Petit sujet de réflexion issu d'une conversation que nous avons eu avec Sanders samedi et que je résume succinctement:
Certaines personnes, en quête d'elles-mêmes ou de clés pour avancer sur leur voie, recherchent des modèles, des inspirations.
Mentors, maîtres, héros, idoles, etc., autant de termes pour qualifier cet autre que l'on veut parfait, infaillible. Modèle de grandeur à suivre, ayant tracé un chemin que l'on n'aurait qu'à suivre, en espérant avoir la chance de l'atteindre un jour.
Sauf que cette perfection n'existe pas, elle n'est que projection. Et comme toute projection, elle risque de ne pas survivre éternellement.
Et que devient-on quand on s'aperçoit que ce maître à penser est faillible, que fait-on quand le piédestal s'écroule sur lui-même. Que fait-on avec cet homme (ou femme) qui n'est plus l'incarnation de ce à quoi on aspirait? Que fait-on quand on se retrouve seul avec soi, quand les maîtres tombent les uns après les autres?
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Ce sujet, celui de la recherche d'un modèle, d'un Père, reprend des notions que nous croisons régulièrement sur le forum: celui du devenir adulte, celui de la quête de l'authenticité et de l'autonomie de Dabrowski, celui de la religion à travers la recherche d'un guide spirituel, et sans doute de bien d'autres. Celui du passage de l'enfant à l'Adulte.
Nous ne nous construisons que dans notre rapport, dans notre confrontation à l'autre. Nous ne pouvons évoluer seul dans la mesure où nous n'existons qu'à travers les interactions avec les autres. Il est alors naturel de chercher des personnes pouvant nous aider à avancer, à incarner des valeurs qui nous sont chères, des personnes nous montrant le chemin que nous aimerions suivre. Enfant, nos parents nous guidaient (ou auraient du le faire), et nous continuons à chercher des guides en grandissant.
Certains partiront en quête d'un maître spirituel ou d'un code religieux, d'autres préfèreront rejoindre des groupes incarnant leurs idéaux, et d'autres encore papillonneront entre tout cela, piochant à droite et à gauche, toujours dans cette optique (d'Edgar Morin à Anonymous en passant par les SS... y'en a pour tous les goûts).
Comment ne pas s'enflammer quand on trouve enfin des personnes qui parlent à notre âme, qui incarnent ce à quoi on aspire, qui nous montrent le chemin pour combler nos faiblesses (puisque si ça nous touche, c'est que cela fait vibrer une corde sensible)? S'ensuit souvent une période d'idéalisation. On aimerait devenir (comme) cet autre qu'on lit, qu'on voit, ou dont on nous parle. On aimerait qu'il nous montre ce chemin qui nous semble impossible à atteindre, tel un Père qui nous prendrait la main.
Mais cela ne peut marcher, cela ne pourra jamais marcher.
Les personnes suivant cette voie rencontrent un écueil majeur: l'idéalisation de la personne. Comme mentionné précédemment, on est attiré par des personnes qui nous permettent de combler nos faiblesses. Des personnes qui, par leurs actes ou leurs discours, nous montrent qu'il est possible de progresser. Sauf qu'on oublie que le plus souvent, ces mentors ont suivi cette voie pour les mêmes raisons que nous, et qu'il existe une grande différence entre les valeurs que l'on porte, qu'on aimerait voir advenir, et ce que l'on réussit à faire dans la vie (Mandela a eu sa période de violence, tout comme Ghandi, alors qu'ils prônaient la paix, etc...). Et quand on cherche un Père et que celui ci révèle ses faiblesses, ses enfants fuient ou refusent de le voir tel qu'il est, humain, imparfait. Qu'il est alors facile de se dire qu'on s'était trompé, que le maître n'avait rien d'un maître, et de le quitter pour en chercher un plus parfait, un vrai cette fois!
Mais la quête restera vaine.
Tant que l'on cherche un Père, un modèle auquel se conformer, il ne sera pas possible, pour citer Dabrowski, de sortir du niveau 3, il ne sera pas possible de devenir soi-même un adulte. Car pour grandir, il faut renoncer à trouver un guide parfait, il faut renoncer au mythe ou devenir soi-même le mythe.
Nous sommes notre propre guide, et ceux qui peuvent nous aider à avancer ne sont en aucun cas des maîtres, ce sont des pairs: leurs forces nous font avancer autant que leurs faiblesses. Là où ils faiblissent, nous devons les porter, et là où ils sont forts, ils nous portent. C'est ensemble que l'on progresse, pas en phagocytant l'autre.
