Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

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madeleine
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par madeleine »

Merki, tous ! Vous êtes très motivants ... et vu qu'il me reste six chapitres plus la biblio, j'en ai bien besoin :-)
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par madeleine »

Chapitre six;
Bi-exceptionnels
L'un n'empêche pas l'autre

Ce chapitre traite des doubles diagnostics : douance et autisme, douance et troubles psy, douance et troubles des apprentissages, ceux-ci pouvant expliquer partiellement les difficultés scolaires de certains enfants surdoués ; l'auteur évoque également les travaux de Nava Butler-Por, qui ont mis en évidence le rôle majeur de la motivation ( "goût soit pour le travail, soit pour les résultats qu'il pourra obtenir grâce au travail") dans la sous-performance de certains enfants ; il aborde ensuite ce qu'il appelle "la nébuleuse des dys".
Il pose une définition sommaire des différents troubles spécifiques des apprentissages, précisant que leur incidence dans la population surdouée est au moins aussi fréquente (10 - 15 %)que chez les autres, et que "Certains éléments suggèrent même que le risque de trouble des apprentissages augmente avec le QI, rendant les plus doués particulièrement sensibles à ces handicaps, comme l'explique la psychologue Linda Silverman. On sait que la douance est en partie héréditaire. C'est également vrai pour la plupart des troubles de la nébuleuse des "dys". "
Il évoque les difficultés relationnelles et personnelles que ces troubles engendrent et les évaluations largement négatives faites par les enseignants ; parlant plus spécifiquement de la dyslexie, il évoque sommairement une explication spéculative de ce trouble, basée sur les latéralisations cérébrales, sans s'y attarder.
Il évoque ensuite la cohabitation entre "génie et folie", à travers les travaux sur le lien privilégié entre schizophrénie et créativité, évalué par les travaux de P. Brugger, et ceux de M. Isohanni qui "se sont penchés sur les liens éventuels entre la schizophrénie et la réussite scolaire, qui sert ici d'indice (très discutable !) de précocité", et qui suggèrent tous deux un véritable lien avec la douance.
Pour les autres troubles psychiques, la littérature concernant spécifiquement les surdoués est insuffisante. Gauvrit mentionne les travaux de la chercheuse Laurie Martin et al. qui a publié une analyse des publications scientifiques des 25 dernières années sur les personnes bi-exceptionnelles, dont la plus grande partie est inutilisable faute de méthodologie fiable, et qui n'est pas parvenue à faire apparaître un lien significatif entre douance et troubles divers.

Il évoque ensuite le lien entre douance et Spectre du Trouble Autistique : définissant dans un premier temps l'autisme, il précise que "la grosse majorité des enfants autistes souffre de retard mental et de difficultés parfois énormes d'apprentissage sans lien avec la douance". Il évoque ensuite les personnes porteuses du Syndrome d'Asperger, qui ont une intelligence au moins égale à la normale et parfois supérieure "les faisant entrer dans la catégorie des "twice exceptionnal" : à la fois autistes et surdoués", et qui, quoique très médiatisés, sont relativement rares (1 personne sur 160 présenterait une forme d'autisme, 1sur 1000 pourrait être classée Asperger, et parmi ceux-ci tous ne sont pas surdoués). Il évoque les cas d'autistes ayant développé une compétence exceptionnelle, précisant pourquoi il ne s'agit pas dans ce cas de douance, dans la mesure où on l'observe aussi bien pour des personnes avec un retard mental.

Il existe toutefois un nombre troublant de similitudes dans le comportement des jeunes enfants surdoués et des jeunes enfants avec autisme, les rendant parfois difficile à distinguer, qui ont été observées et maintes fois décrites ; il évoque les quelques hypothèses formulées pour expliquer ces similitudes, tout en nuançant leur portée : Temple Grandin, par exemple," suppose qu'en réalité les autistes se distinguent par l'excès d'une compétence bénéfique. Elle explique que la capacité de concentration, la tendance à focaliser toute son attention sur un objet pendant assez longtemps et en faisant abstraction du contexte est évidemment un atout majeur pour bien réussir à l'école. Mais lorsque cette tendance dépasse les bornes, et qu'on devient incapable de se détacher d'un problème particulier, incapable de gérer ses centres d'attention, cet atout à la base de la douance se mue en un handicap qui caractérise l'autisme."

