Traduire

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PointBlanc
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Message par PointBlanc »

"Puppet thing" n'a pas été le plus difficile des deux. J'ai opté pour une apposition qui me permettait de conserver la priorité donnée à "thing" ou "creature" en anglais - donc : "le pantin, la chose", ou "le pantin, la créature".
Pour "nonsense", s'il n'y avait que "meat" encore - mais dans le récit en question, le mot ne cesse de revenir à toutes les sauces : "the most outrageous nonsense", "meat nonsense", "beef nonsense", "pork nonsense", "goat nonsense", "death nonsense", "puppet nonsense" pour finir. Il me fallait donc une construction suffisamment souple pour autoriser que je la répète sans que ça coince à un moment ou à un autre. J'ai donc choisi de traduire "nonsense" par "délire" plutôt que par "absurdité", et employé "à propos de" comme articulation.

Ce qui donne ça, par exemple (et au passage, on peut voir que quand je parlais de répétitions un peu plus haut je ne plaisantais pas):

Comme la boutique de M. Vizniak donnait sur une ruelle mal éclairée, le voisinage, aux heures avancées de la nuit, était plongé dans une profonde inactivité. Et comme la plupart des lampadaires du voisinage en question étaient hors d’usage ou défectueux d’une façon quelconque, la seule chose que je pouvais voir, à travers la petite vitrine de la boutique, était l’enseigne lumineuse qui brillait à la devanture de la boucherie d’en face. Cette pâle inscription au néon qui restait allumée toute la nuit à la devanture de la boucherie épelait les mots : BŒUF, PORC, CHÈVRE. Il m’arrivait parfois de fixer ces mots et de m’absorber dans leur contemplation au point que ma tête débordait bientôt d’un délire à propos de viande, à propos de bœuf, de porc et de chèvre : il me fallait alors m’en détourner pour me trouver une occupation dans l’arrière-boutique de l’officine, où il n’y avait pas de fenêtre, et où par conséquent les visions de la boucherie ne pouvaient pas m’atteindre. Mais une fois dans l’arrière-boutique, j’étais bientôt obnubilé par tous les remèdes qu’on y conservait - par tous les flacons et tous les bocaux et toutes les boîtes empilées du sol jusqu’au plafond de cet espace exagérément exigu. J’avais fini par en savoir beaucoup sur les remèdes de M. Vizniak, quand bien même je n’étais pas habilité à les préparer ni à les servir aux clients en-dehors de sa surveillance. Je savais lesquels on pouvait employer pour causer facilement la mort de quiconque en aurait absorbé au dosage adéquat et de la façon adéquate. Et donc, chaque fois que j’allais dans l’arrière-boutique pour me soulager l’esprit de tout ce délire à propos de viande, engendré par une contemplation excessive de la boucherie à spécialités de bœuf, de porc et de chèvre, j’étais presque aussitôt obnubilé par ces remèdes mortels ; en d’autres termes, j’étais à présent obsédé par un délire à propos de mort, l’une des pires, des plus outrageuses formes de délire parmi tous ceux qu’on peut se figurer. Je finissais en général par me réfugier dans les toilettes minuscules de l’arrière-boutique, où je pourrais rassembler mes esprits et me vider la tête avant de retourner m’installer derrière le comptoir de l’officine de M. Vizniak.
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Re: Traduire

Message par Invité »

Merci des explications et de l'extrait. Le choix de "délire" pour nonsense me paraît très approprié. Évidemment, "à propos de" fait perdre la concision de l'expression mais je ne vois pas comment faire autrement, à moins de tourner par des adjectifs. Mais "délire carnassier" forcerait le sens. Pour death nonsense, "délire funèbre" irait peut-être...
Bref, l'extrait est très intéressant.

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PointBlanc
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Re: Traduire

Message par PointBlanc »

Merci Judith :)
J'avais pensé aux adjectifs, mais ça m'ennuyait aussi de sacrifier l'effet de répétition - pour une fois que je n'avais pas de doute sur le fait qu'il s'agissait bien d'un choix stylistique :D
On n'est vraiment pas loin de l'itération psychiatrique avec ce narrateur, alors autant que ça se perçoive le mieux possible.
Et comme j'étais bizarrement fasciné par cette séquence BEEF PORK GOAT, je n'aurais pas voulu me priver de la faire apparaître aussi souvent que j'en avais l'occasion (elle revient encore une ou deux fois dans le récit).
Et puis l'adjectif transforme en qualité quelque chose qui à l'origine n'est pas à ce point assujetti au nom auquel il est associé. Goat nonsense par exemple me semble donner à l'animal un rôle plus important - plus indépendant aussi - que ne le ferait délire caprin, qui le réduit à un simple trait caractéristique du délire.

