma sœur, ça a été encore plus radical. Arrivées en forêt, elle m'a dit "Je te préviens, tu y vas toute seule. Moi, il est hors de question que je sorte de la voiture !"

Je me suis souvent demandé comment un même lieu pouvait être perçu si différemment selon qu'il y fasse jour ou nuit.

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baptiste
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

En fait je pense que la peur de la forêt la nuit n'est pas totalement irrationnelle, elle a un double volet :

-inné : le cerveau humain reste primitif, il est littéralement conditionné pour reconnaître des formes et des mouvements. C'est ce qui fait que ":-)" évoque un visage souriant alors qu'objectivement c'est juste deux points, n trait et un arc de cercle, c'est ce qui fait aussi que vous pouvez voir un lapin dans un nuage ou reconnaître une personne dans des tâches de peinture sur un tableau. Cette capacité à reconnaître des formes est une capacité évolutive qui à été utile à nos ancêtres : reconnaître un prédateur tapi dans l'herbe, transmettre des informations (à droite après le rocher en forme de lion...). Mais parfois elle nous joue des tours. Ainsi en forêt notre cerveau est littéralement assailli de formes complexes liées à la profusion de végétation (branches enchevetrées, buissons aux formes bizarres...) la ou de jour il est facile de lever le doute, il suffit juste de confirmer l'observation en se focalisant sur la forme, la nuit c'est une autre paire de manche. Notre vison nocturne étant très mauvaise le cerveau à beaucoup de mal à lever le doute au cas par cas. Il déclenche donc une réaction de peur ou d'angoisse juste pour dire que l'on est potentiellement entouré de danger et être prêt à réagir au cas où.

C'est pour cela que chez les gens qui veulent se balader en forêt la nuit je déconseille la lampe. Ainsi la vision va s'habituer rapidement à l'obscurité et le cerveau va pouvoir discriminer les formes. Tandis qu'avec une lampe la vision se focalise sur le faisceau et tout le reste aux alentours apparaît indistinct le moindre mouvement est donc perçu comme un danger potentiel. Mais ça ne fais pas tout car il y a aussi le deuxième volet :

- l'acquis : dès l'enfance on nous abreuve de contes et de légendes qui disent que la forêt est dangereuse (le chaperon rouge, le petit poucet...) ce qui était vrai à l'époque où ils ont été écris, et ils ont admirablement bien rempli leur rôle en dissuadant des générations de gamins d'aller se balader seuls dans les bois. C'est un peu comme si aujourd'hui on écrivais des contes pour enfant en réduisant internet au risque de prédateurs sexuels.

Donc en résumé pour arrêter d'avoir peur la nuit dans les bois : habituez vous à ne pas avoir de lampe et à affronter vos peurs et surtout arrêtez de raconter des choses obsolètes à vos enfants.

Ça réduit la peur mais on ne peut pas toujours éviter au cerveau de se monter en boucle vers la panique.

Une petite anecdote marrante qui date de mes années sur la route :

Quand je vivais sac au dos j'aimais bien dormir en forêt, c'est un lieu où je me sent bien et ou je peux me monter un petit camp ou je me sens en sécurité. Une nuit alors que j'étais au milieu d'un bois de hêtre je suis réveillé par un bruit de feuilles mortes.
J'ai l'habitude d'être réveillé par des animaux, ça m'est même arrivé d'avoir des sangliers qui passent sous le hamac, mais la le rythme du bruit m'évoque un bipède qui se dirige vers mon camp.
Pas de lumière quand je fais un peu de bruit le marcheur s'arrête quelques secondes avant de reprendre dans ma direction, le pas est assuré, il de cherche pas à être discret.
Je me racle la gorge pour faire savoir ma présence mais aucune réponse. Je lance un "qui est là" au cas où mais toujours rien. Mon cerveau se monte en boucle je commence à paniquer, j'echafaude tout les scénarios possibles pour essayer de comprendre qui peut bien se trimballer dans les bois au milieu de la nuit et pourquoi il se dirige vers mon camps sans chercher à se dissimuler ni répondre à mes appels...

La panique est totale, un temps je songe à partir en courant en abandonnant mon sac sur place mais la maxime de mon prof de forêt ("bebert" un jour il faudra que je vous le décrive tellement il est caricatural) tourne en boucle dans ma tête "souvenez vous qu'un forestier est la chose la plus dangereuse qui se trimballe dans les bois, ..." .

J'attrape mon courage à deux mains, et la machette dans la troisième (oui bon...) Et je me dirige vers le bruit. Je marche d'un pas souple sans faire de bruit, lentement en prenant soin de me dissimuler derrière les arbres. Quand j'estime être à trois mètre de l'intrus je bondis prêt à en découdre !

