La relation maître /disciple
- Zyghna
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La relation maître /disciple
Cela fait un petit moment que je réfléchis à cette relation maître - disciple et je souhaiterais échanger avec vous sur ces concepts et sur votre expérience en la matière.
Par contre, je ne souhaite pas voir fleurir des généralités ou des récits de vécus de connaissances. Parce que c'est une relation qui ne peut être appréhendée pleinement que par ceux qui la vivent ou qui la recherche.
La relation maître / disciple est quelque chose qui me fascine et me rebute tout à la fois. J'y aspire et je l'appréhende. Bien sur, il y a dans cette appréhension une part sociétale, cette relation étant totalement tombée en désuétude en Occident et ayant été surtout contaminée, dans l'imaginaire collectif, par des abus (le maître n'est plus un guide dans ces cas-là mais un manipulateur n'agissant que pour conserver son pouvoir, qu'il soit gourou de secte ou directeur de recherches...).
La relation juste doit être équilibrée, basée sur la confiance et l'intérêt mutuel, pour s'épanouir pleinement.
Le disciple vient chercher des réponses à ses questions, profiter d'une expérience, d'un savoir. Or tout apprentissage est une remise en question de ce que l'on connaît, de notre monde intérieur et de ses frontières. Nous ne sommes pas toujours prêts à accepter de voir le monde différemment, à quitter nos certitudes, à dépasser nos peurs. Et seule une relation basée sur la confiance peut nous y conduire.
Parce qu'intérieurement nous ne sommes que des enfants, des apprenants, et qu'il est difficile d'accéder à la maturité sans aide.
Ce n'est pas l'âge physiologique qui compte ici, c'est le chemin vers la sagesse, vers l'harmonie intérieure.
Ce périple a été abordé tant par les religions que par les philosophes mais il en découle qu'il n'existe pas de voie royale pour y accéder, à chacun de trouver son sentier d'or (petit clin d'oeil à un révélateur ^^).
Sur ce parcours, nous cherchons les personnes qui pourront nous guider. Cependant il ne faut pas s'engager à la légère, sous peine de s'égarer. Le maître doit être la personne qui nous aidera à atteindre son niveau, à devenir son égal, à le dépasser.
Donc si hiérarchie il y a au départ, il ne faut pas perdre de vue qu'elle n'est qu'un moyen et non un but.
Les bouddhistes nomment le maître "l'ami de bien", expression qui marque bien la richesse d'une telle relation et surtout sa réciprocité. Car le maître apprend également de cette relation, parce que chaque disciple est unique et que l'enseignant doit s'adapter, doit adapter son discours, accepter de voir le monde par d'autres yeux, savoir quand le disciple est prêt à poursuivre son chemin.
C'est la relation parents / enfants que l'on retrouve, sauf qu'ici l'enfant choisit son parent.
Ce choix implique toutefois d'accepter de se soumettre à une autre autorité, ce qui demande un important travail sur soi-même dans notre société d'égalité. Il faut déjà prendre conscience que nous ne soyons pas tous égaux et que nous avons à apprendre des autres, sans qu'entre en ligne de compte une quelconque notion de valeur. Il faut aussi être engagé (ne serait-ce qu'un peu) sur le chemin de la déconstruction de l'ego, accepter le fait que nous ne soyons pas seulement ce que nous avons vécu.
Le but n'est pas de dresser une situation utopique mais réalisable à partir du moment où les ego sont laissés de côté au profit d'un but supérieur. Le maître a pour but le bien du disciple et non le sien, le disciple a pour but de vaincre les peurs liées à son ego.
Je pense qu'il faut avoir conscience de ces enjeux pour partir sur une base saine et ne pas se leurrer ou idéaliser une personne.
J'en suis ici dans mes interrogations. Je suis suivie par un enseignant zen qui pourrait un jour devenir un maître (dans le bouddhisme, l'engagement se prend au bout de quelques mois / années, au cours d'une cérémonie officielle afin que l'engagement soit pris au sérieux et mûrement réfléchit).
Comme indiqué dans le topic sur Dabrowski, je sens aujourd'hui que pour évoluer j'ai besoin d'autre chose, d'un (ou plusieurs) guide pour m'indiquer le chemin. Etre accompagnée pendant quelques temps sur mon sentier.
Reste le problème de la confiance et du lâcher-prise ^^
Par contre, je ne souhaite pas voir fleurir des généralités ou des récits de vécus de connaissances. Parce que c'est une relation qui ne peut être appréhendée pleinement que par ceux qui la vivent ou qui la recherche.
La relation maître / disciple est quelque chose qui me fascine et me rebute tout à la fois. J'y aspire et je l'appréhende. Bien sur, il y a dans cette appréhension une part sociétale, cette relation étant totalement tombée en désuétude en Occident et ayant été surtout contaminée, dans l'imaginaire collectif, par des abus (le maître n'est plus un guide dans ces cas-là mais un manipulateur n'agissant que pour conserver son pouvoir, qu'il soit gourou de secte ou directeur de recherches...).
La relation juste doit être équilibrée, basée sur la confiance et l'intérêt mutuel, pour s'épanouir pleinement.
Le disciple vient chercher des réponses à ses questions, profiter d'une expérience, d'un savoir. Or tout apprentissage est une remise en question de ce que l'on connaît, de notre monde intérieur et de ses frontières. Nous ne sommes pas toujours prêts à accepter de voir le monde différemment, à quitter nos certitudes, à dépasser nos peurs. Et seule une relation basée sur la confiance peut nous y conduire.
Parce qu'intérieurement nous ne sommes que des enfants, des apprenants, et qu'il est difficile d'accéder à la maturité sans aide.
Ce n'est pas l'âge physiologique qui compte ici, c'est le chemin vers la sagesse, vers l'harmonie intérieure.
Ce périple a été abordé tant par les religions que par les philosophes mais il en découle qu'il n'existe pas de voie royale pour y accéder, à chacun de trouver son sentier d'or (petit clin d'oeil à un révélateur ^^).
Sur ce parcours, nous cherchons les personnes qui pourront nous guider. Cependant il ne faut pas s'engager à la légère, sous peine de s'égarer. Le maître doit être la personne qui nous aidera à atteindre son niveau, à devenir son égal, à le dépasser.
