Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
BrunoMZ
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par BrunoMZ »

Bonjour à tous et toutes,
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Je ne sais pas si ça servira à qui que ce soit que je partage mon vécu et doute fort.

Ce témoignage n'est là que pour partager ce vécu au cas où il serait utile à quelqu'un et non pour susciter de la peine, de la souffrance, de la compassion, de l’apitoiement, ni quoi que ce soit dans le genre. Tout commentaire dans ce sens est à éviter autant que possible. La peur d'être le centre des attentions, l'horreur de ce genre de situation, la peur de faire perdre du temps, la peur de faire du mal avec, etc. sont autant de sentiments (tout aussi importants les uns que les autres) qui m'ont freiné jusqu'ici à parler de ça sur le forum. Pas que j'aie quoi que ce soit à cacher, il suffit que l'on me pose la question pour que j'en parle (trop à mon goût, mais ça sort tout seul).

Tout commentaire du genre, « va voir un psy », « t’as besoin d’aide », etc sont également inutiles.

J'espère ne pas vous faire perdre du temps ni faire du mal à qui que ce soit avec ce partage.
Enfin voilà:

Depuis plusieurs années (je ne les compte plus) je suis conscient que j'ai un TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif) mental qui consiste a répéter des groupes de pensés plusieurs fois jusqu'à ce que le fait de ne pas le faire ne m'angoisse pas.
Ça a commencé (avant que j'en sois conscient) par des pensés plutôt utopistes mais qu'il me fallait répéter du genre "j'espère que plus aucun être vivant ne mourra".
D'années en années, ça a évoluer vers des pensées du genre "je ne veux en aucun cas faire quelque soit le mal à qui que ce soit [etc]".
Ça n'a fait que s'étoffer ou légèrement se modifier en fonction de mon vécu.
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voir des films violents que ce soit sexuellement ou autre devenait de plus en plus impossible.
Même des films que j'aimais (films de société, drames, etc. Par exemple Alabama Monroe) provoquaient des émotions tellement violente en moi que aujourd'hui je ne regarde essentiellement que des dessins animés ou des films nuls que j’espère ne déclencher que des pensées peut envahissantes.
Par exemple, quand je vois une scène de violence, je me répète inlassablement "ce personnage est un monstre, un assassin [etc]. Il mérite d'aller en prison et ne plus jamais en sortir. Pas l'acteur bien sûr mais le personnage. [etc]".
Ce genre de pensé se suivent généralement par d'autres comme "j'espère que je ne suis pas un tel monstre".
En plus des films violents, même des films qui à priori ne devraient pas déclencher ce genre de pensées ont finit par en déclencher. Un exemple parlant est "la famille bélier" (que j'ai aimé au passage) qui m'a profondément mis mal à l'aise car la peur d'être un pédophile n'a fait que monter en raison de pensées du genre "ce n'est qu'une enfant [en parlant du personnage principal], je ne suis en aucun cas cas attiré par un enfant garçon ou fille. J'espère que je ne suis pas un pédophile".

Ce genre de pensées sont également présentes dans mon jour le jour. Surtout si je suis fatigué. Un jour en allant chez le psychiatre à Toulouse, j'étais très déprimé, épuisé et le passage par la rue et les transports en communs m'a totalement démoli en raison de pensées déclenchées par tout ce que je voyais, entendais, ressentais et également par des mécanismes internes que je rapproche plus de sensations que d'images. Je suis arrivé chez le psychiatre en larmes, affolé, perdu, désorienté.
Les pensées en question sont du genre:
- Lorsque je vois une femme "je ne suis en aucun attiré par elle", "les femmes ne sont pas des objets encore moi des objets à sexe. Elles ne se résument pas à leur corps, encore moins à leurs sexe. Elles ne sont pas des salopes encore moins des sexes sur pattes", "j'espère que je ne suis pas un violeur. j'espère que je n'en serais pas un". précédé ou non de "oui cette femme est belle, mais"
- Lorsque je vois un enfant, le même genre que l'exemple du film plus haut.
- etc.

Les objets potentiellement dangereux (quels qu’ils soient, que ce soit des armes ou des outils d'usage courant comme une voiture) déclenchaient chez moi un malaise profond suivit de pensées obsédantes la plus part du temps sans avoir déclenché d'image. Juste l'angoisse que je pourrais faire du mal avec ou que l'objet pourrais faire du mal à quelqu'un suffisait à déclencher l'enfer.
Je parle au passé, pas parce que ce n'est plus présent, mais parce que ça s'est un peu calmé.

Cet enfer m'a mené à m'isoler complètement pour m'assurer que je n'étais un danger pour personne ainsi que pour ne pas être le centre des attentions ni faire perdre du temps en en parlant, à refuser toute relation amoureuse de peur de faire du mal à la femme en question, à avoir envide de "mourir le plus vite possible, seul dans l'oubli, sans faire du mal à qui que ce soit ni à quelque soit l'être vivant plus généralement (humains y compris), ni à quelque soit l'écosystème, ni à quelque soit la partie de la nature, que ce soit directement ou indirectement, que ce soit physiquement ou psychologiquement, que ce soit avant, pendant ou après ma mort" (entre guillemets car il s'agit d'une pensée obsédante).

Aujourd'hui j'ai surmonté une toute petite partie de tout ça:
- J'ai quelqu'un dans ma vie et chaque jour, chaque seconde, chaque instant j'ai peur de lui faire du mal, de l'entraîner dans un enfer.
- Bien que je soit encore très mal à l'aise en société surtout avec des gens que je connais sans vraiment les fréquenter, je suis beaucoup moins isolé
- Avec ma chérie on veut avoir des enfants malgré la peur qui m'angoisse de leur faire du mal

Cet enfer est donc aujourd'hui plus discret mais toujours présent guettant mes moments de fatigues, mes émotions négatives (telles que la colère) où il m'emporte dans une spirale infernale d'angoisses.

On peut l'appeler phobie d'impulsion aggravée par un TOC ou comme on veut. Savoir les termes qui y sont associés, en parler, savoir que d'autres vivent un tel enfer, etc. ne changent rien. L'enfer n'en est pas pour autant amoindrit.