Et la rien... pas un bruit, pas l'ombre d'un humain, encore moins d'un animal. Je ne comprend pas... est ce un fantôme ? Je finis par me dire que je me suis monté le bourrichon pour rien et je rentre à mon camps rassuré.

Mais à peine recouché le bruit recommence... cet fois ci je veux en avoir le coeur net, je prend ma lampe et me dirige vers la source en balayant du faisceau. Et la je comprend...

Sur le sol un hérisson est en train de chercher sa pitance, du museau il écarte les feuilles mortes, un coup à droite, un coup à gauche, reproduisant à la perfection le bruit d'un homme qui marche... j'avais oublié que la nuit dans les bois tout les bruits sont amplifiés.

Voici l'histoire de comment j'ai failli fuir de terreur devant un hérisson
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Miss souris
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Miss souris »

En te lisant Baptiste, je pensais à un hérisson...J'ai habité une année en ville en rez de micro jardin, il y avait un micocoulier et plein de feuilles mortes...et je me suis pris un coup de flip monstrueux en entendant ce pas régulier dans la nuit, inexorable et sourd à mes appels... :)
Quand j'ai trouvé le hérisson, j'avais un marteau à la main, le cœur à deux cents à l'heure, et j'étais, oui, comme le petit chaperon rouge dans la forêt. Brrrr...

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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par madeleine »

J'ai dormi également quelques fois seule dans les bois et tenté de rationaliser mes peurs viscérales. .. Il y a des saisons où c'est pas une bonne idée. Je me suis littéralement pissé dessus grâce à un adorable chevreuil aux grands yeux : ça a un cri atroce ces bêtes-là, et dans le noir plus ou moins complet j'ai cru crever :D
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
avec l'aimable autorisation de P.Kirool

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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Clochard céleste »

Sur la gestion forestière, je suis bûcheron en moyenne montagne, j'ai quelques infos a données.
En fait les plantations d'epicea ou de sapin sont souvent des zones qui ont été abandonnées par les agriculteurs (trop raide , trop cabossé). Du coup dans ma région le Jura il y a des zones anciennement pâturé et des secteurs où il n'y a jamais eut de vache ( forêt naturel avec des arbres de tout les âges ).
Les zones jamais cultivé sont en général bien plus riches au niveau diversité d'essences . On y trouve au moins 4 essences d'arbres et tout un cortège de d'arbres plus petit en hauteur. On les appelles Futaie jardiné ( pratique lié surtout aux zones de montagne Vosges, Alpes, Jura ).
La Technique est simple on sélectionne les arbres avec des défauts et les dominés par les autres.
En gros on améliore le peuplement a chaque fois qu'on coupe et on assure une jeunesse de qualité.
Pour donner une idée de ce a quoi ça ressemble , sur cent arbres on a 50 petits, 40 moyens et 10 gros bois.
Du coup on passe coupé tout les 5 a 10 ans et on a pas besoin de replanté.

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UnPosteur
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par UnPosteur »

Hors-sujet
Complètement hors-sujet mais la première phrase de ce fil me donne des frissons quand je la ponconce à voix haute. Du coup je l'ai dite une bonne douzaine de fois pour voir si je m'accomoderais de cette sensation mais rien à faire. Essayez, vous verrez.
baptiste a écrit : mar. 6 nov. 2018 21:32 Ce sujet est une scission d'une discussion
EDIT : ça ne me fait plus rien quand je le dis à voix haute.

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baptiste
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Bon, ça fais un moment que je voulais poster ici et j'avais promis un sujet à quelqu'un, j'attendais juste que le thème ne soit plus aussi brulant (sans mauvais jeux de mots) :

Pourquoi une forêt qui brule c'est pas aussi grave qu'on le pense

Parce que c'est normal :

Observons objectivement un eucalyptus : On a un arbre a croissance rapide, avec un bois peu dense, dont les feuilles, l'écorce et la sève sont riche en composés aromatiques (pensez à tout les dérivés pharmaceutiques), en hydrocarbures, et autres composés inflammables, bref une allumette imbibée d'essence... Et cet arbre vis dans une des régions les plus sèches au monde.

Darwin se serait il trompé ? Quel peut bien être l'avantage évolutif pour une espèce à prendre feu au moindre orage ?

Et bien tout simplement de se régénérer, et se disperser. Certains arbres dispersent leur graines grâce aux animaux, d'autres grâce au vent, et certains plus kamikazes le font grâce au feu et on appelle ça la Sérotinie.