Il s'interroge ensuite sur la possibilité de liens plus profonds, avec prudence ("Ces affinités entre surdoués et autistes pourraient très bien être purement fortuites. Les traits que l'on retrouve chez les uns et les autres pourraient provenir de causes totalement distinctes. En aucun cas on ne peut donc conclure qu'il existe une cause commune, ou un lien profond entre autisme et douance sur la base de ces observations, qui mériteraient d'ailleurs d'être mieux étayées."). Il évoque deux autres hypothèses concernant l'autisme, l'une proche de la théorie de Dabrowski et qui ferait dériver les comportements autistiques d'un excès d'hyperexcitabilité ; l'autre qui est développée par S. Baron-Cohen et qui suppose que les personnalités et centres d'intérêts se répartissent sur un continuum, qui va des "cerveaux sociaux" aux "cerveaux scientifiques" très schématiquement, et où les autistes se trouveraient tout à droite du continuum. Il avance très prudemment la possibilité que "les mêmes causes, à savoir un esprit plus porté vers les objets et les systèmes que vers les relations sociales, à la réflexion abstraite qu'au développement de l'intelligence émotionnelle, auraient pour effet, selon leur degré, la précocité intellectuelle ou l'autisme. A un degré élevé mais raisonnable, ce cerveau se traduirait par une facilité à apprendre des concepts abstraits qui caractérise les petits surdoués. A un degré plus important, trop important, il ferait germer les effets secondaires du repli sur soi, de la difficulté à comprendre les codes sociaux, traits caractéristiques des personnes autistes."
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Invité

Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Invité »

Je ne sais pas trop où coller ce lien, extrait du blog de Gauvrit (on retrouvera cet article sur le site Science pseudo science ultérieurement),
alors je le mets là...

Sur la mesure du QI :

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1324

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Stan
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Stan »

Merci Madeleine ! Voilà qui met l'eau à la bouche.

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Tipiak
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Tipiak »

Un grand merci à toi Madeleine, pour ce résumé neutre, clair et bien structuré. C'est génial. (On a le droit de dire qu'on attend la suite avec impatience alors qu'on sait que c'est beaucoup de travail ? ) :D
Nous ne te lècherons pas car tu es toxique!
Mais ma signature est toujours 20% plus cool, d'ailleurs je retourne sur mon bateau pêcher des colins, signé ton papa le Captain Igloo.

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madeleine
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par madeleine »

chapitre 7
Humour
Un humour décapant ?

"Les anecdotes de réponses décalées, signes d'un humour souvent décapant et toujours désarmant, foisonnent dans la littérature sur les enfants précoces."
L'humour est présenté comme un trait caractéristique de la précocité par la plupart des psychologues dans les ouvrages destinés au grand public. Gauvrit propose de revoir cette assertion pour plusieurs raisons : d'abord pour la raison déjà évoquée du biais récurrent d'échantillonnage, ensuite parce que la littérature scientifique à ce sujet est très limitée, et enfin parce qu'il faut s'accorder sur une définition de l'humour, en particulier celui des enfants, et déterminer les outils qui permettent de le mesurer.
Ces outils ont été élaborés en fonction de l'aspect de l'humour qu'ils tentent de mesurer : capacité à comprendre l'humour, capacité à produire une réponse humoristique, etc. "L'absence de consensus sur la bonne manière de procéder explique en grande partie les résultats divergents concernant l'humour chez les enfants précoces" . L'auteur passe donc en revue un certain nombre de tentatives d'évaluation de l'humour, dans la population générale, pour bien faire comprendre combien il a été difficile d'en faire émerger un consensus et des outils efficaces ( Échelle de Richmond, Échelle de Svebak), puis il aborde les quatre étapes du développement de l'humour chez les enfants : 1-2 ans âge des incongruités comportementales, quand les enfants commencent à remarquer que certains de leurs comportements ont le pouvoir de faire rire les autres ; après 2 ans c'est l'âge des incongruités langagières où l'enfant invente des mots et prend plaisir à voir les adultes s'en amuser ; vers 4 ans arrive l'incongruité conceptuelle, humour absurde que les parents ne trouvent généralement pas aussi drôle que leurs enfants ; et vers 7 ans apparaissent les formes d'humour plus adulte avec jeux de mots et de sens. "Un peu avant ce dernier stade de développement humoristique, vers 6 ou 7 ans, les enfants commencent à rire des plaisanteries d'adultes, mais ne savent pas en général expliquer pourquoi elles sont drôles. Ce n'est que vers 12 ans qu'ils seront finalement capables de comprendre le fonctionnement comique de ces plaisanteries, et d'expliquer le trait principal qui les rend amusantes."

La psychologue Doris Bergen, spécialiste du développement du sens de l'humour, a publié en 2009 une recherche portant spécifiquement sur les enfants surdoués, avec un échantillon de 74 enfants de 7 à 12 ans. Ses résultats mettent en évidence un sens de l'humour plus développé que celui des enfants du même âge pour les petits surdoués de 7 à 9 ans, mais uniquement dans le domaine de l'humour par jeux de mots et de sens. "On retrouve ici une observation clinique récurrente : il semble que ce qui distingue les enfants précoces ne soit pas seulement la quantité de réponses humoristiques produites, ou la propension à rire des blagues des autres, mais le type d'humour qui leur plaît.

