Poétiquement vôtre

Ici, partagez vos passions, vos dadas, vos marottes, documentez si possible, mettez-y de la vie!
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Eupalinos

Poétiquement vôtre

Message par Eupalinos »

Bonjour à toutes et à tous,

Ici, je propose à chacun(e) de partager les mystères de son syllaboratoire, ses alchimies verbales, ses poèmes quoi. Qui sait ? Peut-être l'un(e) d'entre nous a-t-il réalisé le Grand-Oeuvre ?

Si ma préférence pour le vers régulier et ses héros est certaine, le topic est évidemment ouvert à toutes les formes possibles de poésie (vers libre, versets, prose, haïku, etc.). Il ne s'agira pas ici de discuter de la forme ou de justifier notre goût pour tel ou tel cadre esthétique. En outre, quelle que soit sa forme, je pense que la poésie admet tous les accents — et excès — de l'âme et du coeurs humains ; elle en est leur sublimation harmonique. Humour, joie, colère, ironie, amour, horreur, nostalgie, exaltation, mélancolie, prière, folie, etc.. Tous les tons sont permis.

150

« Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. » Victor Hugo

Je sais, pour avoir moi-même connu cette crainte au départ, qu'il n'est pas toujours aisé de s'exposer de la sorte, car la poésie est souvent l'expression d'une certaine intimité, et la critique peut blesser. Cependant, pas d'art littéraire, ni d'art tout court, sans public ; donc sans regard critique, subjectif. Je suppose que chacun saura formuler ses impressions, positives ou négatives, avec tact et mesure, sans pour autant verser dans l'obséquiosité.

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PointBlanc
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Re: Poétiquement vôtre

Message par PointBlanc »

Entendre le brouillard sur l'herbe ;
Les courants ascendants ;
La grêle avant qu'elle ne tombe ;
Les cristaux comprimés dans le flocon de neige ;
Les aiguilles de glace aux confins de la mésosphère ;

La pluie à cent mètres du sol, le givre fleurir sur le zinc des toitures :

Y passer une vie, les yeux fermés, et se convaincre peu à peu qu'il n'y a pas un lieu au monde qui ne soit rumeur ou déluge, un ordre après tout, au fond silencieux dans son exactitude.
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

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samjna
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Re: Poétiquement vôtre

Message par samjna »

J'exhume mon dernier - et quasiment seul - exercice poétique. Je ne fus pas inspiré tout seul et il avait été imposé comme thème: « Je vais mourir et lègue ma fortune à qui me fera la plus belle épitaphe en la motivant ».

******** Marbré dans le grave ***********

Lorsque tu dormiras, altruiste bienfaiteur,
Aux tréfonds d'un tombeau orné d'un sonnet noir,
Et que tu n'auras plus comme seul auditoire,
Qu'un caveau inondé sous une pluie de fleurs;

Quand la boue, remplissant ta poitrine cireuse
Et tes flancs écrasés sous le coup d'assommoir,
Figera tout ton corps, empêchant le vouloir,
De ton sexe à mener sa vie aventureuse,

Ton caveau, résonnant de mes riches envies
- Car la tombe souvent est l'amie du poète -,
Pendant la grande nuit d'où l'éveil est banni,

Te dira : "Cher ami, donateur et esthète,
J'ai bien reçu tes sous dès lors que tu fus mort".
Et tu pourras gésir sans le moindre remords.

*************
Quelle motivation, pourrais-je bien avoir,
Sinon d'aider moi-même en aimant mon prochain !
Pas sûr que c'était un WISC !

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Re: Poétiquement vôtre

Message par PointBlanc »

Allez, puisqu'il pleut et que Couperin n'est pas si drôle, j'ai fait ça :

80

MUNCH

50

Tu verras des matins coulés dans la lumière

50

Et des bandeaux de feu tendus à l'horizon

50

Le soleil couchera au seuil de ta maison

50

Des fantômes bleutés de fleurs dans la poussière

50

Tu passeras le jour dans un enclos de verre

50

A sentir sous tes doigts le froid de la cloison

50

Et le jardin s'assombrira sans un frisson

50

Quand la nuit tombera comme un sac sur la terre

50

Soir après soir : et ce que c'est qu'être vivant
[tab=50]Dans le pays sans air où vient mourir le vent
[tab=50]seul debout à marcher entre les corps inertes ?

