Du temps des premiers murmures...

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Miss souris
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Miss souris »

Merci pour la lecture Owelie ; d'une part c'est agréable, d'autre part, j'aurais eu un stylo rouge ( habitude de prof...) j'aurais souligné et annoté toutes les lignes ou presque : nous avons beaucoup d'expériences de vie et de ressenti en commun.( Et j'espère pour toi que tu t'en sors mieux que moi à ton âge !...)

ollieromy
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par ollieromy »

Pour ma part, je m'intéresse au sujet de la douance depuis mes 22 ans, mais je ne me reconnaissais pas dans les descriptifs. Je me suis dit que j'étais douée, simplement, puisque j'ai un passé de 1ere de classe, depuis le CP jusqu'au lycée, mais d'apres les profs "toujours bien en dessus" du reste de la classe, et en 3eme au collège, j'étais la 1ere élève de mon collège, toutes classes de 3ème confondues. J'avais un sentiment d'étrangeté que je ne m'expliquais pas. Jusque la, tout allait bien, je crois, et en terminale j'ai commencé a me sentir vide, dépressive, je n'avais plus gout a rien, je me sentais devenir folle, et j'avais tres tres peur de la solitude. Tout cela sans comprendre pourquoi. Pour mes parents, je suis toujours passée pour une fille normale, brillante, par contre mon frere avait été diagnostiqué surdoué enfant, mais la question ne se posait pas puisque je réussissais tout. Ils n'ont jamais eu la présence d'esprit de m'envoyer chez un psy alors que j'etais en pleine dépression, c'est des gens tres simples, qui m'ont pas mal traumatisés.

Puis rentrée a sciences po, je faisais la fête tout le temps, je buvais a outrance, je fumais du haschisch, avec des amis pas de ma promo, je refusais tout contact avec les gens de l'école, ils me faisaient peur. Sans savoir pourquoi, toujours. je crois que l'inhibition a fait des ravages sur moi, j'étais éteinte, ne savais pas qui j'étais, je faisais peur aux autres, j'ai perdu tous mes amis, toujours sans comprendre pourquoi. Puis j'ai décompensé, gravement, j'ai enchainé pendant 5 ans des bouffées délirantes aigues, de 22 a 27 ans. Pendant ce laps de temps, j'ai été tres malheureuse, perdue, folle, j'enchainais les jobs, j'ai enchainé des psychiatres qui pour certains ont empiré mon état. Puis j'ai rencontré mon mari, lumiere au bout du tunnel, j'ai shoutée aux medocs mais il était toujours la pour m'aider, me soutenir, j'ai commencé a aller mieux. Après 6 ans de these (pas terminée) et de congé parental, je reprends le chemin du travail. La j'enchaine deux boulots, je me fait virer a chaque fois. Je me repose la question du HP et je le mets en balance avec la bipolarité. J'arrete mes médocs, pour enlever cette camisole chimique qui m'empeche de ressentir, penser, qui en m'enlevant tout angoisse et toute peur m'a enfoncé, m'a rendu téméraire, hors des réalités, le comble !

et là je revis, je ressens, j'ai peur, j'angoisse, les murmures montent, je réfléchis sur moi meme. Des angoisses remontent, j'en apprends sur moi meme, je revis. En meme temps, je lis le livre de Jeanne Saiud Facchin, "trop intelligent pour être heureux". La surprise, cette fois, je pense en meme temps que l'écriture, je me reconnais, je trouve des explications, des pistes pour comprendre mon fonctionnement, en tout ou rien, sans concession, trop trop sensible, mes faiblesses, mes forces, les erreurs de diagnostics. L'espoir, le vrai.

Puis ma fille. Elle a 3 ans et demi, elle commence a lire et écrire, a son école on nous dit qu'elle est spéciale, rare, elle veut toujours avoir raison, elle me surprend, fait des jeux de mots, construis des figures en un rien de temps. Puis mon fils, il a 14 mois, il construit deja le langage, mange seul, a un regard acéré sur le monde, sa nounou nous dit qu'il grandit tres vite. Enfin mon mari, sa famille, tous des HP (non reconnus, car le père a toujours refusé de passer le test de qi, il a été tres haut placé en tres grande entreprise). Le choc, il est encore la, je suis en sevrage de médocs, je suis en train de changer de psychiatre, j'ai RDV dans quelques jours avec un spécialisé dans les troubles psychiatriques et le surdouement (jai la chance d'habiter a paris). Avec l'espoir que la vie va commencer a me sourire, beaucoup !

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InMedio
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par InMedio »

Je l'ai évoqué rapidement dans ma présentation, mais j'ai envie aujourd'hui de mieux développer ce qu'on été mes "premiers murmures" ici.

J'ai été diagnostiqué peu après mon entrée en 6e dans mon collège de secteur. Avant ça je me souviens que tout était à peu près normal.
À peu près parce que je me souviens de quelques choses et mes parents m'en ont raconté également :
- J'ai su lire (décoder) en GS, même si dans mon école ça m'avait rien d'exceptionnel, le CP a été une vraie partie de plaisir pour beaucoup de monde que je connais qui est passé par cette école. J'étais terriblement passionné par ce que mes parents me lisaient le soir (de la littérature jeunesse, principalement. D'ailleurs, à quand un topic sur le sujet, avec des références et des top 10 ? Qui s'y colle ? .. M-moi ?).
- En CM1 j'ai décroché le premier sans-faute en dictée de la carrière (20 ans) de mon instit, réputé pour faire des dictées difficiles. Ce 20/20 en dictée, j'ai non seulement couru après, mais dans ma quête j'ai aussi crevé le plafond de verre dans les "groupes de dictée" de la classe double niveau CM1-CM2. Après moi, d'autres CM1 ont pu monter dans le Groupe 1 (ceux qui font la dictée en entier, l'achèvement d'une vie).
- J'avais une bande de potes (j'ai globalement gardé ces amis aujourd'hui) avec qui on jouait à des jeux dont on avait inventé nos propres règles, largement basés sur nos imaginations plus que fertiles. On était la risée des mecs qui jouaient au foot et au basket dans la cour, mais on en avait cure. Nos jeux se poursuivaient d'une récré à une autre, la classe n'était alors qu'une grande pause entre deux récrés. Pourtant nous étions tous bons en classe, nous ne négligions rien, alors que d'autres galéraient dans à peu près tout dans leurs vies de gamins (parents qui se séparent, déménagements, maladies graves, difficultés à l'école, etc..) Sympa comme nous étions, nous avions par exemple essayé d'intégrer quelques copains dans nos jeux, mais ils étaient bien vite à la traîne, ne suivaient pas tellement. Je ne sais pas si nous avions rendu nos jeux trop compliqués à comprendre pour quelqu'un de l'extérieur ou si notre imaginaire collectif allait réellement très vite (c'est une analyse a posteriori que j'en fais). Nous ne manquions pourtant pas de bonne volonté pour intégrer des garçon comme des filles, mais l'alchimie ne prenait pas en dehors de "nous". Bref.

(Mince, c'est déjà long... je vais essayer d'être synthétique)
Au collège, mes amis (dont ont un an de plus que moi) étaient dans un autre collège que celui dans lequel j'ai atterri en premier lieu.

J'y ai connu l'Ennui.

Les récrés se sont ternies, plus questions d'avoir l'air de débiles sous LSD dans la cour du collège sous peine d'être des "gros gamins".
Les cours de sont ternis, pour moi et pour les autres enfants qui venaient de la même école que moi. Tout ce qu'on voyait dans la plupart des cours nous rappelait le CM1 : en maths, en français, en musique.. je n'ai pas de souvenir des autres matières. Il n'y a bien qu'en allemand LV1 que j'apprenais quelque chose.
Le retour à la maison s'est terni. Faire des devoirs aussi inintéressants (pour la plupart, je les retrouvais dans mes cahiers de CM1, hein), me saoulait profondément.
Mon carnet de note s'est terni. "Brillant" n'était plus un mot utilisé. Remplacé par "étourdi", "doit faire des efforts de concentration", etc.. Personnellement je ne m'en alertais pas du tout, je trouvais d'autres occupations. Je me suis fait d'autres copains, suis passé du côté de ceux qui mettent le bazar partout où ils passent. Mes parents s'en sont inquiété, et je les en remercie souvent.

Après avoir passé un test de Q.I. (je ne me souviens pas d'un nom en particulier. J'ai mis WISC pour le forum, mais en réalité je ne sais pas) la décision de me faire changer de collège a été impérative, mais on m'a quand même demandé mon avis (merci papa, merci maman) sur ce que je voulais au fond : rester et m'ennuyer ou essayer autre chose de plus "adapté" à moi.

Mon "deuxième" collège de la Toussaint de la 6e à la 3e s'est fait en 3 ans dans une classe avec des surdoués soi-disant "comme moi". Nous étions 17 en 6e, 14 en 4e, et 8 en 3e, quasiment en vase clos "entre nous" dans un collège de banlieue type "éducation prioritaire". On était pour ainsi dire des Freaks dans la cour de récré.
Sauf que ces surdoués, je ne les trouvais pas "comme moi" du tout. J'étais pas à ma place au collège et j'étais convaincu d'avoir usurpé mon titre EIP. Je ne rêvais que du lycée où tout redeviendrait normal, parce que je retrouverais tous mes amis de primaire au quotidien, et que les gens seraient tous plus matures, ça serait génial.

Tout ceux que je croisais au lycée devaient avoir entendu au moins une fois que je n'étais pas "précoce" ou "surdoué" : c'est juste que je réfléchis vite.
J'ai essayé de démonter par mes propres moyens un mythe qui m'avait façonné en fils prodigieux : "InMedio, il fera de grandes chose, il a le potentiel"...

Progressivement, j'ai un peu laissé tout ça au passé. J'étais normal après tout : à force de le répéter, ça devait forcément être devenu vrai. Rien n'a refait surface pendant mes difficultés d'apprenti enseignant.
Non, ce n'est que récemment que ces murmures sont arrivés : "et si tu étais vraiment surdoué, au fond ? Et d'ailleurs, qu'est-ce que ça veut dire ?"

J'ai oublié d'aller bosser un midi de décembre et ça m'a correctement retourné le cerveau. J'étais choqué qu'une chose pareille puisse m'arriver, moi qui oublie plein de choses pas très importante, mais qui retiens toujours les choses très importantes. Je suis retourné voir la psy qui m'avait diagnostiqué en 6e, et elle m'a parlé de Jeanne Siaud-Facchin, de pensée en arborescence, de Trop intelligent pour être heureux. Je me suis rué dans la librairie, j'ai acheté le livre et ce que j'ai lu m'a remis les idées en place. J'ai pris le temps de revoir mon histoire personnelle à travers ce filtre, juste pour voir ce que ça fait. Même si il y a un biais évident à revoir le passé de cette manière, ça m'a permis de constater que je n'ai pas toujours écouté murmures et hurlements.
Vous ne pouvez pas prouver que quelque chose n'existe pas, mais vous pouvez conclure qu'il n'y aucune raison de penser que ce quelque chose existe.
Richard Monvoisin

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VictorMenard
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par VictorMenard »

"Tiens Vincent, toi qui sais tout ..." me dit mon bientôt ex-copain de maternelle en revenant de l'école primaire. Suit une question à laquelle je n'avais pas la réponse. Premier de la classe à l'époque, comme jusqu'en 6ème.

Mes parents me mettent à la communale. Mon meilleur copain est le fils du menuisier local, plutôt dans le bas du classement scolaire. "Toi, t'es intellectuel et moi je suis manuel". Moi je m'en foutais, c'était mon copain.

Et puis après deuxième, toujours derrière une élève, jusqu'à découverte des clopes du fond de la cour, puis des filles. Quelques bastons mais je n'aime ni frapper, ni être frappé. Le malentendu avec les autres se creuse, je comprends de moins en moins ce qu'ils font et pourquoi ils le font : je décide de partir du principe qu'un vaisseau spatial m'a déposé là et qu'il faut que je m'adapte à la culture locale, sans y croire vraiment hein, à cette époque-là au moins je n'étais pas complètement ravagé, juste comme hypothèse minimale pour ne pas être absolument et perpétuellement largué. Ça ne fonctionne pas mal, même si ça rippe souvent. Première pierre du faux self ?

