Les addictions

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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Zyghna
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Re: Les addictions

Message par Zyghna »

Il peut y avoir addiction aux jeux vidéos, au porno, etc... autant de choses qui ne sont absolument pas des drogues mais qu'il s'accompagnent des mêmes symptômes de désocialisation, d'impossibilité de s'en affranchir, de troubles de comportement, etc.
"Il est inutile d'être parfait, il faut seulement s'engager et mettre ses actions en cohérence avec ses valeurs" Brené Brown

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soazic
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Re: Les addictions

Message par soazic »

je dirais que les causes et méandres qui font qu'une addiction se déclenche peuvent être multiples, j'ai souvenir d'une personne addict aux videos porno qui s'en sentait extrêmement coupable par exemple, cela semblait (hypothèse) le déplacement d'un conflit interne.

je mange du chocolat le soir pour ma part, et aller sur l'ordinateur calme ma tête

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Re: Les addictions

Message par Invité »

Je préfèrerais parler de dépendances, plutôt que d'addictions, en ce qui concerne les addictions sans drogues.

Arrêter une activité, un produit, sans que se manifeste un phénomène de sevrage, fait que je n'ai pas envie de la classer dans les addictions.

Pour l'anorexie, j'avais entendu parler d'une addiction à la sensation de faim. Ça m'avait semblé tiré par les cheveux.

J'ai fumé deux paquets par jour, un de brunes et un de blondes, fumer était ma seule activité à l'exclusion de toutes les autres, et c'est ce qui m'a fait réagir, et vouloir arrêter, en 1992.


Je me sens fragile face à l'alcool, l'alcool est la seule chose qui me ralentisse.
Je fais très attention à ma consommation, je me surveille, mais je pense qu'un événement difficile dans ma vie serait susceptible de me faire basculer.

J'ai peur des dépendances, sauf quand elles n'ont pas de grandes conséquences et qu'elles font du bien ( le chocolat :saoul: , l'amour :saoul: )

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Fabs le vaurien
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Re: Les addictions

Message par Fabs le vaurien »

cléo a écrit : Arrêter une activité, un produit, sans que se manifeste un phénomène de sevrage, fait que je n'ai pas envie de la classer dans les addictions.
Pour l'anorexie, j'avais entendu parler d'une addiction à la sensation de faim. Ça m'avait semblé tiré par les cheveux.
Ben c'est justement les symptômes de sevrage qui permettent de poser la question de l'addiction. Et les addictions sans produit existent puisqu'il s'agit en premier lieu du rapport entretenu entre une personnalité et un objet de dépendance dans un contexte particulier. C'est donc un comportement avant tout.

Pour ce qui est des "théories", ben vu que l'addictologie est un champs d'étude, il y'a plusieurs angles de vue (sociologique, psychanalytique, comportementaliste etc...).
Après c'est un choix en termes de porte d'entrée de compréhension. Et l'angle pharmacologique et physiologique en est un, donc le poids des neuromédiateurs (dopamine, adrénaline etc...) n'est aucunement exclu.

En addicto, quelques soit l'angle de vue, on s'accorde à considérer un système avant tout et aucune branche ne prévaut sur l'autre.

Attention encore à ne pas classifier d'addiction ou de dépendance ce qui ne l'est pas (chocolat...). Dans les addictions, il y'a souffrance sous-jacente et conséquente.
Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).

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Re: Les addictions

Message par Invité »

Fabs le vaurien a écrit :


Pour ce qui est des "théories", ben vu que l'addictologie est un champs d'étude, il y'a plusieurs angles de vue (sociologique, psychanalytique, comportementaliste etc...).
Après c'est un choix en termes de porte d'entrée de compréhension. Et l'angle pharmacologique et physiologique en est un, donc le poids des neuromédiateurs (dopamine, adrénaline etc...) n'est aucunement exclu.
Oui, je suis d'accord avec ça, bien sûr.
Fabs le vaurien a écrit : Attention encore à ne pas classifier d'addiction ou de dépendance ce qui ne l'est pas (chocolat...). Dans les addictions, il y'a souffrance sous-jacente et conséquente.
-> avec des conséquences négatives.