[tab=50]Ce que c'est que hurler sans voix dans le sommeil
[tab=50]Ou qu'aller devant soi sous le couchant vermeil
[tab=50]Étalé par-dessus la campagne déserte ?
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

Eupalinos

Re: Poétiquement vôtre

Message par Eupalinos »

Merci beaucoup pour vos charmantes contributions !

Je repasse demain pour vous faire état de mes ressentis positifs.

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samjna
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Re: Poétiquement vôtre

Message par samjna »

J'ai un peu honte après PointBlanc.

ARRIMAGE

Par le rire de tes yeux, par le son de ta voix,
Je ressens ta présence comme un vent sur la mer.
Tout au bout de mon âme je n'écoute que toi
Étourdi de mirages, j’aspire à ton mystère.

Tu murmures un silence au delà des sept mers
Je m'envole vers des cieux où je tremble déjà,
Et partant en dérive, je rejoins ton mystère
Flottant comme une étoile, je m'éloigne de moi

Avançant comme seul, je te dis : aime et prends.
Par cette perle de vie je ne m'appartiens plus
Dans ton rire cristallin où je me noie pourtant
Je me suis envolé dans un temps distordu

Un baiser inédit terrassant les pourquoi,
Je ressens ta présence entourant l’univers
Oublieux de ma peur que consument mes doigts
Pénétrant ton aura, je rejoins ta bannière.

Âme sœur tu m’enchantes, je me sens moins perdu
Mon amour tu m'exaltes, je te crie : sois mon temps.
Tu me prends et m'emportes: comme un sourire rendu,
Un éclat de soupir où s'arrête le temps.

http://www.vudansvotreemail.com/poetron ... 1&zone=cat
Pas sûr que c'était un WISC !

Eupalinos

Re: Poétiquement vôtre

Message par Eupalinos »

LOL le Poétron ! Je ne connaissais pas et j'avoue que je ne m'en servirai pas — il ne respecte pas les règles le bougre !

Perso, je préfère largement le premier :)

Il y a un très bon « vers facile » — ce qui est un compliment :

« Car la tombe souvent est l'amie du poète »

Si le poème avance bien et circonscrit bien le sujet dans son ensemble, c'est la première strophe qui m'a plu le plus.

Tiens, j'en profite au passage pour faire une petite remarque sur la règle de l'élision de -e :

Tout -e s''élidant devant voyelle, cela qui implique qu'un -e muet devant consonne est théoriquement incorrect, même si on ne « l'entend pas », tout simplement parce que d'antan on le prononçait, comptait. C'est un archaïsme qui est resté.

Par ex. : « MariE, levez-vous, ma jeune paresseuse » de Ronsard.

Je le précise seulement dans l'idée d'en informer ceux qui passeraient par ici et ne le savent pas.

Merci encore pour tes deux poèmes.
PointBlanc a écrit :Allez, puisqu'il pleut et que Couperin n'est pas si drôle, j'ai fait ça :

MUNCH

Tu verras des matins coulés dans la lumière
Et des bandeaux de feu tendus à l'horizon
Le soleil couchera au seuil de ta maison
Des fantômes bleutés de fleurs dans la poussière

Tu passeras le jour dans un enclos de verre
A sentir sous tes doigts le froid de la cloison
Et le jardin s'assombrira sans un frisson
Quand la nuit tombera comme un sac sur la terre

Soir après soir : et ce que c'est qu'être vivant
Dans le pays sans air où vient mourir le vent
seul debout à marcher entre les corps inertes ?

Ce que c'est que hurler sans voix dans le sommeil
Ou qu'aller devant soi sous le couchant vermeil
Étalé par-dessus la campagne déserte ?
Un sonnet quasi parnassien dans la rigueur formelle, mais en beaucoup plus « vivant », ce qui est de bonne augure — les parnassiens me touchent rarement. (Petit aparté : tu connais Le pin des landes de Gauthier ? Ca ne te fait pas immédiatement penser à un poème très célèbre d'un ami et admirateur à lui ?)

