L'autisme, réflexions et découvertes

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Invité »

Bonsoir à tous,

Si vous voulez, il y a le nouveau numéro de la revue "Cerveau et Psycho" qui consacre un article aux récentes découvertes en neurosciences sur l'autisme et sur les nouvelles prises en charge possibles. Je suis en train de le lire, c'est très intéressant ! Si j'ai le temps je tenterai de faire un bref résumé mais je suis en période d'examens actuellement.

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Pataboul
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Pataboul »

https://trustmyscience.com/12-enfants-a ... e-autisme/

Rien de révolutionnaire (on n'apprend rien de neuf), mais c'est tout de même une "découverte".

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Géocoucou
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Géocoucou »

Hello,

Je déterre ce topic car en pleine découverte du sujet (je serais HPI + TDAH + TSA, voir ma présentation... J'attends un bilan TSA dans un CRA mais ce ne sera pas avant 2021 because 2 ans d'attente :doh: ).

Ces vidéos sur l'autisme Asperger sont très intéressantes : https://www.colloque-tv.com/colloques/Salon-aspie-days. Je ne les ai pas vues référencées sur AS... en espérant ne pas me tromper.

La conférence à eu lieu à Lille en 2017, je n'ai pas trouvé plus récent sur ces "Aspie days". Laurent Mottron explique, entre autres, les caractéristiques du QI des autistes de haut niveau, et Marie-José Cordeau apporte son témoignage de femme qui a découvert sa différence à l'âge adulte. Il y a aussi la personne qui a établi les recommandations de la HAS. Je n'ai pas tout visionné, encore, mais ça vaut la peine.

Bonne nuit...
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Mikirabelle »

Merci [mention]Géocoucou[/mention]
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Je ne trouve plus l'étoile, elle a disparu ?
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par TourneLune »

Mikirabelle a écrit : jeu. 6 févr. 2020 20:30 Merci @Géocoucou
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Je ne trouve plus l'étoile, elle a disparu ?
Le remerciements sont revenus!

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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Invité »

Merci pour ces vidéos très enrichissantes. Je ne connaissais pas Laurent Mottron et c'est une vraie découverte.

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Mikirabelle
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Mikirabelle »

Pour suivre les recherches sur le TSA, je vous recommande la veille réalisée par le CRA Rhône-Alpes, notamment leur revue de presse mensuelle Pubmed.

http://www.cra-rhone-alpes.org/spip.php?rubrique336
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Gracian
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Gracian »

Bonjour à tous,

Je me renseigne depuis peu sur le syndrome d'Asperger et certaines descriptions me semblent très familières... Je viens de lire l'article suivant qui traite de la double particularité haut potentiel et syndrome d'Asperger :
https://irmazoulane.wordpress.com/2014/ ... n-neihart/
Il y a notamment ce petit tableau qui attire mon attention :
https://irmazoulane.files.wordpress.com ... vec-sa.jpg

Pour ma part, je me retrouve presque sans hésiter dans les éléments de la colonne de droite, mais est-ce que ces éléments sont vraiment signifiants ?
De votre côté, vous pouvez clairement vous identifier d'un côté ou de l'autre ou bien les choses sont-elles plus nuancées ?

J'aimerais avoir votre avis pour prendre un peu de recul...

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Orphée
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Orphée »

Non, j'ai du mal à m'identifier clairement...
J'ai même du mal à intégrer que je peux paraître décalée !
Entre l'image que je perçois de moi, celle que je renvoie et ce que les autres perçoivent... Je commence seulement à prendre conscience qu'il y a un fossé !!
Un peu comme si je parlais une autre langue sans m'en rendre compte...

Par contre pour ma part, je pense que la grande majorité de mes problèmes viennent du TSA (et non du HPI)

Il y a un forum si tu veux y échanger : forum asperansa
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Hanuman
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Hanuman »

Gracian a écrit : jeu. 5 mars 2020 21:26 Bonjour à tous,

Je me renseigne depuis peu sur le syndrome d'Asperger et certaines descriptions me semblent très familières... Je viens de lire l'article suivant qui traite de la double particularité haut potentiel et syndrome d'Asperger :
https://irmazoulane.wordpress.com/2014/ ... n-neihart/
Il y a notamment ce petit tableau qui attire mon attention :
https://irmazoulane.files.wordpress.com ... vec-sa.jpg

Pour ma part, je me retrouve presque sans hésiter dans les éléments de la colonne de droite, mais est-ce que ces éléments sont vraiment signifiants ?
De votre côté, vous pouvez clairement vous identifier d'un côté ou de l'autre ou bien les choses sont-elles plus nuancées ?

J'aimerais avoir votre avis pour prendre un peu de recul...
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Napirisha »

[mention]Hanuman[/mention] , tu pourrais préciser et étayer un peu ton point de vue? En l'état actuel, ça ne permet pas tellement d'apporter la nuance ou le recul que recherche Gracian .
wonderbra de la recherche Google (c) Miss Souris

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Hanuman
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Hanuman »

D'une part c'est de la psychologie, donc pas de la science et du coup toujours sujet à caution (j'entends déjà hurler alors je vais modérer : ce n'est pas l'une des écoles de pensée de la psychologie adossée à la science dure ce qui amène toujours à prendre les résultats annoncés avec beaucoup de précautions). D'autre part l'article traduit est la comparaison d'un concept indéfini, le surdoué, avec des éléments de recherche datés en matière d'autisme. La référence psychiatrique majoritairement citée est le DSM-IV... plus en vigueur depuis 2013. Le fond de l'article est louable (il est bon de détecter les autistes dont l'intelligence camoufle les signes) cependant le procédé comparatif demeure fallacieux de par le biais général évoqué plus haut.