Ensuite vivotage jusqu'en seconde, générale puis technique, je comprends de moins ne moins ce qu'on me veut. "Peut mieux faire, vient en touriste, n'exploite pas ses capacités, anglais 18 : aucun travail". Il n'y a pas "sale petit con" mais je suis certain que certains profs le pensent et ils n'ont peut-être pas tout à fait tort. Ma réputation de feignant s'installe. Découverte des jeux de rôles et démission scolaire définitive. BEP de comptabilité, histoire de ne pas partir les mains vides. J'y rencontre un super pote qui fera les beaux-arts plus tard. BEP dont il ne me reste rien, obtenu de justesse grâce aux matières générales. Jamais été foutu d'équilibrer une balance. La gloire.

Entre deux découverte de l'informatique sur les premiers 8 bits et de la philosophie via la science-fiction tendance Philip K. Dick. Illumination à la lecture du "Discours de la Méthode" : j'ai peut-être trouvé le début du mode d'emploi de tout ce bordel. Achat et lecture de l'Histoire de la Philosophie en trois tomes d'Emile BREHIER, histoire de faire un survol. Lu comme un roman. Puis Nietszche, Sartre, Camus.

Service militaire : gros résultat aux tests psychotechniques. Alors je vais pouvoir faire un boulot pas trop con pendant un an, les EOR tout ça ? Pas de bac ? Ah non alors, retournez avec les matafs de base. Balayage de couloir pendant un an, l'épanouissement. Apprentissage de la duplicité : comment dire 'Mes respects commandant' en pensant 'Va te faire enc ...'. Deuxième pierre du faux self ?

Premier job : incapable de comprendre ce qu'on veut de moi, les fiches se retrouvent dans les mauvaises boîtes, les plans sur la mauvaise étagère, impossible de donner le moindre sens à ce qu'on me demande : reprise d'études en urgence. ESEU en cours du soir, en fait seulement le français : maths trop chiants, philo pas de prof, anglais prof mais insupportable. Mention AB, 17/8/11/13, donc fac, avec pionnicat pour bouffer. Au bout d'un moment je pionne dans mon ancien lycée, le CPE, qui n'a pas changé, me lance un : "Ah oui, je me souviens de vous, quel gâchis quand même !". Alors que j'avais à peine touché le sol dans son établissement, facile 6 ou 7 ans avant, et le moins qu'on puisse dire est que je n'avais pas brillé. Il doit y avoir des trucs qu'on ne m'a pas dits à l'époque, ou que je n'ai pas entendus : mes parents divorçaient, j'étais amoureux, autre chose à faire sûrement.

Fac de lettres au début, en regardant mes godasses : c'est que je ne suis plus du monde scolaire moi. Ça gaze. Je termine le devoir sur table d'analyse du discours en 1 heure et demie au lieu de quatre : 17 et mention TB à la valeur. Mon seul et unique, authentique et incontestable succès scolaire. J'apprendrais ensuite que des gens en maîtrise ne l'avaient toujours pas obtenue et que ma copie a fait le tour des TD. Je ne serais pas seulement l'idiot village alors, finalement ? Comme ça marche vraiment trop bien et que je m'embourgeoise, me voilà parti en philo au second semestre. Bien en philo ancienne et médiévale, bof en logique parce que ça m'emmerde et qu'il faut apprendre des choses par cœur. Pas mal de profs me sortent par les yeux, je préfère ne pas parler des étudiants. Encore des matheux partout. Je m'inscris par correspondance dans une autre fac.

Pendant cette période un copain amène des gens chez moi, avec qui je ferai de la philo en amateur pendant les trois années suivantes (période 3P : pétard, pinard, philosophie), en parallèle de la fac ; il me racontera beaucoup beaucoup plus tard qu'il leur avait vendu le projet en leur disant : "Je vais vous présenter un type intelligent et une belle femme." C'est vrai que j'étais avec une nana magnifique à l'époque. Pour le reste ... Elle m'avait dit : "T'es chiant. Quand tu discutes avec les gens, tu dis que tu n'es pas spécialiste, et après tu sors un truc qui ferme la bouche à tout le monde." Et me voilà interdit de modestie.

DEUG en trois ans, un papier pas renvoyé à temps me vaut une mise en fin de délégation, donc plus de boulot, plus de pognon, plus de nana, raréfaction des quelques potes et bientôt plus non plus d'équilibre mental : HP pendant 15 jours et très longue convalescence, jamais vraiment terminée.

Retour au boulot, mais je ne sais rien faire : formation AFPA. Analyste programmeur on appelait ça à l'époque. Un an avec des gens de tous les genres, passionnant de ce côté-là, rythme soutenu mais intellectuellement petites foulées. Un des types avec qui je m'entendais le mieux me dit : "T'es pas le gars le plus intelligent que j'aie rencontré, mais t'es tout le temps à fond." C'est sympa mais je suis bien trop près du fond du trou encore pour savoir quoi en faire.

Taf chez un assembleur local : je bricole et vends des PC pendant deux ans. C'est rigolo mais le patron est un ancien militaire, donc ça clashe assez vite, retour sur le sable.

Taf dans une boîte d'automatismes industriels, mais dans la partie informatique qu'ils veulent développer. Je suis pris parce que j'ai un DEUG de philo et que le chargé d'affaires s'emmerde avec ses collègues ingénieurs. Super bonhomme grâce à qui j'irai quatre fois au Japon, payé comme le bac+2 que je suis mais vendu comme ingénieur++ (merci patron !) A la fin je connais et déchiffre (phonétiquement, bien sûr) les hiragana et je commence à avoir un vocabulaire de survie de base mais la mission s'arrête. Au revoir le Japon, probablement pour toujours : j'ai atteint le sommet de ce que je connaitrai jamais au niveau économique.

J'essaie de proposer des trucs, je bricole des serveurs avec des bouts de PC que je ramasse à droite et à gauche pour faire des démos J2EE, tout le monde trouve ça très bien et s'empresse de n'en rien faire. Je m'ennuie et ils ne veulent plus faire d'informatique. Démission avant qu'ils me poussent dehors.

Ultime boulot dans une célèbre structure fabriquant les outils de dissuasion nucléaire nautiques qui nous rendent si fiers de notre beau pays. J'y vais à reculons, mais dans le coin de toute façon si on ne bosse pas pour l'armée c'est pour le nucléaire alors ... Je tiens treize mois avant de fuir le mille-feuille hiérarchique et l'impossibilité organisée de faire quoi que ce soit d'utile.

Les 40 balais approchent, et je ne vois vraiment plus dans quoi aller bosser comme salarié, que j'aie la moindre chance de supporter plus de deux mois. Comme la femme que j'ai rencontrée alors a un peu d'argent d'avance, elle m'entretient le temps que je m'installe à mon compte. La première année je fais péter les scores et je nous crois riches : ça me demandera 5 ans ensuite de rattraper les arriérés de charge. Pas gestionnaire, décidément. Depuis je vole en dessous des radars, en bossant pour des gens qui eux ont fait quelque chose de leurs capacités. Ils m'aiment bien en général et je ne suis pas cher.

La suite est dans ma présentation.

Voilà. A part une ou deux choses, je ne sais pas bien ce qui constitue des murmures dans tout ça, mais j'avais besoin d'écrire ce texte, alors autant le donner à lire, vu que de toute façon il se retrouvera noyé dans les 20 pages de ce topic, alors pour l'importance que ça a ...
Autrefois j'étais indécis, mais à présent je n'en suis plus aussi sûr.

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madeleine
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par madeleine »

Merci VictorMénard. Et c'était important.
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
avec l'aimable autorisation de P.Kirool

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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Miss souris »

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Re: du temps des premiers murmures...

Message par enufsed »

J'ai lu tout ton post Victor.

Dans un premier temps il y a eu un doute, mince je ne me souvenais pas d'avoir posté un truc si long dernièrement, et puis j'ai vu que c'était toi. Ensuite quelque chose de bizarre m'a submergé : ce type a piraté une grosse partie de ma vie ! Je m'apprêtais à consulter Hadopi (pensant à cet instant fournir à cette instance sa première réussite et capture de violeur de copyright et ainsi justifier devant l'éternel les millions dépensés pour son fonctionnement) et là je me rends à l'évidence, tu es mon aîné et pourrais invoquer ta date de conception pour retourner l'accusation de plagiat contre moi.
Et s'il n'y avait pas malversation ? Si de facto nous avions coincé nos pieds méticuleusement dans les mêmes branches / souches / pierres ? Là effondrement de l'ego...je ne suis donc pas unique puisque j'ai des multi...mais peut-être est-ce différent ? peut-être sommes nous exceptionnels, un peu loosers certes, mais loosers exceptionnels :clin:

Voilà donc, encore une personne ajoutée sur la liste de celles avec qui je dois décidément boire une bière un jour (ce forum sera probablement la cause de l'effondrement futur de ma ceinture abdominale), mais bon, on s'enverra notre photo avant...je veux être sûr que nos similitudes ne sont que vécues et pas physiques :huhu:

PS : il y a du Cendrars dans ta diction (enfin je t'ai imaginé avec sa tête et sa clope en lisant)

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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Dark Vadrouille »

Bonjour à toutes et à tous,

Les premiers murmures viennent du CM2, à cette époque la directrice de l'école n'est autre que mon instit', j'ai passé toute ma scolarité en étant 1er de la classe et en faisant énormément de bêtises (j'y reviendrai). Lors du passage en 6ème, la question de mon affectation dans l'un des 2 collèges de la ville se pose, en effet j'aurai dû aller dans le collège de cas soc' car c'était le secteur dont je dépendais mais cette année là, la sectorisation fit que je devais aller à l'autre collège, jusque là parfait.
Cependant ma mère par soucis d'équité avec ma grande soeur, qui était allée dans le mauvais collège, voulu que j'aille dans le même établissement, et moi d'approuver, après tout je suis pour l'égalité aussi. Bref ma directrice appelle ma mère et réussit à la convaincre de me mettre dans le bon établissement car je cite : "je n'ai qu'une élève comme lui par, et il pourra faire ce qu'il veut plus tard). J'ai vécu avec cette croyance :)

Le collège, bien que je ne travaillais pas franchement, j'ai toujours eu de très bons résultats, mais sans me poser de question, moi je voulais jouer avec mes copains. D'ailleurs des copains j'en ai toujours eu pleins, mais bizarrement, je n'ai pas d'ami. Aujourd'hui d'ailleurs je pourrai dire que je n'en ai qu'un...et le pire c'est que c'est un sociopathe ou pas loin !

Le lycée, aucun travail de fourni mais j'ai eu le bac avec une note très moyenne (11 et quelques), c'est ce qui comptait. Ma seule attente de cette période était d'avoir enfin des cours de philo (détail amusant, le contenu de la philo en bac technique est proche de 0 et qui plus est la prof de philo était ma prof principale, autant dire qu'on a principalement parlé d'autre chose que de philo...tsss).

Passage en DUT informatique, je me sens pas du tout à l'aise la dedans car il faut bosser très vite (et je n'ai jamais appris à bosser) et en plus il faut réfléchir comme un robot pour créer les programmes, et il faut bien le dire à l'époque les algorithmes c'était pas franchement ma tasse de thé. Bref 1er semestre vraiment nul (peut-être 5 de moyenne). J'ai quand-même bosser durant 2 semaines avec une fille de ma classe avec qui j'étais très proche (mais pas assez, je suis trop maladroit dans la séduction), résultat j'ai rattrapé un semestre sur ce laps de temps, c'était même marrant de réfléchir un peu.
J'ai tout de même quitté le DUT car j'étais sacrément nul, pour retourner dans mon ancien lycée passer un BTS en Electrotechnique. Ce fut 2 années vraiment inintéressantes, car j'avais tout oublié et franchement pas envie car je détestais ce lycée. J'ai quand-même daigné bosser 10 jours avant les exams car j'avais promis à ma mère que j'aurai mon diplôme !!! Que j'ai eu d'ailleurs.