C'est là où je voulais en venir.
Je trouve le terme addiction sur-employé la plupart du temps.
C'est une pathologisation, à mon sens, outrancière.

J'ai sûrement tort, au regard des définitions proposées par le Dictionnaire des drogues et des toxicomanies, mais je préfère réserver l'addiction au pathologique, contrairement à la dépendance qui serait saine.

Pour en revenir aux TCA, il est fréquent que la reprise de poids révèle un autre trouble, comme une dépression, voire une BDA à l'extrème.
Ce qui signifierait, soit : que les TCA sont un équivalent dépressif (ou schizophrénique, ou je ne sais), soit : que la décompensation psychique observée dans le processus de prise de poids signe une souffrance liée au sevrage.

Et du coup, la prise en charge doit être complètement repensée!

Une amie, ex héroïnomane, a fait une décompensation psychotique une quinzaine d'années après l'arrêt de l'héroïne.
Elle a essayé des traitements divers, mais à ce jour, le seul qui lui fasse vraiment du bien, qui lui permettent d'aller travailler, d'élever son fils, d'avoir une vie sociale, c'est le Subutex. A très petites doses.
Ca me pose vraiment question...

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Fabs le vaurien
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Re: Les addictions

Message par Fabs le vaurien »

Concernant ton amie, vu que sa dépendance s'est située au niveau des récepteurs opioides, c'est pas étonnant que seul un opiacé (bupernorphine-subutex) lui fasse du bien.

Le truc c'est que dans un ideal, une addiction devrait pouvoir s’atténuer et se supprimer toute seule vu que la question environnementale et psychoaffective prime quasiment sur le reste (la marque physiologique). Pour soigner une addiction, il faut soigner l'environnement de la personne. Et Je ne pense pas que ce soit dramatique d'être toute sa vie dépendant à un médicament...on ne dit rien sur les insulinodependants et c'est nettement moins risqué de prendre son cachet de sub tous les jours que de s'injecter-sniffer-fumer n'importe quoi. De plus le subutex étant plafonné, il ne peut y avoir ni excès ni risque de surdose (sauf mélange benzodiasépine-alccol)
Toutefois, on aborde en général ce médicament en première intention, en attentant un protocole méthadone...

Perso, je pense que l'addiction peut être installée et s’accommoder avec une vie sociale normale...Par contre, je persiste à penser qu'une cure de sevrage n'a aucun intérêt si c'est pour qu'une fois sortie de l’hôpital, la personne retrouve son mode de vie habituel, là où justement l'addiction s'inscrit et organise l'existant.

C’est pour ça qu’arrêter brutalement (la volonté mec) peut générer des décompensations etc... parceque c'est ôter ce qui permet à l'individu de ne pas être fou, sa béquille de survie.
Pour jouer sur la nuance entre addiction et dépendance, je dirais que ton amie est dépendante du subutex après qu'elle fut addict à l’héroïne...l'addiction, plus que la notion de fixation sur le recepteur relève d'un mode de fonctionnement, un rapport aux autres, au monde et à soi bien particulier qui entrave la capacité d'agir et de projection (lorsqu'elle atteint son paroxysme)

du reste, oui l'addiction est galvaudée.....sans doute parceque nous vivons dans une société de consommation...
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soazic
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Re: Les addictions

Message par soazic »

c'est très intéressant, merci Fabs et Cléo.
je ne connais pas les effets du subutex sur l'organisme, je pensais qu'il y avait une nocivité.
je pense également que remettre une personne sevrée dans son environnement c'est faire le travail à moitié. En hôpital, le but n'étant pas que les personnes restent, on incite à ce que les démarches se fassent de l'hôpital durant l'hospitalisation, malheureusement changer d'environnement peut être un travail bien long (et je passe le surbooking des assistante()s sociales/aux), comment se défaire de relations qui vous remettent le nez dedans.
En hospitalisation, j'ai souvent l'impression qu'une personne addict a besoin d'un temps de "maternage" avant de pouvoir opérer des changements, ce qui n'est pas non plus possible en terme de temps (ni toujours bien perçu, (l'inaction agace alors qu'elle a lieu d'être).
Quant aux causes, le manque de sécurité interne revient comme un leitmotiv, et en période de sevrage, la personne semble être sans défense, vulnérable. C'est du moins ce que je ressens auprès de ces personnes.
Concernant les tcas, je pense qu'avoir la puce à l'oreille quant à la douance éviterait chez certains les allers et retours: les clichés de la personne "qui ne veut pas grandir" me semble bien loin de la réalité.