Pour utiliser une méthode un tant soit peu scientifique, comme le Niveau de Preuve par exemple, j'ai donc la comparaison d'un concept creux d'un côté avec une somme de recherches simplement listée, sans étayage de l'autre. Que je suis prié de croire. Parce que c'est long et que c'est écrit. Hmmm concrètement cela signifie que l'article n'est même pas au niveau le plus bas de l'EBS "l'avis d'experts". En fait dans le jargon on est au niveau "poubelle" pour être précis. Donc la longue traduction, le joli petit tableau, etc. bof.

Enfin pour ceux qui ont un peu plus de mémoire, M. Neihart c'était l'un des gourous américains de la surdouance dans les années 90, celle qui avait lancé une génération de psy-artistiques telles que ME Jacobsen... qu'avait ensuite allègrement pompé traduit JSF pour l'ES, TIPEH et autres fredaines.


Quant à Gracian, qu'est-ce qu'il cherche ?
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Invité »

[mention]Hanuman[/mention] Merci pour ces précisions. C'est souvent difficile de s'informer correctement sur l'autisme. As-tu un avis sur les travaux de Laurent Mottron, et particulièrement sur son livre L'autisme, une autre intelligence : diagnostic, cognition et support des personnes autistes sans déficience intellectuelle? Je suis en train de le lire : c'est très intéressant, mais il semble que son approche soit contestée, donc je m'interroge.

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Gracian
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Gracian »

@Hanuman : Toi tu cherches quoi concrètement ? Invalider un article parce qu'il se base sur un manuel à mettre à jour de quelques années ?
Je suis d'accord avec toi sur la nécessité de bases scientifiques solides, dans une certaine mesure, car il faut savoir raison garder, je pense pour ma part que certaines théories comme celles que propose la psychanalyse sont de grands progrès quant à la compréhension de notre fonctionnement, quoiqu'elles ne passent pas toutes les batteries de test en règle dans tel ou tel milieu.
Je suis donc tombé sur cet article d'une auteure que je ne connais pas mais qui m'a semblé compréhensible, étayé d'arguments rationnels et peu fantaisistes. Aussi, quoiqu'on pense de certains auteurs du milieu de la douance (je serais plutôt d'accord avec toi là-dessus par ailleurs), il n'en reste pas moins que si leurs descriptions psychologiques sont justes sur de nombreux points, c'est tout de même qu'il y a là autre chose qu'un curieux hasard, tu en conviendras.
Bref, ce que je veux dire, c'est qu'au fond, cette littérature doit être prise pour ce qu'elle est, et si elle permet à nombre d'individus d'identifier l'origine potentielle de leur particularité, ce n'est tout de même pas négligeable. Après c'est à chacun de faire la part des choses et je serais le premier à dire qu'il ne faut pas croire aveuglément à tel ou tel propos mais bien plutôt user de son regard critique.

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Pascalita
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Pascalita »

Hors-sujet
Sans entrer dans le fond du sujet, une petite remarque qui me vient, sur le plan méthodologique :
Gracian a écrit : jeu. 12 mars 2020 11:13 quoiqu'on pense de certains auteurs du milieu de la douance (je serais plutôt d'accord avec toi là-dessus par ailleurs), il n'en reste pas moins que si leurs descriptions psychologiques sont justes sur de nombreux points, c'est tout de même qu'il y a là autre chose qu'un curieux hasard, tu en conviendras.
En matière d'"autre chose qu'un curieux hasard", on peut également avancer que si les caractéristiques en question peuvent s'appliquer à une très large portion de la population, elles s'appliquent forcément à une très large portion des surdoués au sein de cette population, biais que soulignent justement certains auteurs. Et encore plus si ces caractéristiques sont auto-évaluées : qui dira de lui-même qu'il n'a pas un grand sens de la justice, ou qu'il n'est pas quelqu'un de sensible et d'empathique ?
Ainsi, quid des personnes qui lisent TIPEH (pour ne citer que lui) et s'y reconnaissent, et qui, hantées ou séduites par cette idée, vont passer un test qui s'avère négatif ? - chose dont on entend évidemment beaucoup moins parler qu'en cas de résultat positif.

D'où, je crois, la nécessité d'être prudent avec les descriptions psychologiques, et le souci de donner aux gens des bases informatives fiables, rationnelles. N'oublions pas non plus que notre regard critique peut être biaisé, par notre histoire personnelle ou les difficultés que nous affrontons et qui nous poussent peut-être à chercher une explication.
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Chuchumuchu »

[mention]Hanuman[/mention] [mention]Gracian[/mention] Huhu... Je reconnais à l'écriture vive d'Hanuman la réaction de l'autiste à qui on a marché sur le pied (mis au défi dans sa chasse gardée :huhu: ). L'autisme serait-il l'un de tes intérêts spécifiques Hanuman ? Gracian, malgré la forme indélicate du message de Hanuman, je le rejoins aussi dans le fond : je n'ai regardé que le tableau et il me pose problème aussi. Je ne suis pas spécialiste de l'autisme, je m'y intéresse juste depuis quelques mois, mais ce tableau me semble assez sévère et caricatural envers les autistes.

Les autistes ont conscience de ce qu'ils sont, et j'aurai tendance à supposer que les autistes HP en particulier puisqu'ils ont normalement les ressources intellectuelles pour comprendre leur différence. Ils savent qu'ils sont différents mais on peut-être du mal à estimer à quel point, et ce que pensent les autres leur est effectivement difficilement accessible car c'est justement là leur trouble : la communication et la relation sociale.