On a cherché à comprendre pourquoi l'être humain fait de l'humour ; une hypothèse serait qu'on rit pour améliorer sa santé physique, car un lien a été montré entre sens de l'humour et bonne santé, sans qu'on puisse déterminer qui est la cause de l'autre ... Une autre hypothèse, assez bien admise, lie l'humour à la séduction, en tant que moyen de socialisation. Une autre théorie, développée par Nicholas Kuiper, propose que l'humour soit un système de défense qui sert à faire face au stress et à l'anxiété, un exutoire ; selon lui, seul l'humour positif qui ne dénigre ni l'autre ni soi-même parvient à calmer l'anxiété.
Cette théorie paraît la plus prometteuse pour expliquer l'usage de l'humour par les enfants précoces, aux yeux de Gauvrit.
"Des observateurs et cliniciens ont souvent eu le sentiment que les enfants précoces avaient, plus qu'une quantité d'humour particulière, un style bien à eux. Non seulement leur humour est plus sophistiqué que celui de leurs pairs, mais les thèmes sur lesquels il porte sont également étranges. Le recours à l'humour noir ou au thème de la mort est par exemple souvent avancé comme symptomatique des surdoués. Cette idée est séduisante parce qu'elle prend bien place dans une théorie complète de l'humour chez les ###Dragons de Komodo sociopathes oui mais des Panzani###. Les enfants surdoués comprendraient bien avant les autres les grandes angoisses auxquelles nous sommes confrontés : la maladie, la mort, la méchanceté, l'imperfection du monde'. Cela créerait chez eux une anxiété, des peurs auxquelles, trop jeunes, ils ne peuvent faire face comme les plus grands. En réaction, ils développeraient une forme particulière d'humour qu'ils utiliseraient comme bouclier psychique, comme système de défense.
Malheureusement, cette belle construction théorique où tout s'emboîte bien n'est pas encore validée, à ma connaissance, par des éléments expérimentaux solides. Elle reste pour l'instant hypothétique, même si certains de ses éléments, comme la possibilité que l'humour soit un moyen de défense, sont fort bien étayées."
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Message par Kayeza »

Encore un beau résumé qui met un peu les choses à plat...
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par amalia »

Merci Madeleine
Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson.''Rebecca West

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madeleine
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par madeleine »

chapitre 8
Intelligence émotionnelle
L'intelligence du cœur

En introduction à ce chapitre, l'auteur propose de s'interroger sur ce que recouvre le qualificatif "intelligent", et en particulier de se demander "si l'intelligence renvoie à la capacité de comprendre le fonctionnement du monde, ne doit-on pas inclure ce qui prouve une certaine compréhension du monde social dans lequel nous évoluons ? [...] N'est-il pas capital, dans notre vie de tous les jours, de comprendre les émotions et sentiments des autres, les nôtres aussi, pour pouvoir avancer et interagir intelligemment ?"
Il expose donc le concept d'intelligence émotionnelle, développé depuis 1989 et pour lequel des tests ont été construits qui permettent d'évaluer un QE ou Quotient Émotionnel. "L'intelligence émotionnelle est la capacité à comprendre et à utiliser ses propres émotions ainsi que celles des autres". Quelques considérations sur les tests de QE lui permettent d'introduire la distinction, faite par les psychologues, entre l'intelligence émotionnelle "habileté" et l'intelligence émotionnelle "trait", puis à évoquer les quatre facteurs dominants qui y participent et structureraient cette forme d'intelligence :
- la compréhension de ses propres émotions
- la gestion de ses propres émotions
- la perception et compréhension des émotions d'autrui
- la gestion des émotions et sentiments d'autrui

"Ces quatre facteurs se retrouvent aussi bien dans l'intelligence émotionnelle "trait" que dans l'intelligence émotionnelle "habileté" ". En revanche, chaque test porte plus ou moins sur l'une des deux facettes. Il est du coup difficile de s'y retrouver dans la jungle des mesures."
L'auteur détaille ensuite deux tests parmi les plus utilisés : le SSRI (Schutte Self-Report Inventory), composé d'une série de phrases en auto-évaluation, portant sur des comportements et sentiments usuels, et penche plutôt vers la facette "trait" ; et le MSCEIT (Mayer-Salovey-Caruso Emotional Intelligence Test) qui propose un ensemble d'exercices portant sur les émotions, et tend à mesurer davantage la facette "habileté".
Il en arrive alors "à la question qui motive tout ce chapitre : les surdoués sont-ils particulièrement intelligents émotionnellement ?"