Invité

Re: Les addictions

Message par Invité »

Le Subutex est prescrit à cette amie dans un but curatif, et non pour l'aider à se sevrer.
C'est donc que l'héroïne soignait quelque-chose, réellement!
(A 25 ans elle était sevrée, et à 40 ans elle a été diagnostiquée schizophrène. De neuroleptique en neuroleptique, rien n'est aussi efficace pour ce qu'elle appelle sa "dissociation" que ce Subutex, qu'on lui délivre depuis quelques mois...)

Pour les TCA, on a coutume de dire que les anorexiques sont brillantes.
Ma psy disait que j'étais brillante car le travail intellectuel brûle des calories.
Elle parlait de surinvestissement intellectuel.
Et, oui, de refus de grandir.

Bref.

Dans l'anorexie, si addiction il y a, je pense que c'est une addiction au vide, au manque.
Cohabitent chez une même personne une volonté d'autonomie très forte et une avidité affective tout aussi forte.
Il y a un besoin de s'affranchir de tout, n'avoir besoin de rien, ni de personne.

En effet, il me semble que c'est un profil qu'on retrouve chez les toxicomanes, non?

Merci Fabs et Soazic :)

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Fabs le vaurien
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Re: Les addictions

Message par Fabs le vaurien »

L'anorexie est l'addiction la plus "pure" et perverse parcequ'elle se suffit à elle même.
Contrairement à un toxicomane qui a besoin de se procurer des produits (donc être en contact avec le dealer, le pharmacien etc...), le cyberdépendant qui a besoin d'un PC (etc..), dans le cadre de l'anorexie, la personne n'a pour ainsi dire besoin de rien pour assouvir ses besoins...

En ce sens c'est certainement une des pires vu qu'elle seule a la capacité à enfermer totalement le sujet dans un système de communication avec l’extérieur rompu. Contrairement aux autres où nécessairement il y'aura besoin d'aller vers l'autre à un moment (ce qui maintient un minimum de lien social, fusse t-il biaisé mais quand même..)

Pour ce qui est du sub, ça m'étonnerait qu'on lui prescrive ce médicaments pour une schyzo...ce serait grave. Par contre, en aparté, on remarque chez les patients schyzo une forte consommation de THC qui semble t il atténue les angoisses (et les délires)...ce qui parait paradoxal vu que le canabis est un potentiel levier à dérouillage pyschique...
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Re: Les addictions

Message par soazic »

c'est une substance qui diminuerait leurs angoisses, mais aux vertus également autre: la schizophrénie entrainant une telle mise à l'écart de fait- que ce soi par le regard des autres ou la difficulté à "tenir" au travail sur des temps longs, par exemple- qu'elle tire les personnes vers la dépression, fumer leur fait "un peu de bien".
(Et pourtant.... je rêve d'un monde qui s'adapte afin que chacun ait sa place, notre société passe à côté de personnes aux potentiels remarquables, mais c'est un autre sujet)

Invité

Re: Les addictions

Message par Invité »

Fabs le vaurien a écrit :
Pour ce qui est du sub, ça m'étonnerait qu'on lui prescrive ce médicaments pour une schyzo...ce serait grave.
Eh bien c'est son diagnostic à ce jour, non remis en question par ses deux psys.
Le Subutex, selon ce qu'elle m'a dit, lui procure l'énergie, l'élan d'aller vers les autres, l'ancrage en elle-même qui lui font défaut.
Les neuroloeptiques ne l'aident en rien pour cela, mais elle a aussi un traitement neuro.
Je n'en dis pas plus, je n'en sais pas plus....
Mais on suppose (elle et moi) que l'héroïne réparait un dysfonctionnement dans son cerveau, et que c'est la molécule qui lui convient ( comme un TDAH peut être "réparé" par une amphétamine).