Ici, j'apprécie les idoines variations rythmiques des vers 7 et 9. L'alexandrin trimètre permet vraiment de se passer de respecter la césure sans que ça ne gêne aucunement la prosodie.

J'ai toujours tendance à extraire, isoler des vers qui s'impriment en moi plus que d'autres, ici, ce serait celui-ci :
« Quand la nuit tombera comme un sac sur la terre »

Sinon, dans le premier, j'ai bien aimé l'image du givre qui va fleurir.

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PointBlanc
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Re: Poétiquement vôtre

Message par PointBlanc »

Eupalinos a écrit :Un sonnet quasi parnassien dans la rigueur formelle...
Il y a quand même un très vilain hiatus dans la première strophe, que je reprendrai quand j'aurai le temps.

Ton sonnet, en revanche, est parfait formellement. Je reviendrai en dire quelque chose un peu plus tard.
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

Eupalinos

Re: Poétiquement vôtre

Message par Eupalinos »

PointBlanc a écrit :
Eupalinos a écrit :Un sonnet quasi parnassien dans la rigueur formelle...
Il y a quand même un très vilain hiatus dans la première strophe, que je reprendrai quand j'aurai le temps.

Ton sonnet, en revanche, est parfait formellement. Je reviendrai en dire quelque chose un peu plus tard.

D'où le « quasi » — je ne voulais pas faire mon rabat-joie et d'ailleurs le hiatus est vraiment la règle la plus contestable à l'intérieur des vers d'après moi. Pour la simple et bonne raison que les hiatus existent par nature au sein des mots mêmes. Il y en a qui sonnent, d'autres moins, même si je les évite toujours au maximum, sans refuser ceux qui ne me semblent pas inesthétiques.

Il y a bien aussi la rime « inertes/déserte » si on veut vraiment chercher la perfection formelle.

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PointBlanc
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Re: Poétiquement vôtre

Message par PointBlanc »

Tant qu'à bien faire les choses, autant reprendre en profondeur. Le titre est caduc, du coup :

90

DEMAIN

60

Tu verras des matins coulés dans la lumière

60

Et des bandeaux de feu tendus à l'horizon

60

Le jour viendra coucher au seuil de ta maison

60

Des fantômes bleutés de fleurs dans la poussière

60

Tu passeras le temps dans un enclos de verre

60

A sentir sous tes doigts le froid de la cloison

60

Et le jardin s'assombrira sans un frisson

60

Quand la nuit tombera comme un corps sur la terre

60

Alors tu dormiras : l'affreuse liberté
[tab=60]Du sommeil, surgeon noir de la stérilité
[tab=60]Agrandira l'espace entre tes mains inertes
[tab=60]Et t'ouvrira les yeux sur ton inanité :

[tab=70]Tu hurleras sans voix face à l'immensité
[tab=70]Qu'animent vaguement des planètes désertes


(Je me suis permis de répéter la rime en -té dans le dernier tercet, parce que le sonnet en a vu d'autres, et parce que ça me semblait mieux correspondre à ce lent épuisement des derniers vers.)


Concernant le tien : comme je le disais, il est formellement parfait ; ensuite, tu auras compris que je ne suis pas vraiment porté sur la richesse, et tu écris riche. C'est une simple préférence, sûrement pas un reproche : j'aurais du mal. Tu fais justice à tes modèles, en tout cas.
(Il y a tout de même une réserve : c'est le rejet au début du second vers, qui me paraît un peu étrange : c'est le seul de tout le poème. La régularité du reste ne lui fait pas vraiment de place.)
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

Eupalinos

Re: Poétiquement vôtre

Message par Eupalinos »

PointBlanc a écrit :Tant qu'à bien faire les choses, autant reprendre en profondeur. Le titre est caduc, du coup :

90

DEMAIN

60

Tu verras des matins coulés dans la lumière

60

Et des bandeaux de feu tendus à l'horizon

60

Le jour viendra coucher au seuil de ta maison

60

Des fantômes bleutés de fleurs dans la poussière

60

Tu passeras le temps dans un enclos de verre

60

A sentir sous tes doigts le froid de la cloison

60

Et le jardin s'assombrira sans un frisson

60

Quand la nuit tombera comme un corps sur la terre

60

Alors tu dormiras : l'affreuse liberté
[tab=60]Du sommeil, surgeon noir de la stérilité
[tab=60]Agrandira l'espace entre tes mains inertes
[tab=60]Et t'ouvrira les yeux sur ton inanité :

[tab=70]Tu hurleras sans voix face à l'immensité
[tab=70]Qu'animent vaguement des planètes désertes


(Je me suis permis de répéter la rime en -té dans le dernier tercet, parce que le sonnet en a vu d'autres, et parce que ça me semblait mieux correspondre à ce lent épuisement des derniers vers.)