Il détaille d'abord deux études sérieuses, dont les conclusions ne font pas apparaître de différence sur le niveau général d'IE mais uniquement sur deux aspects : les surdoués semblent mieux se conformer à ce qu'on attend d'eux (mesure de désirabilité sociale), et il semblent avoir" un avantage en ce qui concerne le leadership et le jugement moral".
Mais une étude israélienne, n'utilisant que le SSRI et le MSCEIT et portant sur 83 étudiants surdoués et 125 étudiants à l'intelligence moyenne a nuancé ces résultats : les surdoués dépassent les autres au MSCEIT et ont des résultats significativement inférieurs au SSRI.

"Ce dernier résultat suggère donc que les surdoués sont plutôt doués pour comprendre les émotions, ont les capacités nécessaires à une bonne gestion de leurs propres émotions. Pourtant, au lieu d'en profiter, ils auraient des comportements ordinaires bien loin de ces capacités : ils gèrent mal les émotions bien qu'ils en soient capables et ont le sentiment de ne pas comprendre les émotions des autres alors que, mis en situation, ils sont plutôt meilleurs pour décrire et expliquer ces émotions qu'ils disent ne pas comprendre".


Chapitre 9
Créativité
Savez-vous détourner un trombone ?

Dans ce chapitre, l'auteur s'interroge sur le lien entre intelligence et créativité, selon le postulat que "résoudre un problème nouveau qu'on n'a jamais rencontré auparavant, c'est typiquement à cela que sert l'intelligence. C'est sa définition même." Il précise la définition posée par les psychologues de l'intelligence cristallisée (capacité à apprendre et à utiliser des procédures efficaces) et intelligence fluide (capacité à imaginer du neuf, à explorer des pistes originales) qui est aussi le domaine de la créativité.
"Le fait est que l'intelligence cristallisée peut compenser un défaut d'intelligence fluide. Il est possible d'être un surdoué sans être créatif : une mémoire colossale, une rapidité d'exécution des procédures standards, et l'on rejoint le haut du pavé en termes de QI."
L'auteur passe en revue les quatre facteurs généralement retenus statistiquement pour étudier la créativité :
- la fluence, capacité à développer de nombreuses idées en peu de temps ;
- l’originalité ;
- la flexibilité, capacité à changer de thème ;
- l'élaboration, le degré de précision des idées proposées.

A partir de là, des tests de créativité ont été développés, comme celui de J.P. Guilford, le Test des utilisations alternatives, où on dispose de deux minutes pour trouver le plus d'usages d'un objet de la vie courante, ou celui de Torrance, où il faut compléter un dessin pour faire une image complexe, détaillée et narrative. Ces tests permettent d'évaluer la pensée divergente. On utilise également des tests à base de devinettes comme celle-ci :
- Un homme a-t-il le droit de se marier avec la sœur de sa veuve ?
pour évaluer la pensée convergente, qui est aussi liée à une forme de créativité.

On a observé que la créativité a augmenté continuellement tout comme le QI en Occident, selon l'"effet Flynn", mais que depuis le début du 21ème siècle, la créativité décroît : "Cela suggère que la créativité, tout comme d'ailleurs l'intelligence, dépend en partie de notre environnement et de notre culture, même si des preuves irréfutables nous montrent aussi que la génétique explique une bonne partie de ces deux caractéristiques, comme le rappellent Baptiste Barbot de l'université de Yale et ses collègues dans un livre paru en 2013.

Mais quelle est la nature et la force du lien entre créativité et QI ? Il existe une abondante littérature scientifique sur la pensée créative, à partir de laquelle Gauvrit propose une synthèse :
QI et créativité sont corrélés, les personnes à QI élevé ont tendance à avoir des scores de créativité élevés, c'est un lien statistique, vérifié à de multiples reprises. La part de variance attribuable à la créativité dans le QI avoisinerait les 13%, avec cette nuance, appelée "modèle de seuil" qui semble confirmée largement par les données expérimentales et les neurosciences:
"Une intelligence largement supérieure à la moyenne ne change pas grand-chose par rapport à un QI correct : il est seulement nécessaire d'avoir une intelligence au moins moyenne pour pouvoir développer sa créativité, qui est alors à peu près indépendante du QI."

Les liens entre douance et créativité "ont été résumés dans un article de synthèse publié en 2012 par James Kaufman, Jonathan Plucker et Christina Russel. Bien qu'assez critiques sur la qualité de la majorité des recherches dans le domaine, les auteurs concluent qu'il reste peu de doute sur le fait que les petits surdoués brillent également par l'imagination, la fluence et la créativité en général. En réalité, ils vont même plus loin et préconisent de prendre en compte la créativité dans la définition même de la douance, afin de ne pas écarter des programmes éducatifs spécialisés des enfants à l'intelligence élevée quoique non exceptionnelle, mais à la créativité exacerbée. La créativité exceptionnelle semble en effet poser le même genre de défi à l'instruction scolaire que la douance. Maud Besançon, Todd Lubbard et Baptiste Barbot de l'université Paris-Descartes se joignent d'ailleurs à cet avis dans un article récent en préconisant la reconnaissance des" surdoués créatifs"."
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pixelvois
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par pixelvois »

