Dans l’interprétation d’une homogénéité et d’une hétérogénéité, il y a deux choses.
- La première, il y a la question de l’hétérogénéité des résultats : est-elle significative ou non au sens où il faut qu’elle ne soit pas due à une erreur de mesure. Ce risque est inclus dans la construction des outils psychométriques et on peut le calculer.
- Une fois que l’on a effectivement déterminé qu’il y a une hétérogénéité qui est significative, qu’en fait-on ? Eh bien on tâche de voir si oui ou non elle est statistiquement répandue par rapport à la population à laquelle on choisit de se référer (ça peut être par rapport à la population tout QI confondu ou par rapport à certains intervalles).
Tout ça, ça ne se manifeste pas dans un écart de 10, 12, 14 ou 16 points, ou même 23. On a des abaques pour nous aider à faire des calculs en fonction des étalonnages. On a des abaques pour calculer le risque d’erreur de mesures, pour évaluer les hétérogénéités qui sont considérées comme rares parmi le(s) groupe(s) de référence, etc.
On a des pages d’analyse à remplir avec ces résultats. J’ai l’impression que nombre de mes collègues, peut-être dès le début ou avec le temps, ne se donnent pas toujours la peine de remplir en entier cette page d’analyse. (J'ai déjà lu et que certains ne le faisaient pas et, en soi et même si ça ne constitue pas une excuse valable, c'est vraiment pénible, je l'avoue.) Du coup, ces chiffres de 12, 14, 16, etc. sont un peu au doigt mouillé…
Il y a peut-être aussi autre chose : nombre de mes collègues ont connu les versions précédentes de la WAIS et la manière de traiter les résultats et de les interpréter n’était probablement pas la même.
Peut-être aussi qu’avec l’expérience… Je n’en sais rien.
Et dans le cas où il y a une hétérogénéité, que l’on pourrait qualifier de doublement significative, que fait-on ?
Chez les adultes, les possibilités en terme de tests complémentaires sont moindres que chez les enfants (du moins pour les tests neuropsychologiques) et les possibilités de rééducation aussi. (Enfin, il me semble. Et je parle là par rapport aux enfants.)
Fish a écrit :Le manuel de la WAIS est très clair là dessus: il ne faut surtout pas considérer comme pathologique un indice qui serait bien plus faible que les autres mais néanmoins "dans la moyenne" ou au dessus du reste de la population.
Bonjour Fish, veux-tu bien me donner où tu as trouvé ça ? J’ai le manuel de la WAIS-IV chez moi, et jamais je n’ai lu ça. Non, je n’ai pas lu tout en entier, mais néanmoins j’ai lu les pages concernant l’interprétation de la WAIS-IV et celles concernant au haut potentiel intellectuel. Ces pages sont relativement minces…
Et je n’ai rien lu qui corrobore ce que tu écris. Par contre, tu pointes un conflit qui agite les psychologues : comment interpréter une hétérogénéité significative ?
- Certains pensent qu’il peut y avoir des notes d’indices pas trop effondrées parce que le possible handicap qui se cache derrière a pu être partiellement compensé et / ou qu’il n’était pas trop important à l’époque, déjà. (Donc relativement peu visible.)
- D’autres pensent que, de toute façon, et ça rejoint ce que tu écris, que tant que les notes d’indice sont dans la norme, il n’y a rien de pathologique…
Je suis moins d’accord avec cette dernière assertion. À tout le moins, elle ne doit pas être le fruit d’une paresse intellectuelle qui dispense de vérifier. Une hétérogénéité qui ne se trouve que chez moins de 15 % des sujets du groupe de référence (le 15 % figure dans le Manuel de la WAIS-IV) peut mériterd’être explorée. Quitte à ce que ça ne donne aucun élément de confirmation au plan neuropsychologique, mais que ça en dise plus long sur d’autres pans du mode de fonctionnement du sujet.
Mais je n’aime pas déduire du fait que dans l’absolu ça ne paraît pas pathologique, que ça ne le serait pas de manière relative, pour un individu donné.
Par contre, l’IVT est fréquemment plus bas chez les profils à haut potentiel et nous, dans nos calculs d’analyse des résultats, on a de quoi en tenir compte.
Ça ne répond pas à la question des profils laminaires et complexes. J’avoue pour le moment ne pas trop m’en occuper, étant déjà assez débordée comme ça.
Et il faut se garder de tâcher d’interpréter des seuls chiffres… Un ICV = 145 et un IRP = 118 relève d’une hétérogénéité significative, clairement. Mais ensuite, ce que cela veut dire, sans clinique et sans potentiels tests complémentaires, on ne peut pas en dire grand-chose…
Des chiffres nus ne suffisent pas.
Bon, je m’arrête là. (Et désolée pour les possibles fautes, je suis fatiguée et j'ai beau me relire, j'ai l'impression de passer à côté de quelque chose…)