Concernant le tien : comme je le disais, il est formellement parfait ; ensuite, tu auras compris que je ne suis pas vraiment porté sur la richesse, et tu écris riche. C'est une simple préférence, sûrement pas un reproche : j'aurais du mal. Tu fais justice à tes modèles, en tout cas.
(Il y a tout de même une réserve : c'est le rejet au début du second vers, qui me paraît un peu étrange : c'est le seul de tout le poème. La régularité du reste ne lui fait pas vraiment de place.)
Pour la répétition de la rime en -té, ce n'est vraiment pas le genre de choses dont je m'offusque. J'ai dit accepter moi-même des entorses au règles, surtout si elles sont le reflet d'un choix. Il y en a que je ne transgresse quasiment jamais ceci dit. Mais là, je serais un horrible psycho-rigide patenté de te reprocher cela.

J'écris riche, c'est pas faux. Je préfère l'adjectif « dense ». Et encore, ceux-là le sont beaucoup moins que les plus récents lol !
Ta sensibilité esthétique est la tienne, je la respecte entièrement.
Tu n'as pas tort pour le rejet ; il n'est pas vraiment à sa place. Ca fait partie des poèmes qui ont vocation à être remaniés.

Je pense que tu aurais dû garder le « sac » sur le terre, l'image me paraissait plus juste. En revanche, la fin est bien meilleure d'après moi. J'aime beaucoup le dernier vers.

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samjna
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Re: Poétiquement vôtre

Message par samjna »

Eupalinos a écrit :
LOL le Poétron ! Je ne connaissais pas et j'avoue que je ne m'en servirai pas — il ne respecte pas les règles le bougre !
Je suis légèrement déçu du peu de cas que tu fais du Poétron - béni soit son nom - et de son résultat. Je me vois obligé de le défendre pour ce qu'il m'a permis, d'abord le titre: ARRIMAGE et puis ce vers que je trouve saisissant:
Tu murmures un silence au delà des sept mers.

Le Poétron m'a comme propulsé dans l'inspiration quand je n'en avais aucune. Et ce n'est pas alors que le pilote ressent la résistance de l'air sur lequel il s'est appuyé pour monter que l'ingrat doit s'en plaindre tandis celui-ci le soutient encore.

Néanmoins, le Poétron, malgré sa densité poétique, présente quelques limitations dues au faible choix proposé et il impose la concaténation de ses très belles choses. Et comme disait Poincaré: si une maison est faite de pierres, un tas de pierre n'est pas une maison. Adieu mystères, mirages, et silence au rire cristallin ! Que le vent vous emporte au-delà des sept mers et flottez donc parmi les étoiles en consumant votre perle de vie - qui ne m'appartient plus !

Subsiste l'inspiration initiale car les poussières de nos désastres, éparses aux vents de l'oubli, revinrent s'agréger en un seul astre que nous appellerons:

ARRIMAGE II

Je n’ai pas deviné une possible rencontre
Puisque le restaurant s’avérait un pensum,
Et sans aucun égard pour les autres personnes,
Je m’en étais enfui sans y être invité.

Je t’avais oubliée sans rien à ton encontre
Quand tu m’es apparue, habillée en garçon,
Venue prendre ton sac, laissé dans ma maison;
Tu m'avais l’air sérieux et plutôt amusé.

Et comme tu étais là et que j’étais un homme,
Qu’il était déjà temps de discuter un peu...
J’ai laissé s’imposer au centre de tout ça

Ton temps, par son accès rapide et rigoureux,
A ces sortes de choses qu’on ne partage pas :
Les points de solitude que tu existes en somme.