Mais je m'y suis habitué et chaque jour je m'efforce de vivre, d'avancer, de ne pas reculer, de construire malgré lui et de faire les choses de mon mieux dans l'intérêt de toutes et de tous sans faire du mal à qui que ce soit.

<Edit> J'ai pris le temps de lire quelques témoignages publiés sur ce fil et me suis retrouvé dans plusieurs des situations décrites. Merci à toutes et tous d'avoir partagé vos histoires.

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Fu
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Fu »

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enufsed
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par enufsed »

Sujet passionnant et qui m'interpelle au plus haut point. Je pense qu'il peut être utile de renverser les points de vue et parfois d'embrasser (accepter) nos pulsions réfrénées avec bienveillance précisément parce qu'elles sont réfrénées : plutôt que de voir dans leur possible accomplissement le signe d'une monstruosité latente, percevoir que le fait même de les tenir en laisse et de produire un discours rationnel sur elles, qu'il soit culpabilisant ou juste tentative de les comprendre, c'est cela qui précisément construit notre humanité au sens d'une capacité de vivre ensemble (et un peu avec soi-même).
Pour avoir malheureusement trop côtoyé dans ma vie des situations où d'autres, proches ou moins proches, ont sombré sous le poids de leurs pulsions (pas toujours en raison d'une pathologie avérée) les conduisant en HP voire, malheureusement, au suicide, j'ai appris à accueillir mes propres pulsions avec plus de recul, comme si ces douloureuses expériences avaient permis de tracer une ligne plus ou moins claire, la fameuse "borderline", entre la pulsion et le basculement. D'ailleurs dans les cas de basculement précisément on est rarement face à une pulsion qui s'accomplit mais plutôt des mécanismes au long cours qui opèrent et se révèlent au terme d'une maturation plus ou moins longue.
Il faudrait l'expertise de la psychanalyse pour saisir les mécanismes sous-jacents de tout ça, je n'ai aucune connaissance ni compétence là-dedans, mais pour ma part j'essaye petit à petit d'accepter mon propre chaos et accepter le chaos de l'autre sans partir en courant et sans chercher à retrouver un paradis perdu de mon enfance où je croyais que tout obéissait à un ordre souple et fluide.

Les manifestations que vous exposez ici, j'en connais un certain nombre, et d'autres aussi qui n'ont pas été citées, qui dans certaines situations occupent tout mon esprit laissant mon corps continuer à s'exprimer et entretenir la conversation sans que les interlocuteurs s'en rendent compte. Pulsions violentes vis-à-vis de personnes que j'aime ou de moi-même, pulsions de désir vis-à-vis de personnes pour lesquelles je n'ai aucune attirance, même parfois que je méprise. Finalement souvent des pulsions qui vont à l'encontre de ce qui est conscient. Plutôt que de m'effrayer de leur existence, je m'émerveille de la capacité de notre esprit à les contenir. Parce qu'évidemment quand on a envie de pousser la femme qu'on aime du haut de la falaise c'est quelque chose de totalement différent qui se joue en nous, et ça par contre j'aimerais bien en connaître le sens ;)

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Swinn
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Swinn »

Ce forum peut avoir parfois quelque chose de cathartique !!! :cheers:

Moi aussi qui pensais avoir un monstre tapi en moi , il m' apparait à vous lire que je ne suis pas le seul à abriter quelques infâmes impulsions et que cela est désormais identifié et nommé.
L'important est de toujours exposer les monstres que l'on abrite en pleine lumière, on se rend compte alors qu'ils ne sont ni si dangereux ni si effrayants que cela , bien souvent alors, ils finissent sous forme d' inoffensifs polichinelles à ranger dans un placard.

J' ai le sentiment que cette obsession impulsive relève inconsciemment de la tentation du pire, une curiosité morbide et malsaine qui nous pousse à nous demander , et si je le faisais ? qu'est ce qui se passerait ?
Ce n' est qu' un mécanisme intellectuel bien involontaire même si l' horreur des pensées suscitées et surtout l' incompréhension et la culpabilité engendrées pour avoir eu de telles pensées peuvent durablement marquer la psyché.

Je suis heureux de voir ici que je ne suis pas le seul à avoir éprouvé ce genre de flash comme le décrit bien Fu, envers les gens que j' aime le plus , ma fille notamment, dans d' autres situations également pendant lesquelles si j'avais suivi " mon impulsion " il n' y aurait pas eu mort d' homme si ce n' est la mienne obligé que j' aurais été de me suicider pour m' épargner la honte et le déshonneur qui s' en serait suivi.
( Et encore , le suicide peut il être considéré comme une tentation du pire à l' instar d' une obsession compulsive ?)

Bref, dieu merci et bien évidemment, , comme pour chacun d' entre vous ici qui a connu ce genre de phénomène, il n' y a jamais eu de passage à l' acte et il n' y en aura jamais, auquel cas cela relèverait de la psychiatrie, du pénal et vraisemblablement de la guillotine pour tous si elle existait encore.

Maintenant , plus serein face à ces impulsions, si elles me reviennent, je saurai qu'elles ne sont que simples et sales constructions mentales sans conséquences ni gravité , et que l' inquiétude que je pouvais éprouver lorsqu'elles arrivaient finalement serait plus rapidement circonscrite et combattue, et que surtout, je ne suis pas le seul à fabriquer en moi-même ce genre de d 'horreur.
Il sera plus compliqué en revanche de me soulager de la culpabilité que j' ai pu éprouver pendant très longtemps en me remémorant certaines de ces très vieilles impulsions que j' ai pu ressentir étant enfant.
"Nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes"
Cioran

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Loefen
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Loefen »

Je me pose une question.... j'ai été assaillie de nouveau par ces impulsions il y a quelques jours.
La première fois, j'étais étudiante... je l'ai raconté plus haut.

Je ne vais pas décrire par le menu détail cette impulsion. Cette fois-ci ,elle était tournée vers mes filles, ce que j'ai de plus précieux. D'où culpabilité +++ sentiment de panique +++ Bref.

Comme je suis maintenant avertie, grâce à ce post ô combien salvateur... j'ai pu prendre de la distance (après coup, une fois l'émotion passée) et réfléchir au pourquoi de ces pensées.