C'est vraiment amusant : il y a tellement d'éléments à garder en tête.
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Re: Traduire

Message par PointBlanc »

Je reviens sur ce fil - j'ai pratiquement terminé. Plus qu'une grosse vingtaine de pages à lisser, pour un total qui excède les trois cents. J'aurais pu avoir bouclé depuis des semaines (en tout cas pour une version largement dégrossie), mais la fin approchant je traîne ostensiblement les pieds. J'en profite donc pour faire ici le bilan de cette expérience de traduction : j'en aurai appris, des choses, que ce soit sur le processus en lui-même ou sur celui qui s'y soumet - davantage peut-être qu'il n'y soumet le texte à traduire.

La chose la plus évidente, c'est la position de pouvoir où l'on se retrouve, surtout en l'absence de tout cahier des charges, quand on traduit de sa propre initiative. L'exercice d'admiration menace alors à tout moment de basculer vers autre chose, vers un détournement, une espèce de rapt amoureux, où l'on se retrouve à prendre toutes sortes de libertés avec le texte qu'on traduit, parce qu'on l'aime tellement qu'on ne se croit pas capable de lui nuire. Et puis on le comprend si bien, on sait si bien ce que l'auteur avait en tête en l'écrivant, on aurait même pu prendre sa place, tiens.
Bon, fort heureusement, ça n'est pas tout le temps - seulement aux moments où justement on se sent démuni face aux difficultés du texte, pour ce que j'en perçois - et ça se corrige en repassant derrière. Pour partie en tout cas, parce qu'il reste, malgré tout, évidemment inévitable de teinter la traduction - tant de ce qu'on est comme lecteur, que ce soit de cet auteur particulier ou de façon plus générale, que comme scripteur, avec ses obsessions et ses tabous propres. Ligotti est pour moi plus proche de la littérature de l'absurde que des écrivains d'épouvante dont il est le contemporain (il le dit lui-même et ça m'arrange bien) ; je suis un obsédé du rythme, ainsi qu'un phobique des répétitions et du -e central ; les deux se sentent à l'arrivée. Une fois accepté le caractère inévitable de la teinte, c'est quelque chose qu'on peut travailler, cultiver : je lis quelques paragraphes d'une traduction de Kafka avant de m'y remettre, ou je regarde une toile de L.S. Lowry, parce que je retrouve dans sa peinture beaucoup de l'atmosphère que j'associe aux cadres monochromes, naïfs et décrépits des nouvelles de Ligotti. J'évite d'écouter de la musique (et de plus en plus quand j'écris), parce qu'autrement je n'entends plus ce que je fais.
Il a surtout fallu que j'apprenne à composer avec la répétition - Ligotti répète beaucoup, que ce soit clairement intentionnel (il y a des termes ou des formules qui n'arrêtent pas de revenir, dans le cours du même récit ou d'un récit à l'autre) ou quasi machinal, parce que probablement mieux admis en anglais (seem, say...) ; il a donc fallu prendre soin des répétitions du premier type, les justifier par l'intérêt de la formulation, et limiter la place des secondes dès que le passage au français les rendait maladroites.
Suis-je parvenu à rendre cette impression de désaffection un peu précieuse, de démence poliment dissimulée derrière un style un rien alambiqué, mais qui perce quand même (la démence) à ces endroits où la langue "boucle" ? Ai-je réussi à conserver à ces récits l'humour que bien souvent j'y sens ? Je crois, mais fondamentalement je n'en sais rien.