( Je me suis rallié au format du sonnet: quelque peu trébuchant dans mon cas )
Pas sûr que c'était un WISC !

Eupalinos

Re: Poétiquement vôtre

Message par Eupalinos »

samjna a écrit :
Eupalinos a écrit :
LOL le Poétron ! Je ne connaissais pas et j'avoue que je ne m'en servirai pas — il ne respecte pas les règles le bougre !
Je suis légèrement déçu du peu de cas que tu fais du Poétron - béni soit son nom - et de son résultat. Je me vois obligé de le défendre pour ce qu'il m'a permis, d'abord le titre: ARRIMAGE et puis ce vers que je trouve saisissant:
Tu murmures un silence au delà des sept mers.

Le Poétron m'a comme propulsé dans l'inspiration quand je n'en avais aucune. Et ce n'est pas alors que le pilote ressent la résistance de l'air sur lequel il s'est appuyé pour monter que l'ingrat doit s'en plaindre tandis celui-ci le soutient encore.

Néanmoins, le Poétron, malgré sa densité poétique, présente quelques limitations dues au faible choix proposé et il impose la concaténation de ses très belles choses. Et comme disait Poincaré: si une maison est faite de pierres, un tas de pierre n'est pas une maison. Adieu mystères, mirages, et silence au rire cristallin ! Que le vent vous emporte au-delà des sept mers et flottez donc parmi les étoiles en consumant votre perle de vie - qui ne m'appartient plus !

Subsiste l'inspiration initiale car les poussières de nos désastres, éparses aux vents de l'oubli, revinrent s'agréger en un seul astre que nous appellerons:

ARRIMAGE II

Je n’ai pas deviné une possible rencontre
Puisque le restaurant s’avérait un pensum,
Et sans aucun égard pour les autres personnes,
Je m’en étais enfui sans y être invité.

Je t’avais oubliée sans rien à ton encontre
Quand tu m’es apparue, habillée en garçon,
Venue prendre ton sac, laissé dans ma maison;
Tu m'avais l’air sérieux et plutôt amusé.

Et comme tu étais là et que j’étais un homme,
Qu’il était déjà temps de discuter un peu...
J’ai laissé s’imposer au centre de tout ça

Ton temps, par son accès rapide et rigoureux,
A ces sortes de choses qu’on ne partage pas :
Les points de solitude que tu existes en somme.

( Je me suis rallié au format du sonnet: quelque peu trébuchant dans mon cas )

C'est vrai que je ne rends pas les hommages que l'on doit au Poétron, et j'irai à confesse pour réparer cet écart moral qui n'a rien de véniel. Pauvre impénitent que je suis !
Ces variantes sont certes limitées, mais j'admets qu'il parvient à une certaine densité poétronique du plus bel effet digital lorsque l'humus des vers est bien recomposé.

J'adore : « Quand tu m'es apparue habillé en garçon ». Et en fait, je l'aime bien ton poème...

Cependant, j'admets que la Poésie porte quelque chose de fondamentalement ridicule, décalée, un peu niais en elle, et ça me plaît bien ! C'est complètement frivole, inutile, absurde, et pourtant...

« Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile ! »

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Eupalinos

Re: Poétiquement vôtre

Message par Eupalinos »

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eauvive
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Re: Poétiquement vôtre

Message par eauvive »

J'aime bien la poésie, j'ai même créé un grand cahier ou je mets des poésies et des dessins ou photos, (comme à l'école, version adulte).

Une courte, que j'adore :

Le chat et le soleil

Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.
Voilà pourquoi, le soir
Quand le chat se réveille,
J'aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil. :ensoleillé:

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O'Rêve
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Re: Poétiquement vôtre

Message par O'Rêve »

A mon tour de partager cet extrait qui dormait dans mes documents très privés...A vrai dire, il n'y a rien d'académique, hein, c'est du brut, et je ne sais même pas si ça peut rentrer dans le cadre de la poésie. J'aime écrire, avec la sensation que c'est le stylo qui se met à parler…et puis je reprends les phrases et je me laisse guider par une sorte de musicalité (que je suis dans l’incapacité d’expliquer). Au final, je ne sais même pas si ça me plait. J'ai quasiment un sentiment d'étrangeté.
Mais j'ai encore de grandes difficultés à me sentir légitime dans l'acte de partager. Quoiqu'il en soit, je me décide quand même à sortir un texte de mon grenier...