La première fois que ces impulsions sont apparues, j'étais confrontée à quelque chose que je n'arrivais pas à surmonter. C'était trop énorme et trop complexe. J'étais paumée.

Cette fois-ci, ces impulsions ont fait suite à une séance particulièrement dure avec ma psy où j'ai perdu mes illusions : celle d'avoir une mère aimante (entre autre réjouissances. ) J'ai fait le deuil de la famille rêvée telle que je la concevais.

Je me demande donc si ces impulsions n'apparaissent pas pour que nous ayons une impression de contrôle lorsque nous sommes confrontés à des situations qui nous échappent.

Me comprenez-vous ?

Je ne peux pas faire en sorte que ma mère m'aime... car c'est un problème qui ne regarde qu'elle. je n'ai aucun pouvoir là-dessus. Et paf, comme je vis quand même mal la chose et que cela me chagrine de comprendre que je ne pourrai rien faire pour remédier à ce problème, j'ai eu cette horrible obsession impulsive contre laquelle je me suis battue bec et ongle en me disant : non, résiste... tu es plus forte que ça, tu peux dominer ces pensées.

A choc extrême, obsession impulsive ?

Invité

Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Invité »

Il me semble en tout cas que c’est certainement une forme d’expression de stress, d’anxiété, vu de l’extérieur (c’est à dire n’ayant a priori pas vécu ces expériences.)

BrunoMZ
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par BrunoMZ »

Un de mes psy m'a dit (pas avec ces mots) que j'avais l'automatisme d'imaginer toujours le pire qui pourrait se produire dans chaque situation que je vis et que c'est ce qui me paralysait. Sans résoudre le problème, ça m'a aider à mieux le comprendre.

Par exemple: lors d'un cours sur l'utilisation d'outils dangereux au travail, lorsque c'était mon tour de prendre la tronçonneuse et que je l'ai eue dans les mains, je me suis vu massacrer mes collègues de classe avec (une des rares fois que j'ai identifié une image à l'origine de mes pensées obsédantes). La tronçonneuse est un outil qui peut s'avérer une arme si mal utilisée, et c'est le fait que cette affirmation soit vrai qui a déclenché ma peur de faire du mal. C'est valable pour les voitures pour un autre exemple.

Est-ce que ce mécanisme se produit chez d'autres qui vivent les obsessions impulsives?

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Gioia
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Gioia »

Bonjour/Bonsoir :clin:

Je me permets de remonter ce topic, après en avoir parcouru le contenu, et aussi parce que je suis plongée en ce moment dans ces pensées de m...., visiblement familières à certains d'entre vous. J'ai expérimenté cela avec parcimonie à divers moments de ma vie, et là ça vient me refrapper à l'aube d'un grand renouveau dans ma vie, et donc une période d'inconnu qui se profile.

Je me rends compte que j'ai toujours eu la fâcheuse tendance à m'imaginer le pire, et c'est de là je crois que tout part: "Imagine que tu fais ça dans telle situation", "imagine que tu perds le contrôle et que tu deviens folle", "imagine qu'il t'arrive le même problème qu'un tel", etc etc. Dès lors, ces réflexions vont faire naître un malaise soudain et je vais cristalliser alors de manière irrationnelle toutes mes énergies autour de l'objet de ma peur (imaginaire bien sûr, car dans le cadre du Toc c'est toujours imaginaire). Le cerveau est bien fait, rien de plus logique qu'un conditionnement se mette à opérer par la suite et donc créer non seulement une idée obsessionnelle mais une sorte d'élastique qui va nous renvoyer à cette idée au moindre stimulus observé. Les degrés sont bien sûr variables en fonction de chacun.

C'est cette question, de Loefen, qui m'a donné envie de contribuer au sujet:
"Je me demande si ces impulsions n'apparaissent pas pour que nous ayons une impression de contrôle lorsque nous sommes confrontés à des situations qui nous échappent."
Pour moi oui, définitivement oui. C'est un mécanisme du cerveau qui opère non pour nous détruire mais pour nous protéger de quelque chose de latent, qui nous échappe, qu'on ne contrôle pas. C'est paradoxal, c'est une protection contre la peur, en provoquant un malaise ou de la peur à un autre niveau.

La peur d'une situation imaginaire qu'on va créer de toute pièce peut nous mener à fixer sur ce type d'idées très inconfortables, mais la peur de pouvoir vivre enfin le bonheur aussi. Car si on a passé toute une vie à croire au pire, lâcher cela pour enfin aller vers le bonheur peut opérer une forme de résistance, qui va avoir besoin d'aller puiser dans tout ce qu'on a toujours connu pour ne pas mourir. Ma proposition (qui je pense est la solution si on arrive à maintenir le cap) est d'accepter ces idées, aussi difficiles soient-elles, comprendre qu'elles sont là pour une raison et leur laisser la place qu'elles ont, c'est à dire juste des idées que notre cerveau a crées. Rien de plus, rien de moins. Si notre cerveau les a crées, faisons-lui confiance dans sa capacité à les décréer. Il a exactement le même potentiel dans le processus inverse. C'est l'émotionnel que nous greffons autour de ces pensées qui fait de ce problème un problème. Sans la partie émotionnelle, ce ne sont que des idées qui viennent et qui passent.

:hai:

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Gail
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Gail »

@[mention]Gioia[/mention] Merci d'avoir déterré ce topic et de l'avoir fait maintenant! Il y a une incroyable résonnance entre ce que tu écris et la conclusion de mes réflexions hier soir:
Gioia a écrit : lun. 21 oct. 2019 00:29 La peur d'une situation imaginaire qu'on va créer de toute pièce peut nous mener à fixer sur ce type d'idées très inconfortables, mais la peur de pouvoir vivre enfin le bonheur aussi. Car si on a passé toute une vie à croire au pire, lâcher cela pour enfin aller vers le bonheur peut opérer une forme de résistance, qui va avoir besoin d'aller puiser dans tout ce qu'on a toujours connu pour ne pas mourir.
Et ta proposition me ramène comme souvent en ce moment à la Pleine Conscience et à la thérapie d'acceptation et engagement (ACT)
Gioia a écrit : lun. 21 oct. 2019 00:29Ma proposition (qui je pense est la solution si on arrive à maintenir le cap) est d'accepter ces idées, aussi difficiles soient-elles, comprendre qu'elles sont là pour une raison et leur laisser la place qu'elles ont, c'est à dire juste des idées que notre cerveau a crées. Rien de plus, rien de moins. Si notre cerveau les a crées, faisons-lui confiance dans sa capacité à les décréer. Il a exactement le même potentiel dans le processus inverse. C'est l'émotionnel que nous greffons autour de ces pensées qui fait de ce problème un problème. Sans la partie émotionnelle, ce ne sont que des idées qui viennent et qui passent.
Il ne me reste plus qu'à dévorer tout le fil pour maîtriser cette nouvelle clé de lecture. Je reviendrai compléter avec des réflexions un peu moins égocentrées après ( si tout n'a pas déjà été dit...)
Ça embrouille mais c'est pas si bête, ça met des grelots dans la tête
Les Elles - Milo