J'ai appris il y a quelques jours que le dernier récit du recueil, le plus long, avait déjà été traduit en français en 1999, dans une anthologie de littérature d'épouvante parue chez Albin Michel ; outre le fait que cela fiche potentiellement tout en l'air d'un point de vue éditorial (je n'y connais rien en droit de la traduction et je ne suis pas d'un naturel très optimiste) je risque bien de découvrir (j'ai commandé l'anthologie pour le vérifier) que je me suis perdu dans des complexités imaginaires. Ou alors je vais tomber sur une de ces traductions à la hache dont les éditeurs d'épouvante et de science-fiction sont coutumiers ; la traductrice a aussi traduit de la chick lit, de la fantasy... elle a surtout beaucoup traduit. Et ça me ferait un peu suer de devoir balancer à la benne mon propre travail sur ce récit parce que quelqu'un, pour qui il s'agissait d'un contrat parmi d'autres, lui a déjà réglé son compte il y a vingt ans.
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Re: Traduire

Message par Invité »

Bravo, et bon courage pour la fin de ton travail.
Je ne pense pas que l'existence d'une traduction partielle datant de vingt ans soit un obstacle infranchissable si tu souhaites trouver un éditeur à ton texte. Et c'est toujours intéressant de confronter sa propre approche à celle de quelqu'un d'autre, surtout si l'on professe des principes de traduction très différents. Tu verras bien ce que tu en penseras.

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PointBlanc
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Re: Traduire

Message par PointBlanc »

Merci :)
Je suis en train de lire cette traduction que j'ai reçue ce midi, et je suis globalement rassuré : d'abord parce que je n'ai pas l'air d'avoir tout compris de travers, ensuite parce que je crois avoir pu éviter certaines des rapidités que j'y détecte et conservé des répétitions manifestement passées à la trappe. Il y a aussi des choses évidentes auxquelles je n'avais pas songé. Si bien que je vais pouvoir améliorer encore le résultat.
Concernant l'éditeur, si tout va bien du côté des droits qui restent à négocier, je l'ai déjà. Ne reste plus qu'à croiser les doigts.
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Re: Traduire

Message par Invité »

PointBlanc a écrit : mar. 21 juil. 2020 14:48 Concernant l'éditeur, si tout va bien du côté des droits qui restent à négocier, je l'ai déjà.
Super, félicitations! Je croise moi aussi les doigts pour que tout marche au mieux, et j'achèterai ton livre quand il paraîtra.

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Re: Traduire

Message par cherubim »

Je trouve que c'est super de ta part de t'être attelé à cette tâche [mention]PointBlanc[/mention] . On m'a toujours appris qu'un bon traducteur devait avant tout maîtriser sa langue maternelle, car on traduit en principe vers la langue que l'on maîtrise le mieux.
Pour moi, il n'est pas nécessaire d'être diplômé d'une école de traduction pour traduire de la littérature, mais plutôt d'aimer celle-ci et d'être sensible à la beauté de la langue dans toute sa singularité. Je pense que l'humilité face à la tâche et la remise en question constante font partie des qualités requises.
Bon nombre d'oeuvres en langue anglaise existent sur le marché du livre français mais je suis persuadée que les traductions ne sont pas toujours à la hauteur. Le même problème existe pour les oeuvres cinématographiques, à mon avis.
Le monde entier est un théâtre,
Et tous les hommes et les femmes seulement des acteurs;
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Re: Traduire

Message par PointBlanc »

... Et trois ans plus tard, et après bien des rebondissements et beaucoup de pages supplémentaires, j'aurai bientôt en main la preuve matérielle que l'on m'a reconnu la capacité de traduire Ligotti. Je croise les doigts pour que ce ne soit pas la dernière fois. Et comme je prends goût à l'exercice, je profite de mes vacances pour traduire "The White people", d'Arthur Machen - dont je me demande comment j'ai pu rester si longtemps sans en connaître l'existence.

Au cœur de cette longue nouvelle, il y a le "Cahier Vert" ("The Green Book"), une sorte de mémoire à jet continu où une adolescente de seize ans, de très bonne famille, raconte avec beaucoup d'ingénuité son initiation à des rites païens par sa nourrice. Le texte est saturé d'un symbolisme transparent qui suscite un malaise d'autant plus grand que la jeune fille rapporte dans son récit des scènes bien antérieures à ses seize ans, et dont elle ne comprend toujours pas le sens. C'est le caractère insidieux de cette corruption qui intéresse Machen, et c'est ce dont il est débattu dans le prologue et l'épilogue qui encadrent le "Cahier Vert". On a le choix dans l'interprétation - entre diabolisation de la sexualité féminine par un ancien membre de la Golden Dawn retourné à l'anglicanisme et démonstration par l'exemple des mécanismes de l'emprise et de l'aliénation, ou encore entre trip psychonaute et enquête anthropologique...