Le tourbillon

Je suis le tourbillon qui emporte les cœurs.
Je m’engouffre au plus profond et happe les acteurs.
A mon passage, le passé, le futur se mélangent dans l’instant.
Je plonge l’âme dans un monde chancelant.
Je danse sur le fil mais le fil d’un rasoir.
Je suis un funambule palpant les émotions.
Je valse au cœur de branches aux bras enveloppants.
Je sens, je hume, je devine les essences.
Et je murmure au creux d’une oreille ces quelques notes
« Petite fleur… ».
Une petite fleur que j’ensorcelle, qui rencontre mon cœur.
Une petite fleur qui éclot, et transporte une pâle lueur.
Une petite fleur qui enchante par ses quelques couleurs.
Une petite fleur ravivant la flamme d’un tourbillon terni.
Une petite fleur magique qui adoucit les mœurs de la vie d’ici.
Des pétales qui volent et transportent mon regard vers un nouveau monde.
Un monde où règne folie, patience, et infini.
Un monde du vivant, dans l’échange de la nuit.
Alors les graines de larmes se détachent de mes tourbillons échauffés.
Je rejoins les nuages et les invite à pleurer.
Mon tourbillon est passé. La petite fleur est retombée.
Alors le temps s’évapore. L’absence emplit le vide.

Ah oui et sinon j'ai été touchée par les vers de Point Blanc et Samjna.
Eau vive : le poème que tu partages est un poème de Maurice Carême?

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Cricri
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Re: Poétiquement vôtre

Message par Cricri »

C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai pris connaissance de vos compositions et je vous admire, vraiment, car il n'est pas simple de s'exposer au regard de l'autre, des autres.
Vos textes sont touchants, délicats, d'une beauté toute mélancolique qui me parle.
Merci beaucoup.
Christophe

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eauvive
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Re: Poétiquement vôtre

Message par eauvive »

Oui "O'Rêve" le poème que j'ai cité est de Maurice Carême, je vous présente mes excuses à tous, éffectivement j'ai omis de noter l'auteur. J'ai cherché la case "modifier", mais pas trouvé, oupss...
J'aime beaucoup ton poème, je me vois dans ce tourbillon d'émotions. :)

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Re: Poétiquement vôtre

Message par marienat23 »

Un peu de poésie, c'est apaisant. Je n'écris plus, il faudrait que je m'y remette (j'écrivais de 8 à 20 ans et puis très rarement). Mais je ne suis pas de règles. C'est moins normé.

J'aime beaucoup marbré dans le grave. Je retrouve la sensation de lecture que j'ai à lire Baudelaire.

Munch me touche également beaucoup.

J'ai peu de choses tapées, je vous donne ce que j'avais dans l'ordinateur (avant de dormir, c'est de circonstance), mais c'est sans règles d'écriture et beaucoup plus simple que ceux que j'ai lus sur cette page. Je me dis souvent que je devrais taper les textes (j'écrivais à la main), les très vieux pour les conserver autrement dans un vieux sac à dos d'ado !

Nuit

Essorer les cheveux des matinées moroses
Comme brumes filées qui peuplent mon espace.
Le ciel, toile trouée, attend que le temps passe,
Que s’étirent les pans de ces filaments roses.

Nuages, qui régnez sur un pays sans bornes,
Accrochant au passage quelques rires d’enfants ;
Prisonniers des nuées et complices du vent,
Eclairez au couchant cette immensité morne.

Le murmure qui perce parfois le silence
Chuchotement tremblant, nous ne l’entendons plus.
Il a quitté sans bruit l’espace blanc des nues,
Etalé en milliers de filets sans essence.

Pointillés… Eclatées, les étoiles timides,
Eclairent les forêts de leur faible clarté.
La nuit va envahir tout ce qui a été :
Geolière tisserande d’une chrysalide.