Donc si hiérarchie il y a au départ, il ne faut pas perdre de vue qu'elle n'est qu'un moyen et non un but.
Les bouddhistes nomment le maître "l'ami de bien", expression qui marque bien la richesse d'une telle relation et surtout sa réciprocité. Car le maître apprend également de cette relation, parce que chaque disciple est unique et que l'enseignant doit s'adapter, doit adapter son discours, accepter de voir le monde par d'autres yeux, savoir quand le disciple est prêt à poursuivre son chemin.
C'est la relation parents / enfants que l'on retrouve, sauf qu'ici l'enfant choisit son parent.
Ce choix implique toutefois d'accepter de se soumettre à une autre autorité, ce qui demande un important travail sur soi-même dans notre société d'égalité. Il faut déjà prendre conscience que nous ne soyons pas tous égaux et que nous avons à apprendre des autres, sans qu'entre en ligne de compte une quelconque notion de valeur. Il faut aussi être engagé (ne serait-ce qu'un peu) sur le chemin de la déconstruction de l'ego, accepter le fait que nous ne soyons pas seulement ce que nous avons vécu.
Le but n'est pas de dresser une situation utopique mais réalisable à partir du moment où les ego sont laissés de côté au profit d'un but supérieur. Le maître a pour but le bien du disciple et non le sien, le disciple a pour but de vaincre les peurs liées à son ego.
Je pense qu'il faut avoir conscience de ces enjeux pour partir sur une base saine et ne pas se leurrer ou idéaliser une personne.
J'en suis ici dans mes interrogations. Je suis suivie par un enseignant zen qui pourrait un jour devenir un maître (dans le bouddhisme, l'engagement se prend au bout de quelques mois / années, au cours d'une cérémonie officielle afin que l'engagement soit pris au sérieux et mûrement réfléchit).
Comme indiqué dans le topic sur Dabrowski, je sens aujourd'hui que pour évoluer j'ai besoin d'autre chose, d'un (ou plusieurs) guide pour m'indiquer le chemin. Etre accompagnée pendant quelques temps sur mon sentier.
Reste le problème de la confiance et du lâcher-prise ^^
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- moza
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Re: La relation maître /disciple
Je ne sais pas si cela peut t'intéresser dans ta démarche, ou simplement sur ce sujet. Il ne s'agit pas d'un vécu - que tu ne recherches pas - mais de plusieurs lectures qui comportent une part centrale orientée sur des relations maître-disciple/élève. Il s'agit de plusieurs œuvres de l'auteur Herman Hesse, dont entre autres, "Siddharta" et "le jeu des perles de verre". (Je peux tenter de retrouver les titres exacts sur demande).
La relation maître-disciple y est montré comme formatrice, et sous divers angles, parfois recherchée, parfois surprenante. On suit même parfois un élève qui devient par la suite un maître, ou bien un maître qui ressens le besoin de redevenir disciple.
Il est peut être utile ici de préciser qu'Hesse, bien qu'écrivain allemand, a aussi été influencé par la philosophie orientale (le bouddhisme?) dans son œuvre. Peut être peux tu y trouver des exemples littéraires intéressants sur cette relation.
La relation maître-disciple y est montré comme formatrice, et sous divers angles, parfois recherchée, parfois surprenante. On suit même parfois un élève qui devient par la suite un maître, ou bien un maître qui ressens le besoin de redevenir disciple.
Il est peut être utile ici de préciser qu'Hesse, bien qu'écrivain allemand, a aussi été influencé par la philosophie orientale (le bouddhisme?) dans son œuvre. Peut être peux tu y trouver des exemples littéraires intéressants sur cette relation.
- yogi content
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Re: La relation maître /disciple
Bon, je me sens un peu maladroite pour faire un exposé construit et clair sur ce sujet, mais comme j'ai évolué dans 2 traditions qui s'appuient sur le lien de maître à disciple, le yoga, et le bouddhisme, je vais tenter de donner mon témoignage et mes conclusions personnelles.
Je distingue 2 aspects dans cette relation de maître à disciple :
- la transmission d'un enseignement
- le pouvoir de transformation (initiation) de la relation.
Pour ce qui est de la transmission, mon expérience me conforte dans la position de privilégier les enseignements issus d'une lignée traditionnelle de maître à disciple, par rapport à des écoles récentes et reposant sur les connaissances d'une seule personne. Cette lignée me semble une garantie d'approfondissement, de test et validité, de clarification et d'adaptation au cours des générations, qui me donne confiance dans le contenu de l'enseignement, et en assure la qualité. Je ne dis pas que rien ne vaut en dehors de cela, mais c'est un critère de choix sûr dans un offre de plus en plus abondante et diverse. J'ai fait une 1ère formation de yoga avec un professeur inscrit directement, sérieusement et exclusivement, dans la lignée de Krishnamacharya. Je l'ai complétée par une 2de formation avec un médecin ayant étudié avec plusieurs professeurs de yoga différents. Son enseignement sur le coeur du yoga, les postures et la philosophie, était loin d'atteindre la rigueur et la profondeur du 1er. En revanche, il apportait sa connaissance des études scientifiques et médicales modernes, qui sont aussi des sources fiables et complétaient très bien la 1ère formation. Savoir se tourner vers des sources diverses peut donc être judicieux, sans tomber dans une attitude de "consommateur".
Pour le pouvoir de transformation / initiation, ma position est beaucoup plus mitigée.
D'abord je n'ai dans aucun de ces 2 cas trouvé une relation au maître suffisamment proche pour construire une vraie relation de confiance et en être personnellement transformée. Une de mes conclusion est que cette transformation n'est possible que s'il y a une proximité qui permet la réciprocité, et donc que le maître a peu de disciples. Je n'ai malheureusement pas connu cette situation. Elle est très rare de nos jours.
Ensuite, j'ai senti dans les 2 traditions une forme de "propagande" assurant que hors de cette relation de maître à disciple, l'évolution et l'éveil étaient impossible, par exemple que l'aperçu de ce que certains bouddhistes appellent la "nature de l'esprit" ne peut arriver qu'en présence d'un maître. Mon expérience préalable à l'accès à un maître m'ayant prouvé le contraire (désolée si je parais présomptueuse), j'ai eu du mal à adhérer à ce principe. D'ailleurs dans le bouddhisme il est dit qu'il y a 3 maîtres : le maître extérieur, le maître intérieur, et la vie elle-même. J'en suis profondément convaincue, et j'avance dans mon chemin en considérant ce que la vie "m'apprend" (terrible maître pour l'égo non ?), et en tâchant d'être à l'écoute de mon maître intérieur.
