Manière de penser intuitive?

Cette section est ouverte à tous les membres : elle doit permettre un partage d'expériences autour des problématiques liées à la découverte de la douance.
Répondre
bebel
Messages : 55
Inscription : mer. 7 déc. 2011 14:00
Test : NON

Manière de penser intuitive?

Message par bebel »

Bonjour,

Ceci est mon premier message après ma présentation.

Je ne suis pas un surdoué dans la mesure où je n'ai jamais passé de test, mais j'ai parfois la prétention de croire que j'en suis un, basée sur la lecture de plusieurs ouvrages et de sites sur le sujet. Surdoué ou pas, je me retrouve assez bien dans les descriptions que j'ai lues pour en être certain par moments, pas assez pour en être sur tout le temps.

Quand j'essaie de me décrire, j'estime que la plupart de mes défauts et de mes qualités dérivent de deux caractéristiques de base:
- Une hypersensibilité source de qualités humaines diverses et de mécanismes de défenses handicapant.
- Une manière de penser particulière, dont je n'ai découvert l'originalité que récemment, ayant à répondre sur les raisons de tel ou tel comportement, de telle ou telle décision.

J'aimerais savoir si ce mode de pensée est partagé par les membres du forum et si on peut l'attacher à cette fameuse pensée arborescente ou au raisonnement intuitif des surdoués.

J'exerce un métier lié aux technologies avancées et mon travail consiste pour une large part à trouver des solutions à des problèmes et à créer de nouveaux concepts. Quand j'ai un problème à résoudre, je n'applique pas une approche pas à pas, analysant des hypothèses, sélectionnant la plus pertinente. Si le problème est complexe, je sens mon cerveau qui bouillonne et éprouve très vite le besoin de déconnecter en pensant à autre chose. Je "papillonne", passant mon temps à faire autre chose que mon travail (j'ai longtemps culpabilisé de ce comportement), attendant que mon cerveau me livre tout cuit LA réponse que j'attends. Puis je reconstruis a posteriori le raisonnement et trouve en général tout un faisceau d'arguments validant ma solution.

Mon année de terminale fut extrêmement difficile pour moi. Depuis le milieu de la première, mes "facilités" me permettant d'être le premier de ma classe s'étaient révélées inopérantes. Je devais maintenant travailler et ne savais comment faire. Les maths, autrefois une matière si facile, me sortaient par les yeux. J'angoissais à l'idée de rater mon bac et de décevoir mes parents. Aucune matière ne me plaisait, sauf une, une option, le latin. C'était mon ballon d'oxygène, et je passais plus de temps à le réviser que les autres matières autrement plus importantes pour un bac scientifique.

Pendant les cours de latin, on traduisait des textes qu'on allait présenter au bac. Ce travail de traduction ne m'attirait pas particulièrement. Une fois fait, la prof nous donnait une version moins scolaire, plus littéraire, de la traduction initiale. Et c'est là que mon plaisir commençait. Reconstruire le cheminement entre le texte initial et la traduction finale, faire le chemin à l'envers de la solution au problème, me procurait un plaisir immense. Ce n'est que récemment que j'ai compris pourquoi: partir de la réponse pour recréer un raisonnement largement inconscient correspondait à un besoin de mon mode de pensée.

Dans la vie de tous les jours, quand je dois prendre une décision, je fonctionne exactement de la même manière. Elle prend plus ou moins de temps, mais une décision s'impose à moi, en fonction de ma connaissance du problème, de mes émotions, de mes valeurs. Je ne remets jamais en cause cette décision, je ne pense pas aux alternatives laissées de côté par mon cerveau. Bonne ou mauvaise, ma décision est cohérente avec mon être. Dans de nombreux cas très pratiques, sortant de mon champ de compétence ou d'intérêt, cette manière de "sortir" brut de décoffrage la première idée que me vient se révèle la plupart du temps désastreuse. Je peux dire de telles stupidités qu'on peut se demander si j'ai deux sous d'intelligence ou si je ne le fais pas exprès, moi qui suis si "intelligent" par ailleurs.

L'expression "Il vaut mieux avoir des remords que des regrets" m'a toujours intrigué. Pour avoir des remords, il faut avoir fait un choix, avoir écarté une solution au détriment d'une autre. Mes décisions s'imposent à moi, ce qui m'a fait dire un jour que j'étais le spectateur de ma vie. Je ne peux les remettre en question sans me remettre totalement en cause. Et là, ce ne sont pas des remords que je ressens mais une détestation (temporaire heureusement) de ce que je suis.