Pour le mode de discours, je pensais que les autistes non verbaux étaient des autistes déficients intellectuellement et pourtant ce n'est clairement pas le cas : c'est cette vidéo qui m'a convaincue : In my langage. Amanda Melissa Baggs, une autiste non verbale y montre ce qu'elle appelle son "langage natal" pendant quelques minutes, sans description. Après 3mn de sons et de gestes apparemment aléatoires, elle explique le pourquoi de ses gestes et la façon dont ils sont perçus par les gens normaux. Franchement, ça m'a émue et c'est éclairant sur nos biais et nos croyances sur l'intelligence. Donc bon, je ne sais pas si elle est autiste HP mais je soupçonne que la pédanterie ne soit pas un trait automatique.

Pour l'humour, il est vrai que ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver pour un.e autiste, mais puisqu'ils/elles n'ont pas été livré.e.s avec la fonction "compréhension automatique des blagues et des jeux de mots", ben ils/elles se font leur propre dico en mode manuel. Donc bon, pas très facile mais faisable. C'est juste que c'est un apprentissage conscient et donc plus fatiguant que pour les non autistes.

Pour le trouble de l'attention, "trouble interne" ? Hanuman tu corriges si je me trompe mais je crois que l'autisme est provoqué par un manque de priorisations du cerveau dans le traitement des stimuli externes. Quand un cerveau normal arrive lui à faire abstraction des éléments externes non pertinents (bruits de voitures, musique de fond, conversations). Donc je ne crois pas qu'on puisse parler de cause interne, d'ailleurs dans un environnement calme un autiste est tout à fait capable de se concentrer, et s'il s'agit de travailler son intérêt restreint, il/elle est tout bonnement imperturbable.

La maladresse motrice est par contre un trouble connu chez les autistes, par exemple Julie Dachez explique qu'elle ne peut conduire qu'une voiture automatique car une voiture normale demande une coordination trop fine pour elle.

"Émotions inappropriées" ça me semble très vague pour le coup, je n'ai aucune idée de ce dont on parle là .__.

"Perspicacité remarquablement absente" :'( La vache mais c'est méchant ! Et là encore je trouve ça un peu vaste... De quel type de perspicacité on parle ? A priori ça me semble lapidaire et assez faux.

"Stéréotypie" C'est en effet un autre symptôme connu des troubles du spectre autistique.

Et pour la psychanalyse... Elle a effectivement été une grande découverte, mais c'était avant la psychologie, et elle a été relativement catastrophique quand elle s'est penchée sur l'autisme, en rejetant la faute sur les mères notamment, en les accusant d'avoir été trop froides avec leur enfant, de s'être comportée en "mère frigidaire". Donc quand il s'agit d'autisme, mieux vaut peut-être rester prudent.e avec les sources psychanalytiques.
Je ne prétends ni à l’exhaustivité, ni à une parfaite objectivité, deux qualités qui dans mon métier relèvent de l’illusion et du vœu pieux. — (Michel de Pracontal, L’imposture scientifique en dix leçons, Seuil, 2005, page 17)

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Fabs le vaurien
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Fabs le vaurien »

Chuchumuchu a écrit : ven. 17 avr. 2020 21:00 Les autistes ont conscience de ce qu'ils sont....mais on peut-être du mal à estimer à quel point
C'est exactement ça. Enfin dans mon cas.
J'ai pris que récemment la mesure de mes filtres et suis en pleine reconstruction de mon histoire, en particulier mes erreurs relationnelles.

Dans l autisme que je vis, il y a une permanence de mesinterpretations qui me conduisent à des situations qui me rendent anxieux.

En fait, la psychologue m'a expliqué que j avais un déficit de cohérence centrale. C'est à dire que je suis au monde de manière fragmentée. Je perçois des informations et les mets ensemble mais pas de manière instinctive.
Je les assemble de manière logique et me construit mon scénario.

Sauf que parfois , il me manque des non dits, des silences évocateurs, des "enjeux emotionnels" , des sous-entendus que je ne perçois pas. Et parfois, ces éléments de communications sont nécessaires pour se figurer la bonne interprétation.
Ce n'est pas mon cas, je fais ma tambouille avec les éléments verbaux dont je dispose, projette une histoire avec l'unique prisme de mes propres considérations, excluant de facto la possibilité de l'autre.
Cela m'amene souvent à des malentendus.

Depuis quelques temps, j'accepte de demander de l'aide. Je cherche les feedbacks et les points de vue des autres sur les situations qui me posent problème. Cela me rassure et m'aide à me décentrer.

Cette démarche m'amène à envisager les erreurs passées, au temps où je n'avais aucune idée que ma codification, mon paradigme était biaisé face à la "norme". Je suis parfois étonné de l'impression que je laisse aux gens, en decallage avec que je crois montrer. Mais de plus en plus, j'essaie de dire simplement aux gens qui m'entourent que je suis Asperger et finalement, ça aide globalement la relation.

Sinon j'ai lu le descriptif plus haut.je dirais que ça me semble assez léger puisque l'autisme se vit au dedans et quelques signes exterieurs ne sont jamais que des interprétations..

Concernant les troubles de l'attention, il s'agit surtout pour moi des troubles de la sensorialité puisque je suis bien déglingué.. globalement je fais avec.. mais en ressors très fatigué. Et parfois je ne peux juste pas et je pète des câbles.