madeleine a écrit :L'auteur détaille ensuite deux tests parmi les plus utilisés : le SSRI (Schutte Self-Report Inventory), composé d'une série de phrases en auto-évaluation, portant sur des comportements et sentiments usuels, et penche plutôt vers la facette "trait" ; et le MSCEIT (Mayer-Salovey-Caruso Emotional Intelligence Test) qui propose un ensemble d'exercices portant sur les émotions, et tend à mesurer davantage la facette "habileté".

( ... ) et il semblent avoir" un avantage en ce qui concerne le leadership et le jugement moral".
Mais une étude israélienne, n'utilisant que le SSRI et le MSCEIT et portant sur 83 étudiants surdoués et 125 étudiants à l'intelligence moyenne a nuancé ces résultats : les surdoués dépassent les autres au MSCEIT et ont des résultats significativement inférieurs au SSRI.

"Ce dernier résultat suggère donc que les surdoués sont plutôt doués pour comprendre les émotions, ont les capacités nécessaires à une bonne gestion de leurs propres émotions. Pourtant, au lieu d'en profiter, ils auraient des comportements ordinaires bien loin de ces capacités : ils gèrent mal les émotions bien qu'ils en soient capables et ont le sentiment de ne pas comprendre les émotions des autres alors que, mis en situation, ils sont plutôt meilleurs pour décrire et expliquer ces émotions qu'ils disent ne pas comprendre".
Alors, donc, il existe finalement de véritables outils suffisamment sérieux pour mesurer un Quotient Émotionnel ?
Et si les surdoués sont "moins bons" au SSRI ( un test en auto-évaluation ^^ ) qu'au MSCEIT, c'est probablement du à la tendance ( assez ) caractéristique de ceux-ci à se dévaloriser ( par le jeu de repères mal placés )...
madeleine a écrit :( ... ) l'auteur s'interroge sur le lien entre intelligence et créativité ( ... )
Là, je suis beaucoup plus dubitatif ( et propage du doute alentours, du même coup ^^ ), concernant la fiabilité de ce(s) test(s) de créativité... sans pouvoir étayer vraiment pourquoi :wasntme: !

Il faudrait, à mon sens, faire le distinguo entre créativité et imagination : les tests ( ou du moins ce que j'en perçois de ton résumé Madeleine ) évoqués me semblent plus orientés vers la seconde ( encore qu'il me faudrait approfondir ce dont il est question ;) ), la première, pour moi, n'étant "envisageablement" mesurable qu'au regard d'un jugement sur cette création ( pour moi, une "création" n'en est pas une juste par le déploiement d'un imaginaire, mais seulement valable si elle en est une qui touche, qui exprime -- en fait, toujours de mon point de vue, toute création est une forme d'expression, utilisant un langage plus ou moins connu du spectateur, de l'observateur... qui peut être utilisé de manière plus ou moins réussie, au même titre qu'une oeuvre littéraire, puisque par « langage » c'est bien à l'expression verbale que l'on fait référence -- ce qui reste éminemment subjectif ^^ )
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par madeleine »

C'est malheureusement le défaut d'un résumé, ou au moins de celui-ci : faire court suppose d'amputer le texte initial par des choix arbitraires, et en particulier l'argumentaire et les nuances ; l'auteur parle dans ce chapitre du débat sur la validité du QE, de la difficulté a s'accorder sur ce qu'est la créativité, il apporte beaucoup de nuances et de précautions à ce qu'il pose, de références aussi. C'est cela que j'aimerais ne pas trahir, si ce n'est pas perceptible je dois revoir ma copie :)
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par madeleine »

Chapitre 10
Morale
Le bien et le mal

Ce chapitre propose d'examiner l'idée, fréquemment avancée, selon laquelle les petits surdoués auraient un sens moral plus précoce et plus développé que les autres enfants ; il y a des arguments pour soutenir que la morale est liée au degré d'intelligence, toutefois il existe une différence entre comprendre les critères moraux et agir en accord avec ceux-ci.

La morale, telle qu'on la conçoit en tant qu'adulte, se construit par étapes, et la notion de bien ou de mal varie avec les années. Selon le psychologue Lawrence Kohlberg, qui y a travaillé plus de 30 ans, elle se développe "par sauts qualitatifs successifs entre lesquels il y a finalement peu de changement", sur le modèle développé par Piaget, et non pas en continu ; et même si cette approche n'est plus universellement reconnue, ces stades de développement servent toujours de référence.