Certains d'entre vous se retrouvent-ils dans cette expérience?

Avatar de l’utilisateur
Fabs le vaurien
Rang orange
Messages : 5666
Inscription : mer. 2 févr. 2011 22:20
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/post24.html#p24]La première prez de l’histoire du forum[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : BZH
Âge : 43

Ancien Membre de l'équipe

Re: Manière de penser intuitive?

Message par Fabs le vaurien »

Oui je me reconnais dans ce fonctionnement. Lorsque je fournis un travail pro (des ecrits par exemple) , le résultat que je veux atteindre et en fait mon hypothèse de travail. Tout le reste, sera de retrouver le cheminement qui m'a amené à cette vision instinctive du résultat.
Parfois, je me dis que je comprends les choses avant de les raisonner.
Je procède de façon bordélique..sans plan dans ma tête. Je sais ce que je veux atteindre et ce que je veux mettre...ne manque plus que le lien entre tout ça.
Et telle une illumination venant de je ne sais où, je finis par trouver le chaînon manquant pour donner du sens à ma logique.
Mais c'est ma logique.
Les autres ne sont pas tout le temps dans mes clous. (on a déjà dit de moi que j'avais un cerveau monté à l'envers ). De toute façon, c'est réciproque, j'ai énormément besoin de raisonner pour comprendre le résultat des autres par contre.

Par contre, je ne suis pas convaincu que ce soit, dans mon cas, la façon de procéder la mieux qui soit...On est tout de même face à des gros biais de sélection.

pour causer de choix : http://adulte-surdoue.fr/philosophie/qu ... -t769.html
de pensée arborescente : http://adulte-surdoue.fr/discussions-de ... -t267.html
et d'hypersensibilité : http://adulte-surdoue.fr/pose-des-quest ... -t912.html
enfin de scolarité : http://adulte-surdoue.fr/discussions-de ... e-t60.html
Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).

bebel
Messages : 55
Inscription : mer. 7 déc. 2011 14:00
Test : NON

Re: Manière de penser intuitive?

Message par bebel »

Merci Fabs de ta réponse.

Je ne dis pas non plus que c'est la meilleure façon de fonctionner. Dans mon cas, j'ai des exemples innombrables, particulièrement dans la vie courante, où elle ne marche pas. Cependant, j'ai toujours fonctionné ainsi et ce n'est que depuis peu que j'ai pu identifier cette particularité qui m'était naturelle depuis l'enfance et comprendre que la plupart pensaient autrement.

Si j'attends ou obtiens immédiatement une solution ou décision intuitive, je peux passer des heures à faire et refaire l'analyse du processus déductif par la suite. Je ne suis pas sur, mais j'ai l'impression que c'est un moyen de canaliser mon esprit, de l'obliger à se concentrer sur quelque chose de linéaire et de simple. C'est aussi un moyen que j'utilise pour m'endormir: imaginer des histoires très simples et répétitives, permettant à mon cerveau de s'endormir tranquillement.

Je me suis également rendu compte qu'il y a des manières habituelles de procéder qui me sont incompatibles. Par exemple, un cours de rock s'est transformé pour moi en cauchemar. Je n'arrivais pas à enchainer les pas (1,2,3,4...) et mon cerveau me semblait exploser. J'étais pris d'une énorme lassitude, je me sentais en plus ridicule devant tout le monde. La même chose pour monter un meuble IKEA, dans la mesure où c'est mon amie qui dirigeait la manoeuvre et je n'arrivais pas à suivre sa démarche. Une approche pas à pas, à un rythme élevé qui n'est pas le mien, fait court-circuiter mon cerveau.

Avatar de l’utilisateur
rouzejp
Messages : 372
Inscription : mar. 8 nov. 2011 01:09
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: Manière de penser intuitive?