Passer du Père aux Pairs, c'est devenir adulte, c'est comprendre la notion même d'authenticité. C'est accepter que nous avons en nous le potentiel de devenir ce que nous voulons incarner.
Voilà, on avait envie d'en parler un peu avec vous.
C'est un peu décousu, mais c'est pour garder le côté conversation un peu plus vivant. Donc je n'ai pas fait un beau pavé structuré comme d'habitude, on verra ce que ça donne et si ça vous inspire un peu.
A l'occasion je vous parlerai de comment j'ai vécu ce passage du Père aux pairs
Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
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Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
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Re: Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
A ta lecture m'a sauté en mémoire ton topic sur la relation maître/disciple.
Je vais suivre ce topic avec intérêt, ayant en moi à la fois cette conviction de la construction personnelle/appréhension du monde dans l'altérité, et à la fois un besoin assez pauvre d'interactions sociales (enfin je le ressens comme inférieur à la moyenne ), et, en tous cas, je n'ai jamais ressenti ce besoin de maître/guide ou l'admiration nécessaire pour le faire naître.
Et en fait non plus, ça n'est pas qu'une question d'admiration, j'admire des gens, leurs chemins, leurs élans, leurs valeurs m'inspirent, mais jamais je n'ai eu besoin de leur ressembler ou d'en faire des modèles. A vrai dire, consciemment et inconsciemment, mon souci premier est plutôt de conserver mon intégrité et la liberté maximale dans mes propres choix, que de trouver des résonances... (même si elles m'enchantent toujours quand j'en trouve.)
Je vais suivre ce topic avec intérêt, ayant en moi à la fois cette conviction de la construction personnelle/appréhension du monde dans l'altérité, et à la fois un besoin assez pauvre d'interactions sociales (enfin je le ressens comme inférieur à la moyenne ), et, en tous cas, je n'ai jamais ressenti ce besoin de maître/guide ou l'admiration nécessaire pour le faire naître.
Et en fait non plus, ça n'est pas qu'une question d'admiration, j'admire des gens, leurs chemins, leurs élans, leurs valeurs m'inspirent, mais jamais je n'ai eu besoin de leur ressembler ou d'en faire des modèles. A vrai dire, consciemment et inconsciemment, mon souci premier est plutôt de conserver mon intégrité et la liberté maximale dans mes propres choix, que de trouver des résonances... (même si elles m'enchantent toujours quand j'en trouve.)
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Re: Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
Ca me fait penser à ce mot d'un cinéaste que j'aime bien, Robert Bresson, réfléchissant sur la création, l'originalité, le fait se s'inspirer du travail d'un autre : "Il imitait Napoléon, dont la nature n'était pas d'imiter".
Je trouve que ça résume tout : l'absurdité de s'inspirer sans recul, au premier degré, de Gandhi ou Mandela pour devenir tolérant aux autres, non violent, alors qu'eux-mêmes ont porté une immense violence qu'il leur a fallu domestiquer, etc.
J'admire les gens qui ont été le plus loin possible dans l'exploration de leur propre singularité en fuyant toute tentative de copier/coller. Ca ne veut pas dire qu'on n'est pas inspiré par ce que les autres font de bien, mais qu'on a le réflexe de déconstruire ce qu'ils font, à la manière d'une mécanique qu'on met en morceaux, pour le reconstruire à sa manière.
Par exemple, Thelonious Monk, musiciens de jazz incroyablement singulier, "s'inspirant" de Duke Ellington en le réinterprétant : à la fin, ça n'a "rien à voir" avec la musique de Duke Ellington, c'est 100% du Monk, même si l'enchaînement objectif des notes reste dû à Ellington.
Pour la pensée, pour la manière d'être, il en va exactement de même : on peut s'inspirer de la pensée d'un autre tout en devenant encore plus soi-même à la condition d'avoir ce réflexe de déconstruction, de critique, de reconstruction suivant ses propres lignes de force.
C'est en tout cas comme ça que je vois les choses.
Je trouve que ça résume tout : l'absurdité de s'inspirer sans recul, au premier degré, de Gandhi ou Mandela pour devenir tolérant aux autres, non violent, alors qu'eux-mêmes ont porté une immense violence qu'il leur a fallu domestiquer, etc.
