J’ai lu les 14 pages en détail (sauf les 2-3 dernières...^^), car c’est un sujet qui me tient à cœur. Tout d’abord, je tiens à dire
merci à tous ceux qui se sont exprimés, qu’ils soient pour ou contre le mariage ou la parentalité de couples homosexuels. Ça fait vraiment un bien fou de lire enfin un topic sur un forum où il y a de réels arguments développés (pour moi, l’argument « c’est ma conviction, mon ressenti » est valable, même si j’ai envie du coup de contre-argumenter
).
Je suis moi-même homosexuelle (même si j’ai de la peine avec les étiquettes, je dois bien admettre n’être tombée amoureuse que de filles depuis l’âge de 15 ans, donc bon ^^) et de ce fait je me suis longuement posée
la question de l’homoparentalité.
Bon, commençons par
le mariage :
Évidemment,
je suis pour que les homos puissent se marier. Tout les hommes naissent égaux en droit, l’amour nous tombe dessus, on ne choisit pas d’être homo, il y a des avantages matériels à se marier, outre le symbolisme, bref… assez d’arguments ont été donnés tout au long de ce topic : le mariage doit être l’union entre 2 personnes qui s’aiment, point barre. Maintenant, évidemment, je pense qu’il faudrait une
refonte du mariage, car un mariage sur 2 se finit par un divorce (en Suisse en tout cas), et les divorces sont coûteux aussi bien matériellement qu’émotionnellement. Mais ça c’est une autre histoire.
A noter que
19 pays légalisent le mariage gay, mais pas la Suisse, où j’habite, et j’en suis profondément peinée (HS: faut dire qu'on a attendu les années 70 pour autoriser le vote des femmes, alors bon.. on est assez lents!!). Ici, nous avons le «
partenariat enregistré » (sorte de PACS réservé aux homosexuels). Ce qui est une totale aberration car de 1) on envoie notre CV à un employeur, notre état civil lui renseigne directement sur notre orientation sexuelle de 2) Le partenariat enregistré est en tout point semblable au mariage, sauf qu’il ne p
ermet pas l’adoption conjointe… alors qu’une personne homosexuelle célibataire peut théoriquement adopter !!!
L’
homoparentalité : quand je lis que aucune enquête longitudinale n’a démontré que les enfants de parents homos vont bien, ça me hérisse le poil. Il y en a des tonnes, actuellement c’est le sujet le plus important dans les études genres (dixit une collègue spécialiste en études genres !).
Alors personnellement je ne les ai pas toutes lues, mais je peux citer néanmoins celle-ci : Gartrell, N., & Bos, H. (2010). US National Longitudinal Lesbian Family Study: Psychological Adjustment of 17-Year-Old Adolescents.
Pediatrics, 126(1), 28-36.
Voici ce que dit l'article - issu d'un site, je ne sais plus lequel:
Menée aux Etats-Unis sur 25 ans, cette étude est la première à se concentrer uniquement sur des enfants conçus par insémination artificielle avec donneur (IAD) et élevés depuis leur naissance au sein d'un couple de femmes.
Les enfants de couples lesbiens présentent moins de problèmes sociaux et comportementaux que leurs pairs ayant des parents hétérosexuels, et ont des compétences scolaires et sociales plus élevées que la moyenne, indique une étude publiée dans la revue Pediatrics (vol. 126, numéro 1, juillet 2010) et parue en ligne le 7 juin 2010. Menée aux Etats-Unis sur 25 ans par Nanette Gartrell, professeur de psychiatrie et de droit à l'université de Californie, et Henny Bos, chercheuse en sciences comportementales à l'université d'Amsterdam, cette étude est la première à se concentrer uniquement sur des enfants conçus par insémination artificielle avec donneur (IAD) et élevés depuis leur naissance au sein d'un couple de femmes. C'est également la première étude qui suit les enfants sur une aussi longue période. Les mères, recrutées pendant la grossesse ou avant même la conception, ont été interrogées avant la naissance des enfants (entre 1986 et 1992), puis aux 2 ans, 5 ans, 10 ans et 17 ans de l'enfant. Ces derniers - 78 au total - ont également été interrogés à l'âge de 10 ans et de 17 ans.
Un investissement important des mères lesbiennes dans l'éducation de leurs enfants
Les résultats ont surpris les chercheuses. «Nous nous attendions à ce que ces enfants s'en sortent comme les autres», explique Nanette Gartrell. Elle explique les résultats par l'investissement important des mères lesbiennes dans l'éducation de leurs enfants. «Plusieurs autres études ont montré qu'une relation satisfaisante avec au moins de ses parents est un facteur d'épanouissement pour les adolescents.» Autre explication: en cas de séparation, la garde des enfants restait partagée entre les parents dans plus de 70% des cas - contrairement à une moyenne nationale de 35%...