Message par rouzejp »

Je suis résolument un intuitif. La pensée intuitive est pour moi un mode de pensée "intérieure" la réflexion n'est pas traduite en langage, elle reste interne au cerveau. Ce circuit court permet une plus grande efficacité dans un certain nombre de processus intellectuel. Attention je veux pas dire que l'intuition est une "méthode" miracle ! son efficacité dépend du mode de pensée de chaque individu, de son entrainement et naturellement des situations. Ainsi l'intuition ne me parait pas indiquée pour des raisonnements mathématiques, des résolutions d'équations... Par contre j'utilise une forme d'intuition pour du calcul mental de base, je ne calcule pas consciemment, je "sais" le résultat.
L'intuition me semble aussi être un système probabiliste, la réponse intuitive est la solution la plus "probable" à un problème donné. Là aussi il faut faire attention, un extrêmement probable n'est pas une réponse au pif, elle est, en autres, ce qui reste quand le reste est faux (une recherche par élimination peut être très efficace). N'oublions que notre univers est totalement probabiliste ! Que ce soit au niveau quantique ou macroscopique et ce ne serait-ce que "cela risque de ne pas se produire car la probabilité de pouvoir faire, de pouvoir être n'est jamais égale à 1 "
Intuitivement vous en pensez-quoi ? :wink:

marco
Messages : 117
Inscription : dim. 28 août 2011 11:04
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Région parisienne
Âge : 52
Contact :

Re: Manière de penser intuitive?

Message par marco »

Je me retrouve beaucoup dans vos messages.
J'ai notamment bien ri devant la description du "papillonnage" qui survient quand on devrait s'occuper de résoudre méthodiquement le problème posé.

Je suis pareil et ça a toujours tendance à me désespérer, sans doute parce que ça me fait peur.
Je me désespère en me disant que je devrais être en train de travailler sur ce sujet au lieu de faire autre chose, pourtant en pratique ça marche pas mal.

Je ne suis pas convaincu de l'approche probabiliste. Ou alors de façon marginale. Pour moi ça marche sur des sujets que je suis en mesure de maîtriser et j'ai plus le sentiment d'un vrai travail de mon cerveau, de réflexion, mais à un niveau subconscient. À la fin il sonne, un peu comme pour réveiller le concierge de nuit dans un hôtel : "y a quelqu'un ??". Et il livre quelque chose.

Mon souci c'est bien la reconstruction. Car je ne sais pas toujours le faire et parfois du coup je m'oblige à opérer un raisonnement conscient, depuis le début, sans tenir compte de ce résultat que je n'arrive pas à reproduire.

Le plus dur c'est mettre des mots et des analyses sur un résultat intuitif ou un "feeling". J'ai déjà eu l'occasion de le dire dans un précédent billet ici : ça me complique typiquement la tâche quand il s'agit de dérouler un raisonnement dans un document de travail, commercial, où on ne peut pas se satisfaire de trois ligne synthétiques un peu lapidaires.

En revanche dans le volet technique de mon métier, avec mes développeurs ou les clients, c'est plus rigolo.
J'ai une chef de projet qui trouve que je comprends vite. Moi je me trouve souvent plutôt laborieux, en général, mais sur certains sujets c'est vrai que j'ai une bonne capacité à trouver des solutions techniques que les autres ne voient pas, ou bien des solutions plus simples et directes.

bebel
Messages : 55
Inscription : mer. 7 déc. 2011 14:00
Test : NON

Re: Manière de penser intuitive?

Message par bebel »

Ce sacré "papillonnage"! Quelle source de culpabilité cela a été pour moi. Avoir l'impression de ne rien faire alors que les autres semblent si concentrés dans leur travail. A une époque, ma copine du moment me voyant ainsi "disponnible" quand je travaillais à la maison comptait sur moi pour occuper ce temps à autre chose, mais je n'étais pas si dispo que cela. Mon cerveau tournait à plein dans son coin, et si j'éprouvais le besoin de penser à autre chose, je devais néanmoins rester connecté et garder le contrôle de mes activités et de mes pensées.

Recréer le raisonnement a posteriori n'est pas un problème pour moi. Je me demande si ces cours de latin en terminale m'ont aidé à y arriver on non. Ce processus reste pour moi un plaisir: celui de découvrir que mes idées procèdent d'un raisonnement et non pas d'une pure intuition; celui de mettre des mots sur mes idées et de les organiser; celui de pouvoir les transmettre.

Ce dernier point n'est pas le plus simple. Je me suis longtemps heurté au problème de rendre intelligibles aux autres mes idées. J'ai beaucoup travaillé dessus et, sans avoir atteint la perfection, loin de là, je me débrouille pas trop mal aujourd'hui. D'autres problèmes adjacents que j'ai connus furent les débats d'idées frustrants dans la mesure où mes interlocuteurs semblaient être victimes de ma part d'un tabassage en règle: soit leurs idées étaient démontées méthodiquement, soit ils n'étaient pas capables de débattre à mon niveau de profondeur, me laissant ainsi incertain quant à l'exactitude de mes idées. Et puis il y avait cette "ligne du parti" que je remettais sans cesse en cause.