Pour ce qui est des émotions, je dirais que j ai tendance à passer d'abord par la rationalisation.
C'est pourquoi mon empathie est relative..
Je peux m'émouvoir pour des petits soucis matériels et être inadapté face à de graves situations. Je ne sais pas accueillir l'émotion de l'autre et ai tendance à chercher des solutions concrètes là où l'autre à juste besoin de se livrer et de déposer.

Concernant l'humour, je suis plutôt bien équipé ^^ et je le comprends très bien. Sauf l'humour pince-sans-rire que je peux prendre au premier degré. Je suis très sensible lorsque l'on me taquine , ne sachant trop si on se moque ou pas de moi...
Mais globalement l'humour et la scène faisant partie de mes intérêts particuliers, j'en ai compris quelques ressorts.

Bon je voulais juste rebondir sur le fait que je me suis senti different dès le plus jeune âge mais que c' est seulement depuis peu que je mesure à quel point c'est envahissant, à quel point la vitre existe entre moi et les autres et à quel point je n'y pourrais rien..
Il m'est encore difficile d'admettre que j'en souffre mais je suis sur la bonne voie.
Le psychiatre m'a dit que je peux tout faire. Il suffit juste que les conditions soient réunies.. comme pour tout le monde finalement.
Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).

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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Mikirabelle »

Message de la jardinerie :
Les messages traitant des démarches relatives au diagnostic de l'autisme ont été déplacés ici : Dépistage autiste - asperger
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Hanuman
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Re: Dépistage autiste - asperger

Message par Hanuman »

Message de la jardinerie :
Et trajet inverse pour celui-ci !
Pataboul a écrit : lun. 27 avr. 2020 20:40
Hanuman a écrit : lun. 27 avr. 2020 20:27gestion de boucle neurotypique, d'inférence bayésienne, de matrice interne/externe, de repérage des biais cognitifs usuels de l'autisme et d'autres outils que l'on met en œuvre concrètement pour assouplir la rigidité mentale autistique
Tout ça m'est totalement inconnu. Tu voudrais bien développer un peu ou donner des pistes pour découvrir ces notions?
Je suis particulièrement curieux de l'approche bayésienne ou par les biais cognitifs, notamment.
Au niveau génétique on commence à remonter le lego pour les TND et d'autres maladies à composantes génétiques, pour l'étage du dessus on est encore loin d'une théorie unifiée. Si on dégage la psychodynamique qui tient plus de la religion que de la science, reste la théorie du déficit de la théorie de l'esprit (elle est toujours nulle celle-là) que l'on constate chez de nombreux TND et schizophrènes. En très court : l'incapacité à comprendre les états émotionnels, chez les autres. Et effectivement quand tu fréquentes des autistes tu t'aperçois qu'en général ce que l'on résume souvent par absence d'empathie trouve partiellement sa source dans l'incapacité à percevoir les motivations de l'autre, son état d'esprit et sa manière de réfléchir. A projeter un état émotionnel sur l'autre et à en déduire ce qu'il peut penser, ressentir pour interagir avec de manière appropriée.

Cependant ce n'est pas vrai de tous les autistes ou TND d'une part et d'autre part c'est éducable, ce qui fait de certains autistes des experts très au dessus de la moyenne en lecture froide. C'est entre autre un marqueur courant pour les reconnaître au naturel : quand ils ont besoin de se concentrer sur le fond d'une conversation il leur est difficile de se concentrer pour maintenir en même temps le contact visuel… et ce n'est pas le contact visuel qu'ils maintiennent, c'est le scan du visage pour s'assurer que le ton de ce qui est dit correspond réellement au message émis. Quand ils s'installent pour une conversation sérieuse sur laquelle ils vont devoir se concentrer tu les vois souvent adopter un schéma corporel qui les place à 45° de toi plutôt qu'en face de toi, ou alors ils fixent des points au dessus ton épaule ou près de tes pompes.

Pour en revenir au déficit de théorie de l'esprit, c'est ce qui sous-tend la recherche plus récente sur les neurones miroirs. Bien que des différences existent entre les cerveaux NT et NaT en termes de densité, d'épaisseurs de certaines zones cérébrales, que des différences de longueur des briques neuronales se retrouvent au niveau du corps calleux et de la matière blanche, que le taux d'anisotropie fonctionnelle soit plus élevé dans la matière blanche cela explique des phénomènes tels que l'épilepsie, le traitement visuel de l'information plutôt qu'auditif, cela explique aussi la gestion des émotions, l'affreux mélange vieux/éternellement jeune des TND ou encore les troubles de la planification. Mais pas le déficit empathique. Le maillon manquant on le cherche donc au travers d'un neurone à fonction spécifique. Les 40 dernières années de psychologie de l'autisme reposent sur cette preuve à trouver.

Ou alors on peut voir la chose au travers d'un modèle conceptuel plus récent issu des mathématiques et de la systémique. L'inférence bayésienne : la capacité de prédire (B) sachant (A). Le cerveau est alors vu dans son ensemble comme une boite prédictive auto-apprenante. Un macro processus avec :
- une (des) boucle(s) d'apprentissage (intrants),
- un (des) processus de traitement,
- une (des) boucle(s) de rétrocontrôle (sortants).
Un organe dont la vocation est d'émettre en permanence des prévisions sur la base de ce qui est perçu, de ce qui est engrangé comme expérience (vécue ou perçue) et de faire des paris. Ou en termes plus scientifiques : d'estimer la probabilité de réalisation d'une action. Cela a l'avantage d'expliquer des phénomènes tels que la surprise, le choc, la sidération (le décalage entre la perception attendue sur la base de la prévision et la réalité). Cela explique aussi plus facilement le phénomène d'inférence : tu n'as pas besoin de plonger ton bras dans une coulée de lave pour savoir que c'est dangereux, que c'est chaud, que tu vas perdre ton bras. Tu n'es même pas obligé d'avoir vécu des expériences proches pour le déduire : tu infères. C'est le rôle de ton cerveau, en permanence.