Enfin voila, j'ai bifurqué en licence commerciale en alternance que je n'ai pas terminé, alors je suis allé travailler.

ça fait 10 ans que je travaille, changeant d'agences où de sociétés tous les 2 ans (je reste dans le même domaine). A chaque fois le même constat, je m'intègre très vite, tout le monde me trouve marrant et sympa (normal je fais le con tout le temps), et surtout j'apprends vite, les anciens me posent même des questions alors que ce sont eux les référents, je n'ai pas de mérite, j'ai de la mémoire et vu que je suis une grande feignasse, je mémorise encore plus pour aller plus vite...

Je suis arrivé en Octobre dernier dans une filiale du groupe pour lequel je bosse (au lieu de vendre du matériel d'électricité générale, je me spécialise en éclairage architectural). Je n'y connais rien mais en un mois, mon boss me chope en fin de journée pour me dire qu'il est hyper content de mon intégration comme si j'avais été toujours là, il veut aussi me donner un peu plus de boulot (je suis un grand naïf mais alors dans le boulot, si on ne me paye pas, je ne fais pas plus que ce que l'on me demande). Donc j'ai continué mon train-train, l'ennui s'installant peu à peu. Je fais un boulot dont le domaine est vraiment cool, mais dans la forme il n'y a aucun sens. J'accumule exprès le boulot histoire d'avoir un flux un peu plus important à faire d'un coup (je ne sais bosser que dans l'urgence, mes études l'ont démontré).
Entre 2 dossiers, je vais sur internet, lisant des forums divers et variés. Et puis un jour, c'est le drame, je tape le mot "surdoué" et commence à lire les articles de l'express, de l'huffigton post, etc, et je commence à trouver quelques similitudes avec moi. J'en viens à taper un jour "surdoué au travail", et là ça commence vraiment à me parler, s'en devient troublant.

Je passe tout de même outre, après tout, oui je suis intelligent, mais pas trop non plus, j'ai des facilités et ça s'arrête là, c'est même déjà plutôt pas mal.
Un grand besoin de ré intellectualisation se fait sentir, du coup je suis allé m'acheter "Ainsi parlait Zarathoustra", que je voulais lire depuis des années (et puis quand je ne vais pas bien j'aime lire du Nietzsche ^^), ainsi que le "Seigneur des Anneaux", et m'étant un peu renseigné j'ai pris également "Trop intelligent pour être heureux".
J'ai lu le fameux bouquin, me retrouvant pas mal sur certains points de mon enfance, mais pas du tout dans l'hypersensibilité, l'empathie (bien que je cerne super bien les gens) et l'étrange pensée en arborescence...je fais pleins d'associations d'idées, beaucoup moins depuis que je bosse car j'ai l'impression d'être un zombie décérébré, je passe du coq à l'âne, mais jamais au grand jamais je n'ai eu la sensation qu'une idée en entraînait plusieurs et ainsi de suite.

Les grands murmures sont donc arrivés ces derniers mois. J'ai fait mon petit boulot d'introspection, repensant à la crèche dont j'ai quelques bribes de souvenirs, à la maternelle (quand j'ai commencé à écrire mon prénom "Adrien", je disais que le A c'était la tour Eiffel qu'on venait de visiter avec l'école).

Je vous disais qu'en primaire j'étais le 1er de la classe, le petit intello et chouchou des maîtresses de surcroît, c'était vrai, mais pas que !
J'étais avant tout un petit fou fou, je faisais des conneries énormes que je vais vous énumérer.
En CP : j'ai jeté ma table dans la classe (me souviens plus pourquoi), ce qui m'a valu un joli tour chez le psy scolaire. J'ai tellement flippé des conséquences (je pensais qu'on me retirerait de la garde de ma mère). Je crois que le psychologue m'a fait passer un test, j'ai le souvenir des fameuses tâches de Rortruc, et je crois même que j'ai du lui dire que je ne voyais rien, pour ne pas passer pour un dingue. Bilan, soit disant il est en ressortit que j'étais un enfant très intelligent. D'ailleurs, après quand j'ai appris à écrire, je disais je m'appelle Adrien et je suis très intelligent, lol. Un truc bizarre en CP aussi, j'allais au tableau pour seconder la pauvre institutrice car "Adrien ne comprend pas que les autres ne comprennent pas", j'ai vite arrêté, ça ne passait pas trop...
En CE1, j'ai fait une fugue de l'école. A la sortie d'un film que nous étions allés voir, une des maîtresses me dispute car je n'étais pas bien dans le rang, je me suis énervé et lui ai dit "J'en ai marre de cette école de merde" et zou, je suis partis en courant, traversant rond point, routes et trottoir. J'ai réussi à trouver une petite cachette pour me reposer et vit passer ma maîtresse complètement paniquée à l'idée de m'avoir perdu. Ne voulant pas qu'elle ai des soucis par ma faute, j'ai fait volontairement du bruit pour qu'elle se retourne et me découvre.
En CE2, j'ai presque fait tomber la maîtresse un jour où je n'étais pas content. Une autre fois à la cantine, une des surveillantes commence à me prendre la tête car je mangeais trop de pain, et que le pain ça fait grossir (j'étais une petite patate en primaire, avec les dents de lapin en plus haha). Moi piqué au vif, sans aucune hésitation, attrrape mon verre et lui balance au visage, verre qui finira en mille morceau juste à côté. Je suis partis dans le couloir où j'essayais de m'agripper au mur pour ne pas qu'on m'emmène une fois encore chez la directrice. Ils s'y sont mis à 3 pour décoller Spider Man !
En CM1, RAS, la maîtresse c'était une peau de vâche, elle ne blaguait pas. Ah si, j'ai triché à une auto-dictée car ça m'avais gonflé d'apprendre. Me suis fait balancer par le 2ème de la classe. Il avait fait ça sans aucune finesse, donc j'ai de suite grillé la manoeuvre, qu'à cela ne tienne !!!
En CM2, j'ai organisé une grève dans la classe et je ne m'en remets toujours pas, même si c'est si futile. En effet, un jeudi sur 2 notre classe devait aller en sport, l'autre classe de CM2 prenant l'autre jeudi. Or un jour, notre cours de sport a dû sauter pour je ne sais quelle raison au profit de l'autre classe. Me sentant floué pour ma classe et pour moi, que le contrat moral soit ainsi rompu, provoqua un grand sentiment d'injustice en moi. Ni une ni deux, j'ai motivé toute la classe à ne pas travailler, ils m'ont tous suivi mais se sont bien sur remis au boulot lorsque la maîtresse a menacé d'écrire un mot à nos parents. Je fus donc le seul à protester, m'asseyant sur une commode et attendant la fin de la journée. Ma mère convoquée, j'ai dû à contre coeur présenter des excuses dont je ne pense toujours aujourd'hui pas un seul mot.
J'ai réussi à me venger du petit con qui m'avait balancé en CM1, car un jour où la prof s'absenta quelques instants, j'ai provoqué ce gros boulet, il voulut me foncer dessus, je me suis facilement écarté et l'ai poussé sur une des commodes de la classe. Il a fait tomber les bocaux de billes et je l'ai ensuite balancé à la maîtresse quand elle fut revenue dans la salle. Je n'aime pas ça, mais c'était ma petite vengeance envers quelqu'un de pas correct...

La primaire aura au moins le mérite de me laisser de bons souvenirs et des histoires drôles à raconter.

Enfin voila, aujourd'hui j'ai quasi 32 ans, mes potes sont des boulets qui ne savent pas faire autre chose que de boire. Je ne peux discuter de rien car mis à part trouver que je sors ma science et que je suis prétentieux, il n'y a rien d'autres de constructif. Alors depuis des années, je m'emploie à me fondre dans la masse, prenant sur moi pour ne pas trop l'ouvrir (tant au boulot qu'avec mes fameux potes). Je ne suis pas du tout timide, même plutôt extraverti, mais je suis incapable d'aller de moi-même vers les autres pour créer des liens. Les conversations bateaux des gens m'ennui à mourir et cette façon de créer de la socialisation que je connais parfaitement m'est juste impossible. Tout juste lorsque je parle à quelqu'un et ça me fait plutôt chier, je me vois entrain de tirer une sale tronche et du coup je me force à ouvrir grands les yeux tout en souriant pour être polis. Pourtant mes interlocuteurs n'ont pas cette délicatesse avec moi, si j'emploi un mot un peu trop compliqué, où un thème hors de leur zone de confort, paf, je vois les visages qui se tournent, ils essayent de passer outre les bougres.

Pour terminer, parce que bonjour le pavé et les extraits de biographie, j'ai été tellement empreint de naïveté à vouloir aider les gens dans mon enfance, j'ai toujours été d'une grande lucidité malgré tout, aujourd'hui, je suis blasé. Blasé par mon métier et les opportunités ridicules qui sont proposées par un système de travail français trop figé, blasé par la lobotomisation des gens et leur superficialité, blasé par la décadence de notre société, sa déliquescence et nos conditions de travail qui petit à petit redeviennent des conditions de révolution industrielle...

Je vais m'arrêter là, car j'ai écrit sans construire de structure narrative plaisante à lire, donc je pars un peu dans tous les sens, et puis je ne vais pas tout raconter au 1er message hein :)

Merci de m'avoir lu en tout cas.

Amicalement,
Dark Vadrouille

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VictorMenard
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par VictorMenard »

Hors-sujet
@enufsed : La dissolution d'ego fonctionne dans les deux sens, camarade ! D'ailleurs, as-tu premiermurmuré toi-même, que je me rende compte ? Et tu m'envoies ça dans la face, une expérience quasi-métempsychique la veille de mon compte-rendu, alors que ma pauvre âme est déjà toute rabougrie ; tu n'as pas honte ?

Cendrars, pas beaucoup lu. L'or, Moravagine ... c'est parti un peu loin. Mais on m'a dit de pires choses de ma prose, c'est sûr :$. Et tu as bon pour la clope : apprendre à m'en passer sera mon prochain chantier une fois que j'aurais le tampon de la préfecture pour les excès de vitesse mentaux.

Je te rassure quand même à propos de notre possible clonage : nos avis divergent (et comme tu sais, c'est beaucoup) sur le cinéma, ce qui devrait suffire à dissiper le doute. Pour la bière, ma foi, si l'univers parvient à changer suffisamment pour me faire sortir de chez moi, je suppose que je pourrai faire une entorse au régime sec que je respecte depuis quelques années. Et ce sera(it) avec plaisir : j'ai des tas de trucs à te demander sur le cinoche. Pour commencer.
Autrefois j'étais indécis, mais à présent je n'en suis plus aussi sûr.

Philae
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Philae »

Bonjour à toutes et à tous :)

C'est étrange d'écrire sur ce forum, j'ai l'impression de chercher à enjoliver les choses, à maquiller la réalité en la présentant sous un jour favorable, voir de fanfaronner. Ça fait un peu "imposteur". A me relire j'ai l'impression d'être une vraie tête à baffes, c'est horrible ^^'

Cependant, je garantis la sincérité du texte, sans vantardise ni fausse modestie, promis :)

J'ai 25 ans et je suis étudiant en droit.

Je me suis documenté sur la douance un peu par hasard, après avoir lu des témoignages dans un magazine, témoignages dans lesquels je me suis reconnu.
A priori je n'ai pas un profil de surdoué. En clair, si j'étais diagnostiqué demain, je pourrais regretter d'avoir les inconvénients de la douance sans en avoir les avantages. Je ne suis pas scolaire, à l'école je n'étais pas particulièrement rapide, ni fort en calcul, ni à l'aise en raisonnement. J'étais un élève très moyen.