Je sais que professionnellement je suis excellent, largement au dessus de la mêlée, dans certains domaines, et très moyen, voire médiocre dans d'autres. J'ai longtemps réussi à orienter mon travail vers mes domaines de prédilection, mais depuis deux ans ce n'est plus le cas que par intermitence. Ma motivation et mon estime de soi en pâtissent énormément. A cette occasion, je me suis rendu compte à quel point mon sentiment intérieur de maitriser mon sujet ou non peuvent impacter jusqu'à la relation de base avec mes collègues. Dans un cas, je dois faire attention à ne pas trop m'imposer. Dans l'autre, je me sens être un imposteur exposé à la vue de tous. J'en viens à douter sérieusement de ces "talents" que je viens de décrire ou à croire à leur perte. Surtout qu'en dehors du travail, dans la vie de tous les jours, je me suis toujours senti inadéquat.
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur bebel pour son message :
Gumboldt

bebel
Messages : 55
Inscription : mer. 7 déc. 2011 14:00
Test : NON

Re: Manière de penser intuitive?

Message par bebel »

Visiblement, certains (dont je suis) parlent d'une pensée analytique qu'on peut (abusivement) qualifier d'intuitive dans la mesure où elle est inconsciente, alors que d'autres parlent d'une intuition dans un sens plus classique, portée soit par une approche mathématique, soit par une approche plus ésothérique.

Pour ma part, je ne me retrouve pas du tout dans la seconde. Je peux avoir des "intuitions" sur le comportement des gens, mais c'est parce que j'ai tendance à les analyser et donc parfois à prévoir assez bien leurs réactions.

La seule bonne intuition footballistique que j'ai jamais eue, c'est de croire en la victoire finale de la France en 98 à la fin du premier match contre l'Af Sud.

Maintenant, pour aller plus loin dans le sujet, Fabs et Marco ont décrit une manière de penser similaire à la mienne, mais seulement dans le domaine intellectuel. Pour moi, cela s'applique aussi à mes prises de décisions dans la vie courante.

Par exemple, j'ai vécu dans plusieurs pays. Avant de prendre une décision de bouger, je n'ai jamais pesé le pour et le contre, analysé plusieurs possibilités (ou alors de manière purement rhétorique, sachant que cela ne m'aiderait pas à me décider). A chaque fois, la décision s'est imposée à moi, de la même manière que la solution d'un problème. La même chose pour mes décisions d'ordre sentimental où a vrai dire n'importe laquelle. A un moment, je ne sais pas ce que je vais faire, à un autre, peut être la minute suivante, je sais et c'est définitif. Entre les deux, rien de conscient, d'autant moins que la plupart du temps je vais me refuser à analyser consciemment les éléments de la situation.

Là, pour utiliser un autre abus de langage après "pensée intuitive", je parlerais de "prise de décision impulsive", sachant que pour moi il n'y a rien d'impulsif dans cette prise de décision, que c'est seulement le fait que son processus reste largement inconscient.

Suis je le seul?

Avatar de l’utilisateur
Coccinelle
Chirurgien ès Poulet
Messages : 1968
Inscription : jeu. 30 juin 2011 18:05
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/equipe-f78/toc-toc-toc-t568.html]ici[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 45

Ancien Membre de l'équipe

Re: Manière de penser intuitive?

Message par Coccinelle »

bebel a écrit :
Là, pour utiliser un autre abus de langage après "pensée intuitive", je parlerais de "prise de décision impulsive", sachant que pour moi il n'y a rien d'impulsif dans cette prise de décision, que c'est seulement le fait que son processus reste largement inconscient.

Suis je le seul?
Non
S'il y a bien un domaine sur lequel je ne me retrouve pas dans "les caractéristiques de surdoués", c'est la difficulté voire l'impossibilité de faire un choix.

Moi, comme toi je vais me décider sur quelque chose, non pas d'irrationnel (enfin si très souvent mais il y a quand même un critère à la prise de décision) ou déconstruit, mais sans réussir à saisir mon mode de sélection sur le moment, je choisis de façon rapide, la seconde d'avant je pèse le pour le contre, diverses possibilités, ayant l'impression de ne pouvoir choisir, la seconde d'après je suis sûre de mon choix. Après coup je sais le pourquoi du choix, mais pas sur l'instant.