Avant de faire un point sur les avantages liés à ce mode de propagation, arrêtons nous un moment sur les espèces sérotiniques et leur localisation.

-Genre conospermum nombreuses espèces, quasiment toutes endémiques de l'australie.
-Genre pinus les pins, on en trouve partout dans le monde (notamment dans le nord ouest américain avec le pin de monterey)
-Genre eucalyptus 800 espèces toutes endémiques de l'australie
-Sequoia géant endémique du nord ouest américain notamment californie
-Famille des proteacées nombreuses espèces toutes dans hémisphère sud, notamment le macadamia originaire de l'australie.

On a notre combinaison détonante aussi a nous : la flore méditerranéenne, notamment les cystes, associés aux pins.

toutes ces espèces ont développées des graines capables de résister au feu (coques épaisses, isolation thermique...), qui s'ouvrent sous l'effet de la chaleur, voir même dans certains cas, pourvues d'une petite capsule d'air qui en se dilatant avec les températures élevées propulses les graines bien en arrière du front de l'incendie.

Vous le voyez le fil conducteur ? Énormément de ces espèces sont réparties dans des endroits ou les incendies sont réguliers et "dévastateurs" d'après les médias : Australie et Amérique du nord ouest.

Les avantages de la sérotinie

bien que ce soit un mode de dispersion assez peu pratiqué car risqué, les avantages sont nombreux :
-Élimination de la concurrence, le sol est littéralement stérilisé par les incendies, la majeure partie des strates herbacées et arbustives sont détruites, bref la succession végétale dois recommencer de zéro (voir les épisodes précédents) sauf pour les graines libérées par l'incendie.
-enrichissement du sol : en général les espèces sérotiniques ont tendance à produire une litière acidifiante (feuilles dure, difficile à décomposer), cette litière en brulant va engendrer des cendres qui vont accélérer la décomposition de la matière organique et augmenter le pH. Le sol est aussi enrichi ponctuellement par la décomposition de tout les dommages collatéraux de l'incendie.

Les plantes pratiquant la sérotinie sont dites "pyrophytes actives" ou pyrophiles certaines graines ou carrément besoin de bruler pour germer mais il existe aussi des :

Pyrophytes passifs

Quand on discute avec les pompiers, il est généralement commun d'entendre que le front des incendies de forêt est un front chaud (logique) mais surtout rapide et mobile, souvent capable d'égaler en vitesse une voiture se déplaçant sur les pistes forestières. le feu brule fort et vite en résumé.

Certains arbres ont développé une capacité à résister à ce type d'incendie, par exemple en ayant une écorce épaisse (séquoia, chêne liège,pins...) ou en développant une capacité a régénérer de manière extraordinaire (eucalyptus notamment). Comme la nature est bien faite on observe que ces arbres résistants sont souvent les mêmes que ceux qui ont besoin du feu pour se disperser, ou au pire poussent au même endroit

Bref en résumé je ne dis pas que c'est une bonne idée de mettre le feu à la forêt, mais certaines ont besoin de ça pour se régénérer, donc les incendies de ces derniers mois, malgré le battage médiatique fais dessus, sont en fait des choses parfaites naturelles et normales.
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blue hedgehog
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Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par blue hedgehog »

Oui, les feux de forêt ont toujours existé et sont utiles à la reproduction/ propagation de certains espèces.
Mais là où ces derniers mois les inquiétudes était légitimes, selon moi, c'est d'une part l'étendue géographique et d'autre part la faune impactée.
La flore et la forêt sont une chose, les animaux une autre. Au niveau des incendies en Australie ces derniers mois, la superficie totale brûlée est bien supérieure aux épisodes estivaux habituels. Si on ajoute à ça l'extension des territoires pris par les humains sur la forêt pour leur habitat et leurs activités, on arrive à une situation où le territoire viable pour certaines espèces est réduite à peu de chagrin. Or, la situation géographique de l'Australie favorise, comme nous le savons, les espèces endémiques. La "chance" d'extinction ou du moins de mise en péril de ces espèces est alors une réalité.
Je sais que ce fil concerne plus la forêt, et la combustion... et si je ne suis pas naïve concernant l'extinction et la succession des espèces pour arriver à ce qu'on connaît aujourd'hui, mais j'ose croire que la forêt sans les animaux qui la peuple n'est pas non plus vraiment le biotope qu'il doit être. Et je vais même pousser pour dire que, si certaines espèces ont besoin du feu pour prospérer, d'autres ont besoin d'animaux pour ce faire.
Une bougie offre sa lumière aux alentours, pendant qu'elle se consume. (Proverbe chinois)

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