J'admire les gens qui ont été le plus loin possible dans l'exploration de leur propre singularité en fuyant toute tentative de copier/coller. Ca ne veut pas dire qu'on n'est pas inspiré par ce que les autres font de bien, mais qu'on a le réflexe de déconstruire ce qu'ils font, à la manière d'une mécanique qu'on met en morceaux, pour le reconstruire à sa manière.
Par exemple, Thelonious Monk, musiciens de jazz incroyablement singulier, "s'inspirant" de Duke Ellington en le réinterprétant : à la fin, ça n'a "rien à voir" avec la musique de Duke Ellington, c'est 100% du Monk, même si l'enchaînement objectif des notes reste dû à Ellington.
Pour la pensée, pour la manière d'être, il en va exactement de même : on peut s'inspirer de la pensée d'un autre tout en devenant encore plus soi-même à la condition d'avoir ce réflexe de déconstruction, de critique, de reconstruction suivant ses propres lignes de force.
C'est en tout cas comme ça que je vois les choses.
- PointBlanc
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Re: Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
Même chose pour moi. On peut éprouver la nécessité d'un père, d'un maître, d'un modèle en tout cas... tant qu'on se sent encore illégitime à affirmer quoi que ce soit par soi-même ou qu'on ne se croit carrément rien à dire.
L'imitation du maître comble ce manque en même temps qu'elle révèle quelque chose de l'identité du disciple, qui ne l'a pas choisi pour rien.
Mais il peut y avoir imitation sans adulation : c'est ce qui se passe quand plutôt qu'un homme, on s'applique à copier une pratique. Et si l'adulation de l'homme barre durablement la route à tout questionnement, la copie du geste (au sens le plus large, il y a des gestes intellectuels aussi) autorise et même encourage ce travail d'appropriation et de réinterprétation dont parlait Mart49 : un geste n'est pas une figure symbolique, n'est le père de personne ; un homme a tôt fait de le devenir.
Je crois que si l'on garde en tête cette idée qu'un maître n'est pas là pour nous enseigner le tout de la vie, mais simplement un coup de main qu'il va falloir ensuite faire sien, ce ne sont pas les maîtres qui manquent. Vraiment pas. De toutes natures, à des degrés variés.
L'imitation du maître comble ce manque en même temps qu'elle révèle quelque chose de l'identité du disciple, qui ne l'a pas choisi pour rien.
Mais il peut y avoir imitation sans adulation : c'est ce qui se passe quand plutôt qu'un homme, on s'applique à copier une pratique. Et si l'adulation de l'homme barre durablement la route à tout questionnement, la copie du geste (au sens le plus large, il y a des gestes intellectuels aussi) autorise et même encourage ce travail d'appropriation et de réinterprétation dont parlait Mart49 : un geste n'est pas une figure symbolique, n'est le père de personne ; un homme a tôt fait de le devenir.
Je crois que si l'on garde en tête cette idée qu'un maître n'est pas là pour nous enseigner le tout de la vie, mais simplement un coup de main qu'il va falloir ensuite faire sien, ce ne sont pas les maîtres qui manquent. Vraiment pas. De toutes natures, à des degrés variés.
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?
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Re: Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
Cela me rappelle cet extrait de film où l'on voit John Lennon parler à l'un de ses fans, un type pas mal perdu qui errait dans son jardin dans l'espoir d'approcher le maître.
[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=FViap2HRjJc[/BBvideo]
Au cas où, je traduis comme je peux ci-dessous.
[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=FViap2HRjJc[/BBvideo]
Au cas où, je traduis comme je peux ci-dessous.
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« Le dialogue intérieur, dit-on. Y en aurait-il un autre ? » (Louis Scutenaire)
- PointBlanc
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Re: Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
Je ne connaissais pas cette vidéo. C'est ça, c'est tout à fait ça pour moi : le disciple porte au fond l'énorme responsabilité de faire exister le maître à la mesure qu'il veut et avec les risques que cela induit.
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?
- Judas Bricot
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Re: Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
Dans cette vidéo, Lennon refuse d'endosser le rôle du maitre. C'est effectivement l'autre qui se place en disciple et vient chercher non pas un enseignement, mais une reconnaissance. Il a le sentiment que Lennon s'adresse personnellement à lui!
Sur l'imitation, je crois qu'elle est incontournable. C'est une phase qui est nécessaire mais il faut la dépasser pour éviter de tomber dans l'écueil du conformisme et du coup se perdre soi.