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altima
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Re: Les addictions

Message par altima »

Je m'étais promis de seulement lire mais impossible de ne pas intervenir même si ça n'apportera pas grand chose...sauf à moi, j'en ai besoin.
Concernant les TCA, je pense qu'on a dit un peu tout et n'importe quoi, ça a créé des stéréotypes de mauvais rapport à la mère et d'influence des modèles dans les médias. Soit.
Qualifiez ça comme vous voulez mais pour ma part je pense qu'il y a une part addictive, dans le sens où la dépendance et les effets qui en découlent peuvent être présents; d'ailleurs vous l'avez bien décrit ou évoqué dans certains messages.

Sinon pour en revenir au sujet du lien avec la douance, en y réfléchissant vite fait j'y vois la recherche du risque et des sensations dites fortes, mettre à égalité l'hyperactivité du cerveau (façon de parler) avec celle du corps et un fort sentiment d'insatisfaction. Pour les drogues en général je ne sais pas si ça peut se transposer tel quel mais pour les TCA il y a clairement un rapport au vide, vouloir se remplir et/ou se vider, d'où dimension affective mais je pense que là où les psys se gourent c'est que justement ils ne font pas assez le lien avec l'intellect et donc avec éventuellement la douance. C'est pas juste une question de vouloir être aimé, et en même temps je pense qu'il faut pas non plus chercher midi à quatorze heures dans les explications, d'autant que c'est souvent un intellect trop présent (mental perturbé) qui gêne l'incarnation simple. Bref, un décalage des corps mental/émotionnel/physique.

Enfin je dirais qu'on peut pas minorer certaines addictions par rapport à d'autres, car les effets peuvent être mortifères pour bon nombre d'entre elles (à part si on nomme addiction la gourmandise encore raisonnée pour le chocolat). J'ai remarqué que les addictions sont "choisies", hélas ça renforce pas mal les caricatures qu'on peut avoir en tête à propos du profil d'un toxico ou d'une anorexique par exemple.

Invité

Re: Les addictions

Message par Invité »

altima a écrit : J'ai remarqué que les addictions sont "choisies", hélas ça renforce pas mal les caricatures qu'on peut avoir en tête à propos du profil d'un toxico ou d'une anorexique par exemple.
J'ai longtemps réfléchi à cette histoire de "choix ".
Je n'ai pas de bonnes réponses, mais j'ai cette même sensation à ce propos.
Sinon pour en revenir au sujet du lien avec la douance, en y réfléchissant vite fait j'y vois la recherche du risque et des sensations dites fortes, mettre à égalité l'hyperactivité du cerveau (façon de parler) avec celle du corps et un fort sentiment d'insatisfaction. Pour les drogues en général je ne sais pas si ça peut se transposer tel quel mais pour les TCA il y a clairement un rapport au vide, vouloir se remplir et/ou se vider, d'où dimension affective mais je pense que là où les psys se gourent c'est que justement ils ne font pas assez le lien avec l'intellect et donc avec éventuellement la douance. C'est pas juste une question de vouloir être aimé, et en même temps je pense qu'il faut pas non plus chercher midi à quatorze heures dans les explications, d'autant que c'est souvent un intellect trop présent (mental perturbé) qui gêne l'incarnation simple. Bref, un décalage des corps mental/émotionnel/physique.
Oui bien sûr.
Mais le lien avec la douance ne me semble pas couler de source...Les conduites ordaliques et le fameux surinvestissement intellectuel peuvent exister hors douance, non ? En fait je n'en sais rien...

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soazic
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Re: Les addictions

Message par soazic »

je ne sais pas non plus mais serais encline à dire oui, avec par exemple une fonction de refuge.
je me pose la question concernant cette idée de se remplir et de se vider, s'agit il justement d'un rapport au vide? du besoin de côtoyer une sorte d'absolu, le monde incarné étant lui décevant? j'évoquais les incidences physiques plus haut, l addiction possible à ses déferlements d'endorphines. ça me pose question.
pour certaines patients j'ai suspecté une douance, en parallèle elles cherchaient toutes deux à lutter contre une anxiété massive générée par des questionnements et anticipations incessantes et une forte culpabilité.