D'ailleurs les quelques fois, où je me suis retenue de choisir sur ce mode "intuitif", parce que "raisonnablement" un autre choix me paraissait mieux, ben je me suis plantée!! le choix que je n'ai pas fait, on ne saura jamais ce qu'il aurait donné, mais le choix fait était complètement nul!

Avatar de l’utilisateur
Zil2blé
Messages : 811
Inscription : ven. 14 oct. 2011 21:00
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/zil-t883.html]ma présentation[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 53

Re: Manière de penser intuitive?

Message par Zil2blé »

Salut à Bebel (parce que je ne t'avais jamais écrit mais sinon, saluti à tutti!)
Ben moi, je pensait pas que j'avais de l'intuition pour la résolution de problèmes. Quand je lisais des trucs sur la pensée arborescente, je me disais que ça ne me concernait pas vraiment car j'ai bien intégré le raisonnement logique chez moi (Maths, démonstrations, etc...)
Puis, quand j'ai passé le WAIS, à un moment donné, j'ai dit au psy "ben là, je vois pas de logique, je sais pas quoi répondre" Il m'a répondu que c'était le moment de tester mon intuition. Ma réponse a été juste. Cela s'est reproduit 3 fois. Dans le bilan il a noté "très bonnes compétences d'insight". Je pense que c'est de cela qu'il a voulu parler

Avatar de l’utilisateur
Louise
Messages : 1196
Inscription : mer. 28 mars 2012 07:43
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/bonjour-t1847.html] Si vous avez une petite heure devant vous... [/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Somewhere over the rainbow
Âge : 46
Contact :

Re: Manière de penser intuitive?

Message par Louise »

Je remonte ce topic, le seul que j'ai trouvé sur le sujet.

Je trouve les mécanismes de l'intuition proprement fascinants, d'une part par le côté magique que prodigue le fait de savoir l'utiliser, mais aussi par le fait qu'il existe quelquechose de si précis et exact hors du champ de notre raisonnement conscient.

Un petit copier-coller de Wiki pour la partie "ce qu'en disent les philosophes" :
  • Pour Platon, l'intuition est la saisie immédiate de la vérité de l'idée par l'âme indépendamment du corps.

    Au contraire pour Épicure, l'intuition est la saisie immédiate de la réalité du monde par le corps indépendamment de l'âme.

    Pour Descartes, l'intuition est la connaissance immédiate et certaine de la vérité d'une idée par sa nécessité intrinsèque, comme on le saisit dans les mathématiques et plus encore dans l'intuition que la conscience a d'elle-même d'être une « chose pensante » à travers l'expérience du cogito. « Il n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes, pour arriver à une connaissance certaine de la vérité, que l’intuition évidente et la déduction nécessaire ».

    Pour Spinoza, l’intuition est la connaissance immédiate et certaine de l'essence des choses à partir de la compréhension nécessaire de leur cause par la raison (Spinoza, Ethique, II, 40), c'est l'unique source de vérité qui s'oppose à la connaissance vague par le langage ou l'expérience corporelle.

Poincaré parle "d'illuminations subites, signes manifestes d'un long travail inconscient antérieur.. il semble qu'on assiste soi même à son propre travail inconscient, qui est devenu partiellement perceptible à la conscience surexcitée"


Mais je dois dire que c'est la partie "ce qu'en disent les scientifiques" qui me branche le plus.

Il est réellement constaté que la première solution que l’on envisage est souvent la meilleure, d’ailleurs on y revient souvent.

L'intuition a plutôt été étudiée de manière empirique : ce qu'on constate dans la vie, comment les gens l'utilisent pour en déduire la théorie de son fonctionnement. Il s'agit donc plus de décrire comment l'intuition fonctionne que de dire ce qu'elle est.

Elle est souvent liée à la prise de décision (en ce qui me concerne, plus les enjeux de la décision sont importants, moins j'ai de temps pour me décider, plus je me fie à mon intuition : choisir un compagnon, une maison, une nounou, un job...), et elle est souvent liée à l'émotion.
L'expérience passée fait que chacun développe une expertise tacite, qui est activée de façon non consciente.