Maintenant si on utilise ce modèle conceptuel et qu'on l'applique à la neurotypie/neuroatypie ce que l'on constate c'est que si pour un cerveau neurotypique la capacité de prédire est associée à un haut niveau de confiance dans la prédiction (Ex. : 95%), ce qui au passage établit même la norme et par extension la notion de normalité puisque le cerveau neurotypique est majoritairement présent chez les mammifères, pour un autiste ou au sens large un TND le niveau de confiance associé à la prédiction est bien moindre (Ex. : 35% ou 70%. Mais pas 95%).

Suivant la nature du trouble la cause du déficit de prédiction peut se situer dans les boucles d'apprentissage (au sens large d'apport des données), dans le processus de traitement ou dans les boucles de rétrocontrôle qui à la fin de l'expérience viennent modifier la pondération associée au traitement des futures prédictions sur une fonction donnée.

Ce modèle intègre plus facilement les modifications génétiques évoquées plus haut et leurs effets comme par exemple l'incidence des systèmes gabaergiques ou dopaminergiques sur l'impulsivité des TDAH (fonction de survie des espèces mammifères, l'impulsivité devient la clef de survie dans les situations… qui sortent de la norme) et les déficits propres à l'autisme ou à la schizophrénie sans entrer dans une théorie spécifique telle que le déficit de la théorie de l'esprit.

Pour les autistes la difficulté à prédire qui trouve probablement ses sources dans un déficit des fonctions d'apprentissage amène rapidement à la caractéristique numéro un de l'autisme : la rigidité mentale. Le taux de défaillance de l'ensemble du processus est trop élevé, la douleur associée aux échecs répétés (chaque neuroatypique ayant vécu d'intenses moments de décalage ou pire aura une idée de ce que j'évoque) fausse les boucles de rétrocontrôle. Après un échec cuisant un autiste aura tendance à se fixer des règles absolues et immuables : "si ABC alors XYZ" et à les déployer de manière systématique, sans intégrer qu'une règle n'est qu'un outil qui va dépendre du contexte. Ces règles absolues sont des biais cognitifs et l'autiste est une machine à créer des (ses) biais cognitifs qui une fois installés vont encore plus vriller le processus de prédiction. C'est aussi l'une des raisons des routines fortes que l'on retrouve chez les autistes et la raison de la difficulté face aux changements. Environnement réduit, maîtrisé, répétitions, diminution du risque, de la peur du risque (stress, angoisse)

L'intérêt du modèle systémique pour l'autisme c'est que c'est une base sur laquelle on peut développer et déployer des outils de thérapie qui permettent de "retourner la table", tout simplement en commençant par rendre de la souplesse mentale aux patients autistes (et d'autres outils évidemment). Un mix d'éducation, de réagencement des perceptions et de remédiation cognitive. A défaut d'être une approche globale très répandue en France on en retrouve des bouts dans certaines TCC (ACT de mémoire mais pas uniquement).
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Carcharodontosaurus
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Carcharodontosaurus »

Hello Hanuman (si le sens caché de ce pseudo est celui que je pense, j'adore).

Merci de tes explications. Je suis particulièrement intéressé par tes propos sur les neurotransmetteurs. Dans mon cas j'ai une recherche compulsive de nouveauté au sein de mes intérêts restreint (exemple simple : j'ai changé 15x de voiture en 7 ans de permis. 3x de moto en un an de permis. Je change en permanence ma méthodologie au sport. Ect) qui me semble être liée à une recherche de dopamine, soit de plaisir . C'est assez incontrôlable et mène à une forte impulsivité. De la même façon, je ne ressens que très peu mes émotions qui s'affirment d'avantages par une expression physique, assez proche de l’alexithymie. Cela me semble potentiellement lié à la sérotonine. Une forme de frigidité émotionnelle en soit qui m'empêche même de savoir l'affect que je porte ou non à une personne.

Y a t-il aujourd'hui des pistes (j'ai un peu épluché pubmed, l'autisme étant mon intérêt restreint de cette dernière année, mais je n'ai trouvé qu'études exploratoires, descriptives et rien de concret) de thérapeutique ? Les stratégies de stimulations de la méthylation (supplémentation en folates, B6 ect, glycine, zinc, 5-MTHF) ont-elles un sens ? Je suis preneur de ce que tu aurai comme documentation de ce côté. La recherche de dopamine me pousse à faire des choix immatures et le circuit sérotoninergique me prive de sensations, d'émotions et donc de jouissance et de plaisir.

Ces mécanismes m'ont permis de survivre à mon développement et aux interactions absurdes avec le monde au point d'être un atypique invisible maintenant. Cependant, en tant que jeune adulte, elles ne sont maintenant plus aussi nécessaires et me privent de beaucoup. Je serai donc curieux d'explorer des pistes et bien entendu, tout savoir lié à ce sujet entraîne un enthousiasme débordant chez moi.