«Cette étude démontre qu'il n'y a aucune raison de restreindre l'accès à la médecine reproductive ou à la garde des enfants sur la base de l'orientation sexuelle des parents», conclut Gartrell.
Deux autres études que j'ai listées: Van Gelderen, L., Bos, H., Gartrell, N., Hermanns, J., Perrin, E.C. (2012). Quality of Life of Adolescents Raised from Birth by Lesbian Mothers : The US National Longitudinal Family Study.
Journal of Developmental & Behavioral Pediatrics, 33(1), 17-23.
Fiona. T. (2005). Lesbian Mothers, Gay Fathers, and Their Children : A Review. Journal of Developmental & Behavioral
Pediatrics, 26(3), 224-240. ; je n'ai pas fait de recherches depuis 2012 mais vu ce que ma collègue m'a dit, il doit y en avoir pléthore).
Moi-même j’avais des doutes concernant le bien-être d’enfants élevé par 2 parents de même sexe il y a plusieurs années. Maintenant, grâce à ces études, je n’en ai plus aucun.
Mes nouveaux doutes concernent
le moyen pour avoir un enfant lors de couples homosexuels. Je vais essayer de détailler tout ça, mais il faut d’abord séparer hommes et femmes. Let’s go.
Lesbiennes :
1)
Donneur anonyme à vie : je suis contre, pour le moment (jusqu’à ce qu’on me désigne une étude fiable me montrant le contraire de ce que je vais avancer). Je pense, et d’après ce que j’ai lu jusqu’à aujourd’hui, ça semble se confirmer, que chacun a un besoin irrépressible de savoir d’où il vient. En mots plus clairs, de connaître qui est l’homme et qui est la femme qui l’a conçu. On le voit chez les enfants adoptés : il y a une recherche effrénée des parents inconnus. Donc pour le bien-être de mon propre enfant, j’éviterais de recourir à un donneur anonyme qu’il ne pourrait pas retrouver.
2)
Donneur non (ou partiellement - jusqu'à la majorité de l'enfant) - anonyme : je suis pour. A partir du moment où ma compagne et moi avons la capacité de donner l’identité du donneur à notre enfant, et que celui-ci peut alors le rencontrer, je ne vois pas le problème.
3)
Donneur que le couple de lesbiennes connaît (que ce soit un ami homosexuel célibataire, en couple, ou hétérosexuel, en couple ou non) : je suis pour, et c’est ce que je veux pour mon enfant. Le donneur aurait la place qu’un oncle a dans la vie d’un enfant, par exemple. J’ai demandé autour de moi : j’ai un ami hétéro qui est disposé à être donneur, à condition que sa future femme soit également d’accord. J’ai une amie hétéro qui m’a dit qu’elle serait entièrement d’accord que son mari donne son sperme pour une amie lesbienne. Pour l’instant je n’ai pas trouvé d’ami gay disposé à cela, et j’ai également discuté avec des amis hétéros refusant de donner leur sperme (mec) ou refusant que leur conjoint donne le sperme pour une autre femme (fille).
4)
Adoption : pour, même si je sais très bien que les personnes plaçant les enfants adoptés vont choisir en priorité un couple stable hétéro plutôt qu’un couple stable homo. Donc au vu des complications, et dû évidemment au fait qu’en Suisse il n’est pas possible d’adopter en couple homo, je ne choisirais pas ce « moyen »..
Gays :
En ce qui concerne les gays, je n’ai malheureusement pas assez de connaissances pour m’exprimer. Je dois avouer qu’une part de moi est réticente, pour le moment, et toujours jusqu’à preuve du contraire, car j’ai lu plusieurs articles démontrant les biens-faits du
lait maternel. Or, comment des hommes peuvent-ils offrir le lait maternel ? Il faudrait qu’ils aient une amie venant d’accoucher dans leur entourage ?
Conclusions : pour un couple gay, la seule possibilité qui me convienne soit celle d’une
mère porteuse dans leur entourage. J’envisage aussi bien la possibilité d’une
co-parentalité partagée entre un couple gay et un couple lesbien (même pour moi).
NOTE: je sais bien que des hétéros ne fournissent pas de lait maternel à leur enfant; tout ce que je dis ci-dessus ne sont que des avis personnels, mais
en aucun cas je ne me permettrais d'empêcher des couples d'avoir un enfant selon les moyens cités ci-dessus. D'ailleurs mon ex vient de recourir à un donneur anonyme, ça a marché, et je me réjouis déjà de la naissance de leur enfant...