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Gioia
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Gioia »

Chère Gail,

Très heureuse que mon message ait pu faire résonnance et au bon moment !
Au plaisir de te lire :coucou:

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Chini
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Chini »

Bonjour,
Je viens de lire tout le post et à moi aussi, il me parle beaucoup. Mais plusieurs idées s’entremêlent, alors je les expose car peut-être que cela peut apporter quelque chose à la réflexion.

Je pense que ces images ou obsessions impulsives peuvent être de différentes natures.

Il m’arrive d’avoir ces images dans la tête, ce que Fu appelle des « flashs ». Ce ne sont pas que des images d’ailleurs, ces flashs sont accompagnés de sons, de perceptions (mais cela reste imaginaire, je n’entends et ne sens rien en vrai). Les plus simples à décrire sont survenus à la naissance de mon ainée, ils étaient liés au post-partum. J’avais la chance d’être en psychothérapie à ce moment-là et mon psy m’a apaisée en me parlant d’hypervigilance tout à fait naturelle. J’étais en train de me préparer à mon rôle de mère, identifiant les dangers de ce qui pourrait arriver par ces images (des trucs horribles…) et bien entendu, je faisais également partie du danger potentiel… Le fait qu’il ait normalisé la chose et qu’il ait mis en avant mon énorme imagination ont fait que je n’y ai plus porté attention et que ces images n’étant plus accompagnées d’angoisse ou de culpabilité se sont estompées.

En ce temps-là, je notais mes rêves. Extrêmement détaillés, très visuels. Je ne rêve plus aujourd’hui (ou plutôt tout est bien enfermé depuis des années). Quand j’étais petite, j’ai été sujette aux cauchemars, qui ont duré extrêmement longtemps et étaient paralysants. J’y pensais le jour, j’avais peur et j’imaginais le cauchemar continuer. Toujours beaucoup de détails et de sensations. Mon fils de 5 ans fait les mêmes aujourd’hui. Il ne peut rester seule dans une pièce, il a peur de son imaginaire.

D’autres flashs, mais d’une autre nature. Ceux que j’avais pendant les années où ma mère faisait des épisodes psychotiques. L’anxiété était telle que mon esprit cherchait une solution à ce cauchemar. Et parmi les solutions, venaient des images violentes (mais sans aucune envie de passer à l’acte, cela montrait plus la volonté que ça s’arrête). D’ailleurs, ma mère a décrit des années après les signes avant-coureurs de sa psychose. Parmi ceux-là, le flash de s’exploser en voiture. C’étaient des flashs qui exprimaient la volonté que ça s’arrête aussi, mais ces flashs-là signaient le risque suicidaire.

Aujourd’hui, je suis toujours dans l’ultra-vigilance. Ces flashs continuent, mais pour m’avertir des dangers que peuvent encourir mes enfants par exemple. Et finalement, je les interprète comme dû à mon extrême imagination, un peu à mes traumas (la sensation que le pire peut arriver à n’importe quel moment), le besoin de contrôle, d’anticiper les dangers….

Et enfin, ce que je voulais principalement ajouter à la réflexion.
Depuis que j’ai eu un pré-diagnostic (enfin une suspicion) d’Asperger, je me demande dans quelle mesure les traits autistiques, pour lesquels il semblerait que la pensée se fasse aussi beaucoup par l’image, ne viendraient s’ajouter au tableau… (tout ça n’est qu’hypothétique, car je ne suis pas diagnostiquée, et je tire mes infos de mes lectures très récentes sur l’autisme, il y a peut-être encore des choses que j’interprète mal). Nombreux sont les HP sur ce forum qui se reconnaissent des traits autistiques, ou sont formellement diagnostiqués TSA.

J’ai aussi des rémanences de musique dans la tête, de paroles aussi (cela semble aussi faire partie de mes traits autistiques – c’est la rémanence dans l’épreuve de la mémoire des chiffres qui m’a mis la puce à l’oreille). Un certain système inhibiteur moins performant pourrait en être la cause (le même qui explique l’écholalie). Alors pourquoi est-ce que cela n’arriverait pas aussi avec les images (nous qui sommes submergés d’images violentes dans les films) ? Le système inhibiteur de pensées inappropriées pourrait-il être moins performant et laisser passer ces images parasites – transformées par notre vécu ?

Voilà, désolée si j’ai peut-être dit plein de bêtises toutes emmêlées et désolée pour le méga pavé :1cache: Peut-être verrez-vous mieux que moi ce que j'ai voulu dire :think:

Mais tout cela pour dire que nos cerveaux sont de sacrées machines, liés à nos émotions les plus primitives (la peur du danger). Je rejoins ce que viens de dire [mention]Gioia[/mention] : "sans la partie émotionnelle, ce ne sont que des idées qui viennent et qui passent"

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Gioia
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Gioia »

Bonjour Chini :hai:

Je ne sais pas s'il s'agit vraiment de pensées ou images inappropriées en fait. Elles le sont certes d'un point de vue objectif (se focaliser sur sa déglutition n'a rien d'approprié c'est vrai :lol: :rofl: ) , mais je pense qu'elles ont un sens. Pour mon cas par exemple c'est pas la première fois que je fixe sur des idées autour de la bouche, la gorge, et je sais que cette zone est souvent en lien avec l'expression, la communication, chose qui me fait défaut dans la vie de tous les jours. Pourquoi on fixe sur des idées et pas d'autres ? Je pense qu'inconsciemment elles font résonnance avec quelque chose.
Ce qui va rendre le contenu inapproprié pour moi c'est plus la crainte qui va être ressentie tout de suite suite face à l'image, la pensée, la première fois qu'elle nous vient en tête. Car c'est bien ce qui va découler de cela, les pensées et émotions qui vont suivre, qui vont créer et alimenter le cercle vicieux (qui peut se mettre en place super rapidement), plutôt que l'image ou la pensée elles-mêmes.
Exemple: Je suis en train de passer un moment agréable avec mes amis.
Soudain je vais m'imaginer prendre un couteau et les tuer.
Je ressens alors un malaise, voire une angoisse.
Le fait de ressentir ce malaise va me faire cogiter sur le pourquoi je ressens ça, sur le malaise lui-même, ou sur ce que je pourrais vraiment faire ! Etc, etc.
De ce fait ça va constituer une empreinte, le cerveau va enregistrer le malaise, la peur, la menace/le danger, en lien avec l'objet.
Et donc ça va créer un conditionnement du cerveau qui va se souvenir du malaise et qui va l'associer à chaque stimulus (je vois un couteau ---> malaise).
De là va naître un cercle vicieux qui va renforcer à la fois l'angoisse et la pensée "élastique" qui se déploie à vitesse grand V : malaise-stimulus-malaise-stimulus-malaise-ect.


Comment casser la dynamique dès le départ ? On accepte je pense l'émotion qui découle de la première pensée qui surgit, on la voit comme une réaction de notre monde intérieur ("OK, cela me fait peur", "OK, je suis en train de m'imaginer plein de trucs qui ne veulent rien dire", "OK, j'ai une fragilité en ce moment qui fait que je m'imagine le pire", "Ok, c'est pas grave"). Il est nécessaire de se poser tout de suite en spectateur (le plus bienveillant possible) et de rester spectateur, plutôt que d'entrer en scène et être l'acteur du jeu de dupe que nous propose notre cerveau.

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Chini
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Chini »

Salut [mention]Gioia[/mention],

oui, je suis d'accord avec toi, parfois elles ont un sens caché. Mais pour ma part, j'ai tellement passé de temps à tout analyser pour trouver le sens caché que j'en était trop cérébrale... et à un moment, je me suis dit (hum, le psy a ressassé plutôt) qu'il fallait lâcher prise et passer plus à l'action (aller chercher bonheur quoi! :huhu: ).

Le cercle vicieux dont tu parles, on peut le voir du côté vertueux également (comme tu le dis aussi, mais pourquoi pas en plus actif?). Par exemple, il me semble que la visualisation positive, c'est basé un peu la dessus. Notamment, c'est une des techniques pour communiquer en public. Si tu as une présentation à faire, on dit (enfin les coachs disent - je ne sais pas si c'est vraiment scientifiquement prouvé) que tu peux t'imaginer ta présentation tous les jours pendant une semaine avant le jour J, en pensant au bien être que tu ressent, imaginant tous les détails, visualisant la scène de manière positive, et ton cerveau va finir par croire que c'est réel, va sécréter les hormones et neurotransmetteurs du plaisir, du bien être, etc... et le jour J n'y verra que du feu, pensera que tu as déjà vécu cette scène plein de fois et ne s'emballera pas dû au stress! J'avoue que je n'ai pas essayé, ça demande trop de rigueur et de préparation à l'avance !

En tout cas, ce que tu décris comme regarder en tant que spectateur bienveillant, c'est exactement la Pleine Conscience (le Mindfulness), n'est ce pas [mention]Gail[/mention] ?

Pour en revenir au sujet initial, pour moi les flashs pourraient quand même être dû à nos instincts archaïques de protection et hyper vigilance par rapport au danger. Quand on a peur de basculer, de passer à l'acte lorsque l'on a ces flashs horribles, on sécrète des hormones du stress... Ça a peut-être un but? Le couteau que tu vois, l'angoisse que tu ressens en t'imaginant tuer tes amis, c'est peut-être juste ton cerveau qui te mets en garde qu'il y a effectivement un couteau, et que c'est potentiellement vraiment dangereux, donc c'est une façon de te préparer à fuir?
L'enfant que tu as dans les bras, qui est si vulnérable, tu le ressens comme ayant d'autant plus besoin de ton hyper vigilance... Mécanisme de conservation de l'espèce? :nesaitpas:

Taem
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Taem »

Bonjour,

J'ai vécu des phobies d'impulsion pendant quelques mois cette année.

Je ne crois pas avoir envie de trop m'étaler dessus tout de suite, plus par flemme que par pudeur.

Je voulais juste témoigner du fait que, chez moi, ces obsessions étaient principalement l'un des - symptômes - liés à mon anxiété généralisée...
Je n'ai pas eu tant que ça à en chercher le sens, d'ailleurs plus j'en cherchais un plus je m'enlisais dans ces boucles récurrentes et angoissantes.

En travaillant par contre directement sur mon anxiété, source du problème, elles ont finit par prendre beaucoup moins de place. Elles reviennent bien sûr, mais que dans des moments où l'anxiété est aussi présente, et n'ont plus autant d'emprise sur moi. Je peux même dire qu'aujourd'hui je crois n'avoir jamais aussi bien vécu.

Le travail d'auto-éducation vis-à-vis de ce qu'étaient les TOCs en général m'a aussi beaucoup aidé.

Bien à vous !

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Gioia
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Gioia »

Merci beaucoup de ton message Taem ! :clin:

Je le vis un peu comme un cadeau (si si) à un moment où je me sens à nouveau fragile et que je perds le fil de mes acquis.
J'ai passé les 3 derniers jours à décortiquer le pourquoi du comment de mes idées obsessionnelles qui sont revenues après une période d'accalmie, alors certes j'ai conscientisé des choses nouvelles et intéressantes, mais d'une manière générale ça a bien alourdi mes émotions et ma confiance.
Ton message arrive au bon moment et me fait comprendre que je m'éloigne de la solution: simplement continuer à laisser couler sans ne plus nourrir le toc par les mauvaises pensées engendrées par l'anxiété (m'imaginer le pire, et donc m'imaginer penser à ça ou à ça, ce qui engendre un nouveau toc). Effectivement, quand on n'est pas anxieux et qu'on nourrit pas plein d'idées imaginaires, on développe pas de tocs. Inversement je pense que quand on sait qu'on est dans une problématique d'obsession, on conditionne notre cerveau à la renforcer ou en créer d'autres car plus on va être dans cette énergie-là plus le cerveau va la créer et s'en souvenir. Tout fonctionne par suggestion.
Merci à toi, tu me remets sur le bon chemin ! Un travail d'auto-éducation comme tu dis.