Là où je te rejoins Point Blanc, c'est sur la multiplicité des maîtres. On dit souvent qu'il n'y a rien de pire qu'une idée, quand on en a qu'une... Eh bien pour les maîtres c'est pareil. Ils vont et viennent, pour contribuer à nous construire.
Si j'en reviens au premier message, je suis d'accord avec l'idée de "passer du père au pairs, c'est devenir adulte".
Je crois aussi qu'il est important non pas de chercher le père autour, mais de trouver le père en soi qui a ces 2 aspects: père ET papa.
Sur l'imitation, je crois qu'elle est incontournable. C'est une phase qui est nécessaire mais il faut la dépasser pour éviter de tomber dans l'écueil du conformisme et du coup se perdre soi.
Là où je te rejoins Point Blanc, c'est sur la multiplicité des maîtres. On dit souvent qu'il n'y a rien de pire qu'une idée, quand on en a qu'une... Eh bien pour les maîtres c'est pareil. Ils vont et viennent, pour contribuer à nous construire.
Si j'en reviens au premier message, je suis d'accord avec l'idée de "passer du père au pairs, c'est devenir adulte".
Je crois aussi qu'il est important non pas de chercher le père autour, mais de trouver le père en soi qui a ces 2 aspects: père ET papa.
- Dunkleosteus
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Re: Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
Pour moi passer "du père aux paires" est loin d'être un progrès. Rien ne remplace la transmission et les relations horizontales sont très a risque s'agissant du conformisme: si ni moi ni aucun de mes paires n'avons reçu les outils mentaux alors aucun de nous ne pourra déconstruire quoi que ce soit.
Je trouve cette démarche éloquente:
http://www.huffingtonpost.fr/nicolas-bersihand/anniversaire-mort-albert-camus_b_4537141.html
Je trouve cette démarche éloquente:
http://www.huffingtonpost.fr/nicolas-bersihand/anniversaire-mort-albert-camus_b_4537141.html
- sanders
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Re: Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
Ce que nous a amené notre réflexion avec Zyghna, est qu'il est à un moment nécessaire de considérer le mentor, le guide, comme un pair et non plus comme un père.
C'est à dire de le faire descendre du socle d'idéalisation et d'identification sur lequel il a été placé pour le côtoyer d'égal à égal en humanité. Le considérer non plus comme celui qui sait mais comme une personne capable de transmettre un savoir certes, mais aussi en mesure de recevoir de celles et ceux qui apprennent de lui, mais aussi potentiellement faillible et porteur de contradictions.
Bref, pas un héros désincarné et parfait qui n'existerait que par et pour son message mais un homme ou une femme de chair avec tout ce que ça implique de potentielles erreurs et vulnérabilités.
Alors, les erreurs que nous commettons, nous en devenons responsables, les messages que nous transmettons sont les nôtres et c'est nous qui aurons à en rendre compte si besoin. Et cette démarche me semble être celle qui définit le plus clairement à mes yeux le passage à l'état adulte.
... un truc comme ça ... je ne suis pas sûre de ne pas avoir répété ce qui a déjà été dit.
Après, que certains aient la capacité d'être eux-mêmes leur propre "maître" et soient en mesure de se déterminer sans avoir recours à un courant de pensée, à un ou plusieurs guides (quels qu'ils soient et les livres, les théories, les concepts en sont je pense) ne rend pas le recours à une aide extérieure plus/moins noble.
C'est un autre chemin ... ou un autre moment dans le chemin ... peut-être.
Nous n'étions d'ailleurs pas allées dans notre réflexion sur le versant : maître / pas maître mais sur celui du processus de dépiedestalisation ( ) qui permettrait (ou pas) de devenir adulte d'une part et de continuer à s'inspirer des propos d'autrui même lorsque autrui est en contradiction avec eux.
C'est à dire de le faire descendre du socle d'idéalisation et d'identification sur lequel il a été placé pour le côtoyer d'égal à égal en humanité. Le considérer non plus comme celui qui sait mais comme une personne capable de transmettre un savoir certes, mais aussi en mesure de recevoir de celles et ceux qui apprennent de lui, mais aussi potentiellement faillible et porteur de contradictions.
Bref, pas un héros désincarné et parfait qui n'existerait que par et pour son message mais un homme ou une femme de chair avec tout ce que ça implique de potentielles erreurs et vulnérabilités.