Invité

Re: Les addictions

Message par Invité »

soazic a écrit : je me pose la question concernant cette idée de se remplir et de se vider, s'agit il justement d'un rapport au vide? du besoin de côtoyer une sorte d'absolu, le monde incarné étant lui décevant?
Je réponds , je me garderais de généraliser, mais ça vaut pour moi au moins :

Le rapport au vide, c'est plutôt un rapport au manque. La recherche du manque, pour éprouver son autonomie, sa capacité à ne dépendre de rien ni de personne.
Et, oui, cette quête d'absolu, et cette déception terrible face à la vie d'adulte ( "Tu la voyais pas comme ça ta vie...")

Sinon, en lien avec l' addiction : je n'ai jamais été aussi performante et énergique que quand je jeûnais.Et mes camarades d'infortune ont fait le même constat.
Ca c'est gâté ensuite, ce qui a motivé ma demande de soins.

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Re: Les addictions

Message par hazy »

Personnellement j'ai mis 10 ans à me sortir du triptyque MMO/alcool/weed.

J'ai cessé de lutter contre ce que j'appelle mon "addicto-dépendance" . Je sais que j'ai besoin de " taper des phases", d'être à 100% sur une chose, puis 0% .

Me retenir, c'est faire gonfler la chose.

En revanche, je n'ai jamais été tenté par les choses vraiment risquées ( jeux d'argent, drogues dures, violence etc ...).

Au final, les jeux vidéos m'aident à me mettre en veille, et participent à mon avis à ma survie. J'y joue beaucoup, puis plus du tout. Le cheval, idem. La politique, idem. La lecture idem.

Je pense que dans l'addiction, l'objet de désir quitte la sphère mentale et intellectuelle. Ce que je ressens, c'est que quand une chose devient addictive elle ne s'adresse plus à l'intelligence mais aux instincts.

D'abord, ça fait beaucoup de bien d'avoir le cerveau en pause et d'être comblé aussi simplement et potentiellement sans risque si on sait gérer.

Ensuite, quand à se remplir, je pense plutôt que l'addiction permet de changer le tuyau, le circuit. Tout ce qui me remplit en passant par la conscience, la volonté, le choix, etc .... arrive en moi chargé de toutes les scories mentales croisées sur le chemin ( les jeux vidéos c pas bien, tu joues trop, tu gâches ta vie, tu es encore un enfant)

Rationnellement, je ne pourrais pas jouer. L'addiction est le moyen de rappeler à mon mental qu'il n'est pas le seul qui compte.

Donc je stocke, des livres, de la presse, des jeux, une selle ... Quand mon cerveau me dit "non", je sais que un jour mon instinct dira " si ".

Exemple : j'ai ce matin reçu mon activation comme beta testeur sur the elder scroll online. Putain, c'est pas bieeeen !!

Je me souviens encore, 6 mois en arrière du jour ou j'ai rempli tous les formulaires de candidature. Ca me semblait absurde, à 30 ans, avec des gosses, une maison à construire, sérieusement. T'as que ça à faire ? ta pas honte gros nerd ?

Aujourd'hui j'ai reçu le mail, j'ai rigolé. "Chui vraiment incurable".

Mais je sais maintenant que mes excès sont modérés, et qu'ils sont une composante de mon équilibre.

Je pense qu'il y a aussi un problème de terminologie, je suis globalement trop intense sur tout. Ce qui d'un regard extérieur est un attitude compulsive, de l'intérieur n'est que ma manière d'être.

ceci dit, je ne bois plus et ne fume plus d'herbe. je ne me suis pas senti capable de rester cantonné à une addiction avec ces deux trucs là.
La matière n'est qu'une conséquence.