Puis-je te demander comment tu as travaillé sur ton anxiété ?

Perso, je fais des épisodes anxieux généralisés par intermittence depuis l'âge de 6 ans. Des fois ça dure quelques jours, des fois de nombreux mois. La plupart du temps c'est toujours passé tout seul, avant de revenir des années plus tard.

Bien à toi,

:hai:

Taem
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Taem »

Salut !

Malheureusement, je ne vais pas t'être d'une grande aide...

Il semblerait que l'anxiété puisse prendre plusieurs formes. Chez moi, j'ai toujours eu ce fond anxieux mais tout cela a pris une très mauvaise tournure après un bad trip lorsque je consommais de la drogue depuis mon adolescence jusque là semaine dernière...

Donc bien entendu l'arrêt de la substance m'a permir de diminuer mes symptômes en flèche !
A voir dans les semaines qui suivent comment cela évoluera.
La où je ne suis pas sur d'être d'une grande aide c'est que l'anxiété sans cause établie comme tu sembles le vivre est donc plus compliquée à éliminer...

Je ne dirais pas que je ne suis plus anxieux, mais cela ne prend plus les mêmes proportions.

Sinon, je n'hésite pas à m'écouter et à rester au chaud chez moi les jours de moins bien, compensant cela dans mes études par des pics d'activité juste avant les échéances que je dois respecter. Ce n'est pas toujours bien vu des autres bien sûr...

Je fais également attention à mon alimentation...

Des fois, je me demande si l'anxiété n'est pas seulement le signe que le mode de vie moderne nest pas adapté à tout le monde, surtout pour ceux d'entre vous qui travaillent dans des jobs stressants où le manque de contrôle quant aux procédures ou obligations de ponctualité est bien présent.

Ma dépression post-test de cette hiver m'a aussi aidé à sortir de mon ancien cadre mentale, où il fallait toujours que j'en fasse plus pour combler ce vide que je ressentais en moi.

Je crois que j'arrête juste de TROP me remettre en question maintenant...

Ah oui, et le bouquin de Tinoco, Ginola et Blasco fut une vraie bouffée d'air personnellement. Je l'ai lu déjà 3 fois le temps d'en prendre la réelle mesure, et c'est lui qui m'a permit notamment de comprendre plus ou moins que le cygne n'a pas à être canard. Comme si le fait de l'avoir entendu auparavant ne m'avait pas vraiment fait tilté sur l'implication que cela devait avoir...

Pour le fait que ça semble être chronique chez toi, il me manque quelques années de vie pour savoir si c'est le cas également chez moi :D

Enfin quand je dis sans cause, c'est bien entendu sans cause flagrante, déterministe que je suis ;)

Également, pour couper au plus tôt les crises, lorsque je suis entrain de me lancer dans un schéma angoissant, j'essaye de revenir à mon corps et d'être attentif à des signes d'anxiété... Palpitations, mains moites, agitation, discussion interne mentale au détriment des stimulis extérieurs..
S'il y a, j'essaye au mieux de couper court à toute discussion avec moi même, hormis le fait de me répéter "je suis toqué taem, et C'EST TOUT", un peu comme un mantra jusqu'à ce que je passe à autre chose ! Mais c'est un pansement, pas un médicament :$

Invité

Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Invité »

Beaucoup de choses intéressantes et pertinentes dans tous vos témoignages. Merci de les avoir partagés...
Pour ma part ces phobies d'impulsion sont apparues pour la première fois l'hiver dernier, très peu de temps après que j'ai été diagnostiqué HPI. Les évoquer à ma psy a pris du temps, car j'étais paralysé par la culpabilité et la honte. Celle-ci m'a dit que ce genre de trouble apparaissait souvent lorsque nos "lignes intérieures" bougeaient (événement perturbateur, changement de vie, déménagement...). Et comme il a été dit plus haut, le terreau de ces phobies d'impulsion est l'anxiété (et un cerveau qui mouline en permanence comme chez tous les HPI). Certains évoquent la projection du "pire qui pourrait arriver", je suis tout à fait d'accord. Comme si, afin de cerner parfaitement touts les possibles de notre existence (et tant qu'à faire, les plus négatifs), nous nous imaginions les choses les plus horribles qui pourraient potentiellement arriver.
Ces flashs se sont aussi insinués dans certains de mes rêves, je me réveillais alors en sursaut et je scannais l'intégralité de mon rêve pour savoir ce que j'y avais fait ou pas... Bonjour les nuits de m...
J'ai donc eu quelques moments très difficiles avec ces visions, mais j'ai remarqué que plus je m’efforçais de "vivre", d'aller à la plage avec les miens, voir des gens, prendre du plaisir sous quelque forme que ce soit, moins ces flash revenaient, comme s'ils s'effaçaient sous l'évidence de la réalité.
Comme mantra, je me suis trouvé celui-ci, je m'y figure alors comme une planète à part entière : - Je suis la terre, et ces pensées sont des nuages. Ils tournent autour de moi, parfois l'orage et la foudre me frappent, mais la terre reste ce qu'elle est et ne doit pas être confondue avec ces éléments qui gravitent autour. - (oui ça fait un peu ésotérique mais j'ai fait avec ce qui venait...)
Petite parenthèse, quelques mois avant que ces phobies ne m'arrivent pour la première fois, j'avais lu le "Nao de Brown", un superbe roman graphique qui, sans les nommer ainsi, évoquaient les phobies d'impulsion.