Alors, les erreurs que nous commettons, nous en devenons responsables, les messages que nous transmettons sont les nôtres et c'est nous qui aurons à en rendre compte si besoin. Et cette démarche me semble être celle qui définit le plus clairement à mes yeux le passage à l'état adulte.
... un truc comme ça ... je ne suis pas sûre de ne pas avoir répété ce qui a déjà été dit.
Après, que certains aient la capacité d'être eux-mêmes leur propre "maître" et soient en mesure de se déterminer sans avoir recours à un courant de pensée, à un ou plusieurs guides (quels qu'ils soient et les livres, les théories, les concepts en sont je pense) ne rend pas le recours à une aide extérieure plus/moins noble.
C'est un autre chemin ... ou un autre moment dans le chemin ... peut-être.
Nous n'étions d'ailleurs pas allées dans notre réflexion sur le versant : maître / pas maître mais sur celui du processus de dépiedestalisation ( ) qui permettrait (ou pas) de devenir adulte d'une part et de continuer à s'inspirer des propos d'autrui même lorsque autrui est en contradiction avec eux.
Hors-sujet
Pour la petite histoire, je parlais à Zyghna de Georges Steiner qui est une personne qui a nourri ma réflexion sur la transmission des faits historiques inhumains. Cet homme a notamment dit à plusieurs reprises qu'il était nécessaire de garder à l'esprit : " Nous ne savons pas ce que nous aurions fait" lorsque les horreurs des guerres étaient enseignées.
Or, dans un de ses livres dont je ne me rappelle plus le titre et qui est une retranscription d'une émission de radio (je crois), je lis que ses réflexions l'ont amené peu à peu à considérer le peuple juif comme supérieur .
Ben ça pour moi, ça remet en question tout le reste. Bref, je ne suis pas adulte là, j'ai placé ce type sur un piédestal et tout ce qu'il dit doit alors être cohérent avec l'idée que je me fais de lui. Ça parait puéril dit comme ça hein ... ben en fait c'est bel et bien ce que je pense n’empêche ... y'a encore du boulot
J'aurais pu parler de n'importe qui d'autre, tous les grands hommes et les grandes femmes auraient pu servir d'exemple et ce n'est pas le propos ici de réfléchir à ce qui a pu les amener à ci ou ça ou de donner son avis sur ce que Monsieur Steiner a dit ou pas. Merci donc de ne pas rebondir sur cet exemple, je l'ai mis juste pour dire d'où partait la réflexion sur le passage du père au pair.
Or, dans un de ses livres dont je ne me rappelle plus le titre et qui est une retranscription d'une émission de radio (je crois), je lis que ses réflexions l'ont amené peu à peu à considérer le peuple juif comme supérieur .
Ben ça pour moi, ça remet en question tout le reste. Bref, je ne suis pas adulte là, j'ai placé ce type sur un piédestal et tout ce qu'il dit doit alors être cohérent avec l'idée que je me fais de lui. Ça parait puéril dit comme ça hein ... ben en fait c'est bel et bien ce que je pense n’empêche ... y'a encore du boulot
J'aurais pu parler de n'importe qui d'autre, tous les grands hommes et les grandes femmes auraient pu servir d'exemple et ce n'est pas le propos ici de réfléchir à ce qui a pu les amener à ci ou ça ou de donner son avis sur ce que Monsieur Steiner a dit ou pas. Merci donc de ne pas rebondir sur cet exemple, je l'ai mis juste pour dire d'où partait la réflexion sur le passage du père au pair.
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..
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Re: Du Père aux Pairs, réflexion vers l'authenticité
Il y a mon sens une différence importante dans la relation que l’on entretient avec un maître ou une idole. Dans le premier cas, cette relation est vécue de manière réciproque. J’entends par-là que chaque partie se reconnait dans une position pour l’autre. Il y a un échange de savoirs. Il y a aussi un échange de questions. Dans l’autre situation, je distingue bien une relation mais à sens unique. Alors je pinaille peut-être car certains me rétorquerons que l’idole s’adresse à ses dévots mais sans (besoin d’) entrer dans la relation intime, bilatérale, mais je pense que son message, celui qui est capté, ne tient pas forcément compte des questionnements qui animent, torturent, construisent les individus qui la mettent sur un piédestal.
Pour participer à rendre ce sujet vivant...