Enfin, et là je vais me permettre de mentionner le vécu de connaissances, ce que j'ai observé dans ces 2 écoles ne m'encourage pas dans la voie de la relation de soumission à l'autorité d'un maître. En effet, j'ai vu autour de moi des gens proches s'engager dans ce type de relation, s'impliquer intensément... et quelques années après en sortir dégoutés et complètement "cramés", avec un bilan plus négatif que positif (il est probable dans ce cas de "jeter le bébé avec l'eau du bain, et de se détourner de l'enseignement en même temps que du maître). L'idéalisation du maître en est souvent la cause, avec l'aboutissement assez immanquable à la désillusion. Mais comment se soumettre et lâcher prise sans idéaliser ? J'ai retenu d'un maître tibétain qu'il ne fallait pas placer sa confiance dans la personnalité du maître mais dans son enseignement, et ne pas placer sa confiance dans les aspects culturels de l'enseignement mais dans ses fondements. C'est très sage, mais ça demande un jugement sûr, et de garder un sens critique (d'ailleurs encouragé par le Bouddha lui-même). Une autre cause d'échec est que nous confondons souvent dans notre recherche d'un maître l'évolution spirituelle et le traitement thérapeutique psychologique, bref nous confondons le maître et le psychanalyste... Le transfert sur un maître authentique risque de ne pas donner les mêmes résultats qu'avec le psychanalyste ! Sur ce dernier point je mentionne l'existence d'un livre assez pointu "Freud et le yoga" de TKV Desikachar et H. Krusche, un entretien entre un maître de yoga et un psychanalyste, qui essaient de comparer ces 2 types de relations (Éditions Agamat).
Je distingue 2 aspects dans cette relation de maître à disciple :
- la transmission d'un enseignement
- le pouvoir de transformation (initiation) de la relation.
Pour ce qui est de la transmission, mon expérience me conforte dans la position de privilégier les enseignements issus d'une lignée traditionnelle de maître à disciple, par rapport à des écoles récentes et reposant sur les connaissances d'une seule personne. Cette lignée me semble une garantie d'approfondissement, de test et validité, de clarification et d'adaptation au cours des générations, qui me donne confiance dans le contenu de l'enseignement, et en assure la qualité. Je ne dis pas que rien ne vaut en dehors de cela, mais c'est un critère de choix sûr dans un offre de plus en plus abondante et diverse. J'ai fait une 1ère formation de yoga avec un professeur inscrit directement, sérieusement et exclusivement, dans la lignée de Krishnamacharya. Je l'ai complétée par une 2de formation avec un médecin ayant étudié avec plusieurs professeurs de yoga différents. Son enseignement sur le coeur du yoga, les postures et la philosophie, était loin d'atteindre la rigueur et la profondeur du 1er. En revanche, il apportait sa connaissance des études scientifiques et médicales modernes, qui sont aussi des sources fiables et complétaient très bien la 1ère formation. Savoir se tourner vers des sources diverses peut donc être judicieux, sans tomber dans une attitude de "consommateur".
Pour le pouvoir de transformation / initiation, ma position est beaucoup plus mitigée.
D'abord je n'ai dans aucun de ces 2 cas trouvé une relation au maître suffisamment proche pour construire une vraie relation de confiance et en être personnellement transformée. Une de mes conclusion est que cette transformation n'est possible que s'il y a une proximité qui permet la réciprocité, et donc que le maître a peu de disciples. Je n'ai malheureusement pas connu cette situation. Elle est très rare de nos jours.
Ensuite, j'ai senti dans les 2 traditions une forme de "propagande" assurant que hors de cette relation de maître à disciple, l'évolution et l'éveil étaient impossible, par exemple que l'aperçu de ce que certains bouddhistes appellent la "nature de l'esprit" ne peut arriver qu'en présence d'un maître. Mon expérience préalable à l'accès à un maître m'ayant prouvé le contraire (désolée si je parais présomptueuse), j'ai eu du mal à adhérer à ce principe. D'ailleurs dans le bouddhisme il est dit qu'il y a 3 maîtres : le maître extérieur, le maître intérieur, et la vie elle-même. J'en suis profondément convaincue, et j'avance dans mon chemin en considérant ce que la vie "m'apprend" (terrible maître pour l'égo non ?), et en tâchant d'être à l'écoute de mon maître intérieur.
Enfin, et là je vais me permettre de mentionner le vécu de connaissances, ce que j'ai observé dans ces 2 écoles ne m'encourage pas dans la voie de la relation de soumission à l'autorité d'un maître. En effet, j'ai vu autour de moi des gens proches s'engager dans ce type de relation, s'impliquer intensément... et quelques années après en sortir dégoutés et complètement "cramés", avec un bilan plus négatif que positif (il est probable dans ce cas de "jeter le bébé avec l'eau du bain, et de se détourner de l'enseignement en même temps que du maître). L'idéalisation du maître en est souvent la cause, avec l'aboutissement assez immanquable à la désillusion. Mais comment se soumettre et lâcher prise sans idéaliser ? J'ai retenu d'un maître tibétain qu'il ne fallait pas placer sa confiance dans la personnalité du maître mais dans son enseignement, et ne pas placer sa confiance dans les aspects culturels de l'enseignement mais dans ses fondements. C'est très sage, mais ça demande un jugement sûr, et de garder un sens critique (d'ailleurs encouragé par le Bouddha lui-même). Une autre cause d'échec est que nous confondons souvent dans notre recherche d'un maître l'évolution spirituelle et le traitement thérapeutique psychologique, bref nous confondons le maître et le psychanalyste... Le transfert sur un maître authentique risque de ne pas donner les mêmes résultats qu'avec le psychanalyste ! Sur ce dernier point je mentionne l'existence d'un livre assez pointu "Freud et le yoga" de TKV Desikachar et H. Krusche, un entretien entre un maître de yoga et un psychanalyste, qui essaient de comparer ces 2 types de relations (Éditions Agamat).