Clairement, ce ne sont pas mes performances académiques qui m'ont interrogé, mais plutôt le côté "comportemental". J'ai lu que les surdoués fonctionnaient souvent à l'intuition, sans méthode particulière, et c'est également mon cas : je n'ai aucune méthode, je suis brouillon au possible, durant toute ma scolarité j'ai eu l'impression de bâtir un bidonville n'importe comment, à l'arrache, sans fondations, alors que mes camarades avançaient avec rigueur et méthode, en construisant un parcours solide.
Je bâclais mes devoirs dans l'urgence (quand je les faisais), le dimanche soir, sous les reproches de mes parents qui me répétaient que j'avais eu tout le week-end pour les faire. Je ne procrastinais pas par mauvaise volonté ou par excès de confiance, mais par peur de m'y coller, de me confronter à la difficulté. A l'école j'étais toujours en mode panique, à bricoler des stratagèmes pour rendre mes devoirs à l'heure dans un délais intenable ou ingurgiter des pages de cours à la dernière minute le jour du contrôle. Ça me forçait à synthétiser et à aller à l'essentiel, dans un sens c'était assez formateur. Mais je n'apprenais rien, je ne progressais pas. Et quelle satisfaction de finir un devoir à 3 heures du matin la veille au soir, quand tout le monde dort depuis des heures. Le goût du travail bien fait mêlé à la jouissance un peu malsaine d'avoir triomphé des convenances.

J'ai appris différemment, un peu sur le tas, je pense. Je n'ai jamais rien capté à la grammaire, les règles je ne les connais toujours pas, je sais à peine ce qu'est un COD... Je construis mes phrases à l'intuition, de manière "photographique" et à l'aide d'une petite banque de repères que je garde à l'esprit. Je ne suis jamais serein quand j'écris, j'ai peur de laisser traîner des fautes un peu partout avec mon système D.

Donc, j'avais un parcours scolaire objectivement nul, mais en même temps je m'intéressais à des trucs pas de mon âge, un peu adultes quoi. Vers 8 ans j'envisageais très sérieusement de construire un avion. Pas une maquette, un vrai. Je me documentais à fond, et vu que je butais sur tout un tas de problèmes d'ordre technique (lol), j'insistais, je m'épuisais à éplucher des bouquins illustrés et à tracer des plans ( j'ai appris à dessiner en perpective à cette occasion). Je m'entêtais, partout, à la plage, en vacances, j'harcelais mes parents pour qu'ils m'aident, je rassemblais des bouts de planches. Evidemment je n'ai rien construit, mais j'ai appris pas mal de trucs par la force des choses, des données techniques parfaitement inutiles et qui me mobilisaient l'esprit alors que j'aurais dû être occupé à m'investir dans des trucs de mon âge. Après le projet d'avion avorté, il y a eu ma période "bateau" : même principe, mêmes projets. J'avais tendance à passer du coq à l'âne, et à étudier à fond chaque passade. Je garde un assez bon souvenir de cette période, même si je passais pour un cinglé. C'était épuisant, pour moi et sans doute pour mon entourage. Vraiment. Mais stimulant, aussi.
Plus tard, je me suis beaucoup intéressé à la géopolitique, aux relations internationales, à la géographie, à la socio, ce genre de choses.

J'en viens au perfectionnisme : il paraît que les surdoués sont perfectionnistes. Pour ma part, je me qualifierais de perfectionniste... sélectif :)
J'ai une tendance certaine à délaisser les trucs utiles et productifs pour me concentrer sur des détails a priori sans importance. Lors des travaux de groupe à l'école, je n'étais pas du genre chiant. J'ai lu que certains surdoués se mettaient leur classe ou leurs collègues à dos par excès de zèle. Pour ma part, je laisse couler, je suis du genre à éviter les conflits : si ce que font les autres n'est pas à mon niveau d'exigence, tant pis pour eux, je ne vais pas batailler pour les rallier à ma cause. A ce titre, les travaux de groupe étaient un peu ma hantise : je stressais mes camarades en avançant sans méthodes, à l'aveuglette, et à la dernière minute. Au final, c'est moi qui corrigeais les erreurs de style dans les exposés, qui affinait les choses, qui polissait, jusqu'à obtenir d'un truc très scolaire quelque chose de vraiment convaincant. Tout en prenant bien soin de ne pas faire perdre la face aux autres, de ne pas me mettre trop en avant.

La sensibilité : les surdoués seraient particulièrement sensibles à certaines choses comme la lumière, les couleurs ou les odeurs. C'est mon cas. Par exemple, je déteste les lampes à LED. Genre, vraiment. Ça me file littéralement le cafard. L'autre jour, j'ai dû changer l'ampoule d'une lampe, le vendeur m'a conseillé un modèle très économe et très performant. Mais cette lumière blanche, objectivement très efficace, c'était juste pas possible. J'ai parcouru plusieurs magasins dans toute la ville pour dénicher une bonne vieille ampoule jaune. 99% de la population demande à une lampe d'éclairer du mieux qu'elle peut. Chez les gens de mon âge, tout le monde adore les LEDs. Mais pour moi, la lumière blanche et autres tubes au néon c'est un non définitif.
Dans le même ordre d'idées, je déteste la lumière du printemps. Les journées printanières ensoleillées -que tout le monde adore- me dépriment, je préfère encore 100 fois le temps gris. Idem pour les odeurs : je déteste les odeurs de lessive, même minimes, alors que c'est conçu pour "sentir bon". En revanche, les odeurs de marqueur indélébile et d'essence, c'est mon grand kiff. J'ai l'impression d'être un vieux de 80 ans avec ses bizarreries. Je suis affecté de manière disproportionnée et irrationnelle par des trucs désespérément ordinaires. Pour les odeurs et les musiques, je fais systématiquement des liens avec des évènements ou des lieux. Ça concerne tout le monde je pense, chacun s'est déjà dit "tiens, cette chanson ou cette odeur me rappelle tel ou tel souvenir". Mais chez moi c'est vraiment très prononcé. Dans une moindre mesure, je suis aussi sensible aux sons (j'en viendrais presque à choisir une voiture en fonction du bruit du claquement des portières ^^).

Pour ce qui est de la mémoire, j'ai une mémoire encombrante et peu productive. En gros, je retiens énormément de détails. Je me souviens de lieux de manière très précise, sans avoir fait d'efforts spéciaux pour les retenir. Je me rappelle aussi avec précision de banales conversations qui se sont tenues il y a des années et des années, parfois quand j'étais tout petit. J'ai presque l'impression que je pourrais, sans efforts, me rappeler dans le détail chaque journée de ma vie. Du coup je corrige souvent mon entourage sur des dates. J'ai remarqué que les gens avaient généralement du mal à évaluer les durées dès qu'on parle en années.J'ai une conscience aiguë du temps qui passe, du caractère "fini" des choses. Des "vieux" m'ont déjà parlé de leur jeunesse insouciante, du temps qui leur paraissait infini à mon âge. Pour ma part, j'ai toujours trouvé la question du temps qui passe assez angoissante. Evidemment, j'évite d'évoquer le sujet avec mes amis : à mon âge, on n'est pas censés se préoccuper de ce genre de chose.
Par contre, je n'ai pas une mémoire "scolaire" spécialement performante. J'ai la tête dure quand il s'agit d'apprendre des données brutes. J'aimerais délester mon cerveau de tous ces souvenirs inutiles pour aller à l'essentiel, être plus productif. Pour les données utiles, j'ai tendance à être un peu inattentif et distrait. On me dit souvent "mais comment tu te souviens de ça ?!". Des fois, j'ai l'impression d'être encombré, alors que je planche sur un travail en 2018, je suis parasité par des souvenirs ordinaires d'une quelconque journée de 1999 ou de 2003...

Enfin, d'une manière plus générale, j'aimerais parler du rapport paradoxal que j'entretenais avec mes camarades et avec le monde scolaire. J'étais mauvais élève et peu investi, c'est un fait. Quand j'étais petit, je ne voyais pas d'inconvénients à ce qu'on me classe dans la catégorie des cancres. Les mauvaises notes et les mauvaises appréciations avaient peu d'incidence sur mon moral, et je ne dis pas ça par insolence.
Bizarrement, en vieillissant, je suis devenu beaucoup plus vindicatif, sans pour autant vraiment changer. D'un coup, j'ai eu soif de validation, de reconnaissance. Et c'est là que c'est paradoxal : objectivement, je n'ai rien fait pour être parmi les meilleurs, je n'ai jamais été un bûcheur. Mais dans un même temps, je voulais à tout prix m'insérer dans le "club" des têtes de classe (généralement sans succès). C'est moins le cas maintenant, mais j'ai longtemps eu l'impression de ne pas être reconnu à ma juste valeur, et ça me frustrait beaucoup. C'est d'autant plus bizarre qu'en vrai je n'aime pas les compliments ni être félicité, et je n'ai pas l'esprit de compétition. Ce n'est même pas une question de fierté. Je n'ai rien à prouver spécialement, mon entourage n'a pas d'attentes démesurées, je n'ai jamais été "jugé" selon mes résultats ni pressurisé. C'est étrange, ce besoin de reconnaissance n'est pour personne hormis moi-même, c'est comme si c'était vital sans aucune raison valable. Y'a des mômes qui sont poussés par leurs parents et sans arrêt comparés contre leur gré à leurs camarades. Moi, personne ne m'a infligé ça, je me l'impose de ma propre initiative on va dire. C'est ubuesque, j'ai un vrai sentiment de décalage entre l'image que je renvoie (le côté moyen, économe de ses efforts, indolent...) et ce que je suis réellement. C'est involontaire. Je connais des types qui se donnent une image, un genre "je m'en foutiste" pour se la raconter, pour jouer les rebelles, tout en bûchant par ailleurs. Ce n'est pas mon cas. Pour ma part, je parle d'un décalage dont j'étais l'artisan mais qui était aussi subi et désespérant. C'est presque de l'auto-sabotage. J'avais l'impression d'être séparé par une paroi transparente des premiers de la classe, j'avais envie de dire "je suis des vôtres", alors qu'en apparence du moins, j'ai tout des derniers de cordée. Dans les films on me comparerait aux nuls un peu gauches, alors qu'en mon for intérieur je me sens plus proche d'une Hermione Granger ou d'une Lisa Simpson. Encore une fois, je n'ai rien à prouver, ni à moi ni aux autres. Je n'ai pas d'esprit revanchard.
Mais je ne me sens pas à ma place. C'est une question d'inconfort.

Je ne suis jamais vraiment serein, même si dans la "vraie vie" j'ai l'air assez détaché de tout ça. Mon cerveau pédale sans cesse, là il est 3h20 du matin et je me sens bien à écrire, dans mon élément en quelque sorte. J'ai l'impression de vidanger le surplus. Sinon, je me pose des questions sans fin. Je vais arrêter là, au plaisir de vous lire !

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madeleine
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par madeleine »

C'était un plaisir de te lire, tu as un style très évocateur et je te remercie pour cette description précise d'un fonctionnement que je pense avoir déjà rencontré.
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par francky191 »

@DarkVadrouille.
Je viens de lire ton histoire et je vais aller lire ta présentation de ce pas mais avant je tenais à te dire que je venais de trouver mon jumeau... J'ai aussi passé un scolarité un peu bizarre, je réussissais sans sortir mes bouquins, je haïssais le "par coeur", j'étais le clown de services, j'ai eu des punitions et des heures de colle pour des conneries. J'ai redoublé ma seconde, j'ai eu mon bac electrotechnique au rattrapage (merci les maths, je suis passé de 7 à l'écrit a 15 à l'oral), ensuite je suis aussi parti en DUT info, que j'ai quitté pour 2 raisons: je n'avais pas le bagage en math assez lourd pour suivre, au premier contrôle sur les matrices je me suis tapé un 3, j'ai compris qu'il fallait faire autre chose, et le reste des cours je m'ennuyais car j'avais vu pas mal de choses tout seul et j'etais déçu de l'esprit gamin de certains (jet d'avions en amphi par exemple) Je suis parti bosser à partir de janvier. Je ne me sens pas compris des autres, je m'ennuie, je n'ai pas envie de sortir par peur de m'ennuyer car les sujets dans les discussions sont ininterressants, et dès que j'essaie de parler d'un truc qui me botte, je passe pour un fou. J'ai 34 ans, mais je ne suis toujours pas diagnostiqué, j'attends mon dossier psy des tests que j'ai passé a l'adolescence, et si il n'y a pas de resultats je vais devoir trouver les moyens de faire un bilan. Le psy que j'ai consulté il y a 20 ans exerce toujours j'irais donc le voir.

