Peur des maladies

[Daenerys]

J'ouvre ce sujet parce que depuis quelques années, j'ai développé une peur grandissante des maladies graves et notamment du cancer. Tout autour de moi j'entends régulièrement des histoires d'amis d'amis, de connaissances, atteints ou morts de cette saloperie. De plus en plus souvent. Et j'ai peut que cela arrive à l'un de mes proches ou à moi-même.
Du coup, je me suis énormément renseignée sur le sujet et j'ai développé tout un système de "protections", comme par exemple manger naturel et bio, essayer tant que possible de limiter mon exposition aux ondes de téléphones et wifi, éviter de trop respirer la pollution, éviter le téflon et autres revêtements cancérigènes dans les ustensiles de cuisine, éviter tout ce qui est plastique, éviter l'aluminium, bien sûr ne pas fumer...Les gens qui vivent avec moi ont bien sûr du mal à comprendre ça mais je ne peux pas faire autrement, tout cet empoisonnement latent, cette soupe toxique dans laquelle nous baignons quotidiennement, je ne peux pas faire comme si de rien n'était. Et ça me pourrit la vie.
D'autres personnes dans ce cas?

[Sphax]

Je me posais simplement la question: penses-tu faire tout ça, toutes ces précautions pour ne pas avoir de cancer ou y a-t-il une part pour calmer tes angoisses face a la mort, comme des rituels qui te protègeraient contre un danger imprévisible?

[Daenerys]

oui peut-être

[Invité]

Nous vivons dans un monde anxiogène d'autant plus que la santé publique a changé de paradigme, et nous sommes passé de la médecine curative à la médecine préventive depuis 1945.
Penser que l'on peut tout prévenir, tout contrôler, tout dépister, génère une responsabilité démesurée quant à notre état de santé,
et jusqu'au vocabulaire employé dans les situations critiques ( on se bat contre une maladie, on combat les virus et les bactéries, etc.)
Comme une guerre dont on doit sortir triomphant (on lutte courageusement contre son cancer).

Finalement, si on a une maladie, on y serait bien un petit peu pour quelque-chose.
On a trop fumé. Trop bu. Trop mangé. Mal mangé. Pas fait de sport. Ou trop. Ou mal. On a refusé les dépistages sytématiques.etc.

Or la maladie fait bien partie de nous, ce n'est pas un truc qui vient de nulle part, ces cellules qui foirent, ce sont bien les nôtres.
Et le fait est qu'on ne sait pas grand-chose.

Je crois que notre société est anxiogène car elle nous laisse croire qu'on a le pouvoir d'éviter d'être malade.

[Omar_Regios]

J'ai quand même l'impression que l'objet de la peur, les maladies, pourrait être un autre, le fond ou centre de la peur/angoisse restant le même.

La position de Cléo est intéressante car de certaine manière dénonce une volonté de maîtrise, installée dans le social, de quelque chose que devrait rester, jusqu'à un certain niveau, dans le domaine de la non maîtrise... (nous sommes tous malades, de certaine manière, ou nous allons être malades de quelque chose...) L'accepter peut être libérateur.