Des idoles, j’en ai eu je crois même si je ne m’en suis jamais inspiré. Exemple tout con, je me souviens encore de l’admiration qu’amenait chez moi les prouesses artistiques et techniques d’un certain Michaël Jordan. Je trouvais ça beau, de pouvoir défier ainsi la gravité. Mais jamais, je n’ai tenté de l’imiter ou de tirer enseignement de son art. Et y a-t-il vraiment un enseignement à tirer, au final? N’est-ce pas simplement beau?
Ca me rappelle aussi un gaillard à l’école primaire. Nous étions dans la même classe mais il avait deux ou trois ans de plus. C’était un cancrelibre qui s’en fichait éperdument des matières inculquées ou la bonne tenue et qui pourtant était d’une intelligence remarquable. Lui et moi n’avions pas eu cette chance (enfin, je l’imagine comme ça) de grandir aux côtés d’un père biologique (ou naturel, si vous préférez). Il est mort à 15 ans d’une overdose. J’ai eu mal. Encore une fois, je n’ai pas cherché à tirer des leçons de son parcours. Il était juste un soleil dans la cour de récré, et à ses rayons je me réchauffais.
Des maîtres? Une tonne. Les profs, les parents, les vieux, les monos de colo, les patrons, le facteur, le collectionneur de klaxons anciens… Parfois pour une longue période, parfois le temps d’un « pourquoi? » et de la réponse qui a suivi, parfois encore n’était-ce qu’un leurre parce que me servant d’eux afin de combler une lacune de la connaissance mais sans pour autant faire d’eux un modèle à suivre. Car si le maître fait le disciple, l’inverse est encore plus vrai.
Par contre, s’il est un modèle que j’ai suivi (sans toujours chercher à comprendre) au point d’en oublier mes propres émotions, c’est bien celui de l’idée de l’homme parfait. Un concept. Un héros non personnifié. Une idéologie sans véritable définition mais dont vous percevez les contours, dans une conversation, des témoignages. Vous savez, ce rêve des parents, des filles, du prof, du curé, du facteur…un doux mélange de col blanc qui se rend au turbin sur son canasson blanc pour y noircir du papier d’un blanc immaculé et qui rentre à la maison de son sourire d’un blanc nacré pour y retrouver son épouse, sa marmaille, son chien et ses outils, car il n’oublie pas qu’il doit construire un perchoir pour faire profiter toute la petite famille des gazouillis des mésanges bleues au petit matin. N’oubliez pas les pains au chocolat tous les dimanches matin…avant la messe.
Au bout de 34 ans, j’ai craqué, fondu, faute de ne pouvoir atteindre le sommet! Et quel sommet que celui que les autres nous poussent à atteindre. J’ai manqué l’essentiel. Le pied de la montagne. Le socle. La base. Les fondations. Moi.
Aujourd’hui, je ramasse les morceaux, dépoussière, me découvre avec amertume quelques fois, avec joie à d’autres occasions mais surtout, et peut-être est-ce là le message que vous lanciez en ouverture de ce fil, j’apprends de mes réussites et de mes échecs (surtout) pour enfin parvenir à être en paix. Créer un chemin. Devenir celui que je suis. Avec bienveillance, compassion, fierté bien qu’il demeure encore beaucoup de colère à l’intérieur. Elle grignote avec perfidie. Libre à moi de lui arranger un petit coin sympa parce qu’on ne sait jamais, peut-être un jour aurai-je encore besoin d’elle. Ca me fait penser qu’il faudrait que je relise le topic sur Dabrowski et sa désintégration positive.
Comme vous l’avez si bien mentionné Zyghna et Sanders, la perfection n’est qu’illusion. Pourtant bien qu’inaccessible, j’ai le sentiment que chacun de nous à tenter de s’en approcher. Certains plus longtemps que d’autres.
Il y a des personnes qui sont parvenues, non seulement, à se comprendre elles-mêmes (j’emprunte en ce moment ce sinueux chemin) mais également à s’accepter. C’est ce à quoi j’aspire. Mais n’est-ce pas là encore une fois…un modèle de perfection? Et le doute qui conduit à cette question n’est-il pas le marqueur d’une avancée dans l’accomplissement de soi? Bref, comme le dit si bien cette grande philosophe du 20e siècle qu’est Bonnie Tyler : tuuuurn arouuuuund…
Héhé, j’avance.
Pour participer à rendre ce sujet vivant...