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Re: du temps des premiers murmures...

Message par vae_cerise »

Je prends le temps de lire chacun de vos messages au fur et à mesure 😏

Je ne sais par où commencer... Je vais prendre l'ordre chornlogie des faits.
Sur le plan scolaire, je suis plutôt dans la moyenne haute jusqu'à collège. J'avais surtout une matière favorite grâce à l'enseignant. C'était lui qui me donnait envie d'apprendre. Quand c'est comme ça je ne compte pas mes heures pour les devoirs ou les recherches. Par contre quand je ne suis pas intéressée par ce que j apprends, je peux facilement couler la moyenne.
Sur les bulletins c'était souvent "peut mieux faire, n'exploite pas ses capacités". Par contre je ne faisais pas de vague en classe j'étais une enfant puis une ado discrète. Cependant j'ai souvenir de maternelle et primaire où je me faisais réprimander pour bavardage. Tellement que c'était mentionné sur mes bulletins... Alors j'ai fini par me taire.

Sur le.plan amical je n'ai jamais été seule mais j'avais déjà la sensation de ne pas arriver à être comme les autres. De ne pas l'être la meilleure amie de quelqu'un a été longtemps une tragédie pour moi. J'ai toujours eu cette sensation d'être un peu différente. Tout en me disant que j'avais un problème, j'ai fini tout doucement par me formater au groupe dans lequel je me trouvais. C'était les débuts du faux self et j'entrais au collège...

En 3e j'excellais en maths et sciences en général. Mais j'adorais vraiment les maths. Je voulais m'orienter en sciences au lycée puis dans les études supérieures. J'avais été sélectionné pour mes résultats pour visiter l'école de l'armée de l'air (j'habite à salon de Provence) parmi d'autres bons élèves sur toutes les académies de France et de Navarre.
Sur le plan amical, je vis assez mal l'adolescence mais à cause des autres. J'ai des complexes comme bezucoup mais l'enfer c'est les autres... Et les messes basses. Surtout entre filles. Déjà je me sens mieux avec les garçons.
À cette époque, j'éprouve l'étrange sensation de ne pas avoir le même âge que mes camarades. Me sentant plus vieille, je réfléchissais et percevais le monde comme un adulte. En tout cas pas comme une ado...

En 2nd on me prévient que cela va changer et qu'on peut se retrouver tout en bas en terme de notes. Moi qui n'avait aucune méthode de travail... Ça n'a pas loupé. Alors que je faisais un sport études je n'arrivais pas à émerger. Je regardais les autres réussir. De vrais scolaires. Jai fini par lentement mais sûrement réduire à peau de chagrin l'estime que j'avais de moi... Je me sentais nulle et misérable. Je ne comprenais pas pourquoi les autres réussissaient et pas moi. Je me disais alors que j'étais bête. La prof de maths me disait qu'au collège c'est de l'application pure et simple mais qu'au lycée on demande une méthode. Elle m'a énormément blessé et cette blessure demeure 13 ans plus tard.

J'ai réussi à intégrer une 1e S. Mais c'est la dégringolade. Je touche le fond en terme de notes et confiance en soi des le 1e trimestre. Je cherche à réorienter, je finis par aller en ES. Au moins c'est assez varié pour ne pas renoncer à trop de choses...
Au lycée toutefois sur le plan affectif je vais mieux. Je me fais des potes et des vrais même si je n'en vois plus aujourd'hui. Je continue malgré tout ce faux self pour ne pas être rejetée. Par moment cette bulle d'imitation finissait par éclater et mon naturel pouvait reprendre le dessus. Cela ne dirait pas longtemps...
J'avais pas mal de questionnements philosophiques en 1e et naturellement j'avais hâte de la philo de terminale... Au final grosse déception. Je ne bosse presque plus en terminale, je fais le minimum puisque j'avais tout donné en 1e pour intégrer un DUT informatique. Je les ai d'ailleurs tous intégrés. Je passe le bac en mode touriste et je ne révise même pas. Surtout parce que je n'ai pas de méthode et que le par cœur ne passe pas.

Je ne suis restée qu'un semestre en dut. Impossible de comprendre les cours d algorithmique. Au moment de choisir une nouvelle orientation, c'est l'horreur. Trop de choix. J'aime trop de choses, pourtant on me dit qu'il faut choisir... Alors je choisis la géographie à la fac. Un DEUG moyen mais de beaux apprentissages malgré le fait que je n'avais pas de méthodes. Je faisais comme tout le monde comme de faire des fiches pour dire que je bossais tout en sentant bien que ça ne me correspondait pas.
J' ai erré ensuite jusqu'au tout début d'un master que j'ai mal choisi pour faire comme mon frère. J'ai choisi le mauvais et aurais dû prendre l'autre dans lequel je m identifiais plus. Mais j'étais déjà bien ancré dans le "je veux faire plaisir". Alors je laisse tomber au bout d'un mois... Au final après une licence de géographie je terminé mon cursus par une licence pro. Et me voilà à bosser pour un chercheur pendant quelques mois. À la fin du contrat je m effondre sentant bien que quelques chose ne va pas.
J'avais fait le tour de mon taff 2 mois après mon arrivée. J'ai un problème c'est pas possible...
C'est à ce moment là que j'ai commencé une thérapie. Surtout pour m'aider à assumer mon choix de travailler avec les enfants...
En 2 ans je réussis à passer mon BAFA, bosser en tant qu'animatrice et passer le CAP en candidat libre tout en préparant le concours d'auxiliaire de puériculture. Je l'obtiens la 2e année.
La psy m'a aidé à me rendre compte que je n'étais pas folle. Mais je ne parvenais à comprendre pourquoi mon intérêt tait amplifié au début puis diminuer voire disparaissait quelques mois plus tard. Pourquoi ne suis je pas intéressée par un nombre restreint de choses et en faire mon métier comme tout le monde ?

Durant ma formation d'auxiliaire de puériculture l'an dernier, je continuais à voir ma psy. Je ne comprenais pas pourquoi je ne travaillais pas comme les autres. Je me contentais du minimum et ça passait... Mais les autres camarades elles passaient des heures par jour et pas moi. Je ne méritais pas ce diplôme ni les notes. Ou alors c'était un coup de chance. C'est alors qu'elle a compris. Elle a balancé ce mot "haut potentiel". Tout s est éclairé. Ou plutôt j'ai vécu et pris une déferlante à ce moment là. J'ai lu pas mal d ouvrages. Jai revu ma manière de travailler pour la 2e partie d'année où j'ai bossé seule et à mon rythme. Je n'avais plus peur même cela m'amusait de regarder aussi les autres sous le prisme de la douance.
J'obtiens le diplôme je ne sais comment. Avec mes notes oui. Mais avec le sentiment de ne pas le mériter malgré tout. Syndrome de l'imposteur bonjour...

Malgré l'annonce de ma psy j'ai voulu passer le test pour être sûre. J'avais fini par me dire qu'elle se trompait peut être... Que j'étais pleine de névroses et que j'étais bonne à interner. Même si je me reconnaissais dans les traits du HP....

J'attends les résultats pour le 23 mai prochain. Je vais mieux et je commence à m assumer HP ou non.
Le chemin est encore long. Je me demande encore quelle est ma mission de vie, avec cette sensation de ne pas exploiter ce que je suis vraiment. Sans parvenir à trouver en quoi tellement mes centres d'intérêts sont divers.....

Merci de m'avoir lu 🌸❤️

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Dark Vadrouille
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Dark Vadrouille »

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francky191 a écrit : jeu. 10 mai 2018 20:06 @DarkVadrouille.
Je viens de lire ton histoire et je vais aller lire ta présentation de ce pas mais avant je tenais à te dire que je venais de trouver mon jumeau... J'ai aussi passé un scolarité un peu bizarre, je réussissais sans sortir mes bouquins, je haïssais le "par coeur", j'étais le clown de services, j'ai eu des punitions et des heures de colle pour des conneries. J'ai redoublé ma seconde, j'ai eu mon bac electrotechnique au rattrapage (merci les maths, je suis passé de 7 à l'écrit a 15 à l'oral), ensuite je suis aussi parti en DUT info, que j'ai quitté pour 2 raisons: je n'avais pas le bagage en math assez lourd pour suivre, au premier contrôle sur les matrices je me suis tapé un 3, j'ai compris qu'il fallait faire autre chose, et le reste des cours je m'ennuyais car j'avais vu pas mal de choses tout seul et j'etais déçu de l'esprit gamin de certains (jet d'avions en amphi par exemple) Je suis parti bosser à partir de janvier. Je ne me sens pas compris des autres, je m'ennuie, je n'ai pas envie de sortir par peur de m'ennuyer car les sujets dans les discussions sont ininterressants, et dès que j'essaie de parler d'un truc qui me botte, je passe pour un fou. J'ai 34 ans, mais je ne suis toujours pas diagnostiqué, j'attends mon dossier psy des tests que j'ai passé a l'adolescence, et si il n'y a pas de resultats je vais devoir trouver les moyens de faire un bilan. Le psy que j'ai consulté il y a 20 ans exerce toujours j'irais donc le voir.
Je serai curieux de connaître les résultats des tests de ton adolescence. J'ai contacté mon instit de CP pour voir s'il y avait trace de mon dossier, j'en doute mais bon. D'après une de mes ex, instit également, l'éducation nationale ne conserve pas très bien ce genre de chose ^^

Ravi que tu te retrouves dans un profil, après la vision que j'ai de moi, c'est que je suis un poil plus cortiqué qu'une personne lambda, mais bien en dessous des HP. Et puis ça me saoule de courir sans cesse après des chimères d'abord...

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Re: du temps des premiers murmures...

Message par francky191 »

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Promis dès que je les ai vous serez tous informés, que cela soit négatif ou positif. Cependant, avant hier j'ai eu une discussion avec ma mère, je lui ai demandé si elle se souvenait si le psy lui avait parlé de mes résultats de QI (elle m'a confirmé que j'avais fait le test), elle ne se souvient pas du nombre mais elle m'a dit que le psy lui a confirmé qu'il était bien au dessus de la moyenne. Maintenant j'attends tout de même confirmation dès réception de mon dossier.
Elle m'a confirmé que j'étais un enfant "différent", sensible, et d'autres trucs qu'elle tente de se souvenir, car j'ai 34 ans et elle a eu 5 enfants, ses souvenirs peuvent être un peu altérés. Je parlais "trop" bien pour mon âge, entre autres. Bref, ceci dit ton récit résume mon enfance à quelques détails près mais les similitudes sont étranges.

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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Dark Vadrouille »

francky191 a écrit : mar. 15 mai 2018 20:19
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Promis dès que je les ai vous serez tous informés, que cela soit négatif ou positif. Cependant, avant hier j'ai eu une discussion avec ma mère, je lui ai demandé si elle se souvenait si le psy lui avait parlé de mes résultats de QI (elle m'a confirmé que j'avais fait le test), elle ne se souvient pas du nombre mais elle m'a dit que le psy lui a confirmé qu'il était bien au dessus de la moyenne. Maintenant j'attends tout de même confirmation dès réception de mon dossier.
Elle m'a confirmé que j'étais un enfant "différent", sensible, et d'autres trucs qu'elle tente de se souvenir, car j'ai 34 ans et elle a eu 5 enfants, ses souvenirs peuvent être un peu altérés. Je parlais "trop" bien pour mon âge, entre autres. Bref, ceci dit ton récit résume mon enfance à quelques détails près mais les similitudes sont étranges.
Alors je guetterai les résultats avec impatience.
Oh tu sais, oui les similitudes sont là mais ça ne vérifie rien malgré tout. Et puis (je parle pour moi) ça ressemble à un canard, ça marche comme un canard, ça sent comme un canard, donc pas de doutes c'est un connard ^^

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Re: du temps des premiers murmures...