L’intuition constitue donc un mécanisme cognitif et ce sont les aspects suivants d’un décideur qui vont exercer une influence sur la mise en oeuvre de l’intuition :
- ses modèles mentaux : concept développé par P.N. Johnson-Laird (1983) qui estime que les individus élaborent des représentations simplifiés de la situation perçue
variables selon la tâche qu’ils ont à gérer ;
- son expérience : c'est-à-dire, le nombre de situation qu’il a eu à gérer et la manière avec laquelle il a internalisé les triplets « situation-actions-effets » ;
- ses émotions : selon le contexte dans lequel le décideur doit agir, par exemple, en situation d’urgence ou de risque, ses émotions vont exercer une influence sur ces capacités cognitives et notamment sur sa manière de reconnaître une situation ou de simuler un mode d’action. Les émotions affectent et colorent l'intuition, les positives tendant à donner des intuitions correctes, et les "mauvaises", comme la peur, des intuitions incorrectes ;
L'émotion va en fait servir d'agent de liaison entre l'expérience passée et la prise de décision intuitive.
- ses croyances : qui contribuent à exercer une influence sur les modes d’action envisagés.

L'intuition fonctionnera au mieux dans la prise de décision si :
- on a réellement compris la situation, s'il ne manque pas une donnée importante qui nous serait inconnue.
- on ne confond pas ses désirs avec ses intuitions, ce qui nécessite d'être extrêmement clair et objectif par rapport à soi.

Sources :
http://www.cairn.info/revue-management- ... ge-118.htm
http://www.universalis.fr/encyclopedie/ ... tegoriale/
http://www.lifl.fr/~grisoni/Holton.pdf
http://hal.inria.fr/docs/00/26/43/42/PD ... 200704.pdf
http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/ ... ecture.pdf

Et les mécanismes par lesquels s'expriment l'intuition me paraissent également super passionnants, mais moins étudiés :
Pour ma part, il y a certes l'aspect "illumination", flash, truc qui apparait dans ta conscience
mais aussi, et de façon très forte, un aspect physique : si je prends la bonne décision, je me sens bien, soulagée, en paix,
et si pour une raison x ou y, je dois aller contre mon intuition, ça peut aller de la simple gêne intellectuelle (comme un grain de sable dans le cerveau, tu sais qu'il y a un truc qui bugue et qui n'est pas comme il devrait être, ça me fait ça quand les gens mentent, consciemment ou inconsciemment, quand une situation se tend ou va amener un peu de merde, à 90%) à une vraie sensation de malaise physique, des pleurs, de l'angoisse, des maux de crâne. (et après tu te fais traiter de chieuse :) ) Une sorte de somatisation (qui après tout, n'est que le moyen pour l'inconscient de nous envoyer des messages, quand on y pense...).

Et, je dois dire, j'adore le côté sorcière que cela me confère, les enfants n'osent rien faire en cachette, ils croient que j'ai une double vue ou des yeux derrière la tête, souvent je parle de potes qu'on a pas vus depuis longtemps, pis pouf ils appellent (juste mon cerveau sait qu'ils se manifestent à peu près à cet intervalle), je devine ce que les gens ont derrière la tête, et puis j'ai (ok,presque) toujours raison, du coup. :angel4:

Invité

Re: Manière de penser intuitive?

Message par Invité »

Merci Solenn,

je fonctionne beaucoup à l'intuition,
suis aussi très impulsive,

ces analyses m'intéressent beaucoup!

Avatar de l’utilisateur
Bakou
Messages : 19
Inscription : ven. 25 juil. 2014 23:46
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/salut-est-moi-t5238.html]Là[/url]
Profil : Bilan +
Test : WISC
Âge : 33

Re: Manière de penser intuitive?

Message par Bakou »

Hors-sujet
Il vient de m'arriver un truc assez incroyable (je m'extasie souvent pour des trucsalanoix aussi...). Etant entrain de poster sur un autre fil sur l'intuition, je suis tombé sur le post de Louise, duquel je voulais reprendre le passage sur Poincaré. J'avais mis de la musique, un concert de Clapton, 2 heures avant. Là je vois brièvement dans localisation (de Louise) "Somewhere over the rainbow". Et là qu'est ce que j'entends ? "Sooomewheeeere, over the raaaiinbooow", qui était par ailleurs la dernière chanson du concert. Fascinant non ? :chaise Mais là ça relève plutôt de la synchronicité. (Mais les synchronicités ne seraient-elles pas étroitement liées à l'intuition ?).
Désolé pour cette parenthèse, mais l'excitation était tellement grande qu'il fallait que j'en partage un peu. :blob1:
En tous cas ça permet une nouvelle fois de faire remonter le topic qui est je trouve, intéressant. :angel:

Répondre