Des idoles, j’en ai eu je crois même si je ne m’en suis jamais inspiré. Exemple tout con, je me souviens encore de l’admiration qu’amenait chez moi les prouesses artistiques et techniques d’un certain Michaël Jordan. Je trouvais ça beau, de pouvoir défier ainsi la gravité. Mais jamais, je n’ai tenté de l’imiter ou de tirer enseignement de son art. Et y a-t-il vraiment un enseignement à tirer, au final? N’est-ce pas simplement beau?
Ca me rappelle aussi un gaillard à l’école primaire. Nous étions dans la même classe mais il avait deux ou trois ans de plus. C’était un cancrelibre qui s’en fichait éperdument des matières inculquées ou la bonne tenue et qui pourtant était d’une intelligence remarquable. Lui et moi n’avions pas eu cette chance (enfin, je l’imagine comme ça) de grandir aux côtés d’un père biologique (ou naturel, si vous préférez). Il est mort à 15 ans d’une overdose. J’ai eu mal. Encore une fois, je n’ai pas cherché à tirer des leçons de son parcours. Il était juste un soleil dans la cour de récré, et à ses rayons je me réchauffais.
Des maîtres? Une tonne. Les profs, les parents, les vieux, les monos de colo, les patrons, le facteur, le collectionneur de klaxons anciens… Parfois pour une longue période, parfois le temps d’un « pourquoi? » et de la réponse qui a suivi, parfois encore n’était-ce qu’un leurre parce que me servant d’eux afin de combler une lacune de la connaissance mais sans pour autant faire d’eux un modèle à suivre. Car si le maître fait le disciple, l’inverse est encore plus vrai.
Par contre, s’il est un modèle que j’ai suivi (sans toujours chercher à comprendre) au point d’en oublier mes propres émotions, c’est bien celui de l’idée de l’homme parfait. Un concept. Un héros non personnifié. Une idéologie sans véritable définition mais dont vous percevez les contours, dans une conversation, des témoignages. Vous savez, ce rêve des parents, des filles, du prof, du curé, du facteur…un doux mélange de col blanc qui se rend au turbin sur son canasson blanc pour y noircir du papier d’un blanc immaculé et qui rentre à la maison de son sourire d’un blanc nacré pour y retrouver son épouse, sa marmaille, son chien et ses outils, car il n’oublie pas qu’il doit construire un perchoir pour faire profiter toute la petite famille des gazouillis des mésanges bleues au petit matin. N’oubliez pas les pains au chocolat tous les dimanches matin…avant la messe.
Au bout de 34 ans, j’ai craqué, fondu, faute de ne pouvoir atteindre le sommet! Et quel sommet que celui que les autres nous poussent à atteindre. J’ai manqué l’essentiel. Le pied de la montagne. Le socle. La base. Les fondations. Moi.
Aujourd’hui, je ramasse les morceaux, dépoussière, me découvre avec amertume quelques fois, avec joie à d’autres occasions mais surtout, et peut-être est-ce là le message que vous lanciez en ouverture de ce fil, j’apprends de mes réussites et de mes échecs (surtout) pour enfin parvenir à être en paix. Créer un chemin. Devenir celui que je suis. Avec bienveillance, compassion, fierté bien qu’il demeure encore beaucoup de colère à l’intérieur. Elle grignote avec perfidie. Libre à moi de lui arranger un petit coin sympa parce qu’on ne sait jamais, peut-être un jour aurai-je encore besoin d’elle. Ca me fait penser qu’il faudrait que je relise le topic sur Dabrowski et sa désintégration positive.
Comme vous l’avez si bien mentionné Zyghna et Sanders, la perfection n’est qu’illusion. Pourtant bien qu’inaccessible, j’ai le sentiment que chacun de nous à tenter de s’en approcher. Certains plus longtemps que d’autres.
Il y a des personnes qui sont parvenues, non seulement, à se comprendre elles-mêmes (j’emprunte en ce moment ce sinueux chemin) mais également à s’accepter. C’est ce à quoi j’aspire. Mais n’est-ce pas là encore une fois…un modèle de perfection? Et le doute qui conduit à cette question n’est-il pas le marqueur d’une avancée dans l’accomplissement de soi? Bref, comme le dit si bien cette grande philosophe du 20e siècle qu’est Bonnie Tyler : tuuuurn arouuuuund…
Héhé, j’avance.