Je précise que je ne suis pas diag officiellement. J'ai échangé avec un CRA, nous avons convenu que dans ma situation un diagnostique n'était pas nécessaire, n'ayant pas la nécessité d'une RQTH ou autre. Ils m'ont renvoyé vers un annuaire de spécialistes, je n'ai évidemment pas donné suite :nesaitpas:

Chuchumuchu
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Chuchumuchu »

Suite aux récents échanges sur le fil "Douance et traits autistiques", je me permets de re-poster une vidéo. Parler d'autisme vu de l'intérieur m'a refait penser à In my langage, de Amanda Baggs. J'en avais fait une traduction en français pour des proches, donc je la poste là si ça peut permettre aux propos d'être plus accessibles :
La première partie de cette vidéo présente mon langage natal. Beaucoup de gens considèrent que lorsque je dis que c’est mon langage cela signifie que chaque passage de la vidéo doit contenir un message symbolique sous-jacent que l’esprit humain peut interpréter. Mais mon langage n’est pas fait de mots ni de symboles visuels que les gens devraient interpréter. Il consiste en une conversation constante avec chaque aspect de mon environnement. Une réaction physique à chaque chose qui m’entoure. Par exemple, dans cette partie de la vidéo, l’eau ne symbolise rien. Je suis juste en train d’interagir avec elle et elle interagit avec moi. Loin d’être sans but, la façon dont je bouge est une réponse constante à ce qui m’entoure. Ironiquement, cette façon dont je bouge quand je réponds à mon environnement est décrite comme « être dans son monde, dans sa bulle » tandis que si j’interagis avec un ensemble de réponses plus limité et réagis seulement à une partie bien plus étriquée de mon environnement, les gens affirment que je m’ouvre à d’authentiques interactions avec le monde. Iels jugent mon existence, ma conscience et ma personnalité à l’aulne de la minuscule et limitée partie du monde à laquelle j’apparais être en train de réagir.

La façon dont je pense et réponds aux choses naturellement semble et est ressentie comme tellement différente des concepts standards que certaines personnes ne la considèrent même pas comme étant de la pensée. C’est pourtant une façon de penser en soi. Mais la pensée des personnes comme moi n’est prise au sérieux que si on apprend votre langage, qu’importe la façon dont nous avons pensé ou interagis précédemment. Comme vous l’avez entendu, je peux chanter selon ce qui m’entoure, mais c’est seulement quand je tape quelque chose dans votre langue que vous vous référez à moi comme étant en train de communiquer. Je sens les choses. J’écoute les choses. Je ressens les choses. Je goûte les choses. Je regarde les choses. Il ne suffit pas de regarder et d’écouter et de goûter et de sentir et de ressentir ; je dois faire ça avec les « bonnes choses ». Comme regarder un livre et éviter de faire tout cela aux « mauvaises choses », sinon les gens douteront du fait que je sois un être pensant. Et puisque leur définition de « penser » impacte si ridiculement fort leur définition de « personnalité », iels douteront également du fait que je suis une vraie personne. J’aimerai honnêtement savoir combien de personnes parmi vous, si vous me rencontriez dans la rue, pourraient croire que j’ai écris tout cela. Je trouve cela très intéressant le fait que mon échec à apprendre votre langage est vu comme un déficit tandis que votre échec à apprendre mon langage est vu comme quelque chose de si naturel que les personnes comme moi sont officiellement décrites comme mystérieuses et déconcertantes plutôt que l’on admette que ce sont leurs observateurs/trices qui sont confus.es. Et pas les personnes autistes ni les autres personnes handicapées mentales qui sont intrinsèquement perturbantes. Nous sommes même vues comme « non communicatives » si nous ne parlons pas le langage standard. Mais les autres personnes ne sont pas considérées comme « non communicatives » si elles sont inconscientes de nos propres langages au point de croire qu’ils n’existent pas.

Pour finir je veux que vous sachiez que ceci [cette vidéo ndlt] n’est pas destinée à être un freak show voyeuriste où vous pouvez observer le fonctionnement bizarre de l’esprit autiste. Cela doit être entendu comme une prise de position forte sur l’existence et la valeur des différentes et nombreuses manières de penser et d’interagir dans un monde où en fonction de votre proximité avec un langage arbitraire vous serez vu comme une vraie personne ou un.e adulte ou une personne douée d’intelligence. Dans un monde où ces éléments détermineront les droits auxquels vous pouvez prétendre. Il y a des gens qui sont torturés, des gens qui meurent parce qu’iels sont considéré.e.s comme étant des non-personnes. Parce que leur façon de penser est si inusuelle qu’elle ne sera pas considéré comme une façon de penser. Ce n’est que quand ces différentes formes de l’identité individuelle seront reconnues que la justice et les droits humains seront possibles.
Je ne prétends ni à l’exhaustivité, ni à une parfaite objectivité, deux qualités qui dans mon métier relèvent de l’illusion et du vœu pieux. — (Michel de Pracontal, L’imposture scientifique en dix leçons, Seuil, 2005, page 17)

Invité

Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Invité »

La vidéo est émouvante et son contenu questionne incontestablement : là je crois, on est vraiment dans le militantisme radical, qui refuse la notion même de "déficience" pour caractériser les handicaps, mentaux ou autres, au profit de la notion de "différence" qui paraît (à tort ou à raison) devoir être plus neutre et donc génératrice d'égalité symbolique et sociale. Pourquoi pas, mais j'avoue rester très dubitative, pour ma part, sur l'efficacité concrète de ce type de démarche.

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TourneLune
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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par TourneLune »

Moi aussi... Je me demande quand même à quel moment le monde des idées prend le pas sur le monde réel pour nier à ce point des difficultés de vie pour ces personnes et pour les proches qui les accompagnent.
Que certains puissent compenser et avoir des vies quasi normales avec, effectivement, des "différences" dont on peut faire une richesse, sans aucun doute.
Accompagner les personnes en ne les considérant pas comme humainement inférieure, évidemment.
Mais pour le reste.....