1. Stade pré-conventionnel : entre 4 et 10 ans, où le bien et le mal sont liés à la punition et à l'obéissance ; il s'agit au début d'éviter la punition, puis progressivement d'obtenir une récompense.

2. Stade de la morale conventionnelle : entre 10 et 18 ans, "on s'achemine vers une conception pro-sociale de la morale", où la politesse prend son sens, où est bien ce qui favorise l'harmonie du groupe, où on cherche à éviter non seulement la punition mais aussi la désapprobation, et où la morale tend à se rapprocher de la loi.

3. Stade post-conventionnel : chez les adultes, on comprend que le bien et le mal peuvent varier en fonction des cultures, et que des principes universels engendrent des applications. particulières.

Cette théorie à été construite en demandant à des enfants, des adolescents et des adultes de résoudre des dilemmes moraux, et en classifiant les justifications données pour les choix faits par chacun. Toutefois, certaines recherches ont montré que les choix faits par les adultes dans les dilemmes moraux sont loin d'être toujours aussi rationnels que les justifications qu'ils en donnent. On aboutit à une forme de contradiction, où ce n'est pas forcément le choix qui est lié au développement de l'intelligence, mais celui du raisonnement moral, dans la mesure où il repose directement sur les capacités logiques.

Gauvrit aborde ensuite ce que les psychologues nomment la sensibilité morale, et les corrélats qui ont été apportés par les neurosciences, comme l'existence des neurone miroirs ; celle-ci, "qui inclut l'empathie, le sentiment d'injustice, une préoccupation pour le respect, n'est donc pas uniquement apprise, et si l'intelligence peut y jouer un rôle, elle est moins fondamentale que dans les tâches de raisonnement moraux. On retrouve quelques différences à peu près systématiques entre certains groupes humains, mais l'idée générale qui ressort des études sur la morale est qu'elle a un fond universel, commun à tous les humains. [...] Sexe, politique, religion et éducation ont finalement bien peu d'effet sur notre sens moral."

Enfin, il présente les résultats d'études sur les comportements moraux, qui montrent que ceux-ci sont plus généralement motivés par une pulsion liée aux émotions qu'à la logique.

Ceci permet de bien distinguer entre raisonnement moral, sensibilité morale et comportements moraux.
"Notre capacité à rationaliser des actions a priori immorales, la rupture entre nos croyances, nos convictions et nos actions sont telles qu'on doit à tout prix éviter de tomber dans le piège que nous tend l'intuition en nous faisant penser que la sensibilité morale doit correspondre à un comportement concordant. Même si une personne a un raisonnement et un sens moral élevé, il est bien possible qu'elle se comporte de manière détestable."

Chez les surdoués, le lien entre raisonnement moral et intelligence est relativement bien établi, et marque un développement plus précoce de celui-ci, en lien probablement avec la taille de la mémoire de travail ; "plus généralement, la raison morale est liée à l'intelligence formelle dans la population générale (et pas seulement lorsqu'on oppose les surdoués et les autres), ce qui explique bien évidemment le résultat sur les enfants précoces."
Le lien entre douance et sensibilité morale précoce semble lui validé avec quelques réserves, dues à un niveau de preuve moins bon.
"Reste alors à savoir si ces capacités morales se traduisent par des comportements positifs, ou bien restent lettre morte. Et là, la science est un désert. Certes, on trouve des centaines d'étude de cas montrant que certains enfants précoces ont des comportements moraux tout à fait inattendus à leur âge." Mais on ne peut en tirer de généralités.
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Tipiak »

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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par madeleine »

chapitre 11
Personnalité
A-t-il son caractère ?

On décrit souvent les enfants précoces par des traits de caractères, et certains traits passent même pour des indices distinctifs, mais est-ce une réalité ?

Gauvrit s'attache d’abord à définir ce qu'on entend par personnalité : des dispositions qui se traduisent par des comportements, soit sous forme de tendances générales et qu'on qualifie de "traits", soit sous forme d'"états" qui dépendent du contexte et de l'occasion. Ces distinctions s'appuient sur des études statistiques sur les comportements, qui "montrent que chaque personne révèle une tendance à produire certains types de comportements, et c'est cela qui définit la personnalité." Celle-ci varie assez peu au cours de la vie, sauf de manière transitoire.

Il est plus difficile d'identifier le nombre de traits à prendre en considération pour mesurer une personnalité ; l'auteur évoque les différentes théories et leur histoire, qui ont permis de construire les tests de personnalité utilisés aujourd'hui. Selon la précision désirée, on utilise de cinq à trente (ou plus) traits.

L'auteur consacre quelques paragraphes aux tests projectifs, comme le Rorschach ou le CAT, pour conclure qu'ils n'ont pas de valeur ajoutée par rapport à un simple entretien pour évaluer une personnalité, leur préférant "d'autres tests beaucoup plus sobres et bien validés comme certains questionnaires", validés par des études de grande ampleur et des analyses statistiques fines.

