L'histoire de la confiance je crois que c'est très long à mettre en place, parce que dans mon cas avoir confiance en moi signifie encore être terriblement prétentieux. Je continue aujourd'hui à chercher des motifs extérieurs pour expliquer une réussite comme si toute facilité devait être illégitime. En fait c'est ça, d'avoir grandi dans un milieu où le travail était une valeur première, j'ai le sentiment de profiter d'un avantage inexcusable si une réussite n'est pas totalement payée en sueur.
Prenons un exemple, j'ai repris des études de lettres cette année, je reçois mes notes de devoirs maison pour le premier semestre, c'est stratosphérique, actuellement je suis à plus de 18 de moyenne, je viens encore d'avoir un 18 ce jour en histoire littéraire. Ma réaction ?
1 - Où ai-je perdu deux points ?
2 - Oui mais j'ai énormément bossé, et je l'ai fait parce que j'étais en basse saison (mais bonhomme tu as des camarades qui ne font que ça, toi tu gères aussi ton entreprise)
3 - Oui mais j'ai déjà fait un cursus universitaire, je connais les méthodes
4 - Oui mais ça brassait des thématiques que je connaissais
5 - Oui mais ça note large (sur ce dernier devoir la moyenne de la classe est de 10 et des poussières)
6 - Aux examens de fin d'année tu vas chuter parce que tu devras bachoter et écrire à la main pendant 3h, tu verras là t'auras l'air malin, ça va calmer tes prétentions.
Je ne veux pas voir, entendre, lire, que ce que je fais est juste "bon", pourquoi ? par peur de m'endormir, par sentiment d'imposture ? Je me souviens avoir discuté souvent de mes résultats en fac de philo (très bons résultats aussi, premier de promo) et chaque fois j'ai le même discours "oui mais je me suis défoncé" et surtout "oui mais j'avais appris comment fonctionnait chaque prof et je donnais ce qu'il attendait, aucun mérite, juste roublard".
Je me force ici à écrire ça, j'ai honte de l'écrire, j'ai le sentiment d'être un petit con qui montre son zizi aux passants pour se vanter. Or depuis quelques années je constate stupéfait combien autour de moi beaucoup sont sûr d'eux, jamais un doute, toujours droits dans leurs bottes et certains d'être légitimes et justes dans leurs choix ou déclarations. Je n'arrive pas à comprendre ce mécanisme, j'ai toujours le sentiment que ma réussite est précaire et le fruit d'un malentendu, et surtout le sentiment que réussir c'est pas ça, les études, c'est pas ça le truc sérieux, comme si la vraie difficulté résidait ailleurs et qu'en fait je me contentais de jouer en division d'honneur. Peut-être est-ce le plus gros prétexte que je me sers : je me dis "tu joues en division amateur, tu verras le jour où tu devras te confronter aux meilleurs, aux vrais cadors".
Niveau boulot les clients me disent "c'est super ce que vous faites" et je suis là, j'esquive, en disant que c'est à la portée de tout le monde, que j'ai du bol, que c'est l'endroit, le climat, la flore, etc. qu'ailleurs je serais passé inaperçu.
Pourtant je l'ai ce bilan de WAIS, je pourrais me dire ok ça explique mes résultats, et en même temps je me dis que c'est pas normal, que c'est injuste et que je devrais recevoir des pénalités. Ça me pose un vrai problème. Je sais pas comment vous gérez ça.
PS : que les choses soient claires, je préfère la position du mec qui se sent illégitime avec un 18/20 que celui qui considère le professeur illégitime avec 4/20
Tout ça pour dire, que je n'ai jamais remis en doute mon bilan WAIS, mais que je n'arrive pas encore à me dire que HPI ce n'est pas du dopage, que c'est pas de l'anti-jeu. C'est encore assez problématique pour moi.