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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Chuchumuchu »

Je ne pense pas qu'elle veuille nier ses difficultés. Elle a d'ailleurs fait d'autres vidéos où elle montre les impacts concrets de son autisme sur sa vie. Par exemple, dans la vidéo "How to Boil Water the EASY Way" ("Comment bouillir de l'eau FACILEMENT"), elle se montre en train de galérer indiciblement juste pour se faire un thé.

C'est l'un des impacts possibles de l'autisme sur les fonctions exécutives : Alistair l'explique de façon plus claire dans cette vidéo Mieux comprendre l'autisme : la dysfonction exécutive. Dedans, il explique quels sont les rôles de la fonction exécutive (se souvenir des tâches, mettre les tâches dans l'ordre, démarrer les actions, découper l'action en étapes). Quand les fonctions exécutives capotent... ben c'est moche x) : on peut rester 2h bloqué avant de se lancer dans les tâches que l'on avait à faire car le processus ne se lance pas. On peut oublier le truc qu'on était venu chercher dans la cuisine, qui se trouvait être la liste de courses, s'en souvenir, se préparer à sortir faire les courses, puis arrivé au magasin se rendre compte que l'on a pas pris la liste =_='. On peut être obligé de faire plein d'étapes absurdes en faisant quelque chose parce qu'au moins comme ça on sait qu'on arrivera tant bien que mal à finir la tâche.

Pour revenir à la vidéo d'Amanda Baggs, on la voit donc aller et venir entre la cuisine et le salon, effectuer des gestes randoms dans la cuisine : ouvrir un placard, faire couler de l'eau, prendre une boîte de riz, la reposer... Parce qu'elle n'arrive pas à trouver l'enchainement correct qui lui permettrait de faire bouillir son eau. Du coup elle teste au pif .__. ce qui peut prendre un certain temps.

Ce que je veux dire, c'est que je ne pense pas qu'Amanda Baggs ne se considère pas comme handicapée. Je pense qu'elle en est tout à fait consciente. Par contre, elle ne veut pas que tous ces (dys)fonctionnements étranges impactent la façon dont les gens vont jauger son intellect. Elle ne veut pas qu'on la prenne pour une débile parce qu'elle a d'incroyables difficultés à faire bouillir de l'eau. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, si je l'avais croisée dans la rue avant de savoir tout ça sur l'autisme, j'aurai considéré qu'elle était inapte intellectuellement :1cache: Parce que selon nos critères de l'intelligence, ce que l'on voit d'elle semble dire qu'elle ne pourrait effectivement pas écrire ce texte ou le penser. Or la question est vite réglée : elle l'a fait .__.

Comme elle nous invite a le faire, nous devons donc remettre en question notre vision classique de l'intelligence. Je pense aussi que ce qu'elle exprime ici, c'est sa frustration de devoir faire des efforts pour dialoguer avec les autres (et donc être considérée intelligente), alors que ces autres ne s'adapteront jamais à elle. C'est effectivement la manière la plus logique et simple de faire, mais c'est aussi une façon de faire qui lui laisse en grande partie le poids de l'adaptation. Si nous lui laissons la charge de cette adaptation, nous devons au moins avoir la courtoisie de reconnaitre les efforts que cela lui demande.

Je ne pense vraiment pas qu'elle nie ses difficultés, sa demande se trouve plutôt dans ce que tu décrivais [mention]Judith[/mention] : une égalité symbolique et sociale.

Edit précisions : par exemple, les tests de QI reposent sur la capacité du sujet testé à exprimer ses réponses. Pour un.e autiste non-verbal.e, même génial.e, ça donne quoi à la fin .__. ? Les tests de QI sont inadaptés à ces cas et ne pourront pas jauger correctement leur intelligence car celle-ci ne s'exprime pas de manière conventionnelle.

Edit 2 : ces dysfonctions exécutives ne se retrouvent pas que dans l'autisme, elles sont aussi présentes dans la dépression et dans les troubles de l'attention (TDA). Pour ma part, je suis impactée pour l'initiation des tâches et la mémoire de travail, et il m'est difficile de savoir si cela est lié à la dépression ou à l'autisme.
Je ne prétends ni à l’exhaustivité, ni à une parfaite objectivité, deux qualités qui dans mon métier relèvent de l’illusion et du vœu pieux. — (Michel de Pracontal, L’imposture scientifique en dix leçons, Seuil, 2005, page 17)

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Re: L'autisme, réflexions et découvertes

Message par Jahroo »

Je ne sais pas comment c'est vécu de l’intérieur, mais de ce que j'en comprends (enfin tente d'en comprendre) l'autisme paraît bien trop diverse pour pouvoir en faire un gros sac. Le concept de Troubles du Spectre Autistique apporte tout de même de sacrées nuances pour éviter les biais de généralisation. Ne faut-il pas avant tout prendre en compte les répercutions de chaque trait sur le vécu ?

Je vous mets le texte de Judy ENDOW concernant cette question (tiré de son site )
L’autisme est-il un handicap ou une différence?).

Originally written in English: Is Autism a Disability or a Difference?

Dans la grande communauté de l’autisme, de nombreuses idées font l’objet de débats polarisés. Comme je suis autiste, ce genre de choix en noir et blanc, où on doit prendre une position bien définie, convient à ma neurologie : je préfère les questions bien tranchées aux zones grises. Mais je crois aussi qu’avec ce genre de question, présentée sous forme de dichotomie, on est induit en erreur et forcé de choisir un camp ou un autre, alors que la vérité est beaucoup plus complexe.