Ceux-ci se font soit en auto- soit en hétéro-évaluation, qui donnent des mesures plutôt fiables et peu divergentes. Ils sont construits de manière à donner des scores pour chacun des traits de personnalité retenus, en fonction d'a priori théoriques ou, ce qui est davantage le cas des plus récents, d'études statistiques montrant l'importance de certains traits.

"La plupart des études sur le caractère des petits ###Dragons de Komodo sociopathes oui mais des Panzani### sont relativement anciennes et utilisent de ce fait des tests et des théories de la personnalité assez variés, qu'il est parfois ardu de mettre en correspondance pour synthétiser le tout." Le modèle actuellement dominant d'évaluation de la personnalité repose sur la théorie des "Big Five", ou CANOE, ou OCEAN. "Il faut bien comprendre que même si la personnalité peut sembler un terrain hautement subjectif et vague, sa mesure est abordée de manière tout à fait scientifique et nécessite un ensemble d'études à la fois théoriques et empiriques." L'auteur donne les arguments qui valident ce modèle, qui permet d'établir un profil de personnalité lisible, valide, et peu dépendant des conditions de passation. "En outre, il est corrélé aux comportements. C'est tout ce qu'on lui demande."

Le modèle OCEAN est ensuite expliqué dans les détails :

O = ouverture (curieux, imaginatif, artiste)
C = conscience (efficace, organisé, minutieux)
E = extraversion (sociable, énergique, expansif)
A = agréabilité (indulgent, chaleureux, sympathique)
N = névrosisme (tendu, irritable, maussade)

Un certain nombre de questions permet d'établir un score par catégorie et l'ensemble forme la personnalité ; les enfants surdoués présentent-ils une personnalité particulière dans ce cadre théorique ? L'auteur passe en revue plusieurs études, soulignant la difficulté d'en tirer des conclusions fiables à cause de biais divers ; il en ressort que, s'il existe un lien entre la personnalité et l'intelligence dans la population générale, il est faible, et que "globalement, la personnalité semble relativement peu liée à la douance, à supposer qu'un lien existe."

A la question "les surdoués ont-ils une personnalité particulière ?", l'auteur répond :
"Certains éléments vont dans ce sens : ils seraient en moyenne moins consciencieux (niveau de preuve faible), plus ouverts à la nouveauté (niveau de preuve moyen), moins anxieux (bon niveau de preuve) et plus sensibles (niveau de preuve moyen)."
A la question "la personnalité permet-elle de détecter des surdoués ?", l'auteur répond :
"Non : lorsque des différences sont trouvées, elles sont toujours faibles et indiquent surtout une grande similarité entre enfants précoces et ordinaires. Malgré tout, l'ouverture à la nouveauté semble être le meilleur prédicteur disponible parmi les dimensions du modèle OCEAN."



Conclusion
Adapter l'enseignement ?

En conclusion, Gauvrit aborde la place des surdoués dans le monde scolaire, les évolutions et pistes pédagogiques, avec les avantages et inconvénients constatés. Il souligne combien l'école reste un "champ de bataille idéologique", dont une part non négligeable d'enfants surdoués fait les frais.

Les 18 pages suivantes contiennent la bibliographie retenue pour chaque chapitre, et elle justifieraient à elles seules l'achat de ce livre hautement recommandable :-)
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Bradeck »

Je n'ai qu'un mot Madeleine: Génial ! Je ne peux qu'applaudir de tout ce travail, à lire en buvant un thé...

Nouvel arrivant, je me risque peu-à peu à sortir du "hall", et venait justement voir ici si le livre "Les surdoués ordinaires" était décortiqué, car je venais de le prendre et de le lire.
Mon questionnement est très récent, le diagnostique également (vendredi dernier), et mis à part surfer sur le web, je n'avais lu que JSF et Bost (avant le test) avant de prendre celui-là (Après le test).
J'avais craqué car il m'apparaissait que l'auteur ayant un background matheux, son approche devait plus s'approcher du mode de raisonnement que j'emploie (background thésard en bio-math). Vieux réflexe d'apprenti chercheur, j'ai regardé la biblio avant tout, puis la table des matières. Et bien en les voyant je n'ai pas hésité le quart d'un dixième de seconde, zou, direction la caisse.

Et sincèrement, pour moi les deux autres étaient un peu "bof-bof', dans le sens: Ok, je comprends, mais j'ai quand même l'impression que beaucoup pourraient s'y reconnaitre (surtout JSF). Je trouvais que cela manquait de substrat en somme (enfin, de substrat avec lequel j'aie une appétence naturelle s'entend).

Mais je n'ai rien à ajouter à ce qu'a dit Madeleine dans sa suite de postes mirifiques.
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par TourneLune »

Quel travail! Merci Madeleine, je crois que je vais l'acheter celui-là....