Mais ce qui rend ce texte si captivant à traduire, c'est la forme que prend la confession de la narratrice : un quasi monolithe de près de trente pages, où les moments du passé s'entremêlent et font écho à des relations de contes de veillée - et donc, l'innocence de la langue de l'adolescence alterne avec l'archaïsme de celle de ces contes. Et puis tout se répète, le rythme est premier, il y a là-dedans quelque chose de véritablement litanique que je prends un immense plaisir à essayer de rendre.

Voilà, je l'écris ici, histoire aussi de donner des nouvelles. En résumé ça va, mon cerveau tient toujours en un seul morceau. J'espère que vous allez bien de votre côté :)
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Re: Traduire

Message par GraineDeNana »

Coucou @PointBlanc et contente d'avoir de tes nouvelles ! :coucou:
Bravo pour cette réussite :cheers:
Des contes d'horreur :pale: , j'espère qu'ils ne vont pas m'empêcher de dormir 8o

C'est super que tu sois dans une dynamique aussi positive !
Quand on arrive au monde, la vie est déjà commencée. C'est pour ça qu'on ne comprend rien à l'histoire.
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Message par Judith »

Bravo, ça fait plaisir à lire. :cheers:
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Re: Traduire

Message par sanders »

Merci pour les news qui traduisent la fin d'un premier round, bravo pour ça et bonne continuation du match :glasses:
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

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Re: Traduire

Message par PointBlanc »

Merci :)
GraineDeNana a écrit : sam. 5 août 2023 17:25Des contes d'horreur :pale: , j'espère qu'ils ne vont pas m'empêcher de dormir 8o
L'horreur, chez Ligotti, c'est l'air qu'on respire - même le simple fait qu'on soit là à en respirer :derp1:

Ensuite, quand on est un tout jeune éditeur (parce que "contes d'horreur" me laisse penser que tu as dû chercher le bouquin), il faut bien faire un peu de retape. Mais il n'en fait pas trop, il essaie de mener sérieusement son affaire. Et pour le coup, en matière de communication, ça n'aura rien eu de commun avec mon expérience précédente.

Donc je traduis, c'est officiel. Je ne me dis pas traducteur, mais je traduis des textes, et les difficultés ne m'apparaissent plus aux endroits où je les voyais au départ - j'ai le sentiment d'être passé de la myopie à la presbytie, plus ou moins.
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Re: Traduire

Message par enufsed »

Grand plaisir de lire des nouvelles aussi enthousiasmantes et clairement tu m'as vendu le Green Book avec cette affaire de confession de 30 pages ! C'est toujours vivifiant de voir des gens prendre du plaisir (certainement mêlé d'un peu de sueur et de travail) intellectuel.

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Re: Traduire

Message par PointBlanc »

C'est surtout du plaisir : c'est comme un casse-tête avec lequel on ne s'amuse vraiment qu'à condition de le prendre très au sérieux. On sait, au-delà de ça, que l'enjeu est inexistant, que l'effort en question ne pèse rien - au mieux ce sera un livre de plus dans l'accumulation des livres. Mais passer du temps à tenter de résoudre des difficultés dont personne d'autre ou presque n'aura jamais conscience, s'isoler face à ces fragments qu'on relit inlassablement, jusqu'à ce que tout soit à sa place, c'est grisant, et pendant ce temps-là le monde paraît loin. On a la paix. Ce que veux dire, je crois, c'est que ça n'est pas du temps que je prendrais sur autre chose ; ça n'est pas bien différent des puzzles auxquels j'occupais mes étés il y a deux ou trois ans - sinon que le résultat intéresse potentiellement un peu plus de monde.

Ensuite on ne peut pas nom plus évacuer complètement la satisfaction narcissique qu'il y a à associer son nom à celui d'un auteur auquel on accorde de l'importance, à s'entendre certifier par ceux qui le connaissent aussi qu'on a bel et bien réussi à le rendre en français - ou plus simplement la satisfaction de s'obliger soi-même à admettre que ce truc dont on n'était censément pas capable, hé bien on en est venu à bout, on l'a fait, et d'autres peuvent en témoigner. Disons que ça soulage un peu les vieilles douleurs.
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