Message par francky191 »

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Je pense la même chose. Pareil je me fais tout un film alors que je suis sous doué. Mais bon j'ai toujours entendu qu'un type intelligent peut toute sa vie se faire passer pour un idiot, un idiot qui tente de se faire passer pour intelligent ça se repère immédiatement. Malgré tout ce que j'ai lu, vu, entendu sur les surdoués, les généralités et les cas particuliers, qui collent à 90% à mon histoire, il reste cet incertitude encore, qui heureusement me ramène un peu sur terre pour ne pas paraître prétentieux. Si jamais mon intuition se révèle correcte alors mon entourage pourra enfin comprendre qui je suis vraiment, savoir pourquoi j'ai besoin de me barrer en plein repas de famille pour "respirer" par exemple. Ma compagne pourra s'adapter à mon impulsivité, lorsque je suis en colère ou contrarié je me défoule en faisant du ménage plutôt que gueuler. Je précise c'est pas une raison pour m'inviter chez vous et de m'enerver hein !. Bref me comprendre mieux, les autres aussi pour que je vive mieux.

CaptaineSwan
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par CaptaineSwan »

Bonjour bonjour !

Premiers murmurs ? Dur à dire. J’aurais bien dit qu’ils ne remontent qu’à quelques semaines, ou quelques mois. Mais en me penchant sur le sujet, cela remonte à bien plus longtemps que cela.

A l’opposé d’un bon nombre d’entre vous, je ne me souviens pas vraiment de mon enfance. Enfin, si. Dire que je ne m’en souviens pas serait mentir. Je me souviens d’énormément de choses, de mes vacances, de mes noëls, de certaines choses qui se sont passées quand j’étais en maternelle. Je me souviens de certains ressentis, mais je serais incapable de dire si tout cela est vrai, et surtout, je serais incapable de dire si j’ai su lire avant le CP ou non. Mais, j’ai mené mon enquête auprès de mes parents, qui n’ont pas vraiment fait gaffe à ce genre de choses. Alors, voici un condensé de ce que je sais, un mélange entre souvenirs réels et souvenirs racontés.

(Arg j’étais sur une bonne lancée, mais lorsqu’il s’agit de structurer ma pensée ça devient compliqué :lol: alors je m'excuse d'avance si c'est confu et brouillon par moment, mais j'ai une idée, puis une autre et encore une et mes doigts ne sont pas assez rapide !)

Selon ma mère j’ai su parler correctement (construction de phrases correctes et semblant de discussion) à 2 ans. Jusqu’à présent j’ai toujours trouvé ça normal. Avant même de savoir parler, je savais allumer la télévision et le magnétoscope, et me mettre une cassette pour la regarder, apparement j’aimais beaucoup la télé. :lol: J’ai su lire vite. De la à savoir si je savais lire avant le CP ou non, je ne saurais le dire. Pendant mon enfance, ma mère me lisait des livres (ça je m’en souviens ! Haha), j’aimais beaucoup ça. J’ai toujours été quelque peu solitaire : mes petites sœurs sont arrivées quand j’avais 3 et 4 ans, et à cet âge là, les poupées n’étaient déjà plus à mon goût. Très vite, j’ai commencé à jouer à jeux vidéos, et à m’occuper comme je le sentais.

En primaire, ce n’était pas toujours la joie. J’ai intégré une école dans un village différent de celui de ma maternelle, et je rentrais tous les soirs en pleurant. Les enfants ne sont pas tendre entre eux, et étant très petite et rondouillette, j’avais le droit à du « petite naine » toute la journée. Un jour ma mère m’a dit de leur dire qu’il s’agissait là d’un pléonasme (maintenant que j’y pense je connaissais déjà ce mot en primaire), et quand je leur disais, ils me répondaient d’arrêter d’inventer des mots !
La aussi, je me rappelle que par moment j’étais seule dans la cours de récré, par choix bien souvent. Déjà à cette époque, je me sentais légèrement en décalé avec les enfants de mon école, mais jusque là rien d’affolant. J’ai passé la primaire de manière normale, excepté que, mise à part lorsque j’étais en quelque sorte forcé par mes parents, je n’apprenai pas mes leçons, ni mes poésies, je n’aimais pas les lectures obligatoires, j’étais nullissime en dictée car je déteste me relire (désolé pour vous d’ailleurs qui va certainement lire ce pavé pleins de fautes). Je n’étais pas hyper turbulente mais je bavardais tout le temps, et je ne notais pas les devoirs qui fallait faire pour le lendemain. Et bien oui, ils étaient facultatifs alors pourquoi je m’ennuierais à les faire! Sauf que ma mère n’était pas bête et a été voir la maîtresse en disant que c’était bizarre que l’on ait jamais de devoirs… cette honte! Je trafiquais mes bulletins scolaire également, mais c’est une autre histoire. :lol:

Au collège, je n’ai fournis quasiment aucun effort, mes bulletins étaient agrémentés de jolis « Marie a des notes en dents de scie, bavarde énormément, et n’explore pas ces capacités » ma mère m’a beaucoup reproché de me reposer sur mes acquis, que je n’avais aucune méthode de travail et que je n’arriverais pas à suivre au lycée. Mais la Marie sait mieux que tout le monde n’écoutait jamais personne, elle a eu son brevet sans révisé avec une petite mention assez bien et elle pensait que tout allait bien se passer au lycée.

Grave erreur ! Si au collège j’étais entouré de filles qui travaillaient et avaient des bonnes notes tout le temps, au lycée, je me suis retrouvée livré à moi même, avec des fréquentations bof bof, des notes en chute libre. Et c’est là, au pire moment, que j’ai commencé à me sentir très très seule, même au sein d’un groupe. Je ne suivais plus rien, je pleurais tous les soirs, je me sentais mal dans ma peau. Mais après une petite remise, voir une grosse remise en question, je me suis dis que c’était une crise d’ados et que ça allait passer. J’ai donc redoublé ma seconde et là j’ai encore ressentie ce décalage. Sans vouloir me vanter, j’étais, et je le reste, quelqu’un d’assez apprécié (pourquoi je ne sais pas !) et tout le monde le parlait, et même si mes camarades n’avaient qu’un an de moins que moi, j’avais l’impression qu’ils étaient encore plus jeune. Je ne comprenais pas ce qu’ils trouvaient de si drôle à lancer une gomme à travers la classe, alors que tout le monde en riait. Je les trouvais tellement immature par moment… enfin, bref. J’ai fais 4 ans de lycée. J’ai détesté le lycée de tout mon être, j’ai pleuré une bonne partie de mes années lycée. Tout d’abord car je ne m’y sentais pas bien, mais aussi car je ne me suis jamais sentie aussi bête, stupide, débile que ces années là. Tout le monde comprenait tout et moi non… alors la solitude m’a de nouveau envahit. Certains profs étaient horrible, notamment ma prof de maths…, qui m’envoyait au tableau alors qu’elle savait pertinemment que je n’avais pas la réponse.
Pour finir, aussi bête et peu investi que j’étais, j’ai eu mon bac S avec mention miracle!

Puis je suis arrivée à la fac en 2014. J’adore ce que je fais et cela se voit ! Mes notes étaient très bonnes sans fournir un effort gigantesque. Je n’ai toujours pas de méthode de travail. Je fais mes devoirs aussi gros soient ils la vieille au soir dans mon lit.
Je souffre de procrastination et de manque de motivation intense ! Lorsque je me mets à travailler, si ce n’est pas fini dans l’heure qui suit, mon cerveau préfère alors savoir ce qui pourrait bien se cacher au fin fond des océans plutôt que de finir mon devoir…

Je suis encore à la fac à l’heure actuelle. Je procrastine toujours autant (la preuve je n’ai toujours pas fini mon mémoire et je dois le rendre en septembre par conséquent…) mais encore une fois, alors que j’ai des amies formidables et brillantes, je m’en sens parfois tellement seule quand je suis dans un groupe… je me sens moins seule en étant seule qu’accompagné. (Cherchez l’erreur !) Je me suis aussi fait diagnostiquer un état dépressif, qui me fait encore me poser plus de questions que je ne m’en pose déjà !

Depuis quelques années, je me suis toujours demandée si je n’étais pas bizarre, si je n’avais pas un autisme léger. Je suis hypersensible, c’est assez compliqué à gérer d’ailleurs, j’ai horreur du contact physique avec les gens, même très proche. Mais j’ai commencé à écarter cette idée car je suis très empathique. Je suis une éponge à ce niveau. J’absorbe toutes les émotions présentes autour de moi. Je peux ne pas avoir vécue une situation en particulier, si une personne m’en parle en ressentant des émotions fortes, je vais les ressentir aussi en quelque sorte.
J’ai aussi le problème de l’exacerbation des sens. J’entends tout sans le vouloir. Par moment, le son de la vaisselle qui claque lorsque l’on vide le lave vaisselle m’agresse alors que ce n’est pas moi qui le vide, qu’il est au rez-de-chaussée et que je suis au deuxième étage de ma maison. Weird stuff, mais j’ai toujours trouvé cela normale. Je suis très sensible à la lumière de certaines lampes qui me font me sentir bizarre. Et au niveau des odeurs, il y en a qui me ferait presque vomir tellement elles m’agressent, alors qu’elles peuvent être les douces des odeurs…
Malgré que je déteste le contact physique j’ai aussi ce besoin intense de toucher les matières qui m’entoure, c’est systématique ! Je pense pouvoir reconnaître beaucoup de choses par le toucher. Et pour finir, j’ai un cruel manque de confiance en moi. Lorsque je rends un devoir, je vais avoir l’impression que ce devoir est le pire que j’ai rendu de ma vie, car je suis perfectionniste au possible et ce que je rends est tellement loin de ce que je veux produire, alors que cela vaut un joli 16/17. (Par moment, j’ai l’impression de ne pas mériter tout ça.)
J’ai aussi toujours ce besoin de faire plusieurs trucs en même temps, sinon je m’ennuie et je ne peux pas me concentrer

Il y a encore tellement de choses à dire. Mais si vous êtes arrivé jusqu’ici je vous dis bravo, et merci. Je n’arrive pas à savoir si je peux envisager être « surdouée », même c’est prétentieux de ma part. Ou si je suis juste différente des autres et qu’à force de chercher une raison à ça j’essaye de rentrer dans les caractéristiques de la douance. Mon médecin m’a dit que mes problèmes de sommeil (insomnies, nuit mouvementée, difficulté à m’endormir car je ne fais que penser et hallucinations) que j’ai depuis toujours, pouvaient être lié à de « l’intelligence ».
Je suis dans une phase où je me dis que c’est vraiment n’importe et trop prétentieux de se penser surdouée. Et en même temps, j’ai peur de l’être. Toute ma vie je me suis sentie tellement stupide, que d’apprendre ça me ferait un choc! J’ai toujours voulu passer un test de QI, mais j’ai toujours eu peur qu’il montre que je suis bête et que c’est pour ça que j’étais bizarre. Maintenant, j’ai peur qu’il révèle les deux opposés : que je sois bête ou qu’au contraire ce soit le total opposé. Haha

Je vais bientôt me lancer, et faire une consultation pour voir ce qu’un psy penserait de tout ça. Mais cela m’effraie. Dès que j’y pense mon anxiété et mon stresse refont surface en deux secondes.

Merci beaucoup d’avoir lu jusqu’ici !!