Chuchumuchu
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Chuchumuchu »

[mention]Zyrgouflex[/mention] J'ai bien aimé ta métaphore, elle ne me semble pas spécialement ésotérique ^^ Météorologique peut-être. Et merci aussi pour "Le Nao de Brown", c'est rassurant de voir qu'on en parle un peu dans la culture. Je trouve que la force des phobies d'impulsion vient surtout de notre ignorance à leur sujet. Il est en effet difficile de se décider à en parler puisqu'elles concernent précisément des tabous (violence / sexe). J'ai également mis beaucoup de temps à en parler à ma psychologue pour les mêmes raisons que toi. Mais quand elle m'a finalement expliqué ce que c'était et que j'ai pu aller rechercher quelques infos en ligne, ça m'a beaucoup rassuré. ça a été le début de ma guérison, à partir du moment où j'ai su qu'il n'y avait pas de risque de passage à l'acte elles ont perdu leur substance. J'ai pu laisser filer le flash sans m'y accrocher par angoisse, en me demandant pourquoi cela arrivait, qu'est-ce que ça signifiait. Pour me faciliter la tâche je m'imaginais faire un geste de la main, comme pour balancer le flash derrière mon épaule, ou comme on chasse une mouche importune. C'était une agréable vengeance sur ces idées noires que de les ignorer de la sorte. Je n'en ai quasiment plus :) et ça fait sacrément du bien après 4/5 ans en leur compagnie (elles étaient de moins en moins fréquentes heureusement). Je ne suis même pas sûre d'en avoir tous les mois désormais.

Edit : j'ai essayé de retrouver un article que j'avais trouvé à l'époque à propos de cette phobie, je ne suis pas sûre que ce soit bien le même mais bon, il a l'air assez complet donc je le poste ici. Contrairement à ce qu'indique le nom de l'article, la guérison n'est pas la seule chose évoquée, il y a aussi une définition avec des exemples de pensées envahissantes : Comment guérir la phobie d'impulsion.
Je ne prétends ni à l’exhaustivité, ni à une parfaite objectivité, deux qualités qui dans mon métier relèvent de l’illusion et du vœu pieux. — (Michel de Pracontal, L’imposture scientifique en dix leçons, Seuil, 2005, page 17)

Invité

Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Invité »

Je trouve que la force des phobies d'impulsion vient surtout de notre ignorance à leur sujet
Complètement, et c'est une chance immense que l'on ait pu trouver des informations ou des gens qui nous en expliquaient l'origine et la signification. Je pense souvent à ceux et celles qui ont vécu avec ça sans jamais comprendre... Pour ma part ce topic du forum fut salvateur...
Merci pour le lien, l'article est très bien.

Taem
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Taem »

Je voulais juste apporter une précision rapide.

Le consensus à l'heure actuelle pour les indications thérapeutiques du toc tendent à montrer que la cure psychanalytique n'est pas efficace dans le traitement du toc.

Le principal risque, c'est de penser que ces obsessions ont un sens en tant qu'objet de désir refoulé.

Toutefois, car au fond de moi j'aime quand même la psychanalyse, un peu, je dirais qu'on peut réconcilier ces deux approches.

Souvent, l'obsession vient témoigner d'une souffrance psychique autre, mais il ne faut surtout pas la mettre en lien avec le contenu de l'obsession.

Le mécanisme sous-jacent tend plutôt à montrer que la personne va avoir pour obsession des idées qui la tyranisent au plus haut point, des pensées qui seraient au fond à l'extrême opposé de ce qu'est vraiment la personne. Et c'est le doute et l'impossibilité de trancher avec certitude qui entretiennent le toc.

De plus, le mécanisme du toc repose sur un processus d'obsessions et de compulsions. Schématiquement, une des pistes à l'heure actuelle serait de dire que lorsque l'anxiété monte chez le sujet, notre cerveau bayesien aurait naturellement tendance à chercher une raison valable à cette anxiété, et dans le cadre du toc l'obsession deviendrait l'idée fixe qui expliquerait l'état mental dans lequel le sujet se trouve.

De là, découle la mise en place du phénomène compulsif qui a pour but de diminuer l'obsession. Le fait est que finalement, la compulsion amène le sujet à réduire son état d'anxiété, mais que c'est bien cette dernière qui a terme favorise le maintien de l'obsession. L'anxiété étant perçue comme un objet dangereux à éliminer, la compulsion doit à terme devenir plus violente et de plus en plus dense tout en perdant de son efficacité à réduire l'état d'angoisse.

Concernant les flashs que certains évoquent, il faut savoir que des études sur les pensées intrusives ont démontré que quasiment toute personne est sujette à des pensées intrusives (et si je blessais quelqu'un, et si je mettais un coup de volant sur ce pont, etc etc). Ce phénomène n'est pas pathologique en soi (dans le sens de la distinction entre normal et patho), mais le toc concerne la fixation de ces pensées dans l'esprit jusqu'à l'obsession, et on l'a vu au dessus, à la compulsion qui en découle.

C'est pourquoi j'invite les personnes à rester prudentes quand elles échangent avec des personnes atteintes de ce trouble. Être concerné par ces idées et les voir comme des pulsions qui font partie de soi, qui disent quelque chose de nous est séduisant, et très rigolo à expérimenter pour explorer l'immensité de la complexité humaine. Mais ce serait complètement desservir les personnes atteintes de ce trouble et nourrir leurs obsessions, qui rappelons le, ne sont pas la réelle source de l'angoisse mais bien l'objet de fixation que choisit le cerveau.

Donc, mettre du sens à ce que l'on vit en le pensant et en voyant comment cela s'articule avec notre historie et notre vie psychique oui, mais rester dans l'idée que ça exprime quelque chose de nous, probablement mais seulement si on considère qu'en réalité c'est plutôt l'inverse de nous qui nous angoisse (la peur d'être A alors qu'au fond on est Z).

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Amae
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Amae »

J’en subis aussi régulièrement, pas à haute fréquence - en tout cas pas assez souvent pour que ce soit source d’angoisse permanente, mais de natures significativement différentes pour que certaines m’inquiètent. Enfin jusqu’à présent je n’y avais jamais porté beaucoup d’importance, enfin si, enfin non, enfin oui? … enfin, je sens que ce topic fait remonter beaucoup de choses et je commence à comprendre que le déni est aussi un mécanisme que je maîtrise apparemment assez bien.