- Zyghna
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Re: La relation maître /disciple
Tu poses le doigt sur le problème Yogicontent: comment être sûr de notre démarche?
Pour la relation, le problème des traditions ancrées dans la relation maître /élève, c'est que les maîtres ne sont pas forcément plus capables de remettre en cause le fonctionnement de ce système, et donc la relation est faussée dès le début.
De fait je pense que ces relations sont rares, mais qu'elles existent. Un grand-parent peut être un maître pour un enfant, mais la relation ne doit jamais être exclusive (dans le zen il est conseillé au disciple d'aller voir d'autres maîtres au cours de sa formation).
Et le disciple ne doit jamais oublier qu'il crée son maître de par sa propre volonté.
Peut-être est-ce le terme même de "maître" qui perverti toute relation en Occident? Parce qu'il implique une soumission dégradante dans l'imaginaire collectif et que le côté protecteur est totalement ignoré.
Est-ce un problème typiquement français de ne pas accepter d'accorder sa confiance à une personne qui nous guiderait?
Qu'est-ce qui fait justement que la relation de proximité, de réciprocité, soit si rare aujourd'hui?
Essayer de dire à un de vos proches qui vous avez une telle relation et l'on criera de suite à la secte ou à la manipulation. Encore mon côté naïf qui fait que je m'obstine à poursuivre cette quête ^^
Pour la relation, le problème des traditions ancrées dans la relation maître /élève, c'est que les maîtres ne sont pas forcément plus capables de remettre en cause le fonctionnement de ce système, et donc la relation est faussée dès le début.
De fait je pense que ces relations sont rares, mais qu'elles existent. Un grand-parent peut être un maître pour un enfant, mais la relation ne doit jamais être exclusive (dans le zen il est conseillé au disciple d'aller voir d'autres maîtres au cours de sa formation).
Et le disciple ne doit jamais oublier qu'il crée son maître de par sa propre volonté.
Peut-être est-ce le terme même de "maître" qui perverti toute relation en Occident? Parce qu'il implique une soumission dégradante dans l'imaginaire collectif et que le côté protecteur est totalement ignoré.
Est-ce un problème typiquement français de ne pas accepter d'accorder sa confiance à une personne qui nous guiderait?
Qu'est-ce qui fait justement que la relation de proximité, de réciprocité, soit si rare aujourd'hui?
Essayer de dire à un de vos proches qui vous avez une telle relation et l'on criera de suite à la secte ou à la manipulation. Encore mon côté naïf qui fait que je m'obstine à poursuivre cette quête ^^
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Re: La relation maître /disciple
Oui en effet, le mot même de maître appelle un interprétation un peu erronée, de même que le mot "vacuité" par exemple. Des traductions imparfaites des notions d'origine.
Guru en sanscrit veut dire "professeur", "guide", ou "maître" au sens de "maître d'école", traduction qui sans doute date d'une époque où le mot ne prenait pas le même sens que maintenant. Et évidemment aujourd'hui, le mot gourou évoque en premier lieu une secte malheureusement.
Pourquoi la relation de proximité et de réciprocité est-elle rare aujourd'hui? Résultat peut-être paradoxal de la mise à notre portée de cette offre ? Par l'édition de livres, les sites internet, les structures d'association, les "maîtres" peuvent toucher beaucoup de monde, les "disciples" n'ont pas à faire un long trajet de plusieurs jours de marche et des ascensions de montagnes arides pour les trouver... et s'agglutinent en nombre autour d'eux avec des motivations diverses.
Après effectivement, il peut y avoir des relations plus personnelles, avec un membre ou ami de la famille ou un enseignant pendant la scolarité, mais peut-être s'agit-il plus là de mentor ? Il s'agit alors d'une relation qui n'est pas de l'ordre spirituel, mais du développement en général.
Guru en sanscrit veut dire "professeur", "guide", ou "maître" au sens de "maître d'école", traduction qui sans doute date d'une époque où le mot ne prenait pas le même sens que maintenant. Et évidemment aujourd'hui, le mot gourou évoque en premier lieu une secte malheureusement.
Pourquoi la relation de proximité et de réciprocité est-elle rare aujourd'hui? Résultat peut-être paradoxal de la mise à notre portée de cette offre ? Par l'édition de livres, les sites internet, les structures d'association, les "maîtres" peuvent toucher beaucoup de monde, les "disciples" n'ont pas à faire un long trajet de plusieurs jours de marche et des ascensions de montagnes arides pour les trouver... et s'agglutinent en nombre autour d'eux avec des motivations diverses.
Après effectivement, il peut y avoir des relations plus personnelles, avec un membre ou ami de la famille ou un enseignant pendant la scolarité, mais peut-être s'agit-il plus là de mentor ? Il s'agit alors d'une relation qui n'est pas de l'ordre spirituel, mais du développement en général.
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Re: La relation maître /disciple
Quelle que soit la façon dont on l'appelle, spiritualité, développement personnel, c'est une recherche de soi.
La différenciation entre les deux ne tient-elle pas là de l'idéalisation? ^^
La différenciation entre les deux ne tient-elle pas là de l'idéalisation? ^^
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Re: La relation maître /disciple
Voilà presque un sujet de dissertation : spiritualité et développement personnel. Bien sûr la différenciation qu'on fait entre les deux dépend du sens qu'on y met. Personnellement je fait une différence, tient-elle de l'idéalisation ? Oui si la recherche de sens ou de libération propre à la spiritualité relève de l'idéalisation (je dirais plutôt idéalisme). Mais en fait pour moi les deux sont presque antinomiques : le développement personnel, la réalisation de soi est une recherche individualiste, la spiritualité est peut-être un "renoncement" à soi, une recherche pour se fondre dans quelque chose d'universel. Des chemins qui peuvent à l'occasion se rencontrer, mais souvent s'ignorent.
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Re: La relation maître /disciple
D'une première lecture, Zyghna, ce qui me vient immédiatement, c'est que pour moi une relation maître/disciple serait une relation parent/enfant telle que je l'imagine idéale. (et telle qu'elle a plus ou moins été pour moi) (ah à la relecture je vois que c'est un postulat que tu as donné dès le départ)
Et c'est drôle parce que je rejoins aussi ton propos de la rencontre avec d'autres maîtres, dans l'éducation (et je dirai plus transmission en effet) que ma mère m'a donnée, il y a eu de la place pour de nombreuses autres personnes, je dis souvent que je suis ce que je suis grâce aux vacances que j'ai passée chez mes grands parents, chez mes oncles et tantes (y compris dans une communauté, vivent les '70's ^^).