A bientôt ,

Marie

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Dicizit
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Dicizit »

Bonjour et bienvenue Captain!
Ton message est resté sans réponse et j’imagine que ce n'est pas des plus confortable.
Ton parcours peut ressembler à celui d'un surdoué mais le meilleur moyen de le savoir,c'est de consulter un psy et éventuellement de passer le test (wais 4). Je te conseillerais de te plonger dans le forum et de te renseigner plus avant sur la douance, si ce n'est déjà fait. Connais tu le livre de Gauvrit " les surdoués ordinaires"? On trouve aussi certains de ses articles, avec ceux de Franck Ramus assez facilement sur le net. Cela s'éloigne des images d'Epinal des surdoués et remet les pendules à l'heure ( scientifique) .
Je te souhaite de bonnes recherches, prends ton temps, et tiens nous au courant!

Didedine
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Didedine »

Les premiers murmures... Difficile de savoir par où commencer. Désolée donc pour la tartine que je vais servir, je sais déjà qu'elle sera longue :honte:

Ma mère a toujours dit que j'étais ultra sage. Je n'ai jamais fait de vagues. Je jouais déjà seule pendant des heures quand j' étais bébé. Elle a même toujours considéré que j'étais un peu autiste. Je me renferme très facilement quand ça ne va pas. En fait j'essaie d'éviter de dire aux autres des choses qui pourraient les blesser.

En maternelle je me souviens que j'étais plutôt bien intégrée. Par contre j'avais peur d'un tas de choses : bruits trop forts (les feux d'artifice font toujours monter mon niveau de stress même si je me maîtrise, l'orage, etc), le noir, des mondes parallèles (si je tournais dans un sens, fallais que je tourne dans l'autre pour ne pas "changer de monde" - oui un peu :fubar: ), de ne pas être aimée. En ce qui concerne ce dernier point je me sens aujourd'hui plus apaisée. Mon compagnon y est à mon avis pour beaucoup.
Avant même de savoir écrire, "j'écrivais" déjà des poèmes que je dictais aux adultes. J'ai aussi appris à jouer du piano toute seule, à l'oreille. J'avais déjà énormément d'imagination.

En 1ere primaire (équivalent du CP), je suis tombée sous l'influence d'une gamine qui m'a coupée de tous les autres enfants. J'étais son petit toutou. Ca a duré un an et ce sont d'autres enfants qui m'ont tirée de là. J'ai toujours cherché à quels groupes appartenir : je jouais aux petites voitures avec les garçons, plus tard ça a été les billes - ce qui m'a valu le surnom de cul-gelé, et encore plus tard je ne restais plus du tout à la cantine (trop crasseux, trop bruyant, trop tout). J'étais étiquetée d'intello, toujours dans les premiers de classe. Ma meilleure amie de l'époque était hyper people ce qui me permettait de "vivre" parmi les autres et d'être intégrée. Elle avait le coeur sur la main.

A cette époque j'avais déjà mon lot de bizarreries : je gardais tous les papiers de biscuits que j'avais mangés pour ne pas qu'ils se sentent abandonnés, à 10 ans, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps le jour où on a vendu la caravane qu'on avait à la mer pour une plus grande. J'ai encore les clés de cette caravane dans mon tiroir à souvenirs. Je nettoyais la maison quand ma mère accompagnait mon frère au volley pour un peu la soulager. J'economisais et je lui offrais ce que je percevais qu'elle ne s'offrait pas pour nous élever.

En secondaire, je passais mon temps à longer les murs. J'avais un groupe d'amies avec qui j'avais fait mes primaires et une partie de mes maternelles. On restait ensemble. J'ai cherché à rejoindre d'autres groupes parce que je ne me sentais pas toujours à ma place. J'ai fini par revenir auprès de mes amies d'origine. A cette époque j'ai rencontré un garçon de l'âge de mon frère (plus âgé que moi) qui est devenu un ami. Il avait grandi dans un milieu familial un peu semblable au mien. Il venait de découvrir qu'il était surdoué et soutenait que je devais aussi l'être. Je ne l'ai pas écouté. Il avait du mal à gérer ses émotions, moi les miennes. On s'est petit à petit éloigné.
Je faisais du volley à assez haut niveau mais je m'effondrais dès que je jouais mal.
J'écrivais énormément à cette époque. C'est ma période la plus productive en poésie. Je dirais que j'ai commencé à aller mieux le jour où j'ai accepté l'étiquette d'intello coincée qu'on m'avait imposée.

Passionnée de biologie, j'ai fait une première année en sciences biologiques à l'université. Je l'ai réussi mais j'ai arrêté. Les labos ne me bottaient absolument pas. J'aimais par contre beaucoup la théorie. J'ai fait mes études d'instit que j'ai réussies sans aucun soucis, à part le stress constant de savoir si oui ou non j'avais réussi mes stages et mes examens. A la fin de celles ci j'ai voulu trouver des études en littérature de jeunesse. Etant sûre qu'on ne m'accepterait pas parce que je n'avais pas le diplôme requis, j'ai quand même tenté d'envoyer mon dossier. Et comme je voulais être sûre de continuer à me nourrir intellectuellement j'ai entamé mon master en sciences de l'éducation tout en travaillant deux jours par semaine comme instit. Mon dossier a finalement été accepté en littérature de jeunesse et j'ai mené les trois de front.
Durant toutes mes études supérieures on m'a toujours dit que j'étais trop scolaire (notamment trop perfectionniste, je coupe les cheveux en 40. Du coup je vais beaucoup plus loin que ce qu'on attend de moi. Je demande aussi si ce que fais correspond à ce qu'on attend de moi mais ce n'est pas toujours bien vu...) et trop sensible, que je devais me renforcer. J'en ai encore fait l'expérience il y a un mois avec mon capaes que j'ai raté...

Quand j'étais instit, je parvenais à tirer de leur monde tous les élèves renfermés et insécurisés auquels j'étais confrontée. J'ai eu beaucoup plus de mal à gérer les élèves plus agressifs.
Aujourd'hui, dans mon métier, mes relations sociales sont plutôt bonnes. Je n'ai pas cette sensation constante d'être en décalé. Je ne considère par contre aucun de mes collègues comme des amis (à part peut être une collègue qui m'approche à petits pas).
L'année dernière une collègue m'a fait ouvrir les yeux sur une autre de mes particularités qui ne semble pas être la norme : un énorme besoin de contrôle. J'anticipe tout au maximum, tout le temps. J'essaie d'anticiper les réactions de mes étudiants lorsqu'ils reçoivent une évaluation, pour qu'ils la comprennent et ne se sentent pas rabaissés, d'anticiper les tricheurs ou ceux qui veulent à tout prix profiter des failles, etc. Bah oui profiter des failles du système c'est injuste pour ceux qui ne le font pas, donc ça m'énerve. C'est comme ceux qui poussent pour être les premiers, ça m'énerve.

De tout ça, ce que je retiens donc ce sont surtout mon empathie, mon perfectionnisme et mon hypersensibilité. Comme je le disais quand je me suis présentée, je me retrouve beaucoup moins dans les traits intellectuels. Si le mind mapping est un outil qui me convient particulièrement bien et que j'ai directement pu prendre en main, je ne me vois pas piur autant avec une pensée arborescente. Oui je passe parfois du coq à l'âne, je parle excessivement vite et je n'écoute pas toujours mes interlocuteurs jusqu'au bout, surtout quand il y à du bruit autour mais est-ce que je pense pour autant différemment ? Je n'en suis pas du tout sûre. Quoi qu'il en soit il est clair que j'ai toujours senti que je fonctionnais différemment et que je me prends beaucoup plus la tête que les autres. Voilà donc où j'en suis pour l'instant :$

Encore désolée pour la longueur. Promis j'essaierai de faire plus court la prochaine fois :P
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Napirisha »

Ça n'est pas long, c'est développé, c'est pas pareil :)
Pour la pensée arborescente, ça n'est qu'une image, extrêmement imparfaite : je ne connais personne qui pense à plusieurs choses *à la fois*. Du coq à l'âne en accéléré, et/ou de la prise de tête intensive sur des détails, en revanche, on est nombreux :) La différence de pensée serait plutôt sur la rapidité de traitement des informations que sur une nature de pensée à part.
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par madeleine »

+1
C'est un portrait finement exécuté, merci de l'avoir partagé, il fait écho à bien des souvenirs ...
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Didedine »

Merci pour vos réponses :)
Napirisha a écrit : jeu. 26 juil. 2018 09:10 Ça n'est pas long, c'est développé, c'est pas pareil :)
Pour la pensée arborescente, ça n'est qu'une image, extrêmement imparfaite : je ne connais personne qui pense à plusieurs choses *à la fois*. Du coq à l'âne en accéléré, et/ou de la prise de tête intensive sur des détails, en revanche, on est nombreux :) La différence de pensée serait plutôt sur la rapidité de traitement des informations que sur une nature de pensée à part.
Prise de tête intensive sur des détails, je suis la spécialiste :D Je peux parfois me prendre la tête pendant 1 semaine pour une petite chose que j'ai dite en cours quand je me rends compte que ça a pu être mal interprété et que je n'ai pas directement réagi. Le pire, c'est que bien souvent quand je reviens dessus, soit mes étudiants ne s'en souviennent même pas, soit ils ne l'ont absolument pas mal pris.
En ce qui concerne le passage du coq à l'âne, je me suis rendu compte que je le faisais pas mal grâce au mind mapping : je complète toujours mes cartes de façon chaotique. Je tape une idée A, puis une B, j'ajoute A1, puis C, je continue avec B1, je reviens à A2, etc. Pour ça je ne suis vraiment pas linéaire :P
madeleine a écrit : jeu. 26 juil. 2018 17:34 +1
C'est un portrait finement exécuté, merci de l'avoir partagé, il fait écho à bien des souvenirs ...
Merci :) sachant que j'y ai passé deux jours (pas non stop hein, quand même) ça me rassure : j'ai été claire :$
J'hésite à me faire tester : comme l'ont dit avant moi beaucoup d'autres membres du forum non diagnostiqués, j'oscille vraiment entre le "c'est dingue comme je me retrouve dans certaines caractéristiques" et le "nan mais t'es complètement cinglée ma pauvre..."

Actuellement j'ai une explication pour mes comportements émotifs. Ma psy les a associés au milieu familial dans lequel j'ai grandi (je ne lui ai pas encore parlé de mon hypothèse éventuelle - vacances obligent B) Mais y'a quelque chose en moi qui refuse de tout mettre sur le dos de cette explication. Elle n'explique pas tout... Ce que je vais dire va paraître terriblement prétentieux mais je ne peux pas non plus nier que j'ai des facilités pour pas mal de choses. Je m'adapte très facilement et professionnellement j'évolue beaucoup plus vite que de jeunes collègues. Je m'engage dans un tas de projets variés qui font que je suis totalement débordée et même si ça me génère énormément de stress, une partie de moi apprécie tout ça. J'ai d'ailleurs toujours dit qu'un jour je retournerai sur les bancs de l'univ comme élève libre. La paléontologie m'a toujours fascinée même si je n'ai jamais étendu mes connaissances à ce sujet. J'ai du mal à croire que tout cela soit juste une forme de résilience... Surtout en regard de l'hyperémotivité que je manifeste.
Je pense qu'un jour je passerai le pas, pour mieux me connaître. Peut-être aussi pour tordre le coup une bonne fois pour toute à un certains nombre de mes vieux démons. Si je suis diagnostiquée +, je trouverai enfin une grille de lecture qui explique pas mal de choses à mon sujet (oui j'ai vu sur je-ne-sais-plus-quel-topic qu'une fois qu'on "sait" on a parfois tendance à tout ramener à ça :) ). Je resterai bizarre pour tout un tas de gens ou juste une ultra-sensible-intello-working-addict, mais je saurai au moins en partie pourquoi. Si je suis diagnostiquée -, je dispose d'une autre grille de lecture qui explique au moins en partie qui je suis. Je serai dans un entre-deux mais je crois qu'au bout du compte et vu ma vie actuelle, ce ne sera pas la fin du monde.
J'aurai au moins appris un tas de choses sur un sujet que je réfléchis déjà à intégrer à mes cours le plus rapidement possible ^-^

Enfin, ce qui me fait hésiter à le passer "plus ou moins rapidement", c'est mon fils de 3 ans. Je me retrouve en lui dans beaucoup de ses comportements. Il a les mêmes peurs alors que je ne lui ai jamais parlé des miennes pour éviter de l'influencer. Il a des réflexions qui parfois me dépassent complètement mais je n'arrive pas à savoir à quel point il s'écarte de la "norme". Pourtant je suis instit maternelle, j'ai donc une base de référence. Et c'est là que se trouve le biais... Mais bon, je ne vais pas m'étendre là dessus pcq pas sûre que je sois dans le bon topic :x

Ca y est j'avais promis de ne pas être longue la prochaine fois : c'est raté :lol:
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Bulle d'o »

Les murmures... J'y étais sourde mais les autres les ont entendu autrement.