Non parce qu’en surface je ne me sens pas trop touchée, pas tant de stress ou d’angoisse comme tu le dis Invite123. Je me dis oui ok tout le monde doit expérimenter ça donc pour les plus ‘banales’ je reste cool. Oui parce que quand même je me questionne sur ma santé mentale quand ça se produit (et si ça implique de me faire du mal personnellement je suis presque attirée en un sens, parce que du coup je me demande quel est le dernier rempart de la folie, où est la limite, si je l’ai déjà franchie… par contre quand ça implique un coup de couteau dans le ventre d’un amoureux ou d’un ami là j’espère très fort que ce dernier rempart c’est la muraille de Chine et que puisqu’elle est visible depuis la Lune je resterai bien sur la Lune…please…). Et oui aussi parce que quand ça touche les enfants, finalement je bloque tellement vite les images qu’elles ne font qu’un passage éclair mais du coup je me sens sale et monstrueuse et incapable d’être. Comment faire comprendre à mon neveu de 5 ans que non je ne veux pas dormir avec lui parce que j’ai des flashs angoissants et que j’en suis incapable de dormir et de respirer? Lire ce fil aujourd’hui ça fait monter à la surface de ma conscience à quel point ça m’angoisse même si ce n’est pas très récurrent, comme un petit symptôme additionné à un petit symptôme, additionné à…

Du coup lire ce fil me donne un nouvel éclairage sur ces perturbations (et du soulagement quant au non passage à l’acte, je vais pouvoir rester sur la Lune, ouf!), et au travers d’un peu de recul je me dis que peut être (et comme tu le dis Team, je ne cherche pas à faire une interprétation de l’origine de ma peur via les flashs, mais par contre je sens bien que ces flashs me confortent dans ma croyance à mon incapacité à être — (mère, par exemple, quand les flashs sont associés aux enfants. Généralement les autres types de flashs ne me procurent - a priori - pas tant d’émotions et sentiments négatifs). Donc il y a une peur d’origine inconnue qui provoque par le biais des flashs un mal être qui alimente une croyance pas nécessairement associée à la peur d’origine.

Peut être que ces flashs agissent d’une certaine façon comme des cauchemars (Je ne sais plus qui d’entre vous l’a suggéré). Je vais seulement parler en mon nom comme je n’ai aucun bagage en psy(-truc ; j’avais envie de dire chose, mais du coup ça fait psychose, bref). Par contre je comprends plutôt bien mes propres mécanismes du rêve, et je sais que si d’apparence je suis et me sens calme avant un examen par exemple, la nuit précédente j’accumule les rêves traumatisants (accident de voiture, guerre, bilan sanguin catastrophique, les uns à la suite des autres). D’une certaine façon ça permet d’absorber les angoisses liées à l’événement à venir. J’imagine (j’espère) à la lumière de ce fil que mon cerveau utilise ces flashs de la même façon, bien que ce soit très déstabilisant.
En un sens ça me fait penser à un genre de traumatisme d’anticipation (bien que le trauma soit lié au passé), un blocage associé au futur… comme dans le cas des rêves sauf que pour les flashs l'évènement générateur de stress n'est pas connu ni contraint temporellement, mais est une donnée inconnue et incertaine.
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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Benzouz »

Bonjour,

Je viens de découvrir ce sujet il y a quelques jours sur le forum. Il me parle, je ne connaissais pas du tout cette phobie, dont je pense souffrir aussi dans les moments extrêmes de stress.
Une fois que j'en aurait parlé en séance, peut être reviendrai-je vers vous témoigner à mon tour...
Merci en tout cas pour vos témoignages :)

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Re: Obsession impulsive (aka phobie d'impulsion)

Message par Chouba »

J’ai vécu aussi ces phobies d impulsion.
A chaque fois dans un contexte de dépression et/ou d’anxiété lourde.

Au départ, ces flashs arrivaient de façon tout à fait anodine « tiens, si je me jetais sous le métro? » ce serait presque comique nonobstant la sensation de terreur qui accompagne ces pensées.. et ces obsessions ne concernaient que ma personne.

J’ai commencé a vraiment m’inquiéter quand ces pensées ont dépassé le cadre de ma sphère perso pour embarquer avec moi tout un tas de gens innocents. L’impression de devenir complètement folle.

Il y en a une particulièrement qui m’a marquée, je suis dans le poste de pilotage d’un avion et je me vois couper les 2 moteurs, en plein vol, et pousser sur le manche. (Je précise que je suis hôtesse de l’air)
Je me rappelle de cette énorme injonction que mon cerveau envoyait à ma main, à mon bras « NON!!! »
Évidemment, ma main n’avait pas bougé d un millimètre et il ne s’est strictement rien passé si ce n’est un tsunami intérieur de terreur et de culpabilité, et comme je somatise, extrasystoles en salve et tachycardie bien flippantes. Bref, un peu plus de stress dans le stress, un moment magique en quelque sorte..

Je suivais une psychothérapie à l’époque et la psy m’a expliqué ce phénomène d’obsessions impulsives probablement liées à l’état dépressif dans lequel j’étais. Elle m’a rassuré sur le non passage à l’acte.
J’en ai eu d’autres, plus tard, par exemple après la naissance de mon fils ou je me voyais lui éclater la tête sur le carrelage.. mais j’ai pu rationaliser tout de suite. Post partum, naissance prématurée, fatigue extrême, ok. Je vis ces horribles images, je les accepte comme l’expression d’un malaise interne et je les dégage. la seule chose que je peux contrôler dans ces moments là, c est ce que je fais de ces images, si je les laisse m’envahir ou pas.

comme je suis assez extravertie, j’ai voulu en parler à mes amies proches, histoire de partager et permettre de libérer la parole le cas échéant..
Heu..mauvaise idée. Aucune d’elles n’a jamais expérimenté ce type de manifestations. J’ai essayé d’expliquer ce que j’avais compris des mécanismes qui se jouaient dans ces moments là mais je crois bien que je leur ai tout simplement fait peur. Peur que ça ne leur arrive, un peu peur de moi aussi..

Je retiens que c est un sujet qu on peut aborder en séance avec son psy ou sur un forum sous couvert d un relatif anonymat, mais pas forcément avec ses amis sous peine de se heurter à un mur d’incompréhension..
"Les enfants, j'ai froid. Mettez un pull"
Ma mère

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