Du coup je n'ai pas ce besoin d'aller chercher un guide ailleurs, j'en ai une tripotée chez moi.
Sinon, mais de façon strictement unilatérale, on ne peut pas parler de relation, mais encore une fois quand je te lis, un autre nom surgit, celui de Jacques Salomé, dont les lectures ont profondément changé ma façon d'aborder le monde et la vie.
Et c'est drôle parce que je rejoins aussi ton propos de la rencontre avec d'autres maîtres, dans l'éducation (et je dirai plus transmission en effet) que ma mère m'a donnée, il y a eu de la place pour de nombreuses autres personnes, je dis souvent que je suis ce que je suis grâce aux vacances que j'ai passée chez mes grands parents, chez mes oncles et tantes (y compris dans une communauté, vivent les '70's ^^).
Du coup je n'ai pas ce besoin d'aller chercher un guide ailleurs, j'en ai une tripotée chez moi.
Sinon, mais de façon strictement unilatérale, on ne peut pas parler de relation, mais encore une fois quand je te lis, un autre nom surgit, celui de Jacques Salomé, dont les lectures ont profondément changé ma façon d'aborder le monde et la vie.
- Zyghna
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Re: La relation maître /disciple
Oui Solenn, c'est la relation idéale parent-enfant, sauf qu'elle est sciemment choisie.
Par contre, et là je rejoins Yogicontent, c'est là que diffère le développement personnel de la spiritualité: le moi s'atténue, se délite, au profit de l'autre, d'un monde où tout est lié. Je ne parle absolument pas de religion ici puisque le théisme ne fait pas partie de ma façon de voir le monde.
Bref, j'ai l'impression d'avoir fait le tour de mon moi (qui parlait de modestie ou d'arrogance? :p ) et c'est autre chose que je recherche. D'où mes interrogations sur la relation maître/disciple car c'est une relation très particulière, entière, déroutante, partagée. C'est un engagement.
J'en suis dans cette phase où je suis un enseignement en acceptant de m'ouvrir totalement, de le recevoir sans jugement, de voir l'impact qu'il peut avoir sur moi. Pour autant, cela ne veut pas dire adhérer aveuglément ou ne plus faire preuve de critique, mais s'ouvrir à de nouvelles possibilités.
Quand aux auteurs, je ne peux que te rejoindre sur le fait qu'ils peuvent avoir un pouvoir comparable à celui de maîtres pour changer notre vie. Reste l'absence de partage, c'est unilatéral.
Par contre, et là je rejoins Yogicontent, c'est là que diffère le développement personnel de la spiritualité: le moi s'atténue, se délite, au profit de l'autre, d'un monde où tout est lié. Je ne parle absolument pas de religion ici puisque le théisme ne fait pas partie de ma façon de voir le monde.
Bref, j'ai l'impression d'avoir fait le tour de mon moi (qui parlait de modestie ou d'arrogance? :p ) et c'est autre chose que je recherche. D'où mes interrogations sur la relation maître/disciple car c'est une relation très particulière, entière, déroutante, partagée. C'est un engagement.
J'en suis dans cette phase où je suis un enseignement en acceptant de m'ouvrir totalement, de le recevoir sans jugement, de voir l'impact qu'il peut avoir sur moi. Pour autant, cela ne veut pas dire adhérer aveuglément ou ne plus faire preuve de critique, mais s'ouvrir à de nouvelles possibilités.
Quand aux auteurs, je ne peux que te rejoindre sur le fait qu'ils peuvent avoir un pouvoir comparable à celui de maîtres pour changer notre vie. Reste l'absence de partage, c'est unilatéral.
"Il est inutile d'être parfait, il faut seulement s'engager et mettre ses actions en cohérence avec ses valeurs" Brené Brown
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Re: La relation maître /disciple
Je n'ai pas trop le temps d'écrire maintenant mais j'ai 2 remarques rapides:
- Je trouve que "l'occident" est trop critiqué dans ce topic. Avoir besoin de chercher à l'autre "bout du monde" une manière plus "fraiche" de voir les choses, OK. Mettant par là même du relief dans des choses que l'on a du mal à voir ici puisqu'on en est dégouté ou qu'on a la tête dans le guidon.
- Je suis d'accord avec le fait que "l'origine" ou "l’idéal" de la relation disciple/maitre est la relation enfant/parent.
On peut critiquer nos coutumes "occidentales" ou croyances comme on veut, mais c'est tout de même le cœur (maladroitement ou non, entouré de rigidités paraissant aberrantes ou non) de notre civilisation.
L'amitié, la loyauté, la famille, le professionnalisme ...
- Je trouve que "l'occident" est trop critiqué dans ce topic. Avoir besoin de chercher à l'autre "bout du monde" une manière plus "fraiche" de voir les choses, OK. Mettant par là même du relief dans des choses que l'on a du mal à voir ici puisqu'on en est dégouté ou qu'on a la tête dans le guidon.
- Je suis d'accord avec le fait que "l'origine" ou "l’idéal" de la relation disciple/maitre est la relation enfant/parent.
On peut critiquer nos coutumes "occidentales" ou croyances comme on veut, mais c'est tout de même le cœur (maladroitement ou non, entouré de rigidités paraissant aberrantes ou non) de notre civilisation.
L'amitié, la loyauté, la famille, le professionnalisme ...
Re: La relation maître /disciple
Je ne crois pas qu'il s'agisse de critiquer l'Occident. Nous avons aussi de grands penseurs et philosophes (à commencer par les Grecs). Mais comme toi, je pense qu'on a trop souvent tendance à caricaturer un Occident matérialiste face à un Orient spirituel. C'est une question aussi d'époque. Je ne suis pas spécialiste, mais la spiritualité et la philosophie occidentales sont foisonnantes. Trop, peut-être ? Déjà oubliées ?