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Re: Les addictions

Message par Jick »

Je découvre ce sujet qui date un peu mais qui m'interpelle!
Loin de l'alcool et autres addictions dangereuses, moi je me suis engluée dans la dépendance à...
candy crush saga... :tmi:

Bon ça peut paraître ridicule, la psy me dit que c'est un moyen d'isolement, seulement c'est devenu un besoin toute la journée. Çà commence au réveil avant même d'avoir posé le pied par-terre, pendant que la douche chauffe, au petit déj, pendant les réunions, aux toilettes, pendant des conversations téléphoniques au bureau, en attendant que les enfants sortent de l'école, et même parfois pendant que je fais à manger (j'ai plongé mes doigts dans l'eau bouillante il y a qq jours en y déposant des tagliatelles), que je mets mes chaussures, et je ne parle même pas du retard que je prends au boulot!
J'y joue même pendant que mon chéri ou mes enfants me parlent...
:worried:

Ce qui me plaît au fond, c'est effectivement l'aspect isolement, coupure du reste du monde, mais aussi l'obsession de vouloir toujours dépasser son niveau, d'aller au bout (même si ça n'arrivera jamais), mais ensuite je culpabilise beaucoup parce que mes journées sont de moins en moins efficaces, et je flippe qu'un jour qqu'un s'en aperçoive au boulot.

Choupinne
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Re: Les addictions

Message par Choupinne »

Un petit UP avec une vidéo géniale sur le sujet :) (je conseille vivement toute la chaine, qui déchire !)

[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=ao8L-0nSYzg[/BBvideo]

Ca casse pas mal de préjugés sur le sujet et met le doigt sur un coté important : l'addiction est une maladie du lien
"Il me fallait une bonne citation à mettre en signature, mais j'ai rien trouvé de sympa..."
- Choupinne

Invité

Re: Les addictions

Message par Invité »

Choupinne a écrit :
Ca casse pas mal de préjugés sur le sujet et met le doigt sur un coté important : l'addiction est une maladie du lien
Merci Choupinne, c'est intéressant en effet.

Le plus difficile étant d'apprendre à se connecter, aux autres, à son environnement.....non ?

En tout cas, ayé, je me suis abonnée à la chaîne !

Choupinne
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Re: Les addictions

Message par Choupinne »

Yep, particulièrement quand tu es dans un environnement difficile (environnement familial désastreux, fuite de l'école, etc...). C'est beaucoup plus simple d'aller trouver refuge dans un prod' que de trouver des relations épanouissantes. La ou c'est vicieux, c'est que derrière l'addiction provoque l'isolement, et rend le tout encore plus compliqué à vivre. Avec par dessus le système judiciaire (et la France, c'est pas les USA, on est bien chanceux), et l'opinion publique à propos de la toxicomanie, et ça peut devenir une idée beaucoup plus attirante de se tailler les veines que d'essayer de s'en sortir :-/
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Dark_Lady
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Re: Les addictions

Message par Dark_Lady »

Petite contribution (je n'ai pu lire qu'en diagonal ce long fil de discussion donc désolée si le lien se trouve déjà quelque part) :

http://www.federationaddiction.fr/cyber ... eux-video/

Vous y trouverez un mémoire sous forme de pdf concernant la cyberaddiction et la précocité intellectuelle chez les adolescents.


Des avis ?

diogene

Re: Les addictions

Message par diogene »

Choupinne a écrit :Yep, particulièrement quand tu es dans un environnement difficile (environnement familial désastreux, fuite de l'école, etc...). C'est beaucoup plus simple d'aller trouver refuge dans un prod' que de trouver des relations épanouissantes.
Choupinne fait bien de recontextualiser l'addiction en soulignant le poids de l'environnement social - un facteur trop souvent éclipsé par l'insistance sur l'addiction comme choix irrationnel que seuls expliquent les "fragilités individuelles" et les propriétés supposément "intrinsèques" de l'objet de l'addiction elle-même (tant qu'on parle de chimie, on parle pas de l'absence d'alternatives ou de bonnes raisons "d'en sortir").