Noire et compatissante, elle approche et se tait
Pour garder sur nos vies son terrible avantage.
Elle sera quelques heures du néant le présage,
Du vide la compagne : je l’attends en secret.
"Le véritable poète a pour vocation d'accueillir en lui la splendeur du monde." Goethe

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Re: Poétiquement vôtre

Message par luna »

je trouve vos textes magnifiques, j'écris un peu aussi, mais plus beaucoup faute de temps...voici ma timide participation, un entrelacs de maux mots ;)

Pour traverser le temps qui te veut solitaire
Tu n'as d'autre vaisseau que ton propre univers
Un monde féerique et rempli de lumière
Où sillonnent les fées ,créatures éphémères

Dans le lit de ton âme ne coule que le temps
Et tu te laisses porter par les contre-courants
Réfutant les tempêtes que chahutent les vents
Qui réduisent en miettes tous les rêves d'enfant

Êtes vous douce fée penchée sur son épaule?
En battant d'aussi près vos deux ailes le frôlent
Élaguons ses idées afin qu'il s'envole
Et se laisse caresser par la bise d’Éole

La poussière du temps en douce envolée
Aux récifs de glace pourrait bien se briser
Libérant toutes les heures qui se sont arrêtées
En y laissant entrer des effluves nacrées

Pour enivrer tes sens de ses philtres d'amour
Qu'une petite fée fabrique tous les jours
Afin de réveiller ton coeur aveugle et sourd
En l'emplissant d'espoir et de joie tour à tour

Invité

Re: Poétiquement vôtre

Message par Invité »

Adapté en français d'une traduction anglaise du japonais ancien :

La vérité telle quelle :
Cette huître grise et terne,
Et la perle brillante,
Enfouie dans sa chair.

Huître muette,
Accrochée au pied de la falaise
De mille coudées.
Les mots tels les vagues
S’écrasent avec fracas sur le roc,
Et l’écume tumultueuse
Te recouvre et te baigne ;
Mais jamais
Ne pourra te saisir ou t’emporter !

Eihei Dogen (1200-1253)

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laurette
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Re: Poétiquement vôtre

Message par laurette »

De si jolies choses...
Je ne résiste pas à vous poster ça. C'est maladroit peut-être, mais j'ai besoin de le soumettre.

Aux ombres allongées, cambrées comme en hommage
au soleil pâle et résolu posé sur l'horizon diffus;
Au delà des prairies à l'aube parées de blanc
sans pareil maquillage;
le soir se fait pressant, le silence ténu
troublé de froissements,
silence en omerta, presque sous-entendu;
Les coiffes sont orange
La sève est engourdie et le cycle en suspens,
C'est le temps du repos, ferme les yeux mon ange...
Mon intelligence? elle va de là..................... à de là.

Invité

Re: Poétiquement vôtre

Message par Invité »

laurette a écrit : Aux ombres allongées, cambrées comme en hommage
au soleil pâle et résolu posé sur l'horizon diffus;
Au delà des prairies à l'aube parées de blanc
sans pareil maquillage;
le soir se fait pressant, le silence ténu
troublé de froissements,
silence en omerta, presque sous-entendu;
Les coiffes sont orange
La sève est engourdie et le cycle en suspens,
C'est le temps du repos, ferme les yeux mon ange...
Poétique du désir et du non désir, cachés et révélés.

Qui murmure ; qui se tait ?
Qui se coiffe et se maquille ?
Qui se cambre et se tait ?
Qui veille ?
Et qui demande le sommeil ?

Merci de ta vérité sincère.
Oser ses propres mots : Whatelse ?

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Re: Poétiquement vôtre

Message par dani »

Très beaux textes, merci à tous
Rien ne vous emprisonne excepté vos pensées, rien ne vous limite excepté vos peurs, rien ne vous contrôle excepté vos croyances. (Marianne Williamson)

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laurette
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Re: Poétiquement vôtre

Message par laurette »

Me croiras-tu Hosen si je te dis que je découvre la sensualité de mon propre texte après t'avoir lu?
A priori je n'étais guidée et inspirée que par la nature que j'avais sous les yeux. Mais je suis contemplative, je voulais certainement ressentir et faire ressentir toute cette douceur...
J'avoue que je suis troublée...
Merci.
Mon intelligence? elle va de là..................... à de là.

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