Faut qu'on se bouge les fesses pour mettre tout ca sur le site adulte-surdoue.org, si tu veux bien. Ça y a plus que largement sa place!!!

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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Tipiak »

Totalement d'accord ! Un grand merci, Madeleine, pour la qualité de ton travail ! :)
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Callie »

Merci bcp ! Je suis une grande fan du "couple" Gauvrit /ramus... Des pointures comme on en a peu en France...
:emo:

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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Grabote »

:ensoleillé: MERCI +++ Madeleine pour ce compte rendu passionnant :ensoleillé:

Ton résumé est très agréable à lire et donne envie de lire le livre.
Ça donne l'impression de faire le point sur l'état des recherches sérieuses sur le sujet.

Je crois que c'est celui là que je vais demander pour noël ;)
L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant. René char

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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par sandrinef »

Un grand merci à toi Madeleine. Je vais commander ce livre, tes synthèses donnent envie d'en savoir davantage et je suis intéressée par cette bibliographie dont tu parles.
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Catwoman »

Merci beaucoup pour ce résumé. C'est vrai que j'ai eu peur à certains moments de me perdre dans tous les articles et livres sur la douance. C'est plaisant de lire un raisonnement critique des différentes théories et études à ce sujet. J'essaie de me le procurer bientôt :)

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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Riffifi »

Grand merci à Madeleine pour le résumé qui m'a aussi donné envie de lire, et sans qui je n'aurais même pas regardé pas acheté ce bouquin.
Après plusieurs lectures je trouve ce livre toujours intéressant, simple à lire mais qui donne envie de rester en éveil sur la recherche sur le sujet. Personnellement il a aussi contribué à une certaine prise de recul.
Et maintenant, je le prête, au cas où ça donnerait du recul aux autres aussi :angel:
Où que tu sois, creuse profond. En bas, c’est la source.
Laisse les hommes noirs crier : « En bas, c’est toujours l’enfer".

(merci Friedrich)

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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par prince2phore »

Incroyable résumé de Madeleine !
Pour ceux qui en veulent encore, sont curieux de connaître la voix de nico ou encore ont eut la flemme de lire le résumé de ce fil, l'émission de France culture sur le sujet est toujours ré-écoutable ici :
http://www.franceinter.fr/emission-la-t ... ordinaires

PS: En plus d'être à l'AFIS, Nicolas est aussi zététicien, c'est comme ça que je l'ai connu d'ailleurs, ce qui explique sa rigueur dans le traitement des sujets qu'il étudie. Je vous conseille aussi son travaille de vulgarisation sur les statistiques, même si c'est un peu hors sujet :)
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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Azore »

Je crois que je me suis procuré ce livre dès le deuxième résumé de Madeleine, tant la démarche de l'auteur me semblait prometteuse (encore merci, Madeleine !). Et je n'ai pas été déçue !

C'est un excellent ouvrage pour qui est déjà bien informé sur la douance et qui cherche, non pas à se (re)connaître, mais plutôt à prendre de la hauteur sur le sujet, à porter un regard détaché et scientifique. En effet, la plupart des ouvrages écrits sur le sujet sont écrits par des cliniciens. Or, Nicolas Gauvrit rappelle à de nombreuses reprises que les surdoués qui consultent sont ceux qui souffrent, ce qui ne manque pas de déformer l'image que nous avons de la personnalité du surdoué.

Un livre intelligent, sérieux et salutaire, car il permet de sortir du regard "de l'intérieur" des TIPEH et autres, étape évidemment essentielle dans toute démarche de découverte de soi, mais qu'il faut dépasser si l'on souhaite en savoir davantage sur les caractéristiques objectives de la douance. Quand on a dépassé cette phase un peu autocentrée, pendant laquelle on a surtout besoin de se rassurer, de changer son regard sur sa différence de manière positive, ça fait du bien, je trouve, de se replacer à une échelle plus grande, dans l'ordre du monde, de réaliser que oui, on est différent, mais qu'on n'est pas non plus un extra-terrestre ou une race à part ou un sur-homme. Bref, ça remet les idées en place ! Merci, monsieur Gauvrit !
Azore
"Créer, c'est vivre deux fois." Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe.

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Re: Les surdoués ordinaires, de Nicolas Gauvrit

Message par Givré »

Chapeau bas, Madeleine ... :lire2: , pour ce giga résumé, excellemment synthétisé, structuré ... :nod: ,
bref de toute haute qualité ! ! ... :clap: ... :respect:
Avatar = Lucas Cranach (l'Ancien) Adam et Ève (1533) [Un des 31tableaux sur ce thème] .. Humains, certes .. mais néanmoins Mammifères !
"La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie" Sénèque

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