Je me pose cette question de savoir pourquoi on a envie de partager ces étapes décrivant les murmures, outre le don altruiste pour faire écho et communauté avec quelqu'un à qui cela pourrait parler, il me semble qu'il y a un don presque tout aussi altruiste pour soi même! Qui sait, ça pourrait nous parler.

Enfant seule au primaire ou avec quelques copains, pas d'amis, je fréquentais les autres comme on va au cinéma, on est accroché pour un temps puis on oublie. La maîtresse a interpellé mes parents sur cette solitude, tout en soulignant d'excellents résultats - Bon - Le collège fut une joie puis après un déménagement et un autre collège, très rapidement, cela devint une torture. J'étais au début maltraitée par des enfants pratiquant une domination sociale acquise de l'enseignement personnel qui leur était fourni. Une prof de français a interpellé mes parents sur une de mes copies très sombre mais très bien écrite avec un voyage intérieur macabre fort original. - Bon - Puis je suis devenue fantôme, voguant avec un autre fantôme et en fin de 3ème, je me suis définitivement inscrite dans le groupe des "outsiders", mais qui auraient presque pu devenir des "challengers".

Lycée, j'y suis restée 4 ans et y ai vécu une tranche de vie mystique (mais sans religion), psychologique, existentielle, drôle, sociable, tout, sauf l'enseignement... Passablement pas très bonne, je ne comprenais pas l'enjeu. Et puis, je suis rentrée en fac et je suis ressortie de la fac et j'ai passé un trimestre à, selon moi, expérimenter mon autisme. Ce que je disais à 20 ans moins le quart. Puis J'ai arrêté de penser à tout ca. J'ai mis les dalles de ma vie future : études/boulot.

Et 5 ans plus tard, il y a 15 ans, mon petit frère, 4 ans à l'époque, se faisait testé et l'on découvrait sa précocité, sa très grande précocité et en même temps, je mettais au monde mon fils. Je découvrais la maternité, la douleur aussi d'être mal accompagnée et malmenée, je m'extirpais et me concentrais sur mon tout nouveau petit bonhomme et je me reconstruisais et le construisais, lui. Je me demande dans quelle mesure, je ne suis pas née à moi-même en fait, il y a 15 ans.

Je me suis formée au long cours, j'ai rencontré quelqu'un de bien, je me suis mariée, j'ai eu ma fille, je me suis séparée, je me suis re formée, j'ai recommencé 48 vies, 29 boulots, 723 déménagements, exploré 69876 possibilités de maladies mentales... rencontré un extra-terrestre mais le mien, et nourri sous mon bras, mes deux chérubins.

Et j'ai ignoré encore la question de la surdouance 10 ans, alors que je l'ai eu sous les yeux (ou souvent en tout cas), que le feeling de notre connivence avec petit frère semblait planer comme des signaux. Il m'a même interpellé, alors qu'il était enfant, de nombreuses fois là-dessus. Des appels de l'ordre de : "si mes parents meurent, je veux que ça soit toi qui m'élève" -il avait 8 ans,
Sur ma fille de 2 ans 1/2 qui commençait à déchiffrer les phrases sur les paquets de céréales, mettant ses deux mains sur mes épaules, me voyant blême, "t'en fais pas, tu n'auras qu'à essayer de bien la socialiser" - il avait 10 ans, (soit dit en passant, la jolie mignonne, n'a jamais retenté l'expérience d'apprendre à lire spontanément, jusqu'à l'âge officiel. Je ne devais pas être prête!)
"tu sais quand on est comme ça...sans prise mais le fil directement dans le mur, on ne peut pas l'éteindre, y'a pas d'interrrupteur, tu sais ca toi" - il avait 12 ans,
"tiens, je t'ai retravaillé des partitions, viens jouer avec moi. - euh, mais j'ai pas le niveau - mais si, allez, viens " de ses 10 à 14 ans.
Mais non, ces appels ne m'ont pas parlé.

Et puis mon grand est entré au collège. Et la maman de son meilleur pote m'a dit, "je vais faire tester mon fils pour la précocité, sous conseil de la maîtresse, mais ton fils aussi l'est certainement". - Bon - Et un an plus tard, j'ai fait un burn-out. Avec obligation de suivi auprès d'un psy spécialisé. C'était très bien. Et je me suis reconstruite, je me suis encore re reformée (formation...) et puis un jour, ca m'a gratté dans le creux de l'oreille : mais si toutes ces différences n'étaient pas du à un "déficit" de ma part, serait il possible que ce soit lié à une surefficience? J'ai écouté un podcast radio parlant des surdoués au travail, j'ai pleuré tout le long. J'en ai parlé au-dit psy, m'a répondu en gros : "c'est pas la question!". Donc j'ai fini ma nouvelle formation, fait un nouveau boulot.
Et puis la maman d'un super nouveau pote de ma fille m'a dit "mon fils est surdoué, et ils sont pareils, elle l'est certainement aussi, t'as pensé à la faire tester?". - BON OK - Alors j'ai lu, j'ai lu, j'ai lu, j'ai appelé des amis, des proches concernés qui m'ont dit "Oui! Bon sang, fais toi tester et les petits!".
Et 4 ans sont passés environ entre cette entrée au collège du grand et cette dernière réflexion concernant ma fille. Mais, non, je n'ai pas encore fait. Je nous ai d'abord posés. J'attendais quelque chose certainement.

Puis mon père est parti, me laissant avec des incompréhensions telles que je lui en ai voulu de partir, sans avoir dit pardon entre autre. 15 jours après, j'écrivais à Arielle ADDA pour avoir un rendez-vous car c'est par sa voix que je me suis pour la première fois réellement identifiée comme pouvant peut être appartenir à cette partie de personnes "surprenantes" dont une des caractéristiques pouvaient être l'hypersensibilité.

Et j'ai du attendre 15 mois - temps qui n'a pas encore fini de s'écouler, me reste deux mois.... - pour être testée. Alors, car la question devenait urgente tout au moins pour mon fils, je me suis mise dans ma peau de maman à 200 % (ben ouais, 100 % pour chacun!), j'ai pris mon courage à deux mains, et j'ai affronté l'école de ma fille pour évaluer cela d'abord pour elle. Puis mon fils a décidé de le passer auprès d'une neuro psy avec batterie d'autres tests en même temps. et surtout, il voulait qu'elle puisse répondre à toutes ses remarques, même si elles étaient incongrues, toutes, toutes, tout savoir en une fois une seule, tout sur lui! Ca urgeait! Et bien, effectivement, ils sont diagnostiqués +, hétérogène pour ma fille.

Et moi, je murmure toujours. Mais je murmure distancée car j'ai tant lu, tout, le sombre, le joyeux, le technique, le psychanalytique et même une partie de mathématiques.

Et puis après tout ce temps, je me suis construite avec si c'est le cas, sans si c'est le cas. Je me dis que seul mon orgueil personnel, au final, en serait reconforté en cas de réponse diag +. La confiance en soi, et en l'autre aussi, les études, l'opportunité de vie, contre vents et marées, finalement, j'ai tout réalisé en sachant/sans savoir. Ce que j'aurais peut être aimé avoir, est plutôt de l'ordre d'un milieu social moins "refractaire à se chercher soi même", plus protecteur, éclairant, soutenant. Mais ca, c'est à moi de me le donner, faute d'en provenir. :)
"Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même."

Les désorientés (2012) de Amin Maalouf

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Malouuu
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Malouuu »

Mes premiers murmures remontent à assez longtemps en fait (enfin c'est relatif sachant que j'ai 21 ans).

Ça a commencé en seconde, donc il y a six ans (peut-être avant aussi mais je pense que je ne savais pas trop ce que ça pouvait représenter) où je me sentais seule et rejetée. Je mes suis rappelée de moments pénibles en CP/CE1 quand on ne voulait pas être mon ami, quand personne ne m'invitait à leurs fêtes d'anniversaire, quand j'ai été effrayée par le fonctionnement des avions (un papa d'élève était venu expliquer qu'il « construisait des avions », et je me suis mise à m'imaginer toutes les parties d'un avion – moteur, ailes, et autres... – je ne comprenais pas comment c'était possible qu'un avion vole, trop de paramètres rentraient en compte, j'ai pris peur). En cherchant à comprendre, j'étais tombée sur un article traitant du haut potentiel et j'ai continué les recherches dans ce sens. Mais, même si ça m'interpellait, j'ai abandonné l'idée assez vite.

Plus tard, quand je suis arrivée en prépa je pensais pouvoir m'épanouir dans les études (parce que oui, j'ai toujours eu de bonnes notes mais quand c'est trop facile ce n'est pas si valorisant) sauf que ça n'a pas été le cas. Cependant j'ai quand même trouvé une bonne amie par année, quelque chose que je n'avais jamais connu puisque je n'arrivais pas à m'intégrer (divergence de mentalités). C'est à ce moment que j'ai vraiment cherché une explication à ce que je ressentais, et je suis à nouveau tombée sur un article parlant des adultes à haut potentiel.

J'ai eu quelques problèmes pour m'identifier à ce que je lisais : je n'ai jamais été en échec scolaire, au contraire, je brillais et les profs me remarquaient en tant que bonne élève (hum hum... :huhu: bonne élève qui ne fait pas ses devoirs, ne sait pas travailler et qui ne révise jamais :tmi: ), je ne comprenais pas comment c'était possible de penser différemment de la manière dont je pensais, tout ce que je faisais était plus que banal (pour moi les autres étaient soit égaux soit meilleurs que moi). J'avais aussi du mal à envisager l'éventualité que je puisse fonctionner si différemment, et puis les idées reçues perdurent, je pensais que surdoué voulait dire supérieur (dans un certain sens), mais j'ai bien compris maintenant, notamment grâce à ce forum, que c'était pas exactement comme ça qu'il fallait voir les choses.

En deuxième année de prépa c'est ma copiaule qui m'a aidée à comprendre que je pouvais être à haut potentiel. Elle me disait qu'elle voyait rarement quelqu'un réagir aussi vite à ses blagues et qu'elle me pensait surdouée (inhibée). (Elle même étant surdouée, on avait les mêmes délires, les mêmes blagues sortant quasiment au même moment, la même façon de voir les choses et de penser - voir ma présentation. Certains disent que le hasard fait bien les choses, moi je pense que le hasard n'existe pas, que les choses arrivent pour une raison). Pour elle c'était certain, moi j'ai mis deux ans à me décider avant de me dire que je ne serai jamais sûre à moins de passer le test. Pendant deux ans je tergiverse et je n'y crois pas, je pense tout le monde plus doué et moins maladroit que moi, je me dévalorise. En entrant en école d'ingé je me dis que ce n'est plus possible de vivre comme ça et décide de contacter une psychologue, ce que je réussis à faire par mail durant l'été.

La suite est dans « À vous qui avez passé le test : comment l'avez-vous vécu ? » : Mon vécu du test
"Tu veux un monde meilleur, plus fraternel, plus juste ? Eh bien commence à le faire : qui t’en empêche ? Fais-le en toi et autour de toi, fais-le avec ceux qui le veulent. Fais-le en petit, et il grandira." - Carl Gustav Jung

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