« L’autisme est-il un handicap ou une différence? » est l’une de ces questions. En effet, la façon dont la question est posée donne l’impression qu’une seule de ces deux réponses peut être juste.

L’autisme est une « différence »

De nombreux adultes autistes aimeraient que l’autisme soit reconnu en tant que différence, plutôt qu’en tant que handicap. La plupart de ces personnes sont des adultes qui n’ont pas de difficulté à marcher ou à parler. Nous pouvons sortir de chez nous sans aide. Certains parmi nous avons des enfants. Nous sommes vos amis, vos voisins et vos collègues. Nous paraissons un peu bizarres, mais nous réussissons à nous adapter suffisamment pour obtenir au moins une place dans la société.

Malgré cela, il reste que pour nous, évoluer dans la société présente des défis importants. La surcharge sensorielle et les écarts de traitement neurologique de l’information qu’occasionne notre cerveau, ainsi que nos défis omniprésents de communication et de compréhension des conventions sociales, représentent des différences si importantes que même si nous réussissons à les gérer, nous sommes habituellement épuisés à la fin de la journée.

La plupart du temps, lorsque nous sommes capables de sortir et de fonctionner dans la collectivité (sans recevoir de l’aide par une personne rémunérée), il semble que la société s’attend à ce que notre apparence et notre comportement soient conformes à la norme type, peu importe les défis que nous impose la différence neurologique de l’autisme. Comme nous ressemblons aux autres, nos difficultés et nos besoins sont considérés comme étant des problèmes personnels. Même si nous avons reçu un diagnostic de trouble du spectre autistique, ce qui signifie dans les faits que nous avons des difficultés importantes dans de nombreux domaines, certaines personnes nous accordent de mauvaises intentions et confondent l’expression de nos besoins avec des défauts de personnalité.

L’autisme est un « handicap »

Pour certains d’entre nous, la façon dont l’autisme se manifeste dans notre corps signifie que nous avons de nombreux obstacles à surmonter quotidiennement et tout au long de notre vie. Nous avons besoin d’appareils de soutien à la communication, d’équipement d’ergothérapie et de préposés rémunérés pour subvenir à nos besoins personnels. Pour ceux d’entre nous qui vivent de telles difficultés, il est facile de comprendre que sous cet aspect, l’autisme est un handicap.

Nombre d’entre nous avons besoin d’une personne rémunérée qui nous accompagne pour sortir de la maison ou qui nous aide à communiquer. Certains ont besoin de soutien professionnel 24 heures sur 24. L’autisme se manifeste clairement dans notre corps et il est remarqué par les gens quand ils nous rencontrent. Quand c’est le cas, tous peuvent voir clairement que nous avons besoin d’aide. Quand l’autisme est apparent, il est rare que des gens nous jugent et attribuent nos difficultés à de la paresse, à un manque de motivation, à de l’égocentrisme ou à tout autre trait de personnalité négatif.

Mais quand l’autisme est apparent par ses manifestations physiques et par les besoins de soutien correspondants, les gens tirent aussi d’autres conclusions à notre sujet. Nos besoins sont si évidents que les autres oublient que nous avons aussi des forces et des capacités, des préférences et des aversions. Souvent, en tant qu’adultes, nous sommes employés pour faire des travaux de bas étage, voire jugés incapables de travailler, et les personnes engagées pour nous fournir des services de soutien changent régulièrement, comme si ces personnes étaient interchangeables et que les relations interpersonnelles n’avaient aucune valeur pour nous. Nous sommes rarement perçus comme étant des personnes à part entière avec tout ce que cela sous-entend, c’est-à-dire des préférences, des désirs, des habiletés, des capacités et des talents, car le temps et l’énergie de ceux qui nous aident se concentrent sur les besoins et les déficits dictés par notre handicap.

Le piège du choix entre le handicap et la différence

En tant que personne autiste, lorsqu’on me demande de choisir une seule réponse à ce que représente l’autisme – soit un « handicap », soit une « différence » – j’ai la nette impression qu’on me demande quelle partie de moi-même je choisis d’ignorer. Si je choisis de désigner l’autisme comme étant un « handicap » pour moi, cela signifie qu’on ignorera mes talents, mes forces, mes capacités et mes préférences. Si je désigne l’autisme comme étant une « différence », alors mes difficultés et mes besoins, pourtant bien réels, seront ignorés. Je serai régulièrement accusée d’être têtue et de ne pas vouloir abandonner des « défauts de caractère » quand j’insisterai pour les faire valoir.

Oser la voie du milieu : à la fois un handicap et une différence

Qu’arriverait-il si on choisissait de désigner l’autisme comme étant à la fois un handicap et une différence? Serions-nous ignorés complètement, ou encore soutenus parfaitement? Voici encore une question posée selon un modèle dichotomique, et qui exige de faire un choix impossible!

C’est dire que lorsqu'on se demande si on doit désigner l’autisme comme étant un handicap ou une différence, on se force à faire un choix qui n’en est pas un. Ce choix n’est avantageux pour personne et donne clairement de mauvais résultats. Et pourtant, on reste avec cette impression qu’il faut choisir entre « handicap » et « différence ». Pourquoi donc?

Et aussi la notion de spectre en image : https://the-art-of-autism.com/wp-conten ... pectre.pdf
"J'aime la règle qui corrige l'émotion. J'aime l'émotion qui corrige la règle."
George Braque

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