Pour revenir au sujet, j'ai 20 ans d'Aïkido. C'est aussi une relation maître / disciple il me semble. Et ça n'a rien d'une relation parent enfant. Ca peut l'être, en fonction des personnes. Pour moi, plutôt un grand frère, et parfois un ami. Parfois un professeur. Parfois un Maître. Parfois un mec qui se la pète (bon, là, c'est que ça n'a pas fonctionné !). Mais tous, même le dernier, ont quelque chose à m'apporter.
Pour revenir au sujet, j'ai 20 ans d'Aïkido. C'est aussi une relation maître / disciple il me semble. Et ça n'a rien d'une relation parent enfant. Ca peut l'être, en fonction des personnes. Pour moi, plutôt un grand frère, et parfois un ami. Parfois un professeur. Parfois un Maître. Parfois un mec qui se la pète (bon, là, c'est que ça n'a pas fonctionné !). Mais tous, même le dernier, ont quelque chose à m'apporter.
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Re: La relation maître /disciple
Oui, c'est plus juste dit comme çàFlying a écrit :Je ne crois pas qu'il s'agisse de critiquer l'Occident. Nous avons aussi de grands penseurs et philosophes (à commencer par les Grecs). Mais comme toi, je pense qu'on a trop souvent tendance à caricaturer un Occident matérialiste face à un Orient spirituel. C'est une question aussi d'époque. Je ne suis pas spécialiste, mais la spiritualité et la philosophie occidentales sont foisonnantes. Trop, peut-être ? Déjà oubliées ?
C'est vrai.Flying a écrit :Pour revenir au sujet, j'ai 20 ans d'Aïkido. C'est aussi une relation maître / disciple il me semble. Et ça n'a rien d'une relation parent enfant. Ca peut l'être, en fonction des personnes. Pour moi, plutôt un grand frère, et parfois un ami. Parfois un professeur. Parfois un Maître. Parfois un mec qui se la pète (bon, là, c'est que ça n'a pas fonctionné !). Mais tous, même le dernier, ont quelque chose à m'apporter.
C'est une belle image de comparer à parent/enfant. Mais comme tu dis: C'est en fonction des personnes.
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Re: La relation maître /disciple
Ce n'est pas une simple critique de l'Occident: essaie de dire à un proche que tu as un maître, en dehors d'un cadre universitaire, et on va forcément penser que tu es tombé dans une secte.
On retombe sur le problème de transmission qui plombe actuellement nos sociétés. Combien refusent de recevoir l'expérience des plus anciens parce qu'ils pensent qu'ils pourront se débrouiller tout seul, que ce savoir est de toute façon dépassé donc inutile?
L'histoire de l'Occident regorge de relations maître/élèves (cf le bouquin de Georges Steiner, Maîtres et disciples), mais force est d'admettre que cette relation fait peur. Elle remet en question notre impression de toute puissance sur le monde.
Le matérialisme est de plus en plus présent en Asie, mais les traditions sont encore fortes pour le moment. La hiérarchisation de la société permet de conserver une transmission vivante.
(Les 2 cultures ont énormément à s'apporter, pourquoi vouloir les opposer et les caricaturer? J'aime le zen occidental, parce que les 2 cultures ont opéré un mélange intéressant, preuve que cela peut marcher en Occident. Mais on sort du sujet initial).
On retombe sur le problème de transmission qui plombe actuellement nos sociétés. Combien refusent de recevoir l'expérience des plus anciens parce qu'ils pensent qu'ils pourront se débrouiller tout seul, que ce savoir est de toute façon dépassé donc inutile?
L'histoire de l'Occident regorge de relations maître/élèves (cf le bouquin de Georges Steiner, Maîtres et disciples), mais force est d'admettre que cette relation fait peur. Elle remet en question notre impression de toute puissance sur le monde.
Le matérialisme est de plus en plus présent en Asie, mais les traditions sont encore fortes pour le moment. La hiérarchisation de la société permet de conserver une transmission vivante.
(Les 2 cultures ont énormément à s'apporter, pourquoi vouloir les opposer et les caricaturer? J'aime le zen occidental, parce que les 2 cultures ont opéré un mélange intéressant, preuve que cela peut marcher en Occident. Mais on sort du sujet initial).
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Re: La relation maître /disciple
Je ne suis pas d'accord. Et ce n'est pas basé uniquement sur mon expérience mais aussi sur celles de connaissances.Zyghna a écrit :essaie de dire à un proche que tu as un maître, en dehors d'un cadre universitaire, et on va forcément penser que tu es tombé dans une secte.
On retombe sur le problème de transmission qui plombe actuellement nos sociétés. Combien refusent de recevoir l'expérience des plus anciens parce qu'ils pensent qu'ils pourront se débrouiller tout seul, que ce savoir est de toute façon dépassé donc inutile?
On est d'accordZyghna a écrit :Les 2 cultures ont énormément à s'apporter, pourquoi vouloir les opposer et les caricaturer?
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Re: La relation maître /disciple
Il serait peut-être intéressant de commenter de façon détaillée plutôt que de répondre à la manière FB.
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Re: La relation maître /disciple
Je vis aussi cette relation maître disciple d'une autre façon, même si elle ne correspond pas vraiment au sujet : je forme des Internes. Je ne suis pas vraiment leur maître, il (elles) ne restent que 6 mois dands le service. Néanmoins ils ont choisi leur terrain de stage (selon la réputation du service, la place qu'ils occupent au moment du choix,la spécialité etc...). C'est une sorte d'échange qui nous oblige aussi à nous dépoussiérer sans sombrer sans ce jeunisme qui voudraient que ce soient les jeunes qui sachent. Si c'étaient le cas, je crois qu'ils seraient déçus.
On est à notre 12 ème interne depuis qu'on est agréés. Tous sont avides de connaissances, intéressés, intelligents, respectueux mais de façon informelle, c'est un vrai bonheur. On a gardé des relations avec d'anciens internes devenus grands. On leur demande parfois conseil.
Je n'en tire pas de conclusion. C'est juste un témoignage. Je crois (j'espère) que la transmission se passe ainsi dans d'autres professions.
On est à notre 12 ème interne depuis qu'on est agréés. Tous sont avides de connaissances, intéressés, intelligents, respectueux mais de façon informelle, c'est un vrai bonheur. On a gardé des relations avec d'anciens internes devenus grands. On leur demande parfois conseil.
Je n'en tire pas de conclusion. C'est juste un témoignage. Je crois (j'espère) que la transmission se passe ainsi dans d'autres professions.
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Re: La relation maître /disciple
Je viens d'apprendre le décès de mon maître.
J'ai envie de pleurer et je n'y arrive pas.
Je ne sais pas non plus si c'est le bon moment pour parler de la relation maître/disciple mais j'ai envie d'essayer.
Dans mon cas, il a été mon professeur. Le professeur le plus stimulant, le plus énigmatique et le plus brillant que j'ai rencontré. Quelqu'un qui en une phrase vous permettait de dessiner un début de porte là où il n'y avait que des murs.
Il m'a appris à être un être humain. Avant je ne savais pas ce que c'était. Avant j'étais en prison, à respirer de l'air vicié et à hurler sans que personne ne comprenne ce que je vivais. Lui a compris. Jamais avant je n'avais eu l'impression d'être comprise.
Il a été mon superviseur. Il a été l'humain qui a regardé mon travail sans le juger, pour que je puisse travailler mes entraves et changer de point de vue. Enfin. Il m'a permis de grandir et il m'a laissée partir ensuite. Il m'a permis de le quitter. Comme un véritable éducateur. Il m'a autorisée à tout ce que je voulais, partir, écrire, créer, changer et tellement d'autres choses. Il a été le seul humain à qui j'ai fait assez confiance pour remettre en cause mes croyances sans penser qu'il abuserait de ma vulnérabilité. Pourtant il était capable d'être dur, d'être intransigeant. Mais j'aimais ça. J'y reconnaissais ma propre dureté, celle qui vise à secouer l'autre pour qu'il arrête de se fourvoyer mais jamais à lui faire mal. Je voyais aussi en lui de la poésie, de la grâce. Dans ses gestes et ses mots, dans sa façon de croire que l'Homme n'a rien d'unique, mais que sa façon d'exister l'est. Que la beauté de l'Homme n'est pas dans sa prétendue essence et tout ce qu'il croit de lui mais dans sa façon de cheminer, de changer, d'advenir à autre chose et de danser malgré toutes les tensions qui l'habitent. Il m'a appris ce que c'était d'être vivante.
Puis il a été le correcteur de mon tout premier article. Il l'a recommandé à son réseau de revues professionnelles et universitaires. Il m'a témoigné de la reconnaissance et fait de moi une pro. Même si cet article n'est jamais publié, qu'importe. Il m'a faite entrer dans une autre sphère. Celle des gens qui créent du savoir dans un domaine quelconque. Jamais avant lui je n'aurais pu m'autoriser à ça.
Mon maître est mort. Je ne me rends pas compte. Je suis toujours sa disciple. Et j'en suis très fière. Même s'il m'a autorisée à partir, à trahir, à suivre d'autres routes. Je sais tout ce que je lui dois. Plus encore que tout ce que j'ai pu dire jusqu'ici. Des choses qui ne se disent pas sur un forum.
Qu'est-ce qu'un maître ? Quelqu'un qui vous permet d'ouvrir des portes et de les franchir alors que vous ne saviez même pas qu'elles existaient, qui vous bouscule et vous contient ensuite, jusqu'à ce que vous ayez reconstruit les choses autrement, et quand vous êtes capable de le quitter mais que la reconnaissance vous retient auprès de lui, il est celui qui vous fout gentiment dehors, pour ne pas créer de dépendance, pour ne pas exercer d'emprise, pour ne pas être un gourou. Un maître, c'est celui qui vous permet de créer autre chose à partir de ce que vous avez appris avec lui. C'est celui qui vous laisse le trahir et qui est fier que vous vous autorisiez à le faire (trahir au sens de "changer de voie"). Un maître, c'est celui qui travaille à son inutilité.
J'ai eu une chance infinie d'avoir rencontré un maître tel que lui. J'essaie tous les jours de mettre en pratique ce que j'ai appris à son contact. J'essaie tous les jours d'ouvrir de nouvelles perspectives dans la tête des gens qui me parlent, que j'instruis ou que j'accompagne, suivant la posture qui est la mienne avec eux. J'essaie tous les jours de me travailler, pour être un humain qui danse avec ses tensions et ses conflits, pour continuer à cheminer, pour exister et jouer avec la vie.
C'était une belle personne. Je suis heureuse et fière d'avoir été éduquée par lui.
J'ai envie de pleurer et je n'y arrive pas.
Je ne sais pas non plus si c'est le bon moment pour parler de la relation maître/disciple mais j'ai envie d'essayer.
Dans mon cas, il a été mon professeur. Le professeur le plus stimulant, le plus énigmatique et le plus brillant que j'ai rencontré. Quelqu'un qui en une phrase vous permettait de dessiner un début de porte là où il n'y avait que des murs.
Il m'a appris à être un être humain. Avant je ne savais pas ce que c'était. Avant j'étais en prison, à respirer de l'air vicié et à hurler sans que personne ne comprenne ce que je vivais. Lui a compris. Jamais avant je n'avais eu l'impression d'être comprise.
Il a été mon superviseur. Il a été l'humain qui a regardé mon travail sans le juger, pour que je puisse travailler mes entraves et changer de point de vue. Enfin. Il m'a permis de grandir et il m'a laissée partir ensuite. Il m'a permis de le quitter. Comme un véritable éducateur. Il m'a autorisée à tout ce que je voulais, partir, écrire, créer, changer et tellement d'autres choses. Il a été le seul humain à qui j'ai fait assez confiance pour remettre en cause mes croyances sans penser qu'il abuserait de ma vulnérabilité. Pourtant il était capable d'être dur, d'être intransigeant. Mais j'aimais ça. J'y reconnaissais ma propre dureté, celle qui vise à secouer l'autre pour qu'il arrête de se fourvoyer mais jamais à lui faire mal. Je voyais aussi en lui de la poésie, de la grâce. Dans ses gestes et ses mots, dans sa façon de croire que l'Homme n'a rien d'unique, mais que sa façon d'exister l'est. Que la beauté de l'Homme n'est pas dans sa prétendue essence et tout ce qu'il croit de lui mais dans sa façon de cheminer, de changer, d'advenir à autre chose et de danser malgré toutes les tensions qui l'habitent. Il m'a appris ce que c'était d'être vivante.
Puis il a été le correcteur de mon tout premier article. Il l'a recommandé à son réseau de revues professionnelles et universitaires. Il m'a témoigné de la reconnaissance et fait de moi une pro. Même si cet article n'est jamais publié, qu'importe. Il m'a faite entrer dans une autre sphère. Celle des gens qui créent du savoir dans un domaine quelconque. Jamais avant lui je n'aurais pu m'autoriser à ça.
Mon maître est mort. Je ne me rends pas compte. Je suis toujours sa disciple. Et j'en suis très fière. Même s'il m'a autorisée à partir, à trahir, à suivre d'autres routes. Je sais tout ce que je lui dois. Plus encore que tout ce que j'ai pu dire jusqu'ici. Des choses qui ne se disent pas sur un forum.
Qu'est-ce qu'un maître ? Quelqu'un qui vous permet d'ouvrir des portes et de les franchir alors que vous ne saviez même pas qu'elles existaient, qui vous bouscule et vous contient ensuite, jusqu'à ce que vous ayez reconstruit les choses autrement, et quand vous êtes capable de le quitter mais que la reconnaissance vous retient auprès de lui, il est celui qui vous fout gentiment dehors, pour ne pas créer de dépendance, pour ne pas exercer d'emprise, pour ne pas être un gourou. Un maître, c'est celui qui vous permet de créer autre chose à partir de ce que vous avez appris avec lui. C'est celui qui vous laisse le trahir et qui est fier que vous vous autorisiez à le faire (trahir au sens de "changer de voie"). Un maître, c'est celui qui travaille à son inutilité.
J'ai eu une chance infinie d'avoir rencontré un maître tel que lui. J'essaie tous les jours de mettre en pratique ce que j'ai appris à son contact. J'essaie tous les jours d'ouvrir de nouvelles perspectives dans la tête des gens qui me parlent, que j'instruis ou que j'accompagne, suivant la posture qui est la mienne avec eux. J'essaie tous les jours de me travailler, pour être un humain qui danse avec ses tensions et ses conflits, pour continuer à cheminer, pour exister et jouer avec la vie.
C'était une belle personne. Je suis heureuse et fière d'avoir été éduquée par lui.
- Ces utilisateurs ont remercié l’auteur Maitresse Rita pour son message (2 au total) :
- ZeBrebis • Boby
"Donc l’idée est que l’existence, ce n’est pas vrai ou faux, ce n’est pas le fait d’être dans le réel ; l’existence, c’est une histoire qu’on se raconte vraiment, on y croit comme l’enfant qui joue au docteur ou à la maîtresse"(M. Vial)
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Re: La relation maître /disciple
C'est un beau témoignage dont je retiendrai un maître mot: la confiance.
Il semble avoir été pour toi le maître ideal, qui a su te manipuler au sens premier, te prendre en main, jouer de toi tel un chef d'orchestre.
Tu sais, dans le bouddhisme, de nombreux maître meurrent juste après avoir mené à bien la tâche que leur propre maître leur avait confié qu'ils aient 90 ans ou 25 ans au moment où celà se produit.
Je ne sais si cette relation doit être pleuree, mais il est sur qu'elle doit être honoree, et si tu peux transmettre ne serait ce que l'étincelle de ce qu'il t'a transmis, tu t'inscriras dans sa voie, dans sa lignée, celle qui rehausse l'humanité.
Il semble avoir été pour toi le maître ideal, qui a su te manipuler au sens premier, te prendre en main, jouer de toi tel un chef d'orchestre.
Tu sais, dans le bouddhisme, de nombreux maître meurrent juste après avoir mené à bien la tâche que leur propre maître leur avait confié qu'ils aient 90 ans ou 25 ans au moment où celà se produit.
Je ne sais si cette relation doit être pleuree, mais il est sur qu'elle doit être honoree, et si tu peux transmettre ne serait ce que l'étincelle de ce qu'il t'a transmis, tu t'inscriras dans sa voie, dans sa lignée, celle qui rehausse l'humanité.
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Re: La relation maître /disciple
Je viens de lire le topic et j'ai un terme à vous offrir.
Darshan.
Mais dans la vision de Karl Pribram.
Ton message Mtresse Rita est bien la manifestation du darshan de l'enveloppe qui s'est sublimé et oui, je confirme, tu en es la récipiendaire.
Lors de l'éloge funèbre de celui qui fut le mien, il est ressorti cette vérité, il en disait plus par ses silences qu'avec des mots.
Je ne l'entends pas, c'est donc qu'il fait parti de moi...
Darshan.
Mais dans la vision de Karl Pribram.
Ton message Mtresse Rita est bien la manifestation du darshan de l'enveloppe qui s'est sublimé et oui, je confirme, tu en es la récipiendaire.
Lors de l'éloge funèbre de celui qui fut le mien, il est ressorti cette vérité, il en disait plus par ses silences qu'avec des mots.
Je ne l'entends pas, c'est donc qu'il fait parti de moi...
- BillyJo
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- Inscription : lun. 6 juil. 2015 13:25
- Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/billyjo-t6423.html]BillyJo[/url]
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Re: La relation maître /disciple
C’est un sujet très beau et très intéressant. Je ne préférerai ne pas y toucher, mais je n’ai rien trouvé sur le Darshan de Karl Pribram. Des idées de livres ou d’article a conseiller ?
- Coralie352
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- Inscription : dim. 20 sept. 2015 16:01
- Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/phase-patte-blanche-t6675.html]La Patte blanche ? C'est par ici[/url]
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Re: La relation maître /disciple
Si je peux me permettre, je ne te donnerai aucun "conseil" sur le sujet, car à chacun de suivre sa voie et de trébucher ou non sur les pierres parsemant son chemin. Et les pierres et les trébuchements font partie du chemin...
Par contre, je te recommanderai un lecture : "Sectes, Eglises et religions - Elements pour un discernement spirituel" de Jean-Yves Leloup.
Par contre, je te recommanderai un lecture : "Sectes, Eglises et religions - Elements pour un discernement spirituel" de Jean-Yves Leloup.
"Those who would give up essential Liberty, to purchase a little temporary Safety, deserve neither Liberty nor Safety."
Benjamin Franklin, 1755
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