Cela dit, si je suis d'accord avec Choupinne pour dire que l'addiction a d'abord à voir avec le lien, je n'emploierais pas le mot maladie, précisément parce que ce terme médicalise / pathologise un problème qui, pour rappel, n'entraine de pathologie que dans ses conséquences. Un exemple simple : une personne qui vit dans la rue développe certaines pathologies d'ordres divers (ce sont les conséquence). Mais outre le cas où le fait de vivre dans la rue résulte directement d'une pathologie quelconque, ce mode de vie renvoie plutôt à un phénomène socio-économique qui ne relève pas de l'opposition sain / malade, mais plutôt aux inconvénients liés à un type d'organisation sociale, un phénomène économique, etc. En règle générale, quand il s'agit de comprendre le fonctionnement de la société, l'analogie médicale ("société malade") obscurcit la réflexion autant que quand il s'agit de comprendre des problèmes comme le stress, l'angoisse, le désespoir, les complexes, etc. Parce qu'elle donne l'illusion qu'on peut définir la "société saine" et la "santé mentale" de manière aussi univoque que le fonctionnement normal d'un rein, d'un cœur, d'un appareil digestif ou autre.

Ensuite, définir un comportement comme pathologique au motif qu'il est autodestructeur revient à décréter qu'il est irrationnel, et d'ailleurs que ce n'est pas vraiment un choix. L'ennui c'est que n'importe quel choix paraît irrationnel à qui en ignore (ou choisit d'en ignorer) les raisons. Nous n'avons pas tous les mêmes priorités ni les mêmes possibilités, et on peut regretter tel jour d'avoir fait la veille un choix qui était alors le plus rationnel (voir le seul rationnel envisageable), tout comme on peut regretter aujourd'hui de n'avoir pas fait la veille un choix qui n'était pourtant pas pertinent à ce moment-là. Des millions de gens contractent des habitudes dont ils finissent par souffrir et ont le plus grand mal à se débarrasser. On peut choisir, comme on le fait souvent, de considérer ces choix comme irrationnels (un peu comme on trouve absurde d'avoir déclenché une guerre… une fois qu'elle est perdue), ou bien on peut se demander quelle était la situation des personnes concernées pour que ce qui NOUS paraît irrationnel ne leur ait pas paru tel au moment où ils l'ont fait. On peut par exemple, au lieu d'expliquer l'héroïnomanie simplement par tel traumatisme infantile ou telle prédisposition héréditaire, se demander quel type de situation était à ce point insupportable que la personne en vienne à voir l'héroïne comme une aide plutôt que comme un poison. C'est juste la base de toute réflexion sur les comportement individuels : avant de fouiller dans le passé de l'individu, il faudrait peut-être prendre en compte les circonstances actuelles. Parfois, c'est pas parce que papa est mort dans le froid qu'on vit soi-même dans le froid, parfois c'est simplement parce qu'on a pas les moyens de louer un appart mieux chauffé...

Au-delà de ça, il me semble que les réflexions sur l'addiction retombent presque inévitablement sur la distinction entre les bons et les mauvais chasseurs (dont je parlais déjà ailleurs sur le forum). Quand on se rend compte que tel comportement regardé comme une addiction pathologique ressemble à tel autre qu'on trouve "normal", on est tenté d'expliquer ça par l'existence de bonnes et mauvaises addictions au lieu de se poser des questions sur les implications normatives de la notion elle-même.

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Fabs le vaurien
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Re: Les addictions

Message par Fabs le vaurien »

Diogène, pourrais-tu en 3 phrases résumer ton propos.
Personnellement, j'aimerai bien rébondir mais je ne pige pas le fond..
Merci :)
Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).

diogene

Re: Les addictions

Message par diogene »

Fabs le vaurien a écrit :Diogène, pourrais-tu en 3 phrases résumer ton propos.
Personnellement, j'aimerai bien rébondir mais je ne pige pas le fond..
Merci :)
Au lieu de pathologiser tel comportement (ici l'addiction), mieux vaudrait y voir un mode d'adaptation de l'individu à son environnement, ce qui implique de comprendre :
1/ qu'un choix n'est pas "irrationnel" simplement parce qu'il fait souffrir l'individu (ou parce qu'on en aurait soi-même fait un autre...)
2/ qu'un problème n'est pas individuel simplement parce qu'il concerne individuel
3/ que l'usage extensif de la distinction sain / malade nuit à la compréhension au lieu de la faciliter

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Re: Les addictions

Message par Fabs le vaurien »

OK mais ça , c'est pas nouveau. C'est justement pour éviter ces écueils que l'addictologie est